LE SILENCE ET LA PAROLE – « SOIT CHACUN ENCLIN À ÉCOUTER, LENT À PARLER » (JC 1,19)
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LE SILENCE ET LA PAROLE
« SOIT CHACUN ENCLIN À ÉCOUTER, LENT À PARLER » (JC 1,19)
TEXTE ÉDITÉ PAR LES CARMÉLITES DE CARPINETO ROMANO (ROME)
[TRADUCTION PAR ANTONELLA NAPPO]
UN ÊTRE EN RELATION
L’homme a été créé pour la relation. Il est un être toujours en relation: avec lui-même, avec la réalité qui l’entoure, avec les autres, avec l’Autre. Pour être heureux, il doit apprendre à vivre de façon constructive et positive ses capacités relationnelles qui sont innées et constitutives, don du Créateur à sa créature « fait à son image ».
Le Silence et la parole sont les instruments / les moyens qui, en dernière analyse, sont finalisés dans ce but, à la plus grande vocation de l’homme: le don de soi. Silence et parole: deux instruments qui doivent être connus et utilisés.
La famille, lieu où s’expérimentent les premières et profondes relations humaines
Chaque instrument, pour être utilisé correctement, doit évidemment être découvrit, connu dans toutes ses potentialités; à chacun, d’autre part, est dû la responsabilité personnelle de décider la façon de les utiliser. Silence et parole sont moyens puissants de communication; la parole sert la relation, mais le silence aussi est au service de la relation. Ils doivent interagir avec sagesse et équilibre. La « médaille » de la relation-don de soi a deux « faces »: le silence et la parole.
Le silence et la parole: deux réalités opposées?
Ces deux mots et réalités de l’homme peuvent sembler antithétiques et, en effet, est apparemment ainsi, parce que celui qui se tait ne parle pas et, celui qui parle, ne se tait pas. Mais, fondamentalement, le silence comme la parole impliquent une réalité plus profonde et mystérieuse – l’ontologique de l’homme – et ils ne peuvent pas se définir incompatibles, parce que l’un éclaire et donne sens à l’autre. D’un point de vue d’une attitude intérieure, profonde, ils sont – alors- complémentaires.
Le silence et la vie – la parole et le désir
Alors que c’est plus facile penser à la conception de parole et l’adjoindre, naturellement, à l’idée de relation, il est plus difficile concevoir le silence comme un instrument qui conduise ou facilite un rapport interpersonnel.
La question est la suivante: est-ce que le silence peut créer, établir, un rapport, une relation? Si, comme beaucoup de personnes expérimentent, parfois même une seule parole peut mettre fin à une liaison, un rapport d’amitié, familial, etc.… nous devons penser que le silence aussi pourrait servir à créer et maintenir un rapport interpersonnel vrai. Par ailleurs, comme beaucoup de personnes savent, devant grands drames ou souffrances inexplicables et atroces (comme une maladie terminale ou une morte subite), on ne parle pas ou on parle en gardant le silence. Le silence, en ce cas, devient présence expressive et affectueuse.
Donc, un silence « loquace » et une parole « silencieuse » existent. C’est-à-dire un silence qui parle, capable de dire quelque chose et une parole muette, qui ne dit rien à celui qui écoute. Un texte de psychologie soutient que « nous sommes ce que nous disons », mais en même temps nous sommes aussi « ce que nous vivons », que « faisons », sans beaucoup de paroles.
Dire ou faire? On peut dire et faire, mais on peut aussi faire sans dire, c’est possible « construire » en silence et « démolir » en parlant. C’est la vie qui doit parler à nous-mêmes et à les autres. Quelquefois notre silence se révèle constructif, efficace et loquace plus de milles paroles.
Parfois il y a des silences qui sont paroles et paroles qui sont silence. Il arrive, quelquefois, de dire beaucoup de paroles, mais non ce que nous devons dire et, donc, même si nous parlons, c’est comme garder le silence. Il y a, au contraire, des silences pleins de paroles.
Un silence peut être une réponse – naturellement à interpréter – mais il est toujours l’expression de quelque chose qu’on veuille dire, communiquer à l’autre. En gardant le silence, quelquefois, on évite de dire ce qu’est mieux omettre et donc, en réalité, c’est possible communiquer, aussi avec une « absence » de paroles.
Ce qu’enseigne à propos la psychologie
« Savoir tenir sa langue » (Psaume 39, 2), « Garder sa propre bouche » (Psaume 141, 3), préserve de la superficialité, de l’étourderie et de l’imprudence. Nous devrions nous habituer à interposer – comme nous enseigne la psychologie – un « intervalle » entre stimulant et réponse, entre action et réaction, a fin que notre parole – verbale et intérieure – ne naisse pas de l’impulsivité ou des automatismes de l’inconscient, mais soit résultat d’un choix libre et conscient. Pour parler librement et consciemment, il faut savoir s’habituer au silence, interprété comme une disposition à l’écoute profonde de soi-même et de l’autre.
Le silence
Donc, le silence peut être l’espace qui prépare la parole. Interprété comme une fin en soi, n’aurait pas sens; ou, mieux, il agirait dans notre vie avec une valeur négative de solitude, fuite, repliement sur soi-même, vu que nous avons soutenu que l’homme est un être en relation et la parole est un moyen de relation.
Le silence, avant d’être une possibilité de réflexion (par conséquent il y a un silence avant et un silence après la parole), doit être espace pour l’écoute, capacité d’accueil, d’accueillir sans préjugés, disponibilité libre de la présomption de soi. Le silence, interprété de cette manière, peut être comparé au bon terrain cité dans l’Evangile (Luc 8, 8) capable de recevoir le germe de la parole: de la Parole de Dieu et de la parole (quelquefois un peu dénaturée) des ses semblables.
Le silence, de plus, éduque et renforce la vigilance, qu’est l’attention au vécu dans les moindres détails, capables de révéler – à un regard pénétrant – la nouveauté qui se cache même dans la monotonie, dans le quotidien banalisé mais jamais banale et qu’échappe à la majorité. Le chrétien appelle cette attitude: l’attitude contemplative. L’homme devient capable de voir l’invisible (Hébreux 11, 27).
Dans une prière très belle, Etty Hillesum écrive: « Tout arrive selon un rythme plus profond … qu’on devrait enseigner à écouter: c’est la chose plus importante qu’on puisse apprendre dans cette vie. Le silence peut ainsi être le chemin qui conduit à la profondeur. Voici pourquoi les grandes femmes et les grands hommes de l’esprit ont aimé et vécu le silence. » (Journal de Etty Hillesum, Adepti Edizioni, Milan 1985).
Différents genres de silence (positif et négatif)
Nous avons vu comme l’attitude au silence soit capable de construire une relation; même, il met décidément les fondements d’une relation, autant que la parole exprimée, interprétée comme manifestation extérieure de soi-même à l’autre. De cette façon, s’annoncent différents genres de silence, qui peuvent avoir une valeur plus ou moins négative, autant qu’il y a de moyens personnels d’interpréter auxquels est sujet le même terme.
- Le silence d’écoute est ce que nous permet d’écouter l’autre jusqu’au bout, pour comprendre ce qu’il veut dire et accueillir le message qu’il est en train de nous transmettre. Il permet à l’autre d’exprimer complètement soi-même et sa pensée, jusqu’au moment où il est interrompu pendant ses propos.
- Le silence réciproque se réalise parce qu’il n’y a pas besoin de beaucoup de paroles pour se comprendre et il se produit lorsqu’il y a une connaissance et une communion très profonde entre les deux personnes qui sont en train de communiquer.
- Le silence de charité se tait intentionnellement tout ce que peut nuire à l’autre, que ne met pas en évidence le mal, ne murmure pas.
- Le silence d’indifférence se produit lorsqu’il n’y a pas la volonté de communiquer avec l’autre, n’importe pas ce que l’autre nous dit.
- Il y a un silence offensé et irrité, qu’appartient à qui n’est pas en paix avec soi-même et avec les autres et, de cette manière, s’isole.
- Il y a un silence qu’est péché, parce qu’omet ce qu’on devrait dire ou qui peut exprimer indifférence et distance de Dieu: le silence de celui qui ne prie pas et ne communique pas avec le Créateur.
- Il y a le silence du pardon, qui se produit lorsque s’évite de souligner, reprocher, répéter continuellement les erreurs et les fautes des autres.
Le silence: don ou pénitence?
Le silence peut être un don ou une espèce de pénitence, conçue comme une amende ou comme une limitation, cela dépend de la manière de concevoir-le, de vivre-le, du contexte dans lequel nous sommes appelés à l’incarné.
C’est un don lorsqu’il devient l’espace pour rencontrer Dieu, pour communiquer avec Lui et, en Lui, avec les autres. C’est plus facile « rencontrer » le Seigneur dans ce contexte silencieux qu’au milieu de beaucoup de bruits. Dieu nous parle à travers de son silence. La contemplation est la rencontre de deux silences: le silence de Dieu et le silence de l’homme. Celui qui apprend à prier vraiment, apprend à écouter le Verbe silencieux et rencontre le Silence qu’interpelle, apprend à écouter et sait vraiment être en relation aussi avec les autres hommes.
Mais quelquefois, le silence peut être une pénitence. Il y a moments dans lesquels est difficile se taire, parce que parler devient un besoin. C’est difficile se taire lorsqu’il y a eu une incompréhension, une offense, lorsque l’autre veut avoir toujours raison et veut toujours le dernier mot sur les décisions, lorsque nous voyons attitudes fausses dans les autres, lorsque nous avons une souffrance, lorsque nous comprenons que l’autre nous mal juge.
Lorsque nous sommes capables de triompher du besoin de parler et de nous taire, le silence devient « pénitence » qui nous enseigne à dominer nos passions et qui, même avec souffrance, nous ouvre le chemin vers une forme d’ascèse qui conduit à une maturité humaine et chrétienne authentique. On expérimente, donc, une grande paix et même on domine ses pensées en les rectifiant et transformant en positives, en retrouvant l’équilibre intérieur.
Importance et risques du silence
Le silence, alors, devient prédisposition à l’écoute, à l’accueil et à la communication avec les autres et avec l’Autre. Il nous aide à éviter le mal que facilement nous pouvons commettre en parlant; mais il cache aussi des risques. Un silence peut être une contre-témoignage. En effet, il y a choses qui sont dit au bon moment et choses qui sont dit au mauvais moment.
Un autre danger est l’isolement. Celui qui se tait, n’est pas confronté aux autres, il reste avec ses idées et sa façon d’être, ne s’ouvre pas à l’altérité. Celui qui se tait, ne donne pas soi-même et, donc, s’appauvrie.
Le silence du Seigneur
Les exemples du silence de Jésus et de sa référence au silence sont très nombreux. Jésus a gardé le silence en parlant et a parlé en gardant le silence. Jésus « se tait » lorsque manifeste au Père son pardon pour les hommes. Pendant les années de son éducation humaine et spirituelle à Nazareth il ne prêchait pas comme il aurait fait ensuite, mais aussi après son annonce publique il utilisait le silence de sa vie (Luc 2, 51) pour se faire reconnaître.
Jésus choit souvent lieux solitaires dans lesquels aller pour prier (Luc 5, 16). Jésus enseigne comme faire taire les sentiments négatifs en aimant ses ennemis (Luc 6, 27). En écoutant Jésus qui parle, le monde entier se tait, ne parle pas, mais écoute (Luc 10, 39). À la question que lui pose Pilate, Jésus ne réponde rien (Luc 23, 9) ou, en différentes occurrences, il réponde sans dire ce que les autres voudraient savoir et écouter par Lui. Jésus se tait avec sa mort (Luc 23, 46) pour parler encore après la Résurrection. Jésus nous montre un exemple à imiter dans l’équilibre et le discernement au moyen desquels se doit utiliser la parole et le silence.
La Parole de Dieu
Dans les Ecritures il y a beaucoup d’exemples qu’expriment la valeur de la Parole de Dieu et les caractéristiques de la parole de l’homme. Les Livres sapientiaux traitent amplement ce sujet. En effet, nous trouvons l’invitation à écouter, accueillir, garder, méditer, pas oublier, pas s’éloigner de la Parole de Dieu et, par conséquent, ils soutiennent que les avantages qui dérivent de cette attitude de foi conduisent dès maintenant à la béatitude, à la tranquillité et à une longue vie.
La parole de l’homme
À travers les paroles, l’homme exprime soi-même, ses pensées, ses sentiments, ses opinions. Dans les Livres sapientiaux sont décrit les propos de l’homme dans ses aspects positifs et négatifs.
Comment faut-il parler? Avec prudence, sapience, science, amabilité, calme, contrôle de soi-même, sagesse, rectitude, sincérité, loyauté, gentillesse, en pesant les paroles, en freinant la bouche.
Qu’est-ce qu’on doit éviter? Il est conseillé de ne pas être arrogants, ne pas fabriquer mensonges et calomnies, ne pas parler trop, ne pas tromper, ne pas flatter, ne pas user paroles dures et piquant.
Similitudes
La parole de l’homme est positivement comparée à un arbre de la vie, à un rayon de miel; négativement à un sol glissant, à un lacet, à une épée, à la mort, à morceaux appétissants, à une blessure au cœur, à eaux profondes.
Dangers et dommages en parlant
Parler porte des conséquences qu’il faut évaluer attentivement ; les paroles peuvent aider les autres, mais ils peuvent aussi causer dommages à eux et la même chose compte pour soi-même. Facilement on peut commettre erreurs en parlant, voilà pourquoi il est nécessaire réfléchir avant de parler. Celui qui n’utilise pas avec droiture ses paroles va au-devant de la ruine, cause dommage à soi-même, devient victime des ses lèvres; il court le danger d’être égoïste, les autres peuvent répéter ce qu’ont écouté par lui et il y a le risque de révéler secrets, de trahir, de perdre la confiance. Facilement celui qui parle tombe en faute.
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