Archive pour août, 2013

PRIER LES PSAUMES AVEC SAINT AUGUSTIN

27 août, 2013

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PRIER LES PSAUMES AVEC SAINT AUGUSTIN

De sa conversion à sa mort, la prière des psaumes a rythmé toute la vie de saint Augustin. Nous sommes invités à les reprendre pour vivre selon l’esprit du Christ.
Dès sa conversion, en 386, Augustin s’est mis à prier les psaumes. Quand il les découvre, il explose de joie. « Quels cris, mon Dieu, j’ai poussés vers toi en lisant les psaumes de David, chants de foi, accents de piété où n’entre aucune enflure d’esprit! » Il voudrait aussitôt faire partager sa découverte, en particulier aux manichéens, une secte dont il fut un adepte pendant neuf ans. Ces derniers n’avaient que mépris pour tout ce qui venait de l’Ancien Testament, où ils voyaient à l’oeuvre un Dieu mauvais. « J’aurais voulu qu’ils se fussent trouvés là, et qu’ils aient regardé mon visage et entendu mes cris! » Désormais, le chant des psaumes rythme sa vie de chrétien, puis de moine. Bientôt, il entreprendra le commentaire intégral des 150 psaumes.
Le sens caché des psaumes
Il faut revenir en arrière. Le premier contact d’Augustin avec les Écritures fut décevant. Ce fut un é chec. Il avait alors 18 ans. Il avouera plus tard qu’à cette époque, « il n’en pénétra pas l’intérieur ». Autrement dit, il s’en tenait à la lettre, au lieu d’aller au sens spirituel. Il avait abordé le texte seul, avec tous les préjugés d’un esprit rationnaliste. Il devait rejeter avec les manichéens non seulement tout l’Ancien Tesstament, mais encore ne retenir du Nouveau Testament qu’une partie, car, selon les manichéens, bien des pages y auraient été falsifiées, « dans le dessein d’introduire la loi judaïque dans la foi chrétienne ».
Le tournant se produit à Milan. C’est l’évêque Ambroise qui lui donne la véritable clef de lecture des Écritures. Cette clef, qui vient de saint Paul, s’énonce ainsi: la lettre tue, mais l’esprit vivifie (2 Co 3, 6). Pour Augustin, c’est une libération: « Dans des textes qui semblaient à la lettre contenir une doctrine perverse, il (Ambroise) soulevait le voile mystique et découvrait un sens spirituel.» C’est ainsi qu’à propos du psaume 134, Augustin écrit: « Tous ces faits, nous les avons vus, reconnus et loués, pris à la lettre et tels qu’ils sont écrits dans les livres saints. Mais ils ont un sens caché ».

Le Christ est la clef des psaumes
Les psaumes sont le véritable lieu de respiration spirituelle du chrétien.
C’est selon cette distinction entre sens littéral et sens caché qu’il va lire, prier, interpréter les psaumes. Mais le sens caché des psaumes est multiple. Plusieurs sont possibles et légitimes. Si l’Écriture est une « forêt de symboles », pour Augustin, sa vérité ultime est pourtant le Christ, selon le mot de saint Paul: « la fin de la loi, c’est le Christ! » (Rm 10, 4) « Toute notre attention doit donc s’attacher, quand nous entendons chanter un psaume […], à voir là le Christ, à comprendre là le Christ.» (Ps 98, 1). Le principe qui guide Augustin est le suivant : le Nouveau Testament est caché dans l’Ancien et l’Ancien dévoilé dans le Nouveau! Ce principe de lecture lui permet de résoudre bien des difficultés.
Prenons un psaume d’imprécation contre Babylone. On lit au Ps. 136: « Heureux qui saisira tes petits enfants pour les broyer contre le roc! ». Comment ne pas être choqué? Peut-on souhaiter un malheur à des enfants innocents! La liturgie actuelle a simplement supprimé ces passages. Augustin ne supprime rien: on ne touche pas à la parole de Dieu! Au sens littéral, le psaume est certes en contradiction avec l’Évangile. Mais écartant l’interprétation littérale, Augustin suggère une interprétation spirituelle. Que sont les petits enfants sinon nos passions à l’état naissant? Le psaume invite à les tuer dès qu’elles apparaissent. Comment? En les jetant contre ce roc qu’est le Christ.

Un miroir de la vie chrétienne
Bien compris, les psaumes sont la prière par excellence du chrétien
Bien compris, les psaumes sont la prière par excellence du chrétien. Chacun peut les reprendre et faire sien leur contenu. Ils expriment toutes les attitudes spirituelles: « Louez Dieu avec nous par ces paroles; si le psaume demande, demandez ; s’il gémit, gémissez; s’il remercie, réjouissez-vous; s’il espère, espérez et s’il exprime des sentiment de crainte, craignez. Car tout ce qui est écrit ici est notre miroir. » (Ps 30). En reprenant les paroles des psaumes, nous sommes assurés de prier avec les mots mêmes de Dieu, puisqu’ils sont inspirés. On trouve dans les psaumes tout ce qui fait la vie humaine, ses joies et ses tristesses.
Les psaumes permettent à Augustin d’évoquer aussi ce qui fait alors l’actualité de l’Église en Afrique. Par exemple, quand le psaume 32, invoque la miséricorde du Seigneur, Augustin l’actualise en invitant les chrétiens à être miséricordieux à leur tour, sans exclure personne, ni les païens, ni les donatistes séparés de l’Église. « Bon gré, mal gré, ils sont nos frères. Ils cesseraient d’être nos frères s’ils cessaient de dire: Notre Père»!
Augustin va dès lors insister pour que le chrétien ait l’intelligence de sa prière, c’est-à-dire qu’il en cherche le sens caché, à la lumière du Christ. Commentant le psaume 18: « Bienheureux, le peuple qui a l’intelligence de sa prière! », il écrit: « Les merles, les perroquets, les corbeaux, les pies et autres oiseaux sont parfois dressés par l’homme à émettre des sons qu’ils ne comprennent pas. Avoir l’intelligence de son chant, c’est un privilège que la volonté divine a accordé à la nature humaine.»

Un chant ininterrompu
Les psaumes sont essentiellement une invitation à vivre selon l’esprit du Christ.
Les psaumes sont essentiellement une invitation à vivre selon l’esprit du Christ. D’où cette mise en garde: « Prends soin de ne pas vivre mal, tout en chantant musicalement bien! » (Ps 49). « Hélas, il sont nombreux ceux qui prient Dieu sans avoir le sentiment de Dieu, une pensée vraie sur Dieu! Ils peuvent proférer le son d’une prière, mais pas la voix d’une prière, parce qu’il y manque la vie. Mais pour celui qui a une vie spirituelle, qui comprend son Dieu, qui sait par qui il a é té libéré, qui sait très bien de quoi il a été libéré, cette vie elle-même, c’est la voix de sa prière.» (Ps 139). D’où encore l’insistance pour mettre en accord la vie avec le chant. « Ne vous bornez pas à célébrer de la voix les louanges de Dieu, mais que vos oeuvres s’accordent avec votre voix. Après que vous aurez chanté de la voix, vous vous tairez sans doute quelque temps, mais que votre vie soit un chant que rien n’interrompe.» (Ps 146). « Lorsque chacun s’en va chez soi, il semble cesser de louer Dieu. S’il ne cesse pas de bien vivre, il loue Dieu continuellement. Ta louange ne cesse que lorsque tu te détournes de la justice…» (Ps 148, 2) « Qu’il le chante ce cantique, non des lèvres, mais par toute sa vie! » (Ps 32)
Les psaumes sont le véritable lieu de respiration spirituelle du chrétien. C’est là que se forme son regard chrétien sur la vie. En même temps que le regard, ils élargissent le coeur. ?

Marcel Neusch, aa
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LES CONFESSIONS DE SAINT AUGUSTIN – LIVRE PREMIER: ENFANCE DE SAINT AUGUSTIN

27 août, 2013

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Staugustin/confessions/livre1.htm#_Toc509572056

LES CONFESSIONS DE SAINT AUGUSTIN

LIVRE PREMIER ENFANCE DE SAINT AUGUSTIN

CHAPITRE PREMIER.
GRANDEUR DE DIEU.
 1.         « Vous êtes grand, Seigneur, et infiniment louable (Ps, CXLIV, 3) ; grande est votre puissance, et il s n’est point de mesure à votre sagesse (Ps. CXLVI, 5). » Et c’est vous que l’homme veut louer, chétive partie de votre création, être de boue, promenant sa mortalité, et par elle le témoignage de son péché, et la preuve éloquente que vous résistez, Dieu que vous êtes, aux superbes (I Petr. V, 5  )! Et pourtant il veut vous louer, cet homme, chétive partie de votre création! Vous l’excitez à se complaire dans vos louanges; car vous nous avez faits pour vous, et notre coeur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en vous.
Donnez-moi, Seigneur, de savoir et de comprendre si notre premier acte est de vous invoquer ou de vous louer, et s’il faut, d’abord, vous connaître ou vous invoquer. Mais qui vous invoque en vous ignorant? On peut invoquer autre que vous dans cette ignorance. Ou plutôt ne vous invoque-t-on pas pour vous connaître? « Mais est-ce possible, sans croire ? Et comment croire, sans apôtre (Rom. X, 14) ? » Et: « Ceux. là loueront le Seigneur, qui le recherchent (Ps. XXI, 27). » Car le cherchant, ils le trouveront, et le .trou vaut, ils le loueront. Que je vous cherche Seigneur, en vous invoquant, et que je vous invoque en croyant en vous; car vous nous avez été annoncé. Ma foi vous invoque, Seigneur, cette foi que vous m’avez donnée, que vous m’avez inspirée par l’humanité de votre Fils, par le ministère de votre apôtre.

CHAPITRE II.
DIEU EST EN L’HOMME; L’HOMME EST EN DIEU.
 2.         Et comment invoquerai-je mon Dieu, mon Dieu et Seigneur? car l’invoquer, c’est l’appeler en moi. Et quelle place est en moi, pour qu’en moi vienne mon Dieu? pour que Dieu vienne en moi, Dieu qui a fait le ciel et la terre? Quoi! Seigneur mon Dieu, est-il en moi de quoi vous contenir? Mais le ciel et la terre que vous avez faits, et dans qui vous m’avez fait, vous contiennent-ils?
Or, de ce que sans vous rien ne serait, suit-il que tout ce qui est, vous contienne? Donc, puisque je suis, comment vous demandé-je de venir en moi, qui ne puis être sans que vous soyez en moi? et pourtant je ne suis point aux lieux profonds, et vous y êtes; « car si je descends en enfer je vous y trouve  (Ps CXXXVIII,8). » Je ne serais donc point, mon Dieu, je ne serais point du tout si vous n’étiez en moi. Que dis-je? je ne serais point si je n’étais en vous, « de qui, par qui et en qui toutes choses sont (Rom. XI, 36.»  (363) Il est ainsi, Seigneur, il est ainsi. Où donc vous appelé-je, puisque je suis en vous? D’où viendrez-vous en moi? car où me retirer hors du ciel et de la terre, pour que de là vienne en moi mon Dieu qui a dit: « C’est moi qui « remplis le ciel et la terre (Jérém. XXIII, 24)? »

CHAPITRE III.
DIEU EST TOUT ENTIER PARTOUT.
 3.         Etes-vous donc contenu par le ciel et la terre, parce que vous les remplissez? ou les remplissez-vous, et reste-t-il encore de vous, puisque vous n’en êtes pas contenu? Et où répandez-vous, hors du ciel et de la terre, le trop plein de votre être? Mais avez-vous besoin d’être contenu, vous qui contenez tout, puisque vous n’emplissez qu’en contenant? Les vases qui sont pleins de vous ne vous font pas votre équilibre; car s’ils se brisent, vous ne vous répandez pas; et lorsque vous vous répandez sur nous, vous ne tombez pas, mais vous nous élevez; et vous ne vous écoulez pas, mais vous recueillez.
Remplissant tout, est-ce de vous tout entier que vous remplissez toutes choses? Ou bien, tout ne pouvant vous contenir, contient-il partie de vous, et toute chose en même temps cette même partie? ou bien chaque être, chacune; les plus grands, davantage; les moindres, moins? Y a-t-il donc en vous, plus et moins? Ou plutôt n’êtes-vous pas tout entier partout, et, nulle part, contenu tout entier?

CHAPITRE IV.
GRANDEURS INEFFABLES DE DIEU.
 4.            Qu’êtes-vous donc, mon Dieu? qu’êtes-vous, sinon le Seigneur Dieu? « Car quel autre  Seigneur que le Seigneur, quel autre Dieu que notre Dieu (Ps XVII, 32)? » O très-haut, très-bon, très-puissant, tout-puissant, très-miséricordieux et très-juste, très-caché et très-présent, très-beau et très-fort, stable et incompréhensible, immuable et remuant tout, jamais nouveau, jamais ancien, renouvelant tout et conduisant à leur insu les superbes au dépérissement, toujours en action, toujours en repos, amassant sans besoin, vous portez, remplissez et protégez ; vous créez, nourrissez et perfectionnez, cherchant lorsque rien ne vous manque!
Votre amour est sans passion; votre jalousie sans inquiétude; votre repentance, sans douleur; votre colère, sans trouble; vos oeuvre changent, vos conseils ne changent pas. Vous recouvrez ce que vous trouvez et n’avez jamais perdu. Jamais pauvre, vous aimez le gain; jamais avare, et vous exigez des usures. On vous donne de surérogation pour vous rendre débiteur; et qu’avons-nous qui ne soit vôtre? Vous rendez sans devoir; en payant, vous donnez et ne perdez rien. Et qu’ai-je dit, mon Dieu, ma vie, mes délices saintes? Et que dit-on de vous en parlant de vous? Mais malheur à qui se tait de vous! car sa parole est muette.

 CHAPITRE V.
DITES A MON AME : JE SUIS TON SALUT.
 5.         Qui me donnera de me reposer en vous? Qui vous fera descendre en mon coeur? Quand trouverai-je l’oubli de mes maux dans l’ivresse de votre présence, dans le charme de vos embrassements, ô mon seul bien? Que m’êtes. vous? Par pitié, déliez ma langue! Que vous suis-je moi-même, pour que vous m’ordonniez de vous aimer, et, si je désobéis, que votre’ colère s’allume contre moi et me menace de grandes misères? En est-ce donc une petite que de ne vous aimer pas? Ah! dites-moi, au non de vos miséricordes, Seigneur mon Dieu, dites-moi ce que vous m’êtes. « Dites à mon âme : Je suis ton salut   (Ps XXXIV, 3). » Parlez haut, que j’entende. L’oreille de mon coeur est devant vous, Seigneur; ouvrez-la, et « dites à mon âme : Je suis ton salut. » Que je coure après cette voix, et que je m’attache à vous! Ne me voilez pas votre face. Que je meure pour la voir! Que je meure pour vivre de sa vue!
6.         La maison de mon âme est étroite pour vous recevoir, élargissez-la. Elle tombe en
ruines, réparez-la. Çà et là elle blesse vos yeux, je l’avoue et le sais; mais qui la balayera 2 A
quel autre que vous crierai-je : « Purifiez-moi de mes secrètes souillures, Seigneur, et n’imputez pas celles d’autrui à votre serviteur (Ps XVIII, 13-14)?» « Je crois, c’est pourquoi je parle; Seigneur, vous le savez (Ps CXV, 10). » « Ne vous ai-je pas, contre moi-même, accusé mes crimes, ô mon Dieu, et ne m’avez-vous pas remis la malice de mon cœur Ps XXXI, 5)? » « Je n’entre point en jugement (364) avec vous qui êtes la vérité (Job IX 2,3).» « Et je ne veux pas me tromper moi-même, de peur que mon iniquité ne mente à elle-même (Ps XXVI, 12).»  « Non, je ne conteste pas avec vous; car si vous pesez les iniquités, Seigneur, Seigneur, qui pourra tenir  Ps CXXIX,3)? »

CHAPITRE VI.
ENFANCE DE L’HOMME; ÉTERNITÉ DE DIEU.
 7.         Mais pourtant laissez-moi parler à votre miséricorde, moi, terre et cendre. Laissez-moi pourtant parler, puisque c’est à votre miséricorde et non à l’homme moqueur que je parle. Et vous aussi, peut-être, vous riez-vous de moi? mais vous aurez bientôt pitié. Qu’est-ce donc que je veux dire, Seigneur mon Dieu, sinon que j’ignore d’où je suis venu ici, en cette mourante vie, ou peut-être cette mort vivante? Et j’ai été reçu dans les bras de votre miséricorde, comme je l’ai appris des père et mère de ma chair, de qui et en qui vous m’avez formé dans le temps; car moi je ne m’en souviens pas.
J’ai donc reçu les consolations du lait humain. Ni ma mère, ni mes nourrices ne s’emplissaient les mamelles: mais vous, Seigneur, vous me donniez par elles l’aliment de l’enfance, selon votre institution et l’ordre profond de vos richesses. Vous me donniez aussi de ne pas vouloir plus que vous ne me donniez, et à mes nourrices de vouloir me donner ce qu’elles avaient reçu de vous; car c’était par une affection prédisposée qu’elles me voulaient donner ce que votre opulence leur prodiguait. Ce leur était un bien que le bien qui me venait d’elles, dont elles étaient la source, sans en être le principe. De vous, ô Dieu, tout bien, de vous, mon Dieu, tout mon salut. C’est ce que depuis m’a dit votre voix criant en moi par tous vos dons intérieurs et extérieurs. Car alors que savais-je? Sucer, savourer avec délices, pleurer aux offenses de ma chair, rien de plus.
8. Et puis je commençai à rire, en dormant d’abord, ensuite éveillé. Tout cela m’a été dit de moi, et je l’ai cru, car il en est ainsi des autres enfants ; autrement je n’ai nul souvenir d’alors. Et peu à peu je remarquais où j’étais, et je voulais montrer mes volontés à qui pouvait les accomplir; mais en vain : elles étaient au dedans, on était au dehors; et nul sens né donnait à autrui entrée dans mon âme. Aussi je me démenais de tous mes membres, de toute ma voix, de ce peu de signes, semblables à mes volontés, que je pouvais, tels que je les pouvais, et toutefois en désaccord avec elles. Et quand on ne m’obéissait point, faute de me comprendre ou pour ne pas me nuire, je m’emportais contre ces grandes personnes insoumises et libres, refusant d’être mes esclaves, et je me vengeais d’elles en pleurant. Tels j’ai observé les enfants que j’ai pu voir, et ils m’ont mieux révélé à moi-même, sans me connaître, que ceux qui m’avaient connu en m’élevant.
9.         Et voici que dès longtemps mon enfance est morte, et je suis vivant. Mais vous, Seigneur, vous vivez toujours, sans que rien meure en vous, parce qu’avant la naissance des siècles et avant tout ce qui peut être nommé au delà, vous êtes, vous êtes Dieu et Seigneur de tout ce que vous avez créé; en vous demeurent les causes de fout ce qui passe, et les immuables origines de toutes choses muables, et les raisons éternelles et vivantes de toutes choses irrationnelles et temporelles.
Dites-moi, dites à votre suppliant; dans votre miséricorde, dites à votre misérable serviteur; dites-moi, mon Dieu, si mon enfance a succédé à quelque âge expiré déjà, et si cet âge est celui que j’ai passé dans le sein de ma mère ? J’en ai quelques indications, j’ai vu moi-même des femmes enceintes. Mais avant ce temps, mon Dieu, mes délices, ai-je été quelque part et quelque chose? Qui pourrait me répondre? Personne, ni père, ni mère, ni l’expérience des autres, ni ma mémoire. Ne vous moquez-vous pas de moi à de telles questions, vous qui m’ordonnez de vous louer et de vous glorifier de ce que je connais?
10.       Je vous glorifie, Seigneur du ciel et de la terre, et vous rends hommage des prémices de ma vie et de mon enfance dont je n’ai point souvenir. Mais vous avez permis à l’homme de conjecturer ce qu’il fut par ce qu’il voit en autrui, et de croire beaucoup de lui sur la foi de simples femmes. Déjà j’étais alors, et je vivais; et déjà, sur le seuil de l’enfance, je cherchais des signes pour manifester mes sentiments.
Et de qui un tel animal peut-il être, sinon de vous, Seigneur? et qui serait donc l’artisan de lui-même? Est-il autre source d’où être et vivre découle en nous, sinon votre toute-puissance, (365) ô Seigneur, pour qui être et vivre est tout un, parce que l’Etre par excellence et la souveraine vie, c’est vous-même; car vous êtes le Très-Haut, et vous ne changez pas; et le jour d’aujourd’hui ne passe point pour vous, et pourtant il passe en vous, parce qu’en vous toutes choses sont, et rien ne trouverait passage si votre main ne contenait tout. Et comme vos années ne manquent point, vos années, c’est aujourd’hui. Et combien de nos jours, et des jours de nos pères ont passé par votre aujourd’hui et en ont reçu leur être et leur durée; et d’autres passeront encore, qui recevront de lui leur mesure d’existence. Mais vous, vous êtes le même; ce n’est pas demain, ce n’est pas hier, c’est aujourd’hui que vous ferez, c’est aujourd’hui que vous avez fait.
Que m’importe si tel ne comprend pas? Qu’il se réjouisse, celui-là même, en disant J’ignore. Oui, qu’il se réjouisse; qu’il préfère vous trouver en ne trouvant pas, à ne vous trouver pas en trouvant.

CHAPITRE VII.
L’ENFANT EST PÉCHEUR.
 11.       Ayez pitié, mon Dieu! Malheur aux péchés des hommes! Et c’est l’homme qui parle ainsi, et vous avez pitié de lui, parce que vous l’avez fait, et non le péché qui est en lui. Qui va me rappeler les péchés de mon enfance? « Car personne n’est pur de péchés devant vous, pas même l’enfant dont la vie sur la terre est d’un jour (Job XXV, 4). » Qui va me les rappeler, si petit enfant que ce soit, en qui je vois de moi ce dont je n’ai pas souvenance?
Quel était donc mon péché d’alors? Etait-ce de pleurer avidement après la mamelle? Or, si je convoitais aujourd’hui avec cette même avidité la nourriture de mon âge, ne serais-je pas ridicule et répréhensible? Je l’étais donc alors. Mais comme je ne pouvais comprendre la réprimande, ni l’usage, ni la raison ne permettaient de me reprendre. Vice réel toutefois que ces premières inclinations, car en croissant nous les déracinons, et rejetons loin de nous, et je n’ai jamais vu homme de sens, pour retrancher le mauvais, jeter le bon. Etait-il donc bien, vu l’âge si tendre, de demander en pleurant ce qui ne se pouvait impunément donner; de s’emporter avec violence contre ceux sur qui l’on n’a aucun droit, personnes libres, âgées, père, mère, gens sages, ne se prêtant pas au premier désir; de les frapper, en tâchant de leur faire tout le mal possible, pour avoir refusé une pernicieuse obéissance?
Ainsi, la faiblesse du corps au premier âge est innocente, l’âme ne l’est pas. Un enfant que j’ai vu et observé était jaloux. Il ne parlait pas encore, et regardait, pâle et farouche, son frère de lait. Chose connue; les mères et nourrices prétendent conjurer ce mal par je ne sais quels enchantements. Mais est-ce innocence dans ce petit être, abreuvé à cette source de lait abondamment épanché de n’y pas souffrir près de lui un frère indigent dont ce seul aliment soutient la vie? Et l’on endure ces défauts avec caresse, non pour être indifférents ou légers, mais comme devant passer au cours de l’âge. Vous les tolérez alors, plus tard ils vous révoltent.
12.            Seigneur mon Dieu, vous avez donné à l’enfant et la vie, et ce corps muni de ses sens, formé de ses membres, orné de sa figure; vous avez intéressé tous les ressorts vitaux à sa conservation harmonieuse : et vous m’ordonnez de vous louer dans votre ouvrage, de vous confesser, de glorifier votre nom, ô Très-Haut (Ps XCI, 2), parce que vous êtes le Dieu tout puissant et bon, n’eussiez-vous rien fait que ce que nul ne peut faire que vous seul, principe de toute mesure, forme parfaite qui formez tout, ordre suprême qui ordonnez tout.
    Or, cet âge, Seigneur, que je ne me souviens pas d’avoir vécu, que je ne connais que sur la foi d’autrui, le témoignage de mes conjectures, l’exemple des autres enfants, témoignage fidèle néanmoins, cet âge, j’ai honte de le rattacher à cette vie à moi, que je vis dans le siècle. Pour moi il est égal enténèbres d’oubli à celui que j’ai passé au sein de ma mère. Que si même e j’ai été conçu en iniquité, si le sein « de ma mère m’a nourri dans le péché (Ps L, 7) » où donc, je vous prie, mon Dieu, où votre esclave, Seigneur, où donc et quand fut-il innocent? Mais je laisse ce temps: quel rapport de lui à moi, puisque je n’en retrouve aucun vestige? (366)

CHAPITRE VIII.
COMMENT IL APPREND A PARLER.
 13.       Dans la traversée de ma vie jusqu’à ce jour, ne suis-je pas venu de la première enfance à la seconde, ou plutôt celle-ci n’est-elle pas survenue en moi, succédant à la première? Et l’enfance ne s’est pas retirée ; où serait-elle allée? Et pourtant elle n’était plus; car déjà, l’enfant à la mamelle était devenu l’enfant qui essaye la parole. Et je me souviens de cet âge; et j’ai remarqué depuis comment alors j’appris à parler, non par le secours d’un maître qui m’ait présenté les mots dans certain ordre méthodique comme les lettres bientôt après me furent montrées, mais de moi-même et par la seule force de l’intelligence que vous m’avez donnée, mon Dieu. Car ces cris, ces accents variés, cette agitation de tous les membres, n’étant que des interprètes infidèles ou inintelligibles, qui trompaient mon coeur impatient de faire obéir à ses volontés, j’eus recours à ma mémoire pour m’emparer des mots qui frappaient mon oreille, et quand une parole décidait un geste, un mouvement vers un objet, rien ne m’échappait, et je connaissais que le son précurseur était le nom de la chose qu’on voulait désigner, Ce vouloir m’était révélé par le mouvement du corps, langage naturel et universel que parlent la face, le regard, le geste, le ton de. la voix où se produit le mouvement de l’âme qui veut, possède, rejette ou fuit.
Attentif au fréquent retour de ces paroles exprimant des pensées différentes dans une syntaxe invariable, je notais peu à peu leur signification, et dressant ma langue à les articuler, je m’en servis enfin pour énoncer mes volontés. Et je parvins ainsi à pratiquer l’échange des signes expressifs de nos sentiments, et j’entrai plus avant dans l’orageuse société de la vie humaine, sous l’autorité de mes parents et la conduite des hommes plus âgés.

CHAPITRE IX.
AVERSION POUR L’ÉTUDE; HORREUR DES CHATIMENTS.
 14.       O Dieu, mon Dieu, quelles misères, quelles déceptions n’ai-je pas subies, à cet âge, où l’on ne me proposait d’autre règle de bien vivre qu’une docile attention aux conseils de faire fortune dans le siècle, et d’exceller dans cette science verbeuse, servile instrument de l’ambition et de la cupidité des hommes. Puis je fus livré à l’école pour apprendre les lettres; malheureux, je n’en voyais pas l’utilité, et pourtant ma paresse était châtiée. On le trouvait bon; nos devanciers dans la vie nous avaient préparé ces sentiers d’angoisses qu’il fallait traverser; surcroît de labeur et de souffrance pour les enfants d’Adam.
Nous trouvâmes alors, Seigneur, des hommes qui vous priaient, et d’eux nous apprîmes à sentir, autant qu’il nous était possible, que vous étiez Quelqu’un de grand, qui pouviez, sans apparaître à nos sens, nous exaucer et nous secourir. Tout enfant, je vous priais, comme mon refuge et mon asile, et, à vous invoquer, je rompais les liens de ma langue, et je vous priais, tout petit, avec grande ferveur, afin de n’être point battu à l’école. Et quand, pour mon bien, vous ne m’écoutiez pas (Ps XXI, 3), tous, jusqu’à mes parents si éloignés de me vouloir la moindre peine, se riaient de mes férules, ma grande et griève peine d’alors.
15.            Seigneur, où est le coeur magnanime, s’il en est un seul? car je ne parle pas de l’insensibilité stupide; où est le coeur dont l’amour vous enlace d’une assez forte étreinte pour ne plus jeter qu’un oeil indifférent sur ces appareils sinistres, chevalets, ongles de fer, cruels instruments de mort, dont l’effroi élève vers vous des supplications universelles qui les conjurent? Où est ce coeur? Et pourrait-il pousser l’héroïsme du dédain, jusqu’à rire de l’épouvante d’autrui, comme mes parents riaient des châtiments que m’infligeait un maître? Car je ne les redoutais. pas moins, et je ne vous priais pas moins de me les éviter; et je péchais toutefois, faute d’écrire, de lire, d’apprendre autant qu’on l’exigeait de moi.
Je ne manquais pas, Seigneur, de mémoire ou de vivacité d’esprit; votre bonté m’en avait assez libéralement doté pour cet âge. Seulement j’aimais à jouer, et j’étais puni par qui faisait de même; mais les jeux des hommes s’appellent affaires, et ils punissent ceux des enfants, et personne n’a pitié ni des enfants, ni des hommes. Un juge équitable pourrait-il cependant approuver qu’un enfant fût châtié pour se laisser détourner, par le jeu de paume, d’une étude qui sera plus tard entre ses mains (367) un jeu moins innocent? Et que faisait donc celui qui me battait? Une misérable dispute, où il était vaincu par un collègue, le pénétrait de plus amers dépits que je n’en éprouvais à perdre une partie de paume contre un camarade.

CHAPITRE X.
AMOUR DU JEU.
 16.       Et néanmoins je péchais, Seigneur mon Dieu, ordonnateur et créateur de toutes choses naturelles, sauf les péchés dont vous n’êtes que régulateur; Seigneur mon Dieu, je péchais en désobéissant à des parents, à des maîtres; car je pouvais bien user dans la suite de ces connaissances qu’on m’imposait n’importe à quelle intention. Ce n’était pas meilleur choix qui me rendait désobéissant, c’était l’amour du jeu; j’aimais toutes les vanités du combat et de la victoire ; et les récits fabuleux qui, chatouillant mon oreille, y provoquaient de plus vives démangeaisons; et ma curiosité soulevée chaque jour, et débordant de mes yeux, m’entraînait aux spectacles et aux jeux qui divertissent les hommes. Que désirent donc toutefois ces magistrats pour leurs enfants, sinon la survivance des dignités qui les appellent à présider les jeux? Et ils veulent qu’on les châtie, si ce plaisir les détourne d’études, qui, de leur aveu, doivent conduire leurs fils à ce frivole honneur. Regardez tout cela, Seigneur, avec miséricorde; délivrez-nous, nous qui vous invoquons; délivrez aussi ceux qui ne vous invoquent pas encore, pour qu’ils vous invoquent et soient délivrés.

CHAPITRE XI.
MALADE, IL DEMANDE LE BAPTÊME.
 17.       J’avais ouï parler, dès le berceau, de la vie éternelle qui nous est promise par l’humilité du Seigneur notre Dieu, abaissé jusqu’à notre orgueil; et j’étais marqué du signe de sa croix, assaisonné du sel divin, dès ma sortie du sein de ma mère, qui a beaucoup espéré en vous.
Vous savez, Seigneur, qu’étant encore enfant, surpris un jour d’une violente oppression d’estomac, j’allais mourir; vous savez, mon Dieu, vous qui étiez déjà mon gardien, de quel élan de coeur, de quelle foi je demandai le baptême de votre Christ, mon Dieu et Seigneur, à la piété de ma mère et de notre mère commune, votre Eglise. Et déjà, dans son trouble, celle dont le chaste coeur concevait avec plus d’amour encore l’enfantement de mon salut éternel en votre foi, la mère de ma chair, appelait à la hâte mon initiation aux sacrements salutaires, où j’allais être lavé, en vous confessant, Seigneur Jésus, pour la rémission des péchés, quand soudain je me sentis soulagé. Ainsi fut différée ma purification, comme si je dusse nécessairement me souiller de nouveau en recouvrant la vie; on craignait de moi une rechute dans la fange de mes péchés, plus grave et plus dangereuse au sortir du bain céleste.
Ainsi, déjà, je croyais, et ma mère croyait, et toute la maison, mon père excepté, qui pourtant ne put jamais abolir en moi les droits de la piété maternelle, ni me détourner de croire en Jésus-Christ, lui qui n’y croyait pas encore. Elle n’oubliait rien pour que vous me fussiez un père, mon Dieu, plutôt que lui, et ici vous l’aidiez à l’emporter sur son mari, à qui, toute supérieure qu’elle fût, elle obéissait, parce qu’en cela elle obéissait à vos ordres.
18.       Pardon, mon Dieu, je voudrais savoir, si vous le voulez, par quel conseil mon baptême a été différé. Est-ce pour mon bien que les rênes furent ainsi lâchées à mes instincts pervers? Ou me trompé-je? Mais d’où vient que sans cesse ce mot nous frappe l’oreille: Laissez-le, laissez-le faire; il n’est pas encore baptisé? Et pourtant, s’agit-il de la santé du corps, on ne dit pas : Laissez-le se blesser davantage, car il n’est pas encore guéri.
Oh ! que n’ai-je obtenu cette guérison prompte! Que n’ai-je, avec le concours des miens, placé la santé de mon âme sous la tutelle de votre grâce qui me l’eût rendue! Mieux eût valu. Mais quels flots, quels orages de tentations se levaient sur ma jeunesse! Ma mère les voyait; et elle aimait mieux livrer le limon informe à leurs épreuves que l’image divine à leurs profanations.

CHAPITRE XII.
DIEU TOURNAIT A SON PROFIT L’IMPRÉVOYANCE MÊME QUI DIRIGEAIT SES ÉTUDES.
 49.       Ainsi, à cet âge même, que l’on redoutait moins pour moi que l’adolescence, je n’aimais point l’étude; je haïssais d’y être contraint, et (368) l’on m’y contraignait, et il m’en advenait bien: ? je n’eusse rien appris sans contrainte ? mais moi je faisais mal; car faire à contrecœur quelque chose de bon n’est pas bien faire. Et ceux même qui me forçaient à l’étude ne faisaient pas bien; mais bien m’en advenait par vous, mon Dieu. Eux ne voyaient pour moi, dans ce qu’ils me pressaient d’apprendre, qu’un moyen d’assouvir l’insatiable convoitise de cette opulence qui n’est que misère, de cette gloire qui n’est qu’infamie.
Mais vous, « qui savez le compte des cheveux de notre tête  ( Matth. X, 30); » vous tourniez leur erreur à mon profit, et ma paresse, au châtiment que je méritais, si petit enfant, si grand pécheur. Ainsi, du mal qu’ils faisaient, vous tiriez mon bien, et de mes péchés, ma juste rétribution. Car vous avez ordonné, et il est ainsi, que tout esprit qui n’est pas dans l’ordre soit sa peine à lui-même.

CHAPITRE XIII.
VANITÉ DES FICTIONS POÉTIQUES QU’IL AIMAIT.
 20.       Mais d’où venait mon aversion pour la langue grecque, exercice de mes premières années? C’est ce que je ne puis encore pénétrer. J’étais passionné pour la latine, telle que l’enseignent, non les premiers maîtres, mais ceux que l’on appelle grammairiens; car ces éléments, où l’on apprend à lire, écrire, compter, ne me donnaient pas moins d’ennuis et de tourments que toutes mes études grecques. Et d’où venait ce dégoût, sinon du péché et de la vanité de la vie? J’étais chair, esprit absent de lui-même et ne sachant plus y rentrer (Ps. LXXVII, 39). Plus certaines et meilleures étaient ces premières leçons qui m’ont donné la faculté de lire ce qui me tombe sous les yeux, d’écrire ce qu’il me plaît, que celles où j’apprenais de force les courses errantes de je ne sais quel Enée, oublieux de mes propres erreurs, et gémissant sur la mort de Didon, qui se tue par amour, quand je n’avais pas une larme pour déplorer, ô mon Dieu, ô ma vie, cette mort de mon âme que ces jeux j emportaient loin de vous.
21.       Eh! quoi de plus misérable qu’un malheureux sans miséricorde pour lui-même, pleurant Didon, morte pour aimer Enée, et ne se pleurant pas, lui qui meurt faute de vous aimer! O Dieu, lumière de mon coeur, pain de la bouche intérieure de mon âme, vertu fécondante de mon intelligence, époux de ma pensée, je ne vous aimais pas; je vous étais infidèle, et mon infidélité entendait de toutes parts cette voix : « Courage ! courage! » car l’amour de ce monde est un divorce adultère d’avec vous. Courage! courage! dit cette voix, pour faire rougir, si l’on n’est pas homme comme un autre. Et ce n’est pas ma misère que je pleurais; je pleurais Didon « expirée, livrant au fil du glaive sa destinée dernière Enéide (VI, 456), »quand je me livrais moi-même à vos dernières créatures au lieu de vous, terre retournant à la terre. Cette lecture m’était-elle interdite, je souffrais de ne pas lire ce qui me faisait souffrir. Telles folies passent pour études plus nobles et plus fécondes que celle qui m’apprit à lire et à écrire.
22.       Mais qu’aujourd’hui, mon Dieu, votre vérité me dise et crie dans mon âme : Il n’en est pas ainsi! il n’en est pas ainsi! Ces premiers enseignements sont bien les meilleurs. Car me voici tout prêt à oublier les aventures d’Enée et fables pareilles, plutôt que l’art d’écrire et de lire. Des voiles, sans doute, pendent au seuil des écoles de grammaire; mais ils couvrent moins la profondeur d’un mystère que la vanité d’une erreur.
Qu’ils se récrient donc contre moi, ces maîtres insensés! je ne les crains plus, à cette heure où je vous confesse, ô mon Dieu, tous les pensers de mon âme et me plais à marquer l’égarement de mes voies, afin d’aimer la rectitude des vôtres. Qu’ils se récrient contre moi, vendeurs ou acheteurs de grammaire! Je leur demande s’il est vrai qu’Enée soit autrefois venu à Carthage, comme lq poète l’atteste; et les moins instruits l’ignorent, les plus savants le nient. Mais si je demande par quelles lettres s’écrit le nom d’Enée, tous ceux qui savent lire me répondront vrai, selon la convention et l’usage qui ont, parmi les hommes, déterminé ces signes. Et si je demande encore quel oubli serait le plus funeste à la vie humaine, l’oubli de l’art de lire et d’écrire, ou celui de ces fictions poétiques, qui ne prévoit la réponse de quiconque ne s’est pas oublié lui-même?
Je péchais donc enfant, en préférant ainsi la vanité à l’utile; ou plutôt je haïssais l’utile et j’aimais la vanité. « Un et un sont deux, deux et deux quatre, » était pour moi une odieuse chanson; et je ne savais pas de plus (369) beau spectacle qu’un fantôme de cheval de bois rempli d’hommes armés, que l’incendie de Troie et l’ombre de Créuse (Enéide, II).

CHAPITRE XIV.
SON AVERSION POUR LA LANGUE GRECQUE.
 23.            Pourquoi donc haïssais-je ainsi la langue grecque, pleine de ces fables? Car Homère excelle à ourdir telles fictions. Doux menteur, il était toutefois amer à mon enfance. Je crois bien qu’il en est ainsi de Virgile pour les jeunes Grecs, contraints de l’apprendre avec autant de difficulté que j ‘apprenais leur poète.
La difficulté d’apprendre cette langue étrangère assaisonnait de fiel la douce saveur des fables grecques. Pas un mot qui me fût connu; et puis, des menaces terribles de châtiments pour me forcer d’apprendre. J’ignorais de même le latin au berceau ; et cependant, par simple attention, sans crainte, ni tourment, je l’avais appris, dans les embrassements de mes nourrices, les joyeuses agaceries, les riantes caresses.
Ainsi je l’appris sans être pressé du poids menaçant de la peine, sollicité seulement par mon âme en travail de ses conceptions, et qui ne pouvait rien enfanter qu’à l’aide des paroles retenues, sans leçons, à les entendre de la bouche des autres, dont l’oreille recevait les premières confidences de mes impressions. Preuve qu’en cette étude une nécessité craintive est un précepteur moins puissant qu’une libre curiosité. Mais l’une contient les flottants caprices de l’autre,, grâce à vos lois, mon Dieu, vos lois qui depuis la férule de l’école jusqu’à l’épreuve du martyre, nous abreuvant d’amertumes salutaires, savent nous rappeler à vous, loin du charme empoisonneur qui nous avait retirés de vous.

CHAPITRE XV.
PRIÈRE.
 24.             Exaucez, Seigneur, ma prière; que mon âme ne défaille pas sous votre discipline; et que je ne défaille pas à vous confesser vos miséricordes qui m’ont retiré de toutes mes déplorables voies! Soyez-moi plus doux que les séductions qui m’égaraient! Que je vous aime fortement, et que j’embrasse votre main de toute mon âme, pour que vous me sauviez de toute tentation jusqu’à la fin.
Et n’êtes-vous pas, Seigneur, mon roi et mon Dieu? Que tout ce que mon enfance apprit d’utile, vous serve ; si je parle, si j’écris, si je lis, si je compte, que tout en moi vous serve; car, au temps où j’apprenais des choses vaines, vous me donniez la discipline, et vous m’avez enfin remis les péchés de ma complaisance dans les vanités. Ce n’est point que ces folies ne m’aient laissé le souvenir de plusieurs mots utiles; souvenir que l’on pourrait devoir à des lectures moins frivoles, et qui ne sèmeraient aucun piège sous les pas des enfants.

CHAPITRE XVI.
CONTRE LES FABLES IMPUDIQUES.

25.       Mais, malheur à toi, torrent de la coutume! Qui te résistera? Ne seras-tu jamais à sec? Jusques à quand rouleras-tu les fils d’Eve dans cette profonde et terrible mer, que traversent à grand’peine les passagers de la croix? Ne m’as-tu pas montré Jupiter tout à la fois tonnant et adultère? Il ne pouvait être l’un et l’autre; mais on voulait autoriser l’imitation d’un véritable adultère par la fiction d’un ton. nerre menteur. Est-il un seul de ces maîtres fièrement drapés dont l’oreille soit assez à jeun pour entendre ce cri de vérité qui part d’un homme sorti de la poussière de leurs écoles : « Inventions d’Homère! Il humanise « les dieux! Il eût mieux fait de diviniser les « hommes ( Cicér. Tuscul. 1)! » Mais la vérité, c’est que le poète, dans ses fictions, assimilait aux dieux les hommes criminels, afin que le crime cessât de passer pour crime, et qu’en le commettant, on parût imiter non plus les hommes de perdition, mais les dieux du ciel.
26.       Et néanmoins, ô torrent d’enfer! en toi se plongent les enfants des hommes; ils rétribuent de telles leçons; ils les honorent de la publicité du forum; elles sont professées à la face des lois qui, aux récompenses privées, ajoutent le salaire public; et tu roules tes cailloux avec fracas, en criant: Ici l’on apprend la langue; ici l’on acquiert l’éloquence nécessaire à développer et à persuader sa pensée. N’aurions-nous donc jamais su « pluie d’or, « sein de femme, déception, voûtes célestes » et semblables mots du même passage, si Térence n’eût amené sur la scène un jeune débauché se proposant Jupiter pour modèle d’impudicité, (370) charmé de voir en peinture, sur une muraille, « comment le dieu verse une pluie d’or dans le sein de Danaé et trompe cette femme.» Voyez donc comme il s’anime à la débauche
sur ce divin exemple. « Eh! quel Dieu encore! s’écrie-t-il; Celui qui fait trembler de son tonnerre la voûte profonde des cieux. Pygmée que je suis, j’aurais honte de l’imiter! Non, non! je l’ai imité et de grand coeur (Térenc. Eunuc. Act. 3, scèn.5). »
Ces impuretés ne nous aident en rien à retenir telles paroles, mais ces paroles enhardissent l’impureté. Je n’accuse pas les paroles, vases précieux et choisis, mais le vin de l’erreur que nous y versaient des maîtres ivres. Si nous ne buvions, on nous frappait, et il ne nous était pas permis d’en appeler à un juge sobre. Et cependant, mon Dieu, devant qui mon âme évoque désormais ces souvenirs sans alarme, j’apprenais cela volontiers, je m’y plaisais, malheureux! aussi étais-je appelé un enfant de grande espérance !

CHAPITRE XVII.
VANITÉ DE SES ÉTUDES.

27.             Permettez-moi, mon Dieu, de parler encore de mon intelligence, votre don; en quels délires elle s’abrutissait! Grande affaire, et qui me troublait l’âme par l’appât de la louange, par la crainte de la honte et des châtiments, quand il s’agissait d’exprimer les plaintes amères de Junon, « impuissante à détourner de «l’Italie le chef des Troyens! (Enéide, I, 36-75) » plaintes que je savais imaginaires; mais on nous forçait de nous égarer sur les traces de ces mensonges poétiques, et de dire en libre langage ce que le poète dit en vers. Et celui-là méritait le plus d’éloges qui, fidèle à la dignité du personnage mis en scène, produisait un sentiment plus naïf de colère et de douleur, ajustant à ses pensées un vêtement convenable d’expression.
Eh! à quoi bon, ô ma vraie vie, ô mon Dieu! à quoi bon cet avantage sur la plupart de mes condisciples et rivaux, de voir mes compositions plus applaudies? Vent et fumée que tout cela! N’était-il pas d’autre sujet pour exercer mon intelligence et ma langue? Vos louanges, Seigneur, vos louanges dictées par vos Ecritures mêmes, eussent soutenu le pampre pliant de mon coeur. Il n’eût pas été emporté dans le vague des bagatelles, triste proie des oiseaux sinistres; car il est plus d’une manière de sacrifier aux anges prévaricateurs.

CHAPITRE XVIII.
HOMMES PLUS FIDÈLES AUX LOIS DE LA GRAMMAIRE QU’AUX COMMANDEMENTS DE DIEU.
 28. Eh! quelle merveille que je me dissipasse ainsi dans les vanités, et que, loin de vous, mon Dieu, je me répandisse au dehors, quand on me proposait pour modèles des hommes qui rappelant d’eux-mêmes quelque bonne action, rougissaient d’être repris d’un barbarisme ou d’un solécisme échappé; et qui, déployant, au récit de leurs débauches, toutes les richesses d’une élocution nombreuse, exacte et choisie, se glorifiaient des applaudissements?
Vous voyez cela, Seigneur, et vous vous taisez, « patient, miséricordieux et vrai  (Ps. LXXXV, 15). » Vous tairez-vous donc toujours? Mais à cette heure même vous retirez de ce dévorant abîme l’âme qui vous cherche, altérée de vos délices; celui dont le coeur vous dit : « J’ai cherché votre visage; votre visage, Seigneur, je le chercherai toujours (Ps XXVI, 8). » On en est loin dans les ténèbres des passions. Ce n’est point le pied, ce n’est point l’espace qui nous éloigne de vous, qui nous ramène à vous. Et le plus jeune de vos fils a-t-il donc pris un cheval, un char, un vaisseau, s’est-il envolé sur des ailes visibles, s’est-il dérobé d’un pas agile, pour livrer en pays lointain aux prodigalités de sa vie ce qu’il avait reçu de vous au départ? Père tendre, qui lui aviez tout donné alors, plus tendre encore à la détresse de son retour (Luc XV, 12-32). Mais non, c’est l’entraînement de la passion qui nous jette dans les ténèbres, et loin de votre face.
29.       Voyez, Seigneur mon Dieu, dans votre inaltérable patience, voyez avec quelle fidélité les enfants des hommes observent le pacte grammatical qu’ils ont reçu de leurs devanciers dans le langage, avec quelle négligence ils se dérobent au pacte éternel de leur salut qu’ils ont reçu de vous. Et si un homme qui possède ou enseigne cette antique législation des sons, oublie, contrairement aux règles, l’aspiration de la première syllabe, en disant « omme, » il blesse plus les autres que si, au mépris de vos commandements, il haïssait l’homme, son frère; comme si l’ennemi le plus funeste était plus funeste à l’homme que la haine même qui le soulève; comme si le persécuteur ravageait autrui plus qu’il ne ravage son propre coeur ouvert à la haine.
Et certes, cette science des lettres n’est pas (371) plus intérieure que la conscience écrite de ne pas faire au prochain ce qu’on n’en voudrait pas souffrir. Oh! que vous êtes secret, habitant des hauteurs dans le silence! ô Dieu, seul grand, dont l’infatigable loi sème les cécités vengeresses sur les passions illégitimes! Cet homme aspire à la renommée de l’éloquence; il est debout devant un homme qui juge, en présence d’une foule d’hommes; il s’acharne sur son ennemi avec la plus cruelle animosité, merveilleusement attentif à éviter toute erreur de langage, à ne pas dire: « Entre aux hommes; »et il ne se tient pas en garde contre la fureur de son âme qui l’entraîne à supprimer un homme « d’entre les hommes. »

CHAPITRE XIX.
FAUTES DES ENFANTS, VICES DES HOMMES.
 30.       J’étais exposé, malheureux enfant, sur le seuil de cette morale; c’était l’apprentissage des tristes combats que je devais combattre; jaloux, déjà, d’éviter un barbarisme, et non l’envie qu’une telle faute m’inspirait contre qui n’en faisait pas. Je reconnais et confesse devant vous, mon Dieu, ces faiblesses qui me faisaient louer de ces hommes. Leur plaire était alors pour moi le bien-vivre; car je ne voyais pas ce gouffre de honte où je plongeais loin de votre regard. Etait-il donc rien de plus impur que moi? Jusque-là, qu’abusant par mille mensonges, un précepteur, des maîtres, des parents, épris eux-mêmes de ces vanités, je les offensais par mon amour du jeu, ma passion des spectacles frivoles, mon ardeur inquiète à imiter ces bagatelles.
Je dérobais aussi au cellier, à la table de mes parents, soit pour obéir à l’impérieuse gourmandise, soit pour avoir à donner aux enfants qui me vendaient le plaisir que nous trouvions à jouer ensemble. Et au jeu même, vaincu par le désir d’une vaine supériorité, j’usurpais souvent de déloyales victoires. Mais quelle était mon impatience et la violence de mes reproches, si je découvrais qu’on me trompât, comme je trompais les autres! Pris sur le fait à mon tour, et accusé, loin de céder, j ‘entrais en fureur.
Est-ce donc là l’innocence du premier âge ? Il n’en est pas, Seigneur, il n’en est pas; pardonnez-moi, mon Dieu. Aujourd’hui précepteur, maître, noix, balle, oiseau; demain magistrats, rois, trésors, domaines, esclaves; c’est tout un, grossissant au flot successif des années, comme aux férules succèdent les supplices. C’est donc l’image de l’humilité, que vous avez aimée dans la faiblesse corporelle de l’enfance, ô notre roi, lorsque vous avez dit:
« Le royaume des cieux est à ceux qui leur ressemblent (Matth. XIX, 14), »

CHAPITRE XX.
IL REND GRACES A DIEU DES DONS QU’IL A REÇUS DE LUI DANS SON ENFANCE.
 31.       Et cependant, Seigneur, à vous créateur et conservateur de l’univers, tout-puissant et tout bon, à vous notre Dieu, grâces soient rendues, ne m’eussiez-vous donné que d’être enfant! Car dès lors même, j’avais l’être, et havie, et le sentiment; et je veillais à préserver cet ensemble de tout moi-même, ce dessin de l’unité si cachée par qui j’étais ; je gardais par le sens intérieur l’intégrité de tous mes sens, et dans cette petitesse d’existence, dans cette petitesse de pensées, j’aimais la vérité. Je ne voulais pas être trompé; ma mémoire était forte; mon élocution polie; l’amitié me charmait; je fuyais la douleur, la honte, l’ignorance. Quelle admirable merveille qu’un tel animal !
Tout cela, don de mon Dieu! je ne me suis moi-même rien donné. Tout cela est bon et moi-même, qui suis tout cela. Donc celui qui m’a fait est bon, et lui-même est mon bien; et l’élan de mon coeur lui rend hommage de tous ces biens répandus sur mes premières années. Or je péchais; car ce n’était point en lui, mais dans ses créatures, les autres et moi, que je cherchais plaisirs, grandeurs et vérités, me précipitant ainsi dans la douleur, la confusion, l’erreur. Grâces à vous, mes délices, ma gloire, ma confiance, mon Dieu! Grâces à vous de tous vos dons! Mais conservez-les-moi; car ainsi vous me conserverez moi-même; et tout ce que vous m’avez donné aura croissance et perfection; et je serai avec vous, puisque c’est vous qui m’avez donné d’être. (372)

Sainte Monique

26 août, 2013

Sainte Monique dans images sacrée 8_27_Monica

http://catholicfire.blogspot.it/2011/08/st-monica-patron-of-married-women-and.html

CONFESSIONS – LIVRE NEUVIÈME – MORT DE SAINTE MONIQUE – CHAPITRE X, XI, XII

26 août, 2013

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Staugustin/confessions/livre9.htm#_Toc509573585

LIVRE NEUVIÈME – MORT DE SAINTE MONIQUE

CHAPITRE X.
ENTRETIEN DE SAINTE MONIQUE AVEC SON FILS SUR LE BONHEUR DE LA VIE ÉTERNELLE.

23.       A l’approche du jour où elle devait sortir de cette vie, jour que nous ignorions, et connu de vous, il arriva, je crois, par votre disposition secrète, que nous nous trouvions seuls, elle et moi, appuyés contre une fenêtre, d’où la vue s’étendait sur le jardin de la maison où nous étions descendus, au port d’Ostie. C’est là que, loin de la foule, après les fatigues d’une longue route, nous attendions le moment de la traversée.
Nous étions seuls, conversant avec une ineffable douceur, et dans l’oubli du passé, dévorant l’horizon de l’avenir ( Philip. III, 13), nous cherchions entre nous, en présence de la Vérité que vous êtes, quelle sera pour les saints cette vie éternelle « que l’oeil n’a pas vue, que l’oreille n’a pas entendue, et où n’atteint pas le coeur de l’homme (I Cor. II, 9). » Et nous aspirions des lèvres de l’âme aux sublimes courants de votre fontaine, fontaine de vie qui réside en vous (Ps. XXXV, 10), afin que, pénétrée selon sa mesure de la rosée céleste, notre pensée pût planer dans les hauteurs.
24.       Et nos discours arrivant à cette conclusion, que la plus vive joie des sens dans le plus vif éclat des splendeurs corporelles, loin de soutenir le parallèle avec la félicité d’une telle vie, ne méritait pas même un nom, portés par un nouvel élan d’amour vers Celui qui est, nous nous promenâmes par les échelons des corps jusqu’aux espaces célestes d’où les étoiles, la lune et le soleil nous envoient leur lumière; et montant encore plus haut dans nos, pensées, dans nos paroles, dans l’admiration de vos oeuvres, nous traversâmes nos âmes pour atteindre, bien au-delà, cette région d’inépuisable abondance, où vous rassasiez éternellement (447) Israël de la nourriture de vérité, et où la vie est la sagesse créatrice de ce qui est, de ce qui a été, de ce qui sera; sagesse incréée, qui est ce qu’elle a été, ce qu’elle sera toujours; ou plutôt en qui ne se trouvent ni avoir été, ni devoir être, mais l’être seul, parce qu’elle est éternelle; car avoir été et devoir être exclut l’éternité.
Et en parlant ainsi, dans nos amoureux élans vers cette vie, nous y touchâmes un instant d’un bond de coeur, et nous soupirâmes en y laissant captives les prémices de l’esprit, et nous redescendîmes dans le bruit de la voix, dans la parole qui commence et finit. Et qu’y a-t-il là de semblable à votre Verbe, Notre-Seigneur, dont l’immuable permanence en soi renouvelle toutes choses (Sag. VII, 27)?
25.       Nous disions donc: qu’une âme soit; en qui les révoltes de la chair, le spectacle de la terre, des eaux, de l’air et des cieux, fassent silence, qui se fasse silence à elle-même qu’oublieuse de soi, elle franchisse le seuil intérieur; songes, visions fantastiques, toute langue, tout signe, tout ce qui passe, venant à se taire; car tout cela dit à qui sait entendre:
Je ne suis pas mon ouvrage; celui qui m’a fait est Celui qui demeure dans l’éternité ( Ps. XCIX, 3,5) ; que cette dernière voix s’évanouisse dans le silence, après avoir élevé notre âme vers l’Auteur de toutes choses, et qu’il parle lui seul, non par ses créatures, mais par lui-même, et que son Verbe nous parle, non plus par la langue charnelle, ni par la voix de l’ange, ni par le bruit de la nuée, ni par l’énigme de la parabole; mais qu’il nous parle lui seul que nous aimons en tout, qu’en l’absence de tout il nous parle; que notre pensée, dont l’aile rapide atteint en ce moment même l’éternelle sagesse immuable au-dessus de tout, se soutienne dans cet essor, et que, toute vue d’un ordre inférieur cessante, elle seule ravisse, captive, absorbe le contemplateur dans ses secrètes joies; qu’enfin la vie éternelle soit semblable à cette fugitive extase, qui nous fait soupirer encore; n’est-ce pas la promesse de cette parole : « Entre dans la joie de ton Seigneur (Matth. XXV, 21) ? » Et quand cela? Sera-ce alors que « nous ressusciterons tous, sans néanmoins être tous changés (I Cor. XV, 51)?»
26. Telles étaient les pensées, sinon les paroles, de notre entretien. Et vous savez, Seigneur, que ce jour même où nous parlions ainsi, où le monde avec tous ses charmes nous paraissait si bas, elle me dit: « Mon fils, en ce qui me regarde, rien ne m’attache plus à cette vie. Qu’y ferais-je? pourquoi y suis-je encore? J’ai consommé dans le siècle toute mon espérance. Il était une seule chose pour laquelle je désirais séjourner quelque peu dans cette vie, c’était
« de te voir chrétien catholique avant de mourir. Mon Dieu me l’a donné avec surabondance, puisque je te vois mépriser toute félicité terrestre pour le servir. Que fais-je encore ici? »

CHAPITRE XI.
DERNIÈRES PAROLES DE SAINTE MONIQUE.
 27.       Ce que je répond,is à ces paroles, je ne m’en souviens pas bien; mais à cinq ou six jours de là, la fièvre la mit au lit. Un jour dans sa maladie, elle perdit connaissance et fut un moment enlevée à tout ce qui l’entourait. Nous accourûmes; elle reprit bientôt ses sens, et nous regardant mon frère et moi, debout auprès d’elle; elle nous dit comme nous interrogeant: « Où étais-je? » Et à l’aspect de notre douleur muette : « Vous laisserez ici, votre mère! » Je gardais le silence et je retenais mes pleurs. Mon frère dit quelques mots exprimant le voeu qu’elle achevât sa vie dans sa patrie plutôt que sur une terre étrangère. Elle l’entendit, et, le visage ému, le réprimant des yeux pour de telles pensées, puis me regardant: « Vois comme il parle, » me dit-elle; et s’adressant à tous deux: « Laissez ce corps partout; et que tel souci ne vous trouble pas. Ce que je vous demande seulement, c’est de vous souvenir de moi à l’autel du Seigneur, partout où vous serez. » Nous ayant témoigné sa censée comme elle pouvait l’exprimer, elle se tut, et le progrès de la maladie redoublait ses souffrances.
28.       Alors, méditant sur vos dons, ô Dieu invisible, ces dons que vous semez dans le coeur de vos fidèles pour en récolter d’admirables moissons, je me réjouissais et vous rendais grâces au souvenir de cette vive préoccupation qui l’avait toujours inquiétée de sa sépulture, dont elle avait fixé et préparé la place auprès du corps de son mari; parce qu’ayant vécu dans une étroite union, elle voulait encore, ô insuffisance de l’esprit humain pour les choses (448) divines! ajouter à ce bonheur, et qu’il fût dit par les hommes qu’après un voyage d’outremer, une même terre couvrait la terre de leurs corps réunis dans la mort même.
Quand donc ce vide de son coeur avait-il commencé d’être comblé par la plénitude de votre grâce? Je l’ignorais, et cette révélation qu’elle venait de faire ainsi me pénétrait d’admiration et de joie. Mais déjà, dans mon entretien à la fenêtre, ces paroles: « Que fais-je ici? » témoignaient assez qu’elle ne tenait plus à mourir dans sa patrie. J’appris encore depuis, qu’à Ostie même, un jour, en mon absence, elle avait parlé avec une confiance toute maternelle à plusieurs de mes amis du mépris de cette vie et du bonheur de la mort. Admirant la vertu que vous aviez donnée à une femme, ils lui demandaient si elle ne redouterait pas de laisser son corps si loin de son pays: «Rien n’est loin de Dieu, répondit-elle; et il n’est pas à craindre qu’à la fin des siècles, il ne reconnaisse pas la place où il doit me ressusciter. » Ce fut ainsi que, le neuvième jour de sa maladie, dans la cinquante-sixième année de sa vie, et la trente-troisième de mon âge, cette âme pieuse et sainte vit tomber les chaînes corporelles.

CHAPITRE XII.
DOULEUR DE SAINT AUGUSTIN.
 29.       Je lui fermais les yeux, et dans le fond de mon coeur affluait une douleur immense, prête à déborder en ruisseaux de larmes; et mes yeux, sur l’impérieux commandement de l’âme, ravalaient leur courant jusqu’à demeurer secs, et cette lutte me déchirait. Aussitôt qu’elle eut rendu le dernier soupir, l’enfant Adéodatus jeta un grand cri; nous le réprimâmes ; il se tut.
C’est ainsi que ce que j’avais en moi d’enfance, et qui voulait s’écouler en pleurs, était réprimé par la voix virile du coeur et se taisait. Car nous ne pensions pas qu’il fût juste de mener ce deuil avec les sanglots et les gémissements, qui accompagnent d’ordinaire les morts crues malheureuses ou sans réveil. Mais sa mort n’était ni malheureuse, ni entière. Nous en avions pour garants sa vertu, sa foi sincère et les raisons les plus certaines.
30. Qu’est-ce donc qui me faisait si cruellement souffrir au fond de moi, sinon la rupture soudaine de cette habitude, tant douce et chère, de vivre ensemble; blessure vive à mon âme? Je me félicitais toutefois du témoignage qu’elle m’avait rendu jusque dans sa dernière maladie, quand, souriante à mes soins, elle m’appelait bon fils, et redisait avec l’affection la plus tendre, qu’elle n’avait jamais entendu de ma bouche un trait dur ou injurieux lancé contre elle. Et pourtant, ô Dieu notre créateur, cette respectueuse déférence était-elle en rien comparable au service d’esclave qu’elle me rendait? Aussi, c’était le délaissement de cette grande consolation qui navrait mon âme, et ma vie se déchirait qui n’était qu’une avec la sienne.
31.       Quand on eut arrêté les pleurs de cet enfant, Evodius prit le psautier et se mit à chanter ce psaume auquel nous répondions tous : « Je chanterai, Seigneur, à votre gloire, vos miséricordes et vos jugements ( Ps. C, 1). » Apprenant ce qui se passait, un grand nombre de nos frères et de femmes pieuses accoururent, et pendant que les funèbres devoirs s’accomplissaient suivant l’usage, je me retirai où la bienséance voulait, avec ceux qui ne jugeaient pas convenable de me laisser seul.
Je dis alors quelques paroles conformes à la circonstance; je cherchais avec le baume de vérité à calmer mon martyre, connu de vous, et qu’ils ignoraient, attentifs à mes discours et me croyant insensible à la douleur. Mais moi, à votre oreille, où nul d’eux ne pouvait entendre, je gourmandais la mollesse de mes sentiments, et je fermais le passage au cours de mon affliction, et elle me cédait un peu, et elle revenait à l’instant avec une fureur nouvelle, sans toutefois forcer la barrière des larmes, le calme du visage; seul, je savais tout ce que je refoulais dans mon coeur. Et comme je m’en voulais de laisser tant de prise sur moi aux accidents humains, cette fatalité de votre justice et de notre misère, ma douleur elle-même était une douleur; j’étais livré à une double agonie.
32.       Le corps porté à l’église, j’y vais, j’en reviens, sans une larme, pas même à ces prières que nous versâmes au moment où l’on vous offrît pour elle le sacrifice de notre rédemption, alors que le cadavre est déjà penché sur le bord de la fosse où on va le descendre : à ces prières mêmes, pas une larme; mais, tout le jour, ma tristesse fut secrète et profonde, et l’esprit troublé, je vous demandais, comme je pouvais, de guérir ma peine, et vous ne m’écoutiez pas, (449) afin sans doute que cette seule épreuve achevât de graver dans ma mémoire quelle est la force des liens de la coutume sur l’âme même qui ne se nourrit plus de la parole de mensonge.
J’imaginai d’aller au bain, ayant appris qu’ainsi les Grecs l’avaient nommé, comme bannissant les inquiétudes de l’esprit. J’y vais, et je le confesse à votre miséricorde, ô Père des orphelins, j’en sors tel que j’y suis entré. Il n’avait point fait transpirer l’amertume de mon coeur.
Et puis je m’endormis, et à mon réveil, je sentis ma douleur bien diminuée; et, seul au lit, je me rappelai ces vers de votre Ambroise, que je sentais si véritables « O Dieu créateur,  modérateur des cieux, qui jetez sur le jour le splendide manteau de la lumière, répandez sur la nuit les grâces du sommeil; afin que le repos rende au labeur ordinaire les membres épuisés, soulage les fatigues de l’esprit, et brise le joug inquiet de l’affliction! »
33.       Et peu à peu je rentrais dans mes premières pensées sur votre servante, et me rappelant son pieux amour pour vous, et pour moi cette tendresse prévenante et sainte qui tout à coup me manquait, je goûtai la douceur de pleurer en votre présence sur elle et pour elle, sur moi et pour moi. Et je donnai congé à mes pleurs, jusqu’alors retenus, de couler à loisir; et, soulevé sur ce lit de larmes, mon coeur trouva du repos, entendu de vous seul, et non pas d’un homme juge superbe de ma douleur.
Et maintenant, Seigneur, je vous le confesse en ces lignes. Lise et interprète à son gré qui voudra. Et celui-là, s’il m’accuse comme d’un péché, d’avoir donné à peine une heure de larmes à ma mère, morte pour un temps à es yeux, ma mère qui m’avait pleuré tant d’années pour me faire vivre aux vôtres, qu’il se garde de rire, mais que plutôt, s’il est d grande charité, lui-même vous offre ses pleurs pour mes péchés, à vous, Père de tous les frères de votre Christ.

STE MONIQUE. – 27 AOUT

26 août, 2013

http://casimir.kuczaj.free.fr/Francais/Les%20Saints/monique.htm

STE MONIQUE. – 27 AOUT

Monique (331-387) est la mère de saint Augustin. Lorsque Augustin perdit la foi, les larmes de Monique montèrent vers Dieu comme une prière silencieuse. Sa conversion le remplit de joie. Elle n’avait plus rien désormais à attendre sur terre. Aussi le Seigneur l’appela-t-il à lui alors qu’à Ostie elle se préparait à regagner son Afrique natale.

DES CONFESSIONS DE S. AUGUSTIN
A l’approche de ce jour où ma mère allait sortir de cette vie et tu connaissait ce jour, mon Dieu; nous, nous l’ignorions -il arrive l’effet de tes arrangements mystérieux, à ce que je crois, qu’elle et moi, nous nous trouvions seuls, appuyés à une fenêtre d’où l’on voyait le jardin, dans la maison que nous habitions. C’était à Ostie, à l’embouchure du Tibre. Loin de la foule, après la fatigue d’un long voyage, nous reprenions nos forces en vue de la traversée. Nous causions donc, seuls, avec une grande douceur. Oubliant le passé et tendus vers l’avenir, nous cherchions ensemble, auprès de la Vérité, c’est-à-dire auprès de toi, ce que serait la vie éternelle des saints, que l’oeil n’a pas vue, que l’oreille n ‘a pas entendue, que le coeur n ‘a pu concevoir. Nos coeurs s’ouvraient avidement aux flots célestes de ta source: la source de vie, qui est en toi. C’est de cela que nous parlions, quoique d’une manière et en des termes différents de ceux que j’ai rapportés. Mais, Seigneur, tu le sais, ce jour-là, comme nous causions ainsi, et que le monde, parmi ces propos, perdait pour nous toute valeur, ma mère me dit: « Mon fils, pour moi, il n’y a plus rien qui me donne du plaisir en cette vie. Qu’y ferais-je maintenant? Pourquoi y suis-je encore? Je ne le sais pas. Mon espérance en ce monde est maintenant épuisée. Une seule chose me faisait désirer de m’attarder dans cette vie quelque temps encore, c’était de te voir, avant ma mort, chrétien catholique. Dieu m’a plus que comblée sur ce point, puisque je vois que tu es son serviteur au point de mépriser les joies terrestres. Qu’est-ce que je fais ici?» Je ne me rappelle guère ce que j’ai répondu à ces paroles. En tout cas, environ cinq jours après, ou un peu plus, elle se mit au lit avec la fièvre. Pendant sa maladie, il lui arriva un jour de perdre conscience et de ne plus reconnaître ceux qui l’entouraient. Nous sommes accourus, mais elle a vite repris ses sens; elle nous vit debout près d’elle, mon frère et moi, et elle nous dit, avec l’air de chercher quelque chose: « Où étais-je? »
Puis, nous voyant accablés de tristesse, elle dit: «Vous enterrerez ici votre mère.» Je me taisais en retenant mes larmes. Quant à mon frère, il lui dit quelques mots:
qu’elle ne devait pas souhaiter mourir à l’étranger mais, comme un sort plus heureux, dans sa patrie. En l’entendant, ma mère eut le visage anxieux et lui jeta un regard de reproche pour avoir eu cette pensée. Puis elle me regarda: «Vois ce qu’il dit.» Et, s’adressant à nous deux: « Enterrez mon corps n’importe où; que cela ne vous donne aucun souci. Je vous demande seulement de vous souvenir de moi à l’autel du Seigneur, partout ou vous serez». Lorsqu’elle eut prononcé cette phrase en cherchant ses mots, elle garda le silence, car la maladie s’aggravait et la faisait souffrir.

Qui nous fera comprendre pourquoi l’homme peine à chercher sans jamais atteindre?
Ce que l’oeil n’a pas vu, ni l’oreille entendu, ce qui n’est pas monté au coeur de l’homme, voilà ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment. À nous, Dieu l’a révélé par l’Esprit, car l’Esprit sonde tout, jusqu’aux profondeurs de Dieu.

Entrer dans la joie du Seigneur. (Saint AUGUSTIN)
Nous étions seuls, ma mère et moi, debout, accoudés à une fenêtre; de là, le jardin intérieur de la maison où nous logions se présentait à nos regards c ‘était à Ostie, près des bouches du Tibre, à l’écart des agitations, après les fatigues d’un long voyage; nous y refaisions nos forces pour la traversée. Nous parlions ensemble dans un tête-à-tête fort doux. Oubliant le passé, tendus vers l’avenir, nous nous demandions en présence de la Vérité que tu es, Seigneur, ce que pourrait être cette vie éternelle des saints, que l’oeil n’a vue, ni l’oreille entendue, ni le coeur de l’homme senti monter en lui. Nous disions donc : Si en quelqu’un faisait silence le tumulte de la chair, silence les images de la terre et des eaux et de l’air, silence même les cieux, et si l’âme aussi en soi faisait silence et se dépassait ne pensant plus à soi, silence les songes et les visions de l’imagination; et toute langue et tout signe et tout ce qui passe laissaient silence en quelqu’un absolument – car, si on peut les entendre, toutes ces choses disent : « Ce n’est pas nous qui nous sommes faites mais celui-là nous a faites qui demeure à jamais;»
-cela dit, si désormais elles se taisaient puisqu’elles nous ont dressé l’oreille vers celui qui les a faites, et s’il parlait lui-même, seul, non par elles mais par lui-même, et qu’il nous fît entendre son verbe non par langue de chair, ni par voix d’ange, ni par fracas de nuée, ni par énigme de parabole, mais que lui-même, que nous aimons en elles, lui-même se fit entendre à nous sans elles – comme à l’instant nous avons tendu nos êtres et d’une pensée rapide nous avons atteint l’éternelle sagesse qui demeure au-dessus de tout -si cela se prolongeait et que se fussent retirées les autres visions d’un ordre bien inférieur, et que celle-là seule ravît et absorbât et plongeât dans les joies intérieures celui qui la contemple, et que la vie éternelle fût telle qu’a été cet instant d’intelligence après lequel nous avons soupiré, n’est-ce pas cela que signifie Entre dans la joie de ton Seigneur? Et pour quand, cette joie ? N’est-ce pas le jour où nous ressusciterons tous sans être tous changés ? Ma mère dit alors : « Mon fils, en ce qui me concerne, plus rien n’a de charme pour moi dans cette vie. Que pourrais-je faire encore ici-bas ? Pourquoi y serais-je ? Je ne sais; je n’ai plus rien à espérer de ce siècle. Une seule chose me faisait désirer de rester assez longtemps dans cette vie te voir chrétien catholique avant ma mort. Je suis plus que comblée dans ce que mon Dieu m’a accordé : tu es allé jusqu’à mépriser les félicités de la terre et je te vois son serviteur. Qu’est-ce que je fais ici? »

PRIÈRE
Dieu très bon, réconfort de ceux qui pleurent, tu accueillais avec amour les larmes de sainte Monique pour la conversion de son fils Augustin. Accorde-nous, à la prière de la mère et du fils, de savoir pleurer nos péchés pour obtenir de toi le pardon.

Veneziano Lorenzo (active 1356-1372), Saint Barthélemy

23 août, 2013

Veneziano Lorenzo (active 1356-1372), Saint Barthélemy dans images sacrée Veneziano_Lorenzo-Saint_Bartholomew

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BENOÎT XVI : BARTHÉLEMY – 24 AOUT

23 août, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20061004_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

MERCREDI 4 OCTOBRE 2006

BARTHÉLEMY – 24 AOUT

Chers frères et soeurs,

Dans la série des Apôtres appelés par Jésus au cours de sa vie terrestre, c’est aujourd’hui l’Apôtre Barthélemy qui retient notre attention. Dans les antiques listes des Douze, il est toujours placé avant Matthieu, alors que le nom de celui qui le précède varie et peut être Philippe (cf. Mt 10, 3; Mc 3, 18; Lc 6, 14) ou bien Thomas (cf. Ac 1, 13). Son nom est clairement un patronyme, car il est formulé avec une référence explicite au nom de son père. En effet, il s’agit probablement d’un nom d’origine araméenne, bar Talmay, qui signifie précisément « fils de Talmay ».

Nous ne possédons pas d’informations importantes sur Barthélemy; en effet, son nom revient toujours et seulement au sein des listes des Douze susmentionnées et ne se trouve donc au centre d’aucun récit. Cependant, il est traditionnellement identifié avec Nathanaël:  un nom qui signifie « Dieu a donné ». Ce Nathanaël provenait de Cana (cf. Jn 21, 2) et il est donc possible qu’il ait été témoin du grand « signe » accompli par Jésus en ce lieu (cf. Jn 2, 1-11). L’identification des deux personnages est probablement motivée par le fait que ce Nathanaël, dans la scène de vocation rapportée par l’Evangile de Jean, est placé à côté de Philippe, c’est-à-dire à la place qu’occupe Barthélemy dans les listes des Apôtres rapportées par les autres Evangiles. Philippe avait dit à ce Nathanaël qu’il avait trouvé « Celui dont parle la loi de Moïse et les Prophètes [...] c’est Jésus fils de Joseph, de Nazareth » (Jn 1, 45). Comme nous le savons, Nathanaël lui opposa un préjugé plutôt grave:  « De Nazareth! Peut-il sortir de là quelque chose de bon? » (Jn 1, 46a). Cette sorte de contestation est, à sa façon, importante pour nous. En effet, elle nous fait voir que, selon les attentes des juifs, le Messie ne pouvait  pas  provenir  d’un village aussi obscur, comme l’était précisément Nazareth (voir également Jn 7, 42). Cependant, dans le même temps, elle met en évidence la liberté de Dieu, qui surprend nos attentes en se faisant trouver précisément là où nous ne l’attendrions pas. D’autre part, nous savons qu’en réalité, Jésus n’était pas exclusivement « de  Nazareth », mais qu’il était né à Bethléem (cf. Mt 2, 1; Lc 2, 4), et qu’en définitive, il venait du ciel, du Père qui est aux cieux.

L’épisode de Nathanaël nous inspire une autre réflexion:  dans notre relation avec Jésus, nous ne devons pas seulement nous contenter de paroles. Philippe, dans sa réponse, adresse une invitation significative à Nathanaël:  « Viens et tu verras! » (Jn 1, 46b). Notre connaissance de Jésus a surtout besoin d’une expérience vivante:  le témoignage d’autrui est bien sûr important, car généralement, toute notre vie chrétienne commence par une annonce qui parvient jusqu’à nous à travers un ou plusieurs témoins. Mais nous devons ensuite personnellement participer à une relation intime et profonde avec Jésus; de manière analogue, les Samaritains, après avoir entendu le témoignage de leur concitoyenne que Jésus avait rencontrée près du puits de Jacob, voulurent parler directement avec Lui et, après cet entretien, dirent à la femme:  « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant; nous l’avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde! » (Jn 4, 42).

En revenant à la scène de vocation, l’évangéliste nous rapporte que, lorsque Jésus voit Nathanaël s’approcher, il s’exclame:  « Voici un véritable fils d’Israël, un homme qui ne sait pas mentir » (Jn 1, 47). Il s’agit d’un éloge qui rappelle le texte d’un Psaume:  « Heureux l’homme… dont l’esprit est sans fraude » (Ps 32, 2), mais qui suscite la curiosité de Nathanaël, qui réplique avec étonnement:  « Comment me connais-tu? » (Jn 1, 48a). La réponse de Jésus  n’est pas immédiatement compréhensible. Il dit:  « Avant que Philippe te parle, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu » (Jn 1, 48b). Nous ne savons pas ce qu’il s’est passé sous ce figuier. Il est évident qu’il s’agit d’un moment décisif dans la vie de Nathanaël. Il se sent touché au plus profond du coeur par ces paroles de Jésus, il se sent compris et comprend:  cet homme sait tout sur moi, Il sait et connaît le chemin de la vie, je peux réellement m’abandonner à cet homme. Et ainsi, il répond par une confession de foi claire et belle, en disant:  « Rabbi, c’est toi le Fils de Dieu! C’est toi le roi d’Israël! » (Jn 1, 49). Dans cette confession apparaît un premier pas important dans l’itinéraire d’adhésion à Jésus. Les paroles de Nathanaël mettent en lumière un double aspect complémentaire de l’identité de Jésus:  Il est reconnu aussi bien dans sa relation spéciale avec Dieu le Père, dont  il  est le Fils unique, que dans celle avec le peuple d’Israël, dont il est déclaré le roi, une qualification propre au Messie attendu. Nous ne devons jamais perdre de vue ni l’une ni l’autre de ces deux composantes, car si nous ne proclamons que la dimension céleste de Jésus, nous risquons d’en faire un être éthéré et évanescent, et si au contraire nous ne reconnaissons que sa situation concrète dans l’histoire, nous finissons par négliger la dimension divine qui le qualifie précisément.

Nous ne possédons pas d’informations précises sur l’activité apostolique successive de Barthélemy-Nathanaël. Selon une information rapportée par l’historien Eusèbe au IV siècle, un certain Pantenus aurait trouvé jusqu’en Inde les signes d’une présence de Barthélemy (cf. Hist. eccl. V, 10, 3). Dans la  tradition postérieure, à partir du Moyen Age, s’imposa le récit de sa mort par écorchement, qui devint ensuite très populaire. Il suffit de penser à la très célèbre  scène du Jugement dernier dans la Chapelle Sixtine, dans laquelle Michel-Ange peignit saint Barthélemy qui tient sa propre peau dans la main gauche, sur laquelle l’artiste laissa son autoportrait. Ses reliques sont vénérées ici  à  Rome,  dans l’église qui lui est consacrée sur l’Ile Tibérine, où elles furent apportées par l’empereur allemand Otton III en l’an 983. En conclusion, nous pouvons dire que la figure de saint Barthélemy, malgré le manque d’information le concernant, demeure cependant face à nous pour nous dire que l’on peut également vivre l’adhésion à Jésus et en témoigner sans accomplir d’oeuvres sensationnelles. C’est Jésus qui est et reste extraordinaire, Lui à qui chacun de nous est appelé à consacrer sa propre vie et sa propre mort.

DIMANCHE 25 AOÛT – DEUXIEME LECTURE : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

23 août, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DIMANCHE 25 AOÛT : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

DEUXIEME LECTURE – Hébreux 12, 5-7. 11-13

Frères,
5 n’oubliez pas cette parole de réconfort, 
 qui vous est adressée comme à des fils : 
 Mon fils, ne néglige pas les leçons du Seigneur, 
 ne te décourage pas quand il te fait des reproches.
6 Quand le Seigneur aime quelqu’un,
 il lui donne de bonnes leçons ; 
 il corrige tous ceux qu’il reconnaît comme ses fils.
7 Ce que vous endurez est une leçon. 
 Dieu se comporte envers vous comme envers des fils ; 
 et quel est le fils auquel son père ne donne pas des leçons ?
11 Quand on vient de recevoir une leçon, 
 on ne se sent pas joyeux, mais plutôt triste. 
 Par contre, quand on s’est repris grâce à la leçon, 
 plus tard, on trouve la paix et l’on devient juste.
12 C’est pourquoi il est écrit : 
 Redonnez de la vigueur aux mains défaillantes 
 et aux genoux qui fléchissent.
13 Et : Nivelez la piste pour y marcher. 
 Ainsi, celui qui boite ne se tordra pas le pied ; 
 bien plus, il sera guéri.

On sait, d’après les chapitres précédents de cette lettre que les destinataires ont déjà beaucoup souffert pour leur foi : « Souvenez-vous de vos débuts : à peine aviez-vous reçu la lumière (le Baptême) que vous avez enduré un lourd et douloureux combat : ici donnés en spectacle sous les injures et les persécutions ; là, devenus solidaires de ceux qui subissaient de tels traitements. Et, en effet, vous avez pris part à la souffrance des prisonniers et vous avez accepté avec joie la spoliation de vos biens, vous sachant en possession d’une fortune meilleure et durable. » (He 10, 32-34).
 L’auteur de la lettre aux Hébreux cherche donc à redonner du courage à ces premiers Chrétiens qui traversent une période de persécution ; ici, il le dit clairement : « Frères, n’oubliez pas cette parole de réconfort. » Et, pour les réconforter, que fait-il ? Ce que fait tout croyant, de son temps : il se replonge dans les paroles de l’Ancien Testament. Il se rappelle, entre autres ce que disait le prophète Isaïe à ses compatriotes dans une période terrible, celle de l’Exil à Babylone : « Redonnez de la vigueur aux mains défaillantes et aux genoux qui fléchissent ». Et tout le monde connaissait la suite : la promesse du salut, d’abord, c’est-à-dire bien concrètement du retour au pays, et ensuite, l’accomplissement de cette promesse, c’est-à-dire ce retour précisément. En citant le grand prophète de l’Exil, l’auteur de la lettre aux Hébreux veut probablement suggérer ici que les Chrétiens en butte à la persécution sont eux aussi, de quelque manière en exil.
 Deuxième manière de réconforter ses frères, le prédicateur aborde le délicat problème de la souffrance. Non pas pour la justifier, ni pour l’expliquer, mais pour les inviter à lui donner un sens. La Bible a toujours soutenu que la souffrance est un mal, mais qu’elle peut devenir un chemin : parce qu’elle est une épreuve pour la foi, elle peut faire grandir la foi. Le croyant sait que quoi qu’il arrive, Dieu est silencieux, peut-être, mais il n’est ni sourd ni indifférent ; au contraire, il accompagne chacun de nos pas sur ce dur chemin. De ce mal, nous pouvons sortir grandis, avec l’aide de Dieu. C’est dans ce sens-là que l’on peut comprendre, je crois, la phrase : « Ce que vous endurez est une leçon. » Et là, notre auteur s’inspire d’un autre livre de la Bible, le livre des Proverbes : « Ne rejette pas, mon fils, l’éducation du SEIGNEUR, et ne te lasse pas de ses avis. Car le SEIGNEUR réprimande celui qu’il aime tout comme un père (réprimande) le fils qu’il chérit. » (Pr 3, 11-12).
 Pour les premiers Chrétiens, ce thème était familier car ils connaissaient bien le livre du Deutéronome qui comparait Dieu à un pédagogue qui accompagne au jour le jour la croissance de ceux qu’il éduque : « Tu te souviendras de toute la route que le SEIGNEUR ton Dieu t’a fait parcourir depuis quarante ans dans le désert, afin de te mettre dans la pauvreté ; ainsi il t’éprouvait pour connaître ce qu’il y avait dans ton coeur et savoir si tu allais, oui ou non, observer ses commandements. Il t’a mis dans la pauvreté, il t’a fait avoir faim et il t’a donné à manger la manne que ni toi ni tes pères ne connaissiez, pour te faire reconnaître que l’homme ne vit pas de pain seulement, mais qu’il vit de tout ce qui sort de la bouche du SEIGNEUR … et tu reconnais, à la réflexion, que le SEIGNEUR ton Dieu faisait ton éducation comme un homme fait celle de son fils. » (Dt 8, 2-5).
 Lorsqu’elle est vécue ainsi dans la confiance en Dieu, notre souffrance peut devenir pour ceux qui nous regardent un lieu de témoignage de notre espérance et de la paix intérieure que donne l’Esprit. La première lettre de Pierre est très éclairante à ce sujet : il compare la persécution à la fournaise d’un orfèvre : « Il faut que, pour un peu de temps, vous soyez affligés par diverses épreuves, afin que la valeur éprouvée de votre foi – beaucoup plus précieuse que l’or périssable qui pourtant est éprouvé par le feu – provoque louange, gloire et honneur lors de la révélation de Jésus-Christ. » (1 P 1, 6-7). Un peu plus loin, il en déduit : « Bien-aimés, ne trouvez pas étrange d’être dans la fournaise de l’épreuve, comme s’il vous arrivait quelque chose d’anormal. Mais, dans la mesure où vous avez part aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin que, lors de la révélation de sa gloire, vous soyez aussi dans la joie et l’allégresse. » (1 P 4, 12-13).
 La souffrance peut donc devenir une école ; celle où nous apprenons à vivre dans l’Esprit, quoi qu’il arrive ; c’est Pierre qui dit : « Si l’on vous outrage pour le nom du Christ, heureux êtes-vous, car l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu repose sur vous. » (1 P 4, 14). Et Paul, qui sait, lui aussi, de quoi il parle, dit dans la lettre aux Romains : « La détresse produit la persévérance, la persévérance la fidélité éprouvée, la fidélité éprouvée l’espérance ; et l’espérance ne trompe pas, car l’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. » (Rm 5, 3-4). Encore une fois, ce n’est pas la souffrance en elle-même qui est bonne ou qui serait voulue par Dieu ; mais elle fait partie de notre condition humaine : Dieu nous confie l’honneur et la responsabilité du témoignage de la foi ; si la persécution fait partie, malheureusement, du parcours chrétien, ce n’est pas que Dieu l’ait voulu, c’est le fait des hommes. Quand Jésus dit « Il faut que le Fils de l’homme souffre », il ne s’agit évidemment pas d’une exigence de Dieu, mais de la triste réalité de l’opposition des hommes. Comme disait Paul aux premières communautés d’Asie Mineure, elles aussi en butte à la persécution : « Il nous faut passer par beaucoup de détresses pour entrer dans le Royaume de Dieu. » (Ac 14, 22).

HOMÉLIE DU 21ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (25 AOUT 2013)

23 août, 2013

http://dimancheprochain.org/4061-4061/

HOMÉLIE DU 21ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (25 AOUT 2013)

ABBÉ JEAN COMPAZIEU 

Les textes bibliques de ce jour nous révèlent un Dieu qui promet de nous rassembler. Il ne peut être que le « Dieu pour tous ». C’est ce que nous lisons dans le livre d’Isaïe (première lecture) : « Je viens rassembler les hommes de toutes les nations et ils verront ma gloire ». Voilà la bonne nouvelle de ce jour : Dieu veut rassembler tous les hommes. Il veut les rendre heureux. Ce message voudrait rejoindre notre monde d’aujourd’hui dans ce qu’il vit. Beaucoup n’entendent pas ou ne veulent pas entendre les appels du Seigneur : on organise sa vie sans lui et en dehors de lui.
Mais Dieu ne peut se résigner à cette dispersion ; c’est ce que nous fait comprendre le prophète Isaïe : « Les messagers du Seigneur annonceront ma gloire parmi les nations ». Ces messagers, c’est nous. Le salut des nations est l’œuvre de tous. C’est une œuvre collective et communautaire. Mais le maître d’œuvre c’est Dieu. C’est lui qui a l’initiative. Il compte sur nous pour témoigner, mais c’est lui qui agit dans le cœur de ceux qu’il met sur notre route. Saint Augustin nous le dit à sa manière : « Dieu nous a créés sans nous mais il ne nous sauvera pas malgré nous. »
Pour l’auteur de la lettre aux Hébreux, ce qui est premier c’est cet amour de Dieu. Nous ne devons pas en douter, même dans les moments d’épreuves. Dieu se comporte envers nous comme un père envers ses enfants. Il n’hésite pas à les conseiller, à les encourager et à les reprendre. Quand on aime, on se met parfois en colère. Ce n’est que bien plus tard que les enfants comprennent les effets bénéfiques de cette colère paternelle. L’important c’est de ne jamais perdre de vue que Dieu est amour. Il nous aime infiniment, tels que nous sommes et il est toujours à nos côtés pour nous relever. Son grand projet c’est de nous rassembler tous dans son Royaume.
L’Évangile nous montre précisément les conditions qui nous permettront d’entrer dans ce rassemblement : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite » nous dit Jésus. Pour être sauvés, il faut être courageux et fidèles. Il faut surtout correspondre à la grâce de Dieu. Notre certificat de baptême n’est pas un laissez-passer suffisant pour entrer dans la salle des fêtes. C’est dans notre vie de tous les jours que s’exprime notre acceptation du salut. Jésus nous invite à l’accueillir et à le laisser faire son œuvre de salut en nous.
Notre entrée dans le Royaume ne se fera pas sans une vraie conversion personnelle. Passer par la porte étroite c’est se libérer des privilèges, des honneurs et des prétentions qui encombrent notre vie. Toutes les richesses que nous aurons accumulées ne nous seront d’aucune utilité lors de notre passage vers « l’autre rive ». Pour aller à Jésus, il faut se faire tout petit. Si nous sommes imbus de nos certitudes et de nos préjugés, cela ne sera pas possible. Nous resterons fermés sur nous-mêmes et incapables d’accueillir une parole qui vient d’ailleurs.
« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ! » Dans certains grands immeubles, on trouve deux portes dont l’une est réservée au service. Celle-ci est étroite et elle donne sur un escalier plutôt raide. Cette image vient nous rappeler l’orientation que nous avons à donner à notre vie. Passer par la porte étroite c’est s’engager dans l’escalier de service, c’est se donner aux autres, c’est accueillir et partager. Chaque jour, l’actualité nous montre des gens qui s’engagent au service de ceux qui ont tout perdu dans les catastrophes qui ne cessent de s’accumuler dans le monde. Ils donnent de leurs temps, de leurs forces et de leur argent pour les aider à sortir de cette situation désastreuse. Tout ce que nous pouvons faire pour aider l’autre à se relever et à retrouver sa dignité prend valeur d’éternité.
Cette porte étroite c’est celle que le Christ a franchie. En mourant sur une croix et en ressuscitant, il nous a ouvert un passage ver la Vie Éternelle. Un jour, il a dit : « Je suis la porte des brebis. Celui qui entrera par moi sera sauvé. » Notre entrée dans le Royaume dépend donc de la place que nous donnons au Christ dans notre vie. Le Salut est offert à tous, mais rien n’est possible sans notre accueil. Ce salut est une qualité de vie dans l’amour, une relation dont on jouit ou non. Vouloir faire semblant ne sert à rien. L’amour est vrai ou il n’est pas.
En ce dimanche, nous nous tournons vers toi Seigneur. Nous te redisons notre désir de vivre en toi et d’avancer avec toi. Beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas. Mais avec toi, tout est possible. Aide-nous à nous débarrasser de tout ce qui nous encombre et de tout ce qui retarde notre marche à ta suite. Que ta parole réveille notre foi. Alors nous pourrons marcher vers toi avec la multitude de ceux que tu appelles. Amen.

Sources : Revues Feu Nouveau et Signes, Missel communautaire, Pour la célébration Eucharistique (Feder et Gorius), lectures bibliques des dimanches (A. Vanhoye), dossiers personnels

Bienheureuse Vierge Marie invoquée sous le titre de «Reine».

22 août, 2013

Bienheureuse Vierge Marie invoquée sous le titre de «Reine». dans images sacrée

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