Archive pour le 27 décembre, 2013

Saint Jean l’Evangéliste à Patmos

27 décembre, 2013

Saint Jean l'Evangéliste à Patmos dans images sacrée saint-john-the-evangelist-on-patmos-1485

http://www.wikipaintings.org/en/hieronymus-bosch/saint-john-the-evangelist-on-patmos-1485

BENOÎT XVI: JEAN, LE THÉOLOGIEN – DÉCEMBRE 27

27 décembre, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20060809_fr.html  

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

MERCREDI 9 AOÛT 2006

JEAN, LE THÉOLOGIEN – DÉCEMBRE 27

Chers frères et soeurs,

Avant les vacances, j’avais commencé de brefs portraits des douze Apôtres. Les Apôtres étaient les compagnons de route de Jésus, les amis de Jésus et leur chemin avec Jésus n’était pas seulement un chemin extérieur, de la Galilée à Jérusalem, mais un chemin intérieur, dans lequel ils ont appris la foi en Jésus Christ, non sans difficulté, car ils étaient des hommes comme nous. Mais c’est précisément pour cela, parce qu’ils étaient compagnons de route de Jésus, des amis de Jésus qui ont appris la foi sur un chemin difficile, qu’ils sont aussi des guides pour nous, qui nous aident à connaître Jésus Christ, à l’aimer et avoir foi en Lui. J’ai déjà parlé de quatre des douze Apôtres:  Simon Pierre, son frère André, Jacques, le frère de saint Jean, et l’autre Jacques, dit « le Mineur », qui a écrit une Lettre que nous trouvons dans le Nouveau Testament. Et j’avais commencé à parler de Jean l’évangéliste, en recueillant dans la dernière catéchèse avant les vacances les informations essentielles qui définissent la physionomie de cet Apôtre. Je voudrais à présent concentrer l’attention sur le contenu de son enseignement. Les écrits qui feront l’objet de notre intérêt aujourd’hui sont donc l’Evangile et les Lettres qui portent son nom. S’il est un thème caractéristique qui ressort des écrits de Jean, c’est l’amour. Ce n’est pas par hasard que j’ai voulu commencer ma première Lettre encyclique par les paroles de cet Apôtre:  « Dieu est amour (Deus caritas est); celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui » (1 Jn 4, 16). Il est très difficile de trouver des textes de ce genre dans d’autres religions. Et ces expressions nous placent donc face à un concept très particulier du christianisme. Assurément, Jean n’est pas l’unique auteur des origines chrétiennes à parler de l’amour. Etant donné qu’il s’agit d’un élément constitutif essentiel du christianisme, tous les écrivains du Nouveau Testament en parlent, bien qu’avec des accents divers. Si nous nous arrêtons à présent pour réfléchir sur ce thème chez Jean, c’est parce qu’il nous en a tracé avec insistance et de façon incisive les lignes principales. Nous nous en remettons donc à ses paroles. Une chose est certaine:  il ne traite pas de façon abstraite, philosophique ou même théologique de ce qu’est l’amour. Non, ce n’est pas un théoricien. En effet, de par sa nature, le véritable amour n’est jamais purement spéculatif, mais exprime une référence directe, concrète et vérifiable à des personnes réelles. Et Jean, en tant qu’apôtre et ami de Jésus, nous fait voir quels sont les éléments, ou mieux, les étapes de l’amour chrétien, un mouvement caractérisé par trois moments. Le premier concerne la Source même de l’amour, que l’Apôtre situe en Dieu, en allant jusqu’à affirmer, comme nous l’avons entendu, que « Dieu est Amour » (1 Jn 4, 8.16). Jean est l’unique auteur de Nouveau Testament à nous donner une sorte de définition de Dieu. Il dit par exemple que « Dieu est esprit » (Jn 4, 24) ou que « Dieu est Lumière » (1 Jn 1, 5). Ici, il proclame avec une intuition fulgurante que « Dieu est amour ». Que l’on remarque bien:  il n’est pas affirmé simplement que « Dieu aime » ou encore moins que « l’amour est Dieu »! En d’autres termes:  Jean ne se limite pas à décrire l’action divine, mais va jusqu’à ses racines. En outre, il ne veut pas attribuer une qualité divine à un amour générique ou même impersonnel; il ne remonte pas de l’amour vers Dieu, mais se tourne directement vers Dieu pour définir sa nature à travers la dimension infinie de l’amour. Par cela, Jean veut dire que l’élément constitutif essentiel de Dieu est l’amour et donc toute l’activité de Dieu naît de l’amour et elle est marquée par l’amour:  tout ce que Dieu fait, il le fait par amour et avec amour, même si nous ne pouvons pas immédiatement comprendre que cela est amour, le véritable amour. Mais, à ce point, il est indispensable de faire un pas en avant et de préciser que Dieu a démontré de façon concrète son amour en entrant dans l’histoire humaine à travers la personne de Jésus Christ incarné, mort et ressuscité pour nous. Cela est le second moment constitutif de l’amour de Dieu. Il ne s’est pas limité à des déclarations verbales, mais, pouvons-nous dire, il s’est véritablement engagé et il a « payé » en personne. Comme l’écrit précisément Jean, « Dieu a tant aimé le monde (c’est-à-dire nous tous), qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3, 16). Désormais, l’amour de Dieu pour les hommes se concrétise et se manifeste dans l’amour de Jésus lui-même. Jean écrit encore:  Jésus « ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin » (Jn 13, 1). En vertu de cet amour oblatif et total, nous sommes radicalement rachetés du péché, comme l’écrit encore saint Jean:  « Petits enfants [...] si quelqu’un vient à pécher, nous avons comme avocat auprès du Père Jésus Christ, le Juste. C’est lui qui est victime de propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier » (1 Jn 2, 1-2; cf. 1 Jn 1, 7). Voilà jusqu’où est arrivé l’amour de Jésus pour nous:  jusqu’à l’effusion de son sang pour notre salut! Le chrétien, en s’arrêtant en contemplation devant cet « excès » d’amour, ne peut pas ne pas se demander quelle est la réponse juste. Et je pense que chacun de nous doit toujours et à nouveau se le demander. Cette question nous introduit au troisième moment du mouvement de l’amour:  de destinataires qui recevons un amour qui nous précède et nous dépasse, nous sommes appelés à l’engagement d’une réponse active qui, pour être adéquate, ne peut être qu’une réponse d’amour. Jean parle d’un « commandement ». Il rapporte en effet ces paroles de Jésus:  « Je vous donne un commandement nouveau:  vous aimer les  uns les autres; comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres » (Jn 13, 34). Où se trouve la nouveauté dont parle Jésus? Elle réside dans le fait qu’il ne se contente pas de répéter ce qui était déjà exigé dans l’Ancien Testament, et que nous lisons également dans les autres Evangiles:  « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19, 18; cf. Mt 22, 37-39; Mc 12, 29-31; Lc 10 27). Dans l’ancien précepte, le critère normatif était tiré de l’homme (« comme toi-même »), tandis que dans le précepte rapporté par Jean, Jésus présente comme motif et norme de notre amour sa personne même:  « Comme je vous ai aimés ». C’est ainsi que l’amour devient véritablement chrétien, en portant en lui la nouveauté du christianisme:  à la fois dans le sens où il doit s’adresser à tous, sans distinc-tion, et surtout dans le sens où il doit parvenir jusqu’aux conséquences extrêmes, n’ayant d’autre mesure que d’être sans mesure. Ces paroles de Jésus, « comme je vous ai aimés », nous interpellent et nous préoccupent à la fois; elles représentent un objectif christologique qui peut apparaître impossible à atteindre, mais dans le même temps, elles représentent un encouragement qui ne nous permet pas de nous reposer sur ce que nous avons pu réaliser. Il ne nous permet pas d’être contents de ce que nous sommes, mais nous pousse à demeurer en chemin vers cet objectif. Le précieux texte de spiritualité qu’est le petit livre datant de la fin du Moyen-Age intitulé Imitation du Christ, écrit à ce sujet:  « Le noble amour de Jésus nous pousse à faire de grandes choses et nous incite à désirer des choses toujours plus parfaites. L’amour veut demeurer élevé et n’être retenu par aucune bassesse. L’amour veut être libre et détaché de tout sentiment terrestre… En effet, l’amour est né de Dieu et ne peut reposer qu’en Dieu, par-delà toutes les choses créées. Celui qui aime vole, court, et se réjouit, il est libre, rien ne le retient. Il donne tout à tous et a tout en toute chose, car il trouve son repos dans l’Unique puissant qui s’élève par-dessus toutes les choses, dont jaillit et découle tout bien » (Livre III, chap. 5). Quel meilleur commentaire du « commandement nouveau » énoncé par Jean? Prions le Père de pouvoir le vivre, même de façon imparfaite, si intensément, au point de contaminer tous ceux que nous rencontrons sur notre chemin.

HOMÉLIE DE LA SAINTE FAMILLE, ANNÉE A

27 décembre, 2013

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

HOMÉLIE DE LA SAINTE FAMILLE, ANNÉE A

Si 3, 2-6, 12-14 ; Col 3, 12-21 ; Mt 2, 13-15, 19-23

Il y a bien une vingtaine d’années, de nombreux feuilletons télévisés présentaient le portrait idyllique de la famille américaine : un gentil mari, avec un bon job, deux enfants pleins de vie, une mère qui reste à la maison. Mais les statistiques parlaient de 10 familles seulement sur 100 qui approchaient de cette image. Et l’on évoquait déjà la famille éclatée, parfois même en miettes. Les causes sont multiples, les conséquences souvent désastreuses. A l’époque, une spécialiste de la démographie signalait que, dans nos pays, on ne fondait plus famille pour la vie. On vivait dans une cellule familiale qui avait une malchance sur quatre de se dissoudre. Aujourd’hui, une malchance sur trois. C’est un fait de société. Un homme politique évoquait même, était-ce une boutade ?, des contrats de mariage 3,6,9, comme pour les loyers. Il ne faut pas pour autant confondre l’évolution des structures familiales selon les époques ou les cultures, et les valeurs fondamentales qui transcendent le temps et l’espace. Les textes bibliques ne nous présentent pas une idéologie familiale ni un modèle culturel. Ils nous proposent des valeurs, sans entrer dans le réseau infini des conséquences et des applications multiples. Qui, elles, peuvent et même doivent évoluer selon les époques, les civilisations et les situations. Mais, une chose demeure : la famille est le trésor fondamental, tant de la société que de l’Eglise, là où l’amour et la foi se donnent la main. D’où, l’expression  » Eglise domestique « . Pour Ben Sirac le Sage, Paul ou Matthieu l’évangéliste, le fondement de la famille idéale c’est d’être à l’écoute de la Parole de Dieu pour accomplir sa volonté. C’est une sagesse à mettre en pratique, quelles que soient les circonstances. Mais il s’agit toujours d’une construction exigeante, depuis la fondation jusqu’à la toiture. Ce qui exige nécessairement de tous et de chacun des protagonistes, des efforts, des renoncements, de la patience et de la persévérance. Sachant aussi que rien n’est acquis une fois pour toutes. Ce que voulait Ben Sirac, en son temps, c’était de sauvegarder les valeurs essentielles de la famille, contre la vague de l’hellénisme qui offrait un terrain favorable à la multiplication de sectes ET cultivait, comme aujourd’hui, un individualisme et un égoïsme outranciers. Ce qui, à l’époque (1e lecture), conduisait à négliger, voire même à mépriser les parents âgés et à se moquer de leurs infirmités. Aujourd’hui, bien des couples modernes diront ne plus vouloir durer à n’importe quel prix. Ce qui n’est pas totalement insensé. Mais, on risque de vouloir s’engager au conditionnel, parce qu’on ne veut pas rater son bonheur personnel. Alors, on est parfois trop occupé à la construction de soi-même, tout seul, alors qu’il s’agit de se construire et de s’épanouir avec l’autre, et en famille, tous ensemble. Paul, lui aussi, était bien de son temps, quand il conseille aux épouses d’être soumises à leur mari. Il répétait ce qui était exigé dans l’ensemble du monde antique. Pour la morale grecque ancestrale, l’homme commande et la femme obéit… Mais l’apôtre tempère déjà l’expression, car le type de soumission qu’il évoque est celle du Christ obéissant à son Père . Ce qui est tout autre chose et n’a rien d’humiliant. C’est dans le même esprit que Paul s’adresse aux maris, en utilisant le terme très positif d’AGAPE, c’est-à-dire l’amour en tant que don, pardon, réconciliation et dévouement. Et non pas EROS, qui se réduit à l’amour-passion, où l’homme se comporte comme le propriétaire de la femme. D’où, cette précision quasi mystique à l’adresse des maris : Aimez votre femme comme le Christ aime l’Eglise. Ici, les relations entre parents et enfants respectent également le principe traditionnel et spartiate de l’époque, celui de l’obéissance rigoureuse. Paul y introduit une chose toute nouvelle : un critère. Celui de l’amour qui vient à la fois éclairer le sens profond, le bien fondé et la sagesse de cette obéissance. Et, en même temps, tempérer l’exercice absolu de l’autorité paternelle. La préoccupation essentielle de Paul est de développer et de faciliter la croissance et l’épanouissement de tous et de chacun dans la vie de famille. Famille selon la chair et famille selon la foi chrétienne. Et, par conséquent, que rien ne vienne y faire obstacle. C’est-à-dire : quel que soit le type culturel de la famille, elle est le lieu par excellence où doivent pouvoir fleurir la bienveillance, l’humilité, la douceur et la patience, la bonté, le pardon. Le tout, dans un authentique climat d’amour qui assure l’équilibre, l’unité et fait régner la paix. Ce qui demande de prendre du temps, ensemble, gratuitement, pour s’écouter, partager, témoigner. Au sein des familles, c’est une véritable urgence. D’abord entre parents, pour qu’ils puissent prolonger et nourrir le dialogue avec les enfants. Retenez bien le conseil de Paul :  » Que la Parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ; instruisez-vous et reprenez-vous les uns les autres avec une vraie sagesse… « . Quel que soit le type de structure de la famille, il existe une grammaire de l’amour, dont il faut connaître les lois élémentaires pour être et rester à la fois des éducateurs et des bénéficiaires de l’amour. De toute manière, la famille reste le fondement de la vie sociale et civile. Ce n’est certes pas une réalité dépassée.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

DIMANCHE 29 DÉCEMBRE : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – PREMIERE LECTURE

27 décembre, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DIMANCHE 29 DÉCEMBRE : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

PREMIERE LECTURE – Ben Sirac le Sage 3, 2-6. 12-14

3, 2 Le Seigneur glorifie le père dans ses enfants,  il renforce l’autorité de la mère sur ses fils. 3 Celui qui honore son père obtient le pardon de ses fautes, 4 celui qui glorifie sa mère est comme celui qui amasse un trésor. 5 Celui qui honore son père aura de la joie dans ses enfants,  au jour de sa prière il sera exaucé. 6 Celui qui glorifie son père verra de longs jours,  celui qui obéit au Seigneur donne du réconfort à sa mère… 12 Mon fils, soutiens ton père dans sa vieillesse,  ne le chagrine pas pendant sa vie. 13 Même si son esprit l’abandonne, sois indulgent,  ne le méprise pas, toi qui es en pleine force. 14 Car ta miséricorde envers ton père ne sera pas oubliée  et elle relèvera ta maison  si elle est ruinée par le péché.

Ben Sirac dit encore bien d’autres choses sur le respect dû aux parents ; et s’il éprouve le besoin d’y insister, c’est parce qu’à son époque, l’autorité des parents n’était plus ce qu’elle avait été : les moeurs étaient en train de changer et Ben Sirac ressentait le besoin de redresser la barre. Nous sommes au deuxième siècle av.J.C., vers 180. Ben Sirac tient une école de Sagesse (on dirait « Philosophie » aujourd’hui) à Jérusalem ; on est sous la domination grecque : les souverains sont libéraux et les Juifs peuvent continuer à pratiquer intégralement leur Loi ; (la situation changera un peu plus tard avec Antiochus Epiphane) ; mais c’est cette tranquillité, justement, qui inquiète Ben Sirac, car, insidieusement, de nouvelles habitudes de penser se répandent : à côtoyer de trop près des païens, on risque de penser et de vivre bientôt comme eux. Et c’est bien ce qui pousse Ben Sirac à défendre les fondements de la religion juive, à commencer par la famille. Car si la structure familiale s’affaiblit, qui transmettra aux enfants la foi, les valeurs, et les pratiques du Judaïsme ?  Notre texte d’aujourd’hui est donc avant tout un plaidoyer pour la famille parce qu’elle est le premier sinon le seul lieu de transmission des valeurs.  C’est aussi un commentaire magnifique, une variation sur le quatrième commandement. Les plus âgés d’entre nous le connaissent sous la forme du catéchisme de leur enfance : « Tes père et mère honoreras afin de vivre longuement ». Et le voici dans sa forme primitive au livre de l’Exode : « Honore ton père et ta mère afin que tes jours se prolongent sur la terre que te donne le SEIGNEUR ton Dieu » (Ex 20, 12) ; et le livre du Deutéronome ajoutait « et afin que tu sois heureux » (Dt 5, 16).  Le texte que nous lisons aujourd’hui a donc été écrit vers 180 av.J.C. ; et puis, cinquante ans plus tard, le petit-fils de Ben Sirac a traduit l’oeuvre de son grand-père et il a voulu préciser les choses : il a donc ajouté deux versets pour justifier ce respect dû aux parents : son argument est le suivant : nos parents nous ont donné la vie, ils sont donc les instruments de Dieu qui donne la vie : « De tout ton coeur glorifie ton père, et n’oublie pas les souffrances de ta mère. Souviens-toi que tu leur dois la naissance, comment leur rendras-tu ce qu’ils ont fait pour toi ? » (Si 7, 27 – 28).  Bien sûr, ce commandement rejoint le simple bon sens : on sait bien que la cellule familiale est la condition primordiale d’une société équilibrée. Actuellement, nous ne faisons que trop l’expérience des désastres psychologiques et sociaux entraînés par la brisure des familles. Mais, plus profondément, j’entends aussi là que notre rêve d’harmonie familiale fait partie du plan de Dieu.  Cette défense des valeurs familiales ne nous étonne donc pas : mais dans le texte de Ben Sirac on a un peu l’impression d’un calcul : « Celui qui honore son père obtient le pardon de ses fautes, celui qui glorifie sa mère est comme celui qui amasse un trésor. Celui qui honore son père aura de la joie dans ses enfants, au jour de sa prière il sera exaucé. Celui qui glorifie son père verra de longs jours… » Même chose pour le commandement : « Tes père et mère honoreras afin de vivre longuement » ; comme si on nous disait « si tu te conduis bien, Dieu te le revaudra ».  Or, il n’est jamais question de calcul avec Dieu, puisqu’avec lui tout est grâce, c’est-à-dire gratuit ! Ce qu’on veut nous dire, c’est que chaque fois que Dieu nous donne un commandement, c’est pour notre bonheur.  Si vous en avez le courage, reportez-vous au livre du Deutéronome, en particulier au chapitre 6, celui dont est extraite la plus célèbre prière d’Israël, le « Shema Israël » (Ecoute Israël) ; vous serez étonnés de l’insistance de ce texte pour nous dire que la loi est chemin de bonheur et de liberté. Voici quelques versets du Deutéronome : « Tu feras ce qui est droit et bien aux yeux du SEI¬GNEUR, pour être heureux et entrer prendre possession du bon pays que le SEI¬GNEUR a promis par serment à tes pères… » (Dt 6, 18) 1.  Revenons à Ben Sirac ; nous y lisons une phrase un peu étonnante : « Celui qui honore son père obtient le pardon de ses fautes ». Tout d’abord, on peut penser qu’une telle phrase prouve que ce texte est récent ; on sait bien qu’il a fallu des siècles de pédagogie de Dieu, par la bouche de ses prophètes, pour que l’on découvre que le seul chemin de réconciliation avec Dieu n’est pas le sacrifice sanglant comme on le croyait primitivement ; le seul chemin de réconciliation avec Dieu, c’est la réconciliation avec le prochain. On entend là comme un écho de la célèbre phrase du prophète Osée « C’est la miséricorde que je veux et non le sacrifice » (Os 6, 6).  En quelque sorte, Ben Sirac nous dit : « Vous voulez être sûrs d’honorer Dieu ? C’est bien simple, honorez vos parents : être filial à leur égard, c’est être filial aussi à l’égard de Dieu. On sait que sur les dix commandements, deux seulement sont des ordres positifs : le commandement sur le sabbat et celui-ci sur le respect des parents. « Du jour du sabbat, tu feras un mémorial… », « Honore ton père et ta mère » ; tous les autres commandements sont négatifs, ils indiquent seulement des limites à ne pas dépasser : « Tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne commettras pas d’adultère »…  Mais c’est bien un ordre positif qui résume tous les commandements : vous le trouvez dans l’Ancien Testament au Livre du Lévitique : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ; or, notre premier prochain, au vrai sens du terme, ce sont nos parents. En cette période de fêtes où des liens familiaux se resserrent ou se redécouvrent, ce texte de Ben Sirac est donc bien trouvé.  —————————

 Note  1 – Inversement, le même livre affirmait : « Maudit soit celui qui méprise son père et sa mère ! » (Dt 27, 16). Et ce commandement était assorti de peines très sévères : la peine de mort, en particulier, pour celui qui avait « frappé son père ou sa mère » même si ses coups n’avaient pas entraîné la mort (Ex 21, 15). La même sanction était prévue pour celui qui « insultait » son père ou sa mère (Ex 21, 17). Rappelons-nous, il n’est pas si loin le temps où le Droit français prévoyait des sanctions particulièrement sévères pour les parricides.