Archive pour le 18 octobre, 2013
LA PRIÈRE – UN STYLE DE VIE
18 octobre, 2013http://sentinellenehemie.free.fr/kohli1.htm
LA PRIÈRE – UN STYLE DE VIE
PAR WALTER KOHLI
(Walter Kohli est pasteur à l’Action Biblique de Berne)
1. La prière en voyage
Les distances sont longues en République fédérale d’Allemagne et la circulation y est intense. Daniel Bürgin conduit le petit bus dont je suis passager. J’ai du temps pour prier. « Priez sans cesse », écrivait l’apôtre Paul aux chrétiens de Thessalonique (1 Thessaloniciens 5:17). J’essaie de mettre en pratique cette parole en intercédant aussi bien pour quelques personnes de l’Eglise AB de Berne que pour le but de notre voyage avec la chorale TIKWA qui va chanter et évangéliser dans quelques prisons allemandes. Je prie aussi afin que nous soyons sous la protection divine sur la route.
S’adresser silencieusement à Dieu en voiture n’est en rien semblable à la manière de prier dans une réunion publique de prières; le contexte diffère, la concentration n’est pas la même; cependant, la prière en route est utile, nécessaire et d’égale valeur aux yeux du Seigneur. Voyez plutôt ! En effet, quelque temps plus tard, nous nous arrêtons dans un restaurant et le téléphone sonne. C’est pour nous ! Une de nos voitures a eu un accident… mais Dieu a merveilleusement protégé les quatre occupants du véhicule. Des prières exaucées. Gloire à Dieu ! Pour les nombreux intercesseurs qui exercent le ministère de la prière pendant la tournée de la chorale, ne voilà-t-il pas une preuve concrète de la puissance de Dieu et de son intervention en notre faveur !
2. La prière constante
Prier sans cesse semble être, à première vue, une tâche difficile pour un nouveau chrétien. Mais pour Daniel Hermann, ce missionnaire et pionnier s’il en est, « il faut considérer la prière comme un dialogue avec Dieu le Père ». Le Seigneur est disposé à recevoir toutes nos louanges et partager tous nos sujets de préoccupation, et si nos prières portent la marque de la Parole de Dieu, nous parvenons au dialogue avec notre Seigneur; il nous parle par sa Parole et nous lui exposons ce qui alourdit ou réjouit nos coeurs. Il va de soi que dans ce dialogue, Dieu ne nous parle pas de vive voix ! Mais notre relation avec lui nous met dans la même situation que si nous conversions avec un cher ami. Cette intimité dans le dialogue est manifeste, par exemple chez David, au Psaume 70 :
« O Dieu, hâte-toi de me délivrer !
Eternel, hâte-toi de me secourir !
Qu’ils soient honteux et confus, ceux qui en veulent à ma vie !
Qu’ils reculent et rougissent, ceux qui désirent ma perte !
Qu’ils retournent en arrière par l’effet de leur honte,
Ceux qui disent : Ah! ah !
Que tous ceux qui te cherchent
Soient dans l’allégresse et se réjouissent en toi !
Que ceux qui aiment ton salut
Disent sans cesse : Exalté soit Dieu !
Moi, je suis pauvre et indigent :
O Dieu, hâte-toi en ma faveur !
Tu es mon aide et mon libérateur :
Eternel, ne tarde pas ! »
Le dialogue est encore plus vivant si le texte biblique inspire nos requêtes. Ainsi par exemple Ephésiens 6:10-20, où le chrétien peut s’approprier chaque élément de l’armure que l’apôtre Paul décrit en exposant au Seigneur ses besoins et sa quête de connaissance toujours plus aiguisée de Sa volonté pour lui.
Ces formes de dialogue peuvent s’exercer à chaque instant propice de la journée, dans chaque circonstance de la vie et à n’importe quel endroit. Profiter de moments libres pour dialoguer avec Dieu est une hygiène mentale salutaire, une protection contre toutes les influence négatives guettant notre âme. La prière persévérante nous aide, entre autres, à mettre en pratique les directives magistrales contenues dans Proverbes 4:23-25 :
« Garde ton coeur plus que toute autre chose,
Car de lui viennent les sources de la vie.
Ecarte de ta bouche la fausseté,
Eloigne de tes lèvres les détours,
Que tes yeux regardent en face,
Et que tes paupières se dirigent devant toi. »
Certes, nous ne pouvons pas prier durant les heures où notre travail professionnel requiert toute notre attention. Cependant, il reste toujours assez d’espace libre dans nos pensées, pour le laisser occuper par Dieu ! Apprenons à prier sans cesse, en ne nous dissimulant pas que, même assurés de progresser, l’apprentissage de la prière dure toute la vie du croyant.
3. La prière – un apprentissage continu
Qu’un enfant puisse prier, cela est évident. Il le fait avec la foi intacte de la prime enfance, selon sa logique propre et sa compréhension des choses. Ainsi, notre fils Achim qui a 3 ans et demi, ayant remarqué que nous priions pour être protégés en voiture, s’est mis à en faire de même. Un jour, lorsque nous avons vu une voiture accidentée, il en a déduit : « Ceux-là n’ont pas prié ! » Réflexion normale pour un enfant qui ne peut pas encore comprendre que Dieu peut permettre un accident, lors même que l’on a invoqué sa protection et qu’il aime à se glorifier en quelque sorte en limitant dégâts et blessures pour ses enfants.
Spirituellement parlant, un jeune converti est un enfant qui a besoin du lait que la Parole lui verse (1 Pierre 2:2). En s’abreuvant à la source de vie, il constate, dans son vécu quotidien, les premiers exaucements de Dieu. Il découvre ainsi toute la réalité tangible du Seigneur.
Toutefois, en avançant dans la pratique de la foi, jusqu’à supporter la nourriture solide de la Parole (cf 1 Corinthiens 3:2), le chrétien chevronné devra encore et toujours apprendre à prier. Son apprentissage ne finit jamais. En effet, qui pourrait dire qu’il maîtrise aussi bien la prière de louanges que celle d’adoration; la prière en forme de supplication comme celle d’actions de grâces (cf Philippiens 4:6) ? Qui donc est maître de la prière pour tous les saints sinon l’Esprit seul ! Qui peut se targuer d’avoir fini d’apprendre à prier en tout temps par l’Esprit avec toutes sortes de prières (Ephésiens 6:18) ? Qui a vraiment saisi toute la profondeur de la prière qui s’adresse au Dieu trinitaire, conscient qu’il parle au Père, au nom du Fils, avec l’assistance du Saint-Esprit (cf Jean 14:13-14; Actes 4:24,27,30) ?
Qui donc aurait tout appris de l’Esprit qui vient au secours de notre faiblesse, alors que l’apôtre Paul lui-même dit que « nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières » (Romains 8:26) Qui comprendra jamais le ministère de l’Esprit qui intercède lui-même par des soupirs inexprimables, comme il intercède en faveur des saints (Romains 8:26b,27)?
L’apprentissage théorique est beaucoup plus facile que l’apprentissage pratique. A ce propos, toutes les écoles bibliques dignes de ce nom donnent un cours sur la prière. Si un étudiant passe avec succès son examen sur la doctrine de la prière, qu’il se souvienne que la formation pratique durera toute sa vie. L’objectif de cette méditation n’est pas de résumer la doctrine de la prière mais d’en souligner quelques aspects pratiques. Néanmoins, nous encourageons vivement nos lecteurs à approfondir le sujet.
4. La prière et les problèmes relationnels
Après avoir découvert le secret de la prière, le chrétien a a priori une attitude toute d’équilibre dans le domaine de sa relation avec autrui. Lorsqu’un problème surgit avec un frère ou une soeur, il sait que les choses changeront s’il les dépose au préalable auprès du Seigneur tout-puissant. En revanche, s’il se livre à la critique, celle-ci n’apportera pas de solution selon Dieu, et qui plus est envenimera encore plus les choses.
Il faut pouvoir discuter de ce qui fait problème, cela est clair, mais comment le résoudre avec équité et sagesse et de manière constructive, donc dans l’amour du prochain. Et s’il faut dire ce qui doit l’être, comment ne pas tomber dans le piège de la critique destructive ? La solution n’est-elle pas dans l’exercice de la prière sous l’éclairage des recommandations du Seigneur, telles qu’elles figurent en Matthieu 18:15-17 : « Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. Mais, s’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l’affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Eglise; et s’il refuse aussi d’écouter l’Eglise, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. »
Avant de reprendre son frère, un croyant exercé priera et réfléchira sur la question. S’il reste convaincu qu’il doit s’en entretenir avec ce frère et les autres personnes touchées, il priera Dieu de les préparer, ainsi que lui-même, à cet entretien. Il constatera alors combien souvent Dieu exauce sa prière en faisant en sorte, par exemple, qu’il réalise que les problèmes ne sont pas chez l’autre mais bien en lui-même, le faisant faire volte-face dans l’obéissance.
En conséquence, prier avant une confrontation avec un frère ou une soeur est primordial, en raison de notre travers naturel à voir la paille dans l’oeil du prochain et de ne pas apercevoir la poutre qui est dans le nôtre (cf Matthieu 7:4).
5. La prière est parfois labeur
La génération moderne fonde beaucoup sinon trop son comportement sur les sentiments. Je prie lorsque j’en ai envie, dirait-elle, appliquant cette philosophie à la prière !
Hélas ! celui qui base sa vie de prière sur ses sentiments apprendra à ses dépens que le diable s’interférera dans ses sentiments afin de contrarier son dialogue avec Dieu.
S’il est vrai que la prière est parfois labeur, selon les circonstances elle devient un besoin vital (cf Psaume 86), une relation privilégiée et sereine, un élan tourné vers Dieu, une recherche désespérée de trouver les paroles qui conviennent (cf Romains 8:26-27); une lutte spirituelle intense (cf Actes 12:5) ou une grande joie (cf Psaume 100). Au surplus, la prière prend également la forme d’un exercice soutenu, surtout dans le domaine de l’intercession.
De fait, l’attitude de celui qui prie ne doit-elle pas être semblable à celle d’un bon ouvrier ? Fait-il son travail seulement quand il en a envie ? S’arrête-t-il de travailler lorsque l’ouvrage devient astreignant ? Non, il doit surmonter sa fatigue et ses sentiments négatifs et accomplir son travail jusqu’au bout.
L’apôtre Paul ne dit-il pas : « Je traite durement mon corps » (1 Corinthiens 9:27) ? Et il enjoint le chrétien à ne pas être comme un athlète qui ne combat pas suivant les règles, avec le risque de ne pas être couronné (2 Timothée 2:5).
Par ailleurs, dans l’Epître aux Hébreux, nous sommes invités à « courir avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte, ayant les regards sur Jésus, qui suscite la foi et la mène à la perfection » (12:1).
Il est vrai que l’intercession comprend pour chacun une énumération non exhaustive de noms et de sujets à présenter devant le trône de la grâce. Elle est parfois, selon notre état de fatigue, lourde à soutenir avec fidélité et constance. Mais quel privilège de pouvoir présenter beaucoup de personnes et de préoccupations (qu’elles soient leurs ou les nôtres) au Roi des rois, au Seigneur tout-puissant de l’univers, et de le louer ensuite pour ses interventions, comme David a pu le faire il y a 3000 ans, Psaume 34:2-9 :
« Je bénirai l’Eternel en tout temps;
Sa louange sera toujours dans ma bouche.
Que mon âme se glorifie en l’Eternel !
Que les malheureux écoutent et se réjouissent !
Exaltez avec moi l’Eternel !
Célébrons tous son nom !
J’ai cherché l’Eternel, et il m’a répondu;
Il m’a délivré de toutes mes frayeurs.
Quand on tourne vers lui les regards, on
est rayonnant de joie,
Et le visage ne se couvre pas de honte.
Quand un malheureux crie, l’Eternel entend,
Et il le sauve de toutes ses détresses.
L’ange de l’Eternel campe autour de ceux
qui le craignent,
Et il les arrache au danger.
Sentez et voyez combien l’Eternel est bon !
Heureux l’homme qui cherche en lui son refuge ! »
DEUXIEME LECTURE – 2 TIMOTHÉE 3, 14 – 4,2 – COMMENTAIRE DE MARIE NOELLE THABUT
18 octobre, 2013http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html
DEUXIEME LECTURE – 2 TIMOTHÉE 3, 14 – 4, 2
Fils bien-aimé,
3, 14 tu dois en rester à ce qu’on t’a enseigné :
tu l’as reconnu comme vrai,
sachant bien quels sont les maîtres qui te l’ont enseigné.
15 Depuis ton plus jeune âge, tu connais les textes sacrés :
ils ont le pouvoir de te communiquer la sagesse,
celle qui conduit au salut
par la foi que nous avons en Jésus-Christ.
16 Tous les passages de l’Ecriture sont inspirés par Dieu ;
celle-ci est utile pour enseigner, dénoncer le mal,
redresser, éduquer dans la justice ;
17 grâce à elle, l’homme de Dieu sera bien armé,
il sera pourvu de tout ce qu’il faut pour un bon travail.
4, 1 Devant Dieu,
et devant le Christ Jésus qui doit juger les vivants et les morts,
je te le demande solennellement,
au nom de sa manifestation et de son Règne :
2 proclame la Parole, interviens à temps et à contre-temps,
dénonce le mal,
fais des reproches, encourage,
mais avec une grande patience et avec le souci d’instruire.
Dimanche dernier, nous lisions dans la deuxième lettre à Timothée une Hymne en l’honneur du Christ : « Souviens-toi de Jésus-Christ, ressuscité d’entre les morts ». Aujourd’hui, on pourrait dire que nous lisons une hymne en l’honneur de l’Ecriture. Entendons-nous bien, ce que Saint Paul appelle l’Ecriture, c’est ce que nous appelons aujourd’hui l’Ancien Testament. Plusieurs fois, déjà, dans les lettres à Timothée, nous avons deviné un conflit persistant dans la communauté d’Ephèse où se trouve Timothée ; et c’est même à cause de ce conflit que Paul avait demandé à Timothée de rester à Ephèse ; il faut pouvoir compter sur de fidèles gardiens de la Parole. Les premières lignes du texte d’aujourd’hui, « Toi, tu dois en rester à ce qu’on t’a enseigné » sous-entendent que d’autres ne sont pas restés fidèles à l’enseignement reçu et qu’ils fourvoient les autres.
Si bien qu’on peut résumer ce passage en trois phrases : premièrement, il faut se ressourcer dans l’Ecriture. Deuxièmement, il faut proclamer la Parole. Troisièmement, cette proclamation doit se faire dans le souci d’édifier la communauté. Premièrement, il faut se ressourcer dans l’Ecriture, au vrai sens du mot « ressourcer » : l’Ecriture est pour nous une source ; notre traduction dit « tu dois en rester à ce qu’on t’a enseigné » mais nous risquons d’entendre là une recommandation de fixisme, ce qui n’est pas du tout le propos de Paul. Le mot à mot dirait « demeure dans ce que tu as appris » : la foi n’est pas un objet qu’on possède mais un milieu vital, une « demeure » au sens de Saint Jean.
Timothée a puisé dans cette source de l’Ecriture depuis son enfance : son père était grec et païen, mais sa mère, Eunice, et sa grand-mère maternelle, Loïs, étaient Juives : elles l’ont introduit dans l’Ancien Testament ; et quand sa mère s’est convertie au Christianisme, elle n’a pas cessé bien sûr de fréquenter l’Ecriture. D’autres maîtres encore ont initié Timothée, et Paul insiste sur cet aspect communautaire de l’accès à l’Ecriture. On ne découvre pas l’Ecriture tout seul mais en Eglise. Une fois de plus, nous retrouvons chez Paul le thème de la transmission de la foi, ce qu’on appelle en théologie la « Tradition » : tradere, en latin, veut dire « transmettre » : « Je vous ai transmis ce que j’ai moi-même reçu » (sous-entendu je n’ai rien inventé) dit Paul dans la lettre aux Corinthiens ; l’apôtre est un envoyé au service d’une Parole qui n’est pas la sienne. Dans la foi, aucun de nous n’est un fondateur, un innovateur, nous sommes les maillons d’une chaîne. Evidemment, il est vital que cette transmission soit fidèle. Un peu plus haut, dans cette même lettre, Paul a dit à Timothée : « Ce que tu as appris de moi en présence de nombreux témoins, confie-le à des hommes fidèles qui seront eux-mêmes capables de l’enseigner encore à d’autres. » (2 Tm 2, 2).
La phrase suivante est très importante : Paul affirme : « Les textes sacrés ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, celle qui conduit au salut par la foi que nous avons en Jésus-Christ » : il veut dire par là que l’Ancien Testament mène tout droit à Jésus-Christ. Pour Paul, comme pour les premiers apôtres, recrutés par Jésus parmi les Juifs, c’était une évidence. On se souvient qu’au cours de son procès à Jérusalem, Paul soutenait que c’était précisément parce qu’il était Juif qu’il était devenu Chrétien.
Paul continue : « Tous les passages de l’Ecriture sont inspirés par Dieu » ; avant d’être un dogme affirmé par l’Eglise, cette phrase était donc déjà la foi d’Israël. Ce qui explique le respect dont sont entourés depuis toujours les Livres sacrés dans toutes les synagogues. « Grâce à l’Ecriture, l’homme de Dieu sera bien armé, il sera pourvu de tout ce qu’il faut ». Voilà donc l’équipement du Chrétien : l’Ecriture dans la fidélité à l’enseignement reçu : « Tu dois en rester à ce qu’on t’a enseigné : tu l’as reconnu comme vrai, sachant bien quels sont les maîtres qui te l’ont enseigné ». L’équipement du Chrétien, c’est donc l’Ecriture ET la tradition pour être capable de transmettre à son tour. Pour transmettre, et c’est le deuxième conseil de Paul à Timothée, il faut oser proclamer la Parole ; voilà la première peut-être même la seule tâche d’un responsable d’Eglise. L’enjeu est grave et Paul emploie une formule presque étonnante : « Devant Dieu et devant le Christ Jésus qui doit juger les vivants et les morts, je te le demande solennellement, au nom de sa manifestation et de son règne : proclame la Parole… »
Une fois de plus, Paul fait référence à la manifestation du Christ, et à son Règne : l’accomplissement du projet de Dieu est vraiment l’horizon que Paul ne quitte jamais des yeux. Et d’ailleurs en grec, Paul dit « Proclame le Logos », le mot qui, chez Jean, désigne le Verbe, Jésus lui-même. Traduisez, si nous prenons au sérieux la Manifestation et le Règne du Christ, nous devons inlassablement proclamer la Parole. Toute la vie de Paul, depuis sa conversion, a été consacrée à cette tâche : « Annoncer l’Evangile est une nécessité qui s’impose à moi : malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile ! » (1 Co 9, 16).
Mais il faut du courage pour proclamer la Parole, il faut accepter d’être mal reçu : « Interviens à temps et à contre-temps, dénonce le mal ; fais des reproches, encourage » ; c’est-à-dire n’hésite pas à juger ce que tu vois… Il termine en disant dans quel climat on doit le faire (et c’est le troisième point) : avec une grande patience et avec le souci d’instruire. Là encore nous retrouvons une insistance toujours présente chez Paul, le souci de ce qui édifie la communauté ; c’est la seule chose qui compte.
29E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – HOMÉLIE
18 octobre, 2013http://www.homelies.fr/homelie,,3625.html
29E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
DIMANCHE 20 OCTOBRE 2013
FAMILLE DE SAINT JOSEPH OCTOBRE 2013
HOMÉLIE – MESSE
Les lectures de ce dimanche nous invitent à la persévérance dans la foi. Cette dernière nous est présentée relativement à deux domaines : celui de la prière (Cf. 1ère lecture et évangile) et celui de la lecture et de la proclamation de la Parole de Dieu (Cf. 2ème lecture).
Dans l’évangile, Jésus nous exhorte avec ses disciples à « toujours prier sans se décourager ». Pour expliciter son propos, il relate la parabole de cette veuve qui n’en finit pas d’implorer justice auprès d’un juge inique jusqu’à ce que « fatigué » et « usé », il lui donne satisfaction. L’argument a fortiori utilisé par Jésus selon une coutume sémite déploie ici toute sa force de conviction : si cet homme mauvais finit par exaucer le vœu de cette pauvre femme qui lui « casse la tête », combien plus Dieu qui est bon, « fera-t-il justice à ses élus qui crient vers lui » et « sans tarder ». Dans ce cas, la motivation de la persévérance se trouve être la certitude d’être entendu et exaucé, persévérance témoignant d’une confiance en Dieu à toute épreuve. C’est cette même assurance qui pousse Moïse, accompagné d’Aaron et d’Hour, à lever sans relâche leurs mains et leurs cœurs vers le Seigneur jusqu’à la victoire du peuple sur les Amalécites.
Le psaume 120 (121) exprime lui aussi à sa manière cette confiance indéfectible dans le Seigneur qui ne saurait rester sourd aux appels de celui qui crie vers lui dans sa détresse : « Je lève les yeux vers les montagnes : d’où le secours me viendra-t-il ? Le secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre. […] Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, le gardien d’Israël ». Ce psaume est une véritable confession de foi dans la présence du Seigneur à nos côtés et dans son amour fidèle et prévenant à notre égard : « Le Seigneur, ton gardien, le Seigneur, ton ombrage, se tient près de toi… Le Seigneur te gardera de tout mal, il gardera ta vie… Le Seigneur te gardera au départ et au retour, maintenant, à jamais. »
Persévérer dans la prière, tout à la fois, exprime et fortifie notre foi en ce Dieu Père qui est pure bonté, pur don, pour chacun de ses enfants. C’est ce que Jésus veut nous faire découvrir lorsqu’après avoir conté sa parabole, il interroge ses disciples : « Mais le Fils de l’Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? »
Reste cependant la douloureuse question de la prière non exaucée. Nous ne parlons pas ici d’une prière qui reposerait sur des motivations ambigües, une prière qui nous replierait sur nous-mêmes plus qu’elle ne nous ouvrirait à Dieu et à nos frères. Au non exaucement de celle-ci, saint Jacques donne la raison : « Vous demandez et ne recevez pas parce que vous demandez mal, afin de dépenser pour vos passions » (Jc 4, 3). Non, nous pensons ici à ces prières où nous demandons à Dieu de faire justice à nos frères ou à nous-mêmes en penchant son cœur miséricordieux sur la souffrance dans laquelle nous nous trouvons.
C’est précisément ce type de prière que formule la veuve de l’évangile. Comment comprendre qu’à la fin du récit, Jésus déclare que Dieu ne saurait faire attendre ces élus et qu’il leur fera justice sans tarder alors que l’objet de cette parabole est de nous inviter à persévérer dans la prière ce qui sous-entend une réponse non-immédiate ! Nous aurions tort de voir ici une contradiction entre l’exigence posée par Jésus et la promesse d’une réponse immédiate. En fait, le Seigneur nous exauce toujours mais la grâce qu’il dépose en nous lorsque nous le prions a parfois besoin de temps pour pénétrer notre nature et déployer en nous toutes ses potentialités.
De plus, il nous faut peut-être aussi du temps pour reconnaître en nous l’œuvre de cette même grâce qui souvent ne prend pas les chemins que nous attendions sur le moment. Nouvel acte de foi à poser humblement, patiemment, devant un mystère, insondable comme l’Amour de Dieu pour chacun de nous.
Nous percevons combien cette foi a chaque jour besoin d’être ravivée. C’est ici, comme nous le rappelle la deuxième lecture, qu’interviennent l’écoute et la proclamation de la Parole de Dieu. Lire et méditer l’Ecriture nous fortifie dans notre foi en ce Père de tendresse et de miséricorde pour qui tous nos cheveux sont comptés (Cf. Lc 12, 7). Ajoutons que proclamer cette Parole qui nous révèle ce Dieu d’Amour accroît également notre confiance en lui et par conséquent soutient notre persévérance dans la prière.
« Seigneur, fortifie notre foi en ta bonté et ta miséricorde qui nous justifient afin que nous persévérions dans la prière. Au cœur des épreuves et des souffrances, que par notre supplication nous gardions les yeux fixés sur toi. Fais grandir en nous l’espérance dans l’attente patiente et confiante de voir nos demandes exaucées lorsque ta grâce aura germé en nous jusqu’à donner un beau fruit de charité. »
Frère Elie