Archive pour le 8 novembre, 2013

Visite virtuelle de la Basilique Saint-Jean-de-Latran, Vatican

8 novembre, 2013

http://www.vatican.va/various/basiliche/san_giovanni/vr_tour/index-it.html

Basilique Saint-Jean-de-Latran, Vatican, située à Rome

8 novembre, 2013

Basilique Saint-Jean-de-Latran, Vatican, située à Rome dans images sacrée 719px-Lazio_Roma_SGiovanni2_tango7174

Basilique Saint-Jean-de-Latran, Vatican, située à Rome, Latium, Italie. Avec sa longueur de 121,84 mètres, cette Basilique se classe au 15è rang parmi les plus grandes églises au monde

http://en.wikipedia.org/wiki/File:Lazio_Roma_SGiovanni2_tango7174.jpg

 

9 NOVEMBRE: FÊTE DE LA DÉDICACE DE LA BASILIQUE SAINT-JEAN DU LATRAN

8 novembre, 2013

http://missel.free.fr/Sanctoral/11/09.php

9 NOVEMBRE: FÊTE DE LA DÉDICACE DE LA BASILIQUE SAINT-JEAN DU LATRAN

(Je mets dans de nombreux cas pour les saints et les fêtes de ce site, mais il me semble le meilleur , cette année est Jean 2 , 13,22)

RAPPEL HISTORIQUE
A. Corsini, Monument en l’honneur de Louis XV, chapelle Sainte Anne, sacristie, Saint-Jean-de-Latran, Rome, (stuc, marbre et lapis-lazuli). En 1729, Louis XV offrit au chapitre de Saint-Jean-de-Latran les revenus de deux prieurés dépendant de l’abbaye de Clairac. En remerciement, les chanoines décidèrent de lui élever un monument: l’œuvre en stuc, marbre, lapis-lazuli et bronze doré est toujours conservée dans la sacristie au-dessus d’une porte de la chapelle Sainte Anne.
Des documents retrouvés aux archives du chapitre du Latran permettent de retracer l’élaboration de ce monument resté jusqu’à présent totalement méconnu des historiens d’art. Le grand relief, qui s’inscrit dans la tradition des imposants monuments de la Rome baroque, fut sculpté par l’artiste bolonais Agostino Corsini de 1730 à 1733.
Si le monument fut connu à Versailles par l’envoi d’estampes gravées par Miguel Sorello, son érection semble avoir été ignorée à Rome. La correspondance de l’ambassadeur de France en Italie évoque à cette période divers problèmes diplomatiques soulevés à l’occasion de la construction de la façade orientale du Latran, et montre combien ce contexte historique très particulier était peu favorable à la célébration du monument en l’honneur de Louis XV.
Servant des servants de Dieu:
le Pape Innocent XIII officie au Latran
Extrait des Souvenirs de la Marquise de Créquy de 1710 à 1803,
(Paris, Garnier Frères, s.d. – vers 1839),

Tome II, pp133-135:
Au moment où le pape Innocent XIII faisait son entrée dans la Basilique de Saint-Jean de Latran qui est l’église cathédrale de Rome, car celle de Saint-Pierre n’est, à proprement parler, qu’un grand oratoire et que la chapelle palatine du Vatican, ceci dans la hiérarchie sacerdotale, au moins, et suivant les traditions presbytérales de la ville sainte, je vous dirais que je m’y trouvais placée dans une tribune, à côté de la Duchesse d’Anticoli, belle-soeur du Pape, et qu’on y vit s’exécuter subitement, au milieu de la nef et du cortège, un temps d’arrêt, précédé par une sorte de mouvement tumultueux dont il était impossible de s’expliquer la cause. Nous vîmes ensuite que toute cette foule empourprée, solennelle et surdorée des Princes de l’Eglise et des Princes du Soglio, s’éloigna du Saint-Père en laissant un grand cercle vide autour de lui. Les douze caudataires du Pape avaient laissé tomber son immense robe de moire blanche qui couvrait, derrière lui, peut-être bien soixante palmes de ce beau pavé de Saint-Jean de Latran. (Je me rappelle que ces caudataires étaient revêtus de vastes simarres en étoffe d’or avec des bordures en velours cramoisi.) Cependant, le Pape était resté debout, tout seul au milieu de la nef, la tiare en tête et la crosse d’or à la main. — Chi sa? Chi non sa? Che sarà dunque? — C’était un transtevère, un villanelle, un soldat peut-être, et c’était dans tous les cas un homme du peuple avec un air sauvage et la figure d’un bandit, qui avait demandé à se confesser au Souverain Pontife, afin d’en obtenir l’absolution d’un caso particolar e pericoloso. Le Saint-Père n’avait pas voulu se refuser à cette demande, qu’il aurait pu trouver téméraire, en bonne conscience, et sans manquer à la charité pontificale ; il se fit spontanément, comme on a dit pour la première fois à l’assemblée nationale, un profond silence, et pendant cette confession, qui dura huit ou dix minutes, notre Saint Père eut constamment son oreille inclinée jusqu’à la bouche de ce villageois qui était agenouillé à ses pieds. Je remarquai que tout de suite après avoir entendu les premiers mots de cet aveu, la figure du Pape était devenue d’une pâleur extrême: il avait eu l’air d’éprouver un saisissement douloureux, un sentiment d’effroi compatissant et de consternation. Après avoir proféré quelques paroles à voix très basse, il imposa une de ses mains sur la tête du pénitent auquel il fit baiser l’anneau du Pêcheur, et Sa Sainteté (c’est un mot qui n’est pas ici de simple formule) éleva pour lors sa tête et ses yeux vers le ciel, avec un air de simplicité, de miséricorde et de majesté surhumaine! — Les Cardinaux chefs d’ordres, les Princes romains, les Patriarches latins et grecs, avec les autres Assistants du Soglio, reprirent leurs places auprès du Souverain Pontife: la magnifique procession se remit en marche, et cet homme alla se perdre dans la foule.

SERMON SUR LA DÉDICACE DE L’EGLISE
La dédicace que nous commémorons aujourd’hui concerne, en réalité, trois maisons. La première, à savoir le sanctuaire matériel, est établie soit dans une maison réservée jadis à des usages profanes et convertie en église soit dans une construction neuve destinée au culte divin et à la dispensation des biens nécessaires à notre salut (…) Il faut certes prier en tout lieu et il n’y a vraiment aucun lieu où l’on ne puisse prier. C’est une chose pourtant très convenable que d’avoir consacré à Dieu un lieu particulier où nous tous, chrétiens qui formons cette communauté puissions nous réunir, louer et prier Dieu ensemble, et obtenir ainsi plus facilement ce que nous demandons, grâce à cette prière commune, selon la parole : « Si deux ou trois d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quelque chose, ils l’obtiendront de mon Père.1 »
(…) La deuxième maison de Dieu, c’est le peuple, la sainte communauté qui trouve son unité dans cette église, c’est-à-dire vous qui êtes guidés, instruits et nourris par un seul pasteur ou évêque. C’est la demeure sprituelle de Dieu dont notre église, cette maison de Dieu matérielle, est le signe. Le Christ s’est construit ce temple spirituel pour lui-même, il l’a unifié et l’a consacré en adoptant toute les âmes qu’il fallait sauver et en les sanctifiant. Cette demeure est formée des élus de Dieu passés, présents et futurs, rassemblés par l’unité de la foi et de la charité, en cette Eglise une, fille de l’Eglise universelle, et qui ne fait d’ailleurs qu’un avec l’Eglise universelle. Considérée à part des autres Eglises particulières, elle n’est qu’une partie de l’Eglise, comme le sont toutes les autres Eglises. Ces Églises forment cependant toutes ensemble l’unique Eglise universelle, mère de toutes les Eglises. Si donc on la compare avec l’Eglise tout entière, cette Eglise-ci, notre communauté, est une partie ou une fille de toute l’Église et, en tant que sa fille, elle lui est soumise, puisqu’elle est sanctifiée et conduite par le même Esprit.
En célébrant la dédicace de notre église, nous ne faisons rien d’autre que de nous souvenir, au milieu des actions de grâce, des hymnes et des louanges, de la bonté que Dieu a manifestée en appelant ce petit peuple à le connaître. Nous nous rappelons qu’il nous a aussi accordé la grâce non seulement de croire en lui, mais encore de l’aimer, lui, Dieu, de devenir son peuple, de garder ses commandements, de travailler et de souffrir par amour pour lui.
(…) La troisième maison de Dieu est toute âme sainte vouée à Dieu, consacrée à lui par le baptême, devenue le temple de l’Esprit Saint et la demeure de Dieu. (…) Lorsque tu célèbres la dédicace de cette troisième maison, tu te souviens simplement de la faveur que tu as reçue de Dieu quand il t’a choisi pour venir habiter en toi par sa grâce.
Lanspergius le Chartreux2

1 EVANGILE SELON SAINT MATTHIEU, XVIII 19.
2 Johannes-Justus Grecht est dit Lanspergius, du nom de sa ville natale, Landsberg (Lanspergius, en latin), qui est située sur le Lech, en haute Bavière. Né vers 1490, il étudia la philosophie à la faculté des arts de Cologne. Bachelier ès arts, il entra à la chartreuse Sainte-Barbe de Cologne où il fit profession en 1509. Après des études théologie, il fut ordonné prêtre. Selon ce qu’il écrivit dans une lettre de direction, il estimait beaucoup le silence cartusien et la curiosité excessive lui pesait ; « en dix ans, il ne rompit jamais le silence consciemment et de son propre mouvement. » Son confrère Bruno Loher, auteur de sa Vita, loue son ascèse rigoureuse, sa piété et ses vertus ; il mentionne notamment le témoignage de parfaite obéissance aux supérieurs exprimé peu avant sa mort. De 1523 à 1530, il fut vicaire et maître des novices. De 1530 à 1535, il fut prieur de la chartreuse de Vogelsang ; il était en même temps prédicateur à la cour de Jean III, duc de Juliers, Clèves et Berg, et confesseur de la duchesse Marie. Entre temps, il fut aussi co-visiteur de la province rhénane de son ordre. Malade, il revint comme vicaire à la chartreuse de Cologne. Il mourut le 11 août 1539, « après avoir mené pendant trente ans une vie sainte et digne de louanges dans le saint ordre des chartreux. » La chartreuse de Cologne étant un centre spirituel très actif, Lanspergius eut une grande influence jusqu’au XVIII° siècle où saint Alphonse-Marie de Ligori le tient pour un grand maître spirituel.

SERMON CCCXXXVI
La solennité qui nous réunit est la dédicace d’une maison de prière. La maison de nos prières, nous y sommes ; la maison de Dieu, c’est nous-mêmes. Si la maison de Dieu, c’est nous-mêmes, nous sommes construits en ce monde, pour être consacrés à la fin du monde. L’édifice, ou plutôt sa construction, se fait dans la peine ; la dédicace se fait dans la joie.
Ce qui se passait, quand s’élevait cet édifice, c’est ce qui se passe maintenant quand se réunissent ceux qui croient au Christ. Lorsque l’on croit, c’est comme lorsque l’on coupe du bois dans la forêt et que l’on taille des pierres dans la montagne ; lorsque les croyants sont catéchisés, baptisés, formés, c’est comme s’ils étaient sciés, ajustés, rabotés par le travail des charpentiers et des bâtisseurs.
Cependant, on ne fait la maison de Dieu que lorsque la charité vient tout assembler. Si ce bois et cette pierre n’étaient pas réunis selon un certain plan, s’ils ne s’entrelaçaient pas de façon pacifique, s’ils ne s’aimaient pas, en quelque sorte, par cet assemblage, personne ne pourrait entrer ici. Enfin, quand tu vois dans un édifice les pierres et le bois bien assemblés, tu entres sans crainte, tu ne redoutes pas qu’il s’écroule.
Le Christ Seigneur, parce qu’il voulait entrer et habiter en nous, disait, comme pour former son édifice : « Je vous donne un commandement nouveau, c’est que vous vous aimiez les uns les autres.3 C’est un commandement, dit-il, que je vous donne. » Vous étiez vieux, vous n’étiez pas une maison pour moi, vous étiez gisants, écroulés. Donc, pour sortir de votre ancien état, de votre ruine, aimez-vous les uns les autres.
Que votre charité considère encore ceci : cette maison est édifiée, comme il a été prédit et promis, dans le monde entier. En effet, quand on construisait la maison de Dieu après la captivité, on disait dans un psaume : « Chantez au Seigneur un chant nouveau ; chantez au Seigneur terre entière.4 » On disait alors : « un chant nouveau » ; le Seigneur a dit : « un commandement nouveau. » Qu’est-ce qui caractérise un chant nouveau, sinon un amour nouveau ? Chanter est le fait de celui qui aime. Ce qui permet de chanter c’est la ferveur d’un saint amour.
Ce que nous voyons réalisé ici physiquement avec les murs doit se réaliser spirituellement avec les âmes ; ce que nous regardons ici accompli avec des pierres et du bois, doit s’accomplir dans vos corps, avec la grâce de Dieu.
Rendons grâce avant tout au Seigneur notre Dieu : les dons les meilleurs, les présents merveilleux viennent de lui. Célébrons sa bonté de tout l’élan de notre coeur. Pour que soit construite cette maison de prière, il a éclairé les âmes de ses fidèles, il a éveillé leur ardeur, il leur a procuré de l’aide ; à ceux qui n’étaient pas encore décidés, il a inspiré la décision ; il a secondé les efforts de bonne volonté pour les faire aboutir. Et ainsi Dieu, « qui produit, chez les siens, la volonté et l’achèvement parce qu’il veut notre bien », c’est lui qui a commencé tout cela, et c’est lui qui l’a achevé.
Saint Augustin
(sermon pour une dédicace)

3 EVANGILE SELON SAINT JEAN, XIII 34.
4 Psaume XCVI (XCV) 1.
La liturgie
La liturgie de la dédicace vise essentiellement à préparer un lieu pour la célébration eucharistique, une demeure de Dieu parmi les hommes. « C’est, a écrit le R.P Louis Bouyer, la sacralisation du lieu où s’accomplit l’Eucharistie dans l’Eglise, mais on pourrait aussi bien dire du lieu où l’Eglise s’accomplit dans l’Eucharistie. »
La dédicace utilise largement le quadruple symbolisme de l’eau de l’huile, du feu et de la lumière. Certains de ses rites, de caractère apotropaïque remontent à la nuit des temps : toutes les religions, en effet, ont délimité des espaces sacrés en commen­çant par en détourner (c’est le sens du mot apotropaïque) les puissances maléfiques.
Il y a donc, dans la liturgie de la dédicace, une bénédiction de l’eau suivie d’une aspersion des fidèles et de l’autel : « O Dieu, cette eau, sanctifiez-la donc par votre bénédiction ; répandue sur nous, qu’elle devienne le signe de ce bain salutaire où, purifiés dans le Christ, nous sommes devenus le temple de votre Esprit. Nous vous en supplions, faites qu’elle soit délivrée de la maligne in­fluence des esprits impurs et que tous les maux s’en éloignent par la vertu de votre bienveillante protection. Quant à nous qui, avec tous nos frères, allons célébrer les divins mystères, accordez-nous de parvenir à la Jérusalem céleste. »
Déjà apparaît dans cette oraison de bénédiction ce qui est sous-jacent à toute la liturgie de la dédicace son aspect escha­tologique ; l’église de pierres est l’image et la préfiguration de l’Eglise du Ciel. Cette Eglise du Ciel, on n’y arrive que par le passage obligé de la Croix du Christ. Le mystère chrétien est mystère de mort et de résurrection ; cela est éclatant dans la liturgie baptismale. Le monde entier doit être reconquis par la Croix, cette Croix sur laquelle le Christ s’est offert à son Père dans le sacrifice par lequel il a racheté le monde. C’est pourquoi, dans le rite de la dédicace, douze croix sont tracées sur les murs de l’église et chacune d’elle est ointe de saint chrême par l’évêque après qu’il en ait largement répandu sur l’autel. En cette consécration de l’autel culmine d’ailleurs toute la liturgie de la dédicace.
Dans l’autel du sacrifice eucharistique on place solennellement des reliques de martyrs et de saints apportées en procession. Elles associent en quelque sorte, à l’unique sacrifice du Christ offert une fois pour toutes, les martyrs qui ont donné leur vie pour Lui et les autres saints qui ont vécu pour Lui, complétant, comme le dit saint Paul, ce qui manque à la Passion du Christ.
Après ce rite qui se déroule au chant de psaumes et d’antiennes, l’évêque embrase l’encens qu’il a répandu sur l’autel : au rite et au symbole de l’eau, puis de l’huile, s’ajoute celui du feu qui se complétera par l’illumination des cierges lorsque l’autel aura été recouvert de nappes neuves et blanches, tout comme les nouveaux baptisés sont revêtus de vêtements blancs. Des psaumes, des répons et des antiennes accompagnent ces rites significatifs par eux-mêmes mais dont les textes bibliques chantés accentuent encore le sens profond.
La prière consécratoire chantée par l’évêque, et la Préface qui introduit le canon de la messe qui suit, font percevoir « comment dans l’Eglise de la terre nous participons déjà à l’Eucharistie perpétuelle, à l’action de grâce perpétuelle des chœurs angéliques, et au culte éternel du Père par son Fils incarné. » L’une et l’autre formulent de la manière la plus expressive l’assomption et la rénovation, dans l’unique consécration du sacrifice chrétien, de toutes les formes de consécration antérieures, soit naturelles, soit de l’Ancien Testament.
« Nous vous supplions instamment, Seigneur, de daigner répandre votre grâce sanctificatrice sur cette église et sur cet autel, afin que ce.lieu soit toujours saint et cette table toujours prête pour le sacrifice du Christ. Qu’en ce lieu, l’onde de la grâce divine engloutisse les péchés des hommes afin que, morts au péché, vos fils renaissent à la vie céleste. »
« Qu’en ce lieu retentisse un sacrifice de louange qui vous soit agréable ; que monte sans cesse vers vous la voix des hommes unie aux chœurs des anges et la supplication pour le salut du monde. »
« Père Saint, vous qui avez fait du monde entier le temple de votre Gloire, afin que votre nom fût glorifié en tous lieux, vous ne refusez pas cependant que vous soient dédiés des lieux propres à la célébration des divins mystères : dans l’allégresse nous consacrons donc à votre majesté cette maison de prière que nous avons construite. »
« En ce lieu est abrité le mystère du vrai Temple et l’image de la Jérusalem céleste y est figurée d’avance : en effet, du Corps de votre Fils, né de la Vierge Marie, vous avez fait un temple qui vous est consacré et en qui habite la plénitude de la divinité. Vous avez établi l’Eglise comme la cité sainte, fondée sur les Apôtres. Elle a pour pierre d’angle le Christ Jésus et doit être construite de pierres choisies, vivifiées par l’Esprit et cimentées par la charité; Cité où vous serez tout en tous, à travers les siècles et où brillera éternellement la lumière du Christ. »

COMMENTAIRE SUR LA DEUXIEME ÉPITRE AUX THESSALONICIENS – SAINT JEAN CHRYSOSTOME

8 novembre, 2013

 http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/chrysostome/thessaloniciens/2thes01.htm

SAINT JEAN CHRYSOSTOME

COMMENTAIRE SUR LA DEUXIEME ÉPITRE AUX THESSALONICIENS.

ARGUMENT. — HOMÉLIE PREMIÈRE.

Analyse.

1. Pour quels motifs saint Paul envoie aux Thessaloniciens cette seconde lettre. — Sur les imposteurs qui prétendent que la résurrection est un fait déjà accompli, qui fondent leurs enseignements sur la parole de l’apôtre lui-même. — De l’enseignement de Jésus-Christ à ses sujet.
2. Contre l’orgueil qui vient de l’ignorance où l’on est de Dieu. — L’orgueil, commencement de tout péché. — Tourments que causent les passions mauvaises. — Vanité des choses humaines, qui ne sont que de purs songes.

1. En disant dans la première épître: « Jour et nuit nous désirons vous voir, et encore nous n’y résistons plus, et encore nous sommes restés seuls à Athènes, et j’ai envoyé Timothée » (I Thess. III, 10, 1 , 2); par toutes ces expressions, il marque son désir de se rendre auprès de ceux de Thessalonique. C’est, à ce qu’il semble, parce qu’il n’a pas encore pu satisfaire son désir, c’est parce qu’il lui est impossible de leur communiquer de vive voix les enseignements dont ils avaient encore besoin, qu’il leur écrit cette seconde lettré, destinée à le remplacer auprès d’eux. Il n’était pas allé les voir; c’est ce que l’on peut conjecturer des paroles de cette lettre même, où il dit : « Nous vous conjurons, mes frères, par l’avènement de Notre-Seigneur Jésus-Christ». (II Thess. II, 1.) Car dans la première lettre il leur disait : « Pour ce qui regarde les temps et les moments, il n’est pas besoin de vous en écrire ». (I Thess. V,1.) S’il avait fait le voyage, une lettre eût été inutile; mais la question ayant été ajournées, il leur écrit. Il s’exprime ainsi, dans l’épître à Timothée : « Quelques-uns bouleversent la foi, en disant que la résurrection est déjà arrivée ». (II Tim. II , 18.) Le but de ces prédicateurs de mensonges était, en étant aux fidèles toute grande et glorieuse espérance, de les décourager devant les fatigues. L’espérance redressait les fidèles, les empêchait de succomber aux maux présents. C’était, pour eux, comme une ancre que le démon voulût briser. Or, ne pouvant leur persuader gaie les choses futures n’étaient que des mensonges, Il s’y prit d’une autre manière; il envoya de ces hommes perdus qui devaient lui servir à tromper les fidèles en leur insinuant que cette grande et glorieuse destinée avait reçu sots accomplissement. Et tantôt ces imposteurs disaient que la résurrection était déjà arrivée; tantôt , que le jugement était proche , qu’on allait voir paraître le Christ; ils voulaient envelopper (246) jusqu’au Christ dans leurs mensonges. En montrant qu’il n’y a plus désormais ni rémunération, ni jugement, ni châtiment, ni supplice pour les coupables, ils voulaient rendre les oppresseurs plus audacieux, et enlever à leurs victimes toute énergie. Et ce qu’il y a de plus grave, c’est que, parmi ces imposteurs, les uns envoyaient des paroles qu’ils prétendaient sorties de la bouche de Paul; les autres allaient jusqu’à fabriquer des lettres qu’il était censé avoir écrites.
Voilà pourquoi l’apôtre, pour s’opposer à ces hommes, disait : « Que vous ne vous laissiez pas ébranler ni par quelques prophéties, ni par quelques discours, ni par quelques lettres qu’on supposerait venir de nous». — « Ni par quelques prophéties». (II Thess. II, 2.) Il indique par là les faux prophètes; mais comment s’y reconnaître, dira-t-on ? par le signe qu’il donne. Aussi ajoute-t-il : « Je vous salue de ma propre main, moi Paul; c’est là mon seing, dans toutes mes lettres j’écris ainsi. La grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous ». (Ibid. III,17,18.) Il ne dit pas que ce qu’il écrit soit son signe, car il est vraisemblable que d’autres aussi l’avaient imité, mais il dit : Je vous écris ma salutation de ma propre main. C’est ce qui se passe aujourd’hui encore parmi nous. La suscription des lettres montre qui les écrit. Maintenant il les avertit des maux dont ils sont infectés; il les loue, pour le présent, et il tire de l’avenir les exhortations qu’il leur envoie. Il les avertit, en leur parlant du supplice, de la distribution des biens qui leur sont préparés; il insiste sur ce point où il répand la lumière; sans indiquer l’époque précise, il montre le signe qui fera reconnaître les derniers temps, à savoir, l’antéchrist. Pour procurer la certitude à l’âme faible, il ne suffit pas de lui parler simplement, il faut lui donner des signes et des preuves. Le Christ se montre plein de sollicitude à cet égard; assis sur la montagne, il met un soin extrême à révéler à ses disciples tout ce qui concerne la consommation des temps. Pourquoi? pour ne pas laisser le champ libre à ceux qui introduisent les antéchrists et les pseudochrists. Lui-même donne beaucoup de signes; il en donne un surtout et c’est le plus grand: Quand l’Evangile aura été prêché dans toutes les nations. Il donne encore un second signe pour qu’on ne se trompe pas sur son avènement : « Il viendra » , dit-il, « comme l’éclair » ; il ne se cachera pas dans un coin; on le verra partout resplendissant. Il n’a besoin de personne pour l’annoncer, tant sa splendeur éclate; l’éclair aussi n’a pas besoin qu’on l’annonce. Jésus-Christ dit encore quelque part, en parlant de l’antéchrist : « Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne m’avez pas reçu ; si un autre vient en son propre nom, vous le recevrez ». (Jean, V, 43.)
Il donne aussi comme des signes de son arrivée, les calamités survenant coup sur coup, des malheurs inexprimables. Autre signe encore : la venue d’Elie. Or, à cette époque, les habitants de Thessalonique étaient dans le doute, et leur doute nous a été utile à nous-mêmes, car les paroles de l’apôtre ne devaient pas servir seulement aux hommes de Thessalonique, mais à nous-mêmes, pour nous délivrer de fables puériles et d’extravagances de vieilles femmes. N’avez-vous pas entendu souvent, dans votre enfance, certaines conversations sans fin, sur l’antéchrist et sur la génuflexion?. Ce sont des impostures que le démon fait entrer dans nos âmes encore tendres, de telle sorte que cette croyance se fortifie en nous, quand nous grandissons, et trompe nos esprits. Paul, parlant de l’antéchrist, n’aurait pas négligé ces fables, s’il y eût eu du profit pour nous à nous en parler. Ne cherchons donc pas de pareils signes, car il ne viendra pas ainsi, fléchissant les genoux. Mais, « s’élevant au-dessus de tout ce qui est appelé Dieu, ou adoré, jusqu’à s’asseoir dans le temple de Dieu, voulant lui-même passer pour Dieu ». (II Thess. II, 4.) Car, de même que c’est l’arrogance qui a causé la chute du démon, de même celui que le démon fait mouvoir, est rempli d’arrogance.
2. Aussi, je vous en prie, appliquons-nous tous à repousser ce vice loin de nous, afin de ne pas subir le même jugement, de ne pas encourir la même peine, de ne pas partager le même supplice. « Que ce ne soit point un néophyte » , dit-il, « de peur qu’enflé d’orgueil il ne tombe dans la même condamnation que le démon ». (I Tim. III, 6.) Ainsi, celui qui est enflé d’orgueil, sera puni de la même manière que le démon. « Car le commencement de l’orgueil, c’est de méconnaître le Seigneur». (Eccl. X, 14.) Le commencement du péché c’est l’orgueil. C’est là le premier élan, le premier mouvement vers le mal ; peut-être en est-ce et la racine et (247) la base. Le mot « commencement » veut dire, en effet, le premier élan vers le mal, ou ce qui le constitue: par exemple, si l’on disait que s’abstenir des mauvais spectacles c’est le commencement de la chasteté, cela signifierait le premier élan, le premier pas dans la voie de la chasteté. Si au contraire nous disons: Le commencement de la chasteté c’est le jeûne; c’est comme si nous disions Voilà ce qui la fonde, ce qui la constitue. Ainsi, le commencement du péché c’est l’orgueil ; c’est par lui, en effet, que tout péché commence, c’est l’orgueil qui forme le péché. En effet, quelles que soient nos bonnes oeuvres, ce vice les détruit; c’est comme une racine quine permet pas aux plantes de prendre de la consistance. Voyez, par exemple, toutes les bonnes actions du pharisien, elles lui ont été inutiles parce qu’il n’en a pas coupé la funeste racine; la racine a tout perdu et corrompu. De l’orgueil naissent le mépris des pauvres, la cupidité, l’amour de la prédominance, le désir d’une gloire insatiable. Un homme de ce caractère est porté à se venger de tous les outrages, car l’orgueil ne souffre pas les insultes qui viennent même des plus puissants, à plus forte raison celles qui viennent des plus faibles. Mais celui qui ne peut souffrir l’insulte, ne peut supporter aucun mal. Voyez comme il est vrai de dire que l’orgueil est le commencement du péché ; mais est-il bien vrai que le commencement de l’orgueil, c’est de méconnaître le Seigneur?
Assurément, car celui qui connaît Dieu, comme il faut le connaître, celui qui sait que le Fils de Dieu s’est abaissé à un état si humble, celui-là ne cherche pas à s’élever; celui, au contraire, qui ne sait pas ces choses, s’enfle et s’élève; car l’orgueil le prédispose à l’arrogance. En effet, dites-moi comment ceux qui font la guerre à l’Eglise, peuvent-ils prétendre qu’ils connaissent Dieu? N’est-ce pas là une folie orgueilleuse ? Et voyez dans quel précipice les jette l’ignorance où ils sont de Dieu ; car si Dieu aime un coeur contrit, en revanche il résiste aux superbes; c’est aux humbles qu’il réserve sa grâce. Non, aucun malheur n’est comparable à l’orgueil ; de l’homme, il fait un démon, insolent, blasphémateur, parjure; l’orgueil fait qu’on aspire au carnage ; car toujours l’orgueilleux vit dans les douleurs, toujours indigné, toujours chagrin, et rien ne peut rassasier la funeste passion qui le tourmente ; il verrait l’empereur incliné devant lui et l’adorant, qu’il ne serait pas rassasié, il lui faudrait plus encore. Plus les avares amassent, plus ils ont de besoins. De même pour ces âmes superbes; de quelque gloire qu’elles jouissent, c’est pour elles une raison d’en désirer une plus grande; la passion s’augmente (car c’est une passion). Or, la passion ne connaît pas la mesure ; elle ne s’arrête qu’après avoir tué celui qui la porte en soi. Ne voyez-vous pas combien de gens ivres, toujours altérés, car la passion mauvaise n’est pas un désir fondé sur la nature, mais une dépravation, une maladie. Ne voyez-vous pas que les affamés ont toujours faire? Cette infirmité, comme disent les médecins, franchit toutes les limites de la nature; ainsi ces investigateurs curieux et oisifs ont beau apprendre, ils ne s’arrêtent pas; c’est une passion mauvaise, et qui ne connaît pas de bornes. Et ceux maintenant qui trouvent des charmes aux plaisirs impurs, ceux-là non plus ne s’arrêtent pas. « [Car pour le fornicateur », dit l'Ecriture, « toute espèce de pain est agréable»] (Ecclés. XXIII, 20) ; il ne s’arrêtera que quand il sera dévoré ; c’est une passion. Mais, si ce sont là des passions funestes, elles ne sont pas toutefois incurables, la cure en est possible, et beaucoup plus possible que pour les affections du corps; nous n’avons qu’à vouloir, nous pouvons les éteindre. Comment donc; éteindre l’orgueil ? Connaissons Dieu. Si notre orgueil provient de l’ignorance où nous sommes en ce qui concerne Dieu, la connaissance de Dieu chasse l’orgueil. Pensez à la géhenne, pensez à ceux qui sont bien meilleurs que vous, pensez à toutes les expiations que vous devez à Dieu, de telles pensées auront bien vite réduit, bien vite dompté votre esprit superbe.
Mais c’est ce qui vous est impossible? Vous êtes trop faible? Pensez aux choses- présentes, à la nature humaine, au néant de l’homme. A la vue d’un mort qu’on porte sur la place publique, des enfants orphelins qui le suivent, de sa veuve brisée par la douleur, de ses serviteurs qui se lamentent, de ses amis dans l’affliction, considérez le néant des choses présentes, qui ne sont que des ombres, des songes, rien de plus. Vous ne le voulez pas? Pensez à ces riches qui ont péri dans les guerres ; voyez ces maisons de grands et illustres personnages, ces splendides demeures maintenant abattues; pensez à toute la puissance qu’ils possédaient, (248) dont il ne reste pas aujourd’hui un souvenir. Il n’est pas de jour, si vous voulez, qui ne vous présente de pareils exemples, des princes laissant leur place à d’autres, des richesses confisquées. «Un grand nombre de rois se sont assis sur la terre nue, et celui qu’on ne soupçonnait pas, a porté le diadème». (Ecclés. XI, 5.) N’est-ce pas l’histoire de tous les jours? Ne tournons-nous pas sur une roue ? Lisez, si vous voulez, nos livres, et les livres profanes (car les livres du dehors sont remplis de pareils exemples) si vous dédaignez nos écritures par orgueil; si les ouvrages des philosophes provoquent votre admiration, eh bien, consultez-les; vous y trouverez des leçons, ils vous parleront des malheurs antiques, poètes, orateurs, maîtres de philosophie, tous les écrivains quels qu’ils soient. Partout, si vous voulez, les exemples se montreront à vous. Si vous ne voulez rien entendre parmi eux, considérez notre nature même, son origine, sa fin; appréciez ce que vous pouvez valoir, quand vous dormez: n’est-il pas vrai que le moindre animal pourrait vous ôter la vie? Que de fois un animalcule, tombant du haut d’un toit, ou crève l’œil, ou fait courir quelque autre danger ! Eh quoi? n’êtes-vous pas plus faible que tout animal, quel qu’il soit? Eh ! que me dites-vous? que vous avez le privilège de la raison? Eh bien, vous ne l’avez pas, la raison, et ce qui prouve qu’elle vous manque, c’est votre présomption. Qu’est-ce qui vous inspire votre fierté, répondez-moi la bonne constitution de votre corps? Mais les animaux l’emportent sur vous. Et cela est vrai aussi des brigands, des meurtriers, des profanateurs de sépultures. Mais votre intelligence? Mais l’intelligence ne se manifeste pas par la présomption ; voilà donc tout d’abord qui vous dépouille de votre intelligence. Sachons donc abaisser clos sentiments présomptueux, devenons modestes, humbles, doux et pacifiques car voilà ceux que le Christ regarde comme heureux avant tous les autres: « Bienheureux les pauvres d’esprit » (Matth. V, 3; et XI, 29); et sa voix nous crie encore : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur». Aussi a-t-il lavé les pieds de ses disciples, nous donnant par là un exemple d’humilité. Appliquons-nous à profiter de tous ces discours, afin de pouvoir obtenir les biens promis par lui à ceux qui l’aiment, par la grâce et par la bonté, etc., etc.

DIMANCHE 10 NOVEMBRE, COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – PREMIERE LECTURE 2MACCABÉES 7, 12. 9-14

8 novembre, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DIMANCHE 10 NOVEMBRE : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

PREMIERE LECTURE – Deuxième livre des Martyrs d’Israël 7, 1-2. 9-14


1 Sept frères avaient été arrêtés avec leur mère.
 A coups de fouet et de nerf de boeuf,
 le roi Antiochus
 voulut les contraindre à manger du porc, viande interdite.
2 L’un d’eux déclara au nom de tous :
 « Que cherches-tu à savoir de nous ?
 Nous sommes prêts à mourir
 plutôt que de transgresser les lois de nos pères. »
9 Le deuxième frère lui dit,
 au moment de rendre le dernier soupir :
 « Tu es un scélérat, toi qui nous arraches à cette vie présente,
 mais puisque nous mourons par fidélité à ses lois,
 le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle. »
10 Après celui-là, le troisième fut mis à la torture.
 Il tendit la langue aussitôt qu’on le lui ordonna,
 et il présenta les mains avec intrépidité,
11 en déclarant avec noblesse :
 « C’est du Ciel que je tiens ces membres,
 mais à cause de sa Loi je les méprise,
 et c’est par lui que j’espère les retrouver. »
12 Le roi et sa suite
 furent frappés du courage de ce jeune homme
 qui comptait pour rien les souffrances.
13 Lorsque celui-ci fut mort,
 le quatrième frère fut soumis aux mêmes tortures.
14 Sur le point d’expirer, il parla ainsi :
 « Mieux vaut mourir par la main des hommes,
 quand on attend la résurrection promise par Dieu,
 tandis que toi, tu ne connaîtras pas la résurrection
 pour la vie éternelle. »

Ce texte marque une étape capitale dans le développement de la foi juive : c’est l’une des premières affirmations de la Résurrection des morts. Nous sommes vers 165 avant J.C., en un moment de terrible persécution déclenchée par le roi Antiochus Epiphane. Il était très certainement mégalomane et voulait être révéré comme un dieu. Pour obliger les Juifs à renier leur foi, il exigeait d’eux des gestes de désobéissance à la Loi de Moïse : cesser de pratiquer le sabbat, offrir des sacrifices à d’autres dieux que le Dieu d’Israël, manquer aux règles alimentaires de la Loi juive… Leur fidélité a conduit de nombreux Juifs au martyre : plutôt mourir que de désobéir à la Loi de Dieu ; mais paradoxalement, c’est au sein même de cette persécution qu’est née la foi en la Résurrection : car une évidence est apparue… qu’on pourrait exprimer ainsi : puisque nous mourons par fidélité à la loi de Dieu, lui qui est fidèle nous rendra la vie.
 Aujourd’hui, nous lisons un passage de l’histoire de sept martyrs, sept frères, torturés et exécutés par Antiochus Epiphane. C’est cette extraordinaire découverte de la foi en la Résurrection qui les a soutenus : « Puisque nous mourons par fidélité à ses lois, le Roi du monde (sous-entendu le véritable Roi du monde) nous ressuscitera pour une vie éternelle ». On a donc là une affirmation très claire de la Résurrection ; et une résurrection, on l’aura remarqué, très charnelle : l’un des frères parle de « retrouver ses membres »… « C’est du Ciel que je tiens ces membres, mais à cause de sa Loi je les méprise, et c’est par lui que j’espère les retrouver ».
 C’est presque la première affirmation de cette foi dans la Bible(1) : jusque-là, on y parlait relativement peu de l’après-mort ; l’intérêt se concentrait sur cette vie et sur le lien vécu ici-bas entre Dieu et son peuple. Ce lien qu’on appelait l’Alliance. On s’intéressait à l’aujourd’hui du peuple, au lendemain du peuple, et non au lendemain de l’individu… Après la mort, le corps était déposé dans la tombe, « couché avec ses pères », selon la formule habituelle. On pensait que seule une ombre subsistait dans le « shéol », lieu de silence, de ténèbres, d’oubli, de sommeil.
 C’est donc au deuxième siècle seulement que la foi en la Résurrection a été formulée en Israël. Des prophètes comme Isaïe ou Ezéchiel avaient préparé le terrain en affirmant très fortement la fidélité de Dieu, mais jamais ils n’avaient envisagé une véritable résurrection des hommes.
 Il faut lire chez Ezéchiel, par exemple, la fameuse vision des ossements desséchés (Ez 37). Il prêche au moment du désastre de l’Exil à Babylone : alors que le peuple a tout perdu, Ezéchiel annonce contre toutes les apparences, le sursaut du peuple, son renouveau : oui, le peuple revivra, il retrouvera sa force, il se relèvera ; pour oser dire une chose pareille, Ezéchiel s’appuie sur sa foi : Dieu ne peut manquer à sa promesse, le peuple élu reste le peuple élu. Cette annonce de relèvement du peuple, Ezéchiel la dit en images : il décrit un immense champ de bataille jonché d’ossements, les cadavres d’une armée vaincue ; tout le monde sait que rien ne les ressuscitera ; eh bien, « moi je vous dis (c’est Ezéchiel qui parle), votre peuple ressemble à cela : il est anéanti comme ces cadavres et à vues humaines, il n’y a plus aucun espoir… mais aussi vrai que Dieu est le Dieu de la vie, votre peuple va se relever, comme si ces ossements se recouvraient soudainement de chair, de muscles, de peau, comme si le sang, à nouveau, coulait dans leurs veines. » Dans cette vision, il ne s’agit donc pas encore de résurrection individuelle.
 Et c’est précisément parce que la résurrection d’un corps mort apparaît à tout le monde comme le type même des choses impossibles qu’Ezéchiel prend cet exemple pour annoncer ce à quoi on a bien du mal à croire à savoir le relèvement du peuple d’Israël.
 Isaïe, lui, avait annoncé : « Dieu fera disparaître la mort pour toujours ; le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages, et dans tout le pays, il enlèvera la honte de son peuple. Il l’a dit, lui, le SEIGNEUR » (Is 25, 8). Mais on peut penser qu’il ne parlait pas ici de la mort biologique mais de la mort spirituelle que représente le péché et qui est effectivement la honte de son peuple.
 Bien sûr, après coup, on se dit « Ezéchiel et Isaïe ne croyaient pas si bien dire » : par leur bouche l’Esprit-Saint annonçait beaucoup plus que eux-mêmes n’en avaient conscience.
 On a donc aujourd’hui avec le texte des Martyrs d’Israël une étape beaucoup plus avancée du développement de la foi d’Israël : la découverte de la foi en la résurrection des corps n’a été possible qu’après une longue expérience de la fidélité de Dieu : et alors tout d’un coup, c’est devenu une évidence que le Dieu fidèle, celui qui ne nous a jamais abandonnés, ne peut pas nous abandonner à la mort… quand nous acceptons de mourir par fidélité justement.
 C’est donc une étape capitale sur le chemin de la découverte de Dieu ; mais seulement une étape : une étape provisoire, qui sera, à son tour, dépassée : pour l’instant, on envisage la résurrection seulement pour les justes. Ceux qui sont morts de leur fidélité à Dieu, le Dieu fidèle les ressuscitera. C’est ce que dit le quatrième frère : « Mieux vaut mourir par la main des hommes quand on attend la résurrection promise par Dieu, tandis que toi, tu ne connaîtras pas la résurrection pour la vie éternelle. » Il faudra encore des siècles d’éducation patiente de Dieu pour que la foi en la résurrection des morts soit affirmée sans restriction. Aujourd’hui nous l’affirmons dans le « je crois en Dieu » : « J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir » : cette affirmation, nous la devons entre autres à ces sept frères anonymes (du livre des Martyrs d’Israël) morts en 165 avant Jésus-Christ sous Antiochus Epiphane.
 ——————–
 Note

 (1) – Il semble bien que la toute première affirmation de la Résurrection se trouve dans le Livre du prophète Daniel, écrit précisément au moment de cette terrible persécution d’Antiochus Epiphane : « Beaucoup de gens qui dormaient dans la poussière de la terre s’éveilleront… » (Dn 12, 2-3). Les sept frères se seraient inspirés de lui justement. Le Livre des Martyrs d’Israël (autrement appelé Livre des Maccabées), lui, qui relate cette phase de l’histoire, est plus tardif.

HOMÉLIE DU 32E DIMANCHE ORDINAIRE C

8 novembre, 2013

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/archive/2010/11/02/homelie-du-32e-dimanche-ordinaire-c.html

HOMÉLIE DU 32E DIMANCHE ORDINAIRE C

2 M 7, 1-2, 9-14 ; 2 TH 2, 16 – 3, 5 ; LC 20, 27-38

Il y a beaucoup d’humour dans la Bible et dans les évangiles. Voici donc une femme qui, à la résurrection des corps, se trouve en face des sept hommes qu’elle a eus successivement pour mari. Aujourd’hui, on dirait aussi bien : un homme et sept femmes. Et maintenant, de qui sera-t-elle l’épouse ou sera-t-il l’époux ? Bonne question. Elle est posée à Jésus par des sadducéens, de braves gens, prêtres et laïcs, qui font partie de l’aristocratie sacerdotale conservatrice. Il s’agit donc de croyants et pratiquants, qui s’en tiennent strictement et littéralement à la Loi de Moïse. Par conséquent, ils rejettent toute évolution et tout développement ultérieur de cette Loi qui serait, pour eux, considéré comme une déviation doctrinale.
D’autre part, il y a les pharisiens, c’est-à-dire les « séparés », membres d’une secte juive, extrêmement assidus à l’étude de l’Ecriture Sainte et à l’application de la loi de Moïse dans tous les aspects de la vie quotidienne. Eux, croient en une vie future, en une résurrection. Mais le paradis qu’ils évoquent est encore un paradis terrestre. C’est-à-dire un monde nouveau, mais calqué sur l’ancien. Sauf, qu’il n’existerait plus de souffrances, ni d’ennuis, ni de restrictions. D’où les descriptions enthousiastes d’abondance généralisée, de banquets et de plaisirs de tous genres. Mais que faire pour mériter cette vie de château ? Là, ils retombent dans ce que Paul, un ancien pharisien, dénoncera plus tard : « Les prescriptions juridiques de la Loi de Moïse » (Ep 2, 13-16), c’est-à-dire l’observance scrupuleuse de tous les règlements religieux.
Que répondent les sadducéens quelque peu intégristes ? Si votre résurrection n’est qu’une copie idéalisée de la vie actuelle, on en arrive à des aberrations. Que fera une femme qui a eu sept maris ? ou un homme qui a eu sept femmes ?
Il faudrait savoir ce qu’en pense le nouveau prophète. Est-il fidèle à Moïse ou épouse-t-il les conceptions modernistes et ridicules des pharisiens ? La question qui semblait humoristique est en fait une question piège. Que disait-on à l’époque de Moïse, puis dans une tradition figée : C’est sur terre que Dieu récompense les justes et punit les pécheurs. Si l’homme survit, c’est uniquement à travers sa descendance, ses enfants. D’où, la nécessité et l’obligation d’en avoir absolument. Ce qui explique le strict devoir pour un homme d’épouser la veuve de son frère qui serait mort sans enfant. C’est la Loi. Il n’y a donc ni résurrection ni vie future.
Il faut savoir que dans la conception biblique, l’être humain est un, et indivisible, chair et esprit sont inséparables. C’est l’être humain entier qui vit, c’est l’être humain entier qui meurt.
La conception grecque, qui est souvent la nôtre, est différente. Il y a le corps d’un côté et l’âme de l’autre. Cette âme est enfermée dans la prison du corps et sera libérée par la mort. Mais c’est dans la Bible que l’idée, puis la croyance et finalement la foi en une résurrection, s’est faite et s’est développée progressivement, pour atteindre son point culminant en Jésus Christ.
Voyez d’ailleurs la réponse de Jésus. Il s’appuie sur Moïse et renvoie les adversaires dos à dos. C’est oui à la résurrection, c’est oui à la vie éternelle, mais tout autrement.
Il est donc inutile de laisser courir notre imagination. Impossible de se faire la moindre idée du monde à venir, à partir des réalités temporelles. Ni l’Ecriture, ni même le Fils de l’Homme ne peuvent satisfaire nos curiosités.
Que peut-on dire alors de la résurrection ? Dans l’évangile de Matthieu, Jésus précise que « dans la condition de ressuscité, on ne prend ni femme ni mari, on est comme des anges de Dieu dans le ciel » (Mt 22, 30 ; Mc 12, 25). Il s’agit évidemment d’une image signifiant non seulement qu’ils ne pourront plus mourir, mais surtout qu’ils participeront à la vie même de Dieu. Les héritiers de la résurrection atteindront la communion parfaite avec Dieu. A quelles conditions ? Etre jugé digne. Ce qui suppose un jugement. Quelle sorte de jugement ? La réponse est donnée par Matthieu dans sa grande fresque du jugement dernier.
Il n’empêche que le mystère de la résurrection, car c’en est un, reste inaccessible au raisonnement humain. La vie des ressuscités étant, en d’autres mots, l’expérience de l’amour total qui est le prolongement et l’épanouissement d’un amour, c’est-à-dire d’une relation établie et développée sur terre. Car c’est bien ici-bas que commence la résurrection.
Finalement, tout se résume en un problème de confiance en la Parole du Christ et une ferme espérance en ses promesses. Ce qui doit se traduire par une manière de vivre correspondante.
Mais, savez-vous qu’en 1999 (1), 42 % des Français se disaient persuadés que l’être humain disparaît après la mort… et parmi eux, 20 % de catholiques pratiquants et 9 % qui admettent la réincarnation.
(Quelques années plus tôt, dans les neuf premiers pays de la communauté européenne, un peu plus de 50 % des catholiques disaient croire à une vie après la mort ? Tandis qu’environ 23 % des sondés affirmaient croire à la réincarnation.)
Ainsi, en France, un homme de 40 ans, a prétendu être la réincarnation d’un escargot d’une espèce disparue. Ce qui lui permet de dire que dans une vie antérieure il faisait partie des gastéropodes…
Moi, par contre, dans un instant, je vais vous inviter à proclamer avec moi notre foi en la résurrection.

(1) La Croix, 30/10 – 1/11.04

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008