Archive pour le 2 août, 2013

Ethiopian Iconography

2 août, 2013

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DIMANCHE 4 AOÛT : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – PREMIERE ET DEUXIEME LECTURE

2 août, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DIMANCHE 4 AOÛT : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

PREMIERE LECTURE – Ecclésiaste 1, 2 ; 2, 21-23
1, 2 Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, 
 vanité des vanités, tout est vanité !
2, 21 Un homme s’est donné de la peine ; 
 il était avisé, il s’y connaissait, il a réussi. 
 Et voilà qu’il doit laisser son bien 
 à quelqu’un qui ne s’est donné aucune peine. 
 Cela aussi est vanité, c’est un scandale.
22 En effet, que reste-t-il à l’homme 
 de toute la peine et de tous les calculs 
 pour lesquels il se fatigue sous le soleil ?
23 Tous les jours sont autant de souffrances, 
 ses occupations sont autant de tourments ; 
 même la nuit, son coeur n’a pas de repos. 
 Cela encore est vanité.

Quand nous lisons le livre de l’Ecclésiaste, nous courons toujours un risque, celui de nous tromper de registre. Car, quelles que soient les apparences, l’auteur, Qohéleth n’est pas un philosophe, c’est un prédicateur. Il est vrai que son livre est classé dans la catégorie des « livres de sagesse ». Mais, ne nous y trompons pas, les livres bibliques dits de sagesse ne sont pas des essais philosophiques à la manière des païens ou des agnostiques ; ce sont d’abord et avant tout des livres de croyants écrits par des croyants pour des croyants, des catéchismes en somme.
 « Vanité des vanités, tout est vanité » : ce sont les premiers mots de notre texte d’aujourd’hui, mais aussi les premiers mots du livre de l’Ecclésiaste et aussi peut-être ce qui le résume le mieux. Le mot « vanité », ici, n’a pas de connotation morale ; une traduction plus littérale serait « Buée de buées » : quelque chose d’évanescent ; qui peut se vanter de retenir une buée entre ses doigts ? Une autre expression, à peu près synonyme, que l’auteur affectionne est « poursuite de vent ». Traduisez : tout sur terre, tout ce à quoi nous dédions nos pensées, nos rêves, nos forces, nos activités, notre temps, tout n’est qu’éphémère, provisoire, passager. Tout ? Oui, tout… ou presque. Tout, sauf une seule chose au monde. Laquelle ? L’auteur laisse planer le suspense très longtemps. A la fin de son livre, seulement à la fin, il dira quelle est la seule chose importante au monde : la recherche de Dieu, évidemment. Quand l’auteur livre enfin son secret, on comprend alors qu’il ne nous a pas délivré une méditation philosophique désabusée, mais en réalité une prédication musclée dite à mots couverts.
 En attendant, il décrit de mille et une manières les multiples activités des hommes, comme autant d’efforts en fin de compte inutiles, poursuite de vent, efforts dérisoires pour retenir des buées entre nos doigts. Pour appuyer son propos, il a choisi de faire parler l’un des grands de ce monde, le roi Salomon en personne ; probablement parce qu’il lui paraît bien représentatif : homme de désir, homme de pouvoir, homme couronné de gloire, mais d’une gloire sans lendemain. Car la vie de Salomon a connu plusieurs périodes très différentes : avant son accession au trône, nous ne savons rien de lui sinon son féroce appétit pour arriver au pouvoir. Une fois roi, il fut dans un premier temps admirable de sagesse et d’humilité ; en revanche, à la fin de sa vie, il tomba dans de grandes erreurs : l’idolâtrie et le goût de la richesse reprirent le dessus.
 Notre auteur, Qohéleth trouve évidemment ici grande matière à méditation et dans son livre, il fait parler Salomon comme s’il faisait le bilan de son règne. Règne de puissance et de richesse (Jésus peut parler de lui en disant « Salomon dans toute sa gloire ») : sa sagesse et ses grands travaux ont subjugué les puissants et les sages de son temps ; il a profité de tous les plaisirs de la vie ; mais chacun sait aussi l’échec final de son règne : Roboam, son fils, s’avère incapable de mener une sage politique, le royaume se déchire, pire, l’idolâtrie reprend le dessus. En peu d’années, la gloire de Salomon a disparu et notre auteur peut écrire en pensant à lui : « Un homme s’est donné de la peine ; il était avisé, il s’y connaissait, il a réussi. Et voilà qu’il doit laisser son bien à quelqu’un qui ne s’est donné aucune peine… Que reste-t-il ??? »
 Et c’est le grand roi Salomon qui parle ! Celui que beaucoup ont envié. Finalement, insinue Qohéleth, il n’y avait pas de quoi : « Moi, je déteste tout le travail que j’ai fait sous le soleil et que j’abandonnerai à l’homme qui me succédera. Qui sait s’il sera sage ou insensé ? » (Qo 2, 18-19). Lorsque Qohéleth médite ainsi sur l’histoire de Salomon, il sait trop bien qu’effectivement, Roboam, le fils de Salomon, et son successeur sur le trône de Jérusalem, manqua terriblement de sagesse. Et c’est de là que vint le schisme qui devait diviser à tout jamais le royaume de David.
 C’est à la lumière de cette expérience que Qohéleth regarde la vie sur cette terre : « Tout n’est que vanité ». Plusieurs psaumes disaient d’ailleurs des choses semblables : « L’homme, ses jours sont comme l’herbe, il fleurit comme la fleur des champs : que le vent passe, elle n’est plus, et la place où elle était l’a oubliée. » (Ps 103, 15-16). Devant cet apparent pessimisme, on peut se demander, et on ne serait pas les premiers, pourquoi Qohéleth a été retenu dans le canon des Ecritures ? En réalité, il y a, sous cette apparente désespérance, un véritable langage de foi : Dieu est notre Créateur, lui seul connaît tous les mystères ; toute recherche de bonheur en dehors de Lui est vaine ; lui seul détient les clés de la vraie sagesse et, en définitive, même si nous ne comprenons pas les mystères de l’existence, nous savons que tout est don de Dieu. A travers le pessimisme apparent de Qohéleth, apparaissent donc des rais de lumière : la foi en Dieu est sous-jacente, l’horizon n’est pas bouché. Et la seule vraie valeur au monde, celle qui ne décevra pas, c’est la foi, justement, ou la Sagesse, qui est abandon dans les mains de Dieu : « Les justes, les sages et leurs travaux sont dans les mains de Dieu. » (Qo 9, 1). « Dieu donne à l’homme qui lui plaît sagesse, science et joie. » (Qo 2, 26). Et, bien sûr, la morale de l’histoire, c’est qu’il faut pratiquer les commandements de Dieu, c’est le seul chemin du bonheur : « Celui qui observe le commandement ne connaîtra rien de mauvais. » (Qo 8, 5).
 Pour finir, le fin mot de la sagesse, la vraie, celle que Dieu seul peut donner, c’est l’humilité : celle qui consiste à vivre tout simplement notre vie, telle qu’elle est, toute petite en définitive, comme un cadeau de Dieu : « Tout homme qui mange et boit et goûte au bonheur en tout son travail, c’est là un don de Dieu. » (Qo 3, 13). Au fond, en se mettant à la place de Salomon, supposé faire le bilan de sa vie, c’est Qohéleth lui-même qui va jusqu’au bout de la Sagesse, là où Salomon aurait dû aller.

DEUXIEME LECTURE – Colossiens 3, 1 – 5. 9 – 11
Frères,
1 vous êtes ressuscités avec le Christ. 
 Recherchez donc les réalités d’en haut : 
 c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu.
2 Tendez vers les réalités d’en haut, 
 et non pas vers celles de la terre.
3 En effet, vous êtes morts avec le Christ, 
 et votre vie reste cachée avec lui en Dieu.
4 Quand paraîtra le Christ, votre vie, 
 alors vous aussi, 
 vous paraîtrez avec lui en pleine gloire.
5 Faites donc mourir en vous 
 ce qui appartient encore à la terre : 
 débauche, impureté, passions, désirs mauvais, 
 et cet appétit de jouissance qui est un culte rendu aux idoles.
9 Plus de mensonge entre vous ; 
 débarrassez-vous des agissements
 de l’homme ancien qui est en vous,
10 et revêtez l’homme nouveau, 
 celui que le Créateur refait toujours neuf à son image, 
 pour le conduire à la vraie connaissance.
11 Alors, 
 il n’y a plus de Grec et de Juif, 
 d’Israélite et de païen, 
 il n’y a pas de barbare, de sauvage, d’esclave, d’homme libre, 
 il n’y a que le Christ : 
 en tous, il est tout.

Première remarque : Paul fait une distinction entre ce qu’il appelle « les réalités d’en haut » et « celles de la terre ». Il ne s’agit pas de choses d’en-haut ou d’en-bas, il veut dire par là qu’il y a deux manières de vivre : il y a les comportements inspirés par l’Esprit Saint et ceux qui ne sont pas inspirés par lui. Ce qu’il appelle les « réalités d’en-haut », c’est la bienveillance, l’humilité, la douceur, la patience, le pardon mutuel… Tout cela c’est la manière de vivre selon l’Esprit ; c’est ou ce devrait toujours être le comportement des baptisés. Ce qu’il appelle les réalités terrestres, c’est la débauche, l’impureté, la passion, la cupidité, la convoitise… Evidemment, toutes ces manières-là ne sont pas inspirées par l’Esprit Saint.
 Deuxième remarque : lorsqu’il nous dit « vous êtes ressuscités », c’est de notre baptême qu’il parle. C’est pour cela qu’il fait un lien précis entre notre baptême et notre manière de vivre : « Vous êtes ressuscités avec le Christ. Recherchez donc les réalités d’en haut ».
 Troisième remarque : il parle au présent pour dire « vous êtes ressuscités » ; trois lignes plus bas, en revanche, il dira « vous êtes morts »… Nous nous sentons bien vivants, pourtant, c’est-à-dire pas encore morts… et encore moins ressuscités ! Il faut donc croire que les mots n’ont pas le même sens pour lui que pour nous ! Et là, nous reconnaissons bien la théologie de Paul. Car, pour lui, depuis la Résurrection du Christ, plus rien n’est comme avant.
 Etre des ressuscités, c’est précisément être nés à une nouvelle manière de vivre, une vie selon l’Esprit, ce qu’il appelle les réalités d’en-haut. Un « Chrétien », normalement, c’est quelqu’un qui est transformé, et qui vit à la manière du Christ : il l’appelle un « homme nouveau ». En nous voyant vivre et en voyant vivre nos communautés, on devrait pouvoir dire : il y a un avant et un après le Baptême. Notre vie quotidienne n’est pas changée, mais depuis la Résurrection du Christ et notre baptême, il y a une manière nouvelle de vivre notre réalité quotidienne : un comportement à la manière du Christ.
 Pour autant, on est bien loin d’un mépris de ce que nous, nous appelons les choses de la terre ; au contraire, Paul dit à peine plus loin, dans cette même lettre : « Tout ce que vous pouvez dire ou faire, faites-le au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâce par lui à Dieu le Père. » Pour le dire autrement, Dieu nous a confié les réalités de notre vie quotidienne, ce n’est pas pour que nous les méprisions !
 Encore une fois, il ne s’agit pas de vivre une autre vie que la vie ordinaire, mais de vivre autrement la vie ordinaire. C’est ce monde-ci qui est promis au Royaume, il ne s’agit donc pas de le mépriser mais de le vivre déjà comme la semence du Royaume. Et ce Royaume, quel est-il ? Il est ce lieu où tous les hommes sont frères ; comme disait Paul dans la lettre aux Galates : « En Jésus Christ, vous êtes tous fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n’y a plus ni Juif ni païen, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus. » (Ga 3, 26-28).
 Nous venons d’entendre des termes presque identiques dans la lettre aux Colossiens (notre lecture de ce dimanche) : « Il n’y a plus de Grec et de Juif, d’Israélite et de païen, il n’y a pas de barbare, de sauvage, d’esclave, d’homme libre, il n’y a que le Christ : en tous, il est tout. »
 Si Paul a senti la nécessité de reproduire presque à l’identique un passage entier de la lettre aux Galates c’est que la communauté de Colosses avait probablement encore les mêmes problèmes que les Galates. Or ces problèmes des Galates, nous les connaissons bien : en particulier, il y a la grande question qui a empoisonné les premières communautés chrétiennes : lorsque des non-Juifs ont voulu devenir chrétiens, Paul, qui était pourtant d’origine juive, n’a pas jugé utile de leur imposer les coutumes juives, coutumes alimentaires, coutumes de purification et surtout la circoncision. Chez les Galates, comme plus tard, chez les Colossiens, il y avait donc dans les communautés chrétiennes, des baptisés circoncis et d’autres qui ne l’étaient pas. Or des prédicateurs, Juifs d’origine, eux aussi, sont venus et ont soutenu publiquement la thèse contraire : quand des non-Juifs deviennent chrétiens, il ne suffit pas de les baptiser, il faut d’abord en faire des Juifs par la circoncision.
 La réponse de Paul aux Galates, la réponse de l’auteur de la lettre aux Colossiens sont identiques : le baptême fait de vous des frères, aucune des distinctions précédentes entre vous ne compte plus ; entre Chrétiens, tout ostracisme est déplacé, j’aurais dû dire dépassé. Traduisez « Vous êtes tous des baptisés » ; vous êtes des fidèles du Christ, c’est cela seul qui compte. Voilà votre dignité : même s’il subsiste dans la société civile des différences de rôle entre hommes et femmes, même si dans l’Eglise les mêmes responsabilités ne vous sont pas confiées, au regard de la foi, vous êtes avant tout des baptisés. « Il n’y a plus ni esclave ni homme libre » : là encore, cela ne veut pas dire que Paul préconise la révolution ; mais quel que soit le rang social des uns et des autres, vous aurez pour tous la même considération car tous vous êtes des baptisés. Vous ne regarderez pas avec moins de respect et de déférence celui qui vous paraît moins haut placé sur l’échelle sociale : il me semble que la recommandation vaut bien encore pour nous aujourd’hui !
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 Complément
 - Certains exégètes pensent que cette lettre dite de Paul aux Colossiens n’est peut-être pas de Paul ; lequel n’est d’ailleurs jamais allé à Colosses : c’est Epaphras, un disciple de Paul qui a fondé cette communauté. Selon un procédé tout-à-fait admis et courant au premier siècle (et qu’on appelle la pseudépigraphie), on suppose (mais ce n’est qu’une hypothèse) qu’un disciple de Paul très proche de sa pensée se serait adressé aux Colossiens sous le couvert de l’autorité de l’apôtre parce que l’heure était grave. Si l’hypothèse est la bonne, on ne s’étonne pas de retrouver dans cet écrit des phrases textuellement empruntées à Paul et d’autres qui montrent comment la méditation théologique continuait à se développer dans les communautés chrétiennes : Jésus avait bien dit : « L’Esprit vous mènera vers la vérité tout entière. » Et, au cours des dimanches précédents, nous avons eu déjà l’occasion de signaler des développements théologiques que l’on ne retrouve pas encore dans les oeuvres de Paul lui-même.

18e dimanche du Temps Ordinaire – Homélie

2 août, 2013

http://www.homelies.fr/homelie,,3548.html

18e dimanche du Temps Ordinaire

dimanche 4 août 2013

Famille de Saint Joseph Août 2013  

Homélie Messe

« Vanité des vanités, tout est vanité » : cette sentence désabusée du roi Qohélet est devenue proverbiale. Pour se convaincre de sa sagesse, il suffit de porter un regard lucide sur les événements de ce monde : que d’injustices ! Que d’énergies englouties dans des projets éphémères ; que d’espoirs de prospérité légitimes détruits scandaleusement !
L’épisode présenté dans l’Évangile est une application directe de ce qui choque notre sage : « Un homme s’est donné de la peine ; et voilà qu’il doit laisser son bien à quelqu’un qui ne s’est donné aucune peine ». Ce dernier – le bénéficiaire du travail d’un autre – trouve même le moyen de se disputer avec son frère, en refusant de partager avec lui le don gratuit qui leur est fait à tous deux. Non seulement celui qui a amassé l’héritage ne jouit pas du fruit de son travail, mais en raison de leur « âpreté au gain », ses héritiers n’en profitent pas davantage : ils s’entredéchirent plutôt !
Celui qui se sent lésé élève la voix : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage ». La démarche peut nous surprendre, mais il était normal dans le monde juif de l’époque, de consulter un « rabbi » pour résoudre ce genre de litige. Pourtant Jésus le repousse vivement : « Homme – le terme est omis dans la traduction liturgique, mais il signifie qu’au-delà de cette rencontre particulière, c’est à tout homme que Jésus s’adresse – qui m’a établi pour faire vos partages ? » – sous entendu « les partages de vos biens terrestres ». Rompant avec la tradition rabbinique, Jésus refuse d’entrer dans la résolution du différent, argumentant que « la vie d’un homme, fût-il dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses », car la jouissance de la vie véritable ne saurait découler de la possession de biens éphémères. Le seul problème de succession qui compte porte sur notre véritable héritage, auquel nous avons accès en devenant par la foi, cohéritier avec Jésus de la vie éternelle (cf. Rm 8, 17).
Nous nous acheminons ainsi vers l’interrogation que nous pose la liturgie de ce jour : à quoi notre cœur s’attache-t-il ? Vers quoi tendons-nous ? Quel sens donnons-nous à notre vie à travers nos choix quotidiens ?
Le problème de l’homme riche que Jésus met en scène n’est pas d’avoir amassé des richesses, mais de s’être coupé du réel. Il s’est en effet construit un monde imaginaire où il se trouve seul avec lui-même, dans un illusoire dialogue sans interlocuteur, puisque c’est à son « âme » qu’il s’adresse. Or que nous le voulions ou non, nous nous inscrivons dans une réalité organique qui englobe toute l’humanité, appelée à devenir le Corps du Christ, la Famille de Dieu. Cet homme désire « se reposer », sans autre souci que de « jouir de l’existence » dans une vie centrée sur le « boire » et le « manger », c’est-à-dire la satisfaction égoïste de ses besoins. Hélas, le réveil de ce songe sera douloureux : « cette nuit même on te redemande ta vie ! » Au lieu de « s’enrichir aux yeux de Dieu » en partageant ici-bas ses biens avec ceux qui en ont besoin, il va se trouver pauvre et nu dans l’au-delà, tandis que d’autres jouiront de ce qu’il aura amassé dans ses greniers.
En ne vivant que pour lui-même, sans souci ni de Dieu ni des autres, ce pauvre homme est devenu « fou », c’est-à-dire insensé, n’ayant pas su interpréter le sens des richesses que Dieu lui confiait.
Cet insensé, c’est nous, chaque fois que, perdant de vue notre destinée de gloire, nous vivons ici-bas en n’ayant d’autre horizon que la satisfaction de nos désirs et de nos envies. Dans la seconde lecture, Saint Paul nous aide vigoureusement à vérifier où nous en sommes de la gestion de notre vie : si nous nous adonnons « à la débauche ou à l’impureté », si nous cédons « aux passions, aux désirs mauvais, et à l’appétit de jouissance », il est clair que nous n’avons pas encore réalisé la « vanité » des plaisirs de ce monde. Aussi longtemps que nous demeurons prisonniers de nos fantasmes, nous « ne recevrons pas en héritage le Royaume de Dieu », auquel nous ne pouvons accéder qu’en adoptant le comportement de l’homme nouveau, celui que le Père « refait toujours neuf à l’image de son Fils pour nous conduire à la vraie connaissance » de son dessein (cf. 2nd lect.).
Ceci ne signifie pas pour autant que ce monde constituerait un piège satanique : entre l’idolâtrie et la diabolisation des biens éphémères, Saint Paul nous enseigne une voie médiane, qui consiste à rechercher « les réalités d’en haut », tout en poursuivant notre pèlerinage ici-bas. La conclusion de la deuxième lecture est éloquente à cet égard : pour ceux qui orientent leur vie vers le Royaume qui vient, « iI n’y a plus de Grec et de Juif, plus d’esclave, d’homme libre, il n’y a que le Christ : en tous, il est tout ». L’unité finale de l’humanité est anticipée par le disciple, et détermine dès à présent son comportement, en particulier le souci de ses frères. Par contre celui qui s’attache à des futilités, dresse autour de lui les barrières de l’avarice et de l’envie, qui conduisent aux divisions et à la violence. C’est bien ce que confirme l’épisode de ces deux frères, qui au lieu de s’accorder en bonne intelligence par respect pour la mémoire de leur père et dans l’intérêt de leurs familles, viennent demander à Jésus de consacrer leur division.
L’Eglise nous invite à mettre à profit ce temps estival pour vérifier notre degré de liberté face aux sollicitations de ce monde. Parvenons-nous à conduire nos activités dans l’Esprit de l’Évangile, ou sommes-nous aliénés par les pseudo-besoins créés par une économie de marché qui envahit tous les domaines de notre vie quotidienne ?
La prière du psaume de ce jour peut nous aider dans ce travail de conversion : « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse ». Le souvenir de l’échéance inévitable qui nous attend au terme de cette courte vie, est sans aucun doute un moyen efficace pour « nous débarrasser des agissements de l’homme ancien » (2nd lect.).
« Oui Seigneur : « apprends-nous la vraie mesure de nos jours », afin que faisant un bon usage des biens qui passent, nous puissions dès à présent et pour toujours, nous attacher aux biens qui ne passeront pas. »
Père Joseph-Marie