LE TEMPS DE L’AVENT EST MARQUÉ PAR LA FIGURE DE MARIE QUI ATTEND SON ENFANT… MAIS NOUS, QU’ATTENDONS-NOUS ?

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AVENT 2013

QU’ATTENDONS-NOUS PENDANT L’AVENT ?

LE TEMPS DE L’AVENT EST MARQUÉ PAR LA FIGURE DE MARIE QUI ATTEND SON ENFANT… MAIS NOUS, QU’ATTENDONS-NOUS ?

 L’AVENT, UN TEMPS D’ATTENTE

L’Avent est un temps d’attente, et c’est pourquoi on peut considérer ce temps liturgique comme un temps de gestation. Mais ce temps est marqué par la figure de Marie, la femme qui attend la naissance de Jésus : or la Tradition voit dans la personne de Marie en attente de la naissance de Jésus, une figure de l’Église qui attend la réalisation des promesses.
C’est ce qui peut nous inviter à considérer l’Église comme un corps en gestation. Qu’est-ce que l’Église attend vraiment ? Ici il faut ajouter aussitôt, qu’en parlant de l’Église, on considère non pas une institution extérieure, sociale et politique, comme on parlerait d’un syndicat, d’un parti politique, ou d’une région, mais l’ensemble des chrétiens, et donc nous-mêmes, chacun comme membres du corps.

L’attente de la naissance du Seigneur
La phrase qui va guider cette réflexion est une parole du Magnificat dont la traduction liturgique (Luc 1, 38) est : Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole ». Alors l’ange la quitta. L’Avent est un temps, où, pour une part, mais pour une part seulement, l’Eglise fait mémoire de l’attente de la naissance du Sauveur dans la chair. En effet, c’est un aspect de l’Avent, d’être un temps de préparation à Noël.
Et en parlant ainsi, je pense que pour beaucoup de chrétiens, Noël est perçu d’abord comme la fête de la naissance de Jésus à Bethléem, même si la date du 25 décembre n’est pas forcément la date anniversaire de l’événement historique de la naissance de Jésus.
Or le cycle Avent-Noël- Épiphanie est moins la mémoire de la naissance de Jésus qu’une grande célébration de la manifestation du Seigneur. Le mot Épiphanie renvoie à celui de manifestation. Mais qu’est-ce qui se manifeste au juste ?

Dieu se rend visible à nos yeux
Dieu l’invisible, l’éternel, celui qui peut dire en toute vérité  » je suis Dieu, et non pas homme » se fait homme parmi les hommes, l’un d’entre nous. Il entre dans notre histoire et fait donc de l’histoire humaine un temps de gestation. C’est pourquoi l’Avent nous rappelle que le temps que nous vivons, depuis la naissance du Christ à Bethléem, mais surtout depuis sa mort et sa résurrection, est un temps de gestation.
Il faut donc avoir présent à l’esprit que dans le plan de Dieu, c’est toute l’histoire du Salut, l’aventure de Dieu avec les hommes, qui est un temps de gestation. En effet, la phrase « Je suis Dieu, et non pas homme » (un texte qui est lu pour la fête du Sacré-Coeur) doit être mise dans son contexte. « Je n’agirai pas selon l’ardeur de ma colère, je ne détruirai plus Israël, car je suis Dieu, et non pas homme : au milieu de vous je suis le Dieu saint, et je ne viens pas pour exterminer » (Osée 11,9). La venue de Dieu parmi les hommes est une histoire de salut. Dieu au milieu de nous est une bonne nouvelle et non le signal d’un danger.
On comprend alors que durant le temps de Noël, plus précisément le 27 décembre, le jour où l’Église fait mémoire de l’apôtre Jean, la liturgie fera résonner le début de la première lettre de saint Jean :
« Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons contemplé de nos yeux, ce que nous avons vu et que nos mains ont touché, c’est le Verbe, la Parole de la vie. Oui, la vie s’est manifestée, nous l’avons contemplée, et nous portons témoignage : nous vous annonçons cette vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous. Ce que nous avons contemplé, ce que nous avons entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Et nous, nous sommes en communion avec le Père et avec son Fils, Jésus-Christ. Et c’est nous qui écrivons cela, afin que nous ayons la plénitude de la joie » (1 Jean 1, 1-4).

Un temps de joie
L’Avent et Noël font donc mémoire de la manifestation de Dieu dans l’histoire des hommes et c’est pourquoi effectivement, il est juste de parler de ce temps comme un temps de joie. Mais la joie ne vient pas tellement de la naissance de l’enfant, que de ce qu’elle signifie : Dieu avec nous, comme on l’entendra le 4e dimanche de l’Avent pendant la lecture de la prophétie d’Isaïe 7. Le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils, et on l’appellera Emmanuel, (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous) (Isaïe 7,14).
Première conséquence pour notre réflexion : si l’Église est en gestation, c’est d’abord parce que Dieu est venu à la rencontre de l’humanité. Depuis que Dieu est entré dans l’histoire des hommes – et c’est le sens des alliances de l’Ancien Testament, avec Abraham, avec Moïse, et surtout depuis que Dieu, en Jésus de Nazareth, s’est manifesté dans la chair – le monde est en gestation.Et qu’est-ce qui est en train de naître ? La joie d’une rencontre, la joie de Dieu qui découvre en Jésus l’humanité accomplie, la joie de l’homme qui découvre en Jésus la promesse que Dieu lui faite.
Dire que l’Église est en gestation, c’est donc en fait se laisser décentrer en tournant nos regards vers Dieu qui est venu à la rencontre de l’humanité. S’il peut y avoir gestation, c’est parce que Dieu prend l’initiative, que dans sa miséricorde, il a décidé de faire alliance.Mais là encore, il ne faut pas réduire le temps de l’Avent à cet aspect seulement.

La venue du Christ à la fin des temps
En réalité, le temps de l’Avent est moins un temps où l’on fait mémoire de la naissance de Jésus dans la chair, qu’un temps où l’Église oriente nos regards vers la venue du Christ à la fin des temps. Adventus en latin signifie venue, mais une venue dont la naissance à Bethléem était la première réalisation, qui surtout annonçait la venue plénière à la fin des temps.
Dans un texte célèbre – le cinquième sermon pour l’Avent – un texte qui est lu à l’office durant ce temps de l’Avent, saint Bernard explique qu’il n’y a pas une seule venue, celle de Jésus, qui vient au monde après avoir été porté par Marie en son sein durant neuf mois, mais trois venues que l’on décline comme le tiercé dans le désordre : 1, 3 et enfin 2.
La première, c’est donc la naissance de Jésus à Bethléem il y a un peu plus de 2000 ans. Dieu s’est fait homme parmi les hommes. La troisième venue, c’est l’attente du retour du Christ dans la gloire. Nous le chantons au cœur de l’Eucharistie : « nous attendons ta venue dans la gloire ».
La gestation dont nous faisons mémoire durant l’Avent, ce n’est pas seulement celle de Marie, mais celle du Royaume. On sait que dans l’Évangile, Jésus parle du Royaume de Dieu avec des images, la graine de moutarde, la levure qui fait lever la pâte : des images qui disent la gestation du Royaume. Si l’on peut dire que l’Église est en gestation, c’est parce qu’elle attend et prépare le Royaume dont elle est déjà une certain réalisation.
C’est pour cela que la fin de l’année liturgique rejoint le début. Ce que nous avons célébré le premier dimanche de l’Avent et ce que nous avons célébré lors de la fête du Christ Roi de l’univers, se rejoignent intimement : l’Église attend la réalisation du Royaume de justice et de paix inauguré par la Pâque du Christ.

Rester dans la vigilance
Mais entre la première et la troisième venue, il y en a une deuxième. Et ce temps intermédiaire, c’est aujourd’hui. Chaque jour, le Seigneur vient, si nous l’accueillons. Et c’est pourquoi, le premier dimanche de l’Avent est placé sous le signe de la vigilance : la vigilance, c’est la vertu par excellence d’une Église en gestation. Un chant (tropaire) pour la fête du Christ Roi peut nous aider à comprendre ce temps de veille.

« Amour qui nous attends,
au terme de l’histoire,
ton Royaume s’ébauche,
à l’ombre de la croix ;
déjà sa lumière,
traverse nos vies.
Jésus, Seigneur, hâte le temps.
Reviens, achève ton œuvre !

Quand verrons-nous ta gloire transformer l’univers ?
Jusqu’à ce jour, nous le savons,
la création gémit en travail d’enfantement.
Nous attendons les cieux nouveaux
la terre nouvelle,
où régnera la justice.
Nous cheminons dans la foi,
non dans la claire vision,
jusqu’à l’heure de ton retour. »
CFC (s. Marie-Claire)

On peut encore ajouter ici que les biblistes soulignent qu’en hébreu, la racine (ChaQaD) renvoie à la fois au verbe  » veiller » et à un arbre, l’amandier. On trouve notamment ce rapprochement au premier chapitre du livre du prophète Jérémie : « La parole du Seigneur me parvint : Que vois-tu, Jérémie ? Je répondis : je vois une branche d’amandier. Tu as bien vu ; car je veille sur ma parole pour l’accomplir ». (Jérémie 1, 11-12)
L’amandier est le premier arbre à se mettre à fleurir. Le veilleur, c’est donc celui qui annonce le printemps. C’est celui qui attend, dans la confiance aimante, que la vie refleurisse. C’est aussi celui qui à force d’attente, d’attention, devient capable de discerner les signes de la vie et de la lumière au cœur de l’hiver, du froid et de la nuit.

F. Patrick Prétot, osb, novembre 2011 (mise à jour Octobre 2013)

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