Archive pour le 12 novembre, 2013

Hail Mary Full of Grace

12 novembre, 2013

Hail Mary Full of Grace dans images sacrée vasnetsovvirgin

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PSAUME 22 – UNE EXÉGÈSE

12 novembre, 2013

http://hebrascriptur.com/Ps/F22.html

 LA BIBLE DANS L’ÉCRITURE HÉBRAÏQUE

PSAUME 22 – UNE EXÉGÈSE

LE PSAUME:

Pour l’excellence vers la biche de l’aurore. Psaume de David.
Mon dieu, mon dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Ils sont loin de mon salut les mots de mon rugissement.
Mon Dieu, j’appelle tout le jour, et tu ne réponds pas !
et la nuit, pas de repos pour moi !
Pourtant, toi qui es saint,
toi qui habites les louanges d’Israël,
en toi nos pères se confiaient.
Ils se confiaient et tu les libérais,
ils criaient vers toi et ils étaient délivrés :
ils se confiaient en toi et n’étaient pas confondus.
Mais moi…? une cochenille ! même plus un homme !
une réprobation de l’espèce humaine, un rebut de peuple.
Tous ceux qui me voient se moquent de moi ;
les langues se délient, ils hochent la tête :
« Il faut s’en remettre à  . Il va le sortir de là,
il va le délivrer puisqu’il se complaît en lui. »

Oui, c’est toi qui m’as tiré du ventre maternel,
me confiant aux seins de ma mère ;
c’est à toi que j’ai été remis sitôt sorti des entrailles :
dès le ventre de ma mère, mon dieu c’est toi.
Ne t’éloigne pas de moi car l’angoisse est proche
et personne ne m’aide.
Des taureaux nombreux sont autour de moi,
de puissantes bêtes de Bashan m’ont encerclé ;
leurs bouches béent vers moi,
lion qui déchire et qui rugit.
Je me répands comme les eaux, tous mes os se disloquent, mon cœur est comme cire,
il fond dans mon corps ;
ma vigueur est desséchée comme un tesson, et ma langue collée à mes mâchoires.
Tu me réduis en poussière de la mort.
Car des chiens m’ont cerné, meute de malfaisants ! Ils m’ont ligoté,
comme le Lion, mes mains et mes pieds :
je vais compter tous mes os !
Eux me regardent ; ils se repaissent à ma vue.
Ils répartissent entre eux mes habits
et tirent au sort mon vêtement.

Mais toi  ne t’éloigne pas,
toi ma force première à m’aider, hâte-toi !
Arrache mon âme à la désolation,
et mon unique à la mainmise du chien ;
préserve-moi de la gueule du lion !

Et, du front de la licorne, tu m’as répondu.

Je veux raconter ton nom pour mes frères,
en pleine assemblée je vais te louer !

Vous qui craignez  célébrez-le ; toute la descendance de Jacob glorifiez-le !
restez avec lui, toute la descendance d’Israël.
Car il ne méprise ni ne déteste l’humilité du pauvre, il ne nous cache pas son visage,
et quand on l’appelle, il écoute.
C’est de toi que vient ma prière en pleine assemblée.
J’accomplirai mes vœux en présence de ceux qui le craignent.
Les humbles mangeront et seront rassasiés ; ils loueront ceux qui le cherchent.
Votre cœur vivra éternellement.
Toutes les extrémités de la terre feront mémoire de lui et se convertiront à .
Toutes les familles des nations se prosterneront devant ta face.
Car le règne est à  ;
c’est lui qui gouverne les peuples.
Ils mangeront et se prosterneront, tous les opulents du monde ;
devant sa face s’inclineront tous ceux qui adorent jusqu’à terre,
et sans que son souffle ait rien suscité.
Une descendance le servira ;
on parlera du Seigneur de cette génération.
Ils viendront, ils manifesteront sa justice
envers le peuple en train de naître, car c’est lui qui agit.
David, messie

UNE EXÉGÈSE DU PSAUME 22
Le Psaume 22 est au dénouement d’un long processus. Après l’introduction des Psaumes 1 & 2 qui annoncent la Torah du « Père invisible », après la longue suite d’épreuves jalonnée par la prière de David en psaumes de plainte ou de louange, le parcours mystique du chercheur de Dieu parvient ici au terme de sa nuit.
    En abordant ce psaume, nous savons que l’aurore est proche. Celui qui a veillé toute la nuit, celui dont l’âme attend le Seigneur plus que les gardes n’attendent le matin, celui-là, mystérieusement averti, sait que la lumière va jaillir, que son lever est sûr : voici l’époux qui vient ! Il est urgent de s’y préparer, car il faut encore affronter le dernier combat de la nuit, le combat des terreurs et des doutes qui jetteront dans le désespoir et la fuite l’homme dont la foi est incertaine. Ce psaume est la prière de la dernière heure, le chant de David dans l’ultime épreuve jusqu’à la victoire. Prière avant l’affrontement, pour s’y préparer ; prière pendant le combat spirituel, jusqu’au lever du matin : “ tu m’as répondu ! ” ; prière dans la lumière du jour, enfin, alors que le roi marche en présence du Seigneur dont il devient le prophète et le témoin.      
Le psaume est construit comme le seront plus tard les basiliques chrétiennes, en trois parties inégales, destinées à être parcourues de la même manière. La première, la plus petite, le verset 1 seul, c’est le narthex. Bien qu’il fasse partie de l’édifice, il est à l’extérieur ; son contenu est une catéchèse qui précède et prépare la liturgie. Ce verset correspond à la lettre aleph, première lettre muette d’un alphabet hébreu qui va dérouler ses 22 lettres de aleph à taw, du verset 1 au verset 22. Et ce sont les versets 2 à 22 inclus qui constituent la seconde partie, la plus vaste, le corps de l’édifice. David y pénètre très éloigné de Dieu ; il en sortira victorieux à l’issue de son combat spirituel, au terme d’un parcours initiatique jalonné par les 22 signes qui servent à écrire aussi bien qu’à compter, comme une litanie, symbole de tout ce qui est à faire, à vivre, à endurer dans la nuit mystique, avant la rencontre au matin. Puis, en passant du verset 22 au verset 23, on quitte la grande nef de l’édifice qui vient d’être parcourue en procession de pénitents, pour entrer dans le chœur, dans le saint des saints, dans la tente de la rencontre avec Yhwh. C’est là que Moïse parlait face à face avec Dieu, et que Dieu répondait à Moïse. Après s’être longuement adressé à Dieu sans obtenir de réponse, dans cette troisième et dernière partie du psaume, David va maintenant parler avec Dieu face à face.

Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné  ?
Le psaume s’ouvre avec cette question apparemment blasphématoire, une sorte de provocation. En effet, Yhwh l’a promis, il marchera lui-même avec toi, il ne te délaissera pas, « il ne t’abandonnera pas » (Dt 31, 6). Poser cette question c’est donc accuser Dieu de ne pas tenir sa promesse : c’est une faute grave. Comment David, même désespéré, peut-il à ce point pécher par manque de foi ? et nous laisser un écrit aussi scandaleux en tête de sa prière ?
En toute rigueur, pour qu’il y ait blasphème, il faudrait que le mot éli, « mon dieu », soit remplacé par le Nom, « Yhwh ». Mais David, même pour une raison pédagogique (les psaumes sont un enseignement par la prière), ne prononce pas en vain le nom divin. Il emploie ici le mot él qui signifie plutôt « force première », ou « puissance ». Cette force est distincte de Dieu ; elle est un don de Dieu, un attribut divin que David connaît bien :
Yhwh mon roc et ma forteresse, ma délivrance, « mon puissant » (éli), mon rocher, en toi je me confie. (Ps 18, 3)
Ce que David exprime ici pourrait se traduire en langage contemporain : « Yhwh est mon idole, mon dieu ! ». Il est vrai que ce mot él, issu d’une racine qui signifie « être fort, être le premier », se confond facilement avec Él qui est le nom abrégé de Dieu, Élohim. Mais ce nom abrégé, en dépit de son orthographe identique (quoique de prononciation légèrement différente), vient d’une autre racine qui signifie « adorer », et ne peut donc pas avoir le même sens. On observera en outre que si le mot éli, « mon dieu », est assez commun dans la Bible, le mot Éli, « mon Dieu », ne s’y trouve nulle part, car le nom abrégé Él apparaît exclusivement comme composante de certains noms. On peut donc être sûr que David ne confond pas ces deux mots, et que le sens de la question qu’il pose est bien : « Ma force, mon puissant, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».
Ayant ainsi écarté l’interprétation fautive du blasphème, nous nous trouvons devant un autre problème : au lieu de s’adresser à Yhwh, comme les Hébreux ont appris à le faire depuis l’enseignement de Moïse, David invoque la puissance que lui donne Yhwh. L’erreur est peut-être moins grave ; elle est surtout très commune : quand nous entrons dans la prière, au lieu de chercher Dieu, nous recherchons les bienfaits qui viennent de lui. C’est lui qu’il faut prier. Invoquer une force, même reconnue comme venant de Dieu, c’est la prendre pour idole, tel cet insensé que dénonce Isaïe : il fait une idole (él) de sa sculpture, s’incline, se prosterne, prie devant elle et dit : “ sauve-moi car tu es mon dieu (éli) ” (Is 44, 17).
D’autre part, la question de David sonne comme une revendication. S’il n’accuse pas Dieu de l’avoir abandonné, il lui réclame des explications, sur cette force qui l’a quitté : « Pourquoi m’as-tu retiré ce bienfait ? » Ainsi, quel que soit le sens qu’il donne à sa question, il exprime, en la posant, une attitude qui ne peut que déplaire à Dieu et le faire fuir.
C’est pourquoi David commente : “ Loin de mon salut, les mots de mon rugissement ”.

Mon rugissement
Voici une forte aspérité du texte. Pourquoi David parle-t-il de son « rugissement », comme s’il était un lion ? Mais précisément parce que David est lion : il est le Lion de Juda. David est le premier roi de la tribu de Juda. Il est l’héritier du testament spirituel d’Israël (voir l’étude “ Comme le Lion ”), héritier de la bénédiction de Jacob à son fils Juda (Gn 49, 9) :
Lionceau de Lion, Juda. La proie, mon fils, t’a exalté.
Il s’abaisse, il se couche comme un lion. Et comme un léopard, qui le fera lever ?
Ce verset de la Genèse contient le secret qui conduira la descendance d’Abraham jusqu’à l’accomplissement de la Promesse. Dieu attend de l’homme cette attitude spirituelle symbolisée par le lion qui se couche dans la contemplation sereine, comblé par ce qu’il a reçu. Cette attitude s’oppose à celle du léopard qui se lève pour menacer, gronder, rugir, signes chez l’homme d’une revendication qui déplaît à Dieu. En exigeant des explications sur sa puissance qui l’abandonne, David n’est plus le Lion de Juda, mais le léopard qui rugit. Yhwh s’enfuit. Il ne va pas se révéler à qui revendique ainsi. David comprend. C’est pourquoi il nous dit que les mots de son rugissement éloignent le salut, car le salut ne vient que de Dieu.
En entrant dans ce psaume avec David, nous comprenons que notre propre entrée dans la prière nous trouve toujours très éloigné de Dieu. Nos préoccupations vont vers ce qui nous manque, vers les biens naguère reçus et aujourd’hui retirés. Nous devrions alors prier, comme Job, Yhwh a donné, Yhwh a ôté, béni soit le nom de Yhwh. Mais nous oublions même d’invoquer Dieu, de lui dire notre détresse. Comme nous et avec nous, David va vivre dans la prière notre éloignement du Dieu révélé. Il reproche maintenant à Dieu de ne pas répondre à ses appels (v. 3). Encore un rugissement ! Mais surtout, il ne dit pas « je t’appelle tout le jour », mais « j’appelle ». Qui David appelle-t-il ? Frappe-t-il à la bonne porte ? Au verset 2, il appelait « sa force » ; au verset 3, il dit « mon Dieu », avec le mot Élohim, qui veut bien dire « Dieu » mais qui n’est pas encore le Nom révélé à Moïse pour être invoqué par son peuple. Et tout ce que dit David, ensuite — toi qui habites les louanges d’Israël, toi qui libérais nos pères qui se confiaient à toi —, tout cela est vrai de Yhwh, mais non de l’élohim auquel il adresse ses plaintes. Qui oserait espérer séduire quelqu’un, ou l’émouvoir, en l’appelant d’un nom qui n’est pas le sien ? David a beau se plaindre de n’être pas écouté, d’être moins bien traité qu’un homme, il a beau déplorer la rebuffade qui le rend confus et cramoisi comme une cochenille, Yhwh ne répondra pas. Ce n’est pas à lui qu’on parle.
Pourtant Yhwh entend. Et il va lancer une bouée de sauvetage en donnant malgré tout une première réponse. Oh, très discrète, sous la forme d’une perche à saisir, une sorte de rappel à l’ordre sans frais. Ce n’est pas encore une réponse directe, car David est trop loin de Dieu pour comprendre son langage ; mais Yhwh va faire parvenir à son bien-aimé, assiégé par l’adversité, un message codé, à travers les lignes ennemies.

Il faut s’en remettre à Yhwh
David vient d’orienter sa récrimination vers ceux qui l’entourent. Ceux-ci le voient en difficulté, rouge de confusion devant le silence du Dieu qu’il invoque sans être entendu, et au lieu de lui venir en aide, ils l’enfoncent, se moquent de lui, bientôt se réjouiront de son malheur (v. 18). Pire, pour ne pas avoir à lui venir en aide, ils prétendent « s’en remettre à Dieu », au moment où David souffre précisément du silence de ce Dieu auquel il essaye maladroitement de se confier. Ils ironisent sur son nom, David, le « chéri » : Il va le délivrer puisque c’est son « bien-aimé ».
Pourtant, à travers ces frères qui nous apparaissent très coupables, Dieu parle à David, sans même que cette assemblée de détracteurs s’en aperçoive. Ne les jugeons pas ; ce n’est pas d’eux qu’il s’agit, mais de David. Quelles que soient leurs intentions, même mauvaises, ils viennent de citer la Parole, qui deviendra plus tard l’Écriture (Pr 16, 3), et cette parole est celle que Yhwh adresse à David, en cet instant précis. Elle lui dit qu’il faut s’en remettre à Yhwh, ce qu’il peut comprendre : « Pas à Élohim, ni à él ». Mais cette parole dit plus encore, car la forme verbale employée ici est un signe pour celui qui attend le Seigneur, et qui écoute. En effet, derrière cet infinitif impersonnel « il faut s’en remettre », David peut entendre la deuxième personne de l’impératif, « tu dois t’en remettre », dont la forme en hébreu, gol, est identique à l’infinitif. La suite de la phrase, dans laquelle on parle de lui à la troisième personne — une insolence de plus devant celui qui attend une aide —, confirme à David que cette deuxième personne de l’impératif n’est pas dans le propos de ses détracteurs. Mais c’est elle qui signe la Parole divine en réponse à celui qui cherche Dieu.

Le lait de ma mère
Ce neuvième verset contient une précieuse leçon spirituelle.
Il nous rappelle d’abord que ce Dieu, qui est toujours avec son peuple en dépit des apparences, nous devons l’invoquer par son nom, le nom qu’il nous a lui-même révélé à cet effet. Depuis les origines jusqu’à nos jours, en passant par David, l’homme ne peut accéder au salut qu’en invoquant le nom du Dieu qui se révèle à sa génération, pas un autre. Pour Abraham, Isaac et Jacob, Dieu se révèle sous le nom El Saddaï ; sous la conduite de Moïse, pour le peuple, ce Nom est Yhwh ; pour le chrétien, le nom du Dieu révélé est Jésus-Christ. Chacun doit invoquer le nom du Seigneur de sa génération, comme il est dit plus loin, au verset 31 de ce psaume. Toujours, et pour tous, c’est le seul nom par qui nous puissions être sauvés.
Ce verset nous rappelle ensuite que la Parole est toujours transmise par nos frères. Le juif est nourri de la Torah au sein de la grande assemblée, celle-là même à laquelle David va parler plus tard dans sa rencontre avec le Seigneur (vv. 23 et 24) ; le chrétien, lui aussi, se nourrit de la Parole au sein de l’Église. Et ce verset nous dit encore que l’assemblée des frères, cette ecclésia, même au plus noir de son péché, nourrit toujours ses fils de la véritable nourriture divine, quelles que soient ses intentions. Car elle ne parle pas d’elle-même mais sous l’inspiration divine, et le plus souvent, comme ici, à son insu. C’est pourquoi, si David appelle Sion « ma mère », le chrétien nomme aussi l’Église « ma mère », car c’est toujours au sein de cette mère, même indigne, que Dieu nourrit son peuple du lait de sa Parole.
Les deux versets qui suivent viennent le confirmer. En première lecture, nous comprenons que David y remercie Yhwh de l’avoir aimé dès sa naissance, d’avoir toujours été pour lui un Dieu attentif et tendre. Le changement de ton est spectaculaire : on est passé de la récrimination à la reconnaissance, du rugissement à la contemplation. Nous comprenons que David a fait son profit de la leçon reçue au verset 9. Le revirement n’est pas explicité, mais il se découvre dans la place étrange du petit mot qui ouvre le verset 10, le mot « car », qui introduit généralement, comme en français, une explication destinée à éclairer le sens de ce qui précède ; or la gratitude exprimée par David à l’égard de sa mère est sans rapport avec ce que viennent de dire ceux qui se moquent de lui. À moins, précisément, de voir dans leur propos la Parole qui vient de lui être rappelée, parole qui provoque un retournement dans son esprit et entraîne sa conversion, son retour à Dieu.
Malgré les apparences, ce n’est pas le lait de sa mère physique que célèbre David, mais le lait de sa mère spirituelle, dont il fait mémoire et pour lequel il rend grâce. « Heureuses les mamelles qui t’ont allaité » dira-t-on à Jésus ; « heureux plutôt, répondra le fils de David, celui qui entend la Parole de Dieu et qui la garde ».
Après avoir été nourri de la Parole, le psalmiste a changé de ton. Les trois versets 10, 11 et 12 deviennent une prière beaucoup plus juste. David a entendu le nom de Yhwh prononcé par la bouche de l’assemblée, si bien que le « toi » du verset 10 ou l’imploration du verset 12 ne s’adressent plus à la même divinité que les plaintes du verset 4. Cependant, malgré cette réorientation vers le Nom qui sauve les fils d’Israël, ce Nom n’est pas encore prononcé par la bouche même de David. Quelque chose le retient encore de reconnaître que tout vient de Dieu, quelque chose qu’il croit lui appartenir en propre, mais qu’il va devoir abandonner dans le combat spirituel qui s’ouvre maintenant.

DEUXIÈME PARTIE

LE COMBAT SPIRITUEL
Des taureaux nombreux sont autour de moi…
En première lecture, nous voici ramenés vers ceux qui font cercle autour de David ; ils sont présentés comme des ennemis, symbolisés par un bestiaire hostile allant du taureau au chien et au lion, meute que nous voyons sur les sept versets qui décrivent cette mise à mort, faire endurer les pires tourments à leur prisonnier. Cependant, au centre du passage, les seuls mots adressés à Dieu, « tu me réduis en poussière de la mort », témoignent de ce que David n’accuse nullement ceux qui l’entourent, mais au contraire, comprend que Yhwh lui-même est à l’origine de cette épreuve à laquelle il est soumis. Comme autrefois son père Jacob, David traverse le gué du combat spirituel ; c’est le lieu de purification, où Dieu paraît affronter l’homme sous les traits de l’ennemi, semble vouloir noyer l’âme et broyer le corps de celui qu’il va bénir. On en ressort brisé, en effet, boitant peut-être comme Jacob, mais trempé d’une force nouvelle, la force du « lutteur de Dieu », Israël. C’est pourquoi David, qui connaît le sens de cette adversité, bénit déjà celui qui réduit en lui le « vieil homme » en poussière de la mort, comme autrefois Jacob bénissait l’Envoyé qui l’avait délivré de tout mal (Gn 48, 16).
Mais il faut approfondir cette lecture, y pénétrer pour découvrir en quoi le combat que Dieu paraît imposer à David ne relève nullement de l’arbitraire divin, mais bien de l’indispensable purification qui arrache l’homme déchu à l’emprise du mal. Il faut pour cela nous laisser guider par les bizarreries du texte.
Ce qui surprend en premier lieu, c’est la manière dont ces taureaux « menacent » David. On doit certes se méfier de ces animaux puissants, surtout s’ils sont nombreux, mais que peut-on bien redouter de leur bouche béante ? et pourquoi les comparer à la gueule du lion ? Les taureaux sont des herbivores ; il faut craindre leur charge, leur front, leurs cornes ; mais leur bouche est inoffensive. À qui fera-t-on croire que David craint la bouche d’un taureau ? Par ailleurs, on sait que le Bashan était une région fertile, propice à l’élevage (Dt 32, 14 ; Éz 39, 18 ; Mi 7, 14), et que les taureaux venus de cette région étaient les plus beaux. On connaît également le rôle important du taureau dans le sacrifice offert par Israël à Yhwh (Ex 24, 5 ; 29, 1 etc). Alors, comment ne pas voir que ces superbes animaux, choisis parmi les plus puissants de la plus belle race, sont les offrandes sacrificielles que le roi David a fait monter en holocauste pour Yhwh ? et comment ne pas comprendre que ces offrandes, autour du roi, lui font une ceinture prétendant au mérite ! Ces bouches grandes ouvertes, loin de menacer qui que ce soit, réclament leur récompense. Voilà pourquoi elles sont comparées à la gueule du lion : ce sont elles qui rugissent la revendication du Lion de Juda, pour soi-disant « services rendus à la divinité ».
Mais on n’offre pas de sacrifice à Dieu pour acheter ses faveurs. C’est la miséricorde qui plaît à Dieu, et non le sacrifice. David comprend tout cela en disant ces deux versets, et il découvre en même temps l’œuvre salutaire du Seigneur en lui. « Je me répands comme les eaux » dit le sens étymologique du mot Yabboq, nom de ce gué où Jacob combattit l’Envoyé de Dieu ; « tous mes os se disloquent » évoque, bien sûr, la hanche luxée de Jacob, mais traduit plus généralement l’élimination, toujours douloureuse en raison de notre résistance, des obstacles que nous dressons inconsciemment entre Dieu et nous. Quand au cœur qui fond comme cire, c’est le cœur brisé, la miséricorde qui plaît à Dieu, au lieu du sacrifice. David nous explique ensuite que si Yhwh fait mourir en lui (v. 16b) ce « vieil homme », c’est à cause de tous ces sacrifices qui formaient autour de lui une meute de chiens malfaisants (v. 17), lesquels, comme de bons chiens de garde, aboient pour empêcher quiconque d’approcher leur maître et roi, interdisant l’entrée à Dieu lui-même. Car Dieu ne viole pas les consciences : devant celui qui refuse, il attend. Mais le « roi » enfermé à l’intérieur de cette barrière cesse d’être roi. Il est ligoté, les pieds et les mains, impuissant à rien faire. Il n’est plus le Lion, mais une chose inerte, privée de vie. Et tout autour de lui on se repaît de le voir (v. 18).
Il faut abandonner nos prétentions. Mes sacrifices ne me sont d’aucun mérite car, nous le constaterons bientôt, c’est toujours Dieu qui agit, qui fait tout. Alors David abandonne ses prétentions, il renonce à se prévaloir de ses sacrifices offerts. Il compte tous ses os, c’est-à-dire qu’il découvre, l’un après l’autre, tous les obstacles qu’il avait mis entre Yhwh et lui. Si l’on ne craint pas l’image un peu facile, on dira qu’il jette tous ces os aux chiens… Et la scène s’achève sur la vision d’un homme nu, donc vrai et libre, ayant renoncé à ces vêtements qui n’étaient pas lui-même. Alors, alors seulement, la prière de David devient celle du juste.

La prière
Cette prière en trois versets (vv. 20 à 22) suit le combat spirituel ; elle répond en chiasme
Chiasme
Le chiasme est une figure de style dans laquelle les mots sont disposés symétriquement autour d’un centre en deux groupes qui s’opposent. Exemple: Brave comme un lion au dehors, chez lui doux comme un mouton.
La Bible hébraïque utilise fréquemment le chiasme. Les symétries entre les mots, de part et d’autre du centre, déterminent des correspondances appariées qui sont des guides pour comprendre le sens du texte.
à la prière de trois versets (vv. 10 à 12) qui précédait le combat spirituel. Mais quelle transformation !
David maintenant, pour la première fois dans le psaume, invoque le Nom en le prononçant de ses lèvres, et il reconnaît que c’est bien lui, Yhwh, qui est cette « force première » dont il déplorait l’absence. C’est maintenant à Yhwh qu’il demande de ne pas s’éloigner, et non plus à « sa force » ou à « son dieu » comme avant le combat. Remarquons encore que s’il constatait alors avec amertume que personne ne l’aidait, maintenant il demande l’aide de Yhwh. Invoque-moi au jour de détresse, dit Yhwh dans un autre psaume, je te délivrerai, et tu me rendras gloire (Ps 50, 15). Alors David invoque Yhwh ; il demande à être délivré de la mainmise de ce « chien », que par erreur il avait pris pour défenseur de ses intérêts. Il appelle : Préserve-moi de la gueule du Lion, c’est-à-dire préserve-moi d’être ce Lion qui rugit.
Et du front de la licorne tu m’as répondu !
Quel magnifique témoignage ! qui soudain éclaire le texte entièrement, et transforme le psaume en action de grâce. Ce qui jusqu’alors pouvait passer pour un enchevêtrement de plaintes et de désespoirs, difficile à comprendre ou à suivre, tout à coup s’illumine : David vient de nous raconter comment son Seigneur, dont il s’était éloigné dans un bourbier d’orgueil ou de prétentions, l’a délivré de tout mal et l’a conduit jusqu’en sa présence. Mais quelle présence ? Où donc était Yhwh quand il a permis à David de le rejoindre ? — Dans “ le front de la licorne ”. L’image, encore, est issue du bestiaire ; mais c’est l’image d’un animal dont la corne, loin de menacer, une et profonde, symbolise la pureté morale, la force et la vérité de l’esprit libre. Libre de cette liberté nue et sans défense qui s’oppose à l’esclavage des chiens, et forte de cette innocence de l’amour qui désarme la puissance des taureaux.

Le témoin
Je vais raconter ton nom à mes frères…
C’est exactement ce que David vient de faire. Dans ces vingt-deux premiers versets, il nous a raconté comment l’invocation du nom du Seigneur l’a conduit jusqu’en sa présence. Dans la dernière partie du psaume, il témoigne maintenant de sa rencontre face à face avec son Seigneur qui lui « a répondu » (verset 22). Il ne dévoilera pas le contenu de la rencontre, car ce contenu n’a de sens que pour lui : c’est le secret du roi. Ce que nous allons maintenant recevoir de David, c’est le trop-plein, le débordement, les miettes du festin qui tombent de la table de la rencontre, cette table — il nous le dira au psaume suivant, le Psaume 23 — que pour lui le Seigneur a dressée face à ses adversaires (Ps 23 verset 5). Pas davantage David n’agit-il sur ordre du Seigneur. Son témoignage n’est pas une mission de commande ; c’est un débordement de vie, qui non seulement ne lui coûte rien d’un devoir, mais au contraire exprime toute la joie de ce qu’il vit ; c’est une explosion impossible à contenir : « Écoutez mes amis, je vais tout vous raconter… » Ce témoignage n’est même pas une action de David, c’est une action de Dieu, comme il nous le dira au début du verset 26 ainsi que dans le dernier mot du psaume : c’est Dieu « qui agit ». Enfin, après avoir débordé dans l’espace, du sein de l’assemblée des frères jusqu’aux extrémités du monde, ce témoignage va aussi déborder dans le temps, et devenir, sous l’ivresse de l’Esprit qui l’inspire, la prophétie de David sur le peuple qui vient, sur le peuple qui va naître de cette rencontre entre l’homme messie et son Seigneur, ce Dieu qui le choisit.
Au sein de l’assemblée qui entoure David chacun va recevoir (au verset 24) une parole selon ses besoins, comme autrefois chacun reçut son nécessaire de la manne, pain du ciel tombé en miettes de la table divine.
— Vous qui craignez Yhwh, célébrez-le ! C’est la moindre louange au Seigneur, demandée à ceux qui ont peu reçu mais qui, de bonne volonté, craignent son Nom.
— Descendants de Jacob, glorifiez-le ! car vous êtes héritiers de ces hommes que guide et que protège le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ; vous savez tout ce qu’il a fait, pour eux, pour Abraham et sa descendance, pour vous ; vous savez le poids de son action, la gloire à lui rendre, alors glorifiez-le.
— Et vous descendance d’Israël, vous qui avez connu, comme votre ancêtre Jacob à la traversée du Yabboq, l’affrontement du combat spirituel ; vous qui en avez reçu comme Jacob la force du lutteur de Dieu-Élohim, isra-Ël, restez avec Yhwh, persévérez à tout recevoir de Yhwh.
Le poids de cette recommandation est à la mesure de l’expérience que David vient de nous raconter : le Dieu qu’il faut célébrer, glorifier, invoquer sans jamais le quitter, c’est Yhwh, c’est-à-dire le Nom de Dieu tel qu’il s’est lui-même révélé à vos pères. Ne cherchez pas ailleurs.
Et David met en garde l’assemblée contre des apparences toujours défavorables (v. 25). Même si Yhwh paraît faire la sourde oreille, il n’en est rien. Il écoute, il ne cache pas son visage, car il ne méprise ni ne déteste l’humilité du pauvre (v. 25). Gardons-nous de voir ici la moindre litote : Dieu ne « préfère » pas les pauvres, puisqu’il ne fait pas acception des personnes ; en effet, ils mangeront tous, les opulents du monde qui s’inclinent devant sa face (v. 30) aussi bien que les pauvres, du moment qu’ils sont humbles (v. 27). Nous apprenons ainsi que David n’a pas été exaucé par préférence accordée au roi, même « chéri de Dieu », mais pour son humilité. Et ce que dit le roi nous confirme que si sa prière initiale n’était pas entendue, c’est bien parce qu’elle était dépourvue de cette humilité indispensable à la rencontre avec Dieu.

Le prophète
Le verset 23 nous met en présence de trois « personnes » : David, Yhwh (le Seigneur), l’assemblée. Certes, ce ne sont pas trois personnes de même nature, mais cependant trois « personnes » qui par leur dialogue, par les noms et les pronoms employés, et bien sûr par le contenu de ce qui se dit, vont nous révéler une part de leur mystère.
David. C’est le même David qui parle dans ce psaume, non seulement dans les dix versets qui viennent, mais aussi dans les vingt-deux versets écoulés. Pourtant, il change de lieu et d’identité. Avant, il était l’homme pécheur, séparé de Dieu par l’aveuglement de sa prétention, et séparé aussi de l’assemblée des frères qui loin de l’entourer de leur communion le cernent de leurs moqueries. Maintenant, grâce à la conversion opérée dans son combat spirituel, il est en présence de Dieu. David est maintenant couronné roi et messie, face à son Seigneur avec qui il parle comme un homme à un autre homme, dans ce « Je — Tu » des versets 23 et 26a et dans le « Toi » du verset 28b. En même temps, il est redevenu le roi pour l’assemblée qu’il appelle maintenant « mes frères » (v. 23), et dont il est solidaire puisqu’il leur dit « nous » (v. 25) sans pour autant se confondre avec eux (qui ne sont pas en présence de Dieu) lorsqu’il leur dit « vous » (vv. 24 & 27). À la fois avec eux comme l’un d’eux, mais distinct d’eux puisqu’auprès de Dieu, il est leur médiateur, celui qui prépare la rencontre du peuple avec Dieu.
L’assemblée. Avant le verset 22, l’assemblée était réduite — aux yeux de David et aux yeux du monde — à quelques passants hostiles ; maintenant, elle est devenue « mes frères » (v. 23a) et très vite s’élargit à « la pleine assemblée » (v. 23b), c’est-à-dire, au delà de la descendance de Jacob et d’Israël, à tous ceux qui craignent Yhwh (vv. 24a & 26b), à ceux qui le cherchent (v. 27a), et même à tous les peuples (v. 29b) des extrémités de la terre (v. 28a), à toutes les familles des nations (v. 28b). Pour accompagner cet élargissement, la voix de David va s’adapter. S’il s’adresse d’abord à la communauté proche avec le « nous » du verset 25, inclus de façon sémitique entre les deux « vous » des versets 24 et 27, son adresse s’élargit bientôt au monde lointain, « ils », « eux », « ceux qui », sans pour autant rien perdre du face à face avec Yhwh, comme en témoigne ce « ta face » du verset 28 (et non « sa face ») après mention de toutes les extrémités de la terre. Alors, David n’est plus seulement le roi, et le médiateur, il est le prophète de Dieu pour toutes les nations.
Yhwh, le Seigneur. Le Seigneur Dieu est la « personne » référence par rapport à laquelle les deux « personnes » précédentes évoluent, avancent dans l’Histoire. On notera que le Seigneur est resté impassible d’un bout à l’autre du psaume, invisible et silencieux ; et pourtant, d’un bout à l’autre, c’est lui qui agit. Quand l’homme est loin de Dieu, c’est son Esprit qui inspire à l’assemblée, à l’ecclésia, la Parole qu’il faut souffler à l’homme égaré (verset 9). Il agit là en tant que Paraclet, comme le fera plus tard le paraqlita de la liturgie synagogale chargé de réciter les Écritures. Pendant le combat spirituel, c’est encore l’action divine qui transforme et purifie David. Et maintenant que le roi est entré dans la contemplation du mystère divin, sa prière vient encore de Dieu (v. 26). Ce n’est donc pas David qui parle mais bien Yhwh lui-même, par la bouche de son messie devenu prophète de Dieu pour la communauté des hommes.
Le roi médiateur et prophète nous dit alors tout ce que son Seigneur fait pour les hommes qui invoquent son nom : il écoute (v. 25) et nourrit les humbles, les rassasie (v. 27), et lui seul règne et gouverne les peuples (v. 29). Ceci ne concerne pas uniquement la génération de David mais aussi la génération qui vient, le peuple qui va naître. Quelle que soit leur génération, ceux qui cherchent le Seigneur auront sujet de le louer (v. 27), pour sa justice, car c’est toujours lui qui agit (v. 32).

PAPE FRANÇOIS: « IMITEZ LA MATERNITÉ DE MARIE, CETTE ATTENTION QU’ELLE A POUR CHACUN DE NOUS »

12 novembre, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/imitez-la-maternite-de-marie-cette-attention-qu-elle-a-pour-chacun-de-nous

« IMITEZ LA MATERNITÉ DE MARIE, CETTE ATTENTION QU’ELLE A POUR CHACUN DE NOUS »

DISCOURS POUR LES CENT ANS DE L’UNITALSI

ROME, 11 NOVEMBRE 2013 (ZENIT.ORG) PAPE FRANÇOIS

« Imitez la maternité de Marie, cette attention toute maternelle qu’elle a pour chacun de nous »: c’est l’exhortation du pape François aux membres de l’UNITALSI qui fête ses cent ans.
Le pape François a en effet reçu en audience, samedi 9 novembre, à 11h, dans la salle Paul VI du Vatican, les participants au pèlerinage de l’Union nationale italienne Transport Malades à Lourdes et sanctuaires internationaux (U.N.I.T.A.L.S.I.), à l’occasion du 110ème anniversaire de l’association.
Le pape invite aussi à « mettre vraiment en valeur la présence et le témoignage des personnes fragiles et souffrantes, non seulement comme étant les destinataires de l’œuvre évangélisatrice, mais aussi en tant que sujets actifs de cette action apostolique ».
Voici notre traduction intégrale du discours du pape François prononcé en italien.

Discours du pape François
 Chers frères et sœurs, bonjour !
Je vous salue tous avec affection, spécialement les personnes malades et infirmes, accompagnées par des bénévoles, les assistants ecclésiastiques, les responsables de section et le président national, que je remercie pour ses paroles. La présence du cardinal De Giorgi, des évêques et des personnalités institutionnelles est signe de l’appréciation que l’UNITALSI rencontre dans l’Eglise et dans la société civile.
1. Depuis 110 ans votre association se consacre aux personnes malades ou fragiles, avec un style typiquement évangélique. En effet, votre œuvre n’est pas de l’assistanat ou de la philanthropie, mais pure annonce de l’Evangile de la charité, ministère du réconfort. Et ceci est grand: votre œuvre est vraiment évangélique,  le ministère de la consolation.  Je pense à tous ces membres de l’UNITALSI qui œuvrent dans toute l’Italie : vous êtes des hommes et des femmes, des mères et des pères, tant de jeunes qui, par amour du Christ et à l’exemple du Bon Samaritain, face à tant de souffrance, ne tournent pas la tête de l’autre côté. Et ce fait de ne pas tourner la tête de l’autre côté est une vertu: Allez-y ! Continuez avec cette vertu! Vous qui essayez au contraire d’être le regard qui accueille, une main qui soulève et accompagne, une parole de réconfort, une étreinte de tendresse. Ne vous découragez pas devant les difficultés et la fatigue, continuez à donner de votre temps, un sourire et de l’amour aux frères et sœurs qui en ont besoin. Que chaque personne malade et fragile puisse voir dans votre visage le visage de Jésus ; et que vous puissiez vous aussi reconnaître dans la personne souffrante la chair du Christ.
  Les pauvres, voire aussi les pauvres de santé, sont une richesse pour l’Eglise ; et vous de l’UNITALSI, avec tant d’autres réalités ecclésiales, vous avez reçu le don et l’engagement de recueillir cette richesse, pour aider à la mettre en valeur, non seulement pour l’Eglise elle-même mais pour toute la société.

2. Le contexte culturel et social actuel est plutôt enclin à cacher la fragilité physique,  à ne la voir que comme un problème qui demande résignation et piétisme ou parfois rebut des personnes. L’UNITALSI est appelée à être un signe prophétique et à aller contre cette logique du monde, la logique du rebut, en aidant les souffrants à être des acteurs au sein de la société, dans l’Eglise, voire dans l’association elle-même. Pour favoriser une réelle insertion des malades dans la communauté chrétienne et susciter en eux un fort sens de l’appartenance, il faut une pastorale inclusive dans les paroisses et dans les associations. Il s’agit de mettre vraiment en valeur la présence et le témoignage des personnes fragiles et souffrantes, non seulement comme étant les destinataires de l’œuvre évangélisatrice, mais aussi en tant que sujets actifs de cette action apostolique.
Chers frères et sœurs malades, ne vous considèrerez pas seulement des objets de solidarité et de charité, mais sentez-vous insérez à plein titre dans la vie et dans la mission de l’Eglise. Vous y avez votre place, avez un rôle spécifique dans la paroisse et dans chaque secteur de l’Eglise.  Votre présence, silencieuse mais plus éloquente que tant de mots, votre prière, l’offre quotidienne de vos souffrances en union avec celles de Jésus crucifié pour le salut du monde, l’acceptation patiente mais également joyeuse de votre condition, sont une ressource spirituelle, un patrimoine pour chaque communauté chrétienne. N’ayez pas honte d’être un précieux trésor de l’Eglise!
  3. Le pèlerinage sur les lieux sacrés de Marie, à Lourdes surtout, est l’expérience la plus forte que l’UNITALSI vit au cours de l’année. Votre style apostolique et votre spiritualité font eux aussi référence à la Sainte Vierge. Redécouvrez ses raisons les plus profondes! En particulier, imitez la maternité de Marie, cette attention toute maternelle qu’elle a pour chacun de nous. Dans le miracle des Noces de Cana, la Vierge Marie s’adresse aux serviteurs et leur dit: « Tout ce qu’il vous dit, faites-le », et Jésus ordonne  aux serviteurs de remplir d’eau les amphores et l’eau se transforme en vin, meilleur que celui qui est servi jusqu’à présent (cf. Jn 2,5-10).
Cette intervention de Marie auprès de son Fils révèle avec quels soins la Mère s’occupe des hommes. Des soins attentifs à nos besoins les plus vrais : Marie sait de quoi nous avons besoin! Elle prend soin de nous, en intercédant auprès de Jésus et demandant pour chacun de nous du « vin nouveau », c’est-à-dire l’amour, la grâce qui nous sauve. Elle intercède toujours et prie pour nous, spécialement dans les moments de difficulté et de faiblesse, dans les moments de découragement et d’égarement, surtout dans les moments du péché. C’est pourquoi, dans la prière de l’ Ave Maria, nous lui demandons: « Prie pour nous, pauvres pécheurs ».
Chers frères et sœurs, soyons confiants et mettons-nous toujours sous la protection de notre Mère Céleste, qui nous console et intercède pour nous auprès de son Fils. Quelle nous aide à être pour tous ceux que nous rencontrons sur notre chemin « reflet » de Celui qui est le « Père miséricordieux et Dieu de toute consolation » ( 2 Co 1,3). Merci.

Traduction d’Océane Le Gall