Archive pour le 30 septembre, 2013
BENOÎT XVI: SAINT JÉRÔME – 30 SEPTEMBRE
30 septembre, 2013BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
MERCREDI 7 NOVEMBRE 2007
SAINT JÉRÔME – 30 SEPTEMBRE
c’est la première catéchèse , le Pape Benoît XVI a fait un autre:
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20071114_fr.html
Chers frères et soeurs!
Nous porterons aujourd’hui notre attention sur saint Jérôme, un Père de l’Eglise qui a placé la Bible au centre de sa vie: il l’a traduite en langue latine, il l’a commentée dans ses œuvres, et il s’est surtout engagé à la vivre concrètement au cours de sa longue existence terrestre, malgré le célèbre caractère difficile et fougueux qu’il avait reçu de la nature.
Jérôme naquit à Stridon vers 347 dans une famille chrétienne, qui lui assura une formation soignée, l’envoyant également à Rome pour perfectionner ses études. Dès sa jeunesse, il ressentit l’attrait de la vie dans le monde (cf. Ep 22, 7), mais en lui prévalurent le désir et l’intérêt pour la religion chrétienne. Après avoir reçu le Baptême vers 366, il s’orienta vers la vie ascétique et, s’étant rendu à Aquilée, il s’inséra dans un groupe de fervents chrétiens, qu’il définit comme un « chœur de bienheureux » (Chron. ad ann. 374) réuni autour de l’Evêque Valérien. Il partit ensuite pour l’Orient et vécut en ermite dans le désert de Calcide, au sud d’Alep (cf. Ep 14, 10), se consacrant sérieusement aux études. Il perfectionna sa connaissance du grec, commença l’étude de l’hébreu (cf. Ep 125, 12), transcrivit des codex et des œuvres patristiques (cf. Ep 5, 2). La méditation, la solitude, le contact avec la Parole de Dieu firent mûrir sa sensibilité chrétienne. Il sentit de manière plus aiguë le poids de ses expériences de jeunesse (cf. Ep 22, 7), et il ressentit vivement l’opposition entre la mentalité païenne et la vie chrétienne: une opposition rendue célèbre par la « vision » dramatique et vivante, dont il nous a laissé le récit. Dans celle-ci, il lui sembla être flagellé devant Dieu, car « cicéronien et non chrétien » (cf. Ep 22, 30).
En 382, il partit s’installer à Rome: là, le Pape Damase, connaissant sa réputation d’ascète et sa compétence d’érudit, l’engagea comme secrétaire et conseiller; il l’encouragea à entreprendre une nouvelle traduction latine des textes bibliques pour des raisons pastorales et culturelles. Quelques personnes de l’aristocratie romaine, en particulier des nobles dames comme Paola, Marcella, Asella, Lea et d’autres, souhaitant s’engager sur la voie de la perfection chrétienne et approfondir leur connaissance de la Parole de Dieu, le choisirent comme guide spirituel et maître dans l’approche méthodique des textes sacrés. Ces nobles dames apprirent également le grec et l’hébreu.
Après la mort du Pape Damase, Jérôme quitta Rome en 385 et entreprit un pèlerinage, tout d’abord en Terre Sainte, témoin silencieux de la vie terrestre du Christ, puis en Egypte, terre d’élection de nombreux moines (cf. Contra Rufinum 3, 22; Ep 108, 6-14). En 386, il s’arrêta à Bethléem, où, grâce à la générosité de la noble dame Paola, furent construits un monastère masculin, un monastère féminin et un hospice pour les pèlerins qui se rendaient en Terre Sainte, « pensant que Marie et Joseph n’avaient pas trouvé où faire halte » (Ep 108, 14). Il resta à Bethléem jusqu’à sa mort, en continuant à exercer une intense activité: il commenta la Parole de Dieu; défendit la foi, s’opposant avec vigueur à différentes hérésies; il exhorta les moines à la perfection; il enseigna la culture classique et chrétienne à de jeunes élèves; il accueillit avec une âme pastorale les pèlerins qui visitaient la Terre Sainte. Il s’éteignit dans sa cellule, près de la grotte de la Nativité, le 30 septembre 419/420.
Sa grande culture littéraire et sa vaste érudition permirent à Jérôme la révision et la traduction de nombreux textes bibliques: un travail précieux pour l’Eglise latine et pour la culture occidentale. Sur la base des textes originaux en grec et en hébreu et grâce à la confrontation avec les versions précédentes, il effectua la révision des quatre Evangiles en langue latine, puis du Psautier et d’une grande partie de l’Ancien Testament. En tenant compte de l’original hébreu et grec, des Septante et de la version grecque classique de l’Ancien Testament remontant à l’époque pré-chrétienne, et des précédentes versions latines, Jérôme, ensuite assisté par d’autres collaborateurs, put offrir une meilleure traduction: elle constitue ce qu’on appelle la « Vulgate », le texte « officiel » de l’Eglise latine, qui a été reconnu comme tel par le Concile de Trente et qui, après la récente révision, demeure le texte « officiel » de l’Eglise de langue latine. Il est intéressant de souligner les critères auxquels ce grand bibliste s’est tenu dans son œuvre de traducteur. Il le révèle lui-même quand il affirme respecter jusqu’à l’ordre des mots dans les Saintes Ecritures, car dans celles-ci, dit-il, « l’ordre des mots est aussi un mystère » (Ep 57, 5), c’est-à-dire une révélation. Il réaffirme en outre la nécessité d’avoir recours aux textes originaux: « S’il devait surgir une discussion entre les Latins sur le Nouveau Testament, en raison des leçons discordantes des manuscrits, ayons recours à l’original, c’est-à-dire au texte grec, langue dans laquelle a été écrit le Nouveau Pacte. De la même manière pour l’Ancien Testament, s’il existe des divergences entre les textes grecs et latins, nous devons faire appel au texte original, l’hébreu; de manière à ce que nous puissions retrouver tout ce qui naît de la source dans les ruisseaux » (Ep 106, 2). En outre, Jérôme commenta également de nombreux textes bibliques. Il pensait que les commentaires devaient offrir de nombreuses opinions, « de manière à ce que le lecteur avisé, après avoir lu les différentes explications et après avoir connu de nombreuses opinions – à accepter ou à refuser -, juge celle qui était la plus crédible et, comme un expert en monnaies, refuse la fausse monnaie » (Contra Rufinum 1, 16).
Il réfuta avec énergie et vigueur les hérétiques qui contestaient la tradition et la foi de l’Eglise. Il démontra également l’importance et la validité de la littérature chrétienne, devenue une véritable culture désormais digne d’être comparée avec la littérature classique: il le fit en composant le De viris illustribus, une œuvre dans laquelle Jérôme présente les biographies de plus d’une centaine d’auteurs chrétiens. Il écrivit également des biographies de moines, illustrant à côté d’autres itinéraires spirituels également l’idéal monastique; en outre, il traduisit diverses œuvres d’auteurs grecs. Enfin, dans le fameux Epistolario, un chef-d’œuvre de la littérature latine, Jérôme apparaît avec ses caractéristiques d’homme cultivé, d’ascète et de guide des âmes.
Que pouvons-nous apprendre de saint Jérôme? Je pense en particulier ceci: aimer la Parole de Dieu dans l’Ecriture Sainte. Saint Jérôme dit: « Ignorer les Ecritures, c’est ignorer le Christ ». C’est pourquoi, il est très important que chaque chrétien vive en contact et en dialogue personnel avec la Parole de Dieu qui nous a été donnée dans l’Ecriture Sainte. Notre dialogue avec elle doit toujours revêtir deux dimensions: d’une part, il doit être un dialogue réellement personnel, car Dieu parle avec chacun de nous à travers l’Ecriture Sainte et possède un message pour chacun. Nous devons lire l’Ecriture Sainte non pas comme une parole du passé, mais comme une Parole de Dieu qui s’adresse également à nous et nous efforcer de comprendre ce que le Seigneur veut nous dire. Mais pour ne pas tomber dans l’individualisme, nous devons tenir compte du fait que la Parole de Dieu nous est donnée précisément pour construire la communion, pour nous unir dans la vérité de notre chemin vers Dieu. C’est pourquoi, tout en étant une Parole personnelle, elle est également une Parole qui construit une communauté, qui construit l’Eglise. Nous devons donc la lire en communion avec l’Eglise vivante. Le lieu privilégié de la lecture et de l’écoute de la Parole de Dieu est la liturgie, dans laquelle, en célébrant la parole et en rendant présent dans le Sacrement le Corps du Christ, nous réalisons la parole dans notre vie et la rendons présente parmi nous. Nous ne devons jamais oublier que la Parole de Dieu transcende les temps. Les opinions humaines vont et viennent. Ce qui est très moderne aujourd’hui sera très vieux demain. La Parole de Dieu, au contraire, est une Parole de vie éternelle, elle porte en elle l’éternité, ce qui vaut pour toujours. En portant en nous la Parole de Dieu, nous portons donc en nous l’éternel, la vie éternelle.
Et ainsi, je conclus par une parole de saint Jérôme à saint Paulin de Nola. Dans celle-ci, le grand exégète exprime précisément cette réalité, c’est-à-dire que dans la Parole de Dieu, nous recevons l’éternité, la vie éternelle. Saint Jérôme dit: « Cherchons à apprendre sur la terre les vérités dont la consistance persistera également au ciel » (Ep 53, 10).
LES PETITES CHOSES
30 septembre, 2013http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Besson/Articles2/petites.html
Emile BESSON.juillet 1965.
LES PETITES CHOSES
Celui qui est fidèle dans les petites choses l’est aussi dans les grandes. (Luc XVI, 10).
Lorsque nous ouvrons les yeux sur l’univers, il nous apparaît sous deux aspects également admirables : l’infini dans la grandeur et l’infini dans la petitesse.
L’infini dans la grandeur : les espaces interstellaires, les océans, les montagnes formidables; l’infini dans la petitesse : le microscopique, les merveilles d’organisation, de coloris, les splendeurs concentrées dans des êtres que l’oeil est impuissant à percevoir et dont une goutte d’eau renferme des milliers.
Mais, si nous regardons de plus près, nous nous rendons compte que les monuments énormes de la nature sont composés de milliards et de milliards de fragments minuscules, que les siècles sans terme sont formés de myriades d’instants infinitésimaux.
Dans la vie des individus comme dans la vie des collectivités il y a de même de grandes choses, de grands événements, lesquels sont faits de tout petits composants. Dans une existence les grands devoirs, les grandes épreuves, les grandes joies sont en nombre restreint; par contre les petits devoirs, les petits travaux, les petits chagrins, les petites satisfactions sont constamment devant nous.
Les grands devoirs s’imposent à nous de façon indiscutable; nous ne pouvons pas ne pas les voir; ils requièrent toutes nos énergies et, si nous ne les accomplissons pas, nous nous ‘sentons coupables, notre conscience nous accuse. Les petits devoirs nous apparaissent facilement comme négligeables; « c’est peu de chose », disons-nous, et nous passons. Or l’on est plus aisément à la hauteur d’une grande éventualité qu’à la hauteur d’une conjoncture minime. Ceci nous aide à comprendre la déclaration du Maître : Celui qui est fidèle dans les petites choses l’est aussi dans les grandes.
Notre existence se compose d’une profusion de petites choses, de petites obligations, de petits sacrifices. Et c’est sur ces petites servitudes que doit surtout se concentrer notre attention.
Les saints nous émeuvent, nous subjuguent ; ils nous enthousiasment. Mais leur vie est faite d’une multitude de renoncements obscurs, d’obligations sans gloire. Nous avons raison de les admirer, nous aurons raison de chercher à les imiter.
Les petites choses. – Saint Paul écrivait aux chrétiens de Corinthe : « Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu ». Pascal disait de même: « Faire les petites choses comme grandes à cause de la majesté de Jésus-Christ qui les fait en nous et qui vit notre vie, et les grandes comme petites et aisées, à cause de sa toute puissance ». Il y a une façon divine de tenir sa maison, il v a une façon divine de s’habiller, d’élever ses enfants, il y a une façon divine de parler, de dire les choses les plus habituelles, comme il y a une façon divine de supporter l’épreuve, de se sacrifier pour le prochain.
Faire grandement les petites choses, c’est subordonner les petits devoirs à un grand idéal. – Le prédicateur anglais Spurgeon, au siècle dernier, avait une femme de ménage qui lui dit un jour : « Savez vous à quel signe j’ai reconnu que mon coeur était vraiment tourné vers Dieu ? ». Et, devant son silence, l’humble femme ajouta : « C’est quand j’ai commencé à balayer sous les paillassons ». jusque là elle travaillait pour son employeur, elle faisait ce que celui ci voyait; désormais elle travailla pour Dieu qui est partout et qui voit tout.
Qui dira l’importance des petites choses ? Il a suffi de la question d’une servante pour perdre l’apôtre Pierre. C’est assez d’un caillou pour provoquer une chute. Il suffit de peu de chose pour faire beaucoup de peine; il suffit de peu de chose pour donner beaucoup de joie. Il suffit dune parole pour rendre le courage, pour donner la vie; il suffit d’un peu de sympathie pour adoucir la souffrance.
La veuve dont parle l’Evangile, qui a mis le quart d’un sou dans le tronc des offrandes, a donné plus que les riches qui y ont déposé des fortunes; la plainte muette du péager repentant lui a valu le pardon de Dieu que l’étalage des vertus du pharisien content de soi ne pouvait obtenir.
Tout ce que Dieu nous a donné se fortifie par l’exercice. Ce n’est pas dans le seul domaine matériel qu’est vraie la parole : A celui qui a il sera encore donné. Une faculté physique, morale, intellectuelle se développe par le travail, s’affaiblit par l’inaction. En méconnaissant les petits devoirs, le sentiment du devoir s’étiole, la conscience s’anémie, s’émousse. C’est ainsi que la vie spirituelle grandit en qu’elle s’affaiblit. Les grandes catastrophes dans l’ordre moral ont souvent commencé par de minuscules manquements. Et d’autre part le Christ a parlé de la vertu d’un simple verre d’eau donné par amour pour Lui.
Si nous élevons nos regards, nous voyous que Dieu nous montre la voie. Par les guerres, les cataclysmes, les épidémies Il dépeuple des régions de Son empire pour transporter leurs habitants dans d’autres régions. Formidables sont les manifestations de Sa puissance; et en même temps Il Se penche sur Ses faibles créatures, Sa sollicitude s’étend sur la plus petite épreuve, sur nos minuscules chagrins. Il compte chacune de nos larmes, Il sourit au moindre effort de notre bonne volonté.
Quand le Christ est venu sur la terre, Il S’est entouré des plus petits, des humbles. Entre tous les êtres Il les a instruits, consolés, aidés et c’est par ces petits, ces obscurs qu’Il a conquis le monde.
Toute grandeur, toute beauté a sa contrepartie.
Nous venons d’apercevoir la grandeur des petites choses. A l’antipode il y a l’esprit mesquin, tatillon qui s’absorbe dans des petits détails comme si seuls ils avaient de l’importance ; il y a la maladie du scrupule, bien dénommée maladie, – l’attitude des êtres timorés, tremblants, perpétuellement inquiets, qui n’osent prendre un parti ni faire un pas et qui lie connaissent qu’une obéissance servile et sans joie. Il y a aussi l’esprit pharisien qui s’attache de préférence aux petits devoirs jusqu’à les préférer aux grands. Le Christ a reproché aux scribes de Son temps d’envisager exclusivement les devoirs insignifiants, comme payer la dîme des petites herbes ou compter le nombre de pas que l’on était autorisé à faire un jour de sabbat, ce qui les rassurait à leurs propres yeux lorsqu’ils négligeaient, lorsqu’ils oubliaient leurs devoirs primordiaux.
Sédir a souvent rappelé à ses amis qu’il y a une hiérarchie des devoirs et que, s’il ne s’agit pas de faire parmi eux un choix arbitraire, il faut les avoir devant l’esprit, chacun à sa place, tous subordonnés à l’idéal qui est à la fois la trame et le but de la vie.
Heureux ceux qui, au terme de leur carrière, entendront la parole d’approbation et d’encouragement par laquelle le Christ termine une de Ses paraboles : C’est bien, bon et fidèle serviteur, dans une petite chose tu t’es montré fidèle; je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître !