Archive pour le 23 juillet, 2013

SAINTE BRIGITTE DE SUÈDE

23 juillet, 2013

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http://www.rmichelson.com/Artist_Pages/Sanderson/Ruth-Sanderson.html

BENOÎT XVI : SAINTE BRIGITTE DE SUÈDE (23 JUILLET)

23 juillet, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20101027_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

PLACE SAINT-PIERRE

MERCREDI 27 OCTOBRE 2010 

Chers frères et sœurs,

En la veille fervente du grand Jubilé de l’An 2000, le vénérable serviteur de Dieu Jean-Paul II proclama sainte Brigitte de Suède co-patronne de toute l’Europe. Ce matin, je voudrais présenter sa figure, son message, et les raisons pour lesquelles cette sainte femme a beaucoup à enseigner — aujourd’hui encore — à l’Eglise et au monde.
Nous connaissons bien les événements de la vie de sainte Brigitte, car ses pères spirituels rédigèrent sa biographie pour promouvoir son procès de canonisation immédiatement après sa mort, en 1373. Brigitte était née 70 ans auparavant, en 1303, à Finster, en Suède, une nation du nord de l’Europe qui, depuis trois siècles, avait accueilli la foi chrétienne avec le même enthousiasme que celui avec lequel la sainte l’avait reçue de ses parents, des personnes très pieuses, appartenant à de nobles familles proches de la maison régnante.
Nous pouvons distinguer deux périodes dans la vie de cette sainte.
La première est caractérisée par son mariage heureux. Son mari s’appelait Ulf et était gouverneur d’un important territoire du royaume de Suède. Le mariage dura vingt-huit ans, jusqu’à la mort d’Ulf. Huit enfants furent issus de ce mariage, dont la deuxième, Karin (Catherine) est vénérée comme sainte. Cela est un signe éloquent de l’engagement éducatif de Brigitte à l’égard de ses enfants. D’ailleurs, sa sagesse pédagogique fut appréciée au point que le roi de Suède, Magnus, l’appela à la cour pour une certaine période, dans le but d’introduire sa jeune épouse, Blanche de Namur, à la culture suédoise.
Brigitte, qui reçut une direction spirituelle d’un religieux érudit qui l’introduisit à l’étude des Ecritures, exerça une influence très positive sur sa famille qui, grâce à sa présence, devint une véritable «Eglise domestique ». Avec son mari, elle adopta la Règle des Tertiaires franciscains. Elle pratiquait avec générosité des œuvres de charité envers les pauvres: elle fonda également un hôpital. Auprès de son épouse, Ulf apprit à améliorer son caractère et à progresser dans la vie chrétienne. Au retour d’un long pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle, accompli en 1341 avec d’autres membres de sa famille, les époux formèrent le projet de vivre dans l’abstinence; mais peu de temps après, dans la paix d’un monastère dans lequel il s’était retiré, Ulf conclut sa vie terrestre.
Cette première période de la vie de Brigitte nous aide à apprécier ce que nous pourrions définir aujourd’hui comme une authentique «spiritualité conjugale»: ensemble, les époux chrétiens peuvent parcourir un chemin de sainteté, soutenus par la grâce du sacrement du mariage. Souvent, comme ce fut le cas dans la vie de sainte Brigitte et d’Ulf, c’est la femme qui, avec sa sensibilité religieuse, sa délicatesse et sa douceur, réussit à faire parcourir à son mari un chemin de foi. Je pense avec reconnaissance à de nombreuses femmes qui, jour après jour, illuminent aujourd’hui encore leur famille par leur témoignage de vie chrétienne. Puisse l’Esprit du Seigneur susciter aujourd’hui également la sainteté des époux chrétiens, pour montrer au monde la beauté du mariage vécu selon les valeurs de l’Evangile: l’amour, la tendresse, l’aide réciproque, la fécondité dans l’engendrement et l’éducation des enfants, l’ouverture et la solidarité envers le monde, la participation à la vie de l’Eglise.
Devenue veuve, Brigitte commença la deuxième période de sa vie. Elle renonça à contracter un autre mariage pour approfondir l’union avec le Seigneur à travers la prière, la pénitence et les œuvres de charité. Les veuves chrétiennes peuvent donc trouver elles aussi chez cette sainte un modèle à suivre. En effet, à la mort de son mari, Brigitte, après avoir distribué ses biens aux pauvres, tout en ne choisissant jamais la consécration religieuse, s’installa au monastère cistercien d’Alvastra. C’est là que commencèrent les révélations divines, qui l’accompagnèrent pendant tout le reste de sa vie. Celles-ci furent dictées par Brigitte à ses secrétaires-confesseurs, qui les traduisirent du suédois en latin et les rassemblèrent dans une édition de huit livres, intitulés Revelationes (Révélations). A ces livres s’ajoute un supplément, qui a précisément pour titre Revelationes extravagantes (Révélations supplémentaires).
Les Révélations de sainte Brigitte présentent un contenu et un style très variés. Parfois, la révélation se présente sous forme de dialogue entre les Personnes divines, la Vierge, les saints et également les démons; des dialogues dans lesquels Brigitte intervient elle aussi. D’autres fois, en revanche, il s’agit du récit d’une vision particulière; et d’autres encore racontent ce que la Vierge Marie lui révèle à propos de la vie et des mystères de son Fils. La valeur des Révélations de sainte Brigitte, qui fut parfois objet de certains doutes, fut précisée par le vénérable Jean-Paul II dans la Lettre Spes Aedificandi: «En reconnaissant la sainteté de Brigitte, l’Eglise, sans pour autant se prononcer sur les diverses révélations, a accueilli l’authenticité globale de son expérience intérieure» (n. 5).
De fait, en lisant ces Révélations, nous sommes interpellés sur des thèmes importants. Par exemple, on retrouve fréquemment la description, avec des détails très réalistes, de la Passion du Christ, pour laquelle Brigitte eut toujours une dévotion privilégiée, contemplant dans celle-ci l’amour infini de Dieu pour les hommes. Sur les lèvres du Seigneur qui lui parle, elle place avec audace ces paroles émouvantes: «O mes amis, j’aime si tendrement mes brebis, que, s’il était possible, j’aimerais mieux mourir autant de fois pour chacune d’elles de la mort que je souffris pour la rédemption de toutes, que d’en être privé» (Revelationes, Livre I, c. 59). La maternité douloureuse de Marie, qui en fit la Médiatrice et la Mère de miséricorde, est aussi un thème qui revient souvent dans les Révélations.
En recevant ces charismes, Brigitte était consciente d’être la destinataire d’un don de grande prédilection de la part du Seigneur: «Or, vous, ma fille — lisons-nous dans le premier livre des Révélations —, que j’ai choisie pour moi [...] aimez-moi de tout votre cœur [...] mais plus que tout ce qui est au monde» (c. 1). Du reste, Brigitte savait bien, et elle en était fermement convaincue, que chaque charisme est destiné à édifier l’Eglise. C’est précisément pour ce motif qu’un grand nombre de ses révélations étaient adressées, sous formes d’avertissements parfois sévères, aux croyants de son temps, y compris les autorités politiques et religieuses, pour qu’elles vivent de façon cohérente leur vie chrétienne; mais elle faisait toujours cela avec une attitude de respect et en pleine fidélité au Magistère de l’Eglise, en particulier au Successeur de l’apôtre Pierre.

En 1349, Brigitte quitta définitivement la Suède et se rendit en pèlerinage à Rome. Elle entendait non seulement prendre part au Jubilé de 1350, mais elle désirait aussi obtenir du Pape l’approbation de la Règle d’un Ordre religieux qu’elle entendait fonder, consacré au Saint Sauveur, et composé de moines et moniales sous l’autorité de l’abbesse. Cela ne doit pas nous surprendre: il existait au Moyen-Age des fondations monastiques avec une branche masculine et une branche féminine, mais pratiquant la même règle monastique, qui prévoyait la direction d’une Abbesse. De fait, dans la grande tradition chrétienne, une dignité propre est reconnue à la femme, et — toujours à l’exemple de Marie, Reine des Apôtres — une place propre dans l’Eglise qui, sans coïncider avec le sacerdoce ordonné, est tout aussi importante pour la croissance spirituelle de la Communauté. En outre, la collaboration d’hommes et de femmes consacrés, toujours dans le respect de leur vocation spécifique, revêt une grande importance dans le monde d’aujourd’hui.
A Rome, en compagnie de sa fille Karin, Brigitte se consacra à une vie d’intense apostolat et de prière. Et de Rome, elle partit en pèlerinage dans divers sanctuaires italiens, en particulier à Assise, patrie de saint François, pour lequel Brigitte a toujours nourri une grande dévotion. Enfin, en 1371, elle couronna son plus grand désir: le voyage en Terre Sainte, où elle se rendit en compagnie de ses fils spirituels, un groupe que Brigitte appelait «les amis de Dieu».
A cette époque-là, les Papes se trouvaient en Avignon, loin de Rome: Brigitte se tourna vers eux avec une grande tristesse, afin qu’ils reviennent au siège de Pierre, dans la Ville éternelle.
Elle mourut en 1373, avant que le Pape Grégoire XI ne rentre définitivement à Rome. Elle fut enterrée provisoirement dans l’église romaine «San Lorenzo in Panisperna», mais en 1374, ses enfants Birger et Karin la ramenèrent dans leur patrie, au monastère de Vadstena, siège de l’Ordre religieux fondé par sainte Brigitte, qui connut immédiatement une remarquable expansion. En 1391, le Pape Boniface IX la canonisa solennellement.
La sainteté de Brigitte, caractérisée par la multiplicité des dons et des expériences que j’ai voulu rappeler dans ce bref portrait biographique et spirituel, fait d’elle une éminente figure dans l’histoire de l’Europe. Originaire de Scandinavie, sainte Brigitte témoigne de la manière dont le christianisme a profondément imprégné la vie de tous les peuples de ce continent. En la déclarant co-patronne de l’Europe, le Pape Jean-Paul II a souhaité que sainte Brigitte — qui vécut au XIVe siècle, lorsque la chrétienté occidentale n’était pas encore frappée par la division — puisse intercéder efficacement auprès de Dieu, pour obtenir la grâce tant attendue de la pleine unité de tous les chrétiens.
Chers frères et sœurs, nous voulons prier à cette même intention, qui nous tient beaucoup à cœur, et pour que l’Europe sache toujours se nourrir à ses propres racines chrétiennes, tout en invoquant la puissante intercession de sainte Brigitte de Suède, fidèle disciple de Dieu et co-patronne de l’Europe. Merci de votre attention.

VOCATION : SERVIR (prière)

23 juillet, 2013

http://users.skynet.be/prier/textes/PR1049.HTM

VOCATION : SERVIR

AUTEUR : GÉRALD CHAPUT

Seigneur,
 »Ce n’est pas moi qui t’ai choisi,
c’est Toi qui m’as choisi (Jn15,16) »
 »pour servir en Ta Présence. »

Servir,
c’est Ton choix pour moi,
ma vocation première,
mon identité profonde.

Servir,
c’est Te laisser être Toi en moi,
Te désirer plus que me désirer,
Te posséder plus que me posséder,
Me laisser être plus en Toi qu’en moi,
M’occuper de Toi plus que de moi.

Seigneur, modèle-moi sur Toi.
Donne-moi de servir comme Toi
Jusqu’à m’oublier entièrement
Totalement pour Toi
Totalement pour les autres
Jusqu’à la Croix.

Mon Église a besoin de moi : Me voici !
La société a besoin de moi : Me voici !
Les jeunes ont besoin de l »exemple d’une vie  »offrande » :
Me voici !
Les souffrants ont besoin d’une présence : Me voici !

Seigneur, Toi qui es un Dieu  »serviteur souffrant » (Isaïe)
un Dieu  »qui s’est vidé de lui-même » (Phil 2,4)
Fortifie-moi.
Renouvelle en moi ton Esprit de Service.
Donne-moi assez de sagesse
pour passer de moi à Toi.

Oui, apprends-moi à reconnaître
Que Tu es glorifié plus par ce que Tu fais en moi
que par ce que je fais pour Toi.

Amen.

PASSER DE SOI À DIEU

23 juillet, 2013

http://geraldchaput.homily-service.net/retraites.html

Gérald Chaput

CAUSERIE : PASSER DE SOI À DIEU

par Gérald Chaput

Introduction

J’ ai ardemment désiré manger cette pâque avec vous (Lc22, 15). J’ ai ardemment désiré ouvrir avec vous le procès de la nouveauté de Dieu. (J.Mongt l’ homme qui venait de Dieu 1993, p 503) En entrant dans sa mort, Jésus soulève la question Dieu : qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ?
Nous entrons dans cette grande semaine ou Jésus est passé de la vie en forme d’ esclave (en forme de serviteur) à la vie en forme de Dieu (Phil 2:6-7) . Pour prendre ce passage avec lui, une porte étroite, offerte à un petit reste, quelques heures – à peine 48 – pour devenir en forme de Dieu .
Une vie en forme d’ esclave : Jésus a pleuré, a eu chaud, a eu froid, vie au quotidien quoi. Entre une vie en forme d’ esclave et une vie en forme de Dieu, il y a la passion, le calvaire, le chemin de la Pâque de Jésus. Vivre ce passage, un mystère d’enfantement en forme de Dieu. Une chose est importante à observer : Jésus homme a retrouvé sa forme de Dieu que par la Croix. Nous passons vite aujourd’hui sur la croix, le vendredi saint pour s’arrêter sur le dimanche de Pâques. Impossible de partir pour la gloire sans croix.
Devant nous 48 heures, pour souligner non un anniversaire, Pâques, qui donne à nos marchands de chocolat tant de joie et de réjouissance, mais pour faire mémoire d’un mystère, celui de la restauration en nous de notre image à la ressemblance de Dieu. Mieux de faire mémoire de notre élévation en forme de Dieu. Saint Augustin nous a dit que célébrer Pâques à la manière d’un mystère, c’est ne pas se contenter d’en souligner un événement passé mais de le célébrer en entrant dedans. (Lettres 55,1-2) Entrer dedans. Mais comment ? Ce sera là, toute la recherche de ces 48 prochaines heures.
Il faut entrer dans cette semaine en contemplant Jésus de Nazareth, -contemplation, symphonie toujours inachevée – de façon à nous laisser imprégner de son Esprit. Entrer dedans ne se réalisera jamais dans nos vies, dans le monde, par la sagesse du discours mais par la puissance de la croix.
« Les juifs ont demandé des signes, les païens sont en quête de sagesse, mais nous nous prêchons un Christ crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les païens, mais pour ceux qui sont appelés, tant juifs que païens, nous prêchons un Christ, puissance et sagesse de Dieu » . (1 cor1, 22-24)
Passer de la forme d’esclave à la forme de Dieu, ce n’est pas seulement le point central de nos vies. C’ est beaucoup plus. C’est accepter une transformation radicale. La chenille s’est complètement transformée pour devenir papillon. L’enfant s’est transformé pour devenir adulte. Le blé jeté en terre s ‘ est transformé pour devenir épi. Dans tous ces exemples, la transformation oblige une mort à quelque chose. Mourir à sa jeunesse pour devenir adulte. La chenille meurt pour laisser place au papillon. La vie en forme de Dieu exige aussi de mourir à notre forme d ‘ esclave. Partir pour la gloire, devenir selon la belle expression de saint Bernard, ce qu’est Dieu, implique une mort, un passage de soi à Dieu, un dépouillement qui dit Maître Echkart oblige Dieu à venir en nous.
Le plus difficile, ce que nous est demandé, c’ est de s’abandonner soi-même dit Maître Eckhart. Du temps pour devenir Pâques. Cela va exiger des efforts – dans une culture de facilité ce n’ est pas évident – ; cela va exiger du temps -dans une culture de l’ instantanée- c’ est éprouvant.
Passer d’ une vie en forme d’ esclave à une vie en forme de Dieu. Le premier chapitre du nouveau catéchisme à pour titre : nous sommes capables de Dieu. Tout le premier chapitre parle de la dimension naturelle, de la tendance innée à devenir semblable à Dieu. Le désir de Dieu est inscrit dans le coeur de chaque personne humaine (n.27). Vatican II affirmait qu’un lien vital et intime nous unit à Dieu.(GS19, 1)

Adam s’est simplement trompé de chemin
Devenir ce qu’est Dieu n’est pas un fruit défendu. Adam a compris cela lui qui voulait devenir semblable à Dieu, rien à désavouer la dedans. La question du malin, « ce nouvel habitant du monde » ( Guillaume de saint Thierry) était truquée. Il lui proposait de devenir égal à Dieu. Cet appel là a tellement fasciné Adam. La curiosité d’ être égal à Dieu lui a fait perdre la tête. Il a perdu contact avec son identité. Il a perdu contact avec une saine connaissance de lui-même. Au lieu d ‘ entrer en lui-même pour y découvrir toute sa beauté, Adam est sorti de lui-même vers l’ extérieur. « Adam a voulu se faire Dieu et il s’est trompé. Il ne l’est pas devenu par orgueil. Dieu alors s’est fait homme pour faire d’Adam un Dieu « . (Maurice Zundel : quel homme quel Dieu)
Adam c’ est tout simplement trompé de chemin. Il a pris le chemin de la Seigneurie de l’ homme. C’ est en passant de l’ orgueil à l’ humilité qu’ on devient semblable à Dieu. Depuis ce choix d’ Adam, nous avons développé la région de la dissemblance (Augustin) , la région de l’ orgueil. Maurice Zundel dans sa retraite au Vatican (72) a dit :
 » Le vieux rêve humain d’être comme Dieu qui impliquerait un orgueil insensé, peut désormais s’ accomplir dans une suprême humilité puisque c’est en se vidant de soi sans réserve, que l’ on devient semblable à Dieu « . (QHQD p174)
Songeons au fils prodigue, en s’ éloignant de son père, il a perdu la ressemblance à son père. Depuis ce choix d’Adam, il y a en nous une lutte d’image : ressemblance ou dissemblance. L’image est devenue difforme, méconnaissable. Il y a en nous une perte d’ authenticité, une perte d’ identité. Plus cette perte est profonde, plus le besoin de posséder s’ accroît. Au lieu d’investir par le dedans, on investit par le dehors.
Nous avons à choisir non pas entre la vie et la mort. Sur ce terrain là, aucun choix n’ est possible. Nous avons à choisir, comme Adam, entre la vie pour le Seigneur et la vie pour nous-mêmes. Nous avons à choisir entre ressembler à Dieu ou ressembler à l’ homme ; entre vivre pour nous-mêmes et vivre comme le Dieu de Jésus Christ. Il y a un rapport étroit entre l’ attachement au réalité d’ en-bas et le devenir Dieu. Il s’ agit de choisir entre devenir divin ou devenir  » terrien » . L’ itinéraire de devenir semblable à Dieu passe par notre conversion, un long chemin de restauration de son image en nous.

Conditions pour re-devenir semblable à Dieu
Si cet appel, pourtant fascinant, n’ est pas entendu c’ est qu’ il exige une transformation radicale de sa manière de vivre. Toute transformation -que ce soit celle de l’ enfant qui devient adulte, de la jeune mère qui voit son corps transformé par l’enfant qu’elle porte- est une sorte de mort à quelque chose pour devenir autre chose.
Impossible de re-devenir semblable à Dieu sans une « transformation totale de ce que nous sommes » (Varillon, François, la Pâque de Jésus Éd. Centurion, p.11 -1999 ). Devenir origine, devenir Dieu implique mourir à quelque chose, de passer de soi-même à Dieu , du vieil homme à l’homme nouveau. Le secret pour devenir semblable à Dieu c’ est de s’ occuper de Dieu et se « désoccuper de soi-même » (Elisabeth de la trinité). Mourir à soi-même, oublie de soi pour ne penser qu’ à Dieu, effacer son moi pour faire éclater le Sien. Se haïr soi-même selon les paroles de Jésus dans l’Évangile pour porter toute notre attention, notre intention, toute notre pensée vers et sur Dieu, s’en rien s’ approprier. Vous en conviendrez cela entre directement en conflit avec la mentalité d’un moi qui occupe tout l’avant scène. Pousser toujours plus son moi dehors pour que Lui prenne toute la place. C’ est tout l’ itinéraire spirituel qui est là dedans.
J’ aime beaucoup cette réflexion de Guillaume de saint Thierry qui dit que Dieu « à ses coutumes de faire. Dieu a coutume de commencer par appauvrir celui qu il veut enrichir. » (Can.21 ; 23,117) »Si tu aspires » dit-il encore,  » a jouir pleinement de ma possession, redouble d ‘ effort pour obtenir la plénitude de ma ressemblance sur la Croix. » (P. Thomas, Guillaume de St Thierry, coll Pain de Citeaux n o 1 P. 102) Saint Bonaventure qui a beaucoup étudié le thème de l’ image disait : « Il n y a pas de voie qui mène à lui devenir semblable si ce n’ est par un très ardent désir d imiter le Crucifié. »
Le très vieux rêve humain d’ être comme Dieu s’ accomplit en épousant ( François d’Assise) sans réserve la désappropriation de soi que Jésus à fait sienne en naissant chez nous. Le Christ s’ est fait abaissement dans notre chair pour y amorcer notre remontée vers Lui. Thérèse de l’ enfant Jésus aimait dire : « parce que j’étais toute petite et faible, il s’abaissa vers moi  » (MSa, 49). Par son incarnation, Dieu à pris notre place pour que nous puissions prendre la sienne. Il a pris notre ressemblance pour que nous prenions la sienne.
Pas surprenant alors s’ il manque de candidat pour l’ ouverture de poste ! Pour re-devenir ressemblance à Dieu, il faut choisir de passer par le chemin de Jésus en croix. Par son Incarnation, Dieu en Jésus s’ est donné à l’ humanité pour nous rendre tel qu’ il nous a créé à l’ origine . (saint Bernard)

Ailleurs, ce même Guillaume écrit cette page inouïe.
 » Toute la Trinité tint conseil. Dieu voyait en effet que tout ce qui concerne l’homme n’était que trouble et confusion. Il voyait l’homme égaré si loin dans la région de la dissemblance que par lui-même il ne pouvait ni savait prendre le chemin du retour. »
Aussi bien, l’ Ange avait eu l’audace de convoiter la ressemblance de Dieu…  » l »homme, à son tour voulut être Dieu ; on lui avait persuadé « vous serez comme des dieux « . ..Y-a-t-il donc tant de jaloux ? »
L’Image de Dieu, le fils, voyant que l’ange et l’ homme, taillé sur son propre modèle, c’est-à- dire à l’image de Dieu, avait péri pour avoir désiré d’une manière désordonnée son image (égal à Dieu) dit-il n’ y aura donc que la misère qui ne fasse pas de jaloux. Je vais donc me montrer à l’homme sous l’ aspect d’un homme méprisé, homme de douleurs, afin qu’il envie et imite en moi l’humilité, celle-ci fera parvenir à la gloire qu’il voulait obtenir avec trop de précipitation ». (Nature de l ‘ amour 34 ; 24,131)

Naviguer à contre-courant
Ce que cette semaine sainte – le temps de la passion – nous propose est une démarche rude mais exaltante. Le passage de la forme d ‘ esclave à la forme de Dieu, de la dissemblance à la ressemblance, ne se fait pas sans arrachements, sans mortification, sans mort à nous-mêmes. Mais nous le faisons, les yeux déjà illuminés par le but exaltant : la réussite profonde de notre vie, notre épanouissement final en Christ.
« Si vous voulez posséder le Christ, ne le chercher jamais sans la Croix. » Ces mots de Jean de la Croix exprime bien la rudesse de ces 48 heures. La transformation dont je parle : s’attacher à soi-même ou renoncer à soi-même, perdre sa vie ou se donner une autre vie. Impossible de se donner une double vie
Ce n’ est pas l’ amour qui rend aveugle. C’ est l’ attachement qui m’ apparaît à l’ heure actuelle l’ un des principaux assassins de la vie en forme de Dieu. L’ attachement est le premier obstacle à notre union à Dieu, au temps que nous donnons à Dieu. Tellement attaché à nos affaires que nous oublions à sauter, passer vite sur le temps à consacrer à Dieu.
François d’ Assise parle de la nécessité de se vaincre soi-même comme condition pour partir pour la gloire. L’ apôtre Paul exhortait les romains à ne pas se conformer à la mentalité du monde mais plutôt à offrir leur vie en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu (Rm12, 1-2). Ne nous faisons pas illusion, ces 48 heures nous ferons marcher à contre-courant à la manière des saumons dont nous admirons le courage et l ‘ habileté à passer leur vie à remonter le courant. Partir pour la gloire, entrer dans la gloire, c ‘ est du contre-courant.

Conclusion
Je termine en citant Madeleine Delbrel dans  » nous, gens de la rue  » :
 » La parole de Dieu, on ne l emporte pas au bout du monde, dans une mallette : on la porte en soi, on l’ emporte en soi.
On ne la met pas dans un coin de soi-même, dans sa mémoire comme sur une étagère d’ armoire. On la laisse aller jusqu’ au fond de soi.
Ne nous méprenons pas. Il est très onéreux de recevoir en soi le message intact. C ‘ est pourquoi tant d ‘ entre nous le retouchent, le mutilent, l’ atténuent.
On éprouve le besoin de le mettre à la mode du jour comme si Dieu n ‘ était pas à la mode de tous les jours, comme si on retouchait Dieu.
Une fois que nous avons reçu la Parole de Dieu nous n ‘ avons pas le droit de ne pas la laisser s ‘ incarner en nous, une fois qu ‘ elle est en nous, nous n ‘ avons pas le droit de la garder pour nous, nous appartenons dès lors à ceux qui l ‘ attendent.
Si notre témoignage est souvent médiocre c ‘ est que nous ne réalisons pas que son chemin est celui de la croix et du martyr « .