Archive pour le 13 septembre, 2013
14 SEPTEMBRE: FÊTE DE LA CROIX GLORIEUSE – LE TRIOMPHE
13 septembre, 2013http://www.stignace.net/homelies/stecroixb.htm
14 SEPTEMBRE: FÊTE DE LA CROIX GLORIEUSE
Père Jean-Marc Furnon
LE TRIOMPHE
Parler de la Croix Glorieuse c’est parler de la joie des chrétiens. Avant le Concile on disait le triomphe de la Sainte Croix en utilisant le mot « triomphe », en référence, par exemple, au triomphe d’un général romain ayant remporté une grande victoire. Il entrait dans Rome et le peuple romain l’acclamait en lui faisant un triomphe.
Cette fête de la Croix Glorieuse, fêtée le 14 septembre, date des premiers siècles de l’Eglise. En ce temps là les nations qui occupaient la Palestine ne permettaient pas facilement aux chrétiens de vénérer l’endroit où la croix de Jésus avait été plantée en terre, le tombeau où l’on l’avait enterré, le jardin de la Résurrection. Or, il se trouve qu’au IV° siècle, Constantin, empereur de Rome se convertit au christianisme et les chrétiens purent alors retrouver la sainte Croix et bâtir, en 335, une basilique sur les lieux saints.
La croix fut alors portée en triomphe. Ce fut comme la joie des Rameaux ou l’arrivée du Pape aux JMJ. On lui fit un triomphe !
LE SERPENT ET L’AGNEAU
L’exaltation de la croix c’est littéralement Jésus « élevé », Jésus mis en croix ; comme dit l’évangile de Jean : « ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé ». Sur le mât au désert, il y avait un objet en bronze à la forme de serpent. Le serpent qui rampe et qui tue est bien l’image du péché ; ce serpent qui a trompé Eve et Adam sur les intentions de Dieu. Mettre une représentation du serpent sur le mât c’est exhiber ce qui était dissimulé, c’est le mettre à distance et, déjà, lui enlever de sa nocivité en nommant l’origine du mal. C’est l’initiative de Dieu pour la guérison.
Sur la croix, il y a le corps de Jésus élevé à la vue de tous. Le regarder de l’extérieur c’est voir la faute, la honte du genre humain, c’est voir un corps humilié, quelqu’un dont on préfère se détourner à cause de la laideur et de l’horreur.
Le regarder comme les premiers chrétiens l’ont vu c’est voir au-delà de l’apparence : l’agneau, le Serviteur souffrant. Car c’est l’agneau innocent qui est là : lui qui a imploré le pardon de Dieu pour ceux qui l’ont rejeté et mis à mort. Sur lui se concentrent les refus de l’humanité, les violences : « Dieu l’a fait pour nous péché » écrira saint Paul aux Corinthiens. Saint Jean dira en citant l’Ecriture : « Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé ».
Le mystère est que la transformation du Serviteur en image de péché est justement ce qui révèle sa justice et que cette révélation transforme le cœur des spectateurs et des accusateurs. C’est le pardon et la guérison du cœur qui permet à l’homme de reconnaître dans le Serviteur souffrant que l’on a rejeté, l’innocent que Dieu avait envoyé. A commencer par le centurion de l’armée romaine : « Vraiment cet homme était fils de Dieu ».
Parler de l’exaltation de la croix c’est dire que Jésus mis en croix a été glorifié ; comme dit l’épître aux Philippiens de ce jour : « Dieu l’a élevé au dessus de tout ».
TEMOINS DE LA CROIX DU CHRIST
Dans l’histoire des hommes, nous les chrétiens, nous sommes fiers de la croix du Christ car nous y reconnaissons le signe de la vie : du bois de la croix a été partagé à toute l’humanité un fruit qui guérit, le fruit de l’arbre de vie du jardin de la Genèse. Que notre seule fierté, comme dit l’apôtre, soit la croix de notre Seigneur Jésus Christ.
Parce que les chrétiens sont des êtres de chair et de sang, les chrétiens ont dit leur amour du Christ en dressant des croix au carrefour des chemins, en embrassant la croix, en la fleurissant, en l’acclamant, en la mettant dans leur maison, en la portant sur eux.
La guérison du cœur est un don qui nous vient du ciel et le don qui vient du ciel demande un travail de notre part qui est le travail de croire : croire que Jésus a remporté la victoire sur le mal et sur la mort. Seule la croix guérit véritablement car elle guérit de la mort, alors que les signes précédents, l’image du serpent, ne faisaient que la retarder. Le triomphe de Jésus c’est d’être glorifié dans son corps ressuscité et de nous entraîner avec lui dans sa vie.
Les chrétiens, lorsqu’ils sont touchés par le malheur, brutalement ou de manière lancinante sont appelés à garder les yeux fixés sur le Christ, croyant qu’il nous entraîne vers la vie. Nous ne savons pas comment mais nous le croyons même si l’angoisse monte de tous côtés. Voilà le mystère de la croix glorieuse dans nos vies.
13 SEPTEMBRE SAINT JEAN CHRYSOSTOME – HOMÉLIE PASCALE DE ST JEAN CHRYSOSTOME
13 septembre, 2013http://egliseorthodoxelemans.fr/spip/spip.php?article78
13 SEPTEMBRE SAINT JEAN CHRYSOSTOME
HOMÉLIE PASCALE DE ST JEAN CHRYSOSTOME
Au cours des Vigiles pascales l’Eglise orthodoxe donne lecture de l’admirable Homélie de St Jean Chrysostome qui dit l’infinie miséricorde de Dieu, la gratuité du salut offert » aux premiers comme aux derniers » , l’implacable victoire du Christ ressuscité sur la mort et les puissances du mal et la joie de la Résurrection.
HOMELIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME (4e siècle) lue au cours des matines de Pâques .
Que tout homme pieux et aimant Dieu jouisse de cette belle et lumineuse solennité ;
Que tout serviteur fidèle entre joyeux dans la joie de son maître.
Que celui sui s’est donné la peine de jeûner reçoive maintenant le dernier qui lui revient.
Que celui qui a travaillé dès la première heure reçoive à présent son juste salaire.
Si quelqu’un est venu après la troisième heure qu’il célèbre cette fête dans la reconnaissance.
Si quelqu’un a tardé jusqu’à près la sixième qu’il n’ait aucune hésitation, car il ne perdra rien.
S’il en est un qui a remis jusqu’à la neuvième qu’il approche sans hésitation et sans crainte.
Et s’il en est un qui a traîné jusqu’à la onzième heure qu’il ne craigne pas son nonchaloir.
Le Seigneur est généreux et il reçoit le dernier comme le premier : il admet au repos celui qui vient à la onzième heure comme le travailleur de la première.
Du dernier il a pitié et il prend soin du premier.
A celui-ci il donne, à l’autre il fait grâce,
Il reçoit l’œuvre et il accueille avec amour la bonne volonté. Il honore l’action , il loue la bonne disposition ;
Ainsi donc, entrez tous dans la joie de votre Maître et les premiers et les seconds , vous recevrez la récompense.
Riches et pauvres ensemble, soyez en fête
Abstinents et paresseux, honorez ce jour
Vous qui avez jeûné et vous qui ne l’avez pas fait, réjouissez-vous aujourd’hui
La table est chargée , goûtez -en tous . Le veau gras ne manque pas
Que personne ne s’en retourne avec sa faim . Tous goûtez au banquet de la foi !
Tous recueillez les richesses de la miséricorde
Que personne ne se lamente sur sa pauvreté car le Royaume commun est apparu.
Que personne ne se plaigne de ses péchés car le pardon a jailli du tombeau.
Que personne ne craigne la mort , car la mort su Sauveur nous a délivrés.
Il l’a éteinte, après avoir été retenu par elle .
Celui qui est descendu aux enfers a dépouillé l’Enfer.
Il l’a rendu amer pour avoir goûté à sa chair. Et cela Isaie l’avait prédit ; l’Enfer , dit-il, a été rendu amer parce qu’il a été anéanti.
Il est devenu amer parce qu’il a été mis à mort ;
Il est devenu amer parce qu il a été terrassé ;
Il est devenu amer parce qu’il a été enchaîné.
Il avait pris un corps et il s’est trouvé devant un Dieu ;
Il avait pris de la terre et il a rencontré le ciel ;
Il avait pris ce qu’il avait vu et il est tombé à cause de ce qu’il n’avait pas vu :
O Mort , où est ton aiguillon ? Enfer où est ta victoire ?
Le Christ est ressuscité et tu as été précipité !
Le Christ est ressuscité et les démons sont tombés !
Le Christ est ressuscité et les anges sont la dans joie !
Le Christ est ressuscité et la vie règne !
.le Christ est ressuscité et il n’y a plus un mort au tombeau.
Car le Christ ressuscité des morts est devenu prémices de défunts
A Lui gloire et puissance, dans les siècles des siècles . Amen.
24E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – HOMÉLIE
13 septembre, 2013http://www.homelies.fr/homelie,,3590.html
24E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
DIMANCHE 15 SEPTEMBRE 2013
FAMILLE DE SAINT JOSEPH
HOMÉLIE – MESSE –
« Le Christ m’a pardonné ». Saint Paul donne, dans la deuxième lecture, le thème des textes de ce dimanche : nous célébrons la miséricorde du Seigneur.
La première lecture semble pourtant trancher avec la douceur du pardon de Dieu, elle peut même paraître choquante. Que le péché d’idolâtrie soit une abomination aux yeux de Dieu est une chose, mais que la Bible nous montre le Bon Dieu pris d’une violente colère en est une autre…
Nous devons cependant dépasser cette difficulté sous peine de faire de l’acte pénitentiel un acte de soumission servile devant la puissance écrasante d’un dieu tyrannique. Pour cela, il nous faut ouvrir L’Ancien Testament comme une invitation à entrer dans une lente pédagogie. Ces textes écrits il y a 30 ou 40 siècles portent en effet la marque d’une conception de Dieu qui se disait par des anthropomorphismes. Ce regard s’est peu à peu affiné jusqu’à comprendre que la colère de Dieu est dirigée contre le péché et non contre l’homme pécheur.
Par ailleurs le péché d’idolâtrie de cet épisode de l’Exode rappelle fortement le périple du fils cadet de la parabole, dont le départ de la maison paternelle est lié à l’image imparfaite qu’il avait de son père et de leur relation. Au cours d’un voyage douloureux et purificateur, comme le fut l’Exode pour le peuple saint, le visage de la Miséricorde est pleinement révélé au fils prodigue.
Et nous ne sommes pas différents d’eux. Il est nécessaire que la Miséricorde nous soit révélée car, nous explique Jésus, nous ne sommes pas conscients de notre état. Nous nous croyons en bonne santé, alors que nous ne le sommes pas : notre relation à Dieu et aux hommes est malade. Jésus nous le montre dans les trois paraboles de la Miséricorde.
Intéressons-nous d’abord au fils prodigue. Il désire profondément vivre une relation juste et vivifiante avec son père, mais il reste centré sur lui-même. La relation à son père l’intéresse, mais pour le profit personnel qu’il peut en tirer. Sa recherche d’une relation filiale est réduite à une demande d’argent. Si bien qu’il demande sa part d’héritage, sans se soucier de l’effet d’une telle demande sur son père ou sur son frère. Son père, quant à lui, respecte la liberté de son fils et ne le retient pas. Le voici donc qui part, au loin, rechercher ce qu’il avait chez lui. A ce stade de l’histoire, il croit encore que le désir qui l’habite est orienté vers les biens matériels. Il cherche donc à les posséder, il rêve d’une vie facile et glorieuse.
Puis une famine survint dans le pays. Cette calamité montre qu’on ne peut pas fuir indéfiniment sans être rattrapé par la réalité. On ne peut jamais s’isoler car nous vivons dans un monde de relations ; on ne peut jamais se satisfaire des biens matériels, une faim plus profonde se réveille toujours un jour ou l’autre.
La faim qu’il ressent n’a rien d’un repentir radical. Il cherche encore dans les biens matériels, il regarde vers les caroubes que mangent les porcs : « Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien ». La faim qu’il ressent est donc bien une faim liée à la relation. Car rien ne l’empêchait de se servir lui-même dans l’auge des porcs, les gardiens de porcs ne sont pas sous étroite surveillance habituellement. Sa souffrance vient du fait que personne n’avait le souci de lui, personne ne l’aidait à rassasier sa faim.
C’est alors qu’il pense à son père. Sa chance est là, la victoire est déjà acquise. La relation n’est pas encore renouée, mais déjà, par son imagination, il parle à son père. Son raisonnement est simple : Les ouvriers ont du pain car ils le méritent par leur travail. N’ayant pas su trouver la relation juste qui lui aurait attiré l’attention de son père, il décide de renoncer à son statut de fils et de se présenter comme ouvrier. Il cherche à attirer l’amour de son père, tout au moins le mériter désormais.
En cela, il n’est pas très éloigné des pensées de son frère. Son aîné est également prisonnier d’un esclavage. Celui du travail.
La scène se passe au soir du retour du fils prodigue. Le fils aîné rentre de sa journée de travail, quand « il entendit la musique et les danses ». L’indice est saisissant. Voilà un homme qui n’a jamais voulu être attentif à ses moindres désirs, même les plus légitimes. Il s’est bâti un code de vie extrêmement rigide, auquel il lui fallait être absolument conforme. Le pire est qu’il l’a fait croyant plaire à son père.
Il est évident que dans de telles conditions de vie, la colère gronde dans son cœur depuis longtemps et ne cherche qu’une occasion pour s’exprimer. Ce soir, la rencontre est trop brutale, il explose : « tu ne m’as jamais donné un chevreau pour festoyer avec mes amis ». La question porte-t-elle vraiment sur le chevreau ? Probablement pas. Ce sont ses amis qui lui font défaut, des amis pour faire la fête. En a-t-il seulement ? Esclave de son travail, il a négligé toute relation. Il en souffre et le reproche maintenant à son père pour qui il travaille.
Dans la prison qu’ils se sont construite, les deux frères partagent le même fantasme. Le cadet voit les ouvriers manger à leur faim, l’aîné voit le cadet faire la fête. Mais aucun des deux ne voit l’amour gratuit d’un père bienveillant qui court à leur rencontre. Pour les deux, l’attitude du père est en effet identique. Il sort. Il sort de sa maison et va vers eux. Il court vers le cadet, il supplie l’aîné. Il veut les faire entrer dans sa joie.
Il nous faut nous interroger maintenant sur le projet de Jésus qui raconte cette histoire. Plutôt ces histoires, car nous en avons lu trois. Pourquoi lire ensemble l’histoire de la brebis égarée, de la drachme perdue, et celle du fils prodigue ? Qu’y a-t-il de commun entre un mouton, une pièce de monnaie et un jeune insensé ? Rien. La brebis est sans intelligence, comme le jeune homme, mais elle n’a pas péché ; le jeune homme était perdu, mais la pièce d’argent ne se perd pas elle-même, c’est nous qui la perdons. Par ces paraboles, Jésus ne cherche pas à attirer l’attention sur le désir de conversion du pécheur, mais sur le désir de Dieu de nous faire miséricorde. Dans les trois paraboles, Dieu laisse tout pour courir à la recherche de celui qu’il a perdu. Dieu a le désir de nous sauver, il en a l’initiative, il le veut et il le fait.
C’est ce qu’a compris saint Paul qui a été rétabli dans sa condition de fils par la miséricorde du Seigneur. « Le Christ m’a pardonné » s’exclame-t-il. Que nous ayons conscience de l’amour de Dieu pour nous ne suffit pas à nous libérer de nos esclavages ; vouloir partager l’intimité de sa maison ne rompt pas les chaînes de nos idolâtries. Seul le Christ peut nous sauver. Seul son amour est capable d’agir et de transformer nos vies.
Cessons donc de considérer les complications de nos cœurs malades pour nous tourner avec admiration et reconnaissance vers la source de notre salut, rendons gloire à celui qui nous a aimés alors que nous étions encore ses ennemis, acclamons celui qui veut nous recréer dans sa miséricorde alors que nous méconnaissons son visage. Proclamons avec l’Église en fête notre joie d’être rétablis dans son Alliance : « Honneur et gloire au roi des siècles, au Dieu unique, invisible et immortel, pour les siècles des siècles. Amen ».
Frère Dominique