Archive pour juin, 2013

LE CONCILE DANS LES CONFIDENCES DU PAPE JEAN XXIII – par Sandro Magister (23 octobre 2012)

4 juin, 2013

http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350349?fr=y

LE CONCILE DANS LES CONFIDENCES DU PAPE JEAN XXIII

« La Civiltà Cattolica » publie les journaux intimes du père Roberto Tucci, qui en était le directeur à l’époque du concile. Voici le compte-rendu des cinq entretiens qu’il eut avec le pape qui convoqua Vatican I

par Sandro Magister

ROME, le 23 octobre 2012 – La documentation concernant le concile Vatican II s’est enrichie, il y a quelques jours, d’un nouveau texte inédit jusqu’à hier. Un texte d’une valeur notable.
Il s’agit de quelques extraits des journaux intimes du cardinal Roberto Tucci (photo), qui était, à l’époque du concile, directeur de « La Civiltà Cattolica ».
Et c’est précisément cette revue des jésuites de Rome qui – en prenant ces journaux intimes comme base – a ouvert son dernier numéro sur le compte-rendu des cinq entretiens que Tucci a eus avec le pape Jean XXIII entre 1959 et 1962, c’est-à-dire entre l’annonce et le début de Vatican II.
« La Civiltà Cattolica » est une revue très particulière. Avant impression, ses articles sont passés au crible par les autorités vaticanes, qui tantôt les approuvent, tantôt les modifient, ou encore les éliminent.
Au temps de Pie XII, c’était le pape en personne qui revoyait les articles. Jean XXIII confia cette charge à son secrétaire d’état.
Mais il continua à rencontrer le directeur de la revue. Et celui-ci, après chaque entretien, en faisait un compte-rendu dans son journal intime.
Le journal intime du père Tucci donne ainsi une description très fidèle de la manière dont Jean XXIII s’est approché du concile qu’il avait décidé.
Par exemple, on a la confirmation du fait que le pape fut frappé par le silence qu’il provoqua lorsque, en 1959, il annonça son projet de concile aux cardinaux réunis à Saint-Paul-hors-les-Murs : « Il a proposé la chose, leur a demandé de lui donner franchement leur avis et personne n’a parlé ».
À propos d’autres moments de la marche d’approche du pape vers le concile, il y a dans le journal intime de Tucci quelques notations inattendues.
Par exemple, l’idée du voyage en train par lequel Jean XXIII se rendit à Lorette afin d’appeler la protection de la Vierge sur le concile paraît avoir été le résultat de calculs politiques :
« En ce qui concerne son voyage à Lorette, le pape a dit qu’il devait le faire pour donner satisfaction au ministre des Travaux publics, qui a effectué d’importants investissements dans cette région, et pour donner l’occasion d’une rencontre au président Gronchi : celui-ci voulait que l’on trouve un moyen de faire venir le pape au Quirinal ».
On est également impressionné par les propos brusques de Jean XXIII contre « le mal subtil » dont souffrait la curie, un mal fait de carriérisme et de népotisme, et par sa répugnance pour l’apparat du Vatican.
Le pape Jean était encore plus irrité par ceux qu’il devait qualifier ultérieurement de « prophètes de malheur » dans le discours mémorable qu’il prononça pour ouvrir le concile.
Mais il y a encore bien d’autres choses dans les extraits du journal intime de celui qui était dans ces années-là le directeur de « La Civiltà Cattolica », extraits que cette revue a publiés dans son numéro daté du 20 octobre 2012.
On trouvera ci-dessous les passages marquants de cet article.
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LE PAPE JEAN ET LE CONCILE, DANS LE JOURNAL INTIME DU CARDINAL TUCCI

par Giovanni Sale
Grâce au journal intime du P. Roberto Tucci, directeur de la revue « La Civiltà Cattolica » à l’époque du concile et aujourd’hui cardinal, qui fut reçu à plusieurs reprises par Jean XXIII en raison de ses fonctions, il est possible de retrouver, pour les trois années de préparation de l’événement conciliaire, les thèmes auxquels le pape accordait le plus d’importance et les stratégies d’action qu’il mit en place pour donner plus d’élan au futur concile. [...]
La première audience fut fixée tout de suite après que le P. Tucci eut été nommé au poste de directeur de la revue romaine des jésuites. Elle eut lieu à Castel Gandolfo le 12 septembre 1959. À cette occasion, le directeur notait : « Simplicité impressionnante et affabilité de manières qui fait disparaître tout embarras et qui émeut. Ai été accueilli à la porte et raccompagné presque jusqu’au seuil ». Le pape, faisant plus que ne l’exigeait le protocole, était venu au-devant du jeune P. Tucci, qui avait alors 38 ans, et, restant debout, il s’entretint aimablement avec lui : il s’étonna de son jeune âge, parla des jésuites qu’il avait connus et de l’ouvrage que lui-même avait consacré aux visites pastorales de saint Charles Borromée dans le diocèse de Bergame.
A la fin de l’audience, écrivait le jésuite, le pape « est revenu sur le sérieux et la sûreté doctrinale de notre périodique et il a fait allusion au fait que, à l’époque où il était nonce à Paris, les bons pères jésuites français de la revue ‘Études’ s’étaient quelque peu laissé prendre, eux aussi, par le mouvement d’idées novatrices. Il a évoqué une forme de néo-modernisme qui, ‘d’après ce que l’on me dit’, s’introduit dans l’enseignement, y compris ecclésiastique : tout devient problème et les jeunes finissent par tout remettre en question ».
Le pape faisait référence aux théologiens de la « nouvelle théologie », condamnée à cette époque par Rome et regardée d’un œil soupçonneux dans certains milieux catholiques. Beaucoup de ces théologiens, en effet, étaient des jésuites ; parmi eux, les pères de Lubac, Daniélou, Teilhard de Chardin, Rahner et d’autres ; à la différence de leurs collègues romains de « La Civiltà Cattolica », ceux qui écrivaient dans la revue jésuite parisienne étaient des partisans enthousiastes de ce courant « novateur ». [...]
L’audience suivante, qui eut lieu cinq mois plus tard, c’est-à-dire le 1er février 1960, fut d’une grande importance ; à cette occasion, le pape parla abondamment du futur concile. [...]
« Il a montré clairement – notait le directeur de « La Civiltà Cattolica » – qu’il envisage le concile œcuménique en connexion avec le problème de la réunion, à tout le moins, avec les Églises orientales séparées. Il ne se fait pas d’illusions, mais il constate que le climat spirituel s’est grandement amélioré depuis l’époque de Léon XIII […]. On me dit de faire attention, mais comment puis-je répondre avec dureté à des gens qui s’adressent à moi d’une manière tellement amicale ? Mais je garde toujours les yeux un peu ouverts, pour ne pas me laisser tromper ».
Le pape parla, tout de suite après, de la nécessité de mettre à jour le langage de la théologie et de la doctrine catholique formulées au cours des siècles : « Il fait d’ailleurs – continuait le directeur – une distinction assez explicite entre le dogme proprement dit, les mystères qu’il faut accepter humblement, et les explications théologiques ». [...] Il dit ensuite qu’il fallait parler de l’enfer aux fidèles, mais en soulignant « que le Seigneur sera bon avec un grand nombre de gens ». Il ajouta encore, sur le ton de la plaisanterie : « Il est certain que nous pouvons tous y aller, mais je me dis : Seigneur, tu ne vas quand même pas permettre que ton vicaire y aille ? ». [...]
Lors de l’audience du 7 juin 1960, Jean XXIII se mit à parler avec le directeur de « La Civiltà Cattolica » de la préparation du concile. À cette date, la phase anté-préparatoire était déjà terminée et le pape avait déjà nommé les commissions chargées de rédiger les schémas à présenter au concile.
« L’intention du pape – écrivait le P. Tucci – est de faire entrer dans l’effort de préparation non seulement la curie romaine, mais un peu toute l’Église. Il fait remarquer que souvent, hors de Rome, les gens en veulent à la curie romaine, comme si l’Église était tout entière dans les mains des ‘romains’. Il y a également beaucoup de belles énergies ailleurs ; alors pourquoi ne pas chercher à les employer ? ». [...]
« [Le pape] reconnaît – écrivait le jésuite – qu’il y a eu une certaine résistance de la part des cardinaux [de curie] et que lui, d’autre part, ne veut pas agir sans ceux qui sont à ses côtés justement pour l’aider dans le gouvernement de l’Église. Il prévoit que, maintenant, une lutte plutôt tenace va commencer, parce que les cardinaux ont leurs secrétaires ou leurs protégés qu’ils veulent placer dans les commissions pour des motifs qui ne sont certainement pas surnaturels […]. C’est le mal subtil de la curie romaine : les prélatures, les avancements […]. Mais il souhaite utiliser aussi des étrangers : il a donc demandé à tous les évêques et à tous les nonces d’établir des listes de personnes qualifiées pour ce travail ». L’Église – concluait le pape – doit s’adapter d’une manière ou d’une autre à l’époque et il en est de même pour la curie romaine et pour la cour pontificale.
Il évoquait ensuite sa situation de « prisonnier de luxe » au Vatican et l’excès de faste et de cérémonial qui entourait sa personne. « Je n’ai rien contre ces bons gardes nobles – confiait le pontife – mais toutes ces révérences, toutes ces formalités, tout ce faste, toute cette parade, me font souffrir, croyez-moi. Lorsque je descends [à la basilique] et que je me vois précédé par tous ces gardes, j’ai l’impression d’être un détenu, un malfaiteur ; alors que je voudrais être le ‘bonus pastor’ de tous, proche du peuple. […] Le pape n’est pas un souverain de ce monde. Il raconte combien il a trouvé désagréable, au début, d’être porté sur la sedia gestatoria à travers les salles, précédé par des cardinaux souvent plus vieux et plus mal en point que lui (ajoutant que, en plus, ce n’était même pas tellement rassurant pour lui parce que, au fond, on est toujours un peu en équilibre instable) ». [...]
Lors de l’audience du 30 décembre 1961, Jean XXIII fit part au directeur de « La Civiltà Cattolica » du regret et du mécontentement qu’il avait éprouvés en lisant un article du P. Antonio Messineo, rédigé par celui-ci à la demande du Saint-Office et attaquant Giorgio La Pira en raison de ses prises de position en matière de politique, considérées comme trop indulgentes ou naïvement optimistes en ce qui concernait les partis de gauche. « On n’écrit pas de cette façon contre quelqu’un qui est catholique pratiquant et qui a des intentions droites – dit le pape au P. Tucci – même s’il est un peu fou et si parfois ses idées ne sont pas bien fondées doctrinalement». [...]
Au cours de cette même audience, le pape parla également de la situation politique et de la nécessité pour l’Église de sortir des vieux schémas d’opposition idéologique et de travailler à la réconciliation des hommes.
Il se plaignit des critiques dont il avait fait l’objet même dans certains milieux ecclésiastiques pour avoir répondu au message de vœux qui lui avait été envoyé par le président de l’Union Soviétique, Nikita Khrouchtchev, et il ajouta : « Le pape n’est pas un naïf, il savait très bien que le geste de Khrouchtchev était dicté par des objectifs politiques de propagande ; mais ne pas répondre aurait été un acte d’impolitesse non justifiée. En tout cas, la réponse était calibrée. Le Saint-Père se laisse guider par le bon sens et par le sens pastoral ». [...]
Le pape se plaignit, d’autre part, de certains de ses détracteurs qui l’accusaient d’être un « esprit accommodant » ; il affirma qu’il ne s’était jamais « détaché, pas même sur un seul point, de la saine doctrine catholique » et que ceux qui portaient cette accusation auraient dû en apporter les preuves. « Ensuite il s’en est pris – notait le P. Tucci – aux ‘zélotes’ qui veulent sans cesse se battre. Il y en a toujours eu dans l’Église, il y en aura toujours et il faut de la patience et du silence ! ». [...]
Par ailleurs, à propos de la politique italienne, le pape donna au directeur de « La Civiltà Cattolica » des indications très fortes et très contraignantes. « Le pape souhaite – notait le P. Tucci – une ligne moins engagée dans les affaires politiques italiennes». [...]
Le pape indiqua par ailleurs, gentiment mais fermement, qu’il n’appréciait pas beaucoup l’esprit militant, intransigeant, de la revue et il demanda à ce qu’elle s’adapte, dans son style et dans son contenu, aux temps nouveaux. Citant le commentaire de l’un de ses amis, il dit : « Les bons pères de ‘La Civiltà Cattolica’ sont toujours en train de pleurer pour une chose ou pour une autre ! Et qu’ont-ils obtenu ? [...] Il faut voir le bien et le mal – commenta-t-il – et ne pas être toujours pessimiste à propos de toutes choses ». [...]
Au cours des derniers mois de la longue phase préparatoire, peu de temps avant qu’elle ne s’achève, Jean XXIII était occupé à la lecture attentive des schémas rédigés par les commissions, avant qu’ils ne soient envoyés aux pères conciliaires. [...] Jean XXIII n’était pas très satisfait des schémas qui avaient été préparés et il fit part de cette insatisfaction au directeur de « La Civiltà Cattolica » lors de l’audience qu’il lui accorda le 27 juillet 1962.
Le pape, nota le P. Tucci, « m’a parlé de la révision des textes conciliaires à laquelle il est en train de procéder. [...] Il m’a montré quelques-unes des notes qu’il a rédigées dans la marge des textes : [entre autres] sur un texte dans lequel, sur une page et demie, étaient énumérées uniquement des erreurs, il a indiqué qu’il faudrait faire preuve de moins de dureté. Il m’a également expliqué qu’il avait dû faire comprendre qu’il avait l’intention de revoir les textes avant qu’ils ne soient envoyés aux évêques. Mais que cette intention n’avait pas été prise en compte dès le début, ce qui fait que certains textes avaient déjà été envoyés sans qu’il ait eu la possibilité de les voir ». [...]
Pour en revenir à la politique, rappelons que, à cette époque-là, il y avait chez les catholiques italiens, ainsi que chez les leaders de la Démocratie Chrétienne eux-mêmes, des discussions pour déterminer s’il était nécessaire ou non d’accepter la collaboration des socialistes de P. Nenni au gouvernement. Cette perspective [...] était fortement critiquée par le président de la conférence des évêques d’Italie, le cardinal Giuseppe Siri, et également par de nombreux prélats de la curie romaine, au premier rang desquels figurait le [cardinal Alfredo Ottaviani] pro-secrétaire du Saint-Office. L’administration américaine suivait cette question avec beaucoup d’appréhension et elle incitait son ambassadeur en Italie à faire tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher l’élargissement de l’équipe gouvernementale à la gauche. À cette époque-là, il y avait un grand nombre de catholiques qui considéraient que, du point de vue idéologique et politique, il n’y avait pas, en pratique, une grande différence entre la position des socialistes et celle des communistes, et que, par conséquent, accepter la collaboration des premiers signifiait implicitement accueillir également les seconds.
« Il faut que nous fassions très attention – confiait le pape au P. Tucci – parce que, aujourd’hui, les hommes politiques, y compris les démocrates-chrétiens, cherchent à attirer l’Église de leur côté et qu’ils finissent par se servir de l’Église dans des buts qui ne sont pas toujours de très haut niveau. [...] Je ne m’y connais pas mais, franchement, je ne comprends pas pourquoi on ne peut pas accepter la collaboration d’autres personnes, qui ont une idéologie différente, pour faire des choses qui sont bonnes en elles-mêmes, pourvu qu’il n’y ait pas de concessions en matière de doctrine ».

Pape François: Bienheureux Jean XXIII, un homme pacifié par l’Esprit-Saint

4 juin, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/bienheureux-jean-xxiii-un-homme-pacifie-par-l-esprit-saint

BIENHEUREUX JEAN XXIII, UN HOMME PACIFIÉ PAR L’ESPRIT-SAINT

50E ANNIVERSAIRE DE SA NAISSANCE AU CIEL

Rome, 3 juin 2013 (Zenit.org) Pape François

Le bienheureux pape Jean – Angelo Roncalli « était un homme capable de transmettre la paix », mais il « transmettait la paix parce qu’il avait un esprit profondément pacifié, il s’était laissé pacifier par l’Esprit-Saint ; et cette pacification était le fruit d’un long et exigeant travail sur lui-même », déclare le pape François.
A l’occasion du 50e anniversaire de la mort du bienheureux pape Jean XXIII, le pape François a rencontré, à 18h15, en la basilique Saint-Pierre, ce 3 juin 2013, les pèlerins du diocèse de Bergame, accompagnés de leur évêque, Mgr Francesco Beschi, au terme de la messe célébrée par ce dernier à 17h.
Le pape François a tiré de la vie du bienheureux pape « un enseignement pour chacun de nous, mais aussi pour l’Église de notre temps : si nous savons nous laisser conduire par l’Esprit Saint, si nous savons mortifier notre égoïsme pour faire place à l’amour du Seigneur et à sa volonté, alors nous trouverons la paix, alors nous saurons être des bâtisseurs de paix et nous répandrons la paix autour de nous ».

Discours du pape François
Chers amis du diocèse de Bergame,
Je suis heureux de vous donner la bienvenue, ici, sur la tombe de l’apôtre Pierre, en ce lieu qui est la maison de tout catholique. Je salue avec affection votre évêque, Mgr Francesco Beschi, et je le remercie des aimables paroles qu’il m’a adressées au nom de tous (…).
Il y a exactement 50 ans, à cette heure même, le bienheureux Jean XXIII quittait ce monde. Qui, comme moi, a un certain âge, garde un souvenir vivant de l’émotion qui s’est répandue partout ce jour-là: la place Saint-Pierre était devenue un sanctuaire à ciel ouvert, accueillant jour et nuit les fidèles de tout âge et de toute condition sociale, bouleversés et priant pour la santé du pape.
Le monde entier avait reconnu dans le pape Jean un pasteur et un père. Pasteur parce que père. Qu’est-ce qui l’avait fait devenir comme cela? Comment avait-il pu arriver au coeur de personnes si différentes, et même beaucoup de non-chrétiens? Pour répondre à cette question, nous pouvons rappeler sa devise épiscopale: « Oboedientia et pax »: Obéissance et paix. « Ces paroles, commentait monseigneur Roncalli, à la veille de sa consécration épiscopale, sont un peu mon histoire et ma vie » (Journal de l’âme, Retraite préparatoire à la consécration épiscopale, 13-17 mars 1925). Obéissance et paix.
Je voudrais partir de la paix, parce que c’est l’aspect le plus évident, celui que les gens ont perçu chez le pape Jean: Angelo Roncalli était un homme capable de transmettre la paix ; une paix naturelle, sereine, cordiale ; une paix qui, avec son élection au pontificat, s’est manifestée au monde entier et a reçu le nom de bonté. C’est si beau de trouver un prêtre ou un évêque bon, avec de la bonté. Saint Ignace – je ne fais pas de publicité – saint Ignace avait donné aux jésuites les qualités nécessaires pour les supérieurs : il y avait une longue liste de qualités, mais à la fin (….) la bonté est essentielle ; un prêtre avec de la bonté. Cela a été indubitablement un trait distinctif de sa personnalité, qui lui a permis de construire partout de solides amitiés et qui s’est révélé de manière particulière dans son ministère comme représentant du pape, qu’il a exercé pendant presque trente ans, souvent en contact avec des environnements et des mondes qui étaient très loin de l’univers catholique dans lequel il était né et où il s’était formé. C’est précisément dans ces milieux qu’il s’est montré capable de tisser des relations et de promouvoir l’unité de manière efficace, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la communauté ecclésiale, en étant ouvert au dialogue avec les chrétiens d’autres Églises, avec les représentants du monde juif ou musulman et avec beaucoup d’autres hommes de bonne volonté. En réalité, le pape Jean transmettait la paix parce qu’il avait un esprit profondément pacifié, il s’était laissé pacifier par l’Esprit-Saint ; et cette pacification était le fruit d’un long et exigeant travail sur lui-même, travail dont il nous reste des traces abondantes dans le Journal de l’âme. Nous pouvons y voir le séminariste, le prêtre, l’évêque Roncalli en proie à un chemin de purification progressive du cœur. Nous le voyons, jour après jour, attentif à reconnaître et à mortifier les désirs venant de son égoïsme, à discerner les inspirations du Seigneur, se laissant guider par de sages directeurs spirituels et inspirer par des maîtres comme Saint François de Sales et Saint Charles Borromée. En lisant ces écrits, nous assistons vraiment au processus de formation d’une âme sous l’action de l’Esprit-Saint qui agit dans son Église (…).
Et nous en venons au second terme, décisif : « obéissance ». Si la paix a été la caractéristique extérieure, l’obéissance a constitué pour Roncalli la disposition intérieure : l’obéissance, en réalité, a été l’instrument pour atteindre la paix. Elle a eu avant tout un sens très simple et concret : remplir dans l’Église le service que ses supérieurs lui demandaient, sans rien chercher pour soi, sans se soustraire à rien de ce qui lui était demandé, même lorsque cela signifiait quitter sa terre, se confronter à des mondes jusque-là inconnus, rester pendant des années dans des lieux où la présence de catholiques était extrêmement rare.
Se laisser conduire, comme un enfant, voilà ce qui a construit son parcours sacerdotal que vous connaissez bien : d’abord secrétaire de Mgr Radini Tedeschi tout en étant enseignant et père spirituel au séminaire diocésain, puis représentant pontifical en Bulgarie, en Turquie et en Grèce, en France, ensuite pasteur de l’Église de Venise et enfin évêque de Rome. Mais à travers cette obéissance, le prêtre et l’évêque Roncalli a vécu aussi une fidélité plus profonde, que nous pourrions définir, comme il l’aurait fait lui-même, comme abandon à la Providence divine. Il a constamment reconnu, dans la foi, qu’à travers ce parcours de vie apparemment guidé par d’autres, et non inspiré par ses goûts personnels ou sur la base de sa propre sensibilité spirituelle, Dieu dessinait son projet (…).
Mais plus profondément encore, à travers cet abandon quotidien à la volonté de Dieu, le futur pape Jean a vécu une purification qui lui a permis de se détacher complètement de lui-même et d’adhérer au Christ, laissant ainsi apparaître cette sainteté que l’Église a ensuite reconnue officiellement. « Qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera » nous dit Jésus (Lc 9,24). Voilà la véritable source de la bonté du pape Jean, de la paix qu’il a répandue dans le monde, là se trouve la racine de sa sainteté : dans son obéissance évangélique.
Et ceci est un enseignement pour chacun de nous, mais aussi pour l’Église de notre temps : si nous savons nous laisser conduire par l’Esprit Saint, si nous savons mortifier notre égoïsme pour faire place à l’amour du Seigneur et à sa volonté, alors nous trouverons la paix, alors nous saurons être des bâtisseurs de paix et nous répandrons la paix autour de nous. Cinquante ans après sa mort, la conduite sage et paternelle du pape Jean, son amour pour la tradition de l’Église, conscient qu’elle avait constamment besoin d’être améliorée, son intuition prophétique qui lui a fait convoquer le concile Vatican II et offrir sa vie pour la réussite de celui-ci, restent comme des bornes dans l’histoire de l’Église du XXe siècle et comme un phare qui éclaire le chemin devant nous.
Chers habitants de Bergame, vous êtes fiers, à juste titre, du « bon pape Jean », exemple lumineux de la foi et des vertus de générations entières de chrétiens de votre terre. Maintenez son esprit, approfondissez l’étude de sa vie et de ses écrits, mais surtout, imitez sa sainteté. Du ciel, qu’il continue d’accompagner avec amour votre Église qu’il a tant aimée pendant sa vie, et qu’il lui obtienne du Seigneur le don de nombreux et saints prêtres, de vocations à la vie religieuse et missionnaire, ainsi qu’à la vie de famille et à un engagement laïc dans l’Église et dans le monde. Merci pour votre visite au pape Jean ! Je vous bénis de tout cœur.

Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

Avec Anita Bourdin et Anne Kurian

« Sub Tuum Praesidium » prière à la Vierge Marie

3 juin, 2013


http://mittiterete.blogspot.it/2012_08_01_archive.html

MARIE DANS LA PLUS ANCIENNE PRIÈRE EUCHARISTIQUE

3 juin, 2013

http://www.mariedenazareth.com/15630.0.html?&L=0

MARIE DANS LA PLUS ANCIENNE PRIÈRE EUCHARISTIQUE

Introduction

La « Tradition Apostolique » contient la plus ancienne anaphore eucharistique connue jusqu’à présent. Cette prière magnifique fascine les spécialistes de la liturgie, sans doute à cause de l’antiquité du texte, de sa théologie archaïque, de l’influence qu’elle a exercée sur la structure et sur les contenus des autres prières eucharistiques, de l’aura de mystère qui l’entoure, car nous ignorons qui est l’auteur (elle fut attribuée un certain temps à Hyppolite de Rome), l’endroit de composition, l’origine (Alexandrine?, Romaine?) la date précise, certainement très ancienne :
L’écrit date du premier quart du 3e siècle (c’est à dire avant 225), le texte écrit transmet une tradition qui remonte probablement beaucoup plus tôt encore ; l’original grec est perdu, nous en avons des traductions latines, coptes, arabes, éthiopiennes…
A cette époque la création de l’anaphore est encore libre, l’auteur de la tradition apostolique a écrit ce beau texte comme une proposition et non pas déjà comme une norme fixe.

En 1970 cette anaphore est entrée dans le « Missale Romanum » comme Prière eucharistique II.

1) L’anaphore eucharistique de la Tradition Apostolique
Le passage de la liturgie juive à la liturgie chrétienne fut progressif.
Le genre littéraire de l’anaphore eucharistique de la tradition apostolique est la Berakah, et le Birkat hamazon, la prière juive qui fait le mémorial des événements de la libération que Dieu a accomplie ; (sans un événement de salut, il n’y a pas de liturgie) et rend grâce pour les biens de la création.
Mais l’anaphore s’éloigne de ces modèles : elle remercie immédiatement le Seigneur pour avoir envoyé dans le monde son fils bien-aimé Jésus Christ comme sauveur et rédempteur : dans le Christ toute l’histoire du salut est assumée. Il y a seulement une référence la création : « par lui [le Verbe] tu as créé toutes les choses. »
 Cette prière est inspirée des homélies pascales de la liturgie de la nuit de Pâques (dans son double sens de passion de l’Agneau pascal mis à mort et dans le sens de passage vers le Père et vers la gloire), à commencer par le célèbre « Perì Pascha » de Méliton de Sardes au 2e siècle.
 C’est une prière trinitaire, elle s’adresse au Père, par le Christ, avec le saint Esprit : « Nous te rendons grâces, o Dieu, par ton Enfant bien-aimé Jésus-Christ (…) afin que nous te louions et glorifiions par ton Enfant Jésus-Christ, par qui à toi gloire et honneur avec le Saint-Esprit dans Amen. »
 La prière exprime une réalité sur Jésus (christologie) : Jésus est le fils bien-aimé du Père, comme cela fut manifesté lors de son baptême au Jourdain et lors de sa transfiguration.
La prière exprime sa mission de salut (sotériologie).
La prière exprime le « dessein du Père » et l’union du Père et du Fils : le Père et le Fils sont « inséparables ». L’idée de messager souligne que le Christ est envoyé du Père (Jn 5), et qu’il accomplit le salut qui est le dessein du Père. Le Christ « est ton Verbe inséparable par qui tu as tout créé » la prière s’inspire du Prologue de saint Jean (Jn 1). Le Christ est appelé « enfant », en latin « puer », en grec « pais » qui signifie aussi serviteur, comme dans les poèmes du serviteur du livre d’Isaїe.
Dieu sauve à travers sa solidarité avec nous, parce qu’il s’est fait homme.
Jésus est la manifestation du Père « s’est manifesté comme ton Fils », cette manifestation a été donnée sur la croix et dans la Résurrection.

Voici le texte ancien:
Nous te rendons grâces, ò Dieu, pour ton Enfant bien-aimé Jésus-Christ, que tu nous as envoyé en ces derniers temps (comme) sauveur, rédempteur et messager de ton dessein , qui lui est ton Verbe inséparable par qui tu as tout créé et que, dans ton bon plaisir, tu as envoyé du ciel dans le sein d’une vierge et qui ayant été conçu, s’est incarné et s’est manifesté comme ton Fils, né de l’Esprit-Saint et de la Vierge.
C’est lui qui, accomplissant ta volonté et t’acquérant un peuple saint, a étendu les mains tandis qu’il souffrait pour délivrer de la souffrance ceux qui ont confiance en toi.
 Tandis qu’il se livrait à la souffrance volontaire, pour détruire la mort et rompre les chaînes du diable, fouler aux pieds l’enfer, amener les justes à la lumière, fixer la règle (de foi ?) et manifester la résurrection, prenant du pain, il te rendit grâces et dit : Prenez, mangez, ceci est mon corps qui est rompu pour vous.
De même le calice, en disant : Ceci est mon sang qui est répandu pour vous. Quand vous faites ceci, faites-le en mémoire de moi.
 Nous souvenant donc de sa mort et de sa résurrection, nous t’offrons ce pain et ce calice, en te rendant grâces de ce que tu nous as jugés dignes de nous tenir devant toi et de te servir comme prêtres.
Et nous te demandons d’envoyer ton Esprit-Saint sur l’oblation de la sainte Église. En (les) rassemblant, donne à tous ceux qui participent à tes saints (mystères) (d’y participer) pour être remplis de l’Esprit-Saint, pour l’affermissement de (leur) foi dans la vérité, afin que nous te louions et glorifiions par ton Enfant Jésus-Christ, par qui à toi gloire et honneur avec le Saint-Esprit dans ta sainte Eglise, maintenant et dans les siècles des siècles, Amen. »
(Anaphore eucharistique, Tradition Apostolique,
texte français par B.BOTTE, SC 11 bis, Cerf 1968, pp. 49-53)

2) Marie dans l’anaphore eucharistique de la tradition apostolique
Dans l’ « action de grâce », la Vierge est mentionnée deux fois (mais ne sont pas mentionnés ni les anges ni les patriarches ni les prophètes, les apôtres ou les martyrs) :

Nous te rendons grâces, ò Dieu, par ton Enfant bien-aimé Jésus-Christ, que tu nous as envoyé en ces derniers temps (comme) sauveur, rédempteur et messager de ton dessein , qui lui est ton Verbe inséparable par qui tu as tout créé et que, dans ton bon plaisir, tu as envoyé du ciel dans le sein d’une vierge et qui ayant été conçu, s’est incarné et s’est manifesté comme ton Fils, né de l’Esprit-Saint et de la Vierge.
 - « les derniers temps » sont ceux où Dieu a envoyé sur la terre son  » Enfant bien-aimé « , son « Verbe inséparable » pour qu’il se fasse homme.
L’expression « derniers temps » il est à rapprocher de Gal 4,4 (« Quand advint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme »), et avec la grande tradition de saint Jean, où le Fils est « envoyé par le Père ». Le temps où Jésus est venu est non seulement le dernier temps au sens chronologique, mais aussi au sens qualitatif : c’est la « plénitude du temps », expression qui désigne l’accomplissement définitif de l’époque préparatoire et le début d’une nouvelle époque qui donne le sens et la valeur à toute l’histoire.
 -  » que tu nous as envoyé [...], tu as envoyé du ciel dans le sein d’une vierge »: l’Incarnation est un envoi: il y en a un qui envoie, le Père, l’autre est envoyé, le Fils, cette prière est antidote du modalisme (contre lequel Tertullien aussi a lutté).
L’envoi a un parcours de kénose : du ciel, c’est-à-dire Dieu, dans le sein d’une vierge, de la lumière incréée vers l’obscurité. Et le but est le salut du genre humain.
 - L’expression « dans le sein d’une vierge » atteste la foi de l’Église en l’humanité réelle du Christ contre la tendance du docétisme à réduire le corps du Seigneur à une simple apparence Dieu ne fait pas semblant de visiter son peuple, mais il s’incarne dans le sein de la vierge ; le fait inouï d’une « vierge » qui conçoit et enfante (cf. Is 7, l4 ; Mt l, 23 ; Lc 1,27. 31) n’est pas l’œuvre de l’homme mais de l’Esprit de Dieu (cf. Lc 1,35) ; l’expression « vierge » fait aussi allusion à la perfection morale de Marie.
 - « ayant été conçu dans le sein » («in utero habitus») : nous retrouvons affirmée la réalité de l’Incarnation, mais considérée non pas tant comme la descente du Verbe dans le sein de Marie que comme son séjour dans le ventre de la Vierge.
 - « né de l’Esprit Saint et de la Vierge ». Même formule que dans la liturgie du baptême dont la Tradition Apostolique fournit un des textes les plus anciens: « Crois-tu au Christ Jésus, Fils de Dieu, né de l’Esprit Saint de la Vierge Marie [...] mort, et qui le troisième jour est ressuscité ? » (Tradition Apostolique 21). On pose cette question avant d’immerger le candidat dans les eaux des fonts baptismaux parce que la conception-naissance virginale du Christ, le Fils de Dieu, appartient au noyau central de la foi.
  Le motif de la mention de Marie dans la prière eucharistique n’est pas de vénérer la Mère du Seigneur mais de glorifier Dieu pour le don de Jésus, son Fils, né par la Vierge.
Cependant, cette mention, dans un contexte fortement liturgique, met en relief la fonction essentielle que Marie a eu dans l’histoire du salut : elle est la mère vierge du Christ, Verbe de Dieu, sauveur de l’homme.
Cette mention archaïque de la Vierge sera désormais un élément présent dans chaque prière eucharistique, en prenant progressivement plus de relief.
Du point de vue liturgique, il n’est pas hors de propos d’affirmer que la vénération à la Mère du Seigneur a commencé près de l’autel du Seigneur et des fonts baptismaux.

Bibliographie :
Ignazio CALABUIG, Il culto di Maria in occidente, In Pontificio Istituto Liturgico sant’Anselmo, Scientia Liturgica, sotto la direzione di A.J. CHUPUNGCO, vol V, Piemme 1998. p. 270
C. GIRAUDO. La struttura letteraria della preghiera eucaristica. Saggio sulla genesi letteraria di una forma. Roma, Pontificio Istituto Biblico, 1981, (Analecta Biblica 92). Cap. VII / II. L’anafora della Tradizione apostolica, pp. 290-295.
C. GIRAUDO. Eucaristia per la Chiesa. Prospettive teologiche sull’eucaristia a partire dalla «lex orandi» Roma – Brescia I E. P .U .G . Morcelliana, 1989, pp. 410-411.

F. Breynaert

Pape François : La multiplication des pains ou la compassion de Jésus

3 juin, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/la-multiplication-des-pains-ou-la-compassion-de-jesus

La multiplication des pains ou la compassion de Jésus

Angélus du 2 juin 2013

Rome, 2 juin 2013 (Zenit.org) Pape François

Le miracle de la multiplication des pains est avant tout un geste de Jésus par « compassion pour la multitude », pour « nous tous », mais aussi un signe de sa « confiance dans le Père céleste »: « il sait que tout Lui est possible », souligne le pape.
Le pape François a présidé la prière de l’angélus, de la fenêtre du bureau pontifical qui donne place Saint-Pierre, en présence de plus de 100.000 visiteurs, ce 2 juin 2013, fête du Corps et du Sang du Christ (Fête-Dieu) dans de nombreux pays.

Paroles du pape François avant l’angélus (en italien)
Chers frères et sœurs, bonjour !
Jeudi dernier nous avons célébré la fête du Corpus Domini, qui en Italie et dans d’autres pays est reportée à ce dimanche. C’est la fête de l’Eucharistie, Sacrement du Corps et du Sang du Christ.
L’Evangile nous propose le récit du miracle des pains (Lc 9,11-17); je voudrais m’arrêter sur un aspect qui me touche toujours et me fait réfléchir. Nous sommes sur la rive du lac de Galilée, le soir se fait proche; Jésus se préoccupe pour la foule qui est avec Lui depuis des heures : ils sont des milliers, et ils ont faim. Que faire ? Les disciples aussi se posent la question, et disent à Jésus : « Renvoie la foule » afin qu’elle aille dans les villages proches pour trouver à manger. Jésus au contraire dit : «Donnez-leur vous-mêmes à manger » (v. 13). Les disciples restent déconcertés, et répondent : « Nous n’avons que cinq pains et deux poissons », ce qui signifie : à peine le nécessaire pour nous.
Jésus sait bien quoi faire, mais il veut impliquer ses disciples, il veut les éduquer. Les disciples font preuve d’une attitude humaine, qui recherche la solution la plus réaliste, qui ne crée pas trop de problèmes : Renvoie la foule – disent-ils – que chacun s’arrange comme il peut, du reste tu as déjà tant fait pour eux : tu as prêché, tu as guéris les malades… Renvoie la foule !
L’attitude de Jésus est complètement différente, elle est dictée par son union avec le Père et par sa compassion pour la multitude, cette pitié de Jésus envers nous tous. Jésus sent nos problèmes, il sent nos faiblesses, il sent nos besoins. Devant ces cinq pains, Jésus pense : voici la providence! De ce « peu », Dieu peut tirer le nécessaire pour tous. Jésus fait totalement confiance au Père céleste, il sait que tout Lui est possible. C’est pourquoi il dit aux disciples de faire asseoir la foule par groupes de cinquante – ce n’est pas par hasard, cela signifie qu’ils ne sont plus une foule, mais qu’ils deviennent des communautés, nourries par le pain de Dieu. Puis il prend ces pains et ces poissons, lève les yeux au ciel, récite la bénédiction – la référence à l’Eucharistie est claire –, puis les rompt et commence à les donner aux disciples, et les disciples les distribuent… et les pains et les poissons ne s’épuisent pas, ils ne s’épuisent pas ! Voici le miracle: plus qu’une multiplication c’est un partage, animé par la foi et par la prière. Ils mangèrent tous et il en resta : c’est le signe de Jésus, pain de Dieu pour l’humanité.
Les disciples virent cela, mais ils ne comprirent pas bien le message. Ils furent pris, comme la foule, par l’enthousiasme du succès. Encore une fois ils suivirent la logique humaine et non celle de Dieu, qui est celle du service, de l’amour, de la foi. La fête du Corpus Domini nous demande de nous convertir à la foi en la Providence, de savoir partager le peu que nous sommes et que nous avons, et de ne pas nous fermer sur nous-mêmes. Demandons à notre Mère Marie de nous aider dans cette conversion, pour suivre vraiment davantage ce Jésus que nous adorons dans l’Eucharistie. Ainsi soit-il.

Paroles du pape François après l’angélus
(En italien)
Chers frères et sœurs,
Mon inquiétude est toujours vive et souffrante face à la persistance du conflit qui depuis plus de deux ans enflamme la Syrie et touche spécialement la population civile, qui aspire à la paix dans la justice et la compréhension. Cette situation tourmentée de guerre porte en elle des conséquences tragiques : mort, destruction, dommages économiques et environnementaux considérables, mais aussi la plaie des enlèvements. En déplorant ces faits, je désire assurer de ma prière et de ma solidarité pour les personnes enlevées et pour leurs proches, et je fais appel à l’humanité des ravisseurs afin qu’ils libèrent les victimes. Prions toujours pour notre bien aimée Syrie !
Il y a tant de situations de conflits dans le monde, mais il y a aussi tant de signes d’espérance. Je voudrais encourager les récents pas accomplis dans divers pays d’Amérique Latine vers la réconciliation et la paix. Accompagnons-les par notre prière.

Ce matin, j’ai célébré la Sainte Messe avec quelques militaires et avec les parents de personnes tuées lors de missions de paix, qui essaient de promouvoir la réconciliation et la paix dans des pays où tant de sang fraternel est toujours répandu dans des guerres qui sont toujours une folie. « Tout se perd avec la guerre. Tout se gagne avec la paix ». Je demande une prière pour les morts, les blessés et leurs familles. Faisons ensemble, maintenant, en silence, dans notre coeur – tous ensemble – une prière pour les morts, les blessés et leurs familles. En silence.
Je salue avec affection tous les pèlerins présents aujourd’hui: les familles, les fidèles de tant de paroisses italiennes et d’autres pays, les associations, les mouvements.
Je salue les fidèles provenant du Canada et ceux de Croatie et Bosnie Herzégovine, ainsi que le groupe du Piccolo Cottolengo de Gênes, de l’Œuvre de Don Orione.
Je salue tous. A tous bon dimanche et bon déjeuner!

Traduction de Zenit, Anne Kurian

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