Archive pour le 10 septembre, 2013
QUELQUES TRAITS DE L’ÉGLISE INTÉRIEURE – DE L’ORIGINE ET DE LA DURÉE
10 septembre, 2013http://johann-bar.pagesperso-orange.fr/lophouk/chapit1.htm
LOPUKHIN, IVAN VLADIMIROVICH – History:
http://www.doukhobor.org/Lopukhin.htm
QUELQUES TRAITS DE L’ÉGLISE INTÉRIEURE
CHAPITRE I
De l’origine et de la durée de l’Eglise intérieure
Jésus-Christ a aimé l’Eglise, et s’est livré lui-même à la mort pour elle, afin de la sanctifier, après l’avoir Purifiée dans le baptême par la parole, pour la faire paraître devant lui pleine de gloire, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable; mais étant sainte et incorruptible.
Ephésiens : V. 25-27.
1 – Le bonheur de la créature est l’unique objet de la sollicitude du Créateur tout-puissant.
2 – Il créa l’homme pour le rendre toujours heureux dans le paradis, par des jouissances inexprimables. Pour l’élever davantage, il le doua du libre arbitre. L’esprit de Dieu régna dans l’esprit d’Adam : il pénétra de sa lumière toutes les puissances de son âme, tous ses sens, et le revêtit de son éclat, comme d’un vêtement.
3 – La soumission à l’esprit de Dieu, qui gouverna Adam, était le seul culte qu’il rendait à son Créateur ; la flamme pure et sacrée de l’amour pour lui était le parfum qu’il lui offrait.
4 – L’abus qu’Adam fit de sa liberté et sa désobéissance le firent chasser du paradis ; ils éteignirent dans son esprit le flambeau de la sagesse d’en haut ; ils l’assujettirent, et dans lui tout le genre humain, aux maladies, au travail et à la mort, sur une terre qui dès lors fut couverte de ronces et d’épines.
5 – L’amour éternel châtie pour sauver, et n’afflige même que pour guérir. Ce même amour permit que l’homme
fût sujet à la pourriture, dont il s’est revêtu lui-même en prostituant sa nature au péché ; il l’exila dans cette vallée de douleur, qui convient à sa nature dégradée, désormais trop faible pour se maintenir dans les régions de la lumière ; mais en même temps il lui ouvrit des voies cachées de purification, des passages de la douleur à la joie, de la mort à la vie éternelle, de la misère temporelle à une béatitude sans mesure et sans terme, infiniment au-dessus de celle qu’il a perdue.
Et certes, cet amour sans bornes, dans le moment même de la chute d’Adam, s’occupait déjà du dessein de l’en relever, et préparait dans sa sagesse le moyen de rallumer dans son coeur une étincelle du flambeau divin qui l’avait éclairé jusqu’à sa défection.
6 – Le Père, ouvrant les sources inépuisables de sa toute-puissance t de sa miséricorde, attire en tous temps, en tous lieux, et par toutes sortes de moyens, l’homme vers son Fils, qui seul est la voie, la vie et la porte des cieux. C’est au Fils qu’il appartient d’inviter la créature égarée du chemin de son éternelle félicité, de la presser à y rentrer pour toujours, et de s’absorber, pour ainsi dire, par l’élan de son amour, dans le torrent du bonheur, qui ne se trouve que dans le sein et dans les entrailles du Père.
Le Verbe, qui a créé la lumière, dit sans cesse : que la lumière soit ! et la lumière est.
7 – Le premier soupir du repentir d’Adam fut, pour ainsi dire, le premier rayon de cette lumière renaissante, qui avait brillé dans lui ; il devint la première pierre sur laquelle est bâtie l’église intérieure de Dieu sur la terre.
Les patriarches, qui vinrent après lui, les justes, les âmes pieuses, qui passèrent leur vie dans la crainte du Seigneur, laquelle avait pris naissance en elles par la foi ; celles qui se conservèrent, ornées de toute la beauté de l’innocence d’Abel ; tous ceux-là composèrent cette église, dans laquelle Dieu accomplit le grand oeuvre de la régénération.
Mais ceux qui s’infectèrent de cet esprit de ténèbres qui égara Caïn, répandirent en ce monde pervers le mensonge, les persécutions, les meurtres, l’impiété et les égarements : ils établirent sur la terre l’église de l’Antéchrist.
8 – L’église sainte et divine s’affermit sur tout, s’éleva et s’étendit, acquit une lumière nouvelle, un nouvel esprit, par l’incarnation de Jésus-Christ, notre Dieu : Le Verbe Dieu, créateur de toutes choses, s’est fait chair, et a habité parmi nous.
Ce Dieu-homme, par son incarnation, par sa vie, par ses souffrances et par sa mort, a rendu à l’homme les moyens de salut qu’il avait perdus ; il a ouvert la voie à tous ceux qui l’embrassent par la foi et par l’amour, de redevenir enfants de Dieu, n’étant nés ni par le sang, ni par la chair, ni par la concupiscence, mais par la renaissance divine et spirituelle.
9 – Il a accompli ce grand oeuvre sur la croix, en aspergeant mystérieusement toutes les âmes de la vertu de son sang ; de cette teinture propre à renouveler l’âme en Dieu.
Puissent toutes les âmes, ne fût-il que dans les fonts généraux du dernier baptême, être purifiées par cette aspersion, et rentrer dans leur droit d’enfants du seul et vrai Père de tous les hommes.
10 – Oui, Jésus-Christ, en se revêtant de notre chair, a affermi l’édifice de son église, contre laquelle les portes de l’enfer ne prévaudront jamais.
Il a ressuscité non seulement les morts à la vie temporelle, mais il a foulé sous ses pieds la mort même ; il a rompu les liens infernaux, et a rendu les hommes participant à la vie éternelle. Non seulement il changea l’eau en vin, mais il régénéra aussi cette masse d’éléments immatériels, dont il formera une nouvelle terre et de nouveaux cieux, lorsque ceux qui composent le monde matériel s’écrouleront. Etant la source unique de toute connaissance vraie, il a répandu une nouvelle lumière de sagesse ; il a allumé dans les âmes le feu vivifiant de la foi, et leur a imprimé son caractère.
11 – Ses apôtres et ses disciples, ayant reçu de sa plénitude la grâce et la force, engendraient par lui des enfants de lumière, et les transformaient en nouvelles créatures. C’est ce qu’opéra St Pierre en un jour sur 3000 âmes, par la toute-puissante parole de la vie. Actes chap. II, v. 41.
12 – Ainsi se multiplia la vigne de l’église intérieure de Dieu. Ainsi augmenta et augmente encore l’huile spirituelle de la régénération, qui, par l’incarnation de Christ, a tout rempli : le ciel, la terre et le séjour des morts. Cette source de l’incorruptibilité découle sans cesse sur la terre pure et vierge, la seule où Dieu puisse naître ; elle s’y répand invisiblement et renverse la haie de séparation, que lui, opposent les sens, le péché et tout ce monde passager. Ephésiens V. 26.
13 – Le corps mystique de Jésus-Christ se produit et croit sans cesse ; ses membres sont, en différents degrés et en diverses mesures, animés de l’esprit d’amour de celui qui a donné la nouvelle loi d’amour. Matthieu V. Les membres de ce corps mystique de Jésus-Christ reçoivent chacun des dons différents : l’un la manifestation de l’esprit pour l’utilité des fidèles, l’autre la parole de la sagesse ; celui-ci la parole de l’intelligence, et celui-là la foi ; un autre reçoit le don de guérison, et un autre celui des opérations miraculeuses ; un autre le don de prophétie ; un autre le discernement des esprits ; et un autre le don des langues ; et tous ces dons procèdent d’un seul et même esprit, communiquant sa vertu à qui et comme il lui plaît. I Cor. XII. Cet esprit les dirige et les régénère, les remplissant de son onction, à proportion qu’il les trouve dépouillés du vieil homme.
14 – Ainsi s’établit et s’étend l’église invisible et sainte, cet empire du souverain céleste, où il régnera jusqu’à ce
q’il ait mis ses ennemis sous ses pieds 1 Cor. XV. C’est ainsi qu’il achèvera l’oeuvre de la création, et alors il remettra son royaume à Dieu le Père. Lors donc que toutes choses auront été assujetties au Fils, alors le Fils sera lui-même assujetti à celui qui lui aura assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous.
« JE SAIS EN QUI J’AI CRU. » (SAINT PAUL À TIMOTHÉE, 11, 1 V. 12)
10 septembre, 2013http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Besson/Articles3/doctrine.htm
LA DOCTRINE ET LA VIE
« JE SAIS EN QUI J’AI CRU. » (SAINT PAUL À TIMOTHÉE, 11, 1 V. 12)
Combien de gens donneraient beaucoup pour pouvoir prendre à leur compte une telle profession de foi ! Il y a peut-être parmi nous des coeurs désagrégés par le doute qui gardent néanmoins la nostalgie de la certitude, et aussi des coeurs croyants mais qui se demandent si les fondements de leur foi subsistent fermes. Que d’êtres se tournent vers les croyants du passé, en leur disant, dans la souffrance de leur âme : « Vous étiez heureux ; saint Paul était heureux de pouvoir dire : je sais en qui j’ai cru ! ».
Eh bien ! ce bonheur, ce bonheur de la certitude, il est à la portée de tout être de bonne volonté.
Le premier point est de connaître le Christ, de bien savoir quel Il est, ce qu’Il a fait, ce qu’Il a dit. Et puis, Lui donner notre foi.
Tout ce que nous pouvons connaître du Christ se trouve écrit dans les Evangiles.
Or les Evangiles n’ont pas été écrits pour raconter une belle histoire ni pour donner au monde des leçons de sociologie on des thèmes de méditation. Les quatre évangélistes et en, particulier saint Jean ont exprimé de la façon la plus nette l’intention qui a présidé à la rédaction des Evangiles. «Ils ont été écrits afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu et que, le croyant, vous ayez la vie en Son nom » (Jean XX, 31).
Saint Jean déclare que son Evangile est loin de contenir le récit complet de tout ce que le Christ a dit et accompli, mais que les faits qu’il rapporte suffisent pour créer et pour développer cette foi au Christ, le Fils de Dieu, qui a été toute sa propre vie.
Ainsi donc le but des évangélistes n’est pas la connaissance mais la foi et, par la foi, la vie. Les évangélistes ne sont pas des philosophes mais des témoins et leur témoignage doit amener un grand nombre d’êtres à cette foi et à cette vie.
Or que disent les Evangiles ?
Ils disent avec toute la précision possible que le Christ, en venant sur la terre, a voulu non pas enseigner une philosophie ou une doctrine, non pas former une assemblée de contemplatifs ou de savants, mais qu’Il a voulu réunir autour de Lui non pas des êtres qui penseraient d’une certaine façon, mais des êtres qui vivraient d’une certaine façon, des êtres qui vivraient d’une vie dont Lui-même a incarné le modèle. « Je vous ai donné un exemple afin que vous fassiez comme je vous ai fait ». « Si quelqu’un veut marcher sur mes traces, qu’il renonce à lui même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive ». « Le serviteur n’est pas plus grand que son maître ». « La Loi et les prophètes se résument en ce double commandement : Aimer Dieu de tout son coeur et aimer le prochain comme soi-même ». « C’est ici mon commandement : aimez-vous les uns les autres ».
Tout ceci est parfaitement clair. Chacun quelle que soit son évolution, peux le comprendre, donc en faire sa règle de conduite, à lui. Car c’est cela la chose importante : prendre l’Evangile comme notre ligne de conduite, comme l’inspiration de notre vie.
Et l’oeuvre des croyants du passé, qui ont consigné par écrit leur foi, leur expérience spirituelle, est bénie parce qu’elle nous aide à approfondir la nôtre, à la mieux traduire dans nos actes.
Mais les croyants de tous les temps, qui ont voulu exprimer leur foi en Dieu, leur foi au Christ, se sont trouvés, eux créatures relatives, devant un absolu. Or, aucune parole humaine, aucune connaissance humaine ne peut appréhender l’Absolu. Pourtant il faut bien que les hommes expriment leur foi, leur pensée, leur amour. Et ils le font ; mais il est certain que chacun l’énonce comme il peut, selon ses facultés, selon sa propre compréhension, selon ses expériences, dans la mesure où il a reçu l’inspiration de Dieu ; par conséquent il est certain que les formules idéologiques dont l’ensemble constitue la théologie appartiennent au monde de la diversité. La théologie d’Origène n’est pas la théologie de saint Irénée, la théologie de saint Augustin n’est pas la théologie de saint Clément d’Alexandrie, la théologie de saint thomas d’Aquin n’est pas la théologie de saint jean Chrysostome – et il est bien probable que jamais les hommes ne se mettront d’accord sur une théologie.
Ici, il est capital de ne pas commettre d’erreur. La théologie est un chose, la vie chrétienne est
une autre chose; la connaissance du Christ est une chose, la vie en Christ est une autre chose. Ce n’est pas l’adhésion à une profession de foi, si orthodoxe soit-elle, qui fera de nous des disciples du Christ; ce n’est pas la ferveur de nos discours ou de nos cantiques, c’est l’amour que nous avons pour le prochain, c’est-à-dire pour tous les êtres. Le Christ l’a dit : « On vous reconnaîtra pour mes disciples si vous vous aimez les uns les autres ».
Ici plus de séparation entre les êtres; les hommes se rencontrent et communient. La théologie des théologiens est dans le relatif; la théologie de Bellarmin n’est pas la théologie de Luther; mais la sainteté des saints est dans l’absolu ; la sainteté de saint Etienne, le premier martyr, est la soeur de la sainteté de saint François d’Assise et du Curé d’Ars.
La doctrine et la vie. – Ce n’est pas par des doctrines toujours mouvantes et toujours inadéquates – comment (les doctrines construites par des hommes exprimeraient-elles l’Indicible, l’Absolu ? -que le monde sera sauvé. « Dieu est amour et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui ». C’est par l’amour que le monde sera sauvé.
La doctrine et la vie. – Sédir, redisant la parole du Christ : « Si vous ne devenez pas semblables aux tout petits, vous n’entrerez pas dans le Royaume de mon Père », ajoutait que l’enfant, en face de sa mère, ne demande pas des papiers d’état-civil avant de l’embrasser, il se jette dans ses bras.
Les apôtres étaient des simples, des ignorants; ils s’exprimaient mal, mais ils aimaient et ils servaient le prochain pour l’amour du Christ et leur parole allait jusqu’au fond des coeurs; et ce sont eux qui ont conquis le monde.
C’est très bien d’avoir des croyances correctes, mais c’est mieux d’avoir une vie correcte. C’est très bien de chanter les louanges du Christ glorifié, mais c’est mieux de se pencher sur le Christ souffrant dans la personne de tous ceux qui souffrent. C’est très bien de se dire disciple du Crucifié, mais c’est mieux de porter la Croix dans son coeur et de s’en aller, sur les pas du Christ, « chercher et sauver ce qui était perdu ».
En résumé, la théologie a une grande importance. Elle indique le chemin. Mais la chose capitale, c’est de suivre le chemin. Or, ceux-là seuls sont des disciples du Christ qui s’engagent dans une ascension continue vers le sommet de la Montagne où les appelle ler Maître.
Par l’intelligence on raisonne sur Dieu, par le coeur on s’unit à Dieu.
Emile BESSON janvier 67