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DIMANCHE 13 OCTOBRE : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – 2 Rois 5, 14-17
11 octobre, 2013http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html
DIMANCHE 13 OCTOBRE : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT
PREMIERE LECTURE 2 Rois 5, 14-17
Le général syrien Naaman, qui était lépreux,
14 descendit jusqu’au Jourdain et s’y plongea sept fois,
pour obéir à l’ordre du prophète Elisée ;
alors sa chair redevint semblable à celle d’un petit enfant :
il était purifié !
15 Il retourna chez l’homme de Dieu avec toute son escorte ;
il entra, se présenta devant lui et déclara :
« Je le sais désormais :
il n’y a pas d’autre Dieu, sur toute la terre, que celui d’Israël !
Je t’en prie, accepte un présent de ton serviteur. »
16 Mais Elisée répondit :
« Par la vie du SEIGNEUR que je sers,
je n’accepterai rien. »
Naaman le pressa d’accepter, mais il refusa.
17 Naaman dit alors :
« Puisque c’est ainsi,
permets que ton serviteur emporte de la terre de ce pays
autant que deux mulets peuvent en transporter,
car je ne veux plus offrir ni holocauste ni sacrifice
à d’autres dieux qu’au SEIGNEUR Dieu d’Israël. »
La lecture de ce dimanche commence au moment où le général Naaman, apparemment doux comme un mouton, se plonge dans l’eau du Jourdain, sur l’ordre du prophète Elisée ; mais il nous manque le début de l’histoire : je vous la raconte : Naaman est un homme important, un général Syrien ; il a fait une très belle carrière militaire en Syrie, et il est bien vu du roi d’Aram (l’actuelle Damas) ; évidemment, pour le peuple d’Israël, il est un étranger, à certaines époques même, un ennemi ; mais surtout pour ce qui nous intéresse ici, il est un païen : il ne fait pas partie du peuple élu. Enfin, plus grave encore, il est lépreux, ce qui veut dire que d’ici peu, tout le monde le fuira ; pour lui donc, c’est une véritable malédiction.
Heureusement pour lui, sa femme a une petite esclave israélite (enlevée quelque temps auparavant au cours d’une razzia) : laquelle dit à sa maîtresse « Tu sais quoi ? A Samarie, il y a un grand prophète ; lui, pourrait sûrement guérir Naaman. » Dans un cas pareil, on est prêt à tout ! La nouvelle circule vite : l’esclave dit à sa maîtresse, qui dit à son mari Naaman, qui dit au roi d’Aram : le prophète de Samarie peut me guérir. Et comme Naaman est bien vu, le roi écrit une lettre d’introduction à son homologue, le roi de Samarie. La lettre dit quelque chose comme : « Je te recommande mon ami et loyal serviteur, mon général en chef des armées, Naaman ; il est atteint de la lèpre. Je te demande de faire tout ce qui est en ton pouvoir pour le guérir ». (Sous-entendu, envoie-le à ton grand prophète et guérisseur, Elisée, dont la réputation est venue jusqu’à nous). Et là il se passe quelque chose de très intéressant : c’est que, comme bien souvent, on ignore les trésors qu’on a à sa portée… Le roi d’Israël reçoit cette lettre et il ne lui vient pas à l’idée que le petit prophète Elisée est capable de guérir qui que ce soit ! Du coup, il est pris de panique : qu’est-ce qui lui prend au roi de Syrie d’exiger que je fasse des miracles ? Il cherche un prétexte pour me faire la guerre ? ou quoi ?
Heureusement, en Israël aussi, le bouche à oreille existe. Elisée apprend l’histoire, et il dit au roi : « On va voir ce qu’on va voir… Dis à Naaman de se présenter chez moi… et il va savoir qui est le vrai Dieu ». Naaman se présente donc chez Elisée avec toute son escorte et des cadeaux plein ses bagages pour le guérisseur, et il attend à la porte du prophète ; en fait, c’est un simple serviteur qui entrebâille la porte et se contente de lui dire : « Mon maître te fait dire que tu dois aller te plonger sept fois de suite dans l’eau du Jourdain et tu seras purifié ». C’est déjà un drôle d’accueil pour un général mais en plus, franchement, on se demande à quoi çà rime de se plonger dans le Jourdain : pas besoin de faire un tel voyage ! Des fleuves en Syrie, il y en a et des bien plus beaux que son petit Jourdain…
Naaman est furieux ! Et il reprend le chemin de Damas. Heureusement, il est bien entouré : ses serviteurs lui disent : « Tu t’attendais à ce que le prophète te demande des choses extraordinaires pour être guéri… tu les aurais faites… il te demande une chose ordinaire… tu peux bien la faire aussi ??? » Au passage, on voit que les serviteurs ont du bon ; la Bible ne manque jamais une occasion de le faire remarquer… En tout cas, dans le cas présent, Naaman les écoute… et c’est là que commence la lecture d’aujourd’hui.
Donc, Naaman, redevenu quelqu’un comme tout le monde, obéit tout simplement à un ordre tout simple… il se plonge sept fois dans le Jourdain , comme on le lui a dit et il est guéri. C’est tout simple à nos yeux et aux yeux de ses serviteurs, mais pour un grand général d’une armée étrangère, c’est cette obéissance même qui n’est pas simple ! La suite du texte le prouve. Voilà Naaman guéri ; il n’est pas un ingrat ; il retourne chez Elisée pour lui dire deux choses : la première, c’est « Je le sais désormais : il n’y a pas d’autre Dieu, sur toute la terre, que celui d’Israël » … (et un peu plus tard, il ira jusqu’à lui dire : quand je serai dans mon pays, c’est à lui désormais que j’offrirai des sacrifices). Soit dit en passant, l’auteur de ce passage en profite pour donner une petite leçon à ses compatriotes israéliens : quelque chose comme « vous bénéficiez depuis des siècles de la protection du Dieu unique, et bien, dites-vous que les bontés de Dieu sont aussi pour les étrangers et puis, vous que Dieu a choisis parmi tous, vous continuez pourtant à être tentés par l’idolâtrie… cet étranger, lui, a compris bien plus vite que vous d’où lui vient sa guérison ».
La deuxième chose que Naaman dit à Elisée, c’est je vais te faire un cadeau pour te remercier. Mais Elisée refuse énergiquement : on n’achète pas les dons de Dieu. Décidément Naaman va de surprise en surprise : la première fois qu’il s’est présenté chez Elisée, il avait tout prévu : Elisée le recevrait, le guérirait et en échange, lui, Naaman offrirait des cadeaux dignes de son rang, on serait quittes. Mais rien ne s’est passé comme prévu. Cela inspire trois remarques : premièrement, Naaman n’a même pas rencontré le prophète : car ce n’est pas le prophète qui guérit, c’est Dieu. Deuxièmement, il n’y a pas eu de geste spectaculaire ou magique, mais la chose la plus banale qui soit pour un homme de ces pays-là : se plonger dans le fleuve… et c’est dans ce geste banal fait par obéissance qu’il a rencontré la puissance de Dieu : celui-ci ne nous demande pas des choses extraordinaires, mais seulement notre confiance. Troisièmement, il n’y a pas eu de cadeau de remerciement : la seule manière de manifester à Dieu notre reconnaissance, c’est de reconnaître ce qui nous vient de lui. Quant au prophète, le serviteur de Dieu, il ne demande rien pour lui ; ce que Jésus traduira plus tard : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10, 8).
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Compléments
- Le rôle des serviteurs : on a souvent besoin d’un plus petit que soi. Sans les serviteurs, la petite esclave d’abord, ses conseillers ensuite, jamais Naaman n’aurait été guéri. En fait, on aurait dû y penser : pas étonnant que les petits soient les mieux placés pour nous enseigner le chemin de l’humilité.
- La terre : « Permets que ton serviteur emporte de la terre de ce pays autant que deux mulets peuvent en transporter, car je ne veux plus offrir ni holocauste ni sacrifice à d’autres dieux qu’au SEIGNEUR Dieu d’Israël. » A l’époque du prophète Elisée, la croyance largement répandue chez tous les peuples voisins d’Israël est que les divinités règnent sur des territoires. Pour pouvoir offrir des sacrifices au Dieu d’Israël, Naaman se croit donc obligé d’emporter de la terre sur laquelle règne ce Dieu. (En Israël au contraire, on expérimente déjà depuis plusieurs siècles que Dieu accompagne son peuple sur tous ses chemins.)
HOMÉLIE 28E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
11 octobre, 2013http://www.homelies.fr/homelie,,3618.html
28E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
DIMANCHE 13 OCTOBRE 2013
FAMILLE DE SAINT JOSEPH
HOMÉLIE MESSE
La première lecture et l’Évangile présentent des similitudes. Dans les deux lectures, des hommes sont guéris de la lèpre et la relation entre celui qui guérit et le malade est assez semblable. Ainsi, le prophète Élisée ne sort pas au devant du général Syrien Naaman qui vient le solliciter, mais il lui parle de loin ; de même Jésus répond de loin aux lépreux qui sont venus le prier ; une fois guéri, Naaman et le dixième lépreux de l’Évangile retournent sur leur pas en rendant grâce à Dieu qui les sauve.
Mais ce que nous retiendrons surtout est la manière dont la première lecture prépare à recevoir l’Évangile. Naaman nous enseigne en effet qu’obtenir la guérison de Dieu exige l’humilité. Naaman était arrivé imaginant de grandes incantations et s’attendant à des prescriptions spectaculaires. Mais Élisée ne lui a demandé qu’un geste simple : se plonger sept fois dans le Jourdain. La guérison que Dieu donne ne touche que les cœurs humbles, c’est-à-dire les cœurs de ceux qui acceptent de faire la vérité dans leur vie. Naaman a dû découvrir qu’il n’était pas seulement le général de l’armée syrienne mais un homme aimé de Dieu. En outre, la guérison que Dieu donne est gratuite. Il n’y a pas de cadeau à présenter pour dédommager le prophète. On n’achète pas la grâce de Dieu. Notre participation, et ce n’est pas rien, consiste à laisser sa grâce porter tout le fruit de vie que le Seigneur désire pour nous.
Ainsi abordons-nous l’Évangile. Il raconte comment dix lépreux vivaient ensemble, communauté de souffrance veillant avec impatience la venue du Sauveur. Or, le voici qui apparaît à l’entrée du village. Les lépreux s’avancent à sa rencontre mais ils s’arrêtent à la distance que leur impureté impose de respecter et crient vers Jésus. Ils ne se prosternent pas devant lui, la face contre terre, comme on a déjà vu d’autres lépreux le faire dans l’évangile, ils ne font pas non plus de longs discours expliquant leurs années de malheur. Ils appellent simplement Jésus « maître », comme le font les disciples. Ils ne sont pas loin de le regarder comme Dieu. Ainsi, c’est davantage par leur prière que par leur présence qu’ils se rapprochent de Jésus.
« Jésus, maître, prends pitié de nous ! », s’exclament-ils. Ils ne lui demandent rien d’autre que sa pitié, ils veulent être regardés par Jésus et pris en pitié. Cette attitude manifeste une foi digne d’éloges. Ils ont une telle confiance en Jésus qu’ils n’exigent rien. Ils ne demandent pas à être guéris ou à être purifiés. Ils désirent seulement être regardés par leur Seigneur. Jésus entend leur cri et se situe lui aussi sur le plan de la foi. Lui qui a embrassé un lépreux, lui qui a touché les oreilles et la langue d’un sourd-muet, lui qui a pris par la main la jeune fille endormie dans la mort et la belle-mère de Pierre emportée par la fièvre, il ne franchit pas la distance que les dix lépreux marquent. Il ne pose aucun geste, ne leur donne aucune prescription, il n’ordonne pas non plus à la lèpre de les quitter. Il invite seulement ces hommes à aller se montrer aux prêtres.
« En cours de route ». Saint Luc n’en raconte pas davantage. L’évangéliste ne dit pas comment ils se sont quittés, si les lépreux sont partis en hâte. Ils ont obéi, simplement. Grande est leur foi. Se présenter aux prêtres est en effet, selon la Loi de Moïse, constater la réalité de la guérison. Guérison qui n’a été ni demandée ni promise. Tout s’est dit dans l’échange d’un regard de confiance et de foi, dans l’espérance de la miséricorde.
Et les hommes n’ont pas été déçus. Ils ont été purifiés en cours de route.
« L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas en glorifiant Dieu à pleine voix ». Il reconnaît l’intervention de Dieu et lui rend grâce. Il semble désobéir à Jésus puisqu’il ne va pas au temple. Ne jugeons pas trop vite, et disons qu’il ajourne la reconnaissance officielle et réglementaire de sa guérison pour venir glorifier Dieu et enfin se prosterner aux pieds de son sauveur. La barrière qui l’en avait empêché a disparu, enlevée par Dieu lui-même. En outre, l’homme obéit plus radicalement à la demande de Jésus, puisqu’il reconnaît en lui le Grand-Prêtre dont l’offrande purifie l’humanité entière, il voit en Jésus le Temple non fait de mains d’hommes qui manifeste réellement la présence de Dieu parmi les siens. En posant le geste d’adoration qu’aucun des dix compères n’a su poser au début du récit, cet homme est donc le seul qui ait accompli jusqu’à son terme le chemin de foi où Jésus invitait les dix compagnons de misère.
Ce n’est qu’à cet instant où son action de grâce devient adoration, que nous apprenons que cet homme est un samaritain, un étranger. Nous apprenons ainsi que rien ne peut nous empêcher d’être agréable à Dieu, ni notre condition, ni même la maladie. Jésus s’étonne même de ce que les fils de la promesse n’ont pas su rendre gloire à Dieu et reconnaître son irruption dans leur vie. Seul cet étranger manifeste une autre foi que celle des neuf autres, la foi qui permet d’accéder au salut. Pourtant tous ont été guéris. Cela veut dire que la guérison que donne Jésus ne permet pas d’obtenir le salut si elle ne débouche pas vers une authentique action de grâce. Une guérison reçue du Seigneur est vaine si elle n’ouvre pas à une relation nouvelle avec Jésus. Jésus, en effet, ne nous guérit que pour nous permettre d’être pleinement en relation avec lui, car c’est cette relation que la lèpre de notre péché a rompue, c’est cette relation que Jésus est venu restaurer. Jésus a posé un regard de miséricorde sur l’humanité et a décidé de la réconcilier avec son Père des cieux.
En lisant en Église cette page d’Évangile, nous découvrons combien nous sommes concernés par la purification des dix lépreux. Elle ne raconte pas une anecdote du passé, elle explique que la purification du cœur de la lèpre du péché et de la sclérose de la peur, est offerte par Jésus à tout homme qui accepte de se mettre en route dans l’espérance. Le chemin de la guérison est le chemin d’une promesse faite par Dieu de nous attirer à lui et de nous permettre de nous rapprocher de lui dans un acte d’adoration et d’action de grâce. En ce sens, la guérison est toujours en avant de nous sous la forme d’une invitation de Jésus à reconnaître sa présence dans nos vies et à l’accueillir pleinement. Finalement, la guérison est une consécration à Dieu. En revenant vers Jésus, le dixième lépreux est devenu son disciple.
Seigneur Jésus, prends pitié de nous ! Nous nous présentons à toi comme des disciples qui ont faim et soif de mieux te servir, faim et soif de savoir te louer en vérité, en toute humilité. Donne-nous de savoir nous tourner vers toi et de savourer le don que tu nous fais dans l’eucharistie. Elle reproduit et actualise l’œuvre de ton salut. Elle est le sacrement de la guérison dont nous avons besoin. Merci pour ce don de ton amour.
Frère Dominique