Archive pour septembre, 2013
PROMENADES À TRAVERS LES JARDINS DE LA BIBLE
12 septembre, 2013https://sites.google.com/site/daughterofgrace21/pensessurlechemin/promenades-dans-les-jardins
PROMENADES À TRAVERS LES JARDINS DE LA BIBLE
Si nous allons à la rencontre des jardins de la Bible, nous réalisons qu’ils ruissellent d’enseignement et du parfum de la Volonté de Dieu à notre égard. Etes-vous prêts pour une petite balade?
Nous pourrions commencer par le plus magnifique de tous, le jardin de l’Eden, celui-là même où Dieu déposa l’homme lorsqu’Il eut achevé de le créer à Son image: L’Éternel planta un jardin vers l’Orient, l’Eden, le Pays des délices. Il y plaça l’homme qu’Il avait façonné (Genèse 2:8). Parcouru par un fleuve aux eaux abondantes, ce jardin est le symbole même du bonheur parfait, d’une communion innocente à chérir avec le Créateur. Il nous rappelle la source même de chaque être humain et le lieu où Dieu veut qu’il soit: l’Éternel Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin de l’Eden pour le cultiver et le garder (Genèse 2: 15).
C’est en nous approchant d’un autre jardin, plus émouvant et douloureux, qu’il nous est possible de découvrir le prix de ce bonheur qui avait été perdu. Le jardin de Gethsémané est le lieu de l’abandon suprême de Jésus à la Volonté du Père, alors qu’il prie: O Père si Tu le veux, écarte de moi cette coupe! Toutefois que les choses se passent non pas comme moi je le veux, mais comme Toi tu le veux (Matthieu 26:39). Par opposition à l’Eden parfait dans lequel l’homme s’était rebellé contre Dieu, Jésus choisit dans ce jardin de douleur de suivre la volonté de Dieu, aussi pénible puisse-t-elle être pour nous sauver. Qu’il est beau de voir que juste avant de passer à la croix, il passa dans ce jardin pour rechercher la face de Dieu.
Grâce à l’obéissance de Jésus, nous avons le droit de pénétrer dans le plus glorieux des jardins, celui de la présence même de Dieu, celui dont l’image nous est donnée dans le livre de la Révélation. Dans ce jardin coule le fleuve de la vie, limpide comme du cristal, qui jaillissait du trône de Dieu et de l’Agneau (Apocalypse 22:1). Ce jardin semble être une réplique de l’Eden, une sorte d’Eden retrouvé pour nous qui auront accepté Jésus et sa rédemption éternelle. La Bible nous révèle qu’il sera le lieu de tous les rachetés, c’est-à-dire de ceux qui se seront confiés en Jésus pour leur salut.
Enfin, le plus précieux de tous les jardins est sans doute celui que nous cachons dans notre coeur: Garde ton coeur plus que toute autre chose car de lui viennent les sources de la vie, nous révèle le livre des Proverbes. Notre jardin intérieur peut porter de beaux fruits si nous permettons à la pluie de l’Esprit de l’arroser régulièrement. Ce motif est repris dans le Cantique des cantiques. Le jardin de l’amour est l’image de la communion de l’âme avec son Seigneur: Tu es un jardon clos, ma soeur (Cantiques 4: 12) pourrait nous dire le Christ, tout comme Il pourrait pénétrer dans son jardin et en goûter les fruits exquis (Cantiques 4: 16). Cela requiert de nous que nous prenions soin de notre jardin, en évitant toute racine d’amertume et en l’abreuvant de l’eau de la Parole. En quelque sorte, Dieu veut recréer en nous un Eden intérieur dans lequel Sa présence peut habiter. Puisse notre amour pour Jésus exhaler un doux parfum- car c’est une telle relation avec l’être humain qu’il recherche.
Ainsi s’achève notre balade dans les jardins de la Bible- ce ne sont que quelques perspectives qui demanderaient à être davantage explorées, mais je prie que le Seigneur vous donne de goûter à la joie de Sa présence et aux fruits de Son amour.
AIMER L’EGLISE EN CHERCHANT À COMPRENDRE SES DÉFAUTS
12 septembre, 2013http://www.zenit.org/fr/articles/aimer-l-eglise-en-cherchant-a-comprendre-ses-defauts
AIMER L’EGLISE EN CHERCHANT À COMPRENDRE SES DÉFAUTS
CATÉCHÈSE DU 11 SEPTEMBRE 2013, TEXTE INTÉGRAL
Rome, 11 septembre 2013 (Zenit.org) Pape François
« Aimons-nous l’Église comme on aime sa maman, en sachant comprendre ses défauts ? Est-ce que nous l’aidons à être plus belle, plus authentique, plus selon le Seigneur ? », demande le pape François en appelant à un examen de conscience.
Ce sont les questions que le pape a posées à la foule ce matin, mercredi 11 septembre 2013, lors de l’audience générale, place Saint-Pierre.
« Toutes les mamans ont des défauts, a-t-il fait observer, nous avons tous des défauts, mais quand on parle des défauts de sa maman, nous les couvrons, nous les aimons comme elles sont. Et même l’Église a ses défauts : nous l’aimons comme notre maman ».
Catéchèse du pape François
Chers frères et sœurs, bonjour !
Nous reprenons aujourd’hui les catéchèses sur l’Église en cette Année de la foi. Parmi les images que le concile Vatican II a choisies pour nous faire mieux comprendre la nature de l’Église, il y a celle de la « mère » : l’Église est notre mère dans la foi, dans la vie surnaturelle (cf. Constit. Dogm. Lumen gentium, 6.14.15.41.42). C’est l’une des images les plus utilisées par les Pères de l’Église dans les premiers siècles et je pense qu’elle peut nous être utile à nous aussi. Pour moi, c’est une des plus belles images de l’Église : l’Église mère ! Dans quel sens et de quelle manière l’Église est-elle mère ? Partons de la réalité humaine de la maternité : que fait une maman ?
1. Avant tout une maman engendre à la vie, elle porte son enfant dans son sein pendant neuf mois, puis elle l’ouvre à la vie, elle l’engendre. L’Église aussi : elle nous engendre dans la foi, par l’action de l’Esprit-Saint qui la rend féconde, comme la Vierge Marie. L’Église et la Vierge Marie sont des mamans, toutes les deux ; ce que l’on dit de l’Église peut se dire de la Sainte Vierge et ce que l’on dit de la Sainte Vierge peut aussi se dire de l’Église !
Certes, la foi est un acte personnel : « je crois », je réponds personnellement à Dieu qui se fait connaître et qui veut entrer dans une amitié avec moi (Cf. Enc. Lumen fidei, n.39). Mais je reçois la foi des autres, dans une famille, dans une communauté qui m’apprend à dire « je crois », « nous croyons ». Un chrétien n’est pas une île ! Nous ne devenons pas chrétiens dans un laboratoire, nous ne devenons pas chrétiens tout seuls et par nos propres forces, mais la foi est un cadeau, c’est un don de Dieu qui nous est fait dans l’Église et à travers l’Église. Et l’Église nous donne la vie de foi dans le baptême : c’est le moment où elle nous fait naître comme enfants de Dieu, le moment où elle nous donne la vie de Dieu, elle nous engendre comme une mère. Si vous allez au baptistère de Saint Jean du Latran, à la cathédrale du pape, il y a à l’intérieur une inscription latine qui dit plus ou moins ceci : « Ici naît un peuple de souche divine, engendré par l’Esprit-Saint qui féconde ces eaux ; notre mère l’Église met au monde ses enfants dans ces flots ».
Ceci nous fait comprendre quelque chose d’important : faire partie de l’Église n’est pas pour nous un fait extérieur et formel, il ne s’agit pas de remplir un papier qu’on nous donne, c’est un acte intérieur et vital ; on n’appartient pas à l’Église comme on appartient à une société, un parti ou toute autre organisation. Le lien est vital, comme celui que l’on a avec sa maman parce que, comme l’affirme Saint Augustin, « l’Église est réellement la mère des chrétiens » (De moribus Ecclesiae, I,30,62-63 : PL 32,1336). Demandons-nous alors : comment est-ce que je vois l’Église ? Si je suis reconnaissant envers mes parents parce qu’ils m’ont donné la vie, suis-je reconnaissant envers l’Église parce qu’elle m’a engendré dans la foi par le baptême ? Combien de chrétiens se souviennent de la date de leur baptême ? Je vous pose cette question ici, mais que chacun réponde dans son cœur : combien parmi vous se souviennent de la date de leur baptême ? Quelques-uns lèvent la main, mais il y en a tellement qui ne s’en souviennent pas ! Mais la date du baptême est la date de notre naissance dans l’Église, la date à laquelle notre maman l’Église nous a mis au monde ! Et maintenant, je vous donne un travail à faire à la maison. Aujourd’hui, quand vous rentrerez chez vous, cherchez bien quelle est la date de votre baptême et c’est pour le fêter, pour remercier le Seigneur de ce don. Vous le ferez ? Aimons-nous l’Église comme on aime sa maman, en sachant comprendre ses défauts ? Toutes les mamans ont des défauts, nous avons tous des défauts, mais quand on parle des défauts de sa maman, nous les couvrons, nous les aimons comme elles sont. Et même l’Église a ses défauts : nous l’aimons comme notre maman. Est-ce que nous l’aidons à être plus belle, plus authentique, plus selon le Seigneur ? Je vous laisse avec ces questions, mais n’oubliez pas le travail à faire : aller chercher la date de votre baptême pour la garder dans votre cœur et pour le fêter.
2. Une maman ne se limite pas à donner la vie, mais elle prend un grand soin de ses enfants pour les aider à grandir, elle leur donne du lait, elle les nourrit, elle leur enseigne le chemin de la vie, elle ne cesse de les accompagner de ses attentions, de son affection, de son amour, même lorsqu’ils ont grandi. Et en faisant cela, elle sait aussi corriger, pardonner, comprendre, elle sait être proche dans la maladie, dans la souffrance. En un mot, une bonne maman aide ses enfants à sortir d’eux-mêmes, à ne pas rester tranquillement sous ses ailes maternelles, comme une couvée de poussins sous les ailes de la poule.
L’Église, comme une bonne mère, fait la même chose : elle accompagne notre croissance en nous transmettant la Parole de Dieu, lumière qui nous indique le chemin de la vie chrétienne, en administrant les sacrements. Elle nous nourrit de l’Eucharistie, elle nous apporte le pardon de Dieu dans le sacrement de la pénitence, elle nous soutient au moment de la maladie par l’onction des malades. L’Église nous accompagne dans toute notre vie de foi, dans toute notre vie chrétienne. Nous pouvons alors nous poser d’autres questions : quel est mon rapport à l’Église ? Est-ce que je la perçois comme une mère qui m’aide à grandir en chrétien ? Est-ce que je participe à la vie de l’Église, est-ce que je sens que j’en fais partie ? Mon rapport à elle est-il formel ou vital ?
3. Une troisième brève pensée. Dans les premiers siècles de l’Église, il y a une réalité qui était bien claire : l’Église, tout en étant la mère des chrétiens, tout en « faisant » les chrétiens, est elle aussi « faite » par eux. L’Église n’est pas quelque chose de différent de nous, mais il faut la voir comme la totalité des chrétiens, comme le « nous » des chrétiens : moi, toi, nous faisons partie de l’Église. Saint Jérôme écrivait : « L’Église du Christ n’est pas autre chose que les âmes de ceux qui croient dans le Christ » (Tract. Ps 86 : PL 26, 1084). Alors, la maternité de l’Église, nous la vivons tous, pasteurs et fidèles. Parfois, j’entends dire : « Je crois en Dieu mais pas dans l’Église… J’ai entendu l’Église dire… les prêtres disent… ». Mais les prêtres sont une chose, mais l’Église n’est pas formée seulement de prêtres, nous sommes tous l’Église ! Et si tu dis que tu crois en Dieu et que tu ne crois pas dans l’Église, tu dis que tu ne crois pas en toi-même ; et ça, c’est une contradiction. Nous sommes tous l’Église : du petit enfant qui vient d’être baptisé jusqu’aux évêques et au pape ; nous sommes tous l’Église et nous sommes tous égaux aux yeux de Dieu !
Nous sommes tous appelés à collaborer à faire naître à la foi de nouveaux chrétiens, nous sommes tous appelés à être des éducateurs dans la foi, à annoncer l’Évangile. Que chacun de nous s’interroge : qu’est-ce que je fais, moi, pour que d’autres puissent partager la foi chrétienne ? Suis-je fécond dans ma foi, ou fermé ? Quand je répète que j’aime une Église non pas fermée dans son enclos, mais capable de sortir, de bouger, même en prenant des risques, pour apporter le Christ à tous, je pense à tout le monde, à moi, à toi, à tout chrétien ! Nous participons tous de la maternité de l’Église, afin que la lumière du Christ rejoigne les extrémités de la terre. Vive notre Sainte Mère l’Église !
Traduction de Zenit, Hélène Ginabat
Twelve Years Later – Remembering 9/11
11 septembre, 2013LES PAUVRES VOUS LES AUREZ TOUJOURS. MT 26,11
11 septembre, 2013http://www.lechampdumidrash.net/ancien/articles.php?lng=fr&pg=81
DATE DE CRÉATION : 06/02/2007
POUR EN FINIR AVEC LES PAUVRES
LES PAUVRES VOUS LES AUREZ TOUJOURS. MT 26,11
Hasards de l’actualité en France : La mort de l’Abbé Pierre est survenue en même temps que la sortie du dernier roman de Jean-Christophe Ruffin: Le Parfum d’Adam. Campagne électorale aidant, l’idée d’en finir avec la pauvreté est à l’ordre du jour. Le livre de Ruffin pourrait s’appeler : la possibilité d’un chiasme. Il évoque un glissement de sens terrifiant, une inversion du sens de l’expression « la fin des pauvres ». L’ambiguïté du génitif, vous l’aurez toujours.
Selon Ruffin, l’objectif utopique mais louable d’en finir avec la pauvreté est en réalité notre agenda depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Notre utopie concrète, notre nouvelle frontière, c’est vaincre la pauvreté dans le tiers-monde. Mais voilà que l’horreur et le retournement se trament au sein d’une frange fondamentaliste de l’Ecologie qui en arrive à ce constat: si les masses du tiers-monde sortent effectivement de la pauvreté, ils adopteront notre mode de vie et cela condamnera ipso facto la planète. La conclusion, logique et terrifiante, s’impose. Il faut diminuer d’urgence le nombre des pauvres. Je ne sais pas si vous avez saisi le chiasme. Sinon, lisez le livre.
• Changeons de sujet.
On sait que le Judaïsme maintient une tension permanente entre deux registres contradictoires: celui de la Loi et celui de l’eschatologie. Dans le Judaïsme, il est toujours essentiel de savoir dans quel registre on se situe lorsqu’on traite d’un sujet quelconque.
C’est pourquoi, lorsque le Judaïsme parle des pauvres il est important de savoir dans quel registre il se situe, celui du droit ou celui de l’eschatologie, car ces registres sont diamétralement opposés.
La Bible contient nombre de dispositions en faveur des pauvres. Il s’agit de règles d’ordre juridique. Lorsque nous lisons la Bible (cela peut arriver) nous savons dans quel registre nous sommes: en général c’est celui de la Loi.
En revanche, lorsque nous lisons des textes midrashiques, nous devons comprendre que nous sommes dans un espace mental qui est celui de l’eschatologie. C’est, si l’on peut-dire un espace non-euclidien. Il possède ses propres caractéristiques qui font fi de l’histoire, du principe de non contradiction etc…Le projet de cette revue est d’ailleurs de faire la topologie de cet espace, du champ du midrash.
Lorsque le midrash traite des pauvres, nous ne sommes plus dans l’espace du juridique, mais dans un espace très particulier dans lequel il n’est pas sûr du tout que cette notion de pauvres ait quelque chose à voir avec l’économie, même politique.
On trouve en effet dans le midrash des expressions telles que:
• eyn ‘aniyim ela…. Il n’est de pauvres qu’en référence à… (aux bonnes actions, etc.)
• Voici ce qui est écrit : « Il relève (meqim) le pauvre de la poussière » (1S 2,8). Il s’agit d’Israël qui fut plongé dans la boue et les briques en Egypte
• Le verset « Yahvé écoute les malheureux » se rapporte à Israël, En effet, Rabbi YoHanan a dit : Chaque fois qu’il est question de pauvre, de misérable et de malheureux, c’est d’Israël que l’Écriture veut parler.
La pauvreté est une image du manque absolu, de l’épreuve et du comble. La pauvreté est une épreuve nécessaire avant le salut qu’elle annonce.
La question que nous voudrions commencer à traiter ici est la suivante:
La représentation occidentale des « pauvres » a été profondément marquée par l’empreinte du texte évangélique. Or ce texte est de nature midrashique. Il s’ensuit que notre conception des pauvres serait d’emblée marquée par l’eschatologie.
Cela est inévitable. Le messianisme chrétien des origines a voulu textuellement accomplir la loi, c’est-à-dire la dépasser, ce qui est logique pour une pensée juive qui entend se situer à la fin des temps. Le messie: relève de la Loi, mais au sens où on relève une garnison.
Le texte évangélique nous dit pourtant lui-même qu’il est un midrash. On sait qu’il le fait en mentionnant des expressions comme beruaH (en esprit, c’est-à-dire par midrash). Matthieu 5,3 prend bien soin de nous indiquer :
heureux les pauvres en esprit (les pauvres au sens midrashique).
Nous lisons pourtant aujourd’hui les Evangiles comme s’ils nous parlaient de pauvreté au sens économique, alors qu’ils font des pauvres un agent de l’eschatologie.
• Purim et l’utopie.
Prenons un exemple tiré de la tradition juive. On sait que le sens de la fête juive de Purim est eschatologique de part en part. Nous savons donc dans quel registre nous sommes. Lorsque nous lisons qu’à Purim un endeuillé doit se réjouir, nous savons qu’il n’y a là rien qui soit de l’ordre du juridique.
De même: A Purim celui qui commet un dommage n’est pas tenu de le réparer (autrement dit le code civil qui repose tout entier sur ce principe n’est plus valide, une paille.)
Enfin: notenim tsedaqa lekol poshet yado: on donne à toute personne qui tend la main. Essayez d’appliquer ce principe à la lettre, vous verrez que c’est assez difficile. Nous comprenons que nous sommes là en plein symbolisme. On commémore paradoxalement ici un événement à venir: la fin des temps. Purim est donc une parenthèse, une exception, une utopie au sens courant du terme. Personne n’aurait l’idée de se fonder sur les symboles eschatologiques pour réguler la vie quotidienne ou la société. Mais comme on n’est jamais trop prudent, le Talmud prend soin régulièrement de mettre en garde le lecteur: On n’infère pas une règle juridique d’une tradition orale (même prophétique): divre tora midivre qabala lo yalfinan (Hagiga 10b)
• La Boussole.
L’eschatologie n’apporte aucune réponse aux questions pratiques ou sociales. Il n’est donc pas possible de s’appuyer sur des péricopes évangéliques pour espérer disposer d’une boussole en ce domaine.
L’eschatologie juive, reprise intégralement dans les Evangiles, apporte certes un sens global à l’histoire d’Israël, mais elle ne répond pas aux questions sociales, économiques et morales qui relèvent, elles, de la loi, de la halakha, ni aux questions relatives à la guerre et à la paix.
Chacun peut vérifier que les Evangiles n’ont jamais apporté de réponse utilisable en matière de torture, d’esclavage, de peine de mort, etc. Par exemple au moment de la colonisation, les Evangiles n’ont pas fourni de boussole. Aux Etats-Unis, on peut être pentecôtiste et esclavagiste, voire membre du Ku-Klux-Klan. Le génocide du Rwanda a montré que la boussole évangélique n’a pas aidé les Eglises de ces pays, fortement compromises dans le génocide. En Haïti, le prêtre Jean-Bertrand Aristide n’a pas non plus bénéficié de la boussole évangélique. En Colombie, un autre prêtre, le curé Perez a dirigé la guérilla de l’E.L.N. qui pratique le racket (pardon, l’impôt révolutionnaire) les enlèvements, le narco-trafic, tout cela n’étant que la « conséquence de la pauvreté ».
La lecture naïve des Evangiles induit une lecture eschatologique de la pauvreté et aboutit à déifier les pauvres. Elle serait au fondement du populisme. Le pouvoir du peuple de Dieu devient alors absolu. Mais le peuple ne pouvant l’exercer directement, c’est son représentant (Aristide, Chavez) qui tend alors inévitablement à devenir un dictateur. Le passage de la théologie à la dictature passe par le populisme. C’est un processus paradoxal où l’identification du peuple au leader charismatique est d’autant plus grande qu’il se trouve complètement écarté de l’exercice de la souveraineté. Il se trouve séparé du pouvoir qui émane de lui parce que ce pouvoir se veut uni. Il n’accepte aucune séparation des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire, médiatique) et ne tolère pas les institutions indépendantes. Ce culte de l’unité viendrait sans doute aussi du Christianisme: l’Eglise doit être unie dans le Christ, tout royaume divisé contre lui-même etc. La théologie tend donc à déifier le « peuple » .
Le remplacement progressif de l’idée de providence par celle de progrès signalait un recul de l’eschatologie. Il s’ensuit que la moindre défaillance dans la croyance au progrès, réactive le vieux fond de l’eschatologie. Or la lutte contre la pauvreté apparaît aujourd’hui comme un échec. Elle avait été déléguée depuis la fin de la seconde guerre mondiale aux économistes. La crise économique a d’abord été la crise de la science économique. Cet échec a contribué à affaiblir la croyance dans la science et dans le progrès en général. Les premiers succès d’après-guerre avaient rendu presque tangible la victoire contre la pauvreté. Avec l’installation du chômage de masse et de la pauvreté, c’est l’idée d’utopie elle-même qui entre en crise. Or l’utopie, même si elle est dangereuse, reste le dernier rempart contre les bouffées eschatologiques du type millénaristes. L’utopie est une manifestation encore contrôlable de l’eschatologie.
Un autre déclencheur de schémas eschatologiques est, on le sait, l’idée d’indifférenciation, or la mondialisation est venue renforcer se sentiment. Comme si cela ne suffisait pas, la crise écologique risque de donner le coup de grâce à l’idée même de progrès. Nous risquons alors de voir certains groupes, comme dans le roman de Ruffin, verser dans une sorte de délire anti-pauvres, tandis que d’autres à l’inverse vont monter d’un cran dans l’exaltation et même la déification des pauvres. C’est pourquoi il est urgent que les politiques avancent un discours rationnel sur la pauvreté qui soit exempt, si c’est encore possible, de toute eschatologie.
MERCREDI 11 SEPTEMBRE 2013 – HOMÉLIE- MESSE – (LES BÉATITUDES)
11 septembre, 2013http://www.homelies.fr/homelie,,3586.html
FÉRIE – MERCREDI 11 SEPTEMBRE 2013
FAMILLE DE SAINT JOSEPH
HOMÉLIE- MESSE – (LES BÉATITUDES)
(Évangile Lc 6, 20-26)
Les Béatitudes sont la charte de ceux qui sont « morts avec le Christ » et « ressuscités avec lui » (1ère lect.) à la vie nouvelle de l’Esprit : « Par le baptême vous avez été mis au tombeau avec lui. Avec lui vous avez été ressuscités parce que vous avez cru en la force de Dieu qui a ressuscité le Christ d’entre les morts » (Col 2, 12). Si nous avons été mis au tombeau c’est que nous étions morts ; non pas physiquement mais spirituellement : « Vous étiez des morts parce que vous aviez péché ». Si nous sommes ressuscités c’est donc que « Dieu nous a donné la vie avec le Christ : il nous a pardonné tous nos péchés » (Col 2, 13). D’où l’invitation insistante de Paul à entrer dans le combat spirituel afin de ne pas déchoir de la grâce et retomber dans le péché : « Recherchez donc les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Tendez vers les réalités d’en haut et non pas vers celles de la terre » (1ère lect.).
Nous retrouvons la même tension dans les Béatitudes, que nous pouvons fort bien articuler avec la première lecture : « Malheureux vous les riches, vous qui êtes repus et qui riez » ; vous qui vous complaisez dans « la débauche, l’impureté, les passions, les désirs mauvais » ; vous qui vous laissez dominer par votre « appétit de jouissances » terrestres jusqu’à en oublier le respect, l’obéissance, et l’honneur qui reviennent à Dieu. Oui, malheureux les hommes charnels : « leur dieu c’est leur ventre et ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte ; ils ne tendent que vers les choses de la terre et ils vivent en ennemis de la croix du Christ. Ils vont tous à leur perte, je le redis en pleurant » (Ph 3, 18-19).
Mais malheureux aussi les hommes psychiques qui mettent tous leurs efforts à entretenir leur vaine gloire et cherchent à tout prix les louanges des hommes, fût-ce au prix de mensonges. Ils n’hésitent pas à recourir à la « méchanceté, aux insultes, aux propos grossiers » ; à la médisance et à la calomnie pour asseoir leur suprématie et obtenir que « tous les hommes disent du bien d’eux ». Leur douceur et leur humilité apparentes ne sont que de façade : il suffit de les contredire ou de leur résister pour qu’ils s’emportent et laissent éclater leur colère. Pas plus que les hommes charnels, qui s’adonnent à « la débauche, l’impureté, l’obscénité, l’idolâtrie, la sorcellerie, les beuveries, la gloutonnerie », les hommes psychiques n’entreront pas dans le Royaume : « haine, querelles, jalousie, colère, envies, divisions, sectarisme, rivalités et autres choses du même genre : ceux qui agissent de cette manière ne recevront pas en héritage le Royaume de Dieu » (Ga 5, 19-21).
Nous sommes avertis : « voilà ce qui provoque la colère de Dieu » et qu’il nous faut « faire mourir » ; car une vie dans le désordre trahit que nous appartenons encore à la terre alors que par le baptême « notre vie devrait rester cachée avec le Christ en Dieu » (1ère lect.). En attendant que « paraisse le Christ », et en attendant de « paraître avec lui en pleine gloire », ceux qui veulent demeurer « enracinés en lui et construire leur vie sur lui » (Col 2, 7), auront à séjourner en étrangers sur cette terre. Si Jésus les déclare bienheureux ce n’est pas parce qu’ils sont pauvres, affamés et qu’ils pleurent ; mais parce que cette détresse, qui témoigne de leur aspiration à une autre patrie, se transformera en joie. De même, ce n’est pas la haine, l’exclusion, l’insulte, le mépris, que subissent les croyants, qui honorent le Seigneur, mais la fidélité à son Nom – « à cause du Fils de l’homme » – et la communion à son sort. Car la constance dans les persécutions témoignent que le croyant s’est « débarrassé des agissements de l’homme ancien et a revêtu l’homme nouveau, celui que le Créateur refait toujours neuf à son image pour le conduire à la vraie connaissance » (1ère lect.).
« Seigneur, au milieu des multiples sollicitations de ce monde, apprends-nous à garder les yeux fixés sur toi. Donne-nous ton Esprit, que nous puissions reconnaître les pièges de l’Ennemi et renoncer à nos complicités avec ses séductions. Accorde-nous ta patience, ton humilité et ta douceur pour traverser les épreuves de la vie dans la paix, les yeux fixés sur toi qui es la source et le terme de notre appel (cf. Ep 4, 4). »
Père Joseph-Marie
Les trois vertus théologales: la foi, l’espérance et la charité
10 septembre, 2013QUELQUES TRAITS DE L’ÉGLISE INTÉRIEURE – DE L’ORIGINE ET DE LA DURÉE
10 septembre, 2013http://johann-bar.pagesperso-orange.fr/lophouk/chapit1.htm
LOPUKHIN, IVAN VLADIMIROVICH – History:
http://www.doukhobor.org/Lopukhin.htm
QUELQUES TRAITS DE L’ÉGLISE INTÉRIEURE
CHAPITRE I
De l’origine et de la durée de l’Eglise intérieure
Jésus-Christ a aimé l’Eglise, et s’est livré lui-même à la mort pour elle, afin de la sanctifier, après l’avoir Purifiée dans le baptême par la parole, pour la faire paraître devant lui pleine de gloire, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable; mais étant sainte et incorruptible.
Ephésiens : V. 25-27.
1 – Le bonheur de la créature est l’unique objet de la sollicitude du Créateur tout-puissant.
2 – Il créa l’homme pour le rendre toujours heureux dans le paradis, par des jouissances inexprimables. Pour l’élever davantage, il le doua du libre arbitre. L’esprit de Dieu régna dans l’esprit d’Adam : il pénétra de sa lumière toutes les puissances de son âme, tous ses sens, et le revêtit de son éclat, comme d’un vêtement.
3 – La soumission à l’esprit de Dieu, qui gouverna Adam, était le seul culte qu’il rendait à son Créateur ; la flamme pure et sacrée de l’amour pour lui était le parfum qu’il lui offrait.
4 – L’abus qu’Adam fit de sa liberté et sa désobéissance le firent chasser du paradis ; ils éteignirent dans son esprit le flambeau de la sagesse d’en haut ; ils l’assujettirent, et dans lui tout le genre humain, aux maladies, au travail et à la mort, sur une terre qui dès lors fut couverte de ronces et d’épines.
5 – L’amour éternel châtie pour sauver, et n’afflige même que pour guérir. Ce même amour permit que l’homme
fût sujet à la pourriture, dont il s’est revêtu lui-même en prostituant sa nature au péché ; il l’exila dans cette vallée de douleur, qui convient à sa nature dégradée, désormais trop faible pour se maintenir dans les régions de la lumière ; mais en même temps il lui ouvrit des voies cachées de purification, des passages de la douleur à la joie, de la mort à la vie éternelle, de la misère temporelle à une béatitude sans mesure et sans terme, infiniment au-dessus de celle qu’il a perdue.
Et certes, cet amour sans bornes, dans le moment même de la chute d’Adam, s’occupait déjà du dessein de l’en relever, et préparait dans sa sagesse le moyen de rallumer dans son coeur une étincelle du flambeau divin qui l’avait éclairé jusqu’à sa défection.
6 – Le Père, ouvrant les sources inépuisables de sa toute-puissance t de sa miséricorde, attire en tous temps, en tous lieux, et par toutes sortes de moyens, l’homme vers son Fils, qui seul est la voie, la vie et la porte des cieux. C’est au Fils qu’il appartient d’inviter la créature égarée du chemin de son éternelle félicité, de la presser à y rentrer pour toujours, et de s’absorber, pour ainsi dire, par l’élan de son amour, dans le torrent du bonheur, qui ne se trouve que dans le sein et dans les entrailles du Père.
Le Verbe, qui a créé la lumière, dit sans cesse : que la lumière soit ! et la lumière est.
7 – Le premier soupir du repentir d’Adam fut, pour ainsi dire, le premier rayon de cette lumière renaissante, qui avait brillé dans lui ; il devint la première pierre sur laquelle est bâtie l’église intérieure de Dieu sur la terre.
Les patriarches, qui vinrent après lui, les justes, les âmes pieuses, qui passèrent leur vie dans la crainte du Seigneur, laquelle avait pris naissance en elles par la foi ; celles qui se conservèrent, ornées de toute la beauté de l’innocence d’Abel ; tous ceux-là composèrent cette église, dans laquelle Dieu accomplit le grand oeuvre de la régénération.
Mais ceux qui s’infectèrent de cet esprit de ténèbres qui égara Caïn, répandirent en ce monde pervers le mensonge, les persécutions, les meurtres, l’impiété et les égarements : ils établirent sur la terre l’église de l’Antéchrist.
8 – L’église sainte et divine s’affermit sur tout, s’éleva et s’étendit, acquit une lumière nouvelle, un nouvel esprit, par l’incarnation de Jésus-Christ, notre Dieu : Le Verbe Dieu, créateur de toutes choses, s’est fait chair, et a habité parmi nous.
Ce Dieu-homme, par son incarnation, par sa vie, par ses souffrances et par sa mort, a rendu à l’homme les moyens de salut qu’il avait perdus ; il a ouvert la voie à tous ceux qui l’embrassent par la foi et par l’amour, de redevenir enfants de Dieu, n’étant nés ni par le sang, ni par la chair, ni par la concupiscence, mais par la renaissance divine et spirituelle.
9 – Il a accompli ce grand oeuvre sur la croix, en aspergeant mystérieusement toutes les âmes de la vertu de son sang ; de cette teinture propre à renouveler l’âme en Dieu.
Puissent toutes les âmes, ne fût-il que dans les fonts généraux du dernier baptême, être purifiées par cette aspersion, et rentrer dans leur droit d’enfants du seul et vrai Père de tous les hommes.
10 – Oui, Jésus-Christ, en se revêtant de notre chair, a affermi l’édifice de son église, contre laquelle les portes de l’enfer ne prévaudront jamais.
Il a ressuscité non seulement les morts à la vie temporelle, mais il a foulé sous ses pieds la mort même ; il a rompu les liens infernaux, et a rendu les hommes participant à la vie éternelle. Non seulement il changea l’eau en vin, mais il régénéra aussi cette masse d’éléments immatériels, dont il formera une nouvelle terre et de nouveaux cieux, lorsque ceux qui composent le monde matériel s’écrouleront. Etant la source unique de toute connaissance vraie, il a répandu une nouvelle lumière de sagesse ; il a allumé dans les âmes le feu vivifiant de la foi, et leur a imprimé son caractère.
11 – Ses apôtres et ses disciples, ayant reçu de sa plénitude la grâce et la force, engendraient par lui des enfants de lumière, et les transformaient en nouvelles créatures. C’est ce qu’opéra St Pierre en un jour sur 3000 âmes, par la toute-puissante parole de la vie. Actes chap. II, v. 41.
12 – Ainsi se multiplia la vigne de l’église intérieure de Dieu. Ainsi augmenta et augmente encore l’huile spirituelle de la régénération, qui, par l’incarnation de Christ, a tout rempli : le ciel, la terre et le séjour des morts. Cette source de l’incorruptibilité découle sans cesse sur la terre pure et vierge, la seule où Dieu puisse naître ; elle s’y répand invisiblement et renverse la haie de séparation, que lui, opposent les sens, le péché et tout ce monde passager. Ephésiens V. 26.
13 – Le corps mystique de Jésus-Christ se produit et croit sans cesse ; ses membres sont, en différents degrés et en diverses mesures, animés de l’esprit d’amour de celui qui a donné la nouvelle loi d’amour. Matthieu V. Les membres de ce corps mystique de Jésus-Christ reçoivent chacun des dons différents : l’un la manifestation de l’esprit pour l’utilité des fidèles, l’autre la parole de la sagesse ; celui-ci la parole de l’intelligence, et celui-là la foi ; un autre reçoit le don de guérison, et un autre celui des opérations miraculeuses ; un autre le don de prophétie ; un autre le discernement des esprits ; et un autre le don des langues ; et tous ces dons procèdent d’un seul et même esprit, communiquant sa vertu à qui et comme il lui plaît. I Cor. XII. Cet esprit les dirige et les régénère, les remplissant de son onction, à proportion qu’il les trouve dépouillés du vieil homme.
14 – Ainsi s’établit et s’étend l’église invisible et sainte, cet empire du souverain céleste, où il régnera jusqu’à ce
q’il ait mis ses ennemis sous ses pieds 1 Cor. XV. C’est ainsi qu’il achèvera l’oeuvre de la création, et alors il remettra son royaume à Dieu le Père. Lors donc que toutes choses auront été assujetties au Fils, alors le Fils sera lui-même assujetti à celui qui lui aura assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous.
« JE SAIS EN QUI J’AI CRU. » (SAINT PAUL À TIMOTHÉE, 11, 1 V. 12)
10 septembre, 2013http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Besson/Articles3/doctrine.htm
LA DOCTRINE ET LA VIE
« JE SAIS EN QUI J’AI CRU. » (SAINT PAUL À TIMOTHÉE, 11, 1 V. 12)
Combien de gens donneraient beaucoup pour pouvoir prendre à leur compte une telle profession de foi ! Il y a peut-être parmi nous des coeurs désagrégés par le doute qui gardent néanmoins la nostalgie de la certitude, et aussi des coeurs croyants mais qui se demandent si les fondements de leur foi subsistent fermes. Que d’êtres se tournent vers les croyants du passé, en leur disant, dans la souffrance de leur âme : « Vous étiez heureux ; saint Paul était heureux de pouvoir dire : je sais en qui j’ai cru ! ».
Eh bien ! ce bonheur, ce bonheur de la certitude, il est à la portée de tout être de bonne volonté.
Le premier point est de connaître le Christ, de bien savoir quel Il est, ce qu’Il a fait, ce qu’Il a dit. Et puis, Lui donner notre foi.
Tout ce que nous pouvons connaître du Christ se trouve écrit dans les Evangiles.
Or les Evangiles n’ont pas été écrits pour raconter une belle histoire ni pour donner au monde des leçons de sociologie on des thèmes de méditation. Les quatre évangélistes et en, particulier saint Jean ont exprimé de la façon la plus nette l’intention qui a présidé à la rédaction des Evangiles. «Ils ont été écrits afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu et que, le croyant, vous ayez la vie en Son nom » (Jean XX, 31).
Saint Jean déclare que son Evangile est loin de contenir le récit complet de tout ce que le Christ a dit et accompli, mais que les faits qu’il rapporte suffisent pour créer et pour développer cette foi au Christ, le Fils de Dieu, qui a été toute sa propre vie.
Ainsi donc le but des évangélistes n’est pas la connaissance mais la foi et, par la foi, la vie. Les évangélistes ne sont pas des philosophes mais des témoins et leur témoignage doit amener un grand nombre d’êtres à cette foi et à cette vie.
Or que disent les Evangiles ?
Ils disent avec toute la précision possible que le Christ, en venant sur la terre, a voulu non pas enseigner une philosophie ou une doctrine, non pas former une assemblée de contemplatifs ou de savants, mais qu’Il a voulu réunir autour de Lui non pas des êtres qui penseraient d’une certaine façon, mais des êtres qui vivraient d’une certaine façon, des êtres qui vivraient d’une vie dont Lui-même a incarné le modèle. « Je vous ai donné un exemple afin que vous fassiez comme je vous ai fait ». « Si quelqu’un veut marcher sur mes traces, qu’il renonce à lui même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive ». « Le serviteur n’est pas plus grand que son maître ». « La Loi et les prophètes se résument en ce double commandement : Aimer Dieu de tout son coeur et aimer le prochain comme soi-même ». « C’est ici mon commandement : aimez-vous les uns les autres ».
Tout ceci est parfaitement clair. Chacun quelle que soit son évolution, peux le comprendre, donc en faire sa règle de conduite, à lui. Car c’est cela la chose importante : prendre l’Evangile comme notre ligne de conduite, comme l’inspiration de notre vie.
Et l’oeuvre des croyants du passé, qui ont consigné par écrit leur foi, leur expérience spirituelle, est bénie parce qu’elle nous aide à approfondir la nôtre, à la mieux traduire dans nos actes.
Mais les croyants de tous les temps, qui ont voulu exprimer leur foi en Dieu, leur foi au Christ, se sont trouvés, eux créatures relatives, devant un absolu. Or, aucune parole humaine, aucune connaissance humaine ne peut appréhender l’Absolu. Pourtant il faut bien que les hommes expriment leur foi, leur pensée, leur amour. Et ils le font ; mais il est certain que chacun l’énonce comme il peut, selon ses facultés, selon sa propre compréhension, selon ses expériences, dans la mesure où il a reçu l’inspiration de Dieu ; par conséquent il est certain que les formules idéologiques dont l’ensemble constitue la théologie appartiennent au monde de la diversité. La théologie d’Origène n’est pas la théologie de saint Irénée, la théologie de saint Augustin n’est pas la théologie de saint Clément d’Alexandrie, la théologie de saint thomas d’Aquin n’est pas la théologie de saint jean Chrysostome – et il est bien probable que jamais les hommes ne se mettront d’accord sur une théologie.
Ici, il est capital de ne pas commettre d’erreur. La théologie est un chose, la vie chrétienne est
une autre chose; la connaissance du Christ est une chose, la vie en Christ est une autre chose. Ce n’est pas l’adhésion à une profession de foi, si orthodoxe soit-elle, qui fera de nous des disciples du Christ; ce n’est pas la ferveur de nos discours ou de nos cantiques, c’est l’amour que nous avons pour le prochain, c’est-à-dire pour tous les êtres. Le Christ l’a dit : « On vous reconnaîtra pour mes disciples si vous vous aimez les uns les autres ».
Ici plus de séparation entre les êtres; les hommes se rencontrent et communient. La théologie des théologiens est dans le relatif; la théologie de Bellarmin n’est pas la théologie de Luther; mais la sainteté des saints est dans l’absolu ; la sainteté de saint Etienne, le premier martyr, est la soeur de la sainteté de saint François d’Assise et du Curé d’Ars.
La doctrine et la vie. – Ce n’est pas par des doctrines toujours mouvantes et toujours inadéquates – comment (les doctrines construites par des hommes exprimeraient-elles l’Indicible, l’Absolu ? -que le monde sera sauvé. « Dieu est amour et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui ». C’est par l’amour que le monde sera sauvé.
La doctrine et la vie. – Sédir, redisant la parole du Christ : « Si vous ne devenez pas semblables aux tout petits, vous n’entrerez pas dans le Royaume de mon Père », ajoutait que l’enfant, en face de sa mère, ne demande pas des papiers d’état-civil avant de l’embrasser, il se jette dans ses bras.
Les apôtres étaient des simples, des ignorants; ils s’exprimaient mal, mais ils aimaient et ils servaient le prochain pour l’amour du Christ et leur parole allait jusqu’au fond des coeurs; et ce sont eux qui ont conquis le monde.
C’est très bien d’avoir des croyances correctes, mais c’est mieux d’avoir une vie correcte. C’est très bien de chanter les louanges du Christ glorifié, mais c’est mieux de se pencher sur le Christ souffrant dans la personne de tous ceux qui souffrent. C’est très bien de se dire disciple du Crucifié, mais c’est mieux de porter la Croix dans son coeur et de s’en aller, sur les pas du Christ, « chercher et sauver ce qui était perdu ».
En résumé, la théologie a une grande importance. Elle indique le chemin. Mais la chose capitale, c’est de suivre le chemin. Or, ceux-là seuls sont des disciples du Christ qui s’engagent dans une ascension continue vers le sommet de la Montagne où les appelle ler Maître.
Par l’intelligence on raisonne sur Dieu, par le coeur on s’unit à Dieu.
Emile BESSON janvier 67