SAGESSE ET FOLIE (le 06 – 11 – 05 )
http://www.philagora.fr/religion/06-11-05.htm
SAGESSE ET FOLIE (le 06 – 11 – 05 )
Père J-B Blondeau
« Le sens des mots est difficile à cerner. On pense aux grands sages dont la pensée a éclairé la marche de l’humanité. Là, c’est la profondeur de l’esprit, la qualité de l’intelligence, l’universalité de la vision qui sont évoquées. Mais l’on dit à un enfant d’être sage, là ce serait plutôt la maîtrise de son agitation corporelle ou de son bavardage épuisant dont il serait question. Et quand’ on dit d’une décision qu’elle est sage, c’est son opportunité, sa justesse, sa mesure qui sont sous entendues, Les « jeunes filles sages », les « vierges sages » comme nous avons l’habitude de dire, c’est plutôt leur vigilance et, surtout leur prévoyance qui sont soulignées. Avec un réalisme un peu froid et qui, en tout cas, n’est pas partageur. De l’huile pour que se maintienne la lumière; il n’y en aura pas assez si nous vous en passons, allez plutôt vous en procurer… chez le marchand!
Et la folie? C’est la déraison, la schizophrénie, cette façon tragique d »être toujours à côté du réel, à côté de la plaque. C’est la démesure, la folie des grandeurs. C’est la violence, la folie meurtrière. Ce peut être aussi l’extrême intensité quand il s’agit d’un amour fou. Tu m’aimes ? Je t’aime… à la folie! C’est quelquefois mignon, charmeur, quand il n’y en a pas trop, comme un brin de folie. ici, c’est l’imprévoyance, l’incapacité d’adapter ses actes à l’avenir que l’on peut pourtant prévoir. Les « vierges folles » prennent une lampe mais pas d’huile pour en nourrir la mèche.
La sagesse, dans la Bible, c’est bien plus encore que ce qu’en dit le sens commun. Et nos jeunes filles sages, vont à ce sens original, donner soudain un relief que l’on ne soupçonnait pas. La sagesse, c’est Dieu lui-même, sortant de lui-même tout en restant lui-même. C’est dieu qui se donne en casant de l’altérité, Et verra enfin que la Sagesse c’est le Christ lui-même qui en se donnant à en nous faisant au sens le plus fort communier à sa personne, nous fait entrer dans la réalité même de Dieu. Alors la Sagesse devient cet esprit qui à la fois nous habite et en même temps unit Jésus à celui qu’il appelle son mère et… notre Père.
Alors, que nous dit la sagesse de ce Royaume de Dieu dont, nous le savons, cette noce où l’on attend l’époux est l’image permanente dans l’Écriture? Elle nous dit, la Sagesse, que sa venue n’est pas pour demain, que va être longue. Elle nous dit, et nous le vérifions tous les jours, qu’en attendant que ce royaume vienne la nuit se fait épaisse autour de nous. La Sagesse, c’est croire que queue que; soit la durée de l’attente, quelle que soit l’épaisseur des ténèbres, l’époux finira par arriver, mais le délai exige cette provision d’huile qui alimente la lumière de notre espérance, cette huile où il est si facile de reconnaître celle des sacrements qui soutiennent notre marche et confortent notre attente. L’huile, c’est l’espérance qui permet de tenir quelles que soient les apparences, quelles que soit la longueur des attentes.
Quant à la folie, elle est ce qui nous prive de cette indispensable espérance. Ces jeunes filles imprévoyantes ressemblent à ceux dont Jésus dit qu’ayant construit une tour sur du sable, la moindre tempête, et quel redoutable ouragan qu’une espérance qui tarde à se réaliser, renverse cette tour, ruine l’espérance, et même la foi. Et souvent parce » qu’en réalité on ne croyait pas vraiment ce que l’on espérait. Heureusement, un jour la Sagesse de Dieu viendra épouser notre ,folie, la Sagesse de Dieu qui est, dit Saint Paul, folie de la croix, folie de J’amour se faisant connaître en Jésus, Parole de l’espérance qui prend visage d’homme. Certes, nous ne savons ni le jour ni l’heure, mais au veilleur, attentif la Présence se dit dans le mystère du quotidien, comme à travers un miroir dira encore Paul. À condition, dans ce miroir, de ne pas voir que son propre reflet, ce qui serait bien alors la plus grande des folles ! A condition qu’à travers ce miroir nous voyions en filigrane, dans chaque visage de nos frères, le visage de l’époux que nous attendons ».
Père BLONDEAU.
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