BENOÎT XVI: LECTURE: COL 1, 3.12.18-20

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20060104_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

MERCREDI 4 JANVIER 2006

LECTURE:  COL 1, 3.12.18-20

Le Christ fut engendré avant toute créature
Il est le premier-né de ceux qui ressuscitent d’entre les morts

Chers frères et soeurs,
1. En cette première Audience générale de la nouvelle année, nous nous arrêtons pour méditer sur le célèbre hymne christologique contenu dans la Lettre aux Colossiens, qui est comme le solennel portail d’entrée de ce riche texte paulinien, ainsi qu’un portail d’entrée pour cette année. L’Hymne proposé à notre réflexion est encadré par une longue formule de remerciement (cf. vv. 3.12-14). Celle-ci nous aide à créer l’atmosphère spirituelle pour bien vivre ces premiers jours de 2006, ainsi que notre chemin tout au long de la nouvelle année (cf. vv. 15-20).
La louange de l’Apôtre, de même que la nôtre, s’élève vers « Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ » (v. 3), source de ce salut qui est décrit du point  de  vue  négatif  comme  « arrachement  à  l’empire des ténèbres » (cf. v. 13), c’est-à-dire comme « rédemption et rémission des péchés » (v. 14). Il est ensuite proposé de manière positive comme « participation au sort des saints dans la lumière » (cf. v. 12) et comme entrée « dans le Royaume de son Fils bien-aimé » (v. 13).
2. C’est à ce point que s’ouvre l’Hymne, profond et intense, qui a comme centre le Christ, dont on exalte le primat et l’oeuvre, que ce soit dans la création  ou dans l’histoire de la rédemption (cf. vv. 15-20). L’on trouve donc deux mouvements dans le chant. Dans le premier est présenté le premier-né de toute la création, le Christ, « Premier-né de toute créature » (v. 15). Il est, en effet, l’ »image du Dieu invisible », et cette expression est chargée de toute la signification que l’ »icône » possède dans la culture de l’Orient:  on ne souligne pas tant la ressemblance, mais l’intimité profonde avec le sujet représenté.
Le Christ repropose parmi nous de manière visible le « Dieu invisible ». En Lui nous voyons le visage de Dieu, à travers la nature commune qui les unit. Le Christ, en raison de sa très haute dignité, précède « toutes les choses » non seulement à cause de son éternité, mais également et surtout à travers son oeuvre créatrice et providentielle:  « car c’est en lui qu’ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles… et tout subsiste en lui » (vv. 16-17). Elles ont même également été créées « pour lui » (v. 16). Et ainsi saint Paul nous indique une vérité très importante:  l’histoire a un objectif, elle a une direction. L’histoire va vers l’humanité unie dans le Christ, elle va ainsi vers l’homme parfait, vers l’humanisme parfait. En d’autres termes, saint Paul nous dit:  oui, il y a un progrès dans l’histoire. Il y a – si l’on veut – une évolution de l’histoire. Le progrès est tout ce qui nous rapproche du Christ et nous rapproche ainsi de l’humanité unie, du véritable humanisme. Dans ces indications, se cache donc également un impératif pour nous:  travailler pour le progrès, une chose que nous voulons tous; nous pouvons le faire en travaillant pour le rapprochement des hommes au Christ; nous pouvons le faire en nous conformant personnellement au Christ, en allant ainsi dans la direction du véritable progrès.
3. Le deuxième mouvement de l’Hymne (cf. Col 1, 18-20) est dominé par la figure du Christ sauveur au sein même de l’histoire du salut. Son oeuvre se révèle tout d’abord dans le fait d’être « Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Eglise » (v. 18):  tel est l’horizon salvifique privilégié dans lequel se manifestent en plénitude la libération et la rédemption, la communion vitale qui existe entre la tête et les membres du corps, c’est-à-dire entre le Christ et les chrétiens. Le regard de l’Apôtre se tourne vers l’objectif ultime vers lequel converge l’histoire:  le Christ est le « Premier-né d’entre les morts » (v. 18), il est celui qui ouvre les portes à la vie éternelle, en nous arrachant aux limites de la mort et du mal.
Voilà, en effet, ce pleroma, cette « plénitude » de vie et de grâce qui est dans le Christ lui-même et qui nous est donné et communiquée (cf. v. 19). Avec cette présence vitale, qui nous fait participer à la divinité, nous sommes transformés intérieurement, réconciliés, pacifiés:  il s’agit là d’une harmonie de tout l’être racheté, dans lequel Dieu est désormais « tout en tous » (1 Co 15, 28), et vivre en chrétien signifie se laisser ainsi transformer intérieurement vers la forme du Christ. C’est alors que se réalise la réconciliation, la pacification.
4. Consacrons à présent un regard contemplatif à ce mystère grandiose de la rédemption, en reprenant les paroles de saint Proclus de Constantinople, mort en 446. Dans sa Première homélie sur la Mère de Dieu Marie, il repropose le mystère de la Rédemption comme une conséquence de l’Incarnation.
En effet, Dieu, rappelle l’Evêque, s’est fait homme pour nous sauver et nous arracher ainsi au pouvoir des ténèbres  et  nous  reconduire  dans  le royaume du Fils bien-aimé, comme le rappelle précisément l’hymne de la Lettre aux Colossiens. « Celui qui nous a rachetés – observe Proclus – n’est pas un pur homme:  en effet, tout le genre humain était asservi au péché; mais il n’était pas non plus un Dieu privé de nature humaine:  il avait en effet un corps qui, s’il ne s’était pas revêtu de moi, ne m’aurait pas sauvé. Apparu dans le sein de la Vierge, Il revêtit l’habit du condamné. C’est là qu’eut lieu le terrible échange, il donna l’esprit et prit la chair » (8:  Textes mariaux du premier millénaire, I Rome 1988, p. 561).
Nous nous trouvons donc devant l’oeuvre de Dieu, qui a accompli la Rédemption précisément parce qu’il était également un homme. Il est à la fois le Fils de Dieu, sauveur, mais également notre frère et c’est grâce à cette proximité qu’Il diffuse en nous le don divin.

Il est réellement le Dieu avec nous. Amen!

Laisser un commentaire