Archive pour octobre, 2013

DIMANCHE 13 OCTOBRE : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – 2 Rois 5, 14-17

11 octobre, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DIMANCHE 13 OCTOBRE : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

PREMIERE LECTURE 2 Rois 5, 14-17


Le général syrien Naaman, qui était lépreux,
14 descendit jusqu’au Jourdain et s’y plongea sept fois,
 pour obéir à l’ordre du prophète Elisée ;
 alors sa chair redevint semblable à celle d’un petit enfant :
 il était purifié !
15 Il retourna chez l’homme de Dieu avec toute son escorte ;
 il entra, se présenta devant lui et déclara :
 « Je le sais désormais :
 il n’y a pas d’autre Dieu, sur toute la terre, que celui d’Israël !
 Je t’en prie, accepte un présent de ton serviteur. »
16 Mais Elisée répondit :
 « Par la vie du SEIGNEUR que je sers,
 je n’accepterai rien. »
 Naaman le pressa d’accepter, mais il refusa.
17 Naaman dit alors :
 « Puisque c’est ainsi,
 permets que ton serviteur emporte de la terre de ce pays
 autant que deux mulets peuvent en transporter,
 car je ne veux plus offrir ni holocauste ni sacrifice
 à d’autres dieux qu’au SEIGNEUR Dieu d’Israël. »

La lecture de ce dimanche commence au moment où le général Naaman, apparemment doux comme un mouton, se plonge dans l’eau du Jourdain, sur l’ordre du prophète Elisée ; mais il nous manque le début de l’histoire : je vous la raconte : Naaman est un homme important, un général Syrien ; il a fait une très belle carrière militaire en Syrie, et il est bien vu du roi d’Aram (l’actuelle Damas) ; évidemment, pour le peuple d’Israël, il est un étranger, à certaines époques même, un ennemi ; mais surtout pour ce qui nous intéresse ici, il est un païen : il ne fait pas partie du peuple élu. Enfin, plus grave encore, il est lépreux, ce qui veut dire que d’ici peu, tout le monde le fuira ; pour lui donc, c’est une véritable malédiction.
 Heureusement pour lui, sa femme a une petite esclave israélite (enlevée quelque temps auparavant au cours d’une razzia) : laquelle dit à sa maîtresse « Tu sais quoi ? A Samarie, il y a un grand prophète ; lui, pourrait sûrement guérir Naaman. » Dans un cas pareil, on est prêt à tout ! La nouvelle circule vite : l’esclave dit à sa maîtresse, qui dit à son mari Naaman, qui dit au roi d’Aram : le prophète de Samarie peut me guérir. Et comme Naaman est bien vu, le roi écrit une lettre d’introduction à son homologue, le roi de Samarie. La lettre dit quelque chose comme : « Je te recommande mon ami et loyal serviteur, mon général en chef des armées, Naaman ; il est atteint de la lèpre. Je te demande de faire tout ce qui est en ton pouvoir pour le guérir ». (Sous-entendu, envoie-le à ton grand prophète et guérisseur, Elisée, dont la réputation est venue jusqu’à nous). Et là il se passe quelque chose de très intéressant : c’est que, comme bien souvent, on ignore les trésors qu’on a à sa portée… Le roi d’Israël reçoit cette lettre et il ne lui vient pas à l’idée que le petit prophète Elisée est capable de guérir qui que ce soit ! Du coup, il est pris de panique : qu’est-ce qui lui prend au roi de Syrie d’exiger que je fasse des miracles ? Il cherche un prétexte pour me faire la guerre ? ou quoi ?
 Heureusement, en Israël aussi, le bouche à oreille existe. Elisée apprend l’histoire, et il dit au roi : « On va voir ce qu’on va voir… Dis à Naaman de se présenter chez moi… et il va savoir qui est le vrai Dieu ». Naaman se présente donc chez Elisée avec toute son escorte et des cadeaux plein ses bagages pour le guérisseur, et il attend à la porte du prophète ; en fait, c’est un simple serviteur qui entrebâille la porte et se contente de lui dire : « Mon maître te fait dire que tu dois aller te plonger sept fois de suite dans l’eau du Jourdain et tu seras purifié ». C’est déjà un drôle d’accueil pour un général mais en plus, franchement, on se demande à quoi çà rime de se plonger dans le Jourdain : pas besoin de faire un tel voyage ! Des fleuves en Syrie, il y en a et des bien plus beaux que son petit Jourdain…
 Naaman est furieux ! Et il reprend le chemin de Damas. Heureusement, il est bien entouré : ses serviteurs lui disent : « Tu t’attendais à ce que le prophète te demande des choses extraordinaires pour être guéri… tu les aurais faites… il te demande une chose ordinaire… tu peux bien la faire aussi ??? » Au passage, on voit que les serviteurs ont du bon ; la Bible ne manque jamais une occasion de le faire remarquer… En tout cas, dans le cas présent, Naaman les écoute… et c’est là que commence la lecture d’aujourd’hui.
 Donc, Naaman, redevenu quelqu’un comme tout le monde, obéit tout simplement à un ordre tout simple… il se plonge sept fois dans le Jourdain , comme on le lui a dit et il est guéri. C’est tout simple à nos yeux et aux yeux de ses serviteurs, mais pour un grand général d’une armée étrangère, c’est cette obéissance même qui n’est pas simple ! La suite du texte le prouve. Voilà Naaman guéri ; il n’est pas un ingrat ; il retourne chez Elisée pour lui dire deux choses : la première, c’est « Je le sais désormais : il n’y a pas d’autre Dieu, sur toute la terre, que celui d’Israël » … (et un peu plus tard, il ira jusqu’à lui dire : quand je serai dans mon pays, c’est à lui désormais que j’offrirai des sacrifices). Soit dit en passant, l’auteur de ce passage en profite pour donner une petite leçon à ses compatriotes israéliens : quelque chose comme « vous bénéficiez depuis des siècles de la protection du Dieu unique, et bien, dites-vous que les bontés de Dieu sont aussi pour les étrangers et puis, vous que Dieu a choisis parmi tous, vous continuez pourtant à être tentés par l’idolâtrie… cet étranger, lui, a compris bien plus vite que vous d’où lui vient sa guérison ».
 La deuxième chose que Naaman dit à Elisée, c’est je vais te faire un cadeau pour te remercier. Mais Elisée refuse énergiquement : on n’achète pas les dons de Dieu. Décidément Naaman va de surprise en surprise : la première fois qu’il s’est présenté chez Elisée, il avait tout prévu : Elisée le recevrait, le guérirait et en échange, lui, Naaman offrirait des cadeaux dignes de son rang, on serait quittes. Mais rien ne s’est passé comme prévu. Cela inspire trois remarques : premièrement, Naaman n’a même pas rencontré le prophète : car ce n’est pas le prophète qui guérit, c’est Dieu. Deuxièmement, il n’y a pas eu de geste spectaculaire ou magique, mais la chose la plus banale qui soit pour un homme de ces pays-là : se plonger dans le fleuve… et c’est dans ce geste banal fait par obéissance qu’il a rencontré la puissance de Dieu : celui-ci ne nous demande pas des choses extraordinaires, mais seulement notre confiance. Troisièmement, il n’y a pas eu de cadeau de remerciement : la seule manière de manifester à Dieu notre reconnaissance, c’est de reconnaître ce qui nous vient de lui. Quant au prophète, le serviteur de Dieu, il ne demande rien pour lui ; ce que Jésus traduira plus tard : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10, 8).
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 Compléments
 - Le rôle des serviteurs : on a souvent besoin d’un plus petit que soi. Sans les serviteurs, la petite esclave d’abord, ses conseillers ensuite, jamais Naaman n’aurait été guéri. En fait, on aurait dû y penser : pas étonnant que les petits soient les mieux placés pour nous enseigner le chemin de l’humilité.
 - La terre : « Permets que ton serviteur emporte de la terre de ce pays autant que deux mulets peuvent en transporter, car je ne veux plus offrir ni holocauste ni sacrifice à d’autres dieux qu’au SEIGNEUR Dieu d’Israël. » A l’époque du prophète Elisée, la croyance largement répandue chez tous les peuples voisins d’Israël est que les divinités règnent sur des territoires. Pour pouvoir offrir des sacrifices au Dieu d’Israël, Naaman se croit donc obligé d’emporter de la terre sur laquelle règne ce Dieu. (En Israël au contraire, on expérimente déjà depuis plusieurs siècles que Dieu accompagne son peuple sur tous ses chemins.)

HOMÉLIE 28E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

11 octobre, 2013

http://www.homelies.fr/homelie,,3618.html

28E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

DIMANCHE 13 OCTOBRE 2013

FAMILLE DE SAINT JOSEPH

HOMÉLIE  MESSE

La première lecture et l’Évangile présentent des similitudes. Dans les deux lectures, des hommes sont guéris de la lèpre et la relation entre celui qui guérit et le malade est assez semblable. Ainsi, le prophète Élisée ne sort pas au devant du général Syrien Naaman qui vient le solliciter, mais il lui parle de loin ; de même Jésus répond de loin aux lépreux qui sont venus le prier ; une fois guéri, Naaman et le dixième lépreux de l’Évangile retournent sur leur pas en rendant grâce à Dieu qui les sauve.
Mais ce que nous retiendrons surtout est la manière dont la première lecture prépare à recevoir l’Évangile. Naaman nous enseigne en effet qu’obtenir la guérison de Dieu exige l’humilité. Naaman était arrivé imaginant de grandes incantations et s’attendant à des prescriptions spectaculaires. Mais Élisée ne lui a demandé qu’un geste simple : se plonger sept fois dans le Jourdain. La guérison que Dieu donne ne touche que les cœurs humbles, c’est-à-dire les cœurs de ceux qui acceptent de faire la vérité dans leur vie. Naaman a dû découvrir qu’il n’était pas seulement le général de l’armée syrienne mais un homme aimé de Dieu. En outre, la guérison que Dieu donne est gratuite. Il n’y a pas de cadeau à présenter pour dédommager le prophète. On n’achète pas la grâce de Dieu. Notre participation, et ce n’est pas rien, consiste à laisser sa grâce porter tout le fruit de vie que le Seigneur désire pour nous.
Ainsi abordons-nous l’Évangile. Il raconte comment dix lépreux vivaient ensemble, communauté de souffrance veillant avec impatience la venue du Sauveur. Or, le voici qui apparaît à l’entrée du village. Les lépreux s’avancent à sa rencontre mais ils s’arrêtent à la distance que leur impureté impose de respecter et crient vers Jésus. Ils ne se prosternent pas devant lui, la face contre terre, comme on a déjà vu d’autres lépreux le faire dans l’évangile, ils ne font pas non plus de longs discours expliquant leurs années de malheur. Ils appellent simplement Jésus « maître », comme le font les disciples. Ils ne sont pas loin de le regarder comme Dieu. Ainsi, c’est davantage par leur prière que par leur présence qu’ils se rapprochent de Jésus.
« Jésus, maître, prends pitié de nous ! », s’exclament-ils. Ils ne lui demandent rien d’autre que sa pitié, ils veulent être regardés par Jésus et pris en pitié. Cette attitude manifeste une foi digne d’éloges. Ils ont une telle confiance en Jésus qu’ils n’exigent rien. Ils ne demandent pas à être guéris ou à être purifiés. Ils désirent seulement être regardés par leur Seigneur. Jésus entend leur cri et se situe lui aussi sur le plan de la foi. Lui qui a embrassé un lépreux, lui qui a touché les oreilles et la langue d’un sourd-muet, lui qui a pris par la main la jeune fille endormie dans la mort et la belle-mère de Pierre emportée par la fièvre, il ne franchit pas la distance que les dix lépreux marquent. Il ne pose aucun geste, ne leur donne aucune prescription, il n’ordonne pas non plus à la lèpre de les quitter. Il invite seulement ces hommes à aller se montrer aux prêtres.
« En cours de route ». Saint Luc n’en raconte pas davantage. L’évangéliste ne dit pas comment ils se sont quittés, si les lépreux sont partis en hâte. Ils ont obéi, simplement. Grande est leur foi. Se présenter aux prêtres est en effet, selon la Loi de Moïse, constater la réalité de la guérison. Guérison qui n’a été ni demandée ni promise. Tout s’est dit dans l’échange d’un regard de confiance et de foi, dans l’espérance de la miséricorde.
Et les hommes n’ont pas été déçus. Ils ont été purifiés en cours de route.
« L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas en glorifiant Dieu à pleine voix ». Il reconnaît l’intervention de Dieu et lui rend grâce. Il semble désobéir à Jésus puisqu’il ne va pas au temple. Ne jugeons pas trop vite, et disons qu’il ajourne la reconnaissance officielle et réglementaire de sa guérison pour venir glorifier Dieu et enfin se prosterner aux pieds de son sauveur. La barrière qui l’en avait empêché a disparu, enlevée par Dieu lui-même. En outre, l’homme obéit plus radicalement à la demande de Jésus, puisqu’il reconnaît en lui le Grand-Prêtre dont l’offrande purifie l’humanité entière, il voit en Jésus le Temple non fait de mains d’hommes qui manifeste réellement la présence de Dieu parmi les siens. En posant le geste d’adoration qu’aucun des dix compères n’a su poser au début du récit, cet homme est donc le seul qui ait accompli jusqu’à son terme le chemin de foi où Jésus invitait les dix compagnons de misère.
Ce n’est qu’à cet instant où son action de grâce devient adoration, que nous apprenons que cet homme est un samaritain, un étranger. Nous apprenons ainsi que rien ne peut nous empêcher d’être agréable à Dieu, ni notre condition, ni même la maladie. Jésus s’étonne même de ce que les fils de la promesse n’ont pas su rendre gloire à Dieu et reconnaître son irruption dans leur vie. Seul cet étranger manifeste une autre foi que celle des neuf autres, la foi qui permet d’accéder au salut. Pourtant tous ont été guéris. Cela veut dire que la guérison que donne Jésus ne permet pas d’obtenir le salut si elle ne débouche pas vers une authentique action de grâce. Une guérison reçue du Seigneur est vaine si elle n’ouvre pas à une relation nouvelle avec Jésus. Jésus, en effet, ne nous guérit que pour nous permettre d’être pleinement en relation avec lui, car c’est cette relation que la lèpre de notre péché a rompue, c’est cette relation que Jésus est venu restaurer. Jésus a posé un regard de miséricorde sur l’humanité et a décidé de la réconcilier avec son Père des cieux.
En lisant en Église cette page d’Évangile, nous découvrons combien nous sommes concernés par la purification des dix lépreux. Elle ne raconte pas une anecdote du passé, elle explique que la purification du cœur de la lèpre du péché et de la sclérose de la peur, est offerte par Jésus à tout homme qui accepte de se mettre en route dans l’espérance. Le chemin de la guérison est le chemin d’une promesse faite par Dieu de nous attirer à lui et de nous permettre de nous rapprocher de lui dans un acte d’adoration et d’action de grâce. En ce sens, la guérison est toujours en avant de nous sous la forme d’une invitation de Jésus à reconnaître sa présence dans nos vies et à l’accueillir pleinement. Finalement, la guérison est une consécration à Dieu. En revenant vers Jésus, le dixième lépreux est devenu son disciple.
Seigneur Jésus, prends pitié de nous ! Nous nous présentons à toi comme des disciples qui ont faim et soif de mieux te servir, faim et soif de savoir te louer en vérité, en toute humilité. Donne-nous de savoir nous tourner vers toi et de savourer le don que tu nous fais dans l’eucharistie. Elle reproduit et actualise l’œuvre de ton salut. Elle est le sacrement de la guérison dont nous avons besoin. Merci pour ce don de ton amour.

Frère Dominique

Pope John XXIII, election

10 octobre, 2013

Pope John XXIII, election dans images sacrée papa_giovanni_xxiii

http://www.bergamosera.com/cms/2013/03/14/nella-storia-lelezione-di-papa-roncalli-video

 

VENDREDI 11 OCTOBRE 2013 – BX JEAN XXIII, PAPE (261E) DE 1958 À 1963

10 octobre, 2013

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=saintfeast&localdate=20131011&id=4489&fd=0

VENDREDI 11 OCTOBRE 2013 – BX JEAN XXIII, PAPE (261E) DE 1958 À 1963

PAPE (261E) DE 1958 À 1963

SURNOM AFFECTUEUX : « LE BON PAPE »

Le Bienheureux Jean XXIII sera canonisé le 27 avril 2014, IIe dimanche de Pâques et dimanche de la Divine Miséricorde.

Dans le Martyrologe Romain la date de la mémoire est celle de la naissance au ciel (dies natalis) : le 3 juin. Dans les diocèses de Bergame, de Milan et au niveau local, la mémoire est célébrée le 11 octobre : anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II.
Jean XXIII (au siècle : Angelo Giuseppe Roncalli) est né le 25 novembre 1881, à Sotto il Monte près de Bergame, dans une famille nombreuse de milieu modeste. Il entre au séminaire à l’âge de douze ans. Il y suit le cursus ecclésiastique classique.
En 1904, il est ordonné prêtre. Peu après, il est nommé secrétaire de Mgr Giacomo Radini Tedeschi, nouvel évêque de Bergame, et reste à son service jusqu’à la mort de ce dernier en 1914. Pendant cette période, il s’occupe aussi de l’enseignement auprès du séminaire de Bergame.
En 1915, il est incorporé dans le service des santés des armées, avant de devenir aumônier militaire. Après la guerre, il devient directeur spirituel du séminaire de Bergame.
En 1921, il entre dans la Curie romaine, dans la Congrégation pour la propagation de la foi (plus connue sous le nom de Propaganda Fide).
En 1925, Pie XI (Ambrogio Damiano Achille Ratti, 1922-1939) le promut évêque et l’envoie en Bulgarie, terre orthodoxe, en tant que visiteur, puis délégué apostolique. Il occupe ensuite le même poste à Istanbul entre 1935 et 1944, ce qui lui permet de sauver, pendant l’occupation, des victimes du nazisme.
En 1945, il succède comme nonce apostolique de Paris à Mgr Valeri, compromis avec le régime de Vichy. Il règle avec succès le problème des autres évêques compromis avec le régime de Vichy, dont le gouvernement français demandait la substitution. Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) devra accepter seulement les démissions de trois prélats : les évêques de Mende, Aix-en-Provence et Arras.
En 1953, sa carrière diplomatique s’achève, et il retourne à sa première vocation pastorale : il est nommé patriarche de Venise, puis cardinal.
Le 9 octobre 1958 le pape Pie XII vient de mourir. Le cardinal Angelo Roncalli, patriarche de Venise, âgé et malade, se rend à la Cité du Vatican pour participer au conclave qui élira un nouveau pontife. À mesure que le conclave se déroule Roncalli revoit très clairement des images de son passé, comme lorsque, jeune prêtre, il soutenait des ouvriers en grève; ou bien cette fois où, délégué apostolique en Turquie, il a négocié secrètement avec un ambassadeur nazi afin de sauver des juifs arrivant dans les trains bondés; ou encore en France, devant un de Gaulle autoritaire, qu’il a convaincu de ne pas expulser plusieurs évêques contestés.
Au douzième tour du scrutin, le 28 octobre 1958, Angelo Giuseppe Roncalli est élu pape et prend le nom de Jean XXIII : il est couronné le 4 novembre.
On s’attendait à ce qu’il soit un pape de transition sans grand éclat. Mais il surprend le monde entier en convoquant, le 25 janvier 1959, le Concile Vatican II.
Cette démarche audacieuse vers une importante modernisation de l’église vise à assurer que cette institution, l’une des plus vielle au monde, continuera de s’épanouir jusqu’à la fin du 20e siècle et bien au-delà. Il se préoccupe aussi des conflits entre les États-Unis et L’union Soviétique, qui devient de plus en plus pressant. Avec une finesse à laquelle on ne s’attendait pas, il parvient à faire reculer Kennedy et Khrouchtchev qui étaient à deux doigts d’une guerre nucléaire.
Le 11 octobre 1962, le concile, couramment désigné depuis lors sous le nom de « Vatican II », est ouvert. Jean XXIII y prononce un important >>> Discours.
À la fin de la journée d’ouverture du Concile, était organisée une procession aux flambeaux entre le château Saint-Ange et la place Saint-Pierre. Le pape Jean XXIII, attiré par la prière de la foule, était apparu à sa fenêtre, improvisant une allocution connue aujourd’hui comme le >>> Discours à la lune.
Le passage qui a fait éclater les applaudissements est celui de la larme d’un enfant: « En rentrant chez vous, vous trouverez vos enfants. Donnez une caresse à vos enfants, et dites-leur : c’est la caresse du pape. Vous trouverez peut-être quelque larme à essuyer. Ayez une bonne parole pour celui qui souffre : Le pape est avec nous, spécialement aux heures de tristesse et d’amertume ».
Vers la fin de 1962, un cancer de l’estomac est diagnostiqué. Jean XXIII s’efforce cependant de permettre au concile de continuer son travail.
Le 11 avril 1963, il promulgue une encyclique qui est perçue comme étant son testament spirituel : >>> Pacem in Terris. Au-delà du monde catholique elle est adressée à tous les hommes de bonne volonté, fait l’apologie de la démocratie, affirme que la guerre ne peut être un instrument de justice et préconise que ce soit désormais la « loi morale » qui régisse la relation entre les états, prônant la solidarité, la justice et la liberté.
Le 11 mai il reçoit le prix Balzan pour son engagement en faveur de la paix : c’est là sa dernière apparition publique.
Le 28 mai 1963 il est victime d’une hémorragie. À ce moment Radio Vatican transmet chaque jour l’état de santé du Pape en indiquant sa température et son pouls défaillants. Jean XXIII, entre lucidité et inconscience, continue toutefois de tenir son rôle jusqu’aux derniers moments. À l’issu d’une longue agonie il meurt le 3 juin 1963, jour de la fête de la Pentecôte.

Il voulait être un prêtre ordinaire, mais il a changé la face du monde à jamais.

Jean XXIII (Angelo Giuseppe Roncalli)a été inscrit dans le livre des Bienheureux le 3 septembre 2000 par le Souverain Pontife Jean-Paul II.

LE HASARD EXISTE-T-IL ?

10 octobre, 2013

http://www.info-bible.org/legrand/7.10.htm

(Désolé, je n’ai pas lu l’étude , bien que je vais proposer , vous savez : le changement de saison , les rhumes , etc ;)

FERNAND LEGRAND     

LE HASARD EXISTE-T-IL ?

Le texte qui suit est assez long, mais il serait dommage qu’on le raccourcisse. Dans le saint Evangile de Marc au chapitre 15, on lit à partir du verset 6 :
(nous sommes ici au prétoire où Ponce Pilate le magistrat rend la justice. On lui a amené Jésus mais il a déjà compris qu’il était innocent ; il pensait le faire relâcher mais…)
« A chaque fête, il relâchait un prisonnier, celui que demandait la foule.
Il y avait en prison un nommé Barabbas avec ses complices, pour un meurtre qu’ils avaient
commis dans une sédition.
La foule, étant montée, se mit à demander ce qu’il avait coutume de leur accorder.
Pilate leur répondit : Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? (Jésus)
Car il savait que c’était par envie que les principaux sacrificateurs l’avaient livré.
Mais les chefs des sacrificateurs excitèrent la foule, afin que Pilate leur relâchât plutôt Barabbas
Pilate, reprenant la parole, leur dit : Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des Juifs ?
Ils crièrent de nouveau : Crucifie-le !
Pilate leur dit : Quel mal a-t-il fait ? Et ils crièrent encore plus fort : Crucifie-le !
Pilate, voulant satisfaire la foule, leur relâcha Barabbas ; et, après avoir fait battre de verges Jésus, il le livra pour être crucifié.
Les soldats conduisirent Jésus dans l’intérieur de la cour, c’est-à-dire dans le prétoire, et ils assemblèrent toute la cohorte.
Ils le revêtirent de pourpre et posèrent sur sa tête une couronne d’épines qu’ils avaient tressée.
Puis ils se mirent à le saluer : Salut, roi des Juifs !
Et ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui, et, fléchissant les genoux, ils se prosternaient devant lui.
Après s’être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent la pourpre, lui remirent ses vêtements et l’emmenèrent pour le crucifier.
Ils forcèrent à porter la croix de Jésus un passant qui revenait des champs, Simon de Cyrène, père d’Alexandre et de Rufus ; et ils conduisirent Jésus au lieu nommé Golgotha, ce qui signifie : lieu du crâne. Ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de myrrhe, mais il ne le prit pas ».
Nous passons maintenant à l’Evangile de Luc où au chapitre 23 et à partir du verset 33 on lit :
« Lorsqu’ils furent arrivés au lieu appelé Crâne, ils le crucifièrent là, ainsi que les deux
malfaiteurs, l’un à droite, l’autre à gauche.
Jésus dit : Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. Ils se partagèrent ses vêtements, en tirant au sort.
Le peuple se tenait là et regardait. Les magistrats se moquaient de Jésus, disant : Il a sauvé les autres ; qu’il se sauve lui-même, s’il est le Christ, l’élu de Dieu !
Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant et lui présentant le vinaigre, ils disaient : Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même !
Il y avait au-dessus de lui cette inscription : Celui-ci est le roi des Juifs.
L’un des malfaiteurs crucifiés l’injuriait, disant : N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même et sauve-nous !
Mais l’autre le reprenait et disait : Ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis la même condamnation ?
Pour nous, c’est justice, car nous recevons ce qu’ont mérité nos crimes ; mais celui-ci n’a rien fait de mal.
Et il dit à Jésus : Souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton règne
Jésus lui répondit : Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis.
Il était déjà environ la sixième heure, et il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu’à la neuvième heure.
Le soleil s’obscurcit, et le voile du temple se déchira par le milieu.
Jésus s’écria d’une voix forte : Père, je remets mon esprit entre tes mains. Et, en disant ces paroles, il expira.
Le centenier, voyant ce qui était arrivé, glorifia Dieu, et dit : Certainement, cet homme était juste ». (un autre évangile ajoute : « Il était le Fils de Dieu »)
Je ne sais pas si vous croyez au hasard. Moi j’admets qu’il y a des coïncidences parfois surprenantes auxquelles je n’attache pas trop d’importance. Quand on croit en Dieu, on doit davantage parler de Providence que de hasard. Je crois que dans ce monde où, hélas, le mal règne en maître, Dieu a son mot à dire. Et pour le dire, il met les gens dans certaines situations qu’ils n’ont pas recherchées, et qui les obligent au moins une fois dans leur vie, à entendre ce que Dieu veut leur dire.
Je me rappellerai toujours cette aventure qui m’est arrivée dans la ville de Charleroi en Belgique :
C’était un dimanche soir, et le train de 22h.30 devait me ramener à la frontière française par la grande ligne Cologne, Liège, Charleroi, Jeumont-Frontière, Paris. Comme j’avais un peu de temps devant moi, j’ai flâné et je me suis payé une portion de vitrines. J’ai tellement flâné que tout à coup j’ai pris conscience que l’heure du départ était arrivée. J’ai piqué un sprint qui aurait laissé Carl Lewis, le recordman du monde du 100 m, béat d’admiration. Arrivé en trombe dans le hall de la gare, je suis arrivé juste à temps pour…. rater mon train ! Ah ! Ce que j’ai pu pester contre ce mauvais coup du sort, pensais-je, qui m’obligeait à attendre l’express qui arrivait de Cologne à minuit et quart. J’avais plus d’une heure et demie à attendre. Je suis retourné un peu en ville et je suis revenu dans la salle des pas perdus, (oh ! que c’est bien dit, la salle des pas perdus). Il était très tard et il n’y avait presque plus personne. Je me suis dit : « Je vais essayer de parler de l’Evangile à quelqu’un ».
Mais à qui ? Il n’y avait guère que deux dames, l’une âgée, l’autre un peu moins, qui allaient prendre le même train. On a parlé, causé un peu. Je mettais mes méninges à la torture pour savoir comment j’allais leur parler de Jésus, de l’Evangile, de la Bible.
Alors que nous évoquions les tristes événements de l’actualité, la plus jeune des deux dames dit : « Monsieur, moi je sais qu’il y aura encore des guerres, car j’ai une Bible et la Bible le dit ».
Fantastique ! Moi qui essayais d’avoir le contact, le contact était là, tout préparé, ouvert comme un boulevard. Je me suis trouvé devant une dame vaguement protestante. Elle avait une Bible qu’elle lisait à l’occasion ; elle m’avait sorti cette phrase comme on dit « servie sur un plateau ».
Je me suis dit : c’est l’occasion ou jamais de leur parler de la Bonne Nouvelle. Alors j’ai dit : « Mesdames, on ne va pas parler ici debout, allons dans la salle d’attente où il y a des bancs ». Le temps passait. On s’est assis sur un banc, je retire ma Bible de poche, je l’ouvre pour leur en parler. A ce moment-là le garde de salle vient et crie : « Les voyageurs pour Jeumont, Paris passent sur le quai ! »
Je remets ma Bible en poche et, galamment, je m’offre à porter l’une des valises de ces dames, y compris mon attaché-case. Nous passons au contrôle des billets, et de là sur le quai. Sous une lumière diffuse je sors ma Bible car la plus âgée insistait pour que le parle des prophéties. J’allais leur citer quelques textes de l’Ecriture, mais au moment où j’ouvre ma Bible, le haut-parleur crie : « Attention, l’express entre en gare ! ». Je remets ma Bible en poche. On attend un peu et voilà l’express qui arrive. Je reprends les valises de ces dames, j’entre dans un compartiment, je les installe, l’express démarre. Il n’y avait qu’une demi-heure de voyage.
Je retire ma Bible, je commence… Le contrôleur passe : « Les billets, s’il vous plaît ! » Je donne le billet et il me dit : « Monsieur, vous êtes en première classe avec des billets de deuxième classe. Il faut changer de wagon… » Ah !…
Je remets ma Bible en poche. Je voulais parler de l’Evangile, mais dans ce wagon il y avait un voyageur invisible, le Prince des Ténèbres qui ne voulait pas que j’en parle et qui faisait tout pour s’y opposer. N’est-il pas notre ennemi à tous, qui ne veut pas que nous soyons sauvés ? Je prends à nouveau les valises et nous nous faufilons le long des couloirs, jusqu’à ce qu’on trouve un wagon de deuxième classe.
Un quart d’heure s’était passé ; il me restait un quart d’heure. Dans ce court laps de temps j’ai pu parler à une dame qui, tout en ayant une religion, une bonne religion, une bonne moralité certainement, était une femme qui ne connaissait pas le salut. Elle ne savait pas ce qu’il fallait faire pour aller au ciel. J’ai pu, le temps d’un petit quart d’heure, lui parler de l’essentiel du salut tel qu’en parle l’Evangile, car je sentais que cette dame buvait ces paroles. Je n’ai même pas eu le temps de prendre son nom, son adresse, de lui dire que je reprendrais contact avec elle. Elle partait pour Paris et de là dans le Midi. Je suis descendu du train à la frontière, et c’est ainsi que, au hasard d’un train manqué, Dieu m’avait permis de parler de l’Evangile à une personne que probablement je ne reverrais jamais, mais que je crois rencontrer un jour dans le ciel.
Dieu nous parle ainsi au hasard d’un train manqué, d’un programme radiophonique évangélique sur les ondes, qui tout à coup nous interpelle et parle à notre cœur, au hasard d’un traité qu’on trouve sous la porte, au hasard d’une invitation d’un ami, d’une amie qui nous invite à une conférence du genre de celle qui est reproduite sur le livret que vous lisez en ce moment.
Dans le récit que nous allons développer, nous trouvons trois « hasards » trop bien agencés pour être l’œuvre d’un hasard aveugle.
Le premier hasard, c’est celui de Simon de Cyrène
Comme son nom l’indique, Simon de Cyrène était originaire de la Cyrénaïque en Lybie, en Afrique du nord où il y avait une colonie juive. Simon était ce qu’on appellerait aujourd’hui un « émigré » ; 1300 kms environ le séparaient de Jérusalem.
Et voilà que nous le trouvons à Jérusalem où il était revenu. Comment ? Pourquoi ? Nous ne le savons pas. Mais sans doute assez définitivement car il avait acquis un champ qu’il cultivait. La fête de Pâques approchait. Ce matin-là il s’était levé très tôt pour travailler son champ avant la chaleur du jour, et vers les huit heures, huit heures et demie, il s’est dit : « Assez fait pour aujourd’hui ».
Pourquoi s’est-il arrêté à ce moment-là et pas dix minutes plus tôt ou dix minutes plus tard ? Pourquoi en rentrant chez lui a-t-il pris cet itinéraire-là ? Pourquoi celui-là plutôt qu’un autre ? Il aurait pu faire un petit crochet, prendre le chemin le plus court, emprunter telle ruelle plutôt qu’une autre ? Mais non, il est passé par-là et, par hasard, il est tombé nez à nez avec un cortège étrange ; un cortège de condamnés à morts entourés de soldats romains et d’une grande foule de gens qui suivaient. Et comme l’un des trois condamnés, portant sa croix trop lourde, semblait épuisé et incapable de poursuivre son chemin, un des soldats romains qui devait l’aider à porter sa croix, n’a rien trouvé de mieux que de réquisitionner le premier passant ; et le hasard a voulu que ce soit Simon de Cyrène qui passait par-là.
Ah ! Qu’il a dû la trouver saumâtre ! Imaginez que pendant la guerre, les armées d’occupation nous aient obligés à dépanner un de leur camion embourbé dans une fondrière. Non ! Le flanquer dans le fossé, oui ! Mais l’en sortir, surtout pas ! Eh ! bien c’était un peu ça. Le Romain, c’était l’occupant ; c’était l’ennemi détesté. Ah ! Ce qu’il a dû maugréer, ce Simon de Cyrène. Des milliers, 100 000, 200 000 habitants ou plus à Jérusalem, et c’était sur lui, et sur lui tout seul que ça tombait !
Mais comme son dépit a dû se changer en étonnement et puis son étonnement en reconnaissance, car seul d’entre tous les habitants de Jérusalem, il a eu l’honneur de porter la croix de Jésus. Cet honneur aurait dû échoir à Pierre, mais Pierre avait renié. Ou à Jean, mais Jean suivait de loin. Ou à Judas, mais Judas avait trahi. Alors Dieu a appelé un homme de 1300 kms plus loin pour qu’il portât la croix de son Fils. Ah ! comme on comprend mieux cette parole qui dit : « Il en viendra de l’Orient, de l’Occident, du nord et du sud qui seront à table au festin du Royaume de Dieu et les ayants droit en seront exclus ».
Vingt siècles ont passé depuis ces événements, et les noms des centaines de milliers de gens qui vivaient à Jérusalem ont sombré dans l’oubli des générations qui passent ; mais deux mille ans d’histoire ne sont pas arrivés à faire oublier cette heure où les pas de Simon ont croisé ceux du Fils de Dieu.
Vous demanderez peut-être : « Simon de Cyrène a-t-il été sauvé ? » Ce qui me le fait penser, ce n’est pas parce qu’il a porté la croix de Jésus-Christ. Non, on n’est pas sauvé en faisant des chemins de croix, ou en se flagellant, ou en se mortifiant comme certains pensent devoir le faire. Non, ce n’est pas ainsi que l’ont est sauvé. Si Simon est entré dans le salut, ce n’est pas davantage l’effet du hasard, mais au fait qu’il a cru en la mort expiatoire de Celui dont, bien à contrecœur, il avait porté la croix ce jour-là. Il n’est dit nulle part que Simon s’est converti, mais ce qui me porte à le croire c’est que ses deux fils, Alexandre et Rufus, étaient bien connus des premiers chrétiens dont ils partageaient la foi. Et d’où tenaient-ils leur foi, sinon de celui avait été lié de si près au grand drame du calvaire et qui y avait cru ?…
Le 2è hasard est celui du brigand repentant
Trois hommes attendaient dans leur cellule le moment de leur exécution ; trois gibiers de potence qui allaient expier leur dette envers la société. Un tribunal romain les avait condamnés, non pas la guillotine ou à la corde, mais à l’affreux supplice alors en vigueur, la crucifixion.
Qui racontera ce que fut leur dernière nuit ? Ils sont sans recours, sans Dieu, sans espérance pour l’Au-delà qui frappe à la porte. Ils n’ont devant eux que les souffrances atroces et interminables de la croix et la perdition éternelle pour leur âme.
Mais il va se produire un détail imprévu, qui remplira d’amertume deux d’entre eux et de joie le troisième. Le plus coupable des trois, un nommé Barrabas, est sorti de prison pour s’entendre dire : « Barrabas, tu es libre, quelqu’un t’a remplacé ». Les deux autres ont dû penser : « Voilà bien la justice des hommes, c’est le plus coupable qu’on gracie ! ». Mais ils ignoraient qu’en vertu de ce « hasard », la grâce divine faisait briller sur leur sombre chemin la lumière du salut, ce qui ne serait pas arrivé sur Barrabas s’il était resté avec eux. En plus, pourquoi ont-ils subi leur peine le même jour que le Seigneur ? Cela aurait pu être quelques jours avant ou quelques jours après ; mais non, c’était ce jour-là.
Ces deux hommes n’ont pas été sans observer le nouveau venu. Comme ils l’ont trouvé différent d’eux !
Eux ils maudissaient, injuriaient et blasphémaient ; Lui était comme une brebis muette, sans amertume ni révolte.
Ils ont entendu sa réponse aux femmes qui pleuraient en le suivant : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi… » Ils ont entendu les allusions moqueuses à sa royauté, ce qui était le motif de sa condamnation : être le Roi des Juifs, selon ce que disait l’écriteau ?
Pourquoi portait-il sur le front une couronne d’épines qui faisait des coulées le sang sur son visage ?
Eux ont bu le vin que, par un sursaut d’humanité, on leur offrait comme un semblant d’anesthésie aux cruelles souffrances qui allaient suivre, mais Lui a refusé d’en prendre.
Ils ont entendu crier : « Il a sauvé les autres, qu’il se sauve lui-même… »
Mais surtout ils l’ont entendu prier comme jamais ils n’avaient entendu personne prier, et avec des accents inconnus d’eux : « Père, pardonne-leur, ils ne savent ce qu’ils font.. ».
Dans ces deux brigands se sont passées des réactions différentes qui se retrouvent partout dans le monde d’aujourd’hui : L’un continue à injurier et dit : « N’es-tu pas le Christ ? sauve-toi toi-même et sauve nous ! » Il croit en Christ (si toutefois c’est croire que de mettre un SI devant sa prière) mais tout ce qu’il voit dans le Sauveur c’est tout juste le moyen de sauver sa peau. Pour cet homme, Jésus-Christ c’est la bonne occasion pour tout de suite. Il voit en lui celui qui peut sauver son corps de la souffrance, mais pas son âme de l’enfer. Il n’y a pas de repentance en lui. Tout ce qu’il regrette, c’est de s’être fait prendre et s’il s’en sort il se promet d’être plus malin la prochaine fois.
Jésus n’a aucune réponse à lui proposer. Qu’en est-il de nous ? Jésus n’est-il là que pour nous servir de lui, ou sommes-nous là pour que nous le servions ?
Par contre, quel revirement chez l’autre condamné. Ecoutez ce que nous en a rapporté le médecin Luc dans le chapitre 23 de son évangile. Au verset 39 nous lisons : « L’un des malfaiteur crucifié l’injuriait, disant : N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même et sauve-nous ! Mais l’autre le reprenait et disait : Ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis la même condamnation ? Pour nous c’est justice, car nous recevons ce qu’ont mérité nos crimes ; mais celui-ci n’a rien fait de mal. Et il dit à Jésus : Souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton règne. Jésus lui répondit : Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ». En somme,

Il reprend l’injustice de son compagnon.
Il éprouve la crainte de Dieu qui, selon Proverbes 8 :13 est la haine du mal.
Il se reconnaît coupable, et que Jésus ne l’est pas.
Il reconnaît en lui, celui qui ressuscitera et régnera sur le monde.
Il lui adresse le S.O.S. de son âme.
Il ne demande rien pour son corps, rien pour le présent, mais tout pour l’avenir et pour son âme.
Voyez, détaillée, la réponse du Seigneur :

En vérité, en vérité… Quelle certitude !
Aujourd’hui…  Quelle promptitude !
Tu seras avec moi…  Quelle compagnie !
Dans le paradis…  Quelle éternité !
Un dernier mot sur ce deuxième homme : Ce n’est pas le hasard qui l’a sauvé, puisque le premier malfaiteur a bénéficié des mêmes circonstances. Ce qui sauve, c’est la repentance et la foi que cet homme a mis dans celui-là seul qui pouvait le sauver.

Le 3è hasard est celui du centenier romain
Cet homme était venu de son Italie lointaine. Il avait assez bien réussi dans la vie ; il avait accédé à un grade honorable dans l’armée et avait cent hommes sous ses ordres.
Et voici que le hasard du devoir militaire le met à la tête d’une petite troupe de soldats, formés pour la sinistre besogne d’exécuter les condamnés à mort. C’était là une corvée dont il se serait bien passé. Pendant des jours, son esprit allait repasser les scènes atroces dont il était chargé de surveiller la bonne exécution.
Ce jour-là il conduisit trois prisonniers que la justice livrait aux bourreaux. Pour lui il s’agissait de trois brigands qui ne méritaient aucune pitié. Mais comme l’un d’eux a dû lui paraître étrange… On lui avait remis un écriteau en trois langues qui indiquait le motif de sa condamnation, s’être dit Le Roi des Juifs. Etait-ce un vrai roi qu’il conduisait au supplice ? Sa conduite en tous cas ne lui paraissait pas être celle d’un brigand. Malgré son abattement physique, une telle noblesse se dégageait de lui que l’inscription qu’il avait en main s’harmonisait parfaitement à la personne à qui elle s’appliquait. Son langage, son attitude, jusqu’à son regard, tout trahissait qu’il n’était pas un homme ordinaire. L’écriteau fut appliqué sur la croix et le roi le fut aussi.
Il était neuf heures du matin. Jusqu’à midi, tandis qu’il montait la garde, il eut tout le loisir de méditer sur la chose. Tout à coup, vers midi, alors que le soleil était à son zénith, la clarté du jour devint étrangement diffuse ; une pénombre mystérieuse envahissait la terre ; la lumière était absorbée par les ténèbres. Dans cette obscurité il écouta les paroles échangées entre le malfaiteur et le Roi. Ces ténèbres contre nature qui l’entouraient, ces paroles d’ineffable assurance qu’il entendait, cet homme tellement divin qui le dépassait et l’émoi de son âme qui l’étreignait, firent qu’il se rapprocha de la croix centrale au moment où Jésus, ayant remis son esprit entre les mains du Père et ayant poussé un grand cri, expira. Ce centenier fut le témoin le plus rapproché de la mort de Jésus. Je ne sais pas ce qu’il vit, mais ce qu’il vit le bouleversa tellement que, au moment où la terre trembla, son cœur aussi trembla et il ne put retenir ce cri : Assurément cet homme était Fils de Dieu ! (Matt.27 :54). Dans ces ténèbres tragiques, de la façon mystérieuse dont le cœur se donne, son cœur s’était donné à Jésus-Christ car la Bible dit que personne ne peut dire en toute vérité que Jésus-Christ est Seigneur sinon par le Saint-Esprit.
Ce qu’il nous faut maintenant savoir, c’est que Jésus-Christ n’est pas seulement mort pour Simon de Cyrène, pour le deuxième larron, pour le centenier romain, mais qu’il est aussi, et surtout, mort pour nos péchés, pour nous sauver, nous.
Si donc trois « hasards », trois concours de circonstances ont amené ces trois hommes au salut, à combien plus forte raison ne devriez-vous pas être sauvés, vous qui lisez ces pages, sachant d’avance qu’en les lisant elles vous feraient entendre le message du salut.
Amis qui lisez ces lignes, si je pouvais prendre votre main et la mettre dans celle du Sauveur, je le ferais.
Si je pouvais prendre à votre place la décision de vous convertir, je le ferais.
Mais cette décision vous appartient, personne ne peut la prendre à votre place, vous devez la prendre pour vous-même d’une façon toute personnelle.
Tandis que vous arrivez au terme de cette lecture, venez à Jésus-Christ, qui peut vous entendre et vous répondre parce qu’il est ressuscité, et dites-lui dans une courte prière silencieuse mais vraie :
Seigneur, tu as sauvé Simon, tu as sauvé le brigand, tu as sauvé le centenier, tu en a sauvé tant d’autres depuis… Seigneur, sauve-moi en cet instant ; je veux t’ ppartenir et te suivre jusqu’au bout. Amen !

Icon of the Apostles Creed

9 octobre, 2013

Icon of the Apostles Creed dans images sacrée dans images sacrée

http://sacredlibrary.wordpress.com/2013/08/27/icon-of-the-apostles-creed/

LES PSAUMES DE PÉNITENCE

9 octobre, 2013

http://www.spiritualite-chretienne.com/misericorde/reconciliation-07.html

LES PSAUMES DE PÉNITENCE

La tradition de l’Eglise connaît six « Psaumes de pénitence » ; chacun d’eux exprime, en une prière, le processus du péché, de l’aveu et du pardon :

Ps. 6 : Seigneur, guéris-moi
          « Reviens, Yahvé, délivre mon âme,
          sauve-moi, en raison de ton amour… »
Ps. 32 (31) : j’ai confessé ma faute
          « J’ai dit : J’irai à Yahvé
          confesser mon péché… »
Ps. 38 (37) : la conversion silencieuse
          « Ma faute, oui, je la confesse,
          je suis anxieux de mon péché… »
Ps. 51 (50) : le cœur nouveau
          « Pitié pour moi, Dieu, en ta bonté,
          en ta grande miséricorde efface mon péché… »
Ps. 102 (101) : le temps est court
          « Yahvé, entends ma prière,
          que mon cri vienne jusqu’à toi… »
Ps. 130 (129) : des profondeurs je crie vers Toi
          « Si tu retiens les fautes, Yahvé,
          Seigneur, qui subsistera ? »
Ps. 143 (142) : la résurrection : tu me feras vivre (v. 11-12).
          « Détruits tous les adversaires de mon âme,
          car moi je suis ton serviteur. »

Voyons deux de ces Psaumes plus en détail, qui expriment de manière pénétrante le processus du péché, de la contrition, de la confession et du pardon : les Psaumes 50 et 31.

Le constat :

Pitié pour moi, Dieu, en ta bonté,
en ta grande miséricorde efface mon péché,
lave-moi tout entier de mon mal
et de ma faute purifie-moi.
Car mon péché, moi, je le connais,
ma faute est devant moi sans relâche ;
contre toi, toi seul, j’ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.
Ps 51 (50), 2-6

Ote mes taches avec l’hysope, je serai pur ;
lave-moi, je serai blanc plus que neige.
Rends-moi le son de la joie et de la fête :
qu’ils dansent, les os que tu broyas !
Détourne ta face de mes fautes,
et tout mon mal, efface-le.
Ps 51 (50), 9-11

L’attente qui ronge :

Je me taisais, et mes os se consumaient
à rugir tout le jour ;
la nuit, le matin, ta main
pesait sur moi ;
mon cœur était changé en un chaume
au plein feu de l’été.
Ps 32 (31), 3-4

La contrition :

Le sacrifice à Dieu, c’est un esprit brisé ;
d’un cœur brisé, broyé, Dieu, tu n’as point de mépris.
Ps 51 (50), 19

L’aveu et le pardon :

Ma faute, je te l’ai fait connaître,
je n’ai point caché mon tort ;
j’ai dit : J’irai à Yahvé
confesser mon péché.
et toi, tu as absous mon tort,
pardonné ma faute.
Ps 32 (31), 5

La délivrance :

Tu es pour moi un refuge,
de l’angoisse tu me gardes,
de chants de délivrance tu m’entoures.
Ps 32 (31), 7

La joie du pécheur pardonné :

Heureux qui est absous de son péché,
acquitté de sa faute !
Ps 32 (31), 1

Et la joie au Ciel :

« C’est ainsi, je vous le dis, qu’il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes, qui n’ont pas besoin de repentir. »
Lc 15, 7

LA JOIE, LA FOI, LA CROIX : SAINTETÉ SACERDOTALE

9 octobre, 2013

http://www.diocese-frejus-toulon.com/La-joie-la-foi-la-Croix-saintete.html

LA JOIE, LA FOI, LA CROIX : SAINTETÉ SACERDOTALE

 LE LUNDI 25 MARS 2013

A l’occasion de la messe chrismale, célébrée le 25 mars 2013 en la cathédrale Sainte-Marie de la Seds à Toulon monseigneur Dominique Rey a donné l’homélie reproduite ci-après. Voir aussi, au bas de l’article, la vidéo enregistrée par Cançao Nova au cours de la Messe qui a regroupé près de 200 prêtres, 20 diacres, de nombreux consacrés et fidèles.

Chers frères dans le sacerdoce,
En ce début du troisième millénaire, nous nous trouvons dans une époque d’autant plus incertaine que nous traversons des métamorphoses profondes, inédites et ambivalentes qui font à la fois espérer le meilleur et craindre le pire. Avant de trouver des réponses à ces défis, il faut au préalable séjourner dans les paradoxes que suscitent ces bouleversements.

J’en cite quelques uns :
- 1 – Alors que l’Evangile parle de croissance du Royaume, en Europe, nous subissons de plein fouet comme une éradication du christianisme et son décrochage numérique.
- 2 – Comment évangéliser des nations qui ont déjà été évangélisées ? Le christianisme fait plus souvent office de souvenir que de promesse.
- 3 – Comment transmettre le message évangélique énoncé par écrit à une culture de l’image ? Comment passer du dire au voir ?
- 4 – Dans un monde de flux et de réseaux, de mobilité permanente, comment signifier la logique de l’incarnation,
- 5 – Comment parler de la grâce alors que prévaut l’auto-suffisance et le refus de la transcendance ?
- 6 – Face au diktat de la performance et de la réussite, quelle place accorder à la précarité, à la souffrance, à la défaillance, alors que c’est le chemin par lequel Jésus a révélé sur le Golgotha la grandeur de son amour ?
- 7 – De quelle manière accéder à l’intelligence de la foi, à une démarche argumentée alors que la pensée se fait parcellaire, mimétique, que prime l’émotion et le ressenti ?
- 8 – Comment la quête légitime d’identité chrétienne peut-elle ne pas se traduire en repli identitaire ?
- 9 – Comment façonner la communion dans un contexte marqué par la diversité « affinitaire » et l’individualisme ?

Chers frères, avant que d’imaginer des solutions « clés en main », pour répondre à ces défis, ou bien de camper dans des postures spiritualisantes ou nostalgiques du passé idéalisé, la foi nous invite à faire œuvre de discernement spirituel par rapport à ces paradoxes. Je soulignerai quelques lieux de ce discernement :

- A – Ce discernement consiste d’abord à épouser le regard de Dieu sur le monde, sur l’Eglise et sur nous-mêmes. C’est à l’intérieur de ce regard que notre action trouve sa pertinence et sa fécondité, et que nous avons une chance de ne pas intervenir à contretemps. Ce regard aimant de Dieu convertit le nôtre. C’est le regard du père prodigue de l’évangile de Luc, c’est le regard du pasteur qui part à la recherche de la brebis égarée. Le regard de Dieu est fait d’attention, d’espérance, de confiance, de sollicitude, de résilience. Ce regard nous apprend à recevoir le temps de Dieu et à inscrire notre action dans ce que l’Esprit est déjà en train d’accomplir au cœur du monde.
Ce « presque rien » (Jankelevitch), du passage par Dieu, fait de nous des veilleurs, des sentinelles au cœur de notre monde. On n’évangélise pas notre monde de l’extérieur, mais à l’intérieur de ce regard aimant de Dieu qui réclame le silence, la prière, l’adoration et l’intelligence de la foi comme préalable à toute action, alors même que notre tempérament et la culture technicienne de notre temps nous pousseraient à l’engagement dans l’urgence. Le vrai défi du prêtre, du chrétien, c’est de ne pas se laisser consumer par l’action, c’est de s’affranchir de la prégnance de l’immédiat, c’est consentir au primat de la grâce, c’est conquérir un espace intérieur où l’on peut « sentir et goûter les choses intérieurement » (Ignace de Loyola), où l’on décrypte les signes des temps, où on laisse Dieu « devenir Dieu en soi » (Maître Eckhart) car on ne parle avec justesse que de ce que l’on vit intérieurement. C’est à partir de ce regard théologal que le chrétien s’adresse au monde.
- B – Un autre critère de discernement de notre engagement, c’est l’exemplarité. Notre cohérence de vie mesure notre crédibilité missionnaire. Cette cohérence relève d’une unification de soi à partir de l’Evangile et à la suite du Christ portant sa Croix. C’est en raison de ce que Dieu a fait en nous, c’est à cause de ce que Dieu a fait de nous, que nous tenons la preuve de son existence et de sa miséricorde, que se rend palpable la puissance transformante de son amour. Le témoignage que nous avons à rendre relate une expérience fondatrice, une rencontre à la fois personnelle et communautaire avec Dieu. Ce témoignage est signe de contradiction et d’espérance. Ce témoignage (s’il est persuasif sans être racoleur) entraîne les autres par l’élan démonstratif qui le traverse.
- C – Le témoignage de la vérité constitue un 3ème lieu de discernement, alors que prévaut la dictature du relativisme. En effet, le témoignage de vie doit embrayer sur le témoignage de la vérité, sinon il risque de ramener l’autre à soi, et non pas au Christ. Ce témoignage s’énonce dans l’attestation joyeuse, mais aussi dans le dialogue de raison.
Le futur pape François invitait, il y a quelques mois, à retrouver un langage simple, dépouillé (franciscain), une parole humble, avec un cœur brûlant afin d’ouvrir l’accès de notre monde de Dieu.
« Il ne suffit pas que notre vérité soit orthodoxe et notre action pastorale efficace. Sans la joie de la beauté, la vérité devient impitoyable, froide et orgueilleuse, ce que nous voyons dans le discours de nombreux fondamentalistes amers. » (card. Jorge Mario Bergoglio – Homélie de la messe chrismale, 21 avril 2011).
- D – Il y a a un 4ème critère de discernement, c’est que la foi se dit au monde par des mots, mais elle s’inscrit aussi dans la chair de ce monde par des signes. Le prêtre est homme de parole (de la Parole), mais aussi homme des sacrements. « Il signifie » au sens étymologique du terme. Manger, se baigner, se parfumer… autant de gestes domestiques que l’Eglise par sa liturgie a convertis, investis, exhaussés en attestation du Salut. Ces signes humbles dans leur matérialité, sont porteurs de la grâce sanctifiante de Dieu. Ils sont devenus des signes doxologiques, mystagogiques, eschatologiques… Et ils font de la liturgie la pédagogie la plus complète de la foi.
La foi s’énonce, non seulement à partir des signes sacramentels mais aussi par le signe que représente une communauté chrétienne rassemblée dans la charité, au nom de Jésus. Déjà, en 1969, le cardinal Ratzinger, convaincu que l’Eglise traversait une période chaotique semblable à celle des Lumières et de la Révolution française, invitait l’Eglise devenue minoritaire à adopter une posture évangélique et prophétique de résistance spirituelle et intellectuelle. Je le cite : « Nous sommes à un tournant considérable de l’évolution de l’humanité. Un moment à côté duquel le passage du Moyen Age à l’époque moderne semble presque insignifiant. Mais de la crise actuelle, poursuivait-il, émergera une Eglise dépouillée. Elle deviendra plus petite et devra plus ou moins recommencer comme à l’origine. Avec la diminution des fidèles, elle perdra aussi de nombreux privilèges sociaux. Elle renaîtra autour de petits groupes, et de mouvements minoritaires qui remettront la foi au centre de leur espérance. Ce sera une Eglise plus spirituelle, renonçant à toute prétention politique. Pauvre, elle redeviendra l’Eglise des nécessiteux. »
- E – La nouvelle évangélisation nous expose enfin à un 5ème discernement, celui de nous positionner sur le nouveau périmètre de notre monde, sans qu’on dispose toujours d’itinéraires balisés pour l’investir. La postmodernité prétend abolir les frontières : entre les peuples, par la mondialisation ; entre les sexes, par le gender ; entre le profane et le sacré, en revendiquant une laïcité d’exclusion. En réalité, la postmodernité érige une nouvelle frontière, celle formée par le territoire de l’ego : Dans notre « société liquide » (Zygmunt Bauman), l’individu est institué nomade, sans boussole et auto-référé, et il s’arroge le droit de bâtir un nouvel ordre mondial et un droit à la mesure de lui-même : le droit de fabriquer la vie et de cesser de vivre, le droit de se marier avec qui il veut, d’adopter des enfants qu’il se choisit… L’individu s’en remet à l’Etat pour qu’il légitime ses revendications narcissiques. Et l’Etat, devenu autiste, n’est plus au service du bien commun, mais à la solde des lobbys et il organise les ruptures anthropologiques, malgré l’exaspération de la rue qui voit rajouter à la crise économique actuelle une crise sociétale et morale majeure.
Il nous faut inventer de nouvelles formes de proximités à notre société, là où elle se fissure, là où elle guette des raisons d’espérer, là où le monde attend l’annonce explicite du salut par le témoignage de la fraternité. Récemment, un SDF me disait : « La tragédie pour moi n’est pas de manquer de tout, mais de ne compter pour rien, et de ne pouvoir compter sur personne. »
Chers Frères dans le sacerdoce, nous devons aborder la mission que l’Eglise nous confie avec courage et humilité. Le monde attend de nous un triple message : celui de la joie, la joie d’être au Christ, la joie de Le porter au monde ; celui de la foi vécue dans l’Eglise en laquelle s’enracine notre apostolat ; celui de la Croix. Au cours de sa messe d’installation à Rome, le pape François invitait tous les chrétiens à faire le choix de la Croix. « Ayons le courage, vraiment le courage de marcher en présence du Seigneur, avec la Croix du Seigneur, d’édifier l’Eglise sur le sang du Seigneur versé à la Croix, de confesser la gloire du Christ crucifié. »
La joie, la foi, la Croix. Notre sainteté sacerdotale (notre fécondité ministérielle) sera de mettre en œuvre ce triptyque, là où Dieu nous a placés.

+ Dominique Rey
Cathédrale Notre Dame de la Seds
25 mars 2013
Merci de ne pas reproduire sans un accord préalable et sans citer la source par la publication d’un lien explicite au site

6 octobre: St Bruno, fondateur des Chartreux (1030-1101)

8 octobre, 2013

6 octobre: St Bruno, fondateur des Chartreux (1030-1101) dans images sacrée
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=saintfeast&localdate=20131006&id=7079&fd=0

LES DEUX INFINIS – BLAISE PASCAL, LES PENSÉES

8 octobre, 2013

http://www.bacdefrancais.net/pascal-deux-infinis.php

LES DEUX INFINIS

BLAISE PASCAL, LES PENSÉES

INTRODUCTION

L’œuvre Les Pensées, constituée de notes et fragments publiés à titre posthume, était destinée à la grande Apologie de la religion chrétienne à laquelle Pascal se consacra pendant les dernières années de sa vie. Dans cet extrait, l’objectif de ce célèbre auteur classique du 17ème était de ramener les incroyants à la religion en humiliant la raison de l’Homme et en effrayant son imagination.

LECTURE DU TEXTE

Que l’homme contemple donc la nature entière dans sa haute et pleine majesté, qu’il éloigne sa vue des objets bas qui l’environnent. Qu’il regarde cette éclatante lumière, mise comme une lampe éternelle pour éclairer l’univers, que la terre lui paraisse comme un point au prix du vaste tour que cet astre décrit et qu’il s’étonne de ce que ce vaste tour lui-même n’est qu’une pointe très délicate à l’égard de celui que les astres qui roulent dans le firmament embrassent. Mais si notre vue s’arrête là, que l’imagination passe outre; elle se lassera plutôt de concevoir, que la nature de fournir. Tout ce monde visible n’est qu’un trait imperceptible dans l’ample sein de la nature. Nulle idée n’en approche. Nous avons beau enfler nos conceptions au-delà des espaces imaginables, nous n’enfantons que des atomes, au prix de la réalité des choses. C’est une sphère dont le centre est partout, la circonférence nulle part. Enfin, c’est le plus grand caractère sensible de la toute puissance de Dieu, que notre imagination se perde dans cette pensée.
Que l’homme, étant revenu à soi, considère ce qu’il est au prix de ce qui est; qu’il se regarde comme égaré dans ce canton détourné de la nature; et que de ce petit cachot où il se trouve logé, j’entends l’univers, il apprenne à estimer la terre, les royaumes, les villes et soi-même son juste prix. Qu’est-ce qu’un homme dans l’infini ?
Mais pour lui présenter un autre prodige aussi étonnant, qu’il recherche dans ce qu’il connaît les choses les plus délicates. Qu’un ciron lui offre dans la petitesse de son corps des parties incomparablement plus petites, des jambes avec des jointures, des veines dans ces jambes, du sang dans ces veines, des humeurs dans ce sang, des gouttes dans ces humeurs, des vapeurs dans ces gouttes; que, divisant encore ces dernières choses, il épuise ses forces en ces conceptions, et que le dernier objet où il peut arriver soit maintenant celui de notre discours; il pensera peut-être que c’est là l’extrême petitesse de la nature. Je veux lui faire voir là dedans un abîme nouveau. Je lui veux peindre non seulement l’univers visible, mais l’immensité qu’on peut concevoir de la nature, dans l’enceinte de ce raccourci d’atome. Qu’il y voie une infinité d’univers, dont chacun a son firmament, ses planètes, sa terre, en la même proportion que le monde visible; dans cette terre, des animaux, et enfin des cirons, dans lesquels il retrouvera ce que les premiers ont donné; et trouvant encore dans les autres la même chose sans fin et sans repos, qu’il se perde dans ses merveilles, aussi étonnantes dans leur petitesse que les autres par leur étendue; car qui n’admirera que notre corps, qui tantôt n’était pas perceptible dans l’univers, imperceptible lui-même dans le sein du tout, soit à présent un colosse, un monde, ou plutôt un tout, à l’égard du néant où l’on ne peut arriver ?
Qui se considérera de la sorte s’effrayera de soi-même, et, se considérant soutenu dans la masse que la nature lui a donnée, entre ces deux abîmes de l’infini et du néant, il tremblera dans la vue de ces merveilles; et je crois que sa curiosité, se changeant en admiration, il sera plus disposé à les contempler en silence qu’à les rechercher avec présomption. Car enfin qu’est-ce que l’homme dans la nature ? Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout. Infiniment éloigné de comprendre les extrêmes, la fin des choses et leur principe sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable, également incapable de voir le néant d’où il est tiré, et l’infini où il est englouti.

Les pensées de Pascal

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