31 JUILLET: IGNACE DE LOYOLA
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SPIRITUALITÉ
31 JUILLET: IGNACE DE LOYOLA
VIE D’IGNACE DE LOYOLA (2 VIDÉOS SUR LE SITE)
I. ENTRE LES MURS D’UN CHÂTEAU
En 1491, au château de Loyola en Espagne, naît un enfant qu’on prénomme Inigo. Quelque trente ans plus tard, au début de ses études à Paris, Inigo changera son nom en celui d’Ignacio (Ignace, en français)
En 1506-1507, Inigo, encore adolescent, se rend à Arévalo et devient page à la cour espagnole. Le jeune noble de Loyola s’initie alors à la vie de cour et au métier des armes.
En 1521, engagé dans la défense de la forteresse de Pampelune, Inigo est blessé. Un boulet de canon lui brise la jambe droite et endommage sérieusement l’autre jambe.
Premier bouleversement
Celui qui, hier encore, rêvait d’exploits militaires et de vie chevaleresque se retrouve blessé, cloué à un lit, incapable de se déplacer seul. Un boulet de canon a soudainement bouleversé sa vie.
Opéré une première fois à Pampelune, Inigo est ramené à Loyola. On doit se rendre à l’évidence, des os mal repris ou déplacés forment une saillie qui rend la jambe difforme. Parce qu’il veut retrouver son élégante démarche d’autrefois, par deux fois et à froid Inigo accepte de se faire briser la jambe et scier les os qui dépassent. Commence une longue convalescence Ignace souffre physiquement et moralement; il s’ennuie.
Pour tuer le temps et se redonner un peu de courage, il aimerait bien lire quelques romans de chevalerie. Dans tout le château, malheureusement, on ne lui trouvera que deux livres: l’un portant sur la vie des saints et l’autre sur la vie de Jésus. Faute de mieux, le malade entreprend la lecture de ces ouvrages.
Nouveau bouleversement
En parcourant la vie des saints, Ignace en vient à se demander: » Pourquoi ne ferais je pas ce qu’ont fait saint François, saint Dominique et tant d ‘autres ? » Une conversion totale s’opère que viendra confirmer, une nuit, une vision de la Vierge Marie et de l’Enfant Jésus. Ignace poursuit ses lectures et transcrit de sa main des passages de la vie des saints et de l’Évangile. Un nouveau bouleversement vient de s’opérer et une vie bouleversante commence.
Comme son inaction lui laisse beaucoup de temps pour réfléchir, Ignace se met a prêter attention aux divers mouvements intérieurs qui l’habitent. I1 distingue en lui deux esprits: l’un provient de Dieu et apporte joie et dynamisme; l’autre vient du démon, attriste et rend malheureux. Ignace découvre alors ce que les maîtres spirituels appellent le discernement des esprits. Tout au long de sa vie par la suite et dans toutes ses entreprises, Ignace recourra sans cesse à ce discernement qu’il tentera de rendre familier à tous ceux qui se mettront à son école.
II. AU FOND D’UNE GROTTE
Transformé intérieurement, Ignace poursuit sa convalescence. A peine est-il remis sur pied qu’il décide de quitter Loyola. I1 se rend d’abord à Aránzazu pour y visiter un sanctuaire de la Vierge. De là, il prend la direction de Barcelone.
Drôle d’argument théologique
Chemin faisant, Ignace rencontre un Maure qui lui semble insulter la Vierge Marie en refusant de croire à la naissance virginale de Jésus. Après le départ du Maure, Ignace se demande s’il ne doit pas venger l’honneur de Marie en donnant au Maure » quelques bons coups de poignard « . Indécis, il laisse a sa mule le soin de trancher la question selon qu’elle prendra ou non le même chemin que le Maure. Heureusement, laissée à elle-même, la mule prit la direction opposée.
Après cet épisode, Ignace se procure un manteau de pèlerin et poursuit sa route jusqu’au sanctuaire marial de Montserrat. Notre pèlerin rencontre un bénédictin auquel il fait, longuement et en détail, une confession générale de tous ses péchés passés. Puis à la façon des chevaliers de l’époque, c’est la veillée d’armes à l’autel de Notre-Dame de Montserrat.
Au petit matin, après sa nuit de prière sur la montagne de Montserrat, Ignace se rend à Manrèse où il compte passer quelques jours pour noter des choses dans son cahier. Les quelques jours dureront une année entière.
La solitude Manrèse
À Manrèse, Ignace se retire au fond d’une grotte et il assure sa subsistance en mendiant quotidiennement. Il se livre alors à toutes sortes de pénitences et prie sept heures par jour à genoux. Il tente aussi d’entrer en contact avec des personnes spirituelles ou des ermites qu’il va visiter dans leur solitude. Il ne trouve finalement personne qui puisse l’instruire. Ignace éprouve aussi toutes sortes de mouvements intérieurs, y compris une importante crise de scrupules dont il se sortira grâce à son confesseur, auquel il ouvre entièrement son cour.
Un maître inusité
Après cette crise de scrupules, Ignace a l’impression de sortir d’une longue nuit et de s’éveiller. Dieu devient alors son maître intérieur et, comme dira plus tard Ignace, Dieu l’instruit » comme un maître d’école un enfant « . Si l’époque de Manrèse est marquée de toutes sortes de visions, il faut surtout retenir la grande vision du Cardoner, qui aura une influence déterminante sur toute la vie d’Ignace de Loyola, sur le livre des Exercices spirituels et les Constitutions de la Compagnie de Jésus.
Au terme de cette année-nous sommes en 1523-, Ignace quitte Manrèse pour Barcelone, car il a décidé de se rendre à Jérusalem.
III. D’UNE EXTRÉMITÉ À L’AUTRE DE LA MÉDITERRANÉE
Une aide providentielle
Ignace s’embarque donc à Barcelone et aborde en Italie, à Gaëte. À pied, il se dirige vers Rome. Le séjour dans la Ville éternelle n’est qu’une étape de son long voyage vers Jérusalem.
Pour manifester sa totale confiance en Dieu, Ignace voyage sans argent. Autour de lui, on crie à la folie et on tente de le dissuader d’entreprendre un tel voyage. Au plus profond de lui, il est persuadé que Dieu lui donnera le moyen d’aller à Jérusalem. De fait, le duc de Venise lui concède un laissez-passer gratuit pour la Terre Sainte. Ignace s’embarque donc et, après une escale à Chypre, atteint Jérusalem le 4 septembre 1523.
Encore un bouleversement
En Terre Sainte, Ignace vise deux buts bien précis: nourrir sa propre dévotion et aider ceux et celles qui l’entourent. Aussi serait-il bien aise de demeurer à Jérusalem. L’autorisation lui est cependant refusée par les Franciscains qui jugent la situation trop dangereuse.
Ce refus de séjour déçoit et désorganise Ignace. Il avait tellement misé sur Jérusalem! Tous ses plans sont chamboulés, toutes ses démarches antérieures sont réduites à néant.
Le dernier mot n’est pas dit
Si déçu que soit Ignace par la réponse des hommes, une pensée continue de le hanter. Dans sa retraite de Manrèse, il avait reçu l’ordre » d’attendre à Jérusalem l’Esprit Saint promis « . Comme il est manifeste que le Seigneur ne le veut pas à Jérusalem, Ignace se demande sans arrêt: » Que dois je donc faire ? «
Finalement, il se sent inspiré de se livrer aux études pendant quelque temps afin d’être utile au prochain. Il retraverse donc la Méditerranée pour revenir à Barcelone. Son voyage a duré un an.
IV. SUR LES BANCS DE L’ÉCOLE
Un étudiant qui n’étudie guère
Avec le retour à Barcelone, en 1524, commence pour Ignace une période extrêmement importante de sa vie. Cette période, en effet, le mène des études grammaticales à Barcelone jusqu’aux études d’humanités à Paris, en passant par les études philosophiques à Alcalá et à Salamanque.
À vrai dire, il faut reconnaître qu’avant Paris, Ignace ne s’adonne pas principalement aux études. Dans ses contacts avec les gens, il tente de les faire bénéficier des lumières qu’il a lui-même reçues durant sa réclusion à Manrèse. Il leur fait faire ce qu’il appelle les Exercices spirituels. Il s’agit d’activités de réflexion et de prière destinées à éclairer les âmes, à les fortifier, les plonger dans l’amour pour le Christ en vue d’en faire des instruments actifs au service de la gloire de Dieu et du salut du prochain.
C’est donc un étudiant bien particulier qu’ont vu les diverses écoles fréquentées par cet Inigo de Loyola. Un apôtre zélé qui provoque des remous et alerte les autorités ecclésiastiques.
De telles activités, on s’en doute un peu, ne furent pas toujours favorablement accueillies. Ignace a dû subir procès, prison, interrogatoires, avant d’être finalement dénoncé à l’Inquisition.
Au cours de son séjour à Barcelone, Alcalá et Salamanque, Ignace avait compris qu’apostolat et études ne faisaient pas bon ménage. À Paris, notre étudiant se mit donc sérieusement à la besogne. Il travailla si bien que, le 13 mars 1533, il fut reçu à la licence ès lettres et, le 14 mars 1535, on lui octroya le diplôme de maître ès arts.
L’étape décisive de Paris
Face à tous les harcèlements qu’on lui réserve, à tous les interrogatoires auxquels on le soumet en Espagne, surtout à Salamanque, Ignace décide de s’en aller à Paris. Pourtant, Paris ne sera guère plus tendre avec lui que les villes espagnoles. C’est à Paris, en effet, qu’Ignace sera dénoncé aux autorités.
V. DANS UNE CHAPELLE DE MONTMARTRE
À l’époque des études à Paris, l’ancien chevalier converti et devenu étudiant ne pouvait laisser complètement de côté le zèle spirituel qui le dévorait. I1 commença donc à réunir quelques compagnons autour de lui. Issus de régions différentes, ces hommes formaient sous la direction spirituelle d’Ignace un groupe d’amis dans le Seigneur. Ils s’appelaient:
INIGO LOPEZ DE LOYOLA, né à Loyola, en Espagne;
PIERRE FAVRE, né à Villaret, en France;
DIEGO LAYNEZ, né à Almázan, en Espagne;
ALFONSO SALMERÓN, né à Tolède, en Espagne;
SIMÃO RODRIGUES, né à Vouzela, au Portugal;
FRANCISCO JASSU Y JAVIER, né à Javier, en Espagne;
NICOLÁ LONSO Y PEREZ, né à Bobadilla del Camino, en Espagne.
Sur la butte de Montmartre
À l’aube du 15 août 1534, le groupe des sept amis se dirige vers la butte de Montmartre. Dans la chapelle des martyrs, ils prononcent les voux de chasteté et de pauvreté et prennent l’engagement suivant :
Aller à Venise et à Jérusalem pour dépenser leur vie et pour être utiles aux âmes. Si la permission ne leur était pas donnée de rester à Jérusalem, ils retourneraient à Rome se présenter au Vicaire du Christ pour qu’il les emploie là où il jugerait que cela serait davantage pour la gloire de Dieu et plus utile pour les âmes. (Récit du Pèlerin, n° 85)
Dans sa vieillesse, Simon Rodrigues, un des participants, rappelle avec émotion le souvenir de cette journée du 15 août 1534:
Après la cérémonie, les Pères passèrent le reste de la journée en grande liesse et exultation, près de la fontaine où saint Denys, dit-on, portant son chef, lava le sang qui lui coulait du corps… Ils devisaient de l’ardeur et de l’élan qui les poussaient à se donner à Dieu. À la tombée du jour, ils rentrèrent chez eux, louant et bénissant Dieu.
(Simon Rodrigues, Origine et développement de la Compagnie de Jésus).
VI. SOUS LE CIEL D’ITALIE
À Montmartre, Ignace et ses compagnons, en faisant le voeu d’aller à Jérusalem, s’étaient généralement engagés à attendre un an à Venise, s’il le fallait, pour passer en Terre Sainte. Le 8 janvier 1537, tous les compagnons se retrouvèrent donc à Venise, logeant dans les hôpitaux et se dévouant au soin des malades.
On prévoyait partir en juin pour Jérusalem. Or, cette année-là, contrairement à tout ce qui s’était passé au cours des trente-huit années précédentes, aucun navire n’appareilla pour la Terre Sainte en raison des rumeurs de guerre qui circulaient.
Les compagnons durent donc se résigner et patienter encore. Au cours de cette attente, en juin 1537, maître Ignace, François Xavier, Jacques Laynez, Simon Rodrigues, Alfonso Salmerón, Nicolas Bobadilla (ils étaient tous du groupe de Montmartre), ainsi qu’une nouvelle recrue, Jean Codure, furent ordonnés prêtres par un évêque italien. Après l’ordination, pour se rendre utiles pendant que se poursuivait l’attente de Jérusalem, les compagnons se dispersèrent dans les villes du nord de l’Italie pour prêcher et enseigner la doctrine chrétienne. Ignace prit la direction de Rome avec Pierre Favre et Jacques Laynez.
La Compagnie de Jésus
Un fait très important mérite d’être mentionné ici. Avant de se quitter temporairement, raconte le Père Polanco, les compagnonss’étaient demandé quelle réponse ils feraient sur eux-mêmes, si on leur demandait ce qu’était ce groupe constitué de dix membres ou un peu plus (…); ils avaient prié et réfléchi sur le nom qui leur convenait davantage. Ils avaient observé qu’ils n’avaient point entre eux d’autre chef que Jésus Christ et que c’est Lui seul qu’ils souhaitaient servir. Il leur parut donc qu’ils devaient se donner le nom de Celui qu’ils avaient pour Chef et que leur groupement s’appellerait LA COMPAGNIE DE JÉSUS. (Jean Polanco, Vie d’Ignace et les débuts de la Compagnie de Jésus )
Le 3 septembre 1539, le pape Paul III approuvait oralement cette » Compagnie de Jésus » nouvellement installée à Rome qui était venue se mettre à son service à la mi-novembre de l’année précédente. Le 27 septembre 1540, le même pape Paul III confirmait officiellement et définitivement la Compagnie de Jésus. Désormais, existe dans l’Église catholique un nouvel Ordre religieux dont les membres sont plus communément connus sous l’étiquette de JÉSUITES.
Un Général à l’oeuvre
En 1541, Ignace est élu premier Général de son Ordre. Impossible de résumer ici ce que fut la vie trépidante d’Ignace de Loyola à Rome. Rappelons simplement qu’au milieu de ses activités de toutes sortes, il fait officiellement approuver par le pape le livre des Exercices spirituels; il rédige les Constitutions de son Ordre; il entretient une correspondance énorme et voit à la naissance de la Compagnie de Jésus qui connaît des développements extrêmement rapides.
Le 31 juillet 1556, au terme d’une vie bouleversée et bouleversante, au moment où le jour se lève sur Rome, meurt Inigo-Ignace de Loyola. Il a soixante-cinq ans. Le 12 mars 1622, le pape Grégoire XV canonisera Ignace en même temps que son grand ami et compagnon, François Xavier.
VII. AU-DELÀ DE TOUTES LES FRONTIÈRES
En guise de conclusion, rappelons un événement extrêmement important survenu dans la vie d’Ignace au moment où il se rendait à Rome en compagnie de Favre et de Laynez, à la fin de 1537.
Avant d’arriver à Rome, à une quinzaine de kilomètres de la ville, Ignace et ses compagnons entrent dans une petite chapelle appelée » La Storta « . Pendant qu’Ignace est en prière, il a une vision au cours de laquelle Dieu le Père semble imprimer dans son cour les paroles suivantes: » Je vous serai propice à Rome. » En rapport avec cet événement, Ignace écrivait dans son Journal intime, à la date du 22 février 1544: » Je me souviens du jour ou 1e Père me mit avec son Fils. «
À cette expérience mystique, ajoutons les propos que le pape tint un jour à Ignace: » Pourquoi voulez-vous tellement aller à Jérusalem ? L’Italie est une bonne et vraie Jérusalem si vous voulez faire du bien dans l’Église de Dieu ! «
Ces événements nous font comprendre pourquoi Ignace laissa définitivement tomber le projet de la Terre Sainte. Désormais, la Compagnie de Jésus serait disponible pour toute besogne apostolique en n’importe quelle partie du monde. Au lieu d’être elle-même bouleversée par les événements et les hommes, comme ce fut le cas en tant d’occasions passées, la Compagnie de Jésus, par l’action et l’influence de ses membres, bouleversera les conditions de la société chrétienne:
sur le plan de la Contre-réforme du XVIe siècle;
sur le plan de l’évangélisation en terre païenne comme en terre chrétienne;
sur le plan de l’enseignement et de la formation de la jeunesse;
sur le plan de la recherche scientifique;
sur le plan de la lutte pour l’instauration de la justice et le mieux-être des défavorisés;
sur le plan de toutes les formes d’aide spirituelle aux âmes qui constituent le peuple de Dieu.
Les statistiques révèlent que la Compagnie de Jésus compte aujourd’hui environ 25 000 membres, dont près de 7 000 ouvrant dans des pays dits de mission.
Les Jésuites sont donc toujours là, actifs dans le monde contemporain, essayant de garder intact l’esprit de leur père fondateur, saint Ignace de Loyola, qui leur a proposé un seul objectif:
TOUT POUR LA PLUS GRANDE GLOIRE DE DIEU ET LE SALUT DES ÂMES.
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