Archive pour octobre, 2013

LA PRIÈRE – UN STYLE DE VIE

18 octobre, 2013

http://sentinellenehemie.free.fr/kohli1.htm

LA PRIÈRE – UN STYLE DE VIE

PAR WALTER KOHLI

(Walter Kohli est pasteur à l’Action Biblique de Berne)

1. La prière en voyage
Les distances sont longues en République fédérale d’Allemagne et la circulation y est intense. Daniel Bürgin conduit le petit bus dont je suis passager. J’ai du temps pour prier. « Priez sans cesse », écrivait l’apôtre Paul aux chrétiens de Thessalonique (1 Thessaloniciens 5:17). J’essaie de mettre en pratique cette parole en intercédant aussi bien pour quelques personnes de l’Eglise AB de Berne que pour le but de notre voyage avec la chorale TIKWA qui va chanter et évangéliser dans quelques prisons allemandes. Je prie aussi afin que nous soyons sous la protection divine sur la route.

S’adresser silencieusement à Dieu en voiture n’est en rien semblable à la manière de prier dans une réunion publique de prières; le contexte diffère, la concentration n’est pas la même; cependant, la prière en route est utile, nécessaire et d’égale valeur aux yeux du Seigneur. Voyez plutôt ! En effet, quelque temps plus tard, nous nous arrêtons dans un restaurant et le téléphone sonne. C’est pour nous ! Une de nos voitures a eu un accident… mais Dieu a merveilleusement protégé les quatre occupants du véhicule. Des prières exaucées. Gloire à Dieu ! Pour les nombreux intercesseurs qui exercent le ministère de la prière pendant la tournée de la chorale, ne voilà-t-il pas une preuve concrète de la puissance de Dieu et de son intervention en notre faveur !

2. La prière constante
Prier sans cesse semble être, à première vue, une tâche difficile pour un nouveau chrétien. Mais pour Daniel Hermann, ce missionnaire et pionnier s’il en est, « il faut considérer la prière comme un dialogue avec Dieu le Père ». Le Seigneur est disposé à recevoir toutes nos louanges et partager tous nos sujets de préoccupation, et si nos prières portent la marque de la Parole de Dieu, nous parvenons au dialogue avec notre Seigneur; il nous parle par sa Parole et nous lui exposons ce qui alourdit ou réjouit nos coeurs. Il va de soi que dans ce dialogue, Dieu ne nous parle pas de vive voix ! Mais notre relation avec lui nous met dans la même situation que si nous conversions avec un cher ami. Cette intimité dans le dialogue est manifeste, par exemple chez David, au Psaume 70 :

« O Dieu, hâte-toi de me délivrer !
Eternel, hâte-toi de me secourir !
Qu’ils soient honteux et confus, ceux qui en veulent à ma vie !
Qu’ils reculent et rougissent, ceux qui désirent ma perte !
Qu’ils retournent en arrière par l’effet de leur honte,
Ceux qui disent : Ah! ah !
Que tous ceux qui te cherchent
Soient dans l’allégresse et se réjouissent en toi !
Que ceux qui aiment ton salut
Disent sans cesse : Exalté soit Dieu !
Moi, je suis pauvre et indigent :
O Dieu, hâte-toi en ma faveur !
Tu es mon aide et mon libérateur :
Eternel, ne tarde pas ! »

Le dialogue est encore plus vivant si le texte biblique inspire nos requêtes. Ainsi par exemple Ephésiens 6:10-20, où le chrétien peut s’approprier chaque élément de l’armure que l’apôtre Paul décrit en exposant au Seigneur ses besoins et sa quête de connaissance toujours plus aiguisée de Sa volonté pour lui.
Ces formes de dialogue peuvent s’exercer à chaque instant propice de la journée, dans chaque circonstance de la vie et à n’importe quel endroit. Profiter de moments libres pour dialoguer avec Dieu est une hygiène mentale salutaire, une protection contre toutes les influence négatives guettant notre âme. La prière persévérante nous aide, entre autres, à mettre en pratique les directives magistrales contenues dans Proverbes 4:23-25 :

« Garde ton coeur plus que toute autre chose,
Car de lui viennent les sources de la vie.
Ecarte de ta bouche la fausseté,
Eloigne de tes lèvres les détours,
Que tes yeux regardent en face,
Et que tes paupières se dirigent devant toi. »
Certes, nous ne pouvons pas prier durant les heures où notre travail professionnel requiert toute notre attention. Cependant, il reste toujours assez d’espace libre dans nos pensées, pour le laisser occuper par Dieu ! Apprenons à prier sans cesse, en ne nous dissimulant pas que, même assurés de progresser, l’apprentissage de la prière dure toute la vie du croyant.

3. La prière – un apprentissage continu
Qu’un enfant puisse prier, cela est évident. Il le fait avec la foi intacte de la prime enfance, selon sa logique propre et sa compréhension des choses. Ainsi, notre fils Achim qui a 3 ans et demi, ayant remarqué que nous priions pour être protégés en voiture, s’est mis à en faire de même. Un jour, lorsque nous avons vu une voiture accidentée, il en a déduit : « Ceux-là n’ont pas prié ! » Réflexion normale pour un enfant qui ne peut pas encore comprendre que Dieu peut permettre un accident, lors même que l’on a invoqué sa protection et qu’il aime à se glorifier en quelque sorte en limitant dégâts et blessures pour ses enfants.
Spirituellement parlant, un jeune converti est un enfant qui a besoin du lait que la Parole lui verse (1 Pierre 2:2). En s’abreuvant à la source de vie, il constate, dans son vécu quotidien, les premiers exaucements de Dieu. Il découvre ainsi toute la réalité tangible du Seigneur.
Toutefois, en avançant dans la pratique de la foi, jusqu’à supporter la nourriture solide de la Parole (cf 1 Corinthiens 3:2), le chrétien chevronné devra encore et toujours apprendre à prier. Son apprentissage ne finit jamais. En effet, qui pourrait dire qu’il maîtrise aussi bien la prière de louanges que celle d’adoration; la prière en forme de supplication comme celle d’actions de grâces (cf Philippiens 4:6) ? Qui donc est maître de la prière pour tous les saints sinon l’Esprit seul ! Qui peut se targuer d’avoir fini d’apprendre à prier en tout temps par l’Esprit avec toutes sortes de prières (Ephésiens 6:18) ? Qui a vraiment saisi toute la profondeur de la prière qui s’adresse au Dieu trinitaire, conscient qu’il parle au Père, au nom du Fils, avec l’assistance du Saint-Esprit (cf Jean 14:13-14; Actes 4:24,27,30) ?
Qui donc aurait tout appris de l’Esprit qui vient au secours de notre faiblesse, alors que l’apôtre Paul lui-même dit que « nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières » (Romains 8:26) Qui comprendra jamais le ministère de l’Esprit qui intercède lui-même par des soupirs inexprimables, comme il intercède en faveur des saints (Romains 8:26b,27)?
L’apprentissage théorique est beaucoup plus facile que l’apprentissage pratique. A ce propos, toutes les écoles bibliques dignes de ce nom donnent un cours sur la prière. Si un étudiant passe avec succès son examen sur la doctrine de la prière, qu’il se souvienne que la formation pratique durera toute sa vie. L’objectif de cette méditation n’est pas de résumer la doctrine de la prière mais d’en souligner quelques aspects pratiques. Néanmoins, nous encourageons vivement nos lecteurs à approfondir le sujet.

4. La prière et les problèmes relationnels
Après avoir découvert le secret de la prière, le chrétien a a priori une attitude toute d’équilibre dans le domaine de sa relation avec autrui. Lorsqu’un problème surgit avec un frère ou une soeur, il sait que les choses changeront s’il les dépose au préalable auprès du Seigneur tout-puissant. En revanche, s’il se livre à la critique, celle-ci n’apportera pas de solution selon Dieu, et qui plus est envenimera encore plus les choses.
Il faut pouvoir discuter de ce qui fait problème, cela est clair, mais comment le résoudre avec équité et sagesse et de manière constructive, donc dans l’amour du prochain. Et s’il faut dire ce qui doit l’être, comment ne pas tomber dans le piège de la critique destructive ? La solution n’est-elle pas dans l’exercice de la prière sous l’éclairage des recommandations du Seigneur, telles qu’elles figurent en Matthieu 18:15-17 : « Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. Mais, s’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l’affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Eglise; et s’il refuse aussi d’écouter l’Eglise, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. »
Avant de reprendre son frère, un croyant exercé priera et réfléchira sur la question. S’il reste convaincu qu’il doit s’en entretenir avec ce frère et les autres personnes touchées, il priera Dieu de les préparer, ainsi que lui-même, à cet entretien. Il constatera alors combien souvent Dieu exauce sa prière en faisant en sorte, par exemple, qu’il réalise que les problèmes ne sont pas chez l’autre mais bien en lui-même, le faisant faire volte-face dans l’obéissance.
En conséquence, prier avant une confrontation avec un frère ou une soeur est primordial, en raison de notre travers naturel à voir la paille dans l’oeil du prochain et de ne pas apercevoir la poutre qui est dans le nôtre (cf Matthieu 7:4).

5. La prière est parfois labeur
La génération moderne fonde beaucoup sinon trop son comportement sur les sentiments. Je prie lorsque j’en ai envie, dirait-elle, appliquant cette philosophie à la prière !
Hélas ! celui qui base sa vie de prière sur ses sentiments apprendra à ses dépens que le diable s’interférera dans ses sentiments afin de contrarier son dialogue avec Dieu.
S’il est vrai que la prière est parfois labeur, selon les circonstances elle devient un besoin vital (cf Psaume 86), une relation privilégiée et sereine, un élan tourné vers Dieu, une recherche désespérée de trouver les paroles qui conviennent (cf Romains 8:26-27); une lutte spirituelle intense (cf Actes 12:5) ou une grande joie (cf Psaume 100). Au surplus, la prière prend également la forme d’un exercice soutenu, surtout dans le domaine de l’intercession.
De fait, l’attitude de celui qui prie ne doit-elle pas être semblable à celle d’un bon ouvrier ? Fait-il son travail seulement quand il en a envie ? S’arrête-t-il de travailler lorsque l’ouvrage devient astreignant ? Non, il doit surmonter sa fatigue et ses sentiments négatifs et accomplir son travail jusqu’au bout.
L’apôtre Paul ne dit-il pas : « Je traite durement mon corps » (1 Corinthiens 9:27) ? Et il enjoint le chrétien à ne pas être comme un athlète qui ne combat pas suivant les règles, avec le risque de ne pas être couronné (2 Timothée 2:5).
Par ailleurs, dans l’Epître aux Hébreux, nous sommes invités à « courir avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte, ayant les regards sur Jésus, qui suscite la foi et la mène à la perfection » (12:1).
Il est vrai que l’intercession comprend pour chacun une énumération non exhaustive de noms et de sujets à présenter devant le trône de la grâce. Elle est parfois, selon notre état de fatigue, lourde à soutenir avec fidélité et constance. Mais quel privilège de pouvoir présenter beaucoup de personnes et de préoccupations (qu’elles soient leurs ou les nôtres) au Roi des rois, au Seigneur tout-puissant de l’univers, et de le louer ensuite pour ses interventions, comme David a pu le faire il y a 3000 ans, Psaume 34:2-9 :

« Je bénirai l’Eternel en tout temps;
Sa louange sera toujours dans ma bouche.
Que mon âme se glorifie en l’Eternel !
Que les malheureux écoutent et se réjouissent !
Exaltez avec moi l’Eternel !
Célébrons tous son nom !
J’ai cherché l’Eternel, et il m’a répondu;
Il m’a délivré de toutes mes frayeurs.
Quand on tourne vers lui les regards, on
est rayonnant de joie,
Et le visage ne se couvre pas de honte.
Quand un malheureux crie, l’Eternel entend,
Et il le sauve de toutes ses détresses.
L’ange de l’Eternel campe autour de ceux
qui le craignent,
Et il les arrache au danger.
Sentez et voyez combien l’Eternel est bon !
Heureux l’homme qui cherche en lui son refuge ! »

DEUXIEME LECTURE – 2 TIMOTHÉE 3, 14 – 4,2 – COMMENTAIRE DE MARIE NOELLE THABUT

18 octobre, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DEUXIEME LECTURE – 2 TIMOTHÉE 3, 14 – 4, 2

Fils bien-aimé,
3, 14 tu dois en rester à ce qu’on t’a enseigné :
 tu l’as reconnu comme vrai,
 sachant bien quels sont les maîtres qui te l’ont enseigné.
15 Depuis ton plus jeune âge, tu connais les textes sacrés :
 ils ont le pouvoir de te communiquer la sagesse,
 celle qui conduit au salut
 par la foi que nous avons en Jésus-Christ.
16 Tous les passages de l’Ecriture sont inspirés par Dieu ;
 celle-ci est utile pour enseigner, dénoncer le mal,
 redresser, éduquer dans la justice ;
17 grâce à elle, l’homme de Dieu sera bien armé,
 il sera pourvu de tout ce qu’il faut pour un bon travail.
4, 1 Devant Dieu,
 et devant le Christ Jésus qui doit juger les vivants et les morts,
 je te le demande solennellement,
 au nom de sa manifestation et de son Règne :
2 proclame la Parole, interviens à temps et à contre-temps,
 dénonce le mal,
 fais des reproches, encourage,
 mais avec une grande patience et avec le souci d’instruire.

Dimanche dernier, nous lisions dans la deuxième lettre à Timothée une Hymne en l’honneur du Christ : « Souviens-toi de Jésus-Christ, ressuscité d’entre les morts ». Aujourd’hui, on pourrait dire que nous lisons une hymne en l’honneur de l’Ecriture. Entendons-nous bien, ce que Saint Paul appelle l’Ecriture, c’est ce que nous appelons aujourd’hui l’Ancien Testament. Plusieurs fois, déjà, dans les lettres à Timothée, nous avons deviné un conflit persistant dans la communauté d’Ephèse où se trouve Timothée ; et c’est même à cause de ce conflit que Paul avait demandé à Timothée de rester à Ephèse ; il faut pouvoir compter sur de fidèles gardiens de la Parole. Les premières lignes du texte d’aujourd’hui, « Toi, tu dois en rester à ce qu’on t’a enseigné » sous-entendent que d’autres ne sont pas restés fidèles à l’enseignement reçu et qu’ils fourvoient les autres.
 Si bien qu’on peut résumer ce passage en trois phrases : premièrement, il faut se ressourcer dans l’Ecriture. Deuxièmement, il faut proclamer la Parole. Troisièmement, cette proclamation doit se faire dans le souci d’édifier la communauté. Premièrement, il faut se ressourcer dans l’Ecriture, au vrai sens du mot « ressourcer » : l’Ecriture est pour nous une source ; notre traduction dit « tu dois en rester à ce qu’on t’a enseigné » mais nous risquons d’entendre là une recommandation de fixisme, ce qui n’est pas du tout le propos de Paul. Le mot à mot dirait « demeure dans ce que tu as appris » : la foi n’est pas un objet qu’on possède mais un milieu vital, une « demeure » au sens de Saint Jean.
 Timothée a puisé dans cette source de l’Ecriture depuis son enfance : son père était grec et païen, mais sa mère, Eunice, et sa grand-mère maternelle, Loïs, étaient Juives : elles l’ont introduit dans l’Ancien Testament ; et quand sa mère s’est convertie au Christianisme, elle n’a pas cessé bien sûr de fréquenter l’Ecriture. D’autres maîtres encore ont initié Timothée, et Paul insiste sur cet aspect communautaire de l’accès à l’Ecriture. On ne découvre pas l’Ecriture tout seul mais en Eglise. Une fois de plus, nous retrouvons chez Paul le thème de la transmission de la foi, ce qu’on appelle en théologie la « Tradition » : tradere, en latin, veut dire « transmettre » : « Je vous ai transmis ce que j’ai moi-même reçu » (sous-entendu je n’ai rien inventé) dit Paul dans la lettre aux Corinthiens ; l’apôtre est un envoyé au service d’une Parole qui n’est pas la sienne. Dans la foi, aucun de nous n’est un fondateur, un innovateur, nous sommes les maillons d’une chaîne. Evidemment, il est vital que cette transmission soit fidèle. Un peu plus haut, dans cette même lettre, Paul a dit à Timothée : « Ce que tu as appris de moi en présence de nombreux témoins, confie-le à des hommes fidèles qui seront eux-mêmes capables de l’enseigner encore à d’autres. » (2 Tm 2, 2).
 La phrase suivante est très importante : Paul affirme : « Les textes sacrés ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, celle qui conduit au salut par la foi que nous avons en Jésus-Christ » : il veut dire par là que l’Ancien Testament mène tout droit à Jésus-Christ. Pour Paul, comme pour les premiers apôtres, recrutés par Jésus parmi les Juifs, c’était une évidence. On se souvient qu’au cours de son procès à Jérusalem, Paul soutenait que c’était précisément parce qu’il était Juif qu’il était devenu Chrétien.
 Paul continue : « Tous les passages de l’Ecriture sont inspirés par Dieu » ; avant d’être un dogme affirmé par l’Eglise, cette phrase était donc déjà la foi d’Israël. Ce qui explique le respect dont sont entourés depuis toujours les Livres sacrés dans toutes les synagogues. « Grâce à l’Ecriture, l’homme de Dieu sera bien armé, il sera pourvu de tout ce qu’il faut ». Voilà donc l’équipement du Chrétien : l’Ecriture dans la fidélité à l’enseignement reçu : « Tu dois en rester à ce qu’on t’a enseigné : tu l’as reconnu comme vrai, sachant bien quels sont les maîtres qui te l’ont enseigné ». L’équipement du Chrétien, c’est donc l’Ecriture ET la tradition pour être capable de transmettre à son tour. Pour transmettre, et c’est le deuxième conseil de Paul à Timothée, il faut oser proclamer la Parole ; voilà la première peut-être même la seule tâche d’un responsable d’Eglise. L’enjeu est grave et Paul emploie une formule presque étonnante : « Devant Dieu et devant le Christ Jésus qui doit juger les vivants et les morts, je te le demande solennellement, au nom de sa manifestation et de son règne : proclame la Parole… »
 Une fois de plus, Paul fait référence à la manifestation du Christ, et à son Règne : l’accomplissement du projet de Dieu est vraiment l’horizon que Paul ne quitte jamais des yeux. Et d’ailleurs en grec, Paul dit « Proclame le Logos », le mot qui, chez Jean, désigne le Verbe, Jésus lui-même. Traduisez, si nous prenons au sérieux la Manifestation et le Règne du Christ, nous devons inlassablement proclamer la Parole. Toute la vie de Paul, depuis sa conversion, a été consacrée à cette tâche : « Annoncer l’Evangile est une nécessité qui s’impose à moi : malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile ! » (1 Co 9, 16).
 Mais il faut du courage pour proclamer la Parole, il faut accepter d’être mal reçu : « Interviens à temps et à contre-temps, dénonce le mal ; fais des reproches, encourage » ; c’est-à-dire n’hésite pas à juger ce que tu vois… Il termine en disant dans quel climat on doit le faire (et c’est le troisième point) : avec une grande patience et avec le souci d’instruire. Là encore nous retrouvons une insistance toujours présente chez Paul, le souci de ce qui édifie la communauté ; c’est la seule chose qui compte.

29E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – HOMÉLIE

18 octobre, 2013

http://www.homelies.fr/homelie,,3625.html

29E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

DIMANCHE 20 OCTOBRE 2013

FAMILLE DE SAINT JOSEPH OCTOBRE 2013 

HOMÉLIE – MESSE

Les lectures de ce dimanche nous invitent à la persévérance dans la foi. Cette dernière nous est présentée relativement à deux domaines : celui de la prière (Cf. 1ère lecture et évangile) et celui de la lecture et de la proclamation de la Parole de Dieu (Cf. 2ème lecture).

Dans l’évangile, Jésus nous exhorte avec ses disciples à « toujours prier sans se décourager ». Pour expliciter son propos, il relate la parabole de cette veuve qui n’en finit pas d’implorer justice auprès d’un juge inique jusqu’à ce que « fatigué » et « usé », il lui donne satisfaction. L’argument a fortiori utilisé par Jésus selon une coutume sémite déploie ici toute sa force de conviction : si cet homme mauvais finit par exaucer le vœu de cette pauvre femme qui lui « casse la tête », combien plus Dieu qui est bon, « fera-t-il justice à ses élus qui crient vers lui » et « sans tarder ». Dans ce cas, la motivation de la persévérance se trouve être la certitude d’être entendu et exaucé, persévérance témoignant d’une confiance en Dieu à toute épreuve. C’est cette même assurance qui pousse Moïse, accompagné d’Aaron et d’Hour, à lever sans relâche leurs mains et leurs cœurs vers le Seigneur jusqu’à la victoire du peuple sur les Amalécites.
Le psaume 120 (121) exprime lui aussi à sa manière cette confiance indéfectible dans le Seigneur qui ne saurait rester sourd aux appels de celui qui crie vers lui dans sa détresse : « Je lève les yeux vers les montagnes : d’où le secours me viendra-t-il ? Le secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre. […] Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, le gardien d’Israël ». Ce psaume est une véritable confession de foi dans la présence du Seigneur à nos côtés et dans son amour fidèle et prévenant à notre égard : « Le Seigneur, ton gardien, le Seigneur, ton ombrage, se tient près de toi… Le Seigneur te gardera de tout mal, il gardera ta vie… Le Seigneur te gardera au départ et au retour, maintenant, à jamais. »
Persévérer dans la prière, tout à la fois, exprime et fortifie notre foi en ce Dieu Père qui est pure bonté, pur don, pour chacun de ses enfants. C’est ce que Jésus veut nous faire découvrir lorsqu’après avoir conté sa parabole, il interroge ses disciples : « Mais le Fils de l’Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? »

Reste cependant la douloureuse question de la prière non exaucée. Nous ne parlons pas ici d’une prière qui reposerait sur des motivations ambigües, une prière qui nous replierait sur nous-mêmes plus qu’elle ne nous ouvrirait à Dieu et à nos frères. Au non exaucement de celle-ci, saint Jacques donne la raison : « Vous demandez et ne recevez pas parce que vous demandez mal, afin de dépenser pour vos passions » (Jc 4, 3). Non, nous pensons ici à ces prières où nous demandons à Dieu de faire justice à nos frères ou à nous-mêmes en penchant son cœur miséricordieux sur la souffrance dans laquelle nous nous trouvons.
C’est précisément ce type de prière que formule la veuve de l’évangile. Comment comprendre qu’à la fin du récit, Jésus déclare que Dieu ne saurait faire attendre ces élus et qu’il leur fera justice sans tarder alors que l’objet de cette parabole est de nous inviter à persévérer dans la prière ce qui sous-entend une réponse non-immédiate ! Nous aurions tort de voir ici une contradiction entre l’exigence posée par Jésus et la promesse d’une réponse immédiate. En fait, le Seigneur nous exauce toujours mais la grâce qu’il dépose en nous lorsque nous le prions a parfois besoin de temps pour pénétrer notre nature et déployer en nous toutes ses potentialités.
De plus, il nous faut peut-être aussi du temps pour reconnaître en nous l’œuvre de cette même grâce qui souvent ne prend pas les chemins que nous attendions sur le moment. Nouvel acte de foi à poser humblement, patiemment, devant un mystère, insondable comme l’Amour de Dieu pour chacun de nous.

Nous percevons combien cette foi a chaque jour besoin d’être ravivée. C’est ici, comme nous le rappelle la deuxième lecture, qu’interviennent l’écoute et la proclamation de la Parole de Dieu. Lire et méditer l’Ecriture nous fortifie dans notre foi en ce Père de tendresse et de miséricorde pour qui tous nos cheveux sont comptés (Cf. Lc 12, 7). Ajoutons que proclamer cette Parole qui nous révèle ce Dieu d’Amour accroît également notre confiance en lui et par conséquent soutient notre persévérance dans la prière.

« Seigneur, fortifie notre foi en ta bonté et ta miséricorde qui nous justifient afin que nous persévérions dans la prière. Au cœur des épreuves et des souffrances, que par notre supplication nous gardions les yeux fixés sur toi. Fais grandir en nous l’espérance dans l’attente patiente et confiante de voir nos demandes exaucées lorsque ta grâce aura germé en nous jusqu’à donner un beau fruit de charité. »
Frère Elie

SAINT LUC, ÉVANGÉLISTE

17 octobre, 2013

SAINT LUC, ÉVANGÉLISTE  dans images sacrée April+30,+St.+Luke

http://100holyheroes.blogspot.it/2012/04/april-30-st-luke-evangelist.html

S. LUC, ÉVANGÉLISTE 18 OCTOBRE

17 octobre, 2013

http://www.cassicia.com/FR/Vie-de-saint-Luc-le-troisieme-Evangeliste-compagnon-d-apostolat-de-St-Paul-Fete-le-18-octobre-No_514.htm

S. LUC, ÉVANGÉLISTE 18 OCTOBRE

RÉSUMÉ :
Saint Luc, peut-être juif d’origine, naquit, dit saint Eusèbe, à Antioche la capitale des rois de Syrie. Saint Paul nous dit qu’il y exerçait les fonctions de médecin.
Compagnon de voyage de l’Apôtre des Nations, il fut aux côtés de saint Paul durant la plupart de ses missions et pendant sa double captivité à Rome.
Grâce à ses relations avec ce maître et avec les autres Apôtres, il put écrire le troisième Évangile que saint Jérôme et saint Jean Chrysostôme désignent sous le nom d’ « Évangile de saint Paul ». Comme le Docteur des Gentils, il s’adresse aux païens pour leur prouver que le salut est apporté par Jésus à tous les hommes sans exception qui croient en Lui.
On le désigne sous le symbole du bœuf, l’un des quatre animaux de la vision d’Ézéchiel, parce qu’il commence son Évangile en parlant du sacerdoce de Zacharie, prêtre et sacrificateur, et que le bœuf était la victime la plus ordinaire des sacrifices de l’ancienne loi.
La Messe de saint Luc présente, de même que celle de saint Marc, cette particularité qu’on y lit l’Évangile renfermant les instructions du Sauveur à Ses soixante-douze disciples, parce que ces deux Évangélistes ne furent pas Apôtres, mais seulement des Disciples de Notre-Seigneur.
Saint Jérôme rapporte que saint Luc mourut en Achaïe, âgé de quatre-vingt-quatre ans.
Saint Luc, né à Antioche, est une des principales gloires de cette ville. L’Histoire nous apprend peu de chose de ses premières années ; on ne sait même pas si, avant sa conversion, il était païen ou observait la religion juive ; cette dernière opinion est la plus généralement adoptée.
Il fit de grands progrès dans la science. Doué d’un caractère ferme et d’une belle intelligence, il fut, paraît-il, très habile médecin, et ne dédaignait pas, dans ses loisirs, de cultiver l’art de la peinture, pour lequel il avait un goût prononcé.
Saint Luc serait sûrement arrivé à l’une des premières charges de la cité, quand il renonça à son brillant avenir pour aller voir, en Judée, ce Jésus qui venait d’inaugurer Sa mission publique, et dont le Nom, la doctrine, les miracles, faisaient grand bruit dans tous les pays voisins.
Il Le vit, crut en Sa mission divine, et prenant pour lui la parole du Maître : « Que celui qui veut être mon disciple quitte tout et Me suive », il suivit dès lors le Sauveur pas à pas dans Ses courses apostoliques ; il fut témoin de Sa Passion, de Sa Résurrection, de Son Ascension, reçut le Saint-Esprit au Cénacle, le jour de la Pentecôte, et partit pour évangéliser Antioche sa patrie.
Plein d’enthousiasme pour le génie de saint Paul, il le prit pour son maître et se joignit à lui pour l’aider dans ses travaux ; il lui fut si fidèle, qu’il l’accompagna dans tous ses voyages et supporta patiemment avec lui fatigues, souffrances et persécutions pour le Nom de Jésus-Christ.
Saint Luc écrivit, sous l’inspiration de l’Esprit-Saint et avec une compétence personnelle qui est incontestable, l’Évangile qui porte son nom et les Actes des Apôtres. Son Évangile est surtout précieux par ses récits assez détaillés des mystères de l’Incarnation et de la Nativité du Sauveur, de l’Annonciation et de la Visitation. Les Actes des Apôtres servirent à faire disparaître beaucoup de mensonges qu’on répandait sur le Christianisme naissant, et à confirmer les fidèles dans la Foi.
Qui n’a entendu parler des Vierges peintes par saint Luc ? D’après une pieuse légende, il aurait obtenu de Marie la grâce de faire son portrait, et la divine Mère aurait consenti à poser devant lui ; le travail terminé, la sainte Vierge l’aurait béni en disant : « Ma grâce sera toujours avec cette image ». Quoi qu’il en soit, les Madones de saint Luc sont vénérées en plusieurs lieux.
Après la mort du grand Apôtre, saint Luc continua son apostolat en Italie, dans les Gaules, la Dalmatie, la Macédoine. Où et comment mourut-il ? On ne saurait le dire au juste ; selon les uns, il répandit son sang pour la Foi dans le Péloponèse, après avoir évangélisé l’Égypte ; selon d’autres, il répandit son sang pour la Foi en Bithynie.
Les peintres et les médecins le regardent comme leur patron.

LECTURE DES ACTES ET ÉCRITURE DES RÉCITS

17 octobre, 2013

http://www.diocese-poitiers.com.fr/page-daccueil/notre-eglise/les-synodes/lecture-des-actes-et-ecriture-des-recits

LECTURE DES ACTES ET ÉCRITURE DES RÉCITS

LIRE LES ACTES DES APÔTRES  -  ECRIRE LE LIVRE DES RÉCITS

(Octobre 2002 – Avril 2003)
Lire les Actes des Apôtres

Proposés à la lecture de tous dans le cadre du synode, les Actes des Apôtres présentent une “première histoire du christianisme”, mettant en récit le sens de cette histoire pour les premiers chrétiens. Ainsi les Actes des Apôtres ne constituent pas seulement un livre d’histoire. Ils veulent bien plutôt proposer une expérience de foi aux lecteurs.
Les animateurs des groupes bibliques du diocèse se sont réunis en présence du Père Rouet, qui leur a livré quelques points d’attention de sa propre lecture du Livre des Actes. Deux exposés magistraux suivis d’une table ronde ont donné aux participants d’entrer dans les nuances et les richesses de l’herméneutique biblique. Au total, pour les animateurs de groupes bibliques, il s’agit maintenant d’aider à inscrire l’étude des Actes des Apôtres dans une démarche de foi pour faire de notre synode une véritable expérience spirituelle qui permette l’écriture des Actes d’une Eglise toujours en naissance.
En raison même de l’intérêt du propos tenu, mais aussi des réflexions qu’il ouvre, vous trouverez ci-dessous une synthèse de la première intervention du Père Yves-Marie Blanchard.

De quelques clés préalables à la lecture des Actes des Apôtres…
1. Le livre des Actes n’est pas aussi isolé qu’il y paraît. D’une part, il appartient à un genre littéraire très pratiqué dans le christianisme ancien (nombreux actes d’apôtres : écrits apocryphes, majoritairement du 2ème siècle). D’autre part, il fait corps avec l’évangile de Luc, comme les deux volets d’un diptyque inséparable. D’ailleurs, le principe du parallélisme – synkrisis – constitue une règle historiographique très utilisée dans l’Antiquité (ex. Plutarque) et familière au rédacteur lucanien (Jean-Baptiste / Jésus ; Pierre / Paul ; le ministère de Jésus / la mission apostolique). Dans ce cadre rhétorique, la vision lucanienne de l’histoire soutient plus le principe de continuité que la tension dialectique (ex. opposition Pierre / Paul, trop souvent considérée comme une clé de lecture des Actes : école allemande au 19ème siècle).
2. Le genre littéraire des actes d’apôtres se trouve au croisement de l’historiographie antique et du roman hellénistique. Tandis que le pôle romanesque tend à l’emporter dans les actes apocryphes (débordement du merveilleux, concentration sur les personnages traités comme des héros de légende), les Actes lucaniens cultivent une grande sobriété et attestent un grand souci de vérité historique. Ainsi le contexte géographique et socio-politique est reproduit avec une grande justesse, jusque dans les détails. Mais cela ne veut pas dire qu’on ait affaire à un reportage collant aux faits. Ainsi, les itinéraires de Paul sont probablement reconstruits, en faveur d’une démonstration de nature théologique, relative à une certaine conception de la mission chrétienne, en continuité du ministère propre de Jésus.
3. La relation de l’auteur à son livre est ambivalente. Dans la majeure partie du texte, le narrateur se tient à distance de l’action (récit à la 3ème personne), adoptant un ton de neutralité conforme aux prétentions historiographiques énoncées dans le double prologue (évangile et Actes). En revanche, dans plusieurs passages, l’auteur s’implique personnellement dans l’action (sections-nous : récit à la 1ère personne du pluriel). Traditionnellement interprétée comme le reliquat d’un journal de voyage ayant servi de source au rédacteur (exégèse historico-critique), cette situation peut aussi bien être étudiée du point de vue de la stratégie de communication déployée par l’auteur (analyse narrative ou narratologie). Dès lors, le narrateur n’est plus seulement observateur mais témoin engagé dans l’action, garant de la véracité des faits et habilité à fournir des clés d’interprétation.
4. La tentation est grande de sous-estimer des passages prétendus “légendaires”, pour lesquels le référent historique est invérifiable, sinon invraisemblable : tel est souvent l’objet de l’approche historico-critique. Or, plutôt que de considérer les Actes des Apôtres du seul point de vue des événements réels, il vaut la peine d’évoquer la valeur symbolique d’éléments narratifs ordonnés à la signification théologique des faits relatés. Ainsi peut-on parler d’un “récit interprétatif” (Paul Ricœur), c’est-à-dire d’un livre exprimant sous forme narrative les faits eux-mêmes, non dénués de référent historique, et leur interprétation au regard de la foi et dans la continuité de l’évangile.
5. Au-delà de l’intérêt historiographique (“la première histoire du christianisme” : expression de D. Marguerat), le livre des Actes constitue donc une synthèse théologique originale, associant les trois axes :
- christologique : le Ressuscité continue son œuvre à travers les efforts de la mission ; le plan du livre atteste la fidélité aux consignes reçues de Jésus ; l’ouverture aux nations, initiée par Pierre et développée par Paul, atteste l’universalité du salut accompli dans le mystère pascal ;
- pneumatologique : l’Esprit Saint accompagne la vie de la communauté post-pascale ; non seulement il réalise l’unité de ses membres, mais il suscite la dynamique missionnaire inaugurée dans le contexte de la Pentecôte juive ; ses interventions répétées soulignent le caractère inédit d’une mission toujours renouvelée ;
- ecclésiologique : situées à l’interface de l’héritage juif et du monde païen environnant, les communautés concrètes vivent la double exigence d’unité et de mission ; les tensions internes et les divergences externes appellent la mise en place d’un ministère de communion et de relance au service de l’évangélisation.
6. Appliquée aux Actes des Apôtres, la question herméneutique peut s’exprimer selon les propositions suivantes :
- L’enquête historique sur les faits advenus et les situations sous-jacentes au récit constitue, non seulement un témoignage précieux sur les premiers temps du christianisme méditerranéen, mais un préambule à l’appréciation du livre en ses différents niveaux de signification.
- La remise en contexte néo-testamentaire (diptyque lucanien), ainsi que l’attention aux paradigmes vétéro-testamentaires (tout particulièrement dans les premiers chapitres) permet d’apprécier la portée réelle d’un certain nombre d’éléments symboliques, pour lesquels l’évocation du référent historique est moins prégnante que la désignation de clés de lecture théologique.
- Il serait donc maladroit de s’en tenir, soit à une lecture historiciste, cédant purement et simplement à l’illusion référentielle (expression de R. Barthes) – le récit ne serait que l’exacte reproduction des faits – soit à une approche idéologique, considérant le livre comme la simple mise en œuvre narrative d’éléments symboliques, dénués de tout enracinement historique.
7. La catégorie de “récit interprétatif” paraît donc la mieux à même de rendre compte de l’originalité du livre des Actes, tout à la fois témoignage historique et attestation théologique, au travers d’une mise en scène narrative, non dénuée d’emprunts à la technique romanesque. En tout cas, le livre des Actes vaut beaucoup mieux qu’un manuel de pèlerinage sur les pas de saint Paul…

Ecrire le Livre des récits
« Vous allez recevoir une puissance, celle du Saint Esprit qui viendra sur vous : vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8).
Avec l’Eglise de tous les lieux et de tous les temps, nous sommes, chrétiens en Poitou, le fruit de cette Parole du Ressuscité adressée aux Apôtres, le jour de son Ascension.
Ouvrir le livre des Actes des Apôtres nous invite à relire l’histoire de l’Eglise diocésaine et à vivre, aujourd’hui, cet appel du Seigneur à devenir ses témoins devant tous les hommes.
Il nous appartient d’écrire notre propre page de cette histoire, non pas que le livre des Actes des Apôtres soit incomplet, mais, pour parler comme saint Paul, afin que notre Eglise en synode demeure pour tous nos frères et soeurs en humanité comme :
« Une lettre du Christ écrite non avec de l’encre mais avec l’Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur vos coeurs » (2 Co 3, 3).

Lire et méditer le livre des Actes des Apôtres…
Plusieurs moyens sont mis à notre disposition :
* Des fiches pour une lecture du livre des Actes des Apôtres ont été préparées. Vous pouvez commander le dossier au Centre théologique (Secrétariat – 10 rue de la Trinité – 86034 Poitiers – tél : 05 49 60 63 04). Ce dossier constitue un excellent guide de lecture des Actes des Apôtres ;
* Tout au long de cette année, de nombreux groupes bibliques proposent une lecture du livre des Actes des Apôtres ;
* Des initiatives locales sont prises pour organiser une soirée ou un parcours sur le livre des Actes des Apôtres. Dans les territoires, le Parcours initial de formation (P.I.F.) programmé en tient compte.
Pourquoi écrire ?
On prend le crayon pour faire naître le sens. Reprendre les événements d’une histoire et les raconter permet de tisser les liens qui font le récit. Celui-ci s’oriente alors vers un but qui se révèle comme le sens donné au chemin parcouru.
Le marcheur, avec ses pieds et son bâton, laisse sur le sol la trace de son passage. Son chemin n’est pas tracé à l’avance. C’est lui qui, avançant pas à pas, invente son parcours et se découvre une destinée.
Le narrateur, avec son crayon, laisse sur le papier la trace de son écriture. Il invente les traits qui racontent le sens de son histoire. Il témoigne que l’homme peut écrire sa vie, l’engager dans un projet et lui ouvrir un avenir.
C’est ainsi que la longue marche du Peuple de Dieu se donne à découvrir dans le récit biblique et nourrit notre foi.
Quand le texte est ainsi histoire tissée, il peut devenir pour le groupe qui relit son histoire et pour tout le diocèse un acte d’espérance qui avive le désir de tracer encore le chemin d’un à-venir…
Comment raconter ?
Plusieurs pistes sont possibles pour mettre en récit le visage d’une Eglise toujours en naissance…
* S’arrêter sur un événement ; le raconter en décrivant ce qui a été vécu ; nommer les personnes qui ont agi (les caractéristiques du groupe, les noms, …) ; chercher des verbes qui précisent ce qui s’est produit ;
* S’arrêter sur une durée (de telle date à telle date) ou partir d’un moment précis (le précédent synode, le départ du prêtre résident, l’installation d’une communauté locale, la création de l’équipe du mouvement ou un temps fort vécu, le dernier projet réalisé par le service, …) pour faire le récit d’un événement marquant, d’une initiative prise ;
* Relever une difficulté rencontrée, un manque vécu ou une épreuve traversée qui invitent à avancer au large ;
* Décrire le chemin fait, ou ce qui a été changé, transformé à travers cet événement, ou encore les fruits recueillis ;
* Repérer un fait, lu à la lumière de la foi et porteur d’avenir ;
* Composer une prière d’actions de grâce.
N.B. : On veillera à ne pas dépasser deux pages par contribution.
“Ils (Barnabé et Paul) réunirent l’Eglise et racontaient tout ce que Dieu avait réalisé avec eux et surtout comment il avait ouvert aux païens la porte de la foi” (Ac 14, 27).
Les styles
Cette mise en récit peut prendre des formes diverses. On peut adopter un style descriptif. Ce peut être également un style poétique. Il est possible aussi de s’exprimer sous forme de témoignage. Pourquoi ne pas envisager une bande dessinée ? Des photos constituent un langage pour traduire un événement, une célébration, un temps fort, une réunion, etc…
Sous la responsabilité des Territoires…
* En chaque territoire, circule le Livre des Actes des Apôtres remis lors de l’Assemblée territoriale du synode. Il est accompagné par le “Livre des récits” ;
* L’équipe d’animation du territoire veille à l’organisation de la démarche et à son bon déroulement, selon un calendrier établi du mois d’octobre 2002 au mois d’avril 2003. Elle s’assure que chaque groupe du territoire pourra s’exprimer : dans le cadre des secteurs pastoraux, des mouvements, des groupes chrétiens existants et des services présents sur le territoire ;
* Les “Livres des récits” seront apportés et présentés lors de l’Assemblée synodale des 17-18 mai 2003.
 “Paul et Silas parcoururent la Phrygie et la région galate, car le Saint Esprit les avait empêchés d’annoncer la Parole en Asie.
Arrivés aux limites de la Mysie, ils tentèrent de gagner la Bithynie, mais l’Esprit de Jésus les en empêcha.
Ils traversèrent alors la Mysie et descendirent à Troas.
Une nuit, Paul eut une vision : un Macédonien lui apparut, debout, qui lui faisait cette prière : ‘Passe en Macédoine, viens à notre secours !’
A la suite de cette vision de Paul, nous avons immédiatement cherché à partir pour la Macédoine, car nous étions convaincus que Dieu venait de nous appeler à y annoncer la Bonne Nouvelle”.
(Ac 16, 6-10)

SAINT IGNACE D’ANTIOCHE

16 octobre, 2013

SAINT IGNACE D'ANTIOCHE  dans images sacrée Image1

http://www.reginamundi.info/Padridellachiesa/ignazioantiochia.asp

LES PÈRES APOSTOLIQUES (II) : IGNACE D’ANTIOCHE

16 octobre, 2013

http://www.patristique.org/Les-Peres-apostoliques-II-Ignace-d-Antioche.html#témoignages

LES PÈRES APOSTOLIQUES (II) : IGNACE D’ANTIOCHE

4. LA DOCTRINE DES LETTRES

Les lettres d’Ignace « ont une importance incalculable pour l’histoire du dogme » [17].
« Comme à ses grands docteurs, l’Église lui doit certains traits qui resteront acquis pour toujours : pour la doctrine de l’Incarnation et de la Rédemption, de l’Église ou de l’Eucharistie, Ignace a apporté à la construction du dogme catholique des pierres solides et bien appareillées qui resteront à la base de l’édifice » [18].
« Du IIe au IVe s., la langue théologique a changé, mais la pensée est la même » [19].
On voit suffisamment par ces trois citations l’importance doctrinale des lettres d’Ignace d’Antioche : elle est d’autant plus remarquable qu’il s’agit de lettres hâtivement rédigées et occasionnelles.
Nous allons rapidement dresser ci-après un relevé de quelques textes majeurs soulignant les sujets suivants :

Magn. 8, 2 – Il n’y a qu’un Dieu qui s’est manifesté par Jésus-Christ, son Fils qui est son Verbe sorti du silence [20].
Trinité
Éph. 9, 1 – Vous êtes les pierres du temple du Père, destinées à l’édifice que construit Dieu le Père, élevées jusqu’au faîte par la machine de Jésus-Christ qui est sa croix, avec le Saint-Esprit pour câble [21].
Magn. 13, 1 – Ayez soin de vous tenir dans la foi et la charité avec le Fils, le Père et l’Esprit.
Magn. 13, 2 – Soyez soumis à l’évêque… comme les apôtres le furent au Christ, au Père et à l’Esprit [22].

Divinité de Jésus-Christ [23]
Éph. 1, 1 Après vous être retrempés dans le sang de Dieu…
Éph. 7, 2 Il n’y a qu’un seul médecin, à la fois chair et esprit, engendré et non engendré [24], Dieu fait chair, vraie vie au sein de la mort, né de Marie et de Dieu, d’abord passible et maintenant impassible, Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Éph. 18, 2 – Notre Dieu Jésus-Christ a été selon le plan divin porté dans le sein de Marie, issu du sang de David et aussi du Saint-Esprit. Il est né et a été baptisé pour purifier l’eau par sa passion.
Magn. 6, 1 – Jésus-Christ qui était auprès du Père avant les siècles et qui s’est révélé à la fin des temps.
Rom. 3, 3 – Rien de ce qui est visible n’est bon. Même notre Dieu Jésus-Christ ne s’est jamais mieux manifesté que depuis qu’il est retourné au sein du Père.
Rom. 6, 3 – Permettez-moi d’imiter la passion de mon Dieu.

Réalité de l’Incarnation
On pourrait relever ici tous les textes qui visiblement s’opposent au docétisme. Rappelons la fervente exclamation :
Smyrn. 4, 1-2 – Il faut prier pour leur conversion (des docètes), chose bien difficile mais possible pourtant à Jésus-Christ, notre véritable vie. Si c’est seulement en apparence que Notre-Seigneur a agi, ce n’est aussi qu’en apparence que je suis chargé de fers. Alors pourquoi me suis-je voué à la mort, par le feu, le glaive, les bêtes ?.. C’est pour m’associer à sa passion que j’endure tout, et c’est lui qui m’en donne la force, lui qui s’est fait complètement homme.

Rédemption
Quelques textes cités à la suite l’un de l’autre prouveront l’insistance d’Ignace sur ce point :
Jésus-Christ est mort pour nous afin de vous préserver de la mort par la foi en sa mort (Trall., 2, 1). C’est pour notre salut qu’il a enduré toutes ces souffrances (Smyrn., 2, 1). Il est mort pour nous, ressuscité à cause de nous (Rom., 6, 1). Il a été réellement percé de clous pour nous en sa chair sous Ponce-Pilate et Hérode le Tétrarque ; c’est au fruit de sa croix, à sa sainte et divine passion que nous devons la vie (Smyrn, 1, 2). Ceux qui sont plantés par le Père sont des rejetons de la croix et leur fruit est incorruptible (Trall., 11, 2).

Le Christ révèle son Père
Rom. 8, 2 – Jésus-Christ, Lui, la bouche infaillible par laquelle le Père a vraiment parlé.
Le Christ, tête du corps de l’Église
Éph. 4, 2 – À vos bonnes œuvres, le Père vous reconnaîtra pour les membres de son Fils. Trall. 11, 2 – Par sa croix, dans sa passion, Jésus-Christ vous appelle à lui, vous qui êtes ses membres.

Eucharistie
Éph. 13, 1 – Ayez donc soin de tenir des réunions plus fréquentes pour offrir à Dieu votre Eucharistie et vos louanges. Éph. 20, 2 -… si le Seigneur me fait savoir que, chacun en particulier et tous ensemble… vous êtes unis de cœur dans une inébranlable soumission à l’évêque et au presbyterium, rompant tous un même pain, ce pain qui est un remède d’immortalité, un antidote destiné à nous préserver de la mort et à nous assurer pour toujours la vie en Jésus-Christ. Philad. 4 – Ayez donc soin de ne participer qu’à une seule Eucharistie. Il n’y a en effet qu’une seule chair de Notre Seigneur, une seule coupe pour nous unir dans son sang, un seul autel comme il n’y a qu’un seul évêque, entouré du presbyterium et des diacres, les associés de mon ministère. Smyrn. 7, 1 – Ils (les docètes) s’abstiennent de l’Eucharistie et de la prière parce qu’ils ne veulent pas reconnaître dans l’Eucharistie la chair de Jésus-Christ notre Sauveur, cette chair qui a souffert pour nos péchés et que le Père, dans sa bonté, a ressuscitée.

Église
Ignace a souvent nommé les trois degrés de la hiérarchie ecclésiastique :
Magn. 6, 1 – Je vous en conjure, accomplissez toutes vos actions dans cet esprit de concorde qui plaît à Dieu, sous la présidence de l’évêque qui tient la place de Dieu, des presbytres qui représentent le sénat des apôtres, des diacres, objets de ma particulière affection, chargés du service de Jésus-Christ qui était auprès du Père avant les siècles et qui s’est révélé à la fin des temps. Trall. 3 – Vous devez tous révérer les diacres comme Jésus-Christ lui-même, l’évêque comme l’image du Père, les presbytres comme le sénat de Dieu et le collège des Apôtres ; sans eux, il n’y a point d’Église.
Il ne cesse de recommander l’union à l’évêque
Philad. 7, 1 – Pendant mon séjour parmi vous, j’ai crié, j’ai dit bien haut d’une voix qui était la voix même de Dieu : Tenez-vous étroitement unis à votre évêque, au presbyterium et aux diacres… C’est l’Esprit qui disait bien haut : n’agissez jamais en dehors de votre évêque… aimez l’unité, fuyez les divisions.
Il voit l’Église dans son unité et dans sa catholicité, cette unité est à la fois intérieure et extérieure :
Magn. 13, 2 – Soyez soumis à l’évêque et les uns aux autres, comme Jésus-Christ dans sa chair le fut à son Père, et comme les Apôtres le furent au Christ, au Père et à l’Esprit, et qu’ainsi votre union soit à la fois extérieure et intérieure. Smym. 1, 2 – Par sa résurrection, il a levé son étendard sur les siècles pour grouper ses saints et ses fidèles, tant du sein du judaïsme que de celui de la gentilité en un seul et même corps qui est l’Église. Éph. 3, 2 – Les évêques établis jusqu’aux extrémités du monde ne sont qu’un avec l’Esprit de Jésus-Christ. Smyrn. 8, 2 – Là où paraît l’évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l’Église catholique.

Virginité de Marie
Éph. 19, 2 – Le prince de ce monde n’eut connaissance ni de la virginité de Marie, ni de son enfantement, ni de la mort du Seigneur : trois mystères éclatants que Dieu opéra dans le silence. Éph. 7, 2 – Il n’y a qu’un seul médecin… né de Marie et de Dieu. Éph.18, 2 – Jésus-Christ a été selon le plan divin, porté dans le sein de Marie, issu du sang de David et aussi du Saint-Esprit…

CONCLUSION : L’ÂME D’IGNACE D’ANTIOCHE
Le nom d’Ignace, on le souligne volontiers, vient du mot latin : ignis, le feu. Une âme de feu, telle est bien l’âme passionnée de l’humble et mystique évêque d’Antioche, et sa passion suprême, c’est le Christ, c’est lui que cherche Ignace, « Lui qui est mort pour nous ; lui qui est ressuscité à cause de nous » [25].
Dans les lettres de saint Ignace d’Antioche, les pensées dominantes de saint Paul et de saint Jean fusionnent : union du Christ et de l’Église et vie dans le Christ. Le thème majeur qui les parcourt est celui de l’union : union à Dieu et au Christ, union à l’évêque et entre tous les chrétiens.
Cette intime union à son Dieu qui l’appelle est la source vive où Ignace puise le désir ardent et la force de l’imiter dans sa patience et jusque dans sa mort glorieuse. Mais c’est en pleine conscience de son absolue faiblesse que « dernier des fidèles d’Antioche » [26], il s’élance à la suite de son Maître : « Pour s’associer à sa passion, il endure tout » mais – il le sait et le proclame -, seul « lui en donne la force celui qui s’est fait parfaitement homme » [em].
Dans une foi ferme, animée d’espérance et d’amour, Ignace contemple son « Sauveur » [em] « né de Marie et de Dieu » [27], « l’invisible qui à cause de nous s’est rendu visible » [28], et cette foi le mène à l’imitation du Christ.
Par cette imitation, et comme d’étape en étape, tel le prisonnier mené d’Antioche à Rome, l’humble disciple sera mené à la plus haute contemplation : c’est ce que met si bien en valeur le beau tropaire de la liturgie byzantine [29] :

Émule des apôtres dans leur vie, leur successeur sur leurs trônes, tu as trouvé dans la pratique des vertus, ô inspiré de Dieu, la voie qui mène à la contemplation. Aussi, dispensant fidèlement la parole de vérité, tu as lutté pour la foi jusqu’au sang, ô Pontife martyr Ignace. Prie le Christ-Dieu de sauver nos âmes.

BENOÎT XVI – SAINT IGNACE D’ANTIOCHE – 17 OCTOBRE

16 octobre, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070314_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 14 mars 2007

SAINT IGNACE D’ANTIOCHE – 17 OCTOBRE

Chers frères et sœurs!

Comme nous l’avons déjà fait mercredi, nous parlons des personnalités de l’Eglise naissante. La semaine dernière, nous avons parlé du Pape Clément I, troisième Successeur de saint Pierre. Aujourd’hui, nous parlons de saint Ignace, qui a été le troisième Evêque d’Antioche, de 70 à 107, date de son martyre. A cette époque, Rome, Alexandrie et Antioche étaient les trois grandes métropoles  de  l’empire  romain. Le Concile de Nicée parle de trois « primats »:  celui de Rome, mais Alexandrie et Antioche également participent, d’une certaine manière, à un « primat ». Saint Ignace était Evêque d’Antioche, qui se trouve aujourd’hui en Turquie. Là, à Antioche, comme nous l’apprenons des Actes des Apôtres, se développa une communauté chrétienne florissante:  le premier Evêque fut l’apôtre Pierre – c’est ce que nous rapporte la tradition – et là, « pour la première fois, les disciples reçurent le nom de chrétiens » (Ac 11, 26). Eusèbe de Césarée, un historien du IV siècle, consacre un chapitre entier de son Histoire ecclésiastique à la vie et à l’œuvre littéraire d’Ignace (3, 36). « De Syrie », écrit-il, « Ignace fut envoyé à Rome pour être livré en pâture aux bêtes sauvages, à cause du témoignage qu’il avait rendu du Christ. En accomplissant son voyage à travers l’Asie, sous la surveillance sévère des gardes » (qu’il appelle les « dix léopards » dans sa Lettre aux Romains, 5, 1), « dans toutes les villes où il s’arrêtait, à travers des prédications et des avertissements, il renforçait les Eglises; et surtout, il exhortait, avec la plus grande vigueur, à se garder des hérésies, qui commençaient alors à se multiplier, et recommandait de ne pas se détacher de la tradition apostolique ». La première étape du voyage d’Ignace vers le martyre fut la ville de Smyrne, où était Evêque saint Polycarpe, disciple de saint Jean. Ici, Ignace écrivit quatre lettres, respectivement  aux  Eglises  d’Ephèse, de Magnésie, de Tralles et de Rome. « Parti de Smyrne », poursuit Eusèbe « Ignace arriva à Troade, et de là, envoya de nouvelles lettres »:  deux aux Eglises de Philadelphie et de Smyrne, et une à l’Evêque Polycarpe. Eusèbe complète ainsi la liste des lettres, qui nous sont parvenues de l’Eglise du premier siècle comme un trésor précieux. En lisant ces textes, on sent la fraîcheur de la foi de la génération qui avait encore connu les Apôtres. On perçoit également dans ces lettres l’amour ardent d’un saint. Enfin, de Troade, le martyr arriva à Rome où, dans l’amphithéâtre Flavien, il fut livré aux bêtes féroces.
Aucun Père de l’Eglise n’a exprimé avec autant d’intensité qu’Ignace l’ardent désir d’union avec le Christ et de vie en Lui. C’est pourquoi nous avons lu le passage de l’Evangile sur la vigne qui, selon l’Evangile de Jean, est Jésus. En réalité, en Ignace confluent deux « courants » spirituels:  celui de Paul, entièrement tendu vers l’union avec le Christ, et celui de Jean, concentré sur la vie en Lui. A leur tour, ces deux courants débouchent sur l’imitation du Christ, proclamé plusieurs fois par Ignace comme « mon » ou « notre Dieu ». Ainsi, Ignace supplie les chrétiens de Rome de ne pas empêcher son martyre, car il est impatient d’être « uni au Christ ». Et il explique:  « Il est beau pour moi de mourir en allant vers (eis) Jésus Christ, plutôt que de régner jusqu’aux confins de la terre. Je le cherche lui, qui est mort pour moi, je le veux lui, qui est ressuscité pour moi… Laissez-moi imiter la Passion de mon Dieu! » (Romains 5, 6). On peut saisir dans ces expressions ardentes d’amour le « réalisme » christologique prononcé, typique de l’Eglise d’Antioche, plus que jamais attentive à l’incarnation du Fils de Dieu et à son humanité véritable et concrète:  Jésus Christ, écrit Ignace aux Smyrniotes, « est réellement de la  souche  de  David », « il  est  réellement né d’une vierge », « il fut réellement cloué pour nous » (1, 1).
L’irrésistible aspiration d’Ignace vers l’union au Christ donne naissance à une véritable « mystique de l’unité ». Lui-même se définit comme « un homme auquel est confié le devoir de l’unité » (Philadelphiens, 8, 1). Pour Ignace, l’unité est avant tout une prérogative de Dieu qui, existant dans trois personnes, est Un dans l’unité absolue. Il répète souvent que Dieu est unité, et que ce n’est qu’en Dieu que celle-ci se trouve à  l’état  pur  et originel. L’unité à réaliser sur cette terre de la part des chrétiens n’est qu’une imitation, la plus conforme possible à l’archétype divin. De cette façon, Ignace arrive à élaborer une vision de l’Eglise qui rappelle de près certaines des expressions de la Lettre aux Corinthiens de Clément l’Evêque de Rome. « Il est bon pour vous », écrit-il par exemple aux chrétiens d’Ephèse, « de procéder ensemble en accord avec la pensée de l’Evêque, chose que vous faites déjà. En effet, votre collège des prêtres, à juste titre célèbre, digne de Dieu, est si harmonieusement uni à l’Evêque comme les cordes à la cithare. C’est pourquoi Jésus Christ est chanté dans votre concorde et dans votre amour symphonique. Et ainsi, un par un, vous devenez un chœur, afin que dans la symphonie de la concorde, après avoir pris le ton de Dieu dans l’unité, vous chantiez d’une seule voix » (4, 1-2). Et après avoir recommandé aux Smyrniotes de ne « rien entreprendre qui concerne l’Eglise sans l’évêque » (8, 1), confie à Polycarpe:  « J’offre ma vie pour ceux qui sont soumis à l’Evêque, aux prêtres et aux diacres. Puissé-je avec eux être uni à Dieu. Travaillez ensemble les uns pour les autres, luttez ensemble, courez ensemble, souffrez ensemble, dormez et veillez ensemble comme administrateurs de Dieu, ses assesseurs et ses serviteurs. Cherchez à plaire à Celui pour lequel vous militez et dont vous recevez la récompense. Qu’aucun de nous ne soit jamais surpris déserteur. Que votre baptême demeure comme un bouclier, la foi comme un casque, la charité comme une lance, la patience comme une armure » (6, 1-2).
D’une manière générale, on peut percevoir dans les Lettres d’Ignace une sorte de dialectique constante et féconde entre les deux aspects caractéristiques de la vie chrétienne:  d’une part, la structure hiérarchique de la communauté ecclésiale, et de l’autre, l’unité fondamentale qui lie entre eux les fidèles dans le Christ. Par conséquent, les rôles ne peuvent pas s’opposer. Au contraire, l’insistance sur la communauté des croyants entre eux et avec leurs pasteurs est continuellement reformulée à travers des images et des analogies éloquentes:  la cithare, la corde, l’intonation, le concert, la symphonie. La responsabilité particulière des Evêques, des prêtres et des diacres dans l’édification de la communauté est évidente. C’est d’abord pour eux que vaut l’invitation à l’amour et à l’unité. « Ne soyez qu’un », écrit Ignace aux Magnésiens, en reprenant la prière de Jésus lors de la Dernière Cène:  « Une seule supplique, un seul esprit, une seule espérance dans l’amour; accourez tous à Jésus Christ comme à l’unique temple de Dieu, comme à l’unique autel; il est un, et procédant du Père unique, il est demeuré uni à Lui, et il est retourné à Lui dans l’unité » (7, 1-2). Ignace, le premier dans la littérature chrétienne, attribue à l’Eglise l’adjectif de « catholique », c’est-à-dire « universelle »:  « Là où est Jésus Christ », affirme-t-il, « là est l’Eglise catholique » (Smyrn. 8, 2). Et c’est précisément dans le service d’unité à l’Eglise catholique que la communauté chrétienne de Rome exerce une sorte de primat dans l’amour:  « A Rome, celle-ci préside, digne de Dieu, vénérable, digne d’être  appelée  bienheureuse… Elle préside à la charité, qui reçoit du Christ  la loi et porte le nom du Père » (Romains, prologue).
Comme on le voit, Ignace est véritablement le « docteur de l’unité »:  unité de Dieu et unité du Christ (au mépris des diverses hérésies qui commençaient à circuler et divisaient l’homme et Dieu dans le Christ), unité de l’Eglise, unité des fidèles « dans la foi et dans la charité, par rapport auxquelles il n’y a rien de plus excellent » (Smyrn. 6, 1). En définitive, le « réalisme » d’Ignace invite les fidèles d’hier et d’aujourd’hui, il nous invite tous à une synthèse progressive entre la configuration au Christ (union avec lui, vie en lui) et le dévouement à son Eglise (unité avec l’Evêque, service généreux de la communauté et du monde). Bref, il faut parvenir à une synthèse entre communion de l’Eglise à l’intérieur d’elle-même et mission proclamation de l’Evangile pour les autres, jusqu’à ce que, à travers une dimension, l’autre parle, et que les croyants soient toujours davantage « dans la possession de l’esprit indivis, qui est Jésus Christ lui-même » (Magn. 15).  En  implorant du Seigneur cette « grâce de l’unité », et dans la conviction de présider à la charité de toute l’Eglise (cf. Romains, prologue), je vous adresse le même souhait que celui qui conclut la lettre d’Ignace aux chrétiens de Tralles:  « Aimez-vous l’un l’autre avec un cœur non divisé. Mon esprit s’offre en sacrifice pour vous, non seulement à présent, mais également lorsqu’il aura rejoint Dieu… Dans le Christ, puissiez-vous être trouvés sans tache » (13). Et nous prions afin que le Seigneur nous aide à atteindre cette unité et à être enfin trouvés sans tache, car c’est l’amour qui purifie les âmes.

Copte Ikon représentant l’Archange Michael défaisant le dragon

15 octobre, 2013

Copte Ikon représentant l'Archange Michael défaisant le dragon dans Pape Benoit CopticAngel

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