Archive pour juillet, 2013

LA RÈGLE DE SAINT BENOÎT – CHAPITRE VII: DE L’HUMILITE

10 juillet, 2013

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/benoit/regle.htm#_Toc502483631

LA RÈGLE DE SAINT BENOÎT

CHAPITRE VII: DE L’HUMILITE

La divine Ecriture, mes frères, proclame pour notre gouverne : « Quiconque s’élève sera humilié, et celui qui s’humilie sera glorifié. » En tenant ce langage, elle nous montre que tout élèvement s’apparente à l’orgueil, et nécessite les précautions dont se munit le Prophète disant : « Seigneur, j’ai fui l’élèvement du cœur et les hautes ambitions ; je n’ai point marché dans des voies prétentieuses, ni vers le mirage d’une condition supérieure à la mienne.  » Bien plus, il poursuit :  » Si je n’entretiens de bas sentiments de moi-même, Si je m’estime plus que je ne dois, tu me traiteras dans ta justice comme l’enfant trop tôt sevré, qu’on arrache des bras de sa mère.
Voulons-nous, par conséquent, mes frères, atteindre au sommet de cette souveraine humilité, voulons-nous parvenir par une ascension rapide à ces hauteurs célestes où mène l’abaissement de la vie présente, il s’agit alors d’y monter par la gradation de nos œuvres, et de dresser vers le ciel cette même échelle où Jacob vit en songe monter et descendre les anges. Il est ici hors de doute que monter et descendre signifient pour nous que l’on s’abaisse en voulant s’élever, et qu’on s’élève en s’abaissant. Quant à cette échelle dressée, c’est proprement notre vie d’ici-bas, pour alitant que le Seigneur élève jusqu’aux cieux le cœur qui s’humilie. Convenons maintenant que les deux côtés de l’échelle figurent notre corps et notre âme : entre ces montants, Dieu a inséré, nous invitant à les gravir, les échelons successifs de l’art spirituel qui porte nom humilité.
Le premier degré d’humilité est que, par l’effet d’une constante attention à la crainte de Dieu, on échappe résolument à la légèreté d’esprit et qu’on se remémore tous les préceptes divins. Si l’on ne cesse, en effet, de retourner dans son esprit la menace de la géhenne où brûlent pour leurs péchés ceux qui méprisent Dieu, et la promesse de vie éternelle réservée à ceux qui le craignent, on saura se garder à toute heure des péchés et des vices, ceux des pensées, de la langue, des mains, des pieds, ceux de la volonté propre, ou encore des désirs de la chair. Que l’homme considère donc que Dieu le regarde à tout moment du haut du ciel ? en quelque lieu que nous soyons, nos actions sont à découvert sous les yeux de la Divinité et lui sont à tout instant rapportées par les anges. Le Prophète nous donne à entendre cette vérité, et témoigne à quel point nos plus secrètes pensées sont à nu devant Dieu, quand il dit :  » Dieu scrute les reins et les cœurs, » et de même : « Le Seigneur connaît les desseins des hommes  » ; il dit encore : « Tu pénètres de loin mes pensées, » et : « Tout ce qui s’agite en l’homme vient se déclarer devant Toi. » Dès lors, pour exercer la vigilance sur ses pensées mauvaises, un frère avisé ne manquera pas de se redire au fond du cœur : Pour être sans tache devant Lui, il faut me bien garder de jamais l’offenser.
Quant à la volonté propre, nous trouvons dans l’Ecriture cette défense expresse de la suivre : « Détourne-toi de tes volontés.  » Nous demandons d’ailleurs nous-mêmes à Dieu dans la Prière  » que ce soit sa volonté qui s’accomplisse en nous. « On voit par là combien justifiée est la doctrine du renoncement à la volonté propre; car on évite ainsi l’écueil signalé dans l’Ecriture :  » Il est des chemins qui aux yeux des hommes semblent droits, mais qui, au terme, vous plongent jusqu’au fond de l’enfer. » Et nous serons bien inspirés d’envisager avec frayeur le sort de ceux qui se laissent aller à leurs penchants, et dont il est écrit  » qu’ils s’y corrompent et y deviennent abominables à Dieu. »
Enfin, pour maîtriser les désirs de la chair, recourons encore et toujours au sentiment de la présence de Dieu, et disons avec le Prophète : « Tous mes désirs, Seigneur, sont devant Toi. » S’il faut ainsi nous garder du désir mauvais, c’est que la mort est postée sur le seuil même de l’accès au plaisir ; d’où le précepte de l’Ecriture : « Ne te laisse pas entraîner par tes convoitises. »
En résumé, si les yeux du Seigneur observent sans cesse les bons et les méchants, si le Seigneur jette du haut du ciel ses regards sur les enfants des hommes pour discerner ceux qui se montrent attentifs à Le chercher, si enfin les anges établis sur nous font chaque jour, font nuit et jour, rapport à Dieu de nos actions, il nous faut prendre garde à tout instant, mes frères, comme dit le Prophète dans les psaumes, que Dieu ne nous voie à quelque moment enclins à pécher, abusant de sa grâce, de peur que, nous ayant épargnés aujourd’hui par grande indulgence et parce qu’il nous laisse le temps de nous amender et de nous tourner vers lui, il ne nous dise un jour :  » Voilà ce que tu as fait, et je patientais. »
Le second degré d’humilité consiste à se détacher assez de la volonté propre pour ne plus goûter la satisfaction d’en suivre les mouvements, et pour réaliser dans sa conduite ce que le Seigneur dit de lui-même : « Je ne suis pas venu faire ici-bas ma volonté, mais celle du Père qui m’a envoyé. » L’Ecriture dit ailleurs : « Courir au plaisir c’est encourir la peine, et plier sous la loi c’est gagner la couronne. »
Le troisième degré d’humilité est que, pour l’amour de Dieu, on se soumette au supérieur avec une obéissance sans réserve, à l’imitation du Seigneur qui, nous dit l’Apôtre, « s’est fait obéissant jusqu’à la mort. »
Au quatrième degré d’humilité, s’il arrive que, dans cette voie d’obéissance, on soit en butte à toute sorte de difficultés, de traitements durs ou même injustes, alors, au lieu de protester, on met tout son cœur à embrasser la patience, et à tout supporter sans lâcher prise ni reculer d’un pas, car l’Ecriture dit : « Qui persévère jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. » Et en un autre endroit : « Que ton cœur s’affermisse, et soutienne les délais du Seigneur. Elle montre encore que l’âme fidèle doit, pour le Seigneur, tout endurer et jusqu’aux pires contrariétés, quand elle fait ainsi parler ceux qui sont dans l’épreuve :  » C’est à cause de Toi qu’à longueur de journée nous sommes exposés à la mort et traités comme menu bétail de boucherie. » Inébranlables toutefois dans l’espérance de la rétribution divine, ils poursuivent avec joie : « Mais en toutes ces rencontres nous gardons l’avantage, pour l’amour de Celui qui nous a aimés. » Ailleurs on lit encore dans l’Ecriture : « Tu nous as éprouvés, Seigneur, tu nous as fait passer par le feu, comme l’argent qu’on éprouve dans la fournaise ; tu nous as fait prendre au lacet, tu as accumulé les tribulations sur nos épaules. » Et qu’il nous faille ainsi subir le joug d’un supérieur, la suite du texte le montre bien : « Tu as placé des hommes comme un poids sur nos têtes. » De fait, c’est par la patience au milieu des contradictions et des injustices qu’on accomplira jusqu’au bout le précepte du Seigneur : frappé sur une joue, on tendra l’autre ; à qui ravit la tunique, on abandonne par surcroît le manteau ; angarié pour une corvée d’un mille, on en fera deux ; avec l’Apôtre Paul on supporte les faux frères, et à ceux qui maudissent, on adresse en retour des paroles de bénédiction.
Le cinquième degré d’humilité est de ne rien cacher à son Abbé des pensées mauvaises qui se présentent à l’esprit, ni des fautes commises dans le secret. L’Ecriture nous exhorte à pratiquer cette humble confession quand elle nous dit : « Expose devant Dieu ta conduite et espère en Lui, » ou encore :  » Confessez-vous au Seigneur, car il est bon, et sa miséricorde est éternelle. » Le Roi Prophète dit aussi :  » Je T’ai déclaré mon péché, et je n’ai pas celé mon iniquité ; j’ai dit : je prononcerai contre moi-même devant le Seigneur que j’ai offensé ; mais Ta bonté corrigera la malice de mon âme. »
Le sixième degré d’humilité est qu’un moine trouve son contentement dans tout ce qu’il y a de plus commun et de moindre. Dans les tâches où on l’emploie, il se regarde comme un piètre ouvrier et un incapable. Avec le Prophète il se dit : Me voilà ramené à rien, et je ne sais rien ; Tu le vois, je suis traité comme une bête de somme ; mais je me tiens toujours avec Toi.
Le septième degré d’humilité est que le moine, non en protestations purement verbales, mais par un sentiment profond et une intime conviction du cœur, se reconnaisse comme le plus vil et le dernier de tous les êtres, et que s’abaissant jusqu’à terre il dise avec le Prophète : « Moi, je ne suis qu’un ver, et non un homme, la honte de l’humanité et le rebut du peuple. Je m’étais exalté, et me voici dans l’abjection et la confusion. » Le Prophète dit encore : « Comme il est bon pour moi que Tu m’aies humilié ! par là j’ai appris à T’obéir. »
Le huitième degré d’humilité est qu’un moine ne fasse rien qui ne soit conforme à la règle commune du monastère, ou encouragé par la tradition des anciens.
Le neuvième degré d’humilité est qu’un moine sache retenir sa langue et que, fidèle à la loi du silence, il attende pour parler qu’on l’interroge, d’autant que l’Ecriture témoigne qu’ « à parler beaucoup, on ne peut manquer de pécher  » ; et que « le bavard ne trouve pas le droit chemin sur la terre. »
Le dixième degré d’humilité condamne l’habitude de rire à tout propos. Il est écrit : « Le rire bruyant trahit la sottise. »
Le onzième degré d’humilité est que le moine, amené à parler, le fasse sans élever le ton ni badiner, avec une humble gravité, dans un langage sobre et sensé, et qu’il évite les éclats de voix. On dit en effet que « le sage, pour se faire connaître, n’a pas besoin de beaucoup de mots. »
Au douzième degré, l’humilité dont le cœur du moine est rempli passe dans tout son extérieur, et se laisse apercevoir aux regards d’autrui.
A l’Œuvre de Dieu, à l’oratoire, dans le cloître, au jardin, sur les chemins, par les champs, en tout lieu, qu’il soit assis, en marche ou debout, on le voit toujours penchant la tête et fixant les yeux à terre, dans le grave sentiment de sa culpabilité et sous le poids de ses fautes, comme si, à cette heure même, il avait conscience d’affronter le redoutable jugement de Dieu. Dans son cœur il redit sans cesse les paroles que prononçait le publicain de l’Evangile, les yeux humblement baissés: « Seigneur, je ne suis pas digne, moi pécheur, de lever mes regards vers le ciel, » et avec le Prophète il ajoute : « Je me tiens courbé et profondément humilié. »
Lorsqu’enfin le moine a gravi tous ces échelons d’humilité, il atteint bien vite le sommet de la charité divine d’où est bannie la crainte. Tout ce qu’il ne pouvait accomplir au début sans l’appui de cette crainte, il se met à l’observer par amour, sans nul effort, et, pour ainsi dire, avec l’aisance de l’habitude acquise. Ce n’est plus la peur de l’enfer, c’est l’amour du Christ qui le meut, ainsi que l’entraînement au bien et le charme de la vertu. Cette œuvre de L’Esprit-Saint, daigne le Seigneur la montrer achevée en celui qui avec son concours travaille à se purifier des vices et des péchés.

BENOÎT XVI: SAINT BENOÎT DE NURSIE (11 JUILLET)

10 juillet, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20080409_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

MERCREDI 9 AVRIL 2008

SAINT BENOÎT DE NURSIE (11 JUILLET)

Chers frères et sœurs,

Je voudrais parler aujourd’hui de saint Benoît, fondateur du monachisme occidental, et aussi Patron de mon pontificat. Je commence par une parole de saint Grégoire le Grand, qui écrit à propos de saint Benoît:  « L’homme de Dieu qui brilla sur cette terre par de si nombreux miracles, ne brilla pas moins par l’éloquence avec laquelle il sut exposer sa doctrine » (Dial. II, 36). Telles sont les paroles que ce grand Pape écrivit en l’an 592; le saint moine était mort à peine 50 ans auparavant et il était encore vivant dans la mémoire des personnes et en particulier dans le florissant Ordre religieux qu’il avait fondé. Saint Benoît de Nursie, par sa vie et par son œuvre, a exercé une influence fondamentale sur le développement de la civilisation et de la culture européenne. La source la plus importante à propos de la vie de ce saint est le deuxième livre des Dialogues de saint Grégoire le Grand. Il ne s’agit pas d’une biographie au sens classique. Selon les idées de son temps, il voulut illustrer à travers l’exemple d’un homme concret – précisément saint Benoît – l’ascension au sommet de la contemplation, qui peut être réalisée par celui qui s’abandonne à Dieu. Il nous donne donc un modèle  de  la  vie  humaine  comme ascension vers le sommet de la perfection. Saint Grégoire le Grand raconte également dans ce livre des Dialogues de nombreux miracles accomplis par le saint, et ici aussi il ne veut pas raconter simplement quelque chose d’étrange, mais démontrer comment Dieu, en admonestant, en aidant et aussi en punissant, intervient dans les situations concrètes de la vie de l’homme. Il veut démontrer que Dieu n’est pas une hypothèse lointaine placée à l’origine du monde, mais qu’il est présent dans la vie de l’homme, de tout homme.

Cette perspective du « biographe » s’explique également à la lumière du contexte général de son époque:  entre le V et le VI siècle, le monde était bouleversé par une terrible crise des valeurs et des institutions, causée par la chute de l’Empire romain, par l’invasion des nouveaux peuples et par la décadence des mœurs. En présentant saint Benoît comme un « astre lumineux », Grégoire voulait indiquer dans cette situation terrible, précisément ici dans cette ville de Rome, l’issue de la « nuit obscure de l’histoire » (Jean-Paul II, Insegnamenti, II/1, 1979, p. 1158). De fait, l’œuvre du saint et, en particulier, sa Règle se révélèrent détentrices d’un authentique ferment spirituel qui transforma le visage de l’Europe au cours des siècles, bien au-delà des frontières de sa patrie et de son temps, suscitant après la chute de l’unité politique créée par l’empire romain une nouvelle unité spirituelle et culturelle, celle de la foi chrétienne partagée par les peuples du continent. C’est précisément ainsi qu’est née la réalité que nous appelons « Europe ».

La naissance de saint Benoît se situe autour de l’an 480. Il provenait, comme le dit saint Grégoire, « ex provincia Nursiae » – de la région de la Nursie. Ses parents, qui étaient aisés, l’envoyèrent suivre des études à Rome pour sa formation. Il ne s’arrêta cependant pas longtemps dans la Ville éternelle. Comme explication, pleinement crédible, Grégoire mentionne le fait que le jeune Benoît était écoeuré par le style de vie d’un grand nombre de ses compagnons d’étude, qui vivaient de manière dissolue, et qu’il ne voulait pas tomber dans les mêmes erreurs. Il voulait ne plaire qu’à Dieu seul; « soli Deo placere desiderans »  (II  Dial.  Prol. 1). Ainsi, avant même la conclusion de ses études, Benoît quitta Rome et se retira dans la solitude des montagnes à l’est de Rome. Après un premier séjour dans le village d’Effide (aujourd’hui Affile), où il s’associa pendant un certain temps à une « communauté religieuse » de moines, il devint ermite dans la proche Subiaco. Il vécut là pendant trois ans complètement seul dans une grotte qui, depuis le Haut Moyen-âge, constitue le « coeur » d’un monastère bénédictin appelé « Sacro Speco ». La période à Subiaco, une période de solitude avec Dieu, fut un temps de maturation pour Benoît. Il dut supporter et surmonter en ce lieu les trois tentations fondamentales de chaque être humain:  la tentation de l’affirmation personnelle et du désir de se placer lui-même au centre, la tentation de la sensualité et, enfin, la tentation de la colère et de la vengeance. Benoît était en effet convaincu que ce n’était qu’après avoir vaincu ces tentations qu’il aurait pu adresser aux autres une parole pouvant être utile à leur situation de besoin. Et ainsi, son âme désormais pacifiée était en mesure de contrôler pleinement les pulsions du « moi » pour être un créateur de paix autour de lui. Ce n’est qu’alors qu’il décida de fonder ses premiers monastères dans la vallée de l’Anio, près de Subiaco.

En l’an 529, Benoît quitta Subiaco pour s’installer à Montecassino. Certains ont expliqué ce déplacement comme une fuite face aux intrigues d’un ecclésiastique local envieux. Mais cette tentative d’explication s’est révélée peu convaincante, car la mort soudaine de ce dernier n’incita pas Benoît à revenir (II Dial. 8). En réalité, cette décision s’imposa à lui car il était entré dans une nouvelle phase de sa maturation intérieure et de son expérience monastique. Selon Grégoire le Grand, l’exode de la lointaine vallée de l’Anio vers le Mont Cassio – une hauteur qui, dominant la vaste plaine environnante, est visible de loin – revêt un caractère symbolique:  la vie monastique cachée a sa raison d’être, mais un monastère possède également une finalité publique dans la vie de l’Eglise et de la société, il doit donner de la visibilité à la foi comme force de vie. De fait, lorsque Benoît conclut sa vie terrestre le 21 mars 547, il laissa avec sa Règle et avec la famille bénédictine qu’il avait fondée un patrimoine qui a porté des fruits dans le monde entier jusqu’à aujourd’hui.

Dans tout le deuxième livre des Dialogues, Grégoire nous montre la façon dont la vie de saint Benoît était plongée dans une atmosphère de prière, fondement central de son existence. Sans prière l’expérience de Dieu n’existe pas. Mais la spiritualité de Benoît n’était pas une intériorité en dehors de la réalité. Dans la tourmente et la confusion de son temps, il vivait sous le regard de Dieu et ne perdit ainsi jamais de vue les devoirs de la vie quotidienne et l’homme avec ses besoins concrets. En voyant Dieu, il comprit la réalité de l’homme et sa mission. Dans sa Règle, il qualifie la vie monastique d’ »école du service du Seigneur » (Prol. 45) et il demande à ses moines de « ne rien placer avant l’Œuvre de Dieu [c'est-à-dire l'Office divin ou la Liturgie des Heures] » (43, 3). Il souligne cependant que la prière est en premier lieu un acte d’écoute (Prol. 9-11), qui doit ensuite se traduire par l’action concrète. « Le Seigneur attend que nous répondions chaque jour par les faits à ses saints enseignements », affirme-t-il (Prol. 35). Ainsi, la vie du moine devient une symbiose féconde entre action et contemplation « afin que Dieu soit glorifié en tout » (57, 9). En opposition avec une réalisation personnelle facile et égocentrique, aujourd’hui souvent exaltée, l’engagement premier et incontournable du disciple de saint Benoît est la recherche sincère de Dieu (58, 7) sur la voie tracée par le Christ humble et obéissant (5, 13), ne devant rien placer avant l’amour pour celui-ci (4, 21; 72, 11) et c’est précisément ainsi, au service de l’autre, qu’il devient un homme du service et de la paix. Dans l’exercice de l’obéissance mise en acte avec une foi animée par l’amour (5, 2), le moine conquiert l’humilité (5, 1), à laquelle la Règle consacre un chapitre entier (7). De cette manière, l’homme devient toujours plus conforme au Christ et atteint la véritable réalisation personnelle comme créature à l’image et à la ressemblance de Dieu.

A l’obéissance du disciple doit correspondre la sagesse de l’Abbé, qui dans le monastère remplit « les fonctions du Christ » (2, 2; 63, 13). Sa figure, définie en particulier dans le deuxième chapitre  de  la Règle, avec ses qualités de beauté spirituelle et d’engagement exigeant, peut-être considérée comme un autoportrait de Benoît, car – comme l’écrit Grégoire le Grand – « le saint ne put en aucune manière enseigner différemment de la façon dont il vécut » (Dial. II, 36). L’Abbé doit être à la fois un père tendre et également un maître sévère (2, 24), un véritable éducateur. Inflexible contre les vices, il est cependant appelé à imiter en particulier la tendresse du Bon Pasteur (27, 8), à « aider plutôt qu’à dominer » (64, 8), à « accentuer davantage à travers les faits qu’à travers les paroles tout ce qui est bon et saint » et à « illustrer les commandements divins par son exemple » (2, 12). Pour être en mesure de décider de manière responsable, l’Abbé doit aussi être un personne qui écoute « le conseil de ses frères » (3, 2), car « souvent Dieu révèle au plus jeune la solution la meilleure » (3, 3). Cette disposition rend étonnamment moderne une Règle écrite il y a presque quinze siècles! Un homme de responsabilité publique, même à une petite échelle, doit toujours être également un homme qui sait écouter et qui sait apprendre de ce qu’il écoute.

Benoît qualifie la Règle de « Règle minimale tracée uniquement pour le début » (73, 8); en réalité, celle-ci offre cependant des indications utiles non seulement aux moines, mais également à tous ceux qui cherchent un guide sur leur chemin vers Dieu. En raison de sa mesure, de son humanité et de son sobre discernement entre ce qui est essentiel et secondaire dans la vie spirituelle, elle a pu conserver sa force illuminatrice jusqu’à aujourd’hui. Paul VI, en proclamant saint Benoît Patron de l’Europe le 24 octobre 1964, voulut reconnaître l’œuvre merveilleuse accomplie par le saint à travers la Règle pour la formation de la civilisation et de la culture européenne. Aujourd’hui, l’Europe – à peine sortie d’un siècle profondément blessé par deux guerres mondiales et après l’effondrement des grandes idéologies qui se sont révélées de tragiques utopies – est à la recherche de sa propre identité. Pour créer une unité nouvelle et durable, les instruments politiques, économiques et juridiques sont assurément importants, mais il faut également susciter un renouveau éthique et spirituel qui puise aux racines chrétiennes du continent, autrement on ne peut pas reconstruire l’Europe. Sans cette sève vitale, l’homme reste exposé au danger de succomber à l’antique tentation de vouloir se racheter tout seul – une utopie qui, de différentes manières, a causé dans l’Europe du XX siècle, comme l’a remarqué le Pape Jean-Paul II, « un recul sans précédent dans l’histoire tourmentée de l’humanité » (Insegnamenti, XIII/1, 1990, p. 58). En recherchant le vrai progrès, nous écoutons encore aujourd’hui la Règle de saint Benoît comme une lumière pour notre chemin. Le grand moine demeure un véritable maître à l’école de qui nous pouvons apprendre l’art de vivre le véritable humanisme.

Première représentation connu du Christ avec une barbe, Catacombe de Commodile à Rome, IVem siècle.

9 juillet, 2013

Première représentation connu du Christ avec une barbe, Catacombe de Commodile à Rome, IVem siècle. dans images sacrée 48276619

http://prunier.canalblog.com/archives/2010/01/07/16413047.html

LES MOUTONS ÉPRIS DE LIBERTÉ

9 juillet, 2013

http://users.skynet.be/prier/textes/PR0409.HTM

LES MOUTONS ÉPRIS DE LIBERTÉ

Auteur : Jacques H.

Un troupeau de moutons un beau jour s’aperçut
Que de sa précieuse liberté il ne jouissait plus.
Après tout, se demandait cette aimable gent laineuse
Peut-on vraiment nous imposer ces règles ennuyeuses ?
Un berger et ses chiens, est-ce bien nécessaire ?
Ce sont eux qui nous empêchent de tout faire.
De quel droit nous priver de brouter dans d’autres vallées ?
Et au nom de quoi nous faire marcher en rangs serrés ?
Ou donc est la démocratie dans tout cet appareil ?
Sans délai, mettons au pas gouvernement pareil.
Un beau matin donc, l’assemblée fut convoquée
Et, à patte levée, l’ordre du jour bien vite adopté.
Exit donc le propriétaire et son représentant, le berger.
Dehors les chiens qui n’ont de cesse de nous harceler.
Dès le lendemain, ceux-ci s’en furent vers d’autres prés.
Suivis de quelques moutons bêlants ne suscitant que risée.
Puis, le texte fondateur de l’entreprise fut mis aux voix.
Et, sans hésiter, tous les passages contraignants on extirpa.
A notre autonomie, plus de limites, il est interdit d’interdire !

Pour savoir ce qu’il advint, point n’est besoin d’être devin.
Loups, ours et chiens errants sans tarder furent en chemin.
Ceux qui au carnage purent échapper, très rapidement s’égarèrent.
Et dans des zones pierreuses ou sablonneuses de faim expirèrent.

Tel pourrait être le sort de chrétiens qui en arrivent à s’imaginer
Que de pasteurs et d’héritage l’on pourrait se passer.
La vraie liberté a ses limites et ses points de repère.
Qu’avec amour Dieu et son Eglise nous prodiguèrent.
Est-il sage celui qui d’une barrière ne voit que limitation
Alors que du précipice elle nous assure protection ?

reçu par e-mail de Belgique

DIEU SE CACHE-T-IL ?

9 juillet, 2013

http://catholique-valence.cef.fr/Dieu-se-cache-t-il.html

DIEU SE CACHE-T-IL ?

La Bible affirme souvent que , tout en se révélant, Dieu est un Dieu qui se cache. Une expression qui revient souvent dans les Pensées de Pascal. A cela plusieurs raisons.
Dieu est éminemment mystérieux, puisque, pour parler de lui, nous sommes obligés d’employer des attributs apparemment contradictoires : il est à la fois tout Autre et tout proche, infiniment juste et miséricordieux, infiniment heureux et profondément compatissant, etc. Et dans l’Eucharistie, il est très spécialement le « Dieu caché ».
D’autre part, sa présence ne s’impose pas. Si certains ont la chance (ou la grâce !) de le décourvir faiclement et rapidement, la plupart des hommes sont obligés de le chercher dans une démarche qui s’avère longue et difficile. Et beaucoup disent ne pas l’avoir encore rencontré !
Il arrive également qu’après l’avoir rencontré, beaucoup de croyants soient terriblement tentés, vu notamment l’énormité de l’existence du mal dans le monde, de remettre en question son existence et son amour. Cette nuit spirituelle est d’autant plus douloureuse à vivre qu’elle succède à une période de ferveur et de grande joie.
Et pourtant, il est possible de découvrir dans le monde des traces de Dieu. Pourquoi ne s’étonne-t-on pas davantage de la transformation d’une toute petite fleur de poirier en ce fruit délicieux qu’on s’apprête à déguster ? Et que dire de la transformation du foetus qui va s’opérer dans le ventre d’une maman lorsqu’il deviendra sa chair et son sang ! Si nous prenions le temps de nous émerveiller davantage de toutes ces réalités dont nous sommes chaque jour les témoins et bénéficiaires, Dieu nous apparaîtrait moins lointain !
Et d’où nous vient cette extraordinaire capacité qu’a notre âme de penser, d’imaginer, de nous souvenir et d’aimer ? Qui a mis en notre coeur cette exigence indéracinable de justice qui nous fait sursauter lorsque nous sommes les témoins – et a fortiori les victimes – de quelque conduite malhonnête ? Qui a mis en nous ce besoin incoercible d’infini qui nous pousse à aller toujours plus loin dans l’exploration de l’infiniment grand et l’infiniment petit ? Qui, sinon le Dieu infini lui-même, qui a marqué de son sceau le coeur de tous ses enfants ? Et lorsque Dieu a décidé de venir au milieu de nous pour nous introduire dans sa vie divine, lorsqu’il a envoyé son Fils dans le monde pour nous sauver et nous diviniser, il n’a pas manqué de montrer par de nombreux signes que c’était bien lui qui venait. Certes, ces signes sont en général assez discrets. Ils ne contraignent pas notre intelligence à croire, mais ils permettent à ceux et celles qui reçoivent le don de la foi de reconnaître en Jésus le Fils bien-aimé du Père. Il y a les guérisons miraculeuses que nous racontent les Evangiles, mais il y a aussi les guérisons étonnantes que les mains de Jésus continuent à opérer de nos jours et qui sont beaucoup plus nombreuses que nous ne l’imaginons habituellement. Le pape ne procède jamais à la béatification d’un serviteur ou d’une servante de Dieu sans que ne se soit produite précédemment une guérison miraculeuse obtenue par son intercession et dûment reconnue par le Vatican. Il suffit de penser à toutes les béatifications opérées par Jean-Paul II.
Mais, dira-t-on, faire reposer sa foi sur l’existence de guérisons corporelles accomplies ici ou là sur la planète, c’est faire dépendre sa foi, ce que l’on a de plus intime, d’évènements extérieurs à soi ! La rencontre de Dieu ne doit-elle pas toujours s’opérer dans un coeur à coeur strictement personnel, dans une expérience intérieure qui n’a nullement besoin de signes ?
Pour répondre à cette objection, il suffit de lire l’Evangile. Jésus n’a jamais dit : « Croyez-moi sur mes beaux yeux ! » Malgré le merveilleux regard qu’il devait avoir, il a fait appel aux guérisons qu’il accomplissait pour justifier ses prétentions messianiques. Sagesse éternelle du Père, il connaissait parfaitement le coeur des hommes. Il savait donc qu’ils avaient besoin de voir et de toucher pour donner leur adhésion de foi en toute sécurité.
Mais il va sans dire que la foi est aussi et même d’abord une rencontre personnelle avec le SEigneur qui s’accomplit dans la prière et dans un grand climat d’humilité. Pour rencontrer Dieu tel qu’il est, il faut se présenter à lui tel qu’on est, avec une totale sincérité. Il ne manque pas de convertis qui reconnaissent, après coup, que ce n’était pas Dieu qui se cachait.
C’était la honte secrète qu’ils éprouvaient au souvenir de leur péché qui leur faisait préférer les ténèbres à la lumière. Ils ne voulaient surtout pas se laisser illuminer par l’aveuglante clarté de Dieu.
Quant à ceux que Dieu laisse dans la nuit, alors qu’ils vivent depuis longtemps dans une très grande disponibilité à sa Volonté, ils continuent à croire que la Tendresse infinie du Père pèse de tout son poids sur leurs frèles épaules, qu’ils restent ses enfants chéris, même si le diable essaye de les persuader du contraire.

Journeyings of Jsraelite

8 juillet, 2013

Journeyings of Jsraelite  dans images sacrée pictorial_bible_maps_1856_journeying_of_the_israelites_5225x4457-600

http://www.hipkiss.org/cgi-bin/maps.pl?cat=bible

LA GRÂCE DANS LE JUDAÏSME : APRÈS ‘HEN, ‘HESED, L’AMOUR GRACIEUX

8 juillet, 2013

http://coirault-neuburger.blog.lemonde.fr/2013/07/02/la-grace-dans-le-judaisme-apres-hen-hesed-lamour-gracieux/

LA GRÂCE DANS LE JUDAÏSME : APRÈS ‘HEN, ‘HESED, L’AMOUR GRACIEUX

02 JUILLET 2013

‘hesed : un mot d’amour qui, comme ‘hen, peut parfois être traduit par « grâce ». C’est l’un des treize attributs dits de « miséricorde », et dans la Cabale c’est l’une des Séphirot, la première à ne plus être associée directement à la connaissance pour être associée à l’action. D’ailleurs très souvent dans la Bible on dit : « Fais-nous la grâce » : « asinou ‘hesed » (Samuel et  Juges). C’est cet amour qui préside dit-on au premier jour de la Création, à l’impulsion initiale. C’est aussi l’amour de la paix comme plénitude, dans les Psaumes (62,13) où il eset associé à « techalem ». Rabbi Simlai dans le Talmud dit que la Torah commence et finit par le ‘hesed, et effectivement, dans le dernier des Proverbes dit de la « femme vaillante », que nous récitons chaque Chabbat, il est question d’une « torat ‘hesed », un enseignement d’amour gracieux.
Très souvent dans la Bible ‘hesed est associé à ce que Dieu est en tant que vérité, « émet » : l’expression est « ‘hesed véémet » (surtout dans les Psaumes, mais aussi en Josué 2, 14). Cela va avec l’idée que la vérité est favorable à l’homme. La vérité n’est pas dure à entendre, dans sa perfection divine : elle fait du bien à l’âme car elle ne ressemble pas à la médisance, au souci de se faire valoir aux dépens des autres. Elle a un côté imprévisible, comme la grâce, en ce que, comme elle, elle est inconditionnelle, même si, comme on le voit parfois dans la Bible, et dans l’enseignement des sages, faire preuve de ‘hesed avec autrui peut entraîner le ‘hesed divin à notre égard (Chroniques 1, 19,2).
Une autre interprétation de l’association ‘hesed véémet se dégage du commentaire de Rachi sur Genèse 47,29 : Jacob implore Joseph de ne pas l’enterrer en Egypte : il lui demande de « faire » « ‘hesed véémet » : il y a là un modèle d’amour gracieux : celui envers les morts, qui n’attend évidemment rien en retour puisqu’ils sont morts. Il y a donc un véritable amour gracieux, un amour désintéressé « béémet », « en vérité », voilà ce qu’est ce ‘hesed qui préside à la création, ce qui n’empêche pas la volonté divine de faire une création sage (‘hokhma) et savante (bina). Cet amour n’est pas inconciliable avec la justice : le Psaume 101,1 dit par exemple : « ‘hesed oumichpat », « amour gracieux et justice du juge ». Jonas, lui, croit que Dieu a trop voulu faire passer le ‘hesed avant l’exécution du jugement prophétique. En réalité, les deux vont ensemble, la prophétie est aussi un acte de ‘hesed.
On connaît la phrase centrale de Michée 6,8 : « On t’a raconté, Adam, ce qui est bien et ce que l’Eternel recherche de ta part : que tu fasses la justice (michpat), et l’amour de la grâce(ahavat ‘hesed), et que tu marches humblement avec ton Dieu. » ‘hesed est au centre, et l’homme doit « faire » l’amour de cette attitude gracieuse en même temps qu’il « fait » la justice.
‘hesed est une vertu associée à Abraham, le premier des patriarches, qui se mit en route le premier par amour pour Dieu.

BENOÎT XVI: LES ÉPOUX PRISCILLE ET AQUILAS (8 juillet)

8 juillet, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070207_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 7 février 2007

LES ÉPOUX PRISCILLE ET AQUILAS (8 juillet)

Chers frères et soeurs,

En faisant un nouveau pas dans cette sorte de galerie de portraits des premiers témoins de la foi chrétienne, que nous avons commencée il y a quelques semaines, nous prenons aujourd’hui en considération un couple d’époux. Il s’agit des conjoints Priscille et Aquilas, qui se trouvent dans le groupe des nombreux collaborateurs qui ont entouré l’apôtre Paul, que j’avais déjà brièvement mentionnés mercredi dernier. Sur la base des informations en notre  possession,  ce  couple d’époux joua un rôle très actif au temps des origines post-pascales de l’Eglise.
Les noms d’Aquilas et de Priscille sont latins, mais l’homme et la femme qui les portent étaient d’origine juive. Cependant, au moins Aquilas provenait géographiquement de la diaspora de l’Anatolie septentrionale, qui s’ouvre sur la Mer Noire – dans la Turquie actuelle -, alors que Priscille, dont le nom se trouve parfois abrégé en Prisca, était probablement une juive provenant de Rome (cf. Ac 18, 2). C’est en tout cas de Rome qu’ils étaient parvenus à Corinthe, où Paul les rencontra au début des années 50; c’est là qu’il s’associa à eux car, comme nous le raconte Luc, ils exerçaient le même métier de fabricants de toiles ou de tentes pour un usage  domestique,  et  il  fut   même accueilli dans leur maison (cf. Ac 18, 3). Le motif de leur venue à Corinthe avait été la décision de l’empereur Claude de chasser de Rome les Juifs résidant dans l’Urbs. L’historien Romain Suétone nous dit, à propos de cet événement, qu’il avait expulsé les Juifs car « ils provoquaient des tumultes en raison d’un certain Crestus » (cf. « Les vies des douze Césars, Claude », 25). On voit qu’il ne connaissait pas bien le nom – au lieu du Christ, il écrit « Crestus » – et qu’il n’avait qu’une idée très confuse de ce qui s’était passé. Quoi qu’il en soit, des discordes régnaient à l’intérieur de la communauté juive autour de la question de savoir si Jésus était ou non le Christ. Et ces problèmes constituaient pour l’empereur un motif pour expulser simplement tous les juifs de Rome. On en déduit que les deux époux avait déjà embrassé la foi chrétienne à Rome dans les années 40, et qu’ils avaient à présent trouvé en Paul quelqu’un non seulement qui partageait cette foi avec eux – que Jésus est le Christ – mais qui était également un apôtre, appelé personnellement par le Seigneur Ressuscité. La première rencontre a donc lieu à Corinthe, où ils l’accueillent dans leur maison et travaillent ensemble à la fabrication de tentes.
Dans un deuxième temps, ils se rendirent en Asie mineure, à Ephèse. Ils jouèrent là un rôle déterminant pour compléter la formation chrétienne du juif alexandrin Apollos, dont nous avons parlé mercredi dernier. Comme il ne connaissait que de façon sommaire la foi chrétienne, « Priscille et Aquilas l’entendirent, ils le prirent à part et lui exposèrent avec plus d’exactitude la Voie de Dieu » (Ac 18, 26). Quand, à Ephèse, l’Apôtre Paul écrit sa Première Lettre aux Corinthiens, il envoie aussi explicitement avec ses propres salutations celles d’ »Aquilas et Prisca [qui] vous saluent bien dans le Seigneur, avec l’Eglise qui se rassemble chez eux » (16, 19). Nous apprenons ainsi le rôle très important que ce couple joua dans le milieu de l’Eglise primitive:  accueillir dans leur maison le groupe des chrétiens locaux, lorsque ceux-ci se rassemblaient pour écouter la Parole de Dieu et pour célébrer l’Eucharistie. C’est précisément ce type de rassemblement qui est appelé en grec « ekklesìa » – le mot latin est « ecclesia », le mot français « église » – qui signifie convocation, assemblée, regroupement. Dans la maison d’Aquilas et de Priscille, se réunit donc l’Eglise, la convocation du Christ, qui célèbre là les saints Mystères. Et ainsi, nous pouvons précisément voir la naissance de la réalité de l’Eglise dans les maisons des croyants. Les chrétiens, en effet, jusque vers le III siècle, ne possédaient pas leurs propres lieux de culte:  dans un premier temps, ce furent les synagogues juives, jusqu’à ce que la symbiose originelle entre l’Ancien et le Nouveau Testament ne se défasse et que l’Eglise des Gentils ne soit obligée de trouver sa propre identité, toujours profondément enracinée dans l’Ancien Testament. Ensuite, après cette « rupture », les chrétiens se réunissent dans les maisons, qui deviennent ainsi « Eglise ». Et enfin, au III siècle, naissent de véritables édifices de culte chrétien. Mais ici, dans la première moitié du I et du II siècle, les maisons des chrétiens deviennent véritablement et à proprement parler des « églises ». Comme je l’ai dit, on y lit ensemble les Saintes Ecritures et l’on célèbre l’Eucharistie. C’est ce qui se passait, par exemple, à Corinthe, où Paul mentionne un certain « Gaïus vous salue, lui qui m’a ouvert sa maison, à moi et à toute l’Eglise » (Rm 16, 23), ou à Laodicée, où la communauté se rassemblait dans la maison d’une certaine Nympha (cf. Col 4, 15), ou à Colosse, où le rassemblement avait lieu dans la maison d’un certain Archippe (cf. Phm 1, 2).
De retour à Rome, Aquilas et Priscille continuèrent à accomplir cette très précieuse fonction également dans la capitale de l’Empire. En effet, Paul, écrivant aux Romains, envoie précisément ce salut:  « Saluez Prisca et Aquilas, mes coopérateurs dans le Christ Jésus; pour me sauver la vie ils ont risqué leur tête, et je ne suis pas seul à leur devoir de la gratitude:  c’est le cas de toutes les Eglises de la gentilité; saluez aussi l’Eglise qui se réunit chez eux » (Rm 16, 3-5). Quel extraordinaire éloge des deux conjoints dans ces paroles! Et c’est l’apôtre Paul lui-même qui le fait. Il reconnaît explicitement en eux deux véritables et importants collaborateurs de son apostolat. La référence au fait d’avoir risqué la vie pour lui est probablement liée à des interventions en sa faveur au cours d’un de ses emprisonnements, peut-être à Ephèse même (cf. Ac 19, 23; 1 Co 15, 32; 2 Co 1, 8-9). Et le fait qu’à sa gratitude, Paul associe même celle de toutes les Eglises des gentils, tout en considérant peut-être l’expression quelque peu excessive, laisse entrevoir combien leur rayon d’action a été vaste, ainsi, en tous cas que leur influence en faveur de l’Evangile.
La tradition hagiographique postérieure a conféré une importance particulière à Priscille, même s’il reste le problème de son identification avec une autre Priscille martyre. Dans tous les cas, ici, à Rome, nous avons aussi bien une église consacrée à Sainte Prisca sur l’Aventin que les catacombes de Priscille sur la Via Salaria. De cette façon se perpétue la mémoire d’une femme, qui a été certainement une personne active et d’une grande valeur dans l’histoire du christianisme romain. Une chose est certaine:  à la gratitude de ces premières Eglises, dont parle saint Paul, doit s’unir la nôtre, car c’est grâce à la foi et à l’engagement apostolique de fidèles laïcs, de familles, d’époux comme Priscille et Aquilas, que le christianisme est parvenu à notre génération. Il ne pouvait pas croître uniquement grâce aux Apôtres qui l’annonçaient. Pour s’enraciner dans la terre du peuple, pour se développer de façon vivante, était nécessaire l’engagement de ces familles, de ces époux, de ces communautés chrétiennes, et de fidèles laïcs qui ont offert l’ »humus » à la croissance de la foi. Et c’est toujours et seulement ainsi que croît l’Eglise. En particulier, ce couple démontre combien l’action des époux chrétiens est importante. Lors-qu’ils sont soutenus par la foi et par une forte spiritualité, leur engagement courageux pour l’Eglise et dans l’Eglise devient naturel. Leur vie commune quotidienne se prolonge et en quelque sorte s’élève en assumant une responsabilité commune en faveur du Corps mystique du Christ, ne fût-ce qu’une petite partie de celui-ci. Il en était ainsi dans la première génération et il en sera souvent ainsi.
Nous pouvons tirer une autre leçon importante de leur exemple:  chaque maison peut se transformer en une petite Eglise. Non seulement dans le sens où dans celle-ci doit régner le typique amour chrétien fait d’altruisme et d’attention réciproque, mais plus encore dans le sens où toute la vie familiale sur la base de la foi, est appelée à tourner autour de l’unique domination de Jésus Christ. Ce n’est pas par hasard que dans la Lettre aux Ephésiens, Paul compare la relation matrimoniale à la communion sponsale qui existe entre le Christ et l’Eglise (cf. Eph 5, 25-33). Nous pourrions même considérer que l’Apôtre façonne indirectement la vie de l’Eglise tout entière sur celle de la famille. Et en réalité, l’Eglise est la famille de Dieu. Nous honorons donc Aquilas et Priscille comme modèles d’une vie conjugale engagée de façon responsable au service de toute la communauté chrétienne. Et nous trouvons en eux le modèle de l’Eglise, famille de Dieu pour tous les temps.

A LAMPÉDOUSE, LE PAPE PLEURE, PRIE, RÉVEILLE LES CONSCIENCES

8 juillet, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/a-lampedouse-le-pape-pleure-prie-reveille-les-consciences

A LAMPÉDOUSE, LE PAPE PLEURE, PRIE, RÉVEILLE LES CONSCIENCES

MONDIALISATION DE L’INDIFFÉRENCE, ANESTHÉSIE DU COEUR

Rome, 8 juillet 2013 (Zenit.org) Anita Bourdin | 192 clics

Le pape François en visite sur l’île de Lampédouse où échouent et débarquent, ou font naufrage des milliers d’immigrés partis des rivages d’Afrique, a dénoncé ce qu’il appelle la « mondialisation de l’indifférence » et « l’anesthésie du coeur ».
Le pape a en effet prononcé l’homélie en direct en Eurovision (RAI et CTV), ce lundi matin, 8 juillet à 10h, après avoir déposé en mer une couronne de fleurs jaunes et blanches – les couleurs du Vatican – en mémoire de naufragés. Il a ensuite rencontré personnellement des rescapés de la traversée, sur le port.
La couleur liturgique était le violet, en signe de pénitence, et le pape a célébré, dans un calice revêtu du bois taillé dans une de ces embarcations précaires, de même que son bâton pastoral.
Le pape a dit être venu pour « prier » et pour « réveiller les consciences. » Il a salué la solidarité des habitants de l’île et souhaité un bon ramadan aux musulmans présents, avant de lancer la salutation amicale locale: « O’scià » (prononcer « hocha », « mon souffle », « ma respiration »). Il a posé cette question: « Qui a pleuré? » sur ces personens qui ont péri en mer? Et il a insisté sur la compassion active: « Qui a pleuré aujourd’hui dans le monde?

Homélie du pape François
Immigrés morts en mer, sur ces bateaux qui au lieu d’être un chemin d’espérance ont été une chemin de mort. C’est ce que disait un titre de journal. Quand, il y a quelques semaines j’ai appris cette nouvelle, qui hélas s’est tant de fois répétée, la pensée m’est revenue continuellement comme une épine dans le coeur qui fait souffrir. Et alors j’ai senti alors que je devais venir ici aujourd’hui pour prier  [le pape ému, a été interrompu par les applaudissements], pour accomplir un geste de proximité, mais aussi réveiller nos consciences afin que ce qui est arrivé ne se répète pas, ne se répète pas, s’il vous plaît!
Mais auparavant, je voudrais dire quelques mots de gratitude sincère et d’encouragement à vous, les habitants de Lampédouse et de Linose [applaudissements], aux associations, aux bénévoles, aux forces de sécurité, qui avez montré et qui montrez votre attention pour les personnes en voyage vers quelque chose de meilleur. Vous êtes une petite réalité, mais vous offrez un exemple de solidarité! Merci [applaudissements, cri: Viva il Papa! Viva!]. Merci aussi à l’archevêque, Mgr Francesco Montenegro pour son aide, son travail et sa proximité pastorale. Je salue cordialement le maire, Mme Giuseppina Nicolini: merci beaucoup pour ce que vous avez fait et ce que vous faites [applaudissements].
J’adresse une pensée  aux chers immigrés musulmans qui vont commencer aujourd’hui, ce soir, le jeûne du Ramadan, avec mes voeux d’abondants fruits spirituels. L’Eglise est proche de vous dans votre recherche d’une vie digne pour vous et vos familles, à vous « O’ Scià » [salutation locale amicale, applaudissements].
Ce matin, à la lumière de la Parole de Dieu que nous avons écoutée, je voudrais vous proposer des paroles qui provoquent surtout la conscience de tous, poussent à réfléchir et à changer concrètement certains comportements.
« Adam, où es-tu? »: c’est la première question que Dieu adresse à l’homme après le péché. « Où es-tu? » C’est un nommé désorienté qui a perdu sa place dans la création parce qu’il croit devenir puissant, de pouvoir tout dominer, d’être Dieu. Et l’harmonie se rompt, l’homme se trompe et cela se répète aussi dans la relation avec l’autre qui n’est plus le frère à aimer, mais simplement l’autre qui dérange ma vie, mon bien-être. Et Dieu pose la seconde question: « Caïn, où est-ton frère? » Le rêve d’être puissant, d’être grand comme Dieu, et même d’être Dieu, conduit à une chaîne d’erreurs qui est une chaîne de mort: il conduit à verser le sang du frère!
Ces deux questions de Dieu résonnent aussi aujourd’hui, avec toute leur force! Tant parmi nous, je m »inclus moi-même, nous sommes désorientés, nous ne somme plus attentifs au monde dans lequel nous vivons, nous ne prenons pas soin de ce que Dieu a créé pour tous, nous ne le gardons pas, et nous ne sommes plus capables non plus de nous garder les uns les autres. Et quand cette désorientation assume les dimensions du monde, on ne arrive à des tragédies comme celle à laquelle nous avons assisté.
« Où est-ton frère? », la voix de son sang crie jusqu’à moi, dit Dieu Ce n’est pas une question qui s’adresse aux autres, c’est une question adressée à moi, à toi, à chacun de nous. Ces frères et soeurs qui sont nôtres, cherchaient à sortir de situations difficiles pour trouver un peu de sérénité et de paix; ils cherchaient un endroit meilleur pour eux et pour leurs familles, mais ils ont trouvé la mort. Combien de fois ceux qui cherchent cela ne trouvent ni compréhension, ni accueil, ni solidarité! Et leurs voix montent jusqu’à Dieu!
Et encore une fois je vous remercie, vous, les habitants de Lampédouse pour votre solidarité. J’ai entendu parler récemment de l’un de ces frères. Avant d’arriver ici, ils sont passés par les mains des trafiquants,  ceux qui exploitenet la pauvreté des autres, ces personnes pour lesquelles la pauvreté des autres est une source de profit. Combien ils ont souffert! Et certains n’ont pas réussi à arriver.
« Où est-ton frère? » Qui est le responsable de ce sang? Dans la littérature espagnole, il y a une comédie de Lope de Vega qui raconte comment les habitants de la ville de Fuente Ovejuna tuent le gouverneur parce qu’il était un tyran, et ils le font de façon à ce que l’on ne sache pas qui a accompli l’exécution. Et lorsque le juge du roi demande: « Qui a tué le gouverneur? », tous répondent: « Fuente Ovejuna, Monsieur ». Tous et personne! Cette question jaillit avec force aujourd’hui encore: qui est le responsable du sang de ces frères et soeurs? Personne! Nous répondons tous ainsi: ce n’est pas moi, je n’ai rien à voir, ce sera quelqu’un d’autre, certainement pas moi. Mais Dieu demande à chacun de nous: « Où est le sang de ton frère qui crie jusqu’à moi? » Aujourd’hui, personne ne se sent responsable de cela; nous avons perdu le sens de la responsabilité fraternelle; nous sommes tombés dans l’attitude hypocrite du prêtre et du serviteur de l’autel dont Jésus parle dans la parabole du Bon Samaritain: nous regardons le frère à moitié mort au bord de la route; nous pensons peut-être « le pauvre petit », et nous continuons notre route, ce n’est pas notre affaire; et cela nous tranquillise, et nous nous sentons en règle. La culture du bien-être, qui nous conduit à penser à nous, nous rend insensibles au cri des autres, nous fait vivre dans des bulles de savon, qui sont belles, mais ne sont rien: elles sont l’illusion de la futilité, du provisoire, qui conduit à l’indifférence pour les autres, et même conduit à la mondialisation de l’indifférence. Dans ce monde de la mondialisation, nous sommes tombés dans la mondialisation de l’indifférence. Nous nous sommes habitués à la souffrance de l’autre, elle ne nous regarde pas, ne nous intéresse pas, ce n’est pas notre affaire!
La figure de l’Innommé de Manzoni revient. La mondialisation de l’indifférence nous rend tous « innommés », responsables dans nom, sans visage.
« Adam, où es-tu? », « Où est-ton frère? »: ce sont les deux questions que Dieu pose au début de l’histoire de l’humanité et qu’il adresse aussi à tous les hommes de notre temps, à nous aussi. Mais je voudrais que nous nous posions une troisième question: « Qui d’entre nous a pleuré pour ce fait et pour des faits comme ceux-ci? », pour la mort de ces frères et soeurs? Qui a pleuré pour ces personnes qui étaient sur le bateau? Pour les jeunes mamans qui portaient leurs enfants? Pour ces hommes qui désiraient quelque chose pour nourrir leurs familles? Nous sommes dans une société qui a publié l’expérience de pleurer, de « souffrir avec »: la mondialisation de l’indifférence!
Dans l’Evangile, nous avons écouté le cri, les pleurs, la grande lamentation: « Rachel pleure ses enfants … parce qu’ils ne sont plus ». Hérode a semé la mort pour défendre son bien-être, sa bulle de savon. Et cela continue de se répéter… Demandons au Seigneur qu’il efface ce qu’il est resté d’Hérode aussi dans notre coeur. Demandons au Seigneur la grâce de pleure sur notre indifférence, de pleurer sur la cruauté qu’il y a dans le monde, en nous, également chez ceux qui dans l’anonymat, prennent des décisions sociales et économiques qui ouvrent la voie à des drames comme celui-là. « Qui a pleuré? » Qui a pleuré aujourd’hui dans le monde?
Seigneur, dans cette liturgie qui est une liturgie de pénitence, demandons pardon pour l’indifférence envers tant de frères et soeurs, nous te demandons pardon, Père, pour qui s’en est accommodé et qui s’est fermé dans son propre bien-être, qui conduit à l’anesthésie du coeur; nous te demandons pardon pour ceux qui, par leurs décisions, au nouveau mondial, ont créé des situations qui conduisent à ces drames. Pardon, Seigneur!
Seigneur, fais que nous entendions aujourd’hui tes questions: « Adam, où es-tu? », « Où est le sang de ton frère? ».

Traduction de Zenit, Anita Bourdin

Saints Aquilas et Priscilla, Coopérateurs de Saint- Paul , demain 8 Juillet

7 juillet, 2013

Saints Aquilas et Priscilla, Coopérateurs de Saint- Paul , demain 8 Juillet dans images sacrée Santi_Aquila_e_Priscilla_C

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