Archive pour le 29 novembre, 2013
BENOÎT XVI: ANDRÉ, LE PROTOCLET – 30 NOVEMBRE
29 novembre, 2013BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
MERCREDI 14 JUIN 2006
ANDRÉ, LE PROTOCLET – 30 NOVEMBRE
Chers frères et soeurs,
Dans les deux dernières catéchèses, nous avons parlé de la figure de saint Pierre. A présent, nous voulons, dans la mesure où les sources nous le permettent, connaître d’un peu plus près également les onze autres Apôtres. C’est pourquoi nous parlons aujourd’hui du frère de Simon Pierre, saint André, qui était lui aussi l’un des Douze. La première caractéristique qui frappe chez André est son nom: il n’est pas juif, comme on pouvait s’y attendre, mais grec, signe non négligeable d’une certaine ouverture culturelle de sa famille. Nous sommes en Galilée, où la langue et la culture grecques sont assez présentes. Dans les listes des Douze, André occupe la deuxième place, comme dans Matthieu (10, 1-4) et dans Luc (6, 13-16), ou bien la quatrième place comme dans Marc (3, 13-18) et dans les Actes (1, 13-14). Quoi qu’il en soit, il jouissait certainement d’un grand prestige au sein des premières communautés chrétiennes. Le lien de sang entre Pierre et André, ainsi que l’appel commun qui leur est adressé par Jésus, apparaissent explicitement dans les Evangiles. On y lit: « Comme il [Jésus] marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans le lac: c’était des pêcheurs. Jésus leur dit: « Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes »" (Mt 4, 18-19; Mc 1, 16-17). Dans le quatrième Evangile, nous trouvons un autre détail important: dans un premier temps, André était le disciple de Jean Baptiste; et cela nous montre que c’était un homme qui cherchait, qui partageait l’espérance d’Israël, qui voulait connaître de plus près la parole du Seigneur, la réalité du Seigneur présent. C’était vraiment un homme de foi et d’espérance; et il entendit Jean Baptiste un jour proclamer que Jésus était l’ »agneau de Dieu » (Jn 1, 36); il se mit alors en marche et, avec un autre disciple qui n’est pas nommé, il suivit Jésus, Celui qui était appelé par Jean « Agneau de Dieu ». L’évangéliste rapporte: ils « virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là » (Jn 1, 37-39). André put donc profiter de précieux moments d’intimité avec Jésus. Le récit se poursuit par une annotation significative: « André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d’abord son frère Simon et lui dit: « Nous avons trouvé le Messie (autrement dit: le Christ) ». André amena son frère à Jésus » (Jn 1, 40-43), démontrant immédiatement un esprit apostolique peu commun. André fut donc le premier des Apôtres à être appelé à suivre Jésus. C’est précisément sur cette base que la liturgie de l’Eglise byzantine l’honore par l’appellation de Protóklitos, qui signifie précisément « premier appelé ». Et il est certain que c’est également en raison du rapport fraternel entre Pierre et André que l’Eglise de Rome et l’Eglise de Constantinople se sentent de manière particulière des Eglises-soeurs. Pour souligner cette relation, mon Prédécesseur, le Pape Paul VI, restitua en 1964 les nobles reliques de saint André, conservées jusqu’alors dans la Basilique vaticane, à l’Evêque métropolite orthodoxe de la ville de Patras en Grèce, où selon la tradition, l’Apôtre fut crucifié. Les traditions évangéliques rappellent particulièrement le nom d’André en trois autres occasions, qui nous font connaître un peu plus cet homme. La première est celle de la multiplication des pains en Galilée. En cette circonstance, ce fut André qui signala à Jésus la présence d’un enfant avec cinq pains d’orge et deux poissons, « bien peu de chose » – remarqua-t-il – pour toutes les personnes réunies en ce lieu (cf. Jn 6, 8-9). Le réalisme d’André en cette occasion mérite d’être souligné: il remarqua l’enfant – il avait donc déjà posé la question: « Mais qu’est-ce que cela pour tant de monde! » (ibid.) -, et il se rendit compte de l’insuffisance de ses maigres réserves. Jésus sut toutefois les faire suffire pour la multitude de personnes venues l’écouter. La deuxième occasion fut à Jérusalem. En sortant de la ville, un disciple fit remarquer à Jésus le spectacle des murs puissants qui soutenaient le Temple. La réponse du Maître fut surprenante: il lui dit que de ces murs, il ne serait pas resté pierre sur pierre. André l’interrogea alors, avec Pierre, Jacques et Jean: « Dis-nous quand cela arrivera, dis-nous quel sera le signe que tout cela va finir » (Mc 13, 1-4). Pour répondre à cette question, Jésus prononça un discours important sur la destruction de Jérusalem et sur la fin du monde, en invitant ses disciples à lire avec attention les signes des temps et à rester toujours vigilants. Nous pouvons déduire de l’épisode que nous ne devons pas craindre de poser des questions à Jésus, mais que dans le même temps, nous devons être prêts à accueillir les enseignements, même surprenants et difficiles, qu’Il nous offre. Dans les Evangiles, enfin, une troisième initiative d’André est rapportée. Le cadre est encore Jérusalem, peu avant la Passion. Pour la fête de Pâques – raconte Jean – quelques Grecs étaient eux aussi venus dans la ville sainte, probablement des prosélytes ou des hommes craignant Dieu, venus pour adorer le Dieu d’Israël en la fête de la Pâque. André et Philippe, les deux Apôtres aux noms grecs, servent d’interprètes et de médiateurs à ce petit groupe de Grecs auprès de Jésus. La réponse du Seigneur à leur question apparaît – comme souvent dans l’Evangile de Jean – énigmatique, mais précisément ainsi, elle se révèle riche de signification. Jésus dit aux deux disciples et, par leur intermédiaire, au monde grec: « L’heure est venue pour le Fils de l’homme d’être glorifié. Amen, amen, je vous le dis: si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit » (Jn 12, 23-24). Que signifient ces paroles dans ce contexte? Jésus veut dire: Oui, ma rencontre avec les Grecs aura lieu, mais pas comme un simple et bref entretien entre moi et quelques personnes, poussées avant tout par la curiosité. Avec ma mort, comparable à la chute en terre d’un grain de blé, viendra l’heure de ma glorification. De ma mort sur la croix proviendra la grande fécondité: le « grain de blé mort » – symbole de ma crucifixion – deviendra dans la résurrection pain de vie pour le monde; elle sera lumière pour les peuples et les cultures. Oui, la rencontre avec l’âme grecque, avec le monde grec, se réalisera à ce niveau auquel fait allusion l’épisode du grain de blé qui attire à lui les forces de la terre et du ciel et qui devient pain. En d’autres termes, Jésus prophétise l’Eglise des Grecs, l’Eglise des païens, l’Eglise du monde comme fruit de sa Pâque. Des traditions très antiques voient André, qui a transmis aux Grecs cette parole, non seulement comme l’interprète de plusieurs Grecs lors de la rencontre avec Jésus que nous venons de rappeler, mais elles le considèrent comme l’apôtre des Grecs dans les années qui suivirent la Pentecôte; elles nous font savoir qu’au cours du reste de sa vie il fut l’annonciateur et l’interprète de Jésus dans le monde grec. Pierre, son frère, de Jérusalem en passant par Antioche, parvint à Rome pour y exercer sa mission universelle; André fut en revanche l’Apôtre du monde grec: ils apparaissent ainsi de véritables frères dans la vie comme dans la mort – une fraternité qui s’exprime symboliquement dans la relation spéciale des Sièges de Rome et de Constantinople, des Eglises véritablement soeurs. Une tradition successive, comme nous l’avons mentionné, raconte la mort d’André à Patras, où il subit lui aussi le supplice de la crucifixion. Cependant, au moment suprême, de manière semblable à son frère Pierre, il demanda à être placé sur une croix différente de celle de Jésus. Dans son cas, il s’agit d’une croix décussée, c’est-à-dire dont le croisement transversal est incliné, qui fut donc appelée « croix de saint André ». Voilà ce que l’Apôtre aurait dit à cette occasion, selon un antique récit (début du VI siècle) intitulé Passion d’André: « Je te salue, ô Croix, inaugurée au moyen du Corps du Christ et qui as été ornée de ses membres, comme par des perles précieuses. Avant que le Seigneur ne monte sur toi, tu inspirais une crainte terrestre. A présent, en revanche, dotée d’un amour céleste, tu es reçue comme un don. Les croyants savent, à ton égard, combien de joie tu possèdes, combien de présents tu prépares. Avec assurance et rempli de joie, je viens donc à toi, pour que toi aussi, tu me reçoives exultant comme le disciple de celui qui fut suspendu à toi… O croix bienheureuse, qui reçus la majesté et la beauté des membres du Seigneur!… Prends-moi et porte-moi loin des hommes et rends-moi à mon Maître, afin que par ton intermédiaire me reçoive celui qui, par toi, m’a racheté. Je te salue, ô Croix; oui, en vérité, je te salue! ». Comme on le voit, il y a là une très profonde spiritualité chrétienne, qui voit dans la croix non pas tant un instrument de torture, mais plutôt le moyen incomparable d’une pleine assimilation au Rédempteur, au grain de blé tombé en terre. Nous devons en tirer une leçon très importante: nos croix acquièrent de la valeur si elles sont considérées et accueillies comme une partie de la croix du Christ, si elles sont touchées par l’éclat de sa lumière. Ce n’est que par cette Croix que nos souffrances sont aussi ennoblies et acquièrent leur sens véritable. Que l’Apôtre André nous enseigne donc à suivre Jésus avec promptitude (cf. Mt 4, 20; Mc 1, 18), à parler avec enthousiasme de Lui à ceux que nous rencontrons, et surtout à cultiver avec Lui une relation véritablement familière, bien conscients que ce n’est qu’en Lui que nous pouvons trouver le sens ultime de notre vie et de notre mort.
IMPORTANCE ET LA NECESSITE DU RETOUR DE JESUS
29 novembre, 2013http://www.resurection.org/article-l-importance-et-la-necessite-du-retour-de-jesus-110121391.html
IMPORTANCE ET LA NECESSITE DU RETOUR DE JESUS
Une des plus précieuses vérités de la Bible est le retour de Jésus-Christ. Cette réalité remplit de joie le cœur du chrétien et lui donne la force et le courage de persévérer dans le combat qu’il doit mener jusqu’au bout. Elle l’élève au-dessus de ses peines, de ses craintes, de ses épreuves, au-dessus des ambitions et des convoitises de ce monde et le rend en toutes choses plus que vainqueur. La véracité du retour de Jésus-Christ a toujours été une vivante et glorieuse espérance en des temps d’authentiques réveils spirituels dans l’Eglise. Mais dès que cette flamme a commencé à baisser dans les cœurs, ce message s’est, hélas, estompé pour certains et pour d’ autres il a même complètement disparu. Ce fait semble fondamental puisque la Bible en parle plus de 300 fois dans les 260 chapitres du Nouveau Testament (ce qui fait une moyenne d’un verset sur vingt-six). L’apôtre Paul en parle au moins cinquante fois dans ses épîtres. La seconde venue de Christ est mentionnée huit fois plus souvent que sa première venue sur la terre, il y a 2000 ans. C’est sans aucun doute l’une des doctrines les plus importantes du Nouveau Testament. Si Jésus-Christ ne devait pas revenir, physiquement et littéralement, sur cette terre pour établir son royaume, le christianisme serait le plus grand canular de l’histoire. Son retour est si intimement lié aux autres doctrines fondamentales de la Bible que la validité du christianisme en dépend foncièrement. En effet, sans le retour du Seigneur, il n’y a pas de résurrection des morts, pas de jugement des chrétiens devant le tribunal de Christ, pas de récompenses, pas de ciel, pas d’éternité, pas de triomphe du bien sur le mal, pas de jugement pour les pécheurs, etc. Il est indiscutable que Jésus-Christ revient sur cette terre. C’est une prophétie biblique confirmée par la Parole infaillible de Dieu. La crédibilité de Dieu l’exige. C’est un événement à venir peut-être beaucoup plus imminent qu’on ne le pense. Ce retour s’effectuera en deux étapes distinctes, l’une cachée et l’autre publique. Premièrement, Il vient dans les airs, et deuxièmement, sur la terre en Israël, plus précisément sur le Mont des Oliviers. La première étape concerne 1‘Eglise et la seconde Israël. Sa première venue se fera avant la grande tribulation et sa deuxième après cet événement, c’est-à-dire sept années plus tard. La première sera en vue d’un « mariage », la seconde d’un jugement. Les premiers chrétiens vivaient dans la constante expectative que leur bien-aimé Sauveur et Maître allait revenir. Les apôtres y croyaient fermement et les générations suivantes ont gardé vivante cette bienheureuse espérance, comme si son retour pouvait intervenir à tout instant. Jusqu’au troisième siècle, il en a toujours été ainsi. A partir de l’époque de Constantin, cette vérité est rejetée et presque entièrement mise de côté. Au cours des cent dernières années environ, cette doctrine retrouve un intérêt majeur dans l’Eglise. Elle suscite encore de l’indifférence et des oppositions mais son intérêt va grandissant au sein du peuple de Dieu. Alors que les chrétiens fervents soupirent après sa venue et s’écrient « Viens, Seigneur Jésus ! » (Ap 22 : 20), les moqueurs continuent de dire : « Où est la promesse de son avènement ? Car, depuis que les pères sont morts, tout demeure comme dès le commencement de la création » (2 Pi 3:4). Mais l’incrédulité des moqueurs ne minimise en rien l’importance de cette doctrine qui n’en demeure pas moins stratégique et une clé de l’histoire. Que nous y croyons ou non, nous avançons inéluctablement vers l’aboutissement de toutes choses. La plupart des philosophies et religions non chrétiennes comparent l’histoire de l’humanité à « une roue », la roue de la vie, tournant indéfiniment « en rond » et n’ayant ni commencement, ni fin. Mais la Bible nous donne un point de vue différent : elle nous parle plutôt « d’une voie droite ». Il y a eu un commencement dans l’histoire de l’humanité avec deux événements cruciaux (la croix et la résurrection de Jésus), et de même, il y aura une fin. C’est ainsi que Dieu achèvera son plan pour l’humanité. Les événements mondiaux ne se répéteront pas sans cesse comme dans un processus interminable. Un jour, la société, telle que nous la connaissons, parviendra à son aboutissement. Les souffrances d’un monde brisé et anéanti par le péché, détruit par des hostilités et des guerres incessantes, se termineront par la seconde venue de Jésus-Christ, le Prince de la paix. Lorsque les nations auront fini de jouer leur rôle ici-bas dans le plan éternel de Dieu, celui-ci dira « c’est assez ! ». C’est alors que Jésus-Christ Lui-même reviendra personnellement sur la terre, qu’Il mettra de l’ordre en jugeant les nations et les hommes car Jésus-Christ est au cœur de toute l’histoire humaine. Sans Lui, notre existence n’a aucun sens.
« Car en Lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par Lui et pour Lui » (Col 1:16).
1ER DIMANCHE DE L’AVENT – HOMÉLIE
29 novembre, 2013http://www.homelies.fr/homelie,,3667.html
1ER DIMANCHE DE L’AVENT
DIMANCHE 1ER DÉCEMBRE 2013
FAMILLE DE SAINT JOSEPH
HOMÉLIE – MESSE
(Vous voyez souvent que je mets les mêmes noms pour l’homélie, je ne lis beaucoup avant de choisir et ceux-ci semblent, à mon avis, ceux qui offrent à la fois une préparation à la méditation de masse est un grand niveau de l’homilétique, J’aime vraiment! )
L’automne, et bientôt l’hiver, étendent leur manteau de brouillard et de bruines sur la terre. Les arbres se sont dépouillés de leurs feuilles ; la sève se retire des branches : la nature s’intériorise, se recueille. Le chant des oiseaux se fait plus discret comme pour ne pas interrompre le silence de la nuit qui se prolonge. Tout nous porte à entrer nous aussi en « retraite », comme nous y invite le temps liturgique de l’Avent. Le mot « retraite » est à prendre au sens étymologique : il s’agit de nous retirer autant que faire se peut de l’éparpillement dans nos activités débordantes, pour nous tourner vers l’intérieur, et nous mettre à l’écoute du silence. La première lecture peut nous aider à orienter notre effort : « Venez, famille de Jacob, marchons à la lumière du Seigneur ». Quelle est la lumière qui nous guide dans notre vie quotidienne ? Celle des spots publicitaires ? des flash-infos ? des bandes annonces du dernier film ? des devantures ruisselantes des magasins ? Réussissons-nous à prendre de la distance par rapport à ces multiples sollicitations extérieures ? Gardons-nous notre liberté intérieure ou sommes-nous prisonniers de notre société de consommation qui érige le bien-être et la jouissance en valeurs suprêmes ? Paradoxalement, saint Paul dans la seconde lecture compare l’agitation de cette vie trépidante à un « sommeil » dont il nous presse de sortir. L’insistance de l’apôtre nous laisse présager que la démarche ne sera pas aisée : il s’agit d’une véritable conversion, qui exige un « combat » contre la partie obscure de nous-mêmes – celle qui est complice des « activités des ténèbres » : ripailles, beuveries, orgies, débauches, disputes, jalousies – entendons : toutes les œuvres qui ne procèdent pas d’une conscience droite, c’est-à-dire d’une conscience éclairée par la lumière de l’Esprit, et qui par conséquent sont ténébreuses. Nous ne sommes pas invités à nous soustraire au monde, mais à redécouvrir notre intériorité spirituelle, afin de nous conduire comme « des fils de la lumière, des fils du jour » ; car « nous n’appartenons pas à la nuit et aux ténèbres. Dès lors – insiste à nouveau saint Paul – ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres » (1 Th 5, 5-6). Le message est clair : la sobriété a pour but de nous soustraire à la fascination des sollicitations extérieures ; la vigilance doit nous garder attentifs aux motions intérieures de l’Esprit. Pour qu’une telle attitude devienne habituelle, il faut bien sûr s’y exercer en des temps privilégiés durant lesquels nous nous efforçons de nous recueillir, de nous intérioriser, de revenir à nous-mêmes. La difficulté est que nous avons perdu la clé de notre chambre intérieure ; lorsque nous essayons de faire silence, nous sommes bientôt submergés par le bruit de nos pensées en cavale et par le tintamarre de nos émotions débridées. Aussi risquons-nous de nous décourager : comment pourrions-nous revenir à nous-mêmes alors que nous ne savons plus qui nous sommes ? C’est bien pourquoi saint Paul nous invite à « revêtir le Seigneur Jésus Christ pour le combat de la lumière ». N’est-il pas le vrai visage de l’homme réconcilié avec Dieu et rétabli dans la lumière de la grâce ? N’est-il pas le chemin qui nous conduit à notre vérité profonde et à la source de la vie ? Revêtir le Seigneur Jésus Christ signifie épouser sa manière de voir les personnes, les événements ; évaluer les situations à la lumière de ses critères ; pour agir conformément à ce qu’il attend de nous. Autrement dit : pas d’oraison chrétienne qui ne soit enracinée dans la lectio divina, c’est-à-dire dans une « lecture savoureuse de la Parole », qui nous fasse entrer dans l’intimité du Seigneur Jésus, et nous donne de le connaître « en Esprit et vérité » (Jn 4, 23). Tel est bien le cœur de la conversion à laquelle nous sommes invités en ce temps béni de l’Avent : nous laisser conduire jour après jour par les textes de la liturgie, afin de retrouver l’attitude de vigilance intérieure qui convient à un disciple en attente du retour de son Maître. Comme Noé, il nous faut « entrer dans l’arche » de l’Église – de notre « église intérieure », c’est-à-dire de notre cœur – pour nous y tenir prêts à « l’avènement du Fils de l’Homme ». Mieux vaut ne pas faire étalage de notre démarche : ce serait contradictoire avec sa finalité. Saint Jean de la Croix conseillait d’éviter d’exposer trop tôt au vent du monde, la flamme encore vacillante de notre vie intérieure commençante, afin d’éviter qu’elle ne s’éteigne. L’important est de nous « tenir prêts » dans la discrétion d’un cœur vigilant et dans l’ardente espérance de la venue du « Maître de maison ». « Deux hommes seront aux champs : l’un est pris, l’autre laissé. Deux femmes seront au moulin : l’une est prise, l’autre laissée ». Nous suggérons que les hommes représentent la dimension extérieure de notre humanité – l’être « charnel » dont parle saint Paul ; et que les femmes symbolisent notre intériorité psychique, c’est-à-dire notre dimension affective et nos facultés. Chacune de ces polarités – masculine et féminine – est présentée en binôme, pour signifier que nous sommes « doubles » : notre être psychique et notre être charnel sont en partie autonomes, et en partie soumis à l’être spirituel, c’est-à-dire à l’homme nouveau, au Christ intérieur. « L’un(e) est pris(e), l’autre laissé(e) » : l’être naturel en nous ne subsistera que dans la mesure où il se sera soumis à l’Esprit, c’est-à-dire dans la mesure où il aura accueilli la grâce du salut. Peut-être pouvons-nous deviner, en filigrane des personnages masculins et féminins qui « sont pris », Joseph et Marie chez qui l’être charnel et psychique sont pleinement intégrés dans l’être spirituel, et mis au service du dessein de Dieu. Tous deux vivent dans le monde, mais ne sont pas du monde : leurs pensées, leurs paroles, leurs actions sont entièrement finalisées sur l’accueil du Sauveur. Qui mieux que Marie et Joseph pourrait nous introduire dans ce temps de conversion à l’unique nécessaire ?
« Vierge Marie, apprends-nous à tourner nos regards vers l’intérieur et à cultiver la vigilance du cœur. Saint Joseph, enseigne-nous comment travailler dans le monde sans nous disperser ou nous laisser accaparer par nos activités. De sorte que “tout ce que nous disons, tout ce que nous faisons, soit toujours accompli au nom du Seigneur Jésus Christ, en offrant par lui notre action de grâce à Dieu le Père” (Col 3, 17). » Père Joseph-Marie