Archive pour le 23 décembre, 2013
LE MYSTÈRE DE NOËL
23 décembre, 2013http://www.salve-regina.com/salve/Le_Myst%C3%A8re_de_No%C3%ABl
LE MYSTÈRE DE NOËL
TEXTES DE MÉDITATION
Auteur : Abbé J.-M. Robinne
Noël, c’est l’Enfant-Dieu. Noël, c’est le Verbe incarné. Noël, c’est le Sauveur. Pour nous il s’est fait pauvre, Lui qui est riche[1]. Au commencement était le Verbe[2], et le Verbe était la lumière des hommes[3]. Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique[4]. Pauvreté, Lumière, Amour. Noël, ce sont les Bergers, et, en eux, les Pauvres, et les plus pauvres d’entre les pauvres ; Noël, ce sont les Anges, et, en eux, les Purs, et les plus purs d’entre les purs ; Noël, ce sont les Mages, et, en eux, les Riches, et les plus riches d’entre les riches ; Ceux qui ignorent ne rien avoir ; ceux qui n’ont que la transparence, ceux qui savent ne rien avoir. Pauvreté, Lumière, Amour. Noël c’est Joseph qui en toute humilité[5] de la création monte vers l’humilité qui descend du ciel ; en qui toute lumière est si pure, qu’elle ne soupçonne pas le mal[6] ; en qui l’amour est si délicat qu’il est aise dans les l’effacement[7]. Noël c’est Marie : l’humble servante[8] sur qui se pose la complaisance du Tout-Puissant, la bienheureuse Vierge qui a cru la Parole, la bienheureuse entre toutes les générations[9] que l’Esprit Saint a enveloppée de sa vertu[10]. Noël c’est Marie et Joseph, riches de l’Esprit qui est Père des pauvres[11], saisis par l’Esprit qui est l’Esprit de Vérité[12], mûs par l’Esprit qui est l’Onction.[13] Pauvreté, Lumière, Amour. Noël c’est la manifestation sensible à tous les hommes, du Dieu qui Est, du Dieu qui est Vérité, du Dieu qui est Amour. Manifestation une et trine du Dieu qui est Un et Trine. Etre, Lumière, Amour. Noël c’est la Procession et le Retour du Verbe incarné, venu du Père et allant au Père[14] : image – plus qu’image – , et la plus belle, de la vie intime de Dieu ; source et mesure de la procession à partir de Dieu, et du retour à Dieu, de toute créature. Le «cycle » du Verbe incarné conjoint en son mystère l’Incréé et le créé, l’ordre d’origine et l’achèvement des opérations divines, la création et la glorification de l’humanité, assumée par le Verbe. Dans le Verbe incarné sont réunis l’humanité et la divinité par amour. Etre, Lumière, Amour. Le «cycle » de Marie est l’empreinte créée du cycle du Verbe incarné : conformation parfaite en une créature, de toute la création, au cycle mystérieux du Verbe incarné. Chaque élu est aussi une trace de ce même cycle. La vocation de Marie inclut toute vocation, et est éclairée par chacune. Et, comme Marie révèle fidèlement le mystère du Verbe, chacun des témoins qui l’approchent et se conforment à elle, révèle autour d’elle, le même mystère. Nous devons suivre avec respect les grands témoins de Noël, les priant de nous conduire jusqu’à Marie, jusqu’à Dieu. Toute vocation, à l’image de la Procession et du Retour incréés, est procession et retour. Toute créature a, pour vocation le retour au créateur. Toute créature vient du créateur et y retourne. Toute vocation, est contenue dans cette procession. A l’image de Dieu, Etre-Vérité-Amour, toute vocation, baignée dans la lumière de Noël, rayonne Pauvreté-Lumière-Amour. Les vocations se hiérarchisent par leur participation à Dieu lui-même, par leur reproduction plus ou moins parfaite de la plus parfaite des participations créées : Marie. Plus nous sommes près de Marie, plus nous sommes près de Dieu. Noël associe à la pauvreté, la lumière et l’amour. Cette pauvreté est la véritable richesse. Merveille entre les merveilles cette Pauvreté-Richesse symbolise l’ambivalence de Noël. Toute la contradiction apparente du mystère de Noël est renfermée dans cette Pauvreté-Richesse. Pauvreté physique, Richesse du cœur. Pauvreté qui ouvre l’Esprit aux richesses spirituelles. Les Bergers symbolisent – et réalisent – la Pauvreté ; les Anges, la Lumière ; les Mages, la générosité, l’Amour. Chacun d’eux nous manifeste l’espace qui nous sépare du Dieu qui est Etre-Vérité-Amour. Jésus est venu parmi nous pour nous rendre sensible ce mystère qu’il vit à l’intime de Lui-même. Avant même de parler, Il commence cet enseignement par la façon dont il se présente parmi les hommes, et par l’ensemble des circonstances qui accompagnent sa naissance.
Pauvreté et Amour Les Bergers symbolisent et réalisent auprès de la crèche cette attitude de pauvreté, de dépouillement. Ceux qui ont adoré l’Enfant sont les plus pauvres parmi les pauvres bergers. Ceux-là n’ont même pas de toit pour s’abriter. Ils sont comme l’Enfant dépouillés de toutes richesses extérieures. Ils ne s’inquiètent pas pour autant de leur avenir, le dépouillement total donne une insouciance profonde et même une certaine ignorance de ce que l’on est. Ce qu’ils font ? Ce qu’ils sont ? Questions étrangères à ceux que dépouille tellement la nécessité immédiate. Le privilège d’adorer l’Enfant Jésus, les bergers l’ont dû à cette absence de questions sur eux-mêmes, pour leur avenir. Marie est la première adoratrice. Ce qu’elle possède de meilleur c’est Jésus. Or Noël c’est pour elle donner ce qu’elle a de plus précieux : cette intimité entre Jésus et elle. Jésus était en elle, pour elle seule, et seule avec elle ; c’est en elle que les anges l’adoraient. Cette séparation est le détachement suprême. Abandon total de tout calcul, puisque calculer c’est désirer garder quelque chose d’un trésor. Tout est livré. Oblation silencieuse, perçue par elle seulement. Jésus est donné : donné aux Bergers, livré à l’adoration des Anges, de toute la terre. Ceux qui viennent du dehors ne perçoivent pas le don qui leur est fait, les créatures reçoivent. Et Marie ne perd pas, elle est toute détachée. L’exclusivisme, en amour, est le prolongement subtil du calcul contraire à la pauvreté. Marie est à ce moment la plus pauvre de toute les créatures et en même temps la plus riche. Pauvreté, Lumière, Amour. Ici on retrouve la contradiction de ce mystère : Pauvreté-Richesse. Ce que nous appelons Pauvreté c’est cette absence de référence à tout ce qui n’est pas Dieu. Cette pauvreté est l’enveloppe d’une richesse infinie. La pauvreté de la Sainte Vierge est aussi une pauvreté en paroles. Pour elle, Noël n’est que le prolongement du Fiat. Un prolongement silencieux, pour un mystère où tout se passe en silence. Tout mystère est silencieux, l’incarnation s’est faite dans le silence, la nuit de Noël se passe dans le silence, la Résurrection se déroule dans le silence, la consécration se passe dans le silence. Par son attitude Marie nous enseigne la voie à suivre. Elle s’est tue pour que le fond même de son âme ne soit plus qu’une question. Etre une question n’est pas poser une question. Tout ceci semble paradoxal, et pourtant moins nous posons de questions contingentes plus nous sommes ouverts au Mystère de Dieu. Pour accueillir Dieu, pour accueillir le Mystère du salut, il faut être en silence.
Le Mystère de Lumière A la crèche une même atmosphère enveloppe Marie, Joseph, Jésus – atmosphère d’intimité, d’adoration. Jésus se tait parce qu’il est enfant, Marie et Joseph se taisent parce qu’ils adorent. Ce silence a sa source toute proche en la Personne du Verbe. Ce silence fonde l’unité de ces trois êtres. C’est le Verbe qui donne son être à l’humanité de Jésus, c’est le Verbe qui a suscité Marie comme Mère ; c’est le Verbe qui porte dans sa sagesse ce dessein de la prédestination de Jésus et Marie, incluant aussi celle de Joseph. Le silence de la crèche, qu’enveloppe notre adoration, est un des aspects du rayonnement du Verbe : Joseph y prolonge le silence qui fut l’épreuve et la victoire de sa fidélité à Marie[15] ; Marie épouse et confirme dans son silence celui de toutes les créatures. Jésus demeure dans le silence parce qu’il est Dieu. C’est par le silence que nous pouvons atteindre la lumière de la Foi d’une manière plus parfaite. En gardant le silence nous obligeons Dieu à nous éclairer. En gardant le silence, nous reconnaissons notre incapacité et nous implorons les lumières divines. Par le silence nous dépassons notre condition humaine et nous pouvons ainsi accéder au mode de connaissance angélique. Le silence est pour nous la porte de l’adoration et de la contemplation. Face au mystère il ne reste que le silence et l’adoration. Face au mystère les questions sont de trop, elles demeurent inefficaces et surtout sans réponses. Quand nous renonçons à exercer l’intelligence à la façon qui nous est naturelle, la perfection de notre silence consiste en ce qu’il nous libère de la servitude des créatures pour nous rendre tributaires de Dieu. La perfection propre de notre silence est d’abord une libération, puis une liberté, une indépendance, absolues. Par le silence nous accédons à la lumière, à la parole créatrice. Le silence élève notre nature. Le silence était le fondement de l’unité de la sainte Famille. Le silence est aussi le fondement de l’union de toutes les créatures. Par lui les écarts disparaissent et toutes les créatures deviennent dépendantes d’une manière plus radicales encore de Dieu. Par le silence Dieu devient la lumière de notre intelligence.
Le Mystère d’Amour La marche des Mages vers l’étoile, leur désir de connaître la vérité est l’indice de leur soif de Dieu. Comment découvrir le signe de Dieu, s’il n’y a pas en nous un abîme d’attente ? Si, par contre nous sommes tout désir, la moindre parcelle de lumière, le moindre signe trouvera en nous accueil et intelligence. Le signe est toujours adapté à celui à qui il est adressé, et à ce qu’il doit signifier. Ainsi les mages avaient le signe, encore fallait-il l’interpréter. S’ils n’avaient pas eu le désir, naturel au savant, de rechercher les causes, ils seraient passés à côté du signe. La saine curiosité est donc le fruit d’un amour actif. Bien des images, bien des signes de Dieu sont répandus dans la création, en nous, dans autrui, dans nos rapports avec les autres. Seulement il faut les voir. Cela serait impossible sans l’amour. Cet amour doit être l’amour de Dieu. Le désir de saisir quelque chose de Dieu rend l’esprit actif, aiguise la curiosité, oriente l’intelligence. Mais il faut aussi savoir passer à l’acte, les mages ne se contentent pas de comprendre, ils viennent. Dans notre vie si nous n’agissons point, il ne sert à rien de voir, et d’ailleurs à force de refuser d’agir, nous ne verrons plus. En effet l’amour fait voir, mais s’il est coupé de l’action ce n’est qu’un amour mutilé, il lui manque le deuxième aspect de sa nature ; l’amour appelle bien l’exercice de l’intelligence qui apporte pureté, virginité, transparence de l’esprit ; mais il appelle aussi la réalité. L’amour n’est satisfait que s’il exécute ce qu’il a vu. Noël c’est aussi cela, se laisser reformer par les signes extérieurs et intérieurs qui orientent notre vie vers l’amour. Seul l’amour explique le Mystère de Noël, et pourtant des trois aspects de ce mystère : Pauvreté, Lumière, Amour, c’est le seul qui soit vraiment insaisissable à notre intelligence. Nous en voyons un aspect, mais on ne peut en saisir toute la réalité.
MÉDITATION POUR NOËL – AVEC PADRE PIO
23 décembre, 2013http://saint.padre.pio.free.fr/meditation-noel.htm
MÉDITATION POUR NOËL – AVEC PADRE PIO
Présentation Cette présentation de Noël pourra sembler au premier abord sombre, à l’encontre de la douceur qui inondait le coeur de Padre Pio et transparaissait sur son visage. Mais sans doute faut-il, au-delà des images et de certains mots, aller jusqu’au bout de ce mystère de l’incarnation : Padre Pio ne s’arrête pas, tant qu’il n’en a pas atteint le coeur ; et ce coeur, c’est l’amour: « Tout cela, il l’a fait par amour ; il ne nous invite qu’à l’amour, il ne nous parle que d’amour, il ne nous donne que des preuves d’amour ». Ainsi qu’il l’écrit, même si nous ne comprenons pas tout, chacun est capable d’en percevoir, d’en entendre quelque chose. Le reste découle de cela. Le reste, ce n’est pas une vision misérabiliste, moralisatrice ou rigoriste, mais le débordement de l’amour comme humilité : humilité de Jésus et, en réponse, notre humilité. l’accent à plusieurs reprises sur la tendresse doit être noté ; il évite toute dérive hors de ce sublime mystère de Dieu devenu enfant
TEXTE C’est au cœur de la nuit, au cours de la saison la plus rigoureuse, dans la grotte la plus glaciale, habitation des troupeaux plus que d’une créature humaine, que vint à la lumière, à la plénitude des temps, le Messie promis – Jésus – le Sauveur des hommes. Aucun bruit autour de lui ; un bœuf et un âne réchauffent le pauvre Enfant nouveau-né ; une femme humble, un homme pauvre et fatigué en adoration devant lui. Ne se font entendre que les vagissements et les pleurs de Dieu devenu enfant. Et par ces pleurs, par ces vagissements, il offre à la justice divine la première rançon pour notre réconciliation. Depuis plus de quarante siècles il est attendu ; c’est avec des soupirs que les Patriarches en avaient invoqué la venue ; les auteurs sacrés avaient prophétisé clairement et le lieu et l’époque de sa naissance… Pourtant tout est silence et il semble que nul ne sait rien de ce grand avènement. Un peu plus tard seulement, des bergers qui gardaient leurs troupeaux dans les champs viennent lui rendre visite. Ils ont été avertis par des esprits célestes de cet avènement grandiose, et invités à se rendre à la grotte où il se trouve. Qu’ils sont nombreux et importants, ô chrétiens, les enseignements qui partent de la grotte de Bethléem ! Oh, comme notre cœur doit se sentir brûlant d’amour pour celui qui s’est fait toute tendresse pour nous ! Comme nous devrions avoir au cœur le désir de conduire le monde entier à cette humble grotte, refuge du roi des rois, plus grande que tout palais humain, parce que trône et demeure de Dieu ! Demandons à ce divin Enfant de nous revêtir d’humilité, parce que seule cette vertu nous fera goûter ce mystère rempli de tendresse divine. Les palais de l’Israël orgueilleux scintillent, mais ce n’est pas en eux qu’est venue au monde la Lumière ! Mettant leur assurance dans la grandeur humaine, baignant dans l’or : ainsi sont les notables de la nation juive ; les prêtres du temple sont pleins de vaine gloire et de superbe ; à l’encontre du sens véritable de la révélation divine ils attendent un Sauveur rabougri, venant dans le monde selon la grandeur humaine et la puissance. Mais Dieu, qui a toujours à cœur de confondre la sagesse de ce monde, balaie leurs projets et, à l’encontre de l’attente de ceux qui sont privés de la sagesse divine, descend parmi nous dans la plus grande abjection, renonçant à naître dans l’humble maison de Joseph ou même dans celle d’un parent ou d’une connaissance dans la ville de Juda ; et, en quelque sorte rejeté par les hommes, il demande asile et secours à de vils animaux, choisissant leur demeure comme lieu de sa naissance, leur paille pour réchauffer son petit corps délicat. Il fait en sorte que le premier hommage lui soit rendu par de pauvres et rustres bergers qu’il a lui-même, par l’intermédiaire de ses anges, informés de ce grand mystère. O sagesse et puissance de Dieu ! nous sentions le devoir de nous exclamer – entrés en extase avec ton Apôtre – combien tes jugements sont incompréhensibles et insondables tes voies ! Pauvreté, humilité, abjection et mépris entourent le Verbe fait chair ; nous, cependant, nous comprenons une chose de cette obscurité dans laquelle le Verbe fait chair est enveloppé, nous entendons une parole, nous entrevoyons une vérité sublime : Tout cela, il l’a fait par amour ; il ne nous invite qu’à l’amour, il ne nous parle que d’amour, il ne nous donne que des preuves d’amour. L’Enfant céleste souffre et gémit dans la crèche, afin que la souffrance nous devienne aimable et méritoire, afin que nous la recherchions : il manque de tout afin que nous apprenions de lui le renoncement aux biens terrestres, il prend plaisir en ces pauvres et humbles adorateurs, pour nous pousser à aimer la pauvreté et à préférer la compagnie des petits et des simples à celle des grands de ce monde. Ce petit Enfant, qui est tout mansuétude et douceur, veut insuffler en nos cœurs, par son exemple, ces vertus sublimes, afin que dans ce monde déchiré et bouleversé surgisse une ère de paix et d’amour. Par sa naissance il nous indique notre mission : mépriser ce que le monde aime et recherche. Oh ! Prosternons-nous devant la crèche, et avec le grand saint Jérôme, le saint enflammé d’amour pour Jésus enfant, offrons-lui tout notre cœur, sans réserve ; et promettons-lui de suivre les enseignements qui viennent à nous depuis la grotte de Bethléem, et peuvent presque se résumer en ceci : Vanité des vanités, tout est vanité.