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JEAN-PAUL II: LECTURE: GA 4, 4-7

23 octobre, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/audiences/2000/documents/hf_jp-ii_aud_20000920_fr.html

JEAN-PAUL II

AUDIENCE GÉNÉRALE

MERCREDI 20 SEPTEMBRE 2000

LECTURE:  GA 4, 4-7

1. Nous avons commencé cette rencontre sous le sceau trinitaire, défini de façon incisive et lumineuse par les paroles de l’Apôtre Paul dans l’Epître aux Galates (cf. 4, 4-7). Le Père, en communiquant l’Esprit Saint dans le coeur des croyants, réalise et révèle l’adoption filiale que le Christ a obtenue pour nous. En effet, l’Esprit « atteste que nous sommes des enfants de Dieu » (cf. Rm 8, 16). En nous tournant vers cette vérité, comme vers l’étoile polaire de la foi chrétienne, nous méditerons sur certains aspects existentiels de notre communion avec le Père, à travers le Fils et dans l’Esprit.
2. La façon typiquement chrétienne de considérer Dieu passe toujours à travers le Christ. Il est le Chemin, et personne ne va au Père si ce n’est grâce à Lui (cf. Jn 14, 6). A l’Apôtre Philippe qui l’implore:  « Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit », Jésus déclare:  « Qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14, 8-9). Le Christ, le Fils bien-aimé (cf. Mt 3, 17; 17, 5) est par excellence celui qui révèle le Père. Le véritable visage de Dieu ne nous est révélé que par celui « qui est dans le sein du Père ». L’expression originale grecque de l’Evangile de Jean (cf. 1, 18) indique une relation intime et dynamique d’essence, d’amour, de vie du Fils avec le Père. Cette relation du Verbe éternel, concerne la nature humaine qu’il a assumée dans l’Incarnation. C’est pourquoi, dans l’optique chrétienne l’expérience de Dieu ne peut jamais se réduire à un simple « sens du divin », et l’on ne peut pas considérer comme n’étant pas nécessaire la médiation de l’humanité du Christ, comme l’ont démontré les plus grands mystiques tels que saint Bernard, saint François d’Assise, sainte Catherine de Sienne, sainte Thérèse d’Avila, et de nombreux disciples du Christ de notre époque, de Charles de Foucauld à sainte Thérèse Bénédicte de la Croix (Edith Stein).
3. Divers aspects du témoignage de Jésus à l’égard du Père se reflètent dans chaque expérience chrétienne authentique. Il a tout d’abord témoigné que le Père est à l’origine de son enseignement:  « Ma doctrine n’est pas de moi , mais de celui qui m’a envoyé » (Jn 7, 16). Ce qu’il a fait connaître est exactement ce qu’ »il a entendu » du Père (cf. Jn 8, 26; 15, 15; 17, 8.14). L’expérience chrétienne de Dieu ne peut donc se développer qu’en totale cohérence avec l’Evangile.
Le Christ a également témoigné avec efficacité de l’amour du Père. Dans la merveilleuse parabole du fils prodigue, Jésus présente le Père toujours en attente de l’homme pécheur qui revient entre ses bras. Dans l’Evangile de Jean, Il insiste sur le Père qui aime les hommes:  « Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique » (Jn 3, 16). Et aussi:  « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui » (Jn 14, 23). Celui qui fait vraiment l’expérience de l’amour de Dieu, ne peut que répéter avec une émotion toujours nouvelle l’exclamation de la première Lettre de Jean:  « Voyez quelle manifestation d’amour le Père nous a donnée pour que nous soyons appelés enfants de Dieu, et nous le sommes! » (1 Jn 3, 1). Dans cette lumière, nous pouvons nous adresser à Dieu avec l’invocation tendre, spontanée et intime:  Abba! Père. Elle se présente constamment sur les lèvres du fidèle qui se sent fils, comme nous le rappelle saint Paul dans le texte qui a ouvert notre rencontre (cf. Ga 4, 4-7).
4. Le Christ nous donne la vie même de Dieu, une vie qui franchit le temps et qui nous introduit dans le mystère du Père, dans sa joie et sa lumière infinie. L’évangéliste Jean en témoigne en transmettant les paroles sublimes de Jésus:  « Comme le Père en effet a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir aussi la vie en lui-même » (Jn 5, 26). « Oui, telle est la volonté de mon Père, que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour [...] De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé et que je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi » (Jn 6, 40.57).
Cette participation à la vie du Christ, qui fait de nous des « fils dans le Fils » est rendue possible par le don de l’Esprit. En effet, l’Apôtre nous présente le fait d’être fils de Dieu en étroite liaison avec l’Esprit Saint:  « En effet, tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu » (Rm 8, 14). L’Esprit nous met en relation avec le Christ et avec le Père. « Dans cet Esprit, qui est le Don éternel, le Dieu un et trine s’ouvre à l’homme, à l’esprit humain. Le souffle caché de l’Esprit divin fait que l’Esprit humain s’ouvre à son tour en face de Dieu qui s’ouvre à lui pour le sauver et le sanctifier [...] Dans la communion de grâce avec la Trinité s’élargit « l’espace vital » de l’homme, élevé au niveau surnaturel de la vie divine. L’homme vit en Dieu et de Dieu:  il vit « selon l’Esprit » et « désire ce qui est spirituel »" (Dominum et vivificantem, n. 58).
5. Au chrétien illuminé par la grâce de l’Esprit, Dieu apparaît véritablement avec son visage paternel. Il peut s’adresser à Lui avec la confiance dont sainte Thérèse de Lisieux témoigne dans  ce  passage  autobiographique  intense:  « Le petit oiseau voudrait voler vers ce brillant soleil qui charme ses yeux, il voudrait imiter les aigles ses frères qu’il voit s’élever jusqu’au foyer Divin de la Trinité Sainte [...] Hélas tout ce qu’il peut faire, c’est de soulever ses petites ailes, mais s’envoler, cela n’est pas en son petit pouvoir [...] Avec un audacieux abandon, il veut rester à fixer son Divin soleil; rien ne saurait l’effrayer, ni le vent, ni la pluie » (Manuscrits autobiographiques, Paris 1957, p. 231).

PARLEZ-NOUS DE JÉSUS ?

23 octobre, 2013

http://ilmsil.free.fr/branche6/parlez_nous_de_jesus.htm

PARLEZ-NOUS DE JÉSUS ?

Il n’est pas simple de parler de Jésus à des gens qui ont derrière eux une tradition de la connaissance de cet « individu ». Tout a déjà été dit sur lui, tout est connu d’avance. Selon les spécialistes de l’histoire du christianisme, 1994 a été le deux millième anniversaire de la naissance de Jésus de Nazareth, auquel se réfèrent 1,8 milliard de chrétiens dans le monde.

QU’EST-CE QU’ÊTRE CHRÉTIEN ?
Le terme chrétien n’est pas d’origine chrétienne. Les premiers disciples se désignaient sous le nom de « frères », de « ceux qui suivent la Voie », de « saints ». C’est dans des milieux non-chrétiens que ce concept a été formé. Est chrétien le partisan, l’adepte du Christ. C’est à Antioche, vers l’an 40, que « pour la première fois, le nom de chrétiens fut donné aux disciples » (Ac. 11, 26). L’apparition de ce terme manifeste que l’Église n’est plus considérée comme une sorte de secte juive, mais comme un groupe religieux nouveau qui se réclame explicitement du Christ. Il faut aussi se rappeler que ce terme n’est pas, à l’origine, un terme honorifique. C’est plutôt un sobriquet insultant à l’égard de ceux qui considèrent que Jésus est le Christ. Accepter d’être reconnu comme chrétien, c’était accepter le mépris, l’insulte, la persécution et donc parfois la mort. Aujourd’hui, le terme de chrétien n’est plus aussi méprisé, du moins dans la civilisation occidentale.
On peut appeler chrétien tout homme qui, dans sa pensée et son action, se réfère à Jésus-Christ, non comme à une personne du passé, mais comme à une personne toujours agissante, comme à une personne susceptible d’apporter une lumière définitive sur le sens de la vie, sur le sens de la mort. Ne peut être chrétien que celui qui accepte de parcourir totalement le même chemin que Jésus, en allant donc aussi jusqu’à accepter la mort.

QUI EST-IL ?
Il nous arrive de faire des erreurs sur la personne des autres. On s’est également trompé sur la personne de Jésus. Qui est-il ? Qu’a-t-il voulu dire ? Chaque génération chrétienne se pose les mêmes questions. Et encore cette autre question qui se pose avec acuité chez ceux qui s’opposent violemment à la foi chrétienne : y a-t-il eu à l’origine du christianisme une personnalité réelle, Jésus, ou bien l’histoire évangélique n’est-elle que la traduction d’un mythe et Jésus n’a-t-il eu de réalité que dans l’imagination et le coeur de ses adorateurs ? Ce n’est pas une question nouvelle, puisqu’elle s’est posée à partir du dix-huitième siècle… tout comme peu de temps après on s’interrogeait sur l’existence de Napoléon, en se demandant s’il n’était pas qu’un mythe, qu’une histoire légendaire. C’est au début du vingtième siècle que la discussion sur l’historicité de Jésus s’est amplifiée, parce que les matériaux évangéliques ne permettaient pas d’écrire une vie de Jésus et que les témoignages non-chrétiens concernant Jésus de Nazareth sont peu nombreux.
A vrai dire, il n’existe pas de personnage historique qui ait exercé une influence comparable à celle de ce prophète galiléen, Jésus de Nazareth, puisque son influence se fait sentir encore aujourd’hui, même chez ceux qui se disent non-chrétiens. Ceux-ci, même s’ils sont adversaires de la religion sous toutes ses formes, reconnaissent que Jésus a été un personnage hors du commun et que son message a marqué l’ensemble de l’humanité, bien que sa prédication n’ait duré que quelques années et que sa mort fut ignominieuse.

LES ÉCRITS SUR L’EXISTENCE DE JÉSUS.
L’histoire de Jésus n’est consignée ni dans les actes officiels ni dans les annales de l’empire romain, ni dans les ouvrages d’histoire juive, et il n’a guère été pris en considération par l’histoire mondiale.
Gaius Plinius Secundus, généralement appelé Pline le Jeune, légat en Bythinie, écrit à l’empereur, vers 112, pour lui faire part de ses problèmes. Il a comme soucis importants des grèves, des scandales municipaux et une morosité politique. Il constate également un grand malaise religieux : les temples sont désertés, dans quelques-uns même, le culte a cessé. Cela a conduit à une crise agricole, puisqu’il n’y a plus d’acheteurs pour les animaux destinés aux sacrifices. Tout cela est imputable, selon les informateurs de Pline, aux chrétiens qui forment une société secrète et qui manquent certainement de loyauté envers l’empire romain.
La lettre de Pline n’est pas la seule source à désigner « Christ ». Trois ou quatre ans plus tard, Tacite écrit ses Annales, il dit que Néron était soupçonné d’être l’instigateur de l’incendie de Rome en 64. Pour faire taire les rumeurs, la police romaine avait recherché un bouc émissaire. Elle en trouva un dans un groupe de personnes connues sous le nom de chrétiens, qui étaient méprisées par la populace à cause de leur conduite scandaleuse à ses yeux. Aussi un certain nombre de chrétiens furent-ils torturés et condamnés à mort.
Vers l’an 120, dans sa Vie des douze Césars, Suétone écrit la vie de Néron. Dans une série de mesures prises par l’empereur, il note : « On livra au supplice les chrétiens, sorte de gens adonnés à une superstition nouvelle et dangereuse ». Et, dans la vie de Claude, on peut lire : « Comme les juifs se soulevaient continuellement, à l’instigation d’un certain Chrestos, il les chassa de Rome ». Dans tout cela, il n’y a rien de très précis concernant Jésus qui mourut sous Ponce-Pilate. Mais un fait est capital : dans la deuxième décennie du deuxième siècle, les autorités impériales connaissent les chrétiens comme un mouvement spécifique, et elles ont eu affaire à eux déjà sous Néron. Trois témoins romains font mention du Christ, ce qui empêche de mettre en doute son existence historique.
Indirectement, les textes juifs du Talmud établissent également qu’il n’y a pas lieu de mettre en doute son existence. Une tradition antérieure à l’an 200, venue du traité du Sanhédrin, dans le Talmud de Babylone, indique : « A la veille de la fête de la Pâque, on pendit Jésus. Quarante jours auparavant, le héraut avait proclamé : il est conduit dehors pour être lapidé, car il a pratiqué la magie et séduit Israël et l’a rendu apostat. Celui qui a quelque chose à dire pour sa défense, qu’il vienne et le dise. Comme rien n’avait été avancé pour sa défense, on le pendit à la veille de la fête de la Pâque ».
Vers 93, Flavius Josèphe mentionne le Christ dans deux passages de son livre, les Antiquités juives. Le premier rapporte la condamnation et l’exécution de Jacques, le frère de Jésus, et le second parle de Jésus comme d’un sage dont beaucoup de juifs et de non-juifs sont devenus les disciples, croyant qu’il était le Messie.
On aurait tort de penser que les seules sources non-chrétiennes ont une valeur probante. Les textes du Nouveau Testament permettent d’affirmer, sans hésitation, l’existence de Jésus, même si les premières communautés n’ont pas cherché à mettre en valeur le rôle historique que pouvait avoir celui en qui des hommes mettaient leur foi, au point de mourir pour son nom au lieu de le renier.
Les lettres de l’apôtre Paul, qui sont facilement datables, permettent d’affirmer un fait qu’aucune communauté n’aurait inventé d’elle-même : Jésus est mort pendu à une croix, cela vraisemblablement le vendredi 7 avril 30 (cette date est très vraisemblable, quoique pas entièrement certaine). Cette mort est loin d’être une « mort noble » pour le fondateur d’une religion ! En effet, il y a un texte terrible dans la Loi de Moïse concernant un tel châtiment : « l’homme ayant en lui un péché passible de mort, qui aura été mis à mort et que l’on aura pendu à un arbre : un pendu est une malédiction de Dieu » (Dt. 21, 23).
Des témoignages dignes de foi attestent donc l’existence de Jésus de Nazareth. Ce sont les documents chrétiens qui sont les plus nombreux pour affirmer qu’un personnage historique réel se trouve derrière toute la tradition évangélique.
Aux environs de l’an 200, mourut à Lyon saint Irénée, évêque de cette ville, et donc un des hommes influents de cette cité. Une de ses lettres, adressée à son ami Florinus, nous est parvenue. A celui qu’il avait perdu de vue depuis un certain temps, Irénée rappelle des souvenirs de vie étudiante en Asie Mineure, évoquant leurs études auprès de Polycarpe, évêque de Smyrne, qui mourut aux environs de 155, alors qu’il était âgé de plus de quatre-vingt-cinq ans. Il se souvient que le Polycarpe les entretenait de « Jean, le disciple du Seigneur », qu’il avait personnellement connu bien des années auparavant. Irénée n’aurait pas fait ce témoignage sans avoir la certitude que son ami pouvait évoquer les mêmes souvenirs. Donc, vers l’an 200, un homme était en mesure d’évoquer Jésus par l’intermédiaire d’un maître qui avait connu personnellement un des disciples de ce Jésus…

UNE QUESTION DE DATES

Il convient d’abord de dire comment a été fixée le début de l’ère chrétienne. Au sixième siècle, un moine, Denys le Petit, instaura un comput des dates à partir de la naissance de Jésus, en la fixant en l’an 753 de la fondation de Rome. Il se trompa de quelques années. Néanmoins on peut parvenir à des hypothèses assez probables.
L’évangéliste Luc (3, 1) fixe le commencement du ministère public à l’an 15 du principat de Tibère César, ce qui permet de le dater des années 27-28. Cette date se trouve en quelque sorte justifiée par l’évangéliste Jean (2, 20) quand il parle des quarante-six années qu’il a fallu pour reconstruire le Temple de Jérusalem. La vie publique de Jésus aurait duré deux ou trois ans, ce qui correspond bien aux trois fêtes de Pâques mentionnées par Jean.
La date de la naissance de Jésus est difficile à établir avec précision. Selon Matthieu, Jésus serait né sous le règne d’Hérode le Grand, qui est mort en l’an 4 avant le début de l’ère chrétienne. Les historiens s’accordent sur l’an 746 ou 747 de la fondation de Rome, c’est-à-dire en 6 ou 7 avant l’ère chrétienne.
L’évangéliste Luc, qui affirme que Jésus avait environ 30 ans au début de son ministère, s’accorde avec cette date.

L’ENVIRONNEMENT LINGUISTIQUE DE JÉSUS
La Palestine était sous influence romaine, et la société était multilingue (polyglotte). On en trouve une preuve dans le texte de l’évangile de Jean (19, 20) où il est fait référence à l’inscription que Ponce-Pilate fit placer sur la croix de Jésus en ces termes : « Cette inscription a été lue par de nombreux juifs, car l’endroit où Jésus fut crucifié était proche de la ville, et elle était écrite en hébreu, en latin et en grec ».
Tous les habitants parlaient ou comprenaient plusieurs langues. Jésus parlait l’araméen, un dialecte issu de l’hébreu, qui était sa langue maternelle, il connaissait l’hébreu, qui était la langue dans laquelle avaient été écrits les différents livres saints du judaïsme.
Jésus devait avoir des notions de grec et de latin, les deux langues de la Méditerranée orientale, depuis les conquêtes antérieurs, langues dans lesquelles s’effectuaient les échanges commerciaux. Un exemple, tiré de l’évangile selon Marc, nous apprend que Jésus s’est rendu dans la région de Tyr, et qu’il y a rencontré une syrophénicienne. Marc (7, 24-30) souligne que cette femme parlait le grec, et donc que la conversation avec Jésus a été menée en grec. Il en est de même dans la discussion de Jésus avec les Pharisiens, concernant l’impôt à payer à César (Mc. 12, 13-17). La Palestine avait comme monnaie des pièces portant une inscription latine au « Divus Augustus », le divin Auguste. Jésus ne demande pas ce que signifie cette inscription, mais de qui il est fait mention sur cette pièce, signe qu’il comprenait le sens de la phrase… Et il faudrait encore invoquer l’interrogatoire de Jésus par Pilate : il n’a pu être mené qu’en grec ou en latin.

QUI EST DONC JÉSUS DE NAZARETH ?
LE FILS DE JOSEPH ET DE MARIE ?
Les Évangiles gardent le souvenir de paroles très dures de Jésus à l’égard de sa famille. Et Luc qui rapporte la seule parole de Jésus enfant souligne comment Jésus s’est démarqué de la paternité de Joseph, que Marie lui rappelait : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois, ton père et moi, nous te cherchions, tout angoissés » (Lc. 2, 48). C’est sans hésitation que Marie désigne Joseph comme le père de Jésus. Cette paternité de Joseph eut pour Jésus beaucoup plus d’importance qu’on ne le pense habituellement. Pour désigner Dieu, Jésus emploie le terme affectueux que tous les enfants donnent à leur père : « Abba, papa ». Mais, la réponse de Jésus à sa mère, dans l’épisode du Temple, est déroutante : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon père ? » (Lc. 2, 49). Jésus revendique une autre paternité. C’est Dieu qui est son seul Père, même si, du point de vue légal, Joseph est vraiment père de Jésus, puisque c’est par lui que Jésus peut s’inscrire dans la descendance du roi David.

CHARPENTIER OU RABBI EN ISRAËL ?
Après la manifestation de Jésus au Temple, les évangiles ne rapportent rien jusqu’au début de sa vie publique. Jésus apprend le métier de Joseph, que l’on présente comme un charpentier. En fait, le terme grec qui désigne le métier de Joseph est : tecton, bâtisseur, sens qui est resté dans le terme « architecte ». Même si l’évangile ne le précise pas, Jésus travailla avec lui comme apprenti. Selon les directives des livres saints, un père ne doit pas seulement nourrir son fils, mais lui apprendre un métier : « Qui n’enseigne pas à son fils une profession manuelle, c’est comme s’il en faisait un brigand ».
Les gens qui ont fréquenté Jésus durant sa vie publique l’ont souvent appelé « rabbi », terme qui veut dire « maître » en hébreu. Jésus devait être considéré comme un enseignant, même s’il n’avait pas effectué d’études auprès des scribes et des docteurs de la Loi. Charpentier, il faisait partie du milieu des artisans qui étaient les dépositaires de la sagesse populaire véhiculée dans les ateliers. Le travail des mains délie l’esprit : dans les ateliers, chacun pouvait s’exprimer librement, et la langue devait alors être aussi habile que les mains. C’est d’ailleurs ce qui est exprimé par un dicton à valeur proverbiale, repris par la tradition orale : « N’y a-t-il pas un charpentier, fils de charpentier, pour résoudre cette question ? »
Au premier siècle de l’ère chrétienne, le judaïsme est fragmenté en de multiples tendances dont les traces sont perceptibles dans les différents écrits. Pour faire passer son message, Jésus devait nécessairement s’inscrire dans l’un ou l’autre courant.

JÉSUS REFUSE L’HYPOCRISIE DES PHARISIENS
Les Pharisiens constituent un courant de piété. Ils refusent la lutte armée pour l’indépendance et gardent strictement leurs objectifs religieux, centrés sur la fidélité absolue à la Torah. Ils étaient issus du laïcat et non des castes sacerdotales. Ils se considèrent comme supérieurs au peuple qui n’observe pas les prescriptions rigoureuses. Ils apparaissent comme de faux dévots hypocrites. Leur différend avec Jésus repose sur le fait que ce dernier méprise leur interprétation étroite de la Torah et les barrières qu’ils s’imposent pour que celle-ci soit scrupuleusement respectée. Dans ses discussions avec les pharisiens, Jésus ne se situe jamais sur le plan de la spéculation intellectuelle ou des questions théoriques. II se place plutôt sur le plan des questions pratiques ou tout au plus sur des questions d’exégèse de la Torah.

JÉSUS N’ACCEPTE PAS L’INTÉGRISME DES SADDUCÉENS
Les sadducéens sont de fermes conservateurs, ils ne reconnaissent l’autorité que des écrits anciens, refusant de reconnaître les progrès doctrinaux et les nouvelles croyances, qui n’étaient pas fondés dans les premiers écrits. Ainsi, ils ne peuvent admettre la croyance aux anges, à la résurrection des morts et à la rétribution universelle après la mort. Les sadducéens forment un groupe organisé comprenant les prêtres, les anciens, la noblesse sacerdotale et la noblesse laïque. Il se soucient de l’opportunité politique et des intérêts économiques. Ils collaborent avec la puissance politique en place, fut-elle étrangère. Ils acceptent le joug de Rome, en s’accommodant tant bien que mal des circonstances les plus défavorables.

JÉSUS REFUSE LA FUITE AU DÉSERT DES ESSÉNIENS
En réaction contre l’oppression et la misère subies par les juifs, certains hommes, qui seront appelés Esséniens, décidèrent de se mettre à l’écart du monde mauvais et de vivre dans la piété et la sécurité de la religion. La plupart des fidèles de la secte se retiraient dans les voisinages de la mer Morte, pour pratiquer un ascétisme très rigoureux. La communauté ressemblait étrangement à un monastère dont les différents membres travaillaient à la copie soigneuse des textes scripturaires. Beaucoup plus soucieux de la pureté du judaïsme que les pharisiens eux-mêmes, les Esséniens recherchaient la perfection la plus absolue. Pour ce faire, certains se vouèrent même au célibat, dans l’attente de la venue du Messie. Ce célibat rompait avec la tradition du judaïsme qui prône le mariage et la fécondité. Ceux qui recherchaient la sainteté devaient considérer comme préférable de n’avoir point charge de famille.
Jésus eut sans doute des contacts avec les communautés esséniennes, même si rien n’en transpire dans les textes évangéliques. Toutefois, en y regardant de très près, il semble qu’il prit son dernier repas dans le quartier essénien de Jérusalem. Pour préparer ce repas, il envoie deux disciples, en leur disant de suivre un homme portant une cruche d’eau. Or, ce travail était une tâche exclusivement féminine, sauf chez les Esséniens, qui voulaient éviter tout contact féminin, surtout pendant la préparation de la Pâque.

JÉSUS REFUSE LE FANATISME ARMÉ DES ZÉLOTES
Les zélotes entendaient trouver une solution pratique à l’oppression : ils refusaient de se cacher du monde et se préparaient activement à la lutte contre toute tyrannie. Ils s’opposaient aux pharisiens et aux saducéens, qui étaient prêts à collaborer avec la puissance d’occupation pour bénéficier d’une relative sécurité. Pourtant, les zélotes n’étaient pas des nationalistes fanatiques : ils étaient prêts à lutter et à mourir pour l’amour de la patrie, mais ils vivaient aussi dans un profond attachement à la Loi, pour laquelle aussi ils auraient accepté de subir la persécution et la mort.
Jésus a eu des contacts parmi les zélotes, notamment par l’un de ses disciples, Simon, non pas celui qui sera surnommé Pierre, mais un autre Simon qui est toujours qualifié de son titre de zélote. Et sans être affilié au parti des zélotes, il est très vraisemblable que Judas Iscarioth était un de leurs sympathisants.

JÉSUS EST PLUS PROCHE DU COURANT BAPTISTE
Sur les bords du Jourdain, un prophète – qui n’est pas reconnu par la tradition juive – Jean proposait un baptême de conversion à tous ceux qui espéraient la venue de l’ère messianique, dans l’attente de celui qui devait libérer Israël. On a souvent pensé que Jean, surnommé le Baptiste, à cause de son activité, avait été influencé par la communauté essénienne. Ce n’est pas impossible. Cependant, à la différence de celle-ci, il n’accueillait pas une élite religieuse, mais l’ensemble du peuple pécheur, qu’il préparait à la venue du Messie, en lui proposant un baptême de conversion. Jean renouait avec le prophétisme le plus ancien d’Israël : à chacun, il donnait des conseils appropriés à sa situation, l’invitant à suivre la religion selon son esprit et non pas seulement selon sa lettre. Les évangiles présentent Jésus se faisant baptiser par Jean et recrutant parmi les disciples de celui-ci ceux qui allaient devenir les siens. La mort du Baptiste, exécuté par ordre du roi Hérode, devait permettre à Jésus de mener son action propre. S’écartant du courant baptiste, il présente un message qui, dans sa forme, semble nouveau pour le peuple.

JÉSUS N’EST PAS UN BON « PAROISSIEN »
D’après les textes évangéliques, il ne semble pas que Jésus ait été un bon « paroissien » par rapport aux offices de la synagogue. Chaque fois qu’il se trouve dans la maison de prière et d’étude, il arrive des incidents. Jésus a manifesté qu’il était un homme libre. Contrairement à ce que l’on croit trop facilement, Jésus n’a pas fait semblant d’être homme, il n’a pas fait semblant de souffrir. Sous prétexte qu’il est Dieu, nous n’avons pas le droit de lui refuser d’être honnête et d’être vrai. Il est Dieu mais il est homme ; il n’a pas profité du fait qu’il était Dieu pour tricher. Il n’a pas joué un rôle, il a joué sa vie, et il a perdu. Il n’a pas été un héros, il a été condamné à être crucifié comme n’importe quel condamné de droit commun, comme un voleur à la tire, comme un assassin…
Les premiers chrétiens n’ont certainement pas cherché à évacuer le scandale de la croix : l’arrachement de Jésus à l’existence n’a pas été édulcoré, comme s’il s’était agi d’une sorte de demi-mal. Et pourtant, les disciples reconnaissent que Jésus demeure vivant, non pas qu’il soit revenu purement et simplement à la vie qu’il possédait avant son arrestation et sa crucifixion, comme si son cadavre avait été réanimé d’une manière ou d’une autre.
La mort de Jésus n’a pas été un banal accident de parcours, elle a été une dure réalité que les événements de Pâques n’ont pas pu dissimuler et que les témoins ont du assimiler. Bien qu’il soit Dieu, Jésus a connu les limitations de la condition humaine, il a assumé la nature humaine… C’est une illusion que de croire à trop de privilèges pour Jésus. C’est véritablement qu’il a progressé en intelligence et en sagesse, qu’il a ignoré certaines choses, qu’il a été fatigué, agacé de l’inintelligence de ses disciples, qu’il a craint la souffrance et la mort. Nous ne pouvons pas lui refuser le droit d’être honnête sous prétexte qu’il est Dieu.
Mais son humanité ne l’a pas rendu extérieur à Dieu. Il s’est rendu en tout semblable aux hommes, hormis le péché. Ce n’est pas le fait d’être homme qui pose dans une situation d’adversité à Dieu, c’est le péché. Si Jésus n’a pas connu le péché, s’il n’a pas commis d’actes de péché, il a connu toutes les conséquences du péché dans la mesure où elles touchent la réalité humaine. Il a montré comment vivre réellement en homme. Par lui, nous connaissons la véritable nature de l’homme destiné à être l’image de Dieu. En Jésus, Dieu n’écrase pas l’homme : il n’y a pas plus humain que Dieu.

QUE PUIS-JE DIRE DE JÉSUS ?
En tant qu’intellectuel, en tant que chercheur, je puis dire des « choses » sur Jésus, et cela ne manque pas d’être intéressant de continuer des recherches sur cet homme particulier de l’histoire humaine. Il existe des milliers de livres sur son histoire et sur les développement que son existence a pu donner à l’aventure humaine. Cela peut être intéressant, mais cela est-il vital ? Vous répondrez certainement que le fait d’être prêtre me met dans une situation particulière de répondre qu’il y a là une évidence indiscutable. Et pourtant, il faut reconnaître que ce n’est pas toujours aussi évident. Arrivé à un certain âge, pour ne pas dire un âge certain, il faut se poser des questions. Ce que j’ai pu vivre au long des années est-il sensé ? a-t-il réellement du sens ? Même s’il m’arrive de douter – et il me semble que le doute est une caractéristique fondamentale de la foi – je puis vous assurer que je n’ai pas encore regretter d’avoir mis ma confiance en ce Jésus de Nazareth, et si j’ai pu lui manquer en certaines occasions (et elles peuvent être nombreuses), lui ne m’a jamais manqué : il a toujours été à mes côtés, il m’a donné des signes de sa présence et de sa fidélité à mon égard. Et il me semble qu’au terme de ma vie, même si ma raison ne cessera de se poser des questions, l’assurance qu’il m’a donnée restera la plus forte, et c’est la raison pour laquelle je demeure en pleine confiance et sérénité.

PAPE JEAN-PAUL II

22 octobre, 2013

PAPE JEAN-PAUL II dans images sacrée bol11-pag5

http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cevang/p_missionary_works/infantia/images/bol11-pag5.jpg

BIOGRAPHIE DE KAROL WOJTYLA, PAPE JEAN-PAUL II

22 octobre, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/jean-paul-ii/biographie-de-karol-wojtyla-pape-jean-paul-ii.html

BIOGRAPHIE DE KAROL WOJTYLA, PAPE JEAN-PAUL II

Les racines de Karol Wojtyla : un pape marqué par les drames du 20e siècle

Karol Wojtyla, pape Jean-Paul II
Karol Wojtyla nait à Wadowice le 18 mai 1920, second fils d’un père militaire et d’une mère institutrice. Deux ans plus tôt, la Pologne recouvrait l’indépendance politique perdue à la fin du 18e siècle.
 Karol Wojtyla a été marqué dans sa jeunesse par la disparition de tous ses proches. Il est âgé de 9 ans quand sa mère décède. Quelques années plus tard, son frère aîné meurt prématurément. Puis le père meurt en 1941. Ces épreuves familiales ont pris place dans un contexte historique difficile. Karol Wojtyla a partagé le sort d’une Pologne particulièrement atteinte par les drames du 20e siècle. En 1939, la Pologne perd à nouveau son autonomie avec sa partition entre l’Allemagne nazie et l’URSS. Après la guerre, elle connaîtra le totalitarisme communiste jusqu’en 1989.
 Le pape Jean-Paul II visitera la Pologne communiste dès le début de son pontificat en 1979, puis de nouveau en 1983 et en 1987. Les rassemblements populaires suscités par ses visites, son soutien explicite au syndicat Solidarnosc, auront joué un rôle décisif dans la chute du pouvoir communiste en Pologne (1989), premier acte de la débâcle du bloc de l’est. L’action polonaise de Jean-Paul II aura été une des illustrations d’un pontificat marqué par les droits de l’homme et la propagation des conflits armés. En 1979, dès sa première encyclique, Jean-Paul II déclarait : « La paix se réduit au respect des droits inviolables de l’homme [...], tandis que la guerre naît de la violation de ces droits et entraîne encore de plus graves violations de ceux-ci ».
 L’un des derniers combats de Jean-Paul II aura été son opposition au déclenchement de la guerre en Irak par les États-Unis. Le 13 janvier 2003, devant le corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, il déclarait : « Non à la guerre ! Elle n’est jamais une fatalité. Elle est toujours une défaite de l’humanité ».
L’expérience ouvrière dans la Pologne occupée : la préoccupation sociale du pontificat
Avant d’entrer au séminaire, Karol Wojtyla a suivi des études de lettres, à l’université Jagellon de Cracovie. Le travail obligatoire imposé par l’occupant nazi interrompra ses études. A partir de la rentrée de 1940 et pendant presque 4 ans, Karol Wojtyla travaillera comme ouvrier dans une carrière de pierre d’abord, puis dans une usine chimique. Jean-Paul II gardera de cette expérience une grande préoccupation pour les problèmes sociaux. En 1979, lors de son voyage au Mexique, il déclarait aux ouvriers de Monterrey : « Je n’oublie pas les années difficiles de la guerre mondiale où j’ai moi-même fait directement l’expérience d’un travail physique comme le vôtre [...]. Je sais parfaitement combien il est nécessaire que le travail ne soit pas source d’aliénation et de frustration, mais qu’il corresponde à la dignité supérieure de l’homme ».
 Dans l’encyclique Centesimus annus (1991) Jean-Paul II met également en garde contre une forme radicale de capitalisme : « La solution marxiste a échoué, mais des phénomènes de marginalisation et d’exploitation demeurent dans le monde, spécialement dans le Tiers-monde, de même que des phénomènes d’aliénation humaine, spécialement dans les pays les plus avancés [...]. Il y a même un risque de voir se répandre une idéologie radicale de type capitaliste qui refuse jusqu’à leur prise en considération, admettant a priori que toute tentative d’y faire face directement est vouée à l’insuccès, et qui, par principe, en attend la solution du libre développement des forces du marché. »
De la résistance par la culture au Conseil pontifical pour la culture
Le jeune ouvrier n’a pas renoncé aux activités culturelles. Il intègre une troupe théâtrale d’avant-garde qui déploiera ses activités dans la clandestinité. Karol Wojtyla écrira plusieurs compositions poétiques et théâtrales dont certaines, comme la pièce La boutique de l’orfèvre, ont eu par la suite un écho en dehors des frontières polonaises. La création littéraire n’aura pas été délaissée par Jean-Paul II : il sera le premier pape à publier un recueil de poésies (Triptyque romain, en 2003).
 L’occupant nazi comme plus tard le pouvoir communiste cherchera à briser les racines culturelles de l’identité polonaise. Les activités estudiantines et théâtrales de Karol Wojtyla constitueront une forme de résistance à l’oppression idéologique et politique. Devenu le pape Jean-Paul II, il déclarera le 2 juin 1980, à l’UNESCO à Paris : « Je suis fils d’une Nation qui a vécu les plus grandes expériences de l’histoire, que ses voisins ont condamnée à mort à plusieurs reprises, mais qui a survécu et qui est restée elle-même. Elle a conservé son identité, [...] non en s’appuyant sur les ressources de la force physique, mais uniquement en s’appuyant sur sa culture. »
 Cette histoire personnelle rencontrait la conviction du concile Vatican II. Celui-ci faisait de la culture l’enjeu essentiel d’une rencontre entre l’Église et les hommes. Jean-Paul II aura donc fait de la culture un axe majeur de son pontificat. En 1982, il crée le Conseil pontifical pour la culture, et en 1993, il lui intègre le Conseil pontifical pour le dialogue avec les non-croyants (créé par Paul VI en 1965). La création de ce nouveau dicastère, présidé depuis le début par le cardinal français Paul Poupard, recevait la mission de promouvoir la rencontre entre les cultures et l’Évangile. Là encore, aux yeux du Pape, un caractère de résistance était attaché à cette mission. En décembre 2000, Jean-Paul II déclarait : « Une culture qui refuse de se référer à Dieu perd son âme en même temps que son orientation, devenant une culture de mort. » (Message pour la 34e Journée mondiale de la Paix).
Sacerdoce et vie intellectuelle : un pontificat face aux défis de la foi
Karol Wojtyla entre en 1942 au séminaire de Cracovie. Du fait de l’occupation nazie le séminaire était réduit à la clandestinité. Karol Wojtyla a donc conservé son emploi d’ouvrier pendant les deux premières années de séminaire.
 Le 1er novembre 1946, l’archevêque de Cracovie, Mgr Sapieha (que Pie XII venait tout juste de créer cardinal) ordonne prêtre Karol Wojtyla, et l’envoie poursuivre ses études à Rome, à l’université pontificale de l’Angelicum. À Rome, le père Wojtyla sera hébergé au séminaire belge, ce qui lui vaudra de conserver une grande aisance en français. Après avoir soutenu sa thèse en juin 1948 sur le mystique espagnol saint Jean de la Croix, il sera rappelé à Cracovie début 49, pour y exercer une activité pastorale. En 1953, il soutiendra une thèse sur le philosophe allemand Max Scheler, à l’université polonaise Jagellon, fermée l’année suivante par le pouvoir communiste. Professeur vacataire à l’université de Lublin en 1954, il devient titulaire de la chaire d’éthique en 1957.
 Le pape Jean-Paul II écrira une encyclique sur les fondements de la théologie morale (Veritatis splendor, en 1993), et une autre sur les rapports entre foi et raison (Fides et ratio, en 1998).
 Les occupations intellectuelles du père Wojtyla ne l’ont pas empêché de développer une activité pastorale. Celle-ci s’est orientée en direction des jeunes. Jean-Paul II aura conservé, sa vie durant, une réelle proximité avec les jeunes qui s’exprimera de façon particulièrement forte à travers les Journées Mondiales de la Jeunesse ou « JMJ » (dont Paris en 1997, Rome en 2000 et Toronto en 2002). Ce contact privilégié avec la jeunesse aura comporté une double note de confiance et d’exigence. Aux participants des « JMJ » de Rome, Jean-Paul II déclarait : « Il ne vous sera peut-être pas demandé de verser votre sang, mais de garder la fidélité au Christ, oui certainement ! [...] En l’an 2000, est-il difficile de croire ? Oui, c’est difficile ! On ne peut pas le nier. C’est difficile, mais avec l’aide de la grâce c’est possible. »
Évêque au moment du concile : un pontificat marqué par Vatican II
Le père Wojtyla est ordonné évêque auxiliaire de Cracovie le 28 septembre 1958. Comme tout évêque catholique, il est convoqué au concile Vatican II, ouvert par le pape Jean XXIII le 11 octobre 1962, et clôturé par le pape Paul VI le 7 décembre 1965. Mgr Wojtyla sera invité à apporter sa contribution personnelle au Concile, en étant impliqué dans le travail de rédaction de la constitution pastorale Gaudium et spes.
 C’est pendant le Concile, le 13 janvier 1964, que Paul VI nomme Mgr Wojtyla archevêque de Cracovie. Le nouvel archevêque prendra ses fonctions le 8 mars 1964. C’est encore de Paul VI que Mgr Wojtyla recevra le cardinalat, le 28 juin 1967. Du 7 au 13 mars 1976, Paul VI invitera le cardinal Wojtyla à prêcher les exercices de carême de la Curie romaine. Paul VI meurt le 6 août 1978. Mgr Wojtyla est cardinal électeur et prend part au conclave : Jean-Paul Ier est élu le 26 août 1978. Celui-ci meurt un mois plus tard, le 28 septembre 1978. Le cardinal Karol Wojtyla est élu pape le 16 octobre 1978.
 Le pape Jean-Paul II se fixera comme objectif la mise en œuvre du concile Vatican II. Le lendemain de son élection, il déclarait : « Nous voulons tout d’abord souligner l’importance permanente du IIe Concile oecuménique du Vatican, et ceci signifie pour nous l’engagement formel de l’appliquer soigneusement. » C’est dans cette perspective que Jean-Paul II réformera le droit de l’Église catholique par la promulgation du nouveau Code de droit canonique, en 1983. Il aura encore voulu offrir un exposé des fondamentaux de la foi catholique, par la publication du Catéchisme de l’Église catholique en 1992. C’est encore l’héritage du concile qui explique l’attachement de Jean-Paul II à l’effort œcuménique. L’encyclique Ut unum sint de 1995, ouvrant aux communautés chrétiennes non catholiques la discussion sur les modalités d’exercice du ministère pontifical, en sera l’un des signes marquants. Les efforts de rapprochement avec le judaïsme et le dialogue interreligieux seront aussi des aspects du pontificat à situer dans la perspective du Concile. À l’égard du judaïsme, Jean-Paul II posera des gestes hautement symboliques, dont l’objectif sera de favoriser le rapprochement avec l’Église catholique1. À cette fin, Jean-Paul II a conduit un « examen de conscience » au sujet des fautes commises à l’encontre des juifs au cours de l’histoire de l’Église2. En outre, Jean-Paul II aura donné une visibilité au dialogue interreligieux par exemple à travers sa rencontre avec des jeunes musulmans au grand stade de Casablanca, en 1985, sa visite à la mosquée des Omeyyades à Damas, le 6 mai 2001, et encore les deux rencontres de prière interreligieuse à Assise, en 1986 et en 2002. Tous ces actes procédaient de la conviction du pape Jean-Paul II que le déploiement de l’héritage conciliaire était la manière adéquate de faire entrer l’Église catholique dans le 3e millénaire.
 1 Pour mémoire : première visite d’un pape dans une synagogue avec la visite de Jean-Paul II à la grande synagogue de Rome, le 13 avril 1986, au cours de laquelle Jean-Paul II qualifie les juifs de « frères aînés des chrétiens ; établissement de relations diplomatiques entre le Saint-Siège et Israël à partir du 15 juin 1994 ; discours à Yad Vashem (mémorial de la Shoah, à Jérusalem) le 23 mars 2000 ; prière du pape au Mur occidental du Temple de Jérusalem, le 26 mars 2000.

 2 Démarche de repentance du 12 mars 2000, au cours de laquelle le pape a demandé pardon pour les fautes de l’Eglise, notamment à l’égard du « peuple de l’Alliance et des bénédictions »

MARIE COOPÈRE À LA MATERNITÉ DE L’EGLISE (JEAN PAUL II)

22 octobre, 2013

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MARIE COOPÈRE À LA MATERNITÉ DE L’EGLISE (JEAN PAUL II)

Pape Jean Paul II (1993)

Marie est donc présente dans le mystère de l’Eglise comme modèle. Mais le mystère de l’Eglise consiste aussi à engendrer les hommes à une vie nouvelle et immortelle: c’est là sa maternité dans l’Esprit Saint. Et en cela, non seulement Marie est le modèle et la figure de l’Eglise, mais elle est beaucoup plus. En effet, «avec un amour maternel, elle coopère à la naissance et à l’éducation» des fils et des filles de la mère Eglise (Lumen gentium 63).
 La maternité de l’Eglise se réalise non seulement selon le modèle et la figure de la Mère de Dieu mais aussi avec sa «coopération».
L’Eglise puise abondamment dans cette coopération, c’est-à-dire dans la médiation maternelle qui est caractéristique de Marie en ce sens que déjà sur terre elle coopérait à la naissance et à l’éducation des fils et des filles de l’Eglise, comme Mère de ce Fils « dont Dieu a fait le premier-né parmi beaucoup de frères »(Rm 8,29).
Elle y apporta -comme l’enseigne le Concile Vatican II- la coopération de son amour maternel.

 On découvre ici la valeur réelle de ce qu’a dit Jésus à sa Mère à l’heure de la Croix:
«Femme, voici ton fils», puis au disciple: «Voici ta mère» (Jn 19, 26-27).
Ces paroles déterminent la place de Marie dans la vie des disciples du Christ et expriment – comme je l’ai dit – la nouvelle maternité de la Mère du Rédempteur, la maternité spirituelle, née au plus profond du mystère pascal du Rédempteur du monde. C’est une maternité dans l’ordre de la grâce, parce qu’elle invoque le don de l’Esprit Saint qui suscite les nouveaux fils de Dieu, rachetés par le sacrifice du Christ, cet Esprit que, en même temps que l’Eglise, Marie reçut aussi le jour de la Pentecôte.

 Cette maternité est particulièrement perçue et vécue par le peuple chrétien dans la célébration eucharistique- célébration liturgique du mystère de la Rédemption-, où se rend présent le Christ, en son vrai corps né de la Vierge Marie. A juste titre, la piété du peuple chrétien a toujours vu un lien profond entre la dévotion à la Sainte Vierge et le culte de l’Eucharistie; c’est là un fait que l’on peut observer dans la liturgie tant occidentale qu’orientale, dans la tradition des familles religieuses, dans la spiritualité des mouvements contemporains, même ceux des jeunes, et dans la pastorale des sanctuaires marials. Marie conduit les fidèles à l’Eucharistie.

Pape Jean Paul II,
Lettre encyclique Redemptoris Mater, 25 mars 1987, n°44

LA MÈRE DU RÉDEMPTEUR DEVIENT MÈRE UNIVERSELLE (JEAN PAUL II)

22 octobre, 2013

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LA MÈRE DU RÉDEMPTEUR DEVIENT MÈRE UNIVERSELLE (JEAN PAUL II)

Jean Paul II, audience du 23 avril 1997

Après avoir rappelé la présence de Marie et des autres femmes au pied de la Croix du Seigneur, saint Jean rapporte que : «Jésus donc voyant sa mère, et se tenant près d’elle, le disciple qu’il aimait, dit à sa mère: « Femme, voici ton fils ». Puis il dit au disciple: « Voici ta mère » »
(Jn 19, 26-27)

La révélation de la mission maternelle de Marie :
Ces paroles, particulièrement émouvantes, constituent une « scène de révélation » : elles révèlent les sentiments profonds du Christ mourant et contiennent une grande richesse de significations pour la foi et la spiritualité chrétienne.
En effet, en se tournant vers sa Mère et le disciple qu’il aimait, le Messie crucifié établit, à la fin de sa vie terrestre, de nouvelles relations d’amour entre Marie et les chrétiens.
De telles expressions, parfois uniquement interprétées comme une manifestation de la piété filiale de Jésus envers sa Mère, vont bien au-delà de la nécessité matérielle de résoudre un problème familial.
En effet, une analyse attentive du texte, confirmée par l’interprétation de nombreux Pères et par le sentiment ecclésial commun, nous place, lors de l’épisode où Jésus confie Marie et Jean l’un à l’autre, devant l’un des faits les plus importants pour comprendre le rôle de la Vierge dans l’économie du salut.
En réalité, les paroles de Jésus mourant révèlent que son intention première n’est pas celle de confier sa Mère à Jean, mais de remettre le disciple à Marie, en lui confiant une nouvelle mission maternelle.
En outre, la dénomination « femme », également utilisée par Jésus lors des Noces de Cana pour conduire Marie vers une nouvelle dimension de sa qualité de Mère, révèle combien les paroles du Sauveur ne sont pas le fruit d’un simple sentiment d’affection filiale, mais entendent se situer sur un plan plus élevé.
La mort de Jésus, bien qu’elle provoque la plus grande des souffrances à Marie, ne change pas en elle-même ses conditions habituelles de vie : en effet, en abandonnant Nazareth pour commencer sa vie publique, Jésus avait déjà laissé sa Mère seule.

A l’heure de l’accomplissement du salut :
En outre, la présence au pied de la Croix de sa parente, Marie de Cléophée, laisse supposer que la Vierge entretenait de bonnes relations avec sa famille et sa parenté, chez qui elle aurait pu être accueillie après la mort de son Fils. Au contraire, les paroles de Jésus assument leur signification la plus authentique au sein de sa mission salvifique. Prononcées au moment du sacrifice rédempteur, elles tirent précisément de cette circonstance sublime leur valeur la plus élevée.

En effet, après les paroles que Jésus adresse à sa Mère, l’Évangéliste rapporte un fait significatif : «Après quoi, sachant que désormais tout était achevé… » (Jn 19, 28), comme s’il voulait souligner qu’Il a mené à terme son sacrifice en confiant sa Mère à Jean et, en lui, à tous les hommes, dont elle devient la Mère dans l’œuvre de salut. La réalité accomplie par les paroles de Jésus, c’est-à-dire la nouvelle maternité de Marie à l’égard du Disciple constitue un nouveau signe du grand amour qui a conduit Jésus à offrir sa vie pour tous les hommes.

Une maternité universelle :
Au Calvaire, cet amour se manifeste par le don d’une mère, la sienne, qui devient ainsi également notre mère. Il faut rappeler que, selon la tradition, Jean est celui que la Vierge a effectivement reconnu comme son fils ; mais ce privilège a été interprété par le peuple chrétien, dès le début, comme le signe d’une génération spirituelle concernant l’humanité tout entière. La maternité universelle de Marie, la « Femme » des noces de Cana et du Calvaire, rappelle Eve, « Mère de tous les vivants » (Gn 3, 20). Toutefois, alors que cette dernière avait contribué à l’entrée du péché dans le monde, la nouvelle Eve, Marie, collabore à l’événement salvifique de la Rédemption.

Ainsi dans la Vierge, la figure de la « femme » est rétablie et la maternité assume la mission de diffuser parmi les hommes la vie nouvelle dans le Christ. En vue de cette mission, on demande à Marie d’accepter le sacrifice, très douloureux pour Elle, de la mort de son Fils unique. L’expression de Jésus :  » Femme, voici ton Fils « , permet à Marie de comprendre la nouvelle relation maternelle qui devait prolonger et amplifier la précédente. Son « oui » à ce projet constitue donc son assentiment au sacrifice du Christ, qu’Elle accepte généreusement en adhérant à la volonté divine.

Même si dans le dessein de Dieu, la maternité de Marie était destinée, dès le début, à s’étendre à toute l’humanité, c’est seulement au Calvaire qu’en vertu du sacrifice du Christ, elle se manifeste dans sa dimension universelle. Les paroles de Jésus : «Voici ton Fils», accomplissent ce qu’elles expriment, constituant Marie mère de Jean et de tous les disciples destinés à recevoir le don de la Grâce divine.

Un lien d’amour personnel :
Sur la Croix, Jésus n’a pas proclamé de façon formelle la maternité universelle de Marie, mais il a instauré une relation maternelle concrète entre Elle et le disciple bien-aimé.

Dans ce choix du Seigneur, l’on peut entrevoir la préoccupation que cette maternité ne soit pas interprétée de façon vague, mais qu’elle indique la relation intense et personnelle de Marie avec chaque chrétien.
Puisse chacun d’entre nous, précisément en vertu du caractère concret de la maternité universelle de Marie, connaître pleinement en Elle sa propre Mère, en se remettant avec confiance à son amour maternel.

Vierge et l’Enfant avec saint Antoine abbé

21 octobre, 2013

Vierge et l'Enfant avec saint Antoine abbé dans images sacrée

http://www.santiebeati.it/immagini/?mode=view&album=20100&pic=20100AL.JPG&dispsize=Original&start=20

SAGESSE ET FOLIE (le 06 – 11 – 05 )

21 octobre, 2013

http://www.philagora.fr/religion/06-11-05.htm

SAGESSE ET FOLIE  (le 06 – 11 – 05 )

Père J-B Blondeau

« Le sens des mots est difficile à cerner. On pense aux grands sages dont la pensée a éclairé la marche de l’humanité. Là, c’est la profondeur de l’esprit, la qualité de l’intelligence, l’universalité de la vision qui sont évoquées. Mais l’on dit à un enfant d’être sage, là ce serait plutôt la maîtrise de son agitation corporelle ou de son bavardage épuisant dont il serait question. Et quand’ on dit d’une décision qu’elle est sage, c’est son opportunité, sa justesse, sa mesure qui sont sous entendues, Les « jeunes filles sages », les « vierges sages » comme nous avons l’habitude de dire, c’est plutôt leur vigilance et, surtout leur prévoyance qui sont soulignées. Avec un réalisme un peu froid et qui, en tout cas, n’est pas partageur. De l’huile pour que se maintienne la lumière; il n’y en aura pas assez si nous vous en passons, allez plutôt vous en procurer… chez le marchand!
Et la folie? C’est la déraison, la schizophrénie, cette façon tragique d »être toujours à côté du réel, à côté de la plaque. C’est la démesure, la folie des grandeurs. C’est la violence, la folie meurtrière. Ce peut être aussi l’extrême intensité quand il s’agit d’un amour fou. Tu m’aimes ? Je t’aime… à la folie! C’est quelquefois mignon, charmeur, quand il n’y en a pas trop, comme un brin de folie. ici, c’est l’imprévoyance, l’incapacité d’adapter ses actes à l’avenir que l’on peut pourtant prévoir. Les « vierges folles » prennent une lampe mais pas d’huile pour en nourrir la mèche.
La sagesse, dans la Bible, c’est bien plus encore que ce qu’en dit le sens commun. Et nos jeunes filles sages, vont à ce sens original, donner soudain un relief que l’on ne soupçonnait pas. La sagesse, c’est Dieu lui-même, sortant de lui-même tout en restant lui-même. C’est dieu qui se donne en casant de l’altérité, Et verra enfin que la Sagesse c’est le Christ lui-même qui en se donnant à en nous faisant au sens le plus fort communier à sa personne, nous fait entrer dans la réalité même de Dieu. Alors la Sagesse devient cet esprit qui à la fois nous habite et en même temps unit Jésus à celui qu’il appelle son mère et… notre Père.
Alors, que nous dit la sagesse de ce Royaume de Dieu dont, nous le savons, cette noce où l’on attend l’époux est l’image permanente dans l’Écriture? Elle nous dit, la Sagesse, que sa venue n’est pas pour demain, que va être longue. Elle nous dit, et nous le vérifions tous les jours, qu’en attendant que ce royaume vienne la nuit se fait épaisse autour de nous. La Sagesse, c’est croire que queue que; soit la durée de l’attente, quelle que soit l’épaisseur des ténèbres, l’époux finira par arriver, mais le délai exige cette provision d’huile qui alimente la lumière de notre espérance, cette huile où il est si facile de reconnaître celle des sacrements qui soutiennent notre marche et confortent notre attente. L’huile, c’est l’espérance qui permet de tenir quelles que soient les apparences, quelles que soit la longueur des attentes.
Quant à la folie, elle est ce qui nous prive de cette indispensable espérance. Ces jeunes filles imprévoyantes ressemblent à ceux dont Jésus dit qu’ayant construit une tour sur du sable, la moindre tempête, et quel redoutable ouragan qu’une espérance qui tarde à se réaliser, renverse cette tour, ruine l’espérance, et même la foi. Et souvent parce » qu’en réalité on ne croyait pas vraiment ce que l’on espérait. Heureusement, un jour la Sagesse de Dieu viendra épouser notre ,folie, la Sagesse de Dieu qui est, dit Saint Paul, folie de la croix, folie de J’amour se faisant connaître en Jésus, Parole de l’espérance qui prend visage d’homme. Certes, nous ne savons ni le jour ni l’heure, mais au veilleur, attentif la Présence se dit dans le mystère du quotidien, comme à travers un miroir dira encore Paul. À condition, dans ce miroir, de ne pas voir que son propre reflet, ce qui serait bien alors la plus grande des folles ! A condition qu’à travers ce miroir nous voyions en filigrane, dans chaque visage de nos frères, le visage de l’époux que nous attendons ».

Père BLONDEAU.

LES IMAGES « HISTORIQUES » DU DIVIN DANS L’ANCIEN ISRAËL

21 octobre, 2013

http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/1137.html

LES IMAGES « HISTORIQUES » DU DIVIN DANS L’ANCIEN ISRAËL

APPROFONDIR

L’étude de la religion d’Israël est dépendante de la manière dont l’histoire d’Israël est interprétée…
L’étude de la religion d’Israël, en particulier du « yahwisme » – la relation avec Yhwh, Dieu Un – est dépendante de la manière dont l’histoire d’Israël est interprétée. Des études récentes ont modifié la perception des origines d’Israël, la compréhension du royaume uni de David et de Salomon, et du rapport entre le royaume d’Israël et de Juda. Elles ont montré l’importance du VIIe s. av. J.-C., de l’exil (587-539) et de l’époque perse (539-333) pour la formation de la littérature biblique.
C’est donc dans ce cadre que se situe notre étude qui suivra les grandes périodes historiques ci-dessous :
• Début XIIe -Xe  s. av. J.-C. : émergence d’États indépendants. Naissance d’Israël et installation des groupes nomades dans les hautes terres de Samarie et de Judée ;
• Fin Xe-VIIIe s. av. J.-C. : époque assyrienne. Époque royale en Israël et Juda. Autour de l’an 1000, naît le premier royaume de Saül dans les hautes terres d’Éphraïm et de Benjamin, à Sichem ou Silo. Le grand royaume d’Israël autour de Samarie s’éteint en 722. Sur les Hautes terres de Juda, le royaume de David prend naissance autour de Jérusalem au Xe s. av. J.-C ;
• Fin VIIIe s.-début VIe s. av. J.-C. : époques assyrienne et babylonienne. Fin viiie s. av. J.-C., le royaume de Juda et Jérusalem se développent. La prise de Jérusalem en 597 en marque la fin 
• Fin VIe s.-début IVe s. av. J.-C. : époque perse. Communautés juives en Judée et en diaspora.

Le temps de la religion « cananéenne »
Du début du XIIe s. au Xe s. av. J.-C., la période qui correspond à l’émergence d’Israël peut être caractérisée comme celle des sanctuaires locaux.
Selon nombre d’historiens, la naissance d’Israël est liée à la crise qui marque le passage du bronze récent (1550-1150 av. J.-C. en Canaan) à l’âge du fer (à partir de 1150) par l’effondrement de la civilisation des cités-États (caractéristique de l’âge du bronze) causée par de multiples facteurs et en particuliers des facteurs économiques. Des groupes de pasteurs se sédentarisent sur les « hautes terres » (c’est ainsi que l’on dénomme les montagnes de Samarie et de Juda) et se structurent autour de lignage et des liens d’appartenance à une famille. L’origine de l’Israël historique est située au XIIe s. av. J.-C. par les historiens, ce qu’atteste la stèle de Merneptah.
La stèle du pharaon Merneptahcontient la plus vieille mention connue du nom d’Israël : elle y nomme un groupe habitant des hautes terres dont le nom théophore (formé sur le nom d’une divinité) n’est pas yahwiste. Dans le nom « Israël », la divinité tutélaire n’est pas Yhwh mais le dieu cananéen El, bien connu des textes ougaritiques. L’étymologie d’Israël, « qu’El lutte, se montre fort » ou « El dominera », serait la trace à la fois d’une séparation d’une population pastorale ne pouvant plus subsister dans le voisinage des villes-États (en raison d’une crise économique) et à la fois le signe d’une continuité avec une longue culture syro-palestinienne du IIe millénaire av. J.-C. Le nom divin El fait partie de la tradition patriarcale. Il est associé à Abraham avec le nom de « El Shaddaï » età Jacob avec le nom de « El, dieu d’Israël ». Il est utilisé à quatre reprises dans la Genèse, en lien avec Jacob et Joseph (Gn 33,20 ; 35,7 ; 46,3 et 49,25). El fut la divinité dominante de la région et il devient un nom du dieu des clans liés aux figures des patriarches.

Le culte yahwiste
Les principales caractéristiques de cette haute période sont celles d’un « pluralisme religieux interne » et celle d’un culte domestique lié aux groupes familiaux. L’onomastique biblique et extrabiblique permet de comprendre ce que sous-tend le vocable de « pluralisme ». Les noms de personnes sont associés à des noms de divinités : El, Baal, Sedeq, Shalom. Le nomShaddaï est à l’origine une divinité de groupes nomades. Les noms ab « père », ah « frère »font référence à des divinités tutélaires de clans, et aux cultes des ancêtres.
À ce stade de l’histoire des débuts d’Israël, le culte yahwiste n’est guère attesté et n’appartient pas à l’origine aux traditions religieuses cananéennes. Aucun patronyme des fondateurs d’Israël ne porte un nom yahwiste, de même que les noms éponymes des tribus, hormis Juda, ne sont des noms yahwistes.
La datation de la pénétration du culte yahwiste en Canaan demeure une question. Le culte de Yhwh est vraisemblablement originaire de Madian au Sud de Canaan. Yhwh y est une divinité climatique comme le laisse entendre Jg 5,4 : « Seigneur, quand tu sortis de Séïr, quand tu partis de la steppe d’Édom, la terre trembla, les cieux ont déversé, les nuées ont déversé de l’eau… »
Cette provenance est corroborée par quelques attestations du nom yhwdans des inscriptions datant d’Amenhotep III (1390-1352 av. J.-C.) et de Ramsès II (1279-1212) mentionnant l’association d’un groupe tribal avec le nom de yhw (shsw yhw, les Shoshous de Yhw) et d’autres noms. L’analyse de ces listes conduit à penser que le nom yhw y est plutôt un toponyme car les autres noms connus de la liste sont des noms de lieux se référant à la région de Madiam et d’Édom, tel Séir.
Les incursions madianites, dont témoignent les traditions de Jg 6–8, s’inscrivent fort bien dans le contexte de la formation d’agrégats de tribus, et sont, selon M. Liverani, le contexte le plus probable de la pénétration du culte yahwiste en Canaan. Le texte de Dt 32,8 fournit une indication sur l’appartenance ancienne de Yhwh à un panthéon dans lequel El (nommé ici El Elyon) est le dieu souverain qui attribue un pays à chaque divinité dont Yhwh : « Lorsque le Très Haut (El Elyon) partageait les nations, comme il dispersait les fils d’Adam, il fixa les frontières des nations selon le nombre des fils de Dieu[1], car la part du Seigneur (Yhwh) c’est son peuple ; et Jacob est le patrimoine qui lui revient » (Dt 32,8).
C’est à la faveur de l’implantation de Yhwh comme culte en Canaan qu’une identification progressive El/Yhwh se dessine, ce que la tradition biblique atteste, puisque le dieu El ne fait l’objet d’aucune polémique et que la référence à ce nom ne pose pas de questions sur l’identité du dieu ainsi désigné.

Images anthropomorphiques du divin
Quelle que soit la présence d’un proto-yahwisme pendant la période du XIIe-Xe s. av. J.-C.en Canaan, Ch. Uehlinger remarque une continuité de la pratique cultuelle et de la production de représentations anthropomorphiques du divin entre le bronze récent (1550-1200 av. J.-C.) et l’âge du fer ancien (1200-1000 av. J.-C.) pour ce qui est de la statuaire de métal, objets en pierre, autels en terre cuite, statuaire et figurines en terre cuite, sceaux représentant des scènes cultuelles. Ainsi la présence de « divinités au bras levé » trouvées à Meguiddo, évoque les figures de Baal d’Ougarit au bras levé.
On observe une pérennisation de la religion climatique attestée en Canaan sous la forme d’un culte de type Baal-Hadad. Il s’agit d’une religion de la continuité de la vie liée à la fertilité de la terre et à la fécondité des êtres vivants comme en témoignent les plaques figurines de Canaan, datées de la période XIIe-Xe  av. J.-C., représentant des femmes/déesses assises « se tenant la poitrine » ou « tenant un enfant ». 
Les attestations de culte anthropomorphique sont liées surtout à l’Israël du nord. Le peu d’évidence archéologique en Juda au Xe s. tardif av. J.-C. donne peu de crédit au point de vue biblique selon lequel Jérusalem sous le règne de Salomon fut le sanctuaire central d’Israël et de Juda.
Notre connaissance de la religion pratiquée par les Israélites à l’époque de l’émergence d’Israël à la fin du IIe millénaire av. J.-C demeure très parcellaire.Le yahwisme est alors intégré à l’héritage cananéen si prégnant dans la région, et il est encore loin d’avoir les caractéristiques et d’occuper la place dominante que lui attribue la littérature biblique. Lareligion du premier Israël est « cananéenne ».

[1] Le texte hébreu massorétique a la leçon « selon le nombre des fils d’Israël ». Nous traduisons ici la Septante grecque qui repose sur un texte hébreu plus ancien.

A HOUSE OF PRAYER

18 octobre, 2013

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