Archive pour juin, 2013

JE SUIS CRÉÉ À L’IMAGE DE DIEU: QU’EST-CE QUE CELA SIGNIFIE ET COMPORTE?

18 juin, 2013

http://www.sancarlo.pcn.net/argomenti_francese/pagina10.html

JE SUIS CRÉÉ À L’IMAGE DE DIEU: QU’EST-CE QUE CELA SIGNIFIE ET COMPORTE?

Où se trouve le fondement de l’affirmation: «je suis créé à l’image de dieu (imago dei)»?

Cette affirmation se fonde sur la Bible. Plus exactement, dans les premières pages de la Bible, nous lisons: «Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa» (Gn 1,27).

Quand l’homme commence-t-il à être image de dieu?
L’homme commence à être image de Dieu dès le premier moment de sa fécondation. Cette dignité est donc présente en chaque phase de la vie humaine. L’Église annonce cette vérité non seulement avec l’autorité de l’Évangile, mais aussi avec la force qui dérive de la raison; et c’est exactement pour cela qu’elle sent le devoir de faire appel à chaque homme de bonne volonté, dans la certitude que l’accueil de cette vérité ne peut que valoir pour les individus et pour la société.

D’où vient le fait que l’homme est image de dieu?
Ça vient de Dieu. C’est Dieu lui-même qui fait ce don spécial à l’homme. L’homme le reçoit gratuitement. Il ne s’agit donc pas d’une conquête humaine ni une oeuvre de l’homme.
Il revient à l’homme de:
reconnaître ce don;
remercier le Donateur, Dieu;
manifester et faire croître dans la vie les fruits de ce don;
témoigner avec courage, dans le propre agir quotidien, l’être à l’image de Dieu.

Que signifie: dieu nous a créés à son image?
Dire que Dieu nous a créés à son image signifie que:
il a voulu que chacun de nous manifeste un aspet de son infini splendeur
a un projet sur chacun de nous;
chacun de nous est destiné à entrer dans l’éternité bienheureuse, par un itinéraire qu’il est vraiment;
la créature est donc image de Dieu effectivement puisqu’ elle participe à l’immortalité – non pas par sa nature, mais comme don du créateur. L’orientation à la vie éternelle est ce qui rend l’homme créé correspondant de Dieu.
• «La dignité de l’homme n’est pas quelque chose qui s’impose à nos yeux, elle n’est pas mesurable ni qualifiable, elle échappe aux paramètres de la raison scientifique ou technique; mais notre civilité et notre humanisme n’ont pas des progrès sinon dans la mesure où cette dignité a été plus universellement et plus pleinement reconnue toujours pour plusieurs personnes» (Card. JOSEPH RATZINGER, Discours au Conseil Pontifical pour la Pastorale de la Santé, 28 novembre 1996).

Dans quel sens l’homme est-il créé à «l’image de dieu»?
L’homme est créé à l’image de Dieu dans le sens qu’il est capable de connaître et d’aimer, dans la liberté, son Créateur. C’est la seule créature, sur cette terre, que Dieu a voulu pour elle-même et qu’il a invitée à partager, dans la connaissance et dans l’amour, sa vie divine. Il a la dignité de personne, en tant que créé à l’image de Dieu: ce n’est pas quelque chose, mais quelqu’un capable de se connaître, de se donner librement et d’entrer en communion avec Dieu et avec les autres personnes (COMPENDIUM du CEC, n° 66).

Quelles dimensions l’être créé à l’image de dieu implique-t-il?
L’être créé à l’image de Dieu implique tout l’homme et tout homme.
En particulier:
sa dignité;
son unité de corps et d’âme;
son être d’homme et de femme;
sa relation avec Dieu, avec soi-même, avec les autres personnes.
C’est donc l’homme intégral qui est créé à l’image de Dieu. La Bible présente une vision de l’être humain où la dimension spirituelle va avec la dimension physique, sociale et historique de l’homme.

Dans quelle manière l’être créé à l’image de dieu implique-t-il la dignité de l’homme?
L’être créé à l’image de Dieu implique sa dignité dans la mesure où il en est le fondement.
En effet, la dignité de l’homme:
ne s’identifie pas avec les gènes de son ADN;
ne dépend pas de son avoir ni de sa capacité de faire, encore moins de son appartenance à une race, culture ou nation;
ne diminue pas à cause de l’éventuelle présence de diversités physiques ou de défauts génétiques.
Le fondement de l’authentique et pleine dignité, inhérente à tout homme, se trouve dans le fait d’être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. «La dignité de la personne humaine s’enracine dans la création à l’image et ressemblance de Dieu. Dotée d’une âme spirituelle et immortelle, d’intelligence et de libre volonté, la personne humaine est ordonnée à Dieu et appelée, avec son âme et son corps, à la béatitude éternelle» (Compendium du CEC, n° 358).
Ainsi fondée, cette dignité distingue essentiellement l’homme de tous les autres êtres créés (pour cela on parle de différence ontologique – sur le plan de l’être et non seulement sur le plan fonctionnel de l’agir – parmi les êtres humains et le reste du monde). La Bible souligne cette différence déjà dans les premières pages, lorsqu’elle affirme que Dieu, après avoir créé les choses de ce monde, dit: «Et Dieu vit que c’était très bon» (Gn 1,25), mais, après avoir créé l’homme, s’exclame: «Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et voici, cela était très bon» (Gn 1,31).
Dans l’homme, comment s’exerce le rapport de l’être image de dieu dans sa communion avec dieu?
L’être créé à l’image de Dieu est le fondement de l’orientation de l’homme vers Dieu. C’est exactement sur cette ressemblance radicale à Dieu, Un et Trine, que se fonde la possibilité de la communion de l’homme avec la Très Sainte Trinité.
C’est ainsi que Dieu lui-même l’a voulu. En effet, le Dieu, Un et Trine, a voulu partager sa communion trinitaire avec les personnes créées à son image. Ou mieux, c’est par cette communion trinitaire que l’homme à été créé à l’image de Dieu. Le but de l’homme est par conséquent de connaître, d’aimer et de servir Dieu dans cette vie et ensuite de jouir de Lui dans l’autre vie, et aimer le prochain comme Dieu l’aime.
«Créé à l’image de Dieu, l’homme exprime aussi la vérité de son rapport avec Dieu Créateur à travers la beauté de ses oeuvres artistiques» (CEC, 2501).

Le corps participe-t-il aussi a cette image de dieu?
Oui. Le corps aussi, comme partie intrinsèque de la personne, participe à sa création à l’image de Dieu.
Dans la foi chrétienne:
c’est l’âme qui est créée à l’image de Dieu;
mais, puisque l’âme est la forma substantialis du corps, la personne humaine, dans son entièreté, est portatrice de l’image divine dans une dimension tant spirituelle que corporelle;
l’homme n’a pas le corps, mais il est aussi le corps;
le dualisme corps-âme est donc exclu;
l’homme est considéré dans son entièreté, dans son unité; il est esprit incarné, c’est-à-dire âme qui s’exprime dans le corps et corps informé par un esprit immortel;
la corporéité est donc essentielle à l’identité personnelle;
l’affirmation de la résurrection du corps, à la fin du monde, fait comprendre comment l’homme existe aussi dans l’éternité, après la mort, comme personne physique et spirituelle complète.
En conséquence, la foi chrétienne affirme clairement l’unité de l’homme et comprend la corporéité comme essentielle à l’identité personnelle aussi bien dans cette vie que dans l’autre.

Pourquoi l’image de dieu se manifeste-t-elle dans la différence des sexes?
Parce que l’être humain existe seulement comme masculin ou féminin, et cette différence sexuelle, loin d’être un aspect accidentel ou secondaire de la personalité, est un élément constitutif de l’identité personnelle. Donc, la dimension sexuelle appartient aussi à l’être image de Dieu. Homme et femme sont également créés à l’image de Dieu, même si chacun l’est de manière propre et caractéristique. Pour cela, la foi chrétienne parle de réciprocité et de complémentarité entre les sexes.
Créés à l’image de Dieu, les êtres humains sont appelés à l’amour et à la communion. Puisque cette vocation se réalise de manière caractéristique dans l’union unitivo-procréative entre mari et épouse, la différence entre homme et femme est un élément essentiel dans la constitution des êtres humains créés à l’image de Dieu. «Dieu créa l’homme à son image; à l’image de Dieu il le créa; homme et femme, il les créa» (Gn 1,27; cf. Gn 5,1-2). Donc, selon les Écritures, l’imago Dei se manifeste aussi, dès le commencement, dans la différence entre les sexes.
«La sexualité exerce une influence sur les aspects de la personne humaine, dans l’unité de son corps et de son âme. Elle concerne particulièrement l’affectivité, la capacité d’aimer et de procréer, et, d’une manière plus générale, l’attitude pour nouer des rapports de communion avec d’autres» (CEC, 2332).
Les rôles attribués à l’un ou à l’autre sexe peuvent varier dans le temps et dans l’espace, mais l’identité sexuelle de la personne n’est pas une construction culturelle ou sociale. Elle appartient au mode spécifique dans lequel l’image de Dieu existe.
Cette spécificité sexuelle est renforcée par l’Incarnation du Verbe. Il a assumé la condition humaine dans sa totalité, en assumant un sexe, mais en devenant homme dans les deux sens du mot: comme membre de la communauté humaine, et comme être de sexe masculin (CTI, 34).
• En outre, l’incarnation du Fils de Dieu et la résurrection des corps à la fin des temps étendent aussi à l’éternité l’identité sexuelle originaire de l’imago Dei.

Pourquoi l’être image de dieu implique-t-il aussi notre rapport avec les autres personnes?
C’est justement puisque Dieu est Trinité, c’est-à-dire communion de Trois personnes dans l’unique nature divine; de même la personne, créée à l’image de Dieu, et donc capable de relation avec les autres personnes, est un être qui:
a une orientation fondamentale vers les autres personnes;
est appelé à former avec elles une communauté.
• «L’être humain est donc vraiment humain dans la mesure où il actualise l’élément essentiellement social dans sa constitution, en tant que personne à l’intérieur des groupes familiales, religieux, civiles, professionnels et d’autre genre qui, ensemble forment la société environnante à laquelle il appartient» (CTI, 42).
• Le mariage constitue une forme élevée de communion entre les personnes humaines et une des meilleures analogies de la vie trinitaire. Ou mieux, «le premier exemple de cette communion est l’union procréative de l’homme et de la femme, qui reflète la communion créative de l’amour trinitaire» (CTI, 56). Quand un homme et une femme unissent leur corps et leur esprit dans une attitude de totale ouverture et donation de soi, ils forment une nouvelle image de Dieu. Leur union, dans une seule chair, ne répond pas simplement à une nécessité biologique, mais à l’intention du Créateur qui les pousse à partager le bonheur d’être faits à son imge (cf. CEC, 2331).
L’humanité elle-même, dans son unité originaire (dont Adam est le symbole), est faite à l’image de la Trinité divine. «Tous les hommes forment l’unité du genre humain, de par l’origine commune qu’ils ont de Dieu. En outre, ‘à partir d’un seul homme, Dieu a créé toutes les nations des hommes’ (Ac 17,26). Ensuite, tous ont un unique Sauveur et sont appelés à partager l’éternel bonheur de Dieu» (COMPENDIUM du CEC, 68).

Comment l’être image de dieu implique-t-il aussi notre relation avec les choses créées?
L’être créés à l’image de Dieu est le fondement:
de notre relation avec les choses créées;
de notre supériorité sur le monde visible: l’homme est le sommet de la création visible, puisqu’il est l’unique à être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu;
de notre participation au gouvernement divin de la création.

De quelle manière l’homme participe-t-il à la seigneurie de dieu sur le monde?
La participation de l’homme à la seigneurie de Dieu signifie qu’il:
exerce cette seigneurie sur la création visible seulement en vertu du privilège qui lui est conféré par Dieu;
reconnaît en Dieu le Créateur de tout, rend gloire et grâce à Lui pour le don de la création, et glorifie le nom de Dieu;
n’est pas le seigneur principal sur le monde. Dieu, le Créateur du monde, est le Seigneur par excellence sur le monde. L’homme est un seigneur subordonné (seigneurie ministérielle et subordonnée);
est désigné par Dieu à être comme son collaborateur, administrateur. L’homme est appelé par Dieu à exercer, au nom même de Dieu, une administration responsable sur le monde créé. Cette administration «doit se mesurer par la sollicitude pour la qualité de la vie du prochain, y compris celle des générations futures, et exige un respect religieux de l’intégrité de la création» (CEC, 2415);
en tant qu’administrateur, il doit rendre compte de sa gestion, et Dieu jugera ses actions.
• Cette seigneurie se réalise dans le respect envers le créé: l’homme, comme image de Dieu, n’est pas un dominateur sur le monde. L’administration humaine du monde créé est justement un service rendu à travers la participation au gouvernement divin. «Les êtres humains font ce service en gagnant une connaissance scientifique de l’univers, en s’occupant d’une manière responsable du monde naturel (les animaux et l’environnement inclus) et en sauvegardant leur même intégrité biologique» (CTI, 61).
• Le même travail humain «provient immédiatement des personnes créées à l’image de Dieu et appelées à prolonger, les unes avec les autres et pour les autres, l’oeuvre de la création» (CEC, 2427), en collaborant avec Dieu Créateur.

Quel est le rapport entre l’être à l’image de dieu et la loi naturelle?
En créant l’homme à son image, Dieu a placé dans l’intimité de la conscience humaine une loi que la tradition appelle loi naturelle. Cette loi est d’origine divine, et la conscience que l’homme en a, est elle-même participation à la loi divine» (CTI, 60). Et le Compendium du CEC affirme à ce propos: «La loi naturelle, inscrite par le Créateur dans le coeur de tout homme, consiste en une participation à la sagesse et à la bonté de Dieu et exprime le sens moral originaire, qui permet à l’homme de discerner, au moyen de la raison, le bien et le mal. Elle est universelle et immuable et pose la base des devoirs et des droits fondamentaux de la personne, ainsi que de la personne et de la même loi civile». (416).

Cette loi est-elle perçue par tous?
«À cause du péché, la loi naturelle n’est pas toujours perçue par tous avec une clarté et spontanéité égale» (COMPENDIUM du CEC, 417). Pour cela «Dieu a écrit sur les tables de la Loi ce que les hommes ne réussissaient à lire dans leurs coeurs» (SAINT AUGSTIN).

Quelles sont les consé-quences que le péché a provoquées sur l’être humain créé à l’image de dieu?
Le péché ne détruit pas, n’annule pas l’image de Dieu dans l’homme. L’homme est image de Dieu en tant qu’homme. Et tant qu’il est homme, c’est un être humain à l’image de Dieu. L’image divine est liée à l’essence humaine en tant que telle, et l’homme n’a pas le pouvoir de la détruire complétement.
Le péché, de par sa gravité objective et la responsabilité subjective de l’homme, souille l’image de Dieu en l’homme, la blesse, l’assombrit. C’est justement puisque le péché est comme une blessure de l’image de Dieu en l’homme, qu’il blesse, assombrit l’homme:
dans sa dignité, en provoquant une division à l’intérieur entre corps et esprit, connaissance et volonté, raison et émotions;
dans sa relation avec Dieu, avec soi-même, avec les autres, avec le créé.
Blessé par le péché, l’homme a besoin du salut. Et Dieu infiniment bon lui offre ce salut dans son Fils Unique Jésus-Christ qui libère, guérit les blessures de l’homme par sa Mort et Résurrection.
• La défiguration de l’imago Dei par le péché, avec ses inévitables conséquences négatives sur la vie personnelle et interpersonnelle, est donc vaincue par la Passion, Mort et Résurrection du Christ.

Quel modèle l’homme a-t-il pour réaliser son être à l’image de dieu?
Avant tout, l’homme se comprend pleinement lui-même, et surtout son être à l’image de Dieu, seulement, à la lumière du Christ. «En réalité, le mystère de l’homme trouve la lumière seulement dans le mystère du Verbe Incarné. En effet, Adam, le premier homme était figure de l’homme futur, celle du Christ Seigneur. Christ, qui est le Nouvel Adam, en révélant effectivement le mystère du Père et de son amour, dévoile aussi pleinement l’homme à l’homme et lui fait connaître sa plus profonde vocation» (CONCILE VATICAN II, Gaudium et Spes, 22).
Le mystère de l’homme se clarifie donc seulement à la lumière du Christ, qui est l’image parfaite «du Dieu invisible, engendré avant toute créature» (Col 1,15) et qui nous introduit, à travers l’Esprit Saint, à une participation au mystère de Dieu, un et trine. «Le sens d’être créés à l’imago Dei nous est alors pleinement dévoilé seulement dans l’Imago Christi» (CTI, 53).
«Dieu le Père nous appelle à être ‘conforme à l’image de son Fils’ (Rm 8,29), par l’oeuvre de l’Esprit Saint qui agit d’une manière mystérieuse dans tous les êtres humains de bonne volonté, dans les sociétés et dans le cosmos, pour transfigurer et diviniser les êtres humains. En outre, l’Esprit Saint oeuvre à travers les sacrements, en particulier à travers l’Eucharistie» (CTI, 54).
Grâce à l’Esprit Saint, «la grâce salvifique de la participation au mystère pascal du Christ reconfigure l’imago Dei selon le modèle de l’Imago Christi (…). En ce sens, l’existence quotidienne de l’homme est définie comme un effort de conformation, toujours plus pleine, à l’image du Christ, en cherchant à dédier sa propre vie au changement pour arriver à la victoire finale du Christ dans le monde» (CTI, 56). Donc, nous devenons pleinement image de Dieu au moyen de la participation à la vie divine en Christ.

De quelle manière christ est le modèle de tout homme dans le fait de vivre à l’image de dieu?
Christ est le modèle pour l’homme dans le fait de vivre à l’image de Dieu, en ce sens que:
l’image originale de l’homme qui, à son tour représente l’image de Dieu, est Christ, et l’homme est créé à partir de l’image du Christ, sur son image. La créature humaine est en même temps projet préliminaire en vue du Christ, c’est-à-dire, Christ est l’image parfaite et fondamentale du Créateur, et Dieu forme l’homme justement en vue de Lui, de Son Fils;
les possibilités que le Christ s’ouvre à l’homme ne signifient pas la suppression de la réalité de l’homme en tant que créature, mais sa transformation et sa réalisation selon l’image parfaite du Fils;
en même temps, une tension existe entre la dissimulation et la manifestation future de l’image de Dieu: nous pouvons appliquer ici la parole de la première Lettre de Jean: «Dès à présent nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté» (1 Jn 3,2).
tous les êtres humains sont désormais image de Dieu – à l’image du Christ, même si ce qu’ils deviendront n’est pas encore manifesté, surtout à la fin des temps, quand le Seigneur Jésus viendra sur les nuages du ciel, pour que Dieu «soit tout en tous» (1 Co 15,28). L’imago Dei peut être donc considérée, dans un sens réel, comme encore en devenir (son caractère dynamique);
• Notre conformation à l’image du Christ se réalise donc parfaitement seulement dans notre résurrection à la fin des temps, dans laquelle Christ nous a précédés et à laquelle s’est déjà associée la Très Sainte Marie, sa Mère.

Le Primicerio
de la Basilique des saints Ambroise et Charles Borromée à Rome
Monsignor Raffaello Martinelli

NB: pour approfondir l’argument, on peut lire les documents pontificaux suivants:
Commission Théologique Internationale (abbr. CTI), Communion et Service, Librérie Éditrice Vaticane, 2005;
Card. Joseph Ratzinger, Conférence au Conseil Pontifical pour la Pastorale de la Santé, sur le thème: «À l’image et à la ressemblance de Dieu: Toujours? Le malaise de l’esprit humain» (28 novembre 1996);
Catéchisme De L’église Catholique (CCC), nn. 355-420;
Compendium du CEC, nn.66-78

Stations of the Cross from St. Sylvester Parish, Chicago – Day 1 : Station II – Jesus is given His cross

17 juin, 2013

Stations of the Cross from St. Sylvester Parish, Chicago – Day 1 : Station II – Jesus is given His cross dans images sacrée

http://churchartphotography.wordpress.com/2012/04/02/stations-of-the-cross-from-st-sylvester-parish-chicago-day-1/

HOMME ET FEMME, MÂLE ET FEMELLE. GENÈSE 2, 18-25

17 juin, 2013

http://hebrascriptur.com/Genese/Fhf.html

HOMME ET FEMME, MÂLE ET FEMELLE.

GENÈSE 2, 18-25

(Texte et les notes sur le site)

  ON NE PEUT COMPRENDRE LE PROJET DE DIEU SUR L’HOMME, QU’EN GARDANT TOUJOURS VIVANTE À L’ESPRIT L’ORIGINE ANIMALE DE NOTRE HUMANITÉ. 

L’argile
est d’abord matière inerte, entièrement soumise aux lois de la Physique.
Cependant cette matière argileuse rougeâtre, adamah, est déjà prégnante des premiers rougeoiements de la lumière (cf. “ Adam, le Rougeâtre ”). C’est pourquoi, au jour de faire une terre et des cieux (Gn 2, 4b), Yhwh Élohim pétrit l’hominidé, l’adam, poussière de l’argile adamah (Gn 2, 7a), de même qu’il pétrit, de l’argile adamah, tout animal des champs et tout oiseau des cieux (Gn 2, 19a). Animal ou hominidé, c’est le même processus, la même action de pétrir la même matière première ; le même opérateur a créé le même être vivant (Gn 1, 24 et 2, 7b). Seule prévenance accordée à l’hominidé — connue depuis la fin du premier récit (Gn 1, 26) —, Dieu veut en faire quelqu’un, un homme, qu’il appellera Adam. Ce résultat n’apparaîtra clairement qu’à la fin du chapitre 4, au moment où cet homme, Adam, engendrera un fils, Set (Gn 4, 25 cf. L’Homme qui engendre). Comment Dieu va-t-il conduire l’évolution de cet être vivant depuis l’animalité jusqu’à l’humanité ?
Il n’est pas bon pour l’hominidé de vivre seul. Quoique le texte dise “ être seul ”, il faut se souvenir que, contrairement à ce qui se passe en français, le verbe être n’est jamais auxiliaire en hébreu, mais touche à l’essence même de l’existence. L’Écriture ne dit pas seulement que la solitude est mauvaise, mais que l’hominidé ne pourra pas devenir homme, exister, vivre en tant qu’homme, s’il reste seul et sans partenaire. La présence de ce verbe être est le premier indice d’une vérité que les versets suivants vont révéler, sous une forme d’abord embryonnaire, qui ne cessera de se développer tout au long de la Bible : l’homme est fait pour vivre en communauté, ou plutôt, la communauté est l’outil au moyen duquel Dieu fait l’homme. Pour l’hominidé, qui vient d’être créé, cette « communauté » n’est qu’une troupe grégaire, régie par l’instinct de conservation ; son langage est fruste, entièrement ordonné à la survie de l’espèce, mais il est suffisant, efficace, et déjà laisse place à une certaine contemplation. C’est de cette contemplation, encore muette, que bientôt, un premier cri va jaillir.

Le premier cri humain
Chaque animal a son cri particulier qui caractérise l’espèce. Le cri, lorsqu’il est possible, est la première manifestation de la vie qui réagit devant une sensation nouvelle. Seuls les animaux supérieurs ont cette faculté d’émettre des cris, et par rapport aux réactions d’animaux moins évolués, le cri traduit un progrès dans la communication, un pas vers le langage : en présence d’un danger, l’huître se ferme et le poisson fuit, mais l’oiseau crie pour alerter ses petits. Le cri de l’animal n’est donc pas seulement une signature de l’espèce, ni le simple réflexe d’un vivant évolué qui a peur : il est déjà signal dirigé vers l’altérité, pour exprimer une perception nouvelle et demander quelque chose.
La vie, en provenance du milieu aqueux utérin, à peine arrivée à l’air libre, pousse son premier cri. C’est un signal d’alarme adressé au monde. Le cri du nouveau-né est un appel au secours devant la perception soudaine d’une situation inconnue, si différente de la vie à laquelle il s’était habitué avant de naître. On retrouvera ce même cri lorsque le nourrisson éprouvera la faim, sensation inconnue avant la rupture du cordon ombilical. Mais le cri, même animal, ne restera pas uniquement une alarme pour conjurer la peur. Le cerf qui brame à la saison des amours réagit instinctivement à la situation nouvelle que crée en lui le changement de saison. Son cri est toujours un appel, mais de sens différent : la femelle ne le confondra pas avec un cri d’alerte. Et le cri se diversifiera encore, en présence d’un autre animal, suivant que ce nouveau venu est de même espèce ou d’une espèce différente, qu’il peut constituer une proie ou au contraire présenter un danger prédateur. Même évolution dans la croissance du petit d’homme, dont la mère recueillera bientôt, après les cris de douleur, les cris de joie. Accompagnant l’évolution, le cri devient langage. C’est ce que traduit le verbe hébreu qara qui ne signifie pas simplement « crier », sans nuances, mais aussi « appeler », « demander » ou « invoquer », (et plus tard, pour l’homme évolué, « réciter » ou « lire à voix haute »), c’est-à-dire manifester par la voix une intention à signification propre, dirigée vers une altérité de plus en plus reconnue comme communauté constituante et nourricière.
Voici donc l’hominidé, pointe de l’évolution, invité par Dieu à crier de manière différenciée devant les êtres vivants qui lui sont présentés. Un cri différencié, c’est une considération sereine, distincte pour chacun, une intention particulière et non nécessaire, indépendante du réflexe vital que commande l’instinct de conservation. Ce cri de l’homme en devenir est recueilli sur ses lèvres, enregistré par Dieu qui l’appelle comme sa réponse devant chaque animal ; il en est désormais le nom. La pensée vient de naître avec la première opération qui la caractérise : abstraire. Le nom, ce bruit chargé de sens orienté vers l’objet visé, est devenu lui-même objet, formant symbole de l’objet qu’il désigne. À la représentation mentale du concret qu’il voit devant lui, le vivant associe désormais cet objet nouveau qu’il abstrait de la représentation. Son cri est resté signal vers une altérité, mais il est devenu manifestation d’une pensée née d’un regard sans contrainte. Il est prise de possession (ou prise en charge), déjà compréhension au sens d’une annexion à soi (ou d’un accueil en soi) ; il est le fruit d’un vivant libéré, ne fût-ce qu’un instant, de toute crainte pour sa survie. La pensée libre vient de pousser son premier cri.

Un pouvoir divin
Le seuil de la pensée, qui vient d’être franchi, apporte beaucoup plus à l’homme que cette seule commodité à saisir symboliquement un objet au moyen de son nom. C’est en réponse à l’invitation de Yhwh Élohim que l’hominidé a crié pour l’animal placé en face de lui. Créé à l’image de Dieu (Gn 1, 27), il vient, par sa réponse libre, d’imiter son créateur, dans un acte gratuit parce que non ordonné à sa propre survie. C’est pourquoi son action est décrite dans les mêmes termes déjà rencontrés pour décrire l’action divine : l’hominidé a crié pour l’animal (Gn 2, 20) comme Élohim a crié pour la lumière : “ Jour ! ” (Gn 1, 5). Le cri divin appelle la lumière à « faire jour » ; par cet appel, Dieu confère un sens à l’objet créé, détermine sa vocation, ce qu’il doit être ou devenir. Le même pouvoir vient d’être remis par Dieu à l’adam. Pour lui comme pour Dieu, désormais, crier le nom ou appeler une créature par son nom, c’est l’« invoquer », in-vocare, c’est l’inscrire dans sa vocation nouvelle ou la remettre dans la voix de son appel premier, dans l’intention de son « nom-vocation ». C’est pourquoi, dans la tradition biblique, connaître le nom de quelqu’un, c’est avoir barre sur lui : il suffit d’en appeler à Dieu en criant le nom ; Dieu entend, et se livre à cette prière. En faisant l’homme à son image, Dieu lui donne de son pouvoir créateur.
Quel que soit l’être vivant considéré, quelle que soit l’intention exprimée par le cri du nom, Dieu s’engage à exaucer le vœu que l’homme naissant manifeste par son cri. Cette expérience est aujourd’hui perdue, car nous ne sommes plus des hommes naissants : nous n’avons plus l’innocence de l’hominidé. Souvenons-nous comment, à sa naissance, il est placé dans un jardin de délices, en Éden (Gn 2, 8). En ce lieu protégé par la prévenance divine, rien ne peut survenir de fâcheux pour lui, rien ne peut lui manquer. Innocence protégée où il vit dans la parfaite gratuité, en pleine liberté. C’est son vœu, le vœu gratuit, que Dieu exauce, le cri du cœur désintéressé. Hélas ! très vite, dès le chapitre 3 de la Genèse, une convoitise mal vécue a détourné ce merveilleux départ : l’homme a intéressé son vœu, et il lui faudra désormais retrouver son innocence perdue, redevenir petit enfant, pour que revienne en lui ce pouvoir de la gratuité. Cependant, l’adam du chapitre 2 n’a pas encore connu cette chute ; le petit enfant, c’est lui, et son pouvoir tout neuf d’homme naissant va lui permettre encore, avant la faute, de découvrir qui, dans l’aventure humaine, sera son partenaire de dialogue communautaire.

Un partenaire pour l’adam
Il n’a trouvé personne chez les animaux des champs, personne chez les oiseaux des cieux. Quoi de plus normal ! Dieu vient de choisir un adam, plus éveillé que d’autres, sans doute, pour lui faire franchir le pas de la pensée ; il l’a franchi, mais il est seul. Seul à pouvoir considérer l’autre librement, sans y voir ni une proie, ni un prédateur. Les autres sont restés sous la domination de l’instinct, prisonniers de la faim ou de la peur d’être mangé.
C’est pourquoi, afin de libérer notre animalité de son enfermement dans l’instinct vital, Dieu va faire appel à l’esprit de sa créature la plus avancée, la plus haute en conscience, pour lui demander d’assumer l’autre, en le prenant avec soi. Sur les ailes de ses désirs, sur la fine écharpe des rêves qui flottent aux côtés de l’adam plongé dans un profond sommeil, Dieu dépose le projet d’humanité qu’il veut lui faire désirer. C’est une construction comme il n’en existe que dans les rêves, quelque chose qui tient à la fois du féminin (le mot ishah a la structure d’un féminin), et de l’image d’un « en avant » vers lequel on se dirige (ish-ah peut aussi se lire comme « en direction de ish ») ; c’est une construction tirée de l’homme ish, dira l’Écriture au verset suivant, un « en avant de l’homme », un projet d’humanité tout empreint de ce qui fait l’essence de la féminité — accueillir en soi l’altérité, nous le verrons plus loin —, mais ce n’est pas encore une femme. Patience !
Au réveil de son protégé, Dieu place devant ses yeux celle qui n’est encore qu’une femelle d’hominidé. Et c’est en projetant sur celle-ci (Gn 2, 23) l’image suggestive que le Ciel vient d’imprimer en lui, que l’hominidé s’écrie : « Os de mes os et chair de ma chair ! » O merveille ! En criant ce nom, il invoque Dieu. Au nom du pouvoir qu’il a reçu de donner vocation, il demande que « celle-ci » soit son alter ego, qu’elle devienne une part de lui-même. Il est, bien entendu, exaucé, d’un sourire divin. Et dans cette alliance muette, proposée par Dieu, agréée par l’adam, c’est elle qui se trouve élevée en partenaire dans leur humanité naissante, en vis-à-vis, au même niveau que lui, prise par lui, avec lui et en lui, au-dessus de l’animalité où elle se trouvait encore. Par sa réponse libre, qui est considération pour l’autre, il la fait passer du domaine de l’altérité, d’une altérité étrangère voire hostile, au domaine qui constitue son « moi ». La première communauté vient de naître. Elle est née d’un regard que le mâle a porté sur la femelle, regard qui a fait d’elle un être humain. Voici la femme.

Un aide pour partenaire
En quoi cette femme est-elle un aide pour l’adam ?
Le bon sens inviterait plutôt à patienter jusqu’à un point plus avancé de l’expérience, avant de tenter d’en juger. Mais une observation approfondie nous montrera déjà que ce n’est pas elle, c’est Dieu qui est un aide pour l’adam, Dieu qui, par elle, aide l’homme à s’élever en humanité. Pour devenir plus humain, l’adam, capable d’abstraire un symbole, avait à devenir plus féminin ; nous pourrons le comprendre en observant la scène qui vient de se dérouler devant nous.
S’il est vrai, comme nous le verrons plus loin, que l’essence du féminin est d’accueillir en soi l’altérité, l’espèce humaine ne peut pas, sans discernement, accéder à ce critère d’humanité. Car l’homme reste un animal, et si l’animal trouve dans l’altérité les moyens de sa survie, il y trouve aussi tous les risques de s’y perdre ; accueillir l’autre sans discernement, ne plus distinguer la proie du prédateur, le conduirait infailliblement, avec son espèce, à la disparition. Pour le mâle, l’instinct de conservation se résoud en général dans la domination du fort sur le faible : refusant l’autre, l’instinct se nourrit de son élimination. Pour avoir une chance de croître en humanité, la relation entre deux individus devait donc se situer d’abord à l’intérieur d’une même espèce, et d’une espèce plus libérée, plus contemplative que les autres, ensuite dans la rencontre du mâle avec la femelle, car c’est le seul affrontement animal à ne pas se résoudre toujours dans la disparition de l’autre, mais au contraire, le plus souvent, dans la pérennité de l’espèce.
Or, en accueillant une femelle en tant que sa femme, l’hominidé a franchi le seuil spirituel considérable de l’accueil en soi d’une altérité. Y a-t-il perdu son instinct de conservation ? Est-il devenu une espèce menacée, vouée à disparaître ? Non. Il a simplement, sans le savoir, abandonné à Dieu le soin de veiller sur sa vie. Car il est innocent, et son vœu, quand il crie, est toujours exaucé. Sa foi, implicite, n’a rien à craindre : son ignorance du danger le protège. Dieu veille, son gardien. Et ce miracle survient précisément au moment où il répond à la proposition divine : Celle-ci, quel choc ! os de mes os et chair de ma chair ! Ce n’est pas à elle qu’il s’adresse, puisqu’il ne dit pas « tu », mais il parle d’elle à Dieu, en disant « celle-ci ». Nous venons donc d’assister à la toute première alliance de Dieu avec l’homme. Dieu, le premier, s’adresse à l’adam en lui présentant, à son réveil devant la femelle, l’image rêvée de son alter ego. Appel silencieux qui équivaut à lui demander de prendre sans crainte cette altérité avec soi. C’est ce que demandera Yhwh, plus tard, à Abraham : N’aie pas peur ! C’est moi ton protecteur ! (Gn 15, 1). Et Adam, comme fera Abraham, répond par un acte de foi : il s’appuie sans crainte sur la proposition divine. Réponse du juste qui ne compte pas sur soi pour son salut, réponse juste du vivant à toute forme d’appel divin. Longtemps avant Abraham et longtemps avant nous, Adam, parce qu’il accueille sa femme, devient le premier juste qui met sa foi en un Dieu qu’il ne connaît pas. D’un vivant capable d’abstraire et d’exprimer une pensée libre, Dieu vient de faire un homme capable, par la foi, d’une vie communautaire qui lui ouvre les portes de l’éternité.

C’est « lui » la mère de tout vivant
L’un et l’autre, l’un par l’autre, viennent de s’élever en humanité. Lui, activement, par le fiat qu’il accorde à l’autre ; elle, passivement, par la considération qu’elle reçoit de l’autre. Pour lui, le fiat est l’unique action par laquelle il a vaincu la résistance de l’instinct, abandonnant à Dieu — à l’inconnu ! — la garde de sa survie. Action de foi essentielle aux yeux de Yhwh-Élohim, et sacrifice agréé, qui a permis de « faire » de l’adam un homme parce qu’il a adhéré à son ishah, et qu’ils sont devenus une chair unique (Gn 2, 24b), parce qu’il a adhéré au projet de Dieu sur l’homme. Ainsi pouvons-nous contempler ce que Dieu fait d’un adam consentant : un ysh en devenir, un homme vivant engendré par la communauté qu’il forme avec sa femme.
Plus tard, c’est elle, cette même femme, que l’adam va nommer Ève, demandant à Dieu, par ce vœu, qu’elle soit matrice de tout vivant (Gn 3, 20). Et c’est lui, Adam, qui par ce geste se reconnaît premier vivant de cette immense famille dont Ève est la mère. Certes, Ève n’est pas sa mère selon la chair, mais la chair ne caractérise pas l’humanité, puisque c’est par l’esprit qu’elle en a franchi le seuil. La mère, ém en hébreu, doit s’entendre ici au sens de celle qui façonne tout le vivant, jusqu’à maturité. La mère est celle qui éduque, qui forme, qui enseigne, qui nourrit l’esprit de l’homme en sa communauté de vie. Sa communauté, en hébreu, oummah, mot de même racine, qui contient le mot ém, mère. Ève est mère de l’homme vivant, de la communauté par qui Adam et ses fils sont engendrés.
S’il est vrai, cependant, que Ève est celle par qui l’homme vient d’acquérir une capacité spirituelle décisive, et fondatrice de son humanité, il est clair que ce n’est pas à elle qu’en revient le mérite, mais à Dieu, dont elle n’a été que l’instrument. Voilà pourquoi ce « elle » entendu dans l’Écriture lue à haute voix, s’écrit « il » dans le texte consulté en silence (Gn 3, 20). Par ouï-dire, nous croyons que c’est elle, Ève, la matrice de notre communauté humaine, mais en réalité, dans le silence impalpable, nous comprenons que c’est lui, Dieu, qui engendre le vivant en humanité. Ève elle-même en conviendra, à la naissance de Caïn : J’ai acquis un homme avec Yhwh (Gn 4, 1).
Le sens des versets 23 et 24 commence à se dessiner. Après l’exclamation active de l’hominidé (verset 23a), l’Écriture définit d’abord ce qu’elle entend par ishah (23b), ce que nous devons entendre quand elle dit ishah : une image abstraite de l’homme ysh vers qui Dieu nous invite à nous projeter, ish-ah, vers-homme, image qui nous est suggérée en direction du but, comme un « homme en avant » de nous, à comprendre, à rejoindre. Puis, quand cette adhésion est acquise, quand l’homme a acquiescé à la proposition divine, quand il a intégré son ishah (24b) à sa propre chair, le texte nous dit « c’est ainsi qu’un homme… », nous faisant comprendre, avec ce mot, que l’adam vient à l’instant de s’élever, par son geste, de sa condition d’hominidé à la dignité d’homme. Enfin, l’Écriture poursuit en disant que, dans ce geste même, l’homme nouveau qui vient de naître abandonne son père et sa mère (24a). De quel père, de quelle mère s’agit-il donc ici ?

L’homme abandonne son père et sa mère
Chacun peut voir qu’en venant au monde, le nouveau-né a bien quitté sa mère. Mais cet arrachement vaut pour tous les mammifères ; il ne caractérise pas l’homme. La mère selon la chair n’est qu’une forme visible de la réalité abstraite à rechercher plus haut. Le sens de ishah doit nous guider. La mère, nous l’avons vu, c’est la communauté, la manière de vivre et les habitudes que cette communauté a transmises. C’est le langage, la langue maternelle, c’est le milieu, c’est la société, la mère patrie, la métropole. Pour l’hominidé, c’est la vie sociale de la troupe grégaire où il a vécu, qu’il soit ou non conscient de sa parenté animale. La mère de l’adam, c’est cela : le moule de son ancienne communauté, tout ce qu’il abandonne quand il fonde une communauté nouvelle en adhérant à son ishah. Tout progrès en humanité implique un arrachement aux tissus matriciels d’où procède la chair.
« On connaît la mère », dit un proverbe qui souligne ainsi combien le doute entoure l’identité du père. C’est bien le cas de l’adam, né de père inconnu. Mais le père dont il s’agit ici n’est pas le géniteur (cf. L’homme qui engendre), car celui-ci ne représente, comme la mère, qu’une des formes possibles manifestant la réalité invisible. Le véritable père est celui qui engendre en humanité, et tout nous oriente vers le père invisible, c’est-à-dire vers Dieu. Est-ce à dire que la Bible demande à l’homme, pour croître en humanité, d’abandonner son Dieu ?
C’est presque ça. Mais pour comprendre ce langage un peu provoquant, il faut se souvenir que nous ne connaissons pas Dieu, que nous marchons vers lui sans rien voir d’autre que ce qu’il nous dit de lui-même : son nom révélé. Et encore faut-il que nos yeux s’ouvrent à ce mystère. Aussi, quand il franchit un pas en humanité, l’homme nouveau doit-il abandonner, non pas Dieu mais l’idée qu’il se faisait de Dieu : il cesse d’invoquer le nom ancien, symbole abstrait d’une connaissance devenue incomplète (non pas caduque), dans laquelle il avait cru pouvoir circonscrire son créateur (cf. Les noms divins). En agissant sur lui, en se révélant à lui, Dieu bouleverse en l’homme sa « théorie » sur les forces inconnues qu’il ne maîtrise pas : Dieu se révèle sous un nom nouveau, symbole d’une connaissance enrichie par la révélation nouvelle — ou nouvellement perçue. C’est au moment où l’homme adhère à cette révélation, nouvelle à ses yeux, que celle-ci devient spirituellement son père. Tout progrès en humanité implique une reconnaissance du père invisible qui en est l’auteur.

L’homme et son ishah
Vers quelle destination — ou quel destin — Dieu mène-t-il ainsi l’homme, lorsqu’il imprime « en avant de lui » une image aussi féminine, son ishah, incarnation de l’aide divine qui lui est accordée ? Autrement dit, de quelle sève spirituelle le couple d’adam est-il porteur au sein même de sa matière animale, tout comme l’argile adamah est porteuse, au sein même de sa matière minérale, des premières lueurs rougeoyantes de la sève lumineuse qui irrigue l’adam ?
Pour pénétrer ce mystère, il faut encore se souvenir que le texte biblique n’est pas une cosmogonie décrivant le monde et sa genèse, mais un guide spirituel pour donner à l’homme conscience de son humanité, pour lui permettre de l’assumer, pour découvrir son chemin ouvert sur la félicité. Si “ mâle ” et “ femelle ” n’étaient que des termes relevant de la biologie, nous n’apprendrions rien à les étudier dans la langue hébraïque. Mais l’hébreu biblique est un langage symbolique (cf. note mâle et femelle), et les mots zakar et neqébah ont été « criés » par des hommes dont il faut recueillir l’inspiration : le mâle et la femelle sont les notions concrètes qui symbolisent des réalités abstraites plus élevées. Quelles sont ces réalités ?
Le mâle zakar vient de la racine verbale ZKR : se souvenir, faire mémoire. Faire mémoire, c’est dresser une stèle, comme Jacob après son rêve (Gn 28, 18) ; c’est marquer d’une onction d’huile la valeur d’une expérience afin d’en recueillir la sève, et s’en nourrir. Cette faculté humaine d’unifier ainsi le temps pour bâtir la connaissance (time binding), exige un mouvement, une projection de soi-même hors du « moi-ici-maintenant ». Projection qui s’exerce dans les deux directions : vers le passé, pour y puiser la sève de l’expérience ancestrale, vers le futur pour en transmettre la valeur qui édifie la descendance. Une même racine ZKR désigne ces deux aspects du tropisme de l’homme pour les valeurs d’éternité : faire mémoire, être mâle, c’est faire mouvement, sortir de soi pour recueillir et pour transmettre l’essence de la vie.
Élohim se souvint de Noé, dit l’Écriture à l’issue du déluge (Gn 8, 1 première occurrence du verbe ZKR). Sortie de soi non nécessaire pour Dieu, qui se projette hors de sa perfection céleste afin de marquer Noé de son attention. Élohim se souvient, reliant ainsi la situation initiale d’un homme, ysh, que Yhwh avait reconnu vivant comme un juste au sein de sa génération pervertie (Gn 6, 8-9), à la situation finale de l’homme, sauvé d’un genre humain que sa perversion a perdu. Dieu nous invite à l’imiter, à faire mémoire du juste, à oublier l’injuste. C’est la visée mâle de l’esprit : construire sa connaissance par l’expérience, en gardant mémoire des acquis, et les transmettre à sa descendance. Pour l’animal, son expérience circonscrite aux réflexes acquis, n’est transmise que par instinct de reproduction. Mais l’homme, appelé à plus haute mémoire, l’homme juste transmet la conscience des valeurs d’éternité. Cependant, l’instinct demeure, qui est le support de l’esprit. Et la réponse du mâle, instinctive et désintéressée chez l’animal, prend chez l’homme les formes plus évoluées, mais corruptibles, du chasseur, de l’aventurier, du conquérant.
La femelle neqébah vient de la racine NQB, verbe peu fréquent employé parfois dans le sens de creuser, forer, percer, mais aussi de marquer, pointer, inscrire. D’autres noms dérivés de cette racine peuvent en éclairer la compréhension : nèqèb (Éz 28, 13) considéré comme une structure de mise en valeur pour les pierres précieuses (chaton d’orfèvre) ; qébah (Dt 18, 13), la panse ou l’estomac d’un animal ; qobah (Nb 25, 8), la cavité utérine ; et enfin maqqèbèt, la géode (Is 51, 1) : Écoutez-moi, vous qui recherchez la justice en cherchant Yhwh : Contemplez ce rocher où vous avez été ciselés, cette géode, ce puits d’où vous avez été tirés. Dans ce verset, le juste (les délices de Yhwh) est présenté, par le prophète qui s’adresse à lui, comme une pierre précieuse longuement préparée, préservée au creux du rocher (symbole de Dieu), pour développer la pureté de son cristal sous protection divine. En de nombreuses occasions, ailleurs, l’Écriture chante la tendresse maternelle (rèhèm, sein maternel) de Dieu pour l’homme, mais c’est ici, semble-t-il, le seul cas où cette tendresse est décrite avec le vocabulaire lié à la femelle. La visée femelle de l’esprit s’en trouve éclairée, et peut s’exprimer en termes symétriques de ceux employés pour le mâle : renoncer à tout mouvement, pour accueillir en soi l’altérité, et lui faire demeure.
Cette capacité, chez l’animal, est exclusivement gouvernée par l’instinct de reproduction : réception de la semence du mâle et accueil de son développement. Chez l’homme, la conscience, encore, invite à la maîtrise de l’instinct. La réponse de la femelle, instinctive et toujours désintéressée chez l’animal, prend pour la femme les formes évoluées, mais elles aussi corruptibles, de la maternité, de l’accueil éducatif, de l’hospitalité.

Homme et femme en devenir
Si la complémentarité entre le mâle et la femelle saute aux yeux dans le domaine de la reproduction des espèces, elle demande à être éclairée en d’autres circonstances où, moins visible, elle est pourtant présente. Car elle est universelle, comme chaque mystère de la création, présente en tout point du temps ou de l’espace, même invisible, même inattendue. Elle est en particulier au cœur de chaque vivant. Elle entre dans le champ de la conscience humaine avec oralité et analité ; elle différencie les sexes à la sortie de l’enfance, s’épanouit dans la rencontre amoureuse où déjà, elle donne du fruit, mais n’atteindra sa plénitude, dans la liberté spirituelle d’une humanité vivant dans la paix, qu’au terme d’un très long parcours. Histoire semée de combats, de souffrances mais aussi de joies, qui jour après jour, siècle après siècle, entraîne et assemble, sous la conduite de l’invisible, toute l’humanité jusqu’en présence de sa divinité.
De son langage symbolique, sous l’hébreu biblique, l’Écriture dit tout cela, quoique le plus souvent de manière cachée, accessible pourtant à qui veut bien le rechercher. Voyez comment avant toute création, dès les origines, le souffle d’Élohim, en sa première caresse sur la face des eaux (Gn 1, 2), ce souffle, rouah, mot en lui-même ni masculin ni féminin, s’accorde en ce point précis au participe féminin d’un verbe actif sous sa forme intensive : elle caresse la face des eaux. Sans bruit, nullement troublée par ce tohu-bohu des origines pourtant aux antipodes du plan divin, la caresse de l’esprit de Dieu, rouah élohim, accueille cette altérité de division et de désordre afin de l’envelopper de sa tendresse. Premier geste de la symbolique femelle, caresse maternelle : Dieu se fait mère !
Ce ne sera pas toujours le cas. En Gn 6, 3, lorsque Yhwh décide de réduire la durée de vie des hommes à cent vingt ans, il dit : Mon esprit ne gouvernera pas les adam jusqu’en éternité. Cette décision précède immédiatement le déluge et en préfigure le bouleversement radical ; elle annonce un changement dans le déroulement du plan divin, qui devient tout autre : le monde injuste va disparaître et seul survivra Noé, homme juste. Cette projection divine dans un futur différent est d’essence mâle. Aussi le verbe “ gouverner ” est-il ici au masculin ; c’est pourtant le même mot, rouah, que nous trouvons ici comme sujet masculin de ce verbe. Pour décider, le geste de Dieu s’est métamorphosé. L’esprit divin est passé des caresses de la femelle qui couve à la colère du mâle qui sanctionne afin de préserver le juste. Nous pressentons ici le terme de l’histoire, ce jugement qui sauvera le juste en écartant ce qui ne l’est pas.
Cette observation contient un enseignement précieux. Vous serez saints, car je suis saint, moi Yhwh votre Dieu (Lv 19, 2). Dieu est notre modèle spirituel, et nous invite à l’imiter. L’être humain, adam dans son enfance, proche encore de l’animal, est appelé à devenir homme spirituel, ysh, pour être comme Dieu, fils de Dieu sans jamais cesser d’être fils d’Adam. Mâle et femelle, d’abord gouverné par l’instinct, il évoluera. Il deviendra, génération après génération, de plus en plus capable de répondre aux appels divins, dans un esprit toujours plus conscient, toujours plus libéré des pesanteurs qui l’attirent vers le bas. Dieu élève l’homme comme un homme élève son fils. Mâle ou femelle, mâle et femelle, il apprend à quitter ce qui est soi pour accueillir ce qui est autre, il apprend à choisir ce qui est juste en rejetant ce qui ne l’est pas. Il marche certes dans la nuit, mais il entend la voix qui l’appelle et qui le guide vers cette justice. Libre, il accepte à chaque pas d’aller plus loin, plus haut, conduit par ce père invisible qui lui tient la main. Refuser, c’est redescendre s’enfermer dans l’instinct. Accepter, c’est aller toujours plus haut dans la conscience d’être, vers un infini d’amour et de liberté.

PAPE FRANÇOIS: HOMÉLIE POUR LA JOURNÉE « EVANGELIUM VITAE »

17 juin, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/la-vie-du-chretien-genere-la-vie

LA VIE DU CHRÉTIEN GÉNÈRE LA VIE

HOMÉLIE POUR LA JOURNÉE « EVANGELIUM VITAE »

Rome, 16 juin 2013 (Zenit.org) Pape François

« Celui qui se laisse conduire par l’Esprit Saint est réaliste, il sait évaluer et apprécier la réalité, et il est aussi fécond : sa vie génère la vie autour de lui », déclare le pape François.
Le pape a célébré la messe pour la Journée « Evangelium Vitae », dans le cadre de l’Année de la foi, ce dimanche 16 juin 2013, place Saint-Pierre.
Le chrétien n’est pas « une personne qui vit « dans les nuages » » mais « une personne qui pense et agit dans la vie quotidienne selon Dieu, une personne qui laisse sa vie être animée, nourrie par l’Esprit Saint pour qu’elle soit remplie », a-t-il souligné durant son homélie.

Homélie du pape François :
Chers frères et sœurs,
Cette célébration a un très beau nom : l’Évangile de la Vie. Avec cette Eucharistie en l’Année de la foi, nous voulons rendre grâce au Seigneur pour le don de la vie, dans toutes ses manifestations ; et en même temps, nous voulons annoncer l’Évangile de la Vie.
En partant de la Parole de Dieu que nous avons écoutée, je voudrais vous proposer trois points simples de méditation pour notre foi : d’abord, la Bible nous révèle le Dieu Vivant, le Dieu qui est Vie, et source de la vie ; en second lieu, Jésus-Christ donne la vie, et l’Esprit-Saint nous maintient dans la vie ; troisièmement, suivre le chemin de Dieu conduit à la vie, tandis que suivre les idoles conduit à la mort.
1. La première lecture, tirée du Second livre de Samuel, nous parle de vie et de mort. Le roi David veut cacher l’adultère commis avec la femme d’Urie le Hittite, un soldat de son armée, et pour faire cela, il ordonne de placer Urie en première ligne pour qu’il soit tué dans la bataille. La Bible nous montre le drame humain dans toute sa réalité, le bien et le mal, les passions, le péché et ses conséquences. Quand l’homme veut s’affirmer soi-même, s’enfermant dans son égoïsme et se mettant à la place de Dieu, il finit par semer la mort. L’adultère du roi David en est un exemple. Et l’égoïsme porte au mensonge, par lequel on cherche à tromper soi-même et le prochain. Mais Dieu, on ne peut le tromper, et nous avons entendu comment le prophète dit à David : tu as fait ce qui est mal aux yeux de Dieu (cf. 2S 12,9). Le roi est mis en face de ses œuvres de mort – en vérité ce qu’il a fait est une œuvre de mort, et non de vie -, il comprend et demande pardon : « J’ai péché contre le Seigneur ! » (v.13), et le Dieu miséricordieux qui veut la vie et qui toujours nous pardonne, lui pardonne, lui rend la vie ; le prophète lui dit : « Le Seigneur a pardonné ton péché : tu ne mourras pas ».
Quelle image avons-nous de Dieu ? Peut-être nous apparaît-il comme un juge sévère, comme quelqu’un qui limite notre liberté de vivre. Mais toute l’Écriture nous rappelle que Dieu est le Vivant, celui qui donne la vie et indique le chemin de la vie en plénitude. Je pense au début du Livre de la Genèse : Dieu modèle l’homme avec la poussière du sol, insuffle dans ses narines une haleine de vie et l’homme devient un être vivant (cf. 2,7). Dieu est la source de la vie ; c’est grâce à son souffle que l’homme a la vie, et c’est son souffle qui soutient le chemin de son existence terrestre. Je pense aussi à la vocation de Moïse, quand le Seigneur se présente comme le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, comme le Dieu des vivants ; et envoyant Moïse au pharaon pour libérer son peuple, il révèle son nom : « Je suis Celui qui est », le Dieu qui se rend présent dans l’histoire, qui libère de l’esclavage, de la mort, et porte la vie au peuple parce qu’il est le Vivant. Je pense aussi au don des Dix Commandements : une route que Dieu nous indique pour une vie vraiment libre, pour une vie pleine ; ils ne sont pas un hymne au « non » – tu ne dois pas faire ceci, tu ne dois pas faire cela, …. Non ! -. Ils sont un hymne au « oui » à Dieu, à l’Amour, à la vie. Chers amis, notre vie atteint sa plénitude seulement en Dieu, parce lui seul est le Vivant !
2. Le passage de l’évangile d’aujourd’hui nous fait faire un pas en avant. Jésus rencontre une femme pécheresse durant un repas dans la maison d’un pharisien, suscitant le scandale de ceux qui sont présents : Jésus se laisse approcher par une pécheresse et même lui remet les péchés, disant : « Si ses nombreux péchés sont pardonnés, c’est à cause de son grand amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre, montre peu d’amour » (Lc 7,47). Jésus est l’incarnation du Dieu vivant, Celui qui porte la vie face à tant d’œuvres de mort, face au péché, à l’égoïsme, à la fermeture sur soi-même. Jésus accueille, aime, soulage, encourage, pardonne et donne d’une façon nouvelle la force de marcher, redonne vie. Dans tout l’évangile, nous voyons comment Jésus, par les gestes et les paroles, porte la vie de Dieu qui transforme. C’est l’expérience de la femme qui oint avec du parfum les pieds du Seigneur : elle se sent comprise, aimée, et répond par un geste d’amour, se laisse toucher par la miséricorde de Dieu et obtient le pardon, elle commence une nouvelle vie. Dieu, le Vivant, est miséricordieux. Etes-vous d’accord ? Disons-le ensemble : Dieu, le Vivant, est miséricordieux ! Tous : Dieu, le Vivant, est miséricordieux ! Une nouvelle fois : Dieu, le Vivant, est miséricordieux !
Cela a été aussi l’expérience de l’apôtre Paul, comme nous avons entendu dans la seconde lecture : « Ma vie aujourd’hui dans la condition humaine, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré pour moi » (Ga 2,20). Quelle est cette vie ? C’est la vie-même de Dieu. Et qui nous introduit dans cette vie ? L’Esprit Saint, don du Christ ressuscité. C’est Lui qui nous introduit dans la vie divine comme vrais fils de Dieu, comme fils dans le Fils Premier-né, Jésus Christ. Nous, sommes-nous ouverts à l’Esprit Saint ? Nous laissons-nous guider par lui ? Le chrétien est un homme spirituel, et cela ne signifie pas qu’il soit une personne qui vit « dans les nuages », hors de la réalité (comme si elle était un fantasme). Non ! Le chrétien est une personne qui pense et agit dans la vie quotidienne selon Dieu, une personne qui laisse sa vie être animée, nourrie par l’Esprit Saint pour qu’elle soit remplie, en véritable enfant ; et cela signifie réalisme et fécondité. Celui qui se laisse conduire par l’Esprit Saint est réaliste, il sait évaluer et apprécier la réalité, et il est aussi fécond : sa vie génère la vie autour de lui.
3. Dieu est le Vivant, Il est le Miséricordieux ! Jésus nous porte la vie de Dieu, l’Esprit Saint nous introduit et nous maintient dans la relation vitale de vrais enfants de Dieu. Mais souvent – nous la savons par expérience – l’homme ne choisit pas la vie, n’accueille pas l’ »Évangile de la Vie », mais se laisse guider par des idéologies et des logiques qui mettent des obstacles à la vie, qui ne la respectent pas, parce qu’elles sont dictées par l’égoïsme, par l’intérêt, par le profit, par le pouvoir, par le plaisir et elles ne sont pas dictées par l’amour, par la recherche du bien de l’autre. C’est l’illusion constante de vouloir construire la cité de l’homme sans Dieu, sans la vie et l’amour de Dieu – une nouvelle Tour de Babel ; c’est penser que le refus de Dieu, du message du Christ, de l’Évangile de la vie conduit à la liberté, à la pleine réalisation de l’homme. Le résultat est qu’au Dieu vivant, on substitue des idoles humaines et passagères, qui offrent l’ivresse d’un moment de liberté, mais qui à la fin sont porteuses de nouveaux esclavages et de mort. La sagesse du Psalmiste dit : « Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur ; le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard » (Ps 19,9). Rappelons-nous : Dieu, le Vivant, est miséricordieux ! Le Seigneur est le Vivant, il est miséricordieux !
Chers frères et sœurs, regardons Dieu comme le Dieu de la vie, regardons sa loi, le message de l’Évangile comme une voie de liberté et de vie. Le Dieu vivant nous rend libres ! Disons oui à l’amour et non à l’égoïsme, disons oui à la vie et non à la mort, disons oui à la liberté et non à l’esclavage de tant d’idoles de notre temps ; en un mot, disons oui à Dieu qui est amour, vie et liberté, et jamais ne déçoit (cf. 1Jn 4,8 ; Jn 11,25 ; Jn 8,32), à Dieu qui est le Vivant et le Miséricordieux. Seule la foi dans le Dieu Vivant nous sauve ; dans le Dieu qui en Jésus Christ nous a donné sa vie, et par le don de l’Esprit Saint nous fait vivre en vrais enfants de Dieu. Cette foi nous rend libres et heureux. Demandons à Marie, Mère de la Vie, qu’elle nous aide à accueillir et à témoigner toujours de l’ »Évangile de la Vie ». Qu’il en soit ainsi !

Luc 7, 47 – Je te le dis : si ses péchés, ses nombreux péchés,

14 juin, 2013

Luc 7, 47 - Je te le dis : si ses péchés, ses nombreux péchés,	 dans images sacrée 88-the-parable-of-the-two-debtors

DIMANCHE 16 JUIN : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT: DEUXIEME LECTURE – GALATES 2, 16. 19-21

14 juin, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DIMANCHE 16 JUIN : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

DEUXIEME LECTURE – GALATES 2, 16. 19-21

Frères,
16 nous le savons bien, 
 ce n’est pas en observant la Loi 
 que l’homme devient juste devant Dieu, 
 mais seulement par la foi en Jésus Christ ; 
 c’est pourquoi nous avons cru en Jésus Christ 
 pour devenir des justes par la foi au Christ, 
 mais non par la pratique de la loi de Moïse, 
 car personne ne devient juste en pratiquant la Loi.
19 Grâce à la Loi (qui a fait mourir le Christ) 
 j’ai cessé de vivre pour la loi 
 afin de vivre pour Dieu. 
 Avec le Christ, je suis fixé à la croix :
20 je vis, mais ce n’est plus moi, 
 c’est le Christ qui vit en moi. 
 Ma vie aujourd’hui dans la condition humaine, 
 je la vis dans la foi au fils de Dieu 
 qui m’a aimé 
 et qui s’est livré pour moi.
21 Il n’est pas question pour moi de rejeter la grâce de Dieu. 
 En effet, si c’était par la Loi qu’on devient juste, 
 alors le Christ serait mort pour rien.

Paul aborde ici une question qui a fait couler beaucoup d’encre (comme on dit) dans les premières communautés chrétiennes ; je commence par vous rappeler sa position pour essayer de dire ensuite de quoi il s’agit : « Ce n’est pas en observant la Loi que l’homme devient juste devant Dieu, mais seulement par la foi en Jésus Christ ». On appelle cette affirmation de Paul la « justification par la foi ». De quoi s’agit-il ?
 Un mot, d’abord, sur le vocabulaire de la justification ; on pourrait remplacer l’expression « devenir juste devant Dieu » par « être en règle avec Dieu ». La question, c’est : que faut-il faire pour être en règle avec Dieu ? Car le mot « juste » ou « justification » se rapporte non à la justice sociale mais à la justesse d’un instrument : est juste l’homme qui correspond au projet de Dieu, comme un instrument sonne juste quand il est bien accordé ; dans le livre de la Genèse, par exemple, Abraham est dit « juste » simplement parce qu’il a fait confiance à Dieu qui lui proposait d’entrer dans son Alliance (« Abraham eut foi dans le SEIGNEUR et cela lui fut compté comme justice. » Gn 15, 6). Puis Dieu avait renouvelé son Alliance au Sinaï en donnant à Moïse les tables de la Loi : désormais, concrètement, pour le peuple de l’Alliance, se conformer au projet de Dieu consistait à observer la Loi. Peu à peu elle modelait les hommes de l’Alliance en vue de les rendre « justes », bien « accordés ».
 Aux yeux de Paul, avec la venue de Jésus-Christ, une étape est franchie ; être juste, accordé au projet de Dieu, désormais c’est tout simplement croire en Jésus-Christ puisqu’il est l’envoyé de Dieu. Evidemment, la question qu’on pouvait légitimement se poser était la suivante : fallait-il continuer quand même à pratiquer la Loi juive ? Concrètement, pour être en règle avec Dieu pour être en alliance avec lui, si vous préférez, fallait-il continuer à pratiquer la circoncision des petits garçons, fallait-il observer les nombreuses règles de pureté de la religion juive, y compris en ce qui concerne l’alimentation ; on dirait aujourd’hui « fallait-il continuer à manger cacher » ? Avec ce que cela comporte de complications quand il y a à la même table des gens qui veulent manger cacher et des non-Juifs qui ne s’embarrassent pas de ces questions.
 En ce qui concerne la circoncision, la question se régla assez vite et semble-t-il assez facilement : Paul raconte à ces mêmes Galates (au début de ce chapitre) qu’à l’occasion d’un voyage à Jérusalem, alors qu’il était accompagné d’un Grec chrétien issu du paganisme, donc non-circoncis, Tite, il eut la satisfaction de constater que les apôtres de Jérusalem n’exigèrent pas sa circoncision : « On ne contraignit même pas Tite, mon compagnon, un Grec, à la circoncision. » (Ga 2, 3). Au cours de ce même voyage, une décision dans ce sens avait été officiellement prise : les païens qui souhaitaient devenir Chrétiens n’avaient pas à être circoncis. 
 Mais toutes les questions de cohabitation n’étaient pas réglées pour autant, à propos des pratiques alimentaires en particulier. (Et certains en venaient à manger à des tables séparées : Chrétiens d’origine juive, d’un côté, Chrétiens d’origine païenne de l’autre). Evidemment, un tel comportement ne pouvait que diviser la communauté.1
 Cela a donné à Paul l’occasion, et c’est notre lecture d’aujourd’hui, de développer sa pensée sur le fond : « Ce n’est pas en observant la Loi que l’homme devient juste devant Dieu, mais seulement par la foi en Jésus Christ. » Car, au-delà des problèmes de cohabitation, Paul percevait un enjeu beaucoup plus grave : le Baptême suffit-il, oui ou non, pour faire le Chrétien ? Si oui, la circoncision (et les autres pratiques) ne s’imposent plus ; si non, cela veut dire que tous les Chrétiens qui ne sont pas Juifs d’origine et à qui on n’a pas imposé la circoncision (conformément à la décision de Jérusalem, cf supra) doivent être considérés comme ne faisant pas partie de l’Eglise.
 Mais cela veut dire aussi, et c’est encore plus grave, que le Christ ne sauve pas les hommes, puisque, pour être reconnu juste devant Dieu, il faut observer des quantités de pratiques en plus du Baptême. Le Christ ne serait-il pas le Sauveur ? Evidemment, c’est tout l’édifice de Paul qui s’écroulerait : « Si c’était par la Loi qu’on devient juste, alors le Christ serait mort pour rien. » Bien sûr, il n’est pas mort pour rien, puisque son Père l’a ressuscité ; en ressuscitant Jésus, Dieu a en quelque sorte pris parti. La résurrection du Christ prouve que la Loi est désormais dépassée ; la Loi ou en tout cas l’usage que les hommes en ont fait.
 Car on peut faire un mauvais usage de la Loi : c’est ce qui s’est passé dans la Passion du Christ ; puisque c’est au nom de cette Loi, pourtant donnée par Dieu, précisément, que les autorités religieuses ont agi, avec les meilleures intentions ; ils croyaient réellement débarrasser le peuple juif d’un imposteur et d’un blasphémateur ; c’est donc bien au nom de la Loi que le Christ a été condamné et exécuté. C’est le sens de la phrase à première vue difficile parce que très concise : « Grâce à la Loi (qui a fait mourir le Christ) j’ai cessé de vivre pour la loi afin de vivre pour Dieu. (v. 19). Traduisez : j’ai cessé de dépendre de la Loi, de me croire obligé de la pratiquer, puisqu’elle a fait la preuve de ses limites ; des pratiquants rigoureux de la Loi ont pu, en son nom, tuer le Fils de Dieu.
 Le vrai « juste », accordé au projet de Dieu, c’est le Christ, obéissant, c’est-à-dire confiant en son Père même à travers la mort. Cette confiance que le Christ a montrée jusqu’au bout, nous pouvons la partager : « Ma vie aujourd’hui dans la condition humaine, je la vis dans la foi au fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré pour moi. » 
 ——————-

 NOTE
 1 – A ce propos, on connaît la querelle qui opposa Paul et Pierre : cela se passait à Antioche de Syrie, une communauté mélangée, qui comprenait d’anciens Juifs (on les appelle judéo-chrétiens) et aussi d’anciens païens (on les appelle pagano-chrétiens) ; Pierre, de passage dans cette communauté, n’avait vu aucun inconvénient, lui Juif d’origine, à prendre ses repas avec les pagano-chrétiens ; ce faisant il transgressait inévitablement les règles alimentaires de la religion juive. Mais voilà que des amis de Jacques, le responsable de la communauté de Jérusalem, de passage eux aussi à Antioche, s’étaient montrés beaucoup plus rigides : pas question pour nous, judéo-chrétiens de manquer à nos pratiques traditionnelles ; traduisez il faut faire des tables séparées : judéo-chrétiens d’une part, pagano-chrétiens de l’autre. Or, à l’arrivée des envoyés de Jacques, Pierre, tout d’un coup, a changé de pratique. Il s’est mis à faire « table à part » pourrait-on dire. Dans cette même lettre aux Galates, Paul raconte : « Avant que soient venus des gens envoyés par Jacques, Pierre prenait son repas avec les païens ; mais, après leur arrivée, il se mit à se dérober et se tint à l’écart, par crainte des circoncis ; et les autres Juifs entrèrent dans son jeu. » (Ga 2, 12-13).
 C’est ce que l’on a appelé « L’incident d’Antioche » (Ga 2, 11-24) : Paul raconte aux Galates qu’il n’a pas hésité à s’opposer à Pierre ; indirectement, il leur prouve ainsi sa liberté de parole envers les apôtres de la première heure et donc sa légitimité d’apôtre à son tour.
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 COMPLÉMENTS
 - Ici, dans la lettre aux Galates, Paul présente la chronologie des événements d’une manière différente de celle de Luc dans les Actes des Apôtres (Ac 15). Ceci s’explique probablement par le long délai qui sépare l’écriture de ces deux textes (Galates précède les Actes de plusieurs dizaines d’années) et par les perspectives particulières à chacun des deux auteurs qui les amènent à insister sur des aspects différents.
 - Croire pour être sauvé : Entendons-nous, ce n’est pas de simple croyance ou opinion qu’il s’agit, mais d’un engagement de tout l’être au point que le même Paul peut affirmer sans exagérer : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20).

HOMÉLIE DU 11E DIMANCHE ORDINAIRE C

14 juin, 2013

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

HOMÉLIE DU 11E DIMANCHE ORDINAIRE C

2 S 12, 7-10, 13 ; Ga 2, 16, 19-21 ; Lc 7, 36 – 8, 3 (bref : 7, 36-50)

Aujourd’hui comme au temps de Jésus, bien des croyants les plus convaincus et les plus pieux n’échappent pas toujours à la tentation de se décerner eux-mêmes des prix de vertu et de multiplier les comparaisons flatteuses à leur égard. Au milieu des foules indifférentes, des infidèles et des pécheurs, ne sont-ils pas les fidèles observateurs de la Loi ? L’élite !
La satisfaction d’être en règle avec la Loi rassure et comble les esprits légalistes. Mais, nous rappelle Paul, « ce n’est pas en observant la Loi que l’homme devient juste devant Dieu, mais seulement par la foi en Jésus Christ… Car personne ne devient juste en pratiquant la Loi ». Plus fort encore, c’est précisément la Loi vénérée et observée minutieusement par les plus religieux des Juifs qui les a conduits à s’opposer à Jésus, à l’excommunier, puis à le condamner à mort. De quelle hérésie était-il coupable ? Quel crime avait-il commis ? Il avait prêché et pratiqué la supériorité de l’esprit sur la lettre, celle de la foi sur la Loi. La lettre tue. Elle a tué Jésus et les croyants peuvent continuer à le crucifier et à le faire mourir quand ils restent prisonniers de la rigidité et des étroitesses que secrète la lettre de la Loi.
Ce qui sauve, ce qui fait vivre, c’est l’amour de Dieu. C’est ce même amour qui exprime dans la Loi sa radicalité, ses libertés, ses exigences. Mais une Loi qui ne peut être comprise que par la foi, seule capable de transformer des mentalités, de briser les limites de la lettre pour ouvrir le cœur et l’esprit à l’amour.
Croyant engagé et pieux, le pharisien présenté par Luc l’était au plus haut point. Mais il était aussi formaliste et donc intransigeant, rivé à la sécurité des tabous et incapable de comprendre et d’évaluer, encore moins d’inventer, un geste d’amour et de miséricorde.
Curieux, intrigué à méfiant, le pharisien a invité le jeune prédicateur à sa table sans pour autant se mouiller par un accueil chaleureux. La présence de Jésus rend « l’impure » audacieuse jusqu’à la témérité. Bravant les interdits, elle accable le « pur » de démonstrations surprenantes, voire ambiguës. Quel scandale !
Poli, le maître de maison se tait, mais ses yeux le trahissent. Quel spectacle, en effet, et quel enseignement dans les regards qui se croisent ! Celui de Jésus, chargé d’affection et de respect, de compréhension et de miséricorde. Lui, il a compris l’attitude et les intentions de la femme en pleurs. Elle obtiendra d’ailleurs le pardon espéré, « à cause de son grand amour ». Une femme de foi.
Emotion de la pécheresse sentant fixés sur elle les yeux du Maître. Un regard bienveillant, tellement différent de ceux qui d’habitude la poursuivent.
Regard du pharisien, froid, sévère et lourd de mépris pour l’indigne créature. Regard à la fois satisfait et réprobateur envers ce prophète qui prouve bien qu’il n’en est pas un. Mais que dira-t-il alors lorsqu’il verra le rabbi Jésus, au mépris des habitudes, usages et traditions, être entouré de femmes-disciples « qu’il avait délivrées d’esprits mauvais et guéries de leurs maladies » ? Un scandale sans nom.
Entre-temps, grâce à Dieu, Simon aura compris qu’il ne faut pas juger sur les apparences et le qu’en dira-t-on ? Qu’il ne faut pas non plus dresser des frontières définitives entre les bons et les mauvais, les justes et les infidèles, les dignes et les indignes.
N’est-ce pas grâce à la pécheresse aimante et pardonnée que Simon a découvert qu’il était, lui aussi, digne de pardon et appelé à se débarrasser de l’amour de la Loi pour vivre la Loi de l’amour ? Il ne suffit pas de « marcher droit selon la loi » pour être assuré de « marcher droit selon la vérité de l’Evangile ». De même, l’obéissance à « la pratique dominicale » ne prouve pas qu’on adopte pour autant les conséquences de conversion et d’engagement qu’exige l’eucharistie.
N’est-il pas surprenant que les « justes » que nous croyons être, avons tant de difficulté pour découvrir et confesser nos péchés envers l’Amour, parce que nous observons commandements et traditions ?
Aurions-nous oublié « le regard qui tue, la parole qui frappe comme un coup de poignard, l’indifférence qui raye quelqu’un de la carte, la calomnie qui casse une réputation » (1), alors que la foi engendre « le geste qui sauve, le sourire qui efface l’anonymat, l’attention qui remet à flot », la confiance qui crée, la bienveillance qui épanouit ?

(1) « Peut-on ressusciter ? », A. Reboux-Caubel, Centurion, p 23.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

SAINT PROPHÈTE ELISÉE

13 juin, 2013

SAINT PROPHÈTE ELISÉE dans images sacrée Elisha
http://ocarm.org/en/content/liturgy/st-elisha-prophet-m

SAINT PROPHÈTE ELISÉE – (14 JUIN m.o.)

13 juin, 2013

http://www.histoire-russie.fr/icone/saints_fetes/textes/elisee_prophete.html

SAINT PROPHÈTE ELISÉE

27/06 – 14/06   (14  JUIN  m.o.)

Le Saint prophète Elisée, dont le nom signifie « Dieu est salut », était fils d’un riche cultivateur d’Abel-Mehola dans la vallée du Jourdain. Un jour qu’il labourait avec douze paires de búufs, le Saint Prophète Elie  s’approcha et jeta sur lui sa mélote , signifiant par cet acte qu’il l’instituait son disciple et l’héritier de son charisme prophétique. Elisée immola deux boeufs et se servit de leur attelage pour les brûler en sacrifice au Seigneur. Puis, renonçant à tout et sans aller dire adieu aux siens, il suivit Elie et se fit son serviteur dévoué.
Quand Elie eut achevé sa mission, Elisée insista pour le suivre jusqu’au lieu où il devait être enlevé au ciel, et il demanda à son maître de lui léguer une double part de son esprit prophétique. Un char de feu apparut, et Elie monta au ciel dans un tourbillon, laissant glisser à terre son manteau. Elisée le prit et revint sur la rive du Jourdain. Il frappa les eaux en invoquant le « Dieu d’Elie », et les eaux se divisèrent d’un côté et de l’autre pour le laisser traverser à pied sec. La congrégation des Frères Prophètes vint alors se prosterner devant lui, disant : « L’esprit d’Elie s’est reposé sur Elisée ! »
Elisée accomplit son ministère prophétique pendant environ cinquante ans (850-800 av. J.C.), dans le royaume de Samarie, sous les règnes successifs de Joram, Jéhu, Joachaz et Joas. Il exhortait inlassablemient les Israélites : rois, puissants et gens du peuple, à se détourner des dieux étrangers, Baal et Astarté, pour retourner au culte du seul vrai Dieu.
Certains prophètes prêchèrent par des paroles et des visions, d’autres par leurs souffrances et leurs tribulations, Elisée, lui, comme son maître, manifesta la véracité de sa prédication par des miracles. L’Esprit de Dieu était en lui « puissance » qui renversait les lois naturelles pour témoigner de la grâce accordée à ceux qui adhèrent au vrai Dieu, et annonçait ainsi, en figure, l’úuvre du Sauveur. Le Prophète assainit par du sel les eaux d’une fontaine près de Jéricho, multiplia la réserve d’huile d’une pauvre veuve pour lui permettre de s’acquitter de ses dettes, transforma du potage amer en une soupe délicieuse pour nourrir les Frères Prophètes; et multipliant vingt pains d’orge, il nourrit plus de cent personnes. Chaque fois qu’il passait à Sumen, l’homme de Dieu était hébergé chez une femme de qualité. Un jour, le fils qu’elle avait obtenu grâce aux prières d’Elisée, vint à mourir. Elle alla en hâte rejoindre le Prophète au Mont Carmel et le supplia de venir auprès du défunt. Elisée le trouva étendu sur son propre lit et, alors que le miracle aurait pu s’accomplir par sa seule prière, il s’étendit sur l’enfant, mettant sa bouche contre sa bouche, ses yeux contre ses yeux, ses mains contre ses mains, et il lui insuffla un souffle de vie. Par cet acte, le Prophète figurait l’Incarnation de Notre Seigneur Jésus-Christ qui est descendu du ciel, pour se proportionner à la mesure de l’homme, mort par le péché, et lui insuffler son Esprit de vie éternelle. Par la suite, Elisée engagea la même Sunamite à fuir le royaume d’Israël et à se rendre dans le pays des Philistins, afin d’échapper à une famine qui allait durer sept années.
Une autre fois, un des Frères Prophètes, qui était au travail au bord du Jourdain, laissa tomber le fer de sa hache dans le fleuve. A sa prière, Elisée prit un morceau de bois, le jeta à cet endroit et fit surgir le fer, annonçant ainsi en figure la vertu de la Croix qui relève la nature humaine déchue.
Illuminé par la grâce de Dieu, le regard d’Elisée était si pénétrant qu’il dévoilait aux rois d’Israël et à leurs alliés, les plans du roi d’Assyrie. Et chaque fois que celui-ci voulait dresser une embuscade aux Israélites, il les trouvait déjà en place et prêts au combat. Dans Samarie assiégée par les Syriens et au prise avec la famine, l’homme de Dieu annonça la prochaine délivrance au roi qui était prêt à blasphémer. Le lendemain, on découvrit que l’armée ennemie avait décampé, à la suite d’une vision terrifiante, laissant derrière elle toutes ses réserves et un immense butin.
Non content de prophétiser pour les Israélites, le Prophète Elisée exerça aussi son ministère envers les païens. Il prédit l’assassinat du roi de Damas par son officier Hazaèl et annonça à ce dernier qu’il allait prendre le pouvoir. Une autre fois, il guérit de la lèpre Naaman, le général de l’armée syrienne, en lui ordonnant d’aller se baigner dans le Jourdain, figurant ainsi le salut des païens par le Saint Baptême.
Mais la grâce de Dieu agissait aussi par lui pour châtier le péché. Des enfants insolents s’étant moqués du Prophète, il les maudit, et deux ourses sortirent du bois et déchirèrent quarante-deux d’entre eux. Comme son serviteur, Ghezi, avait voulu soutirer les présents que Naaman lui avait envoyés en signe de gratitude, il ne put échapper au regard infaillible de son maître et fut atteint de lèpre.
Par toutes ces actions d’éclats accomplies par Dieu, par l’entremise de son Prophète, le royaume d’Israël fut presque débarrassé du culte de Baal; mais les Juifs, coupables d’avoir rompu l’unité du royaume, avaient néanmoins besoin de constantes interventions divines, pour se détourner des idoles et du péché, et revenir au Culte du vrai Dieu.
Le Saint Prophète Elisée mourut dans un grand âge, après avoir prédit au roi d’Israël, qui était venu à son chevet pleurer sur sa perte, qu’il vaincrait les Syriens. Cette année-là, un mort, qui avait été jeté dans la tombe du Prophète au cours d’une attaque des Moabites, reprit vie et se dressa sur ses pieds. Cest pourquoi Sirac le Sage loue le Saint Prophète en disant : « Et jusque dans la mort son corps prophétisa » . Cette sépulture, après avoir été en grand honneur chez les Juifs, fut violée sous Julien l’Apostat (362), mais des fragments des Reliques du Prophète purent être transférés à Alexandrie et Constantinople, où une église lui était dédiée.

PAPE (sur le mot…)

13 juin, 2013

http://fr.wikipedia.org/wiki/Pape

PAPE

(J’ai trouvé un article intéressant en italien sur la signification et l’histoire du mot  » Pape » Au moment je mets ceci, pour une explication générale et l’histoire est bonne, alors je serais intéressé à chercher quelque chose de plus précis sur le site du Vatican)

 POUR LES ARTICLES HOMONYMES, VOIR PAPE (HOMONYMIE).

Cet article ne cite pas suffisamment ses sources (septembre 2007).
Si vous disposez d’ouvrages ou d’articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l’article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ».

François, pape depuis le 13 mars 2013

Dans l’usage français reconnu par les dictionnaires usuels, et quoiqu’il ne résume pas la totalité de l’usage francophone, le terme de pape désigne l’évêque de Rome, garant de l’unité de l’Église catholique romaine, et son chef visible en tant que successeur de saint Pierre (le chef invisible étant le Christ en personne), et monarque temporel de l’État du Vatican1. C’est dans ce sens seul que ce terme est employé dans cet article ainsi que dans les autres articles traitant des papes, sauf mention contraire. Toutefois, ce titre est également porté par le chef de l’Église copte orthodoxe : Théodore II, élu le 4 novembre 20122. Le titre de pape n’est réellement apparu qu’à partir du concile de Nicée en 325, mais le terme n’a désigné exclusivement l’évêque de Rome qu’à partir de Grégoire VII, au xie siècle. Selon la tradition apostolique, la succession pontificale légitime remonte à l’apôtre Pierre.
Le pape actuel est Jorge Mario Bergoglio sous le nom de François, élu le 13 mars 201334 et qui succède à Benoît XVI5. Il devient ainsi le 266e pape.

Le mot pape (en grec πάπας / papas) n’a rien d’un titre officiel, c’est une appellation d’affection respectueuse, celle que l’enfant donne à son père (« papa »). La première attestation documentée de ce mot pour désigner un chef religieux de premier plan remonte à 306 à Alexandrie : la population chrétienne de cette ville le décerna comme titre à son évêque Pierre d’Alexandrie qui avait organisé la résistance extérieure à la persécution de Dioclétien7. À partir du 1er concile œcuménique de Nicée, où siégèrent des évêques au nombre traditionnel de 318, l’appellation « pape » a été affectueusement donnée à tout évêque en tant que chef de l’Église locale qu’il préside. Ce n’est que progressivement, surtout à partir du vie siècle, que l’appellation a été de plus en plus réservée au seul pontife romain, et ce à l’échelle de l’Église universelle (Orient et Occident)8. Le titre de « pape » également donné au patriarche copte orthodoxe d’Alexandrie est une tradition locale de l’Église copte.
Usage[modifier]
Le premier évêque de Rome auquel est attribué le titre de « pape », au début du ive siècle, sur le cubiculum d’un diacre nommé Severus est Marcellin (296-304) ; on y trouve l’inscription « jussu pp [papae] sui Marcellini »9. L’abréviation de « papa » en « PP » est constante, notamment dans la signature pontificale (par exemple, le pape Benoît XVI signait toujours les documents officiels ainsi : « Benedictus PP XVI »). On rencontre aussi des désignations telles que « Papa urbis Romae (aeternae) » (Le Pape de la ville (éternelle) de Rome). Ce n’est donc qu’à partir du vie siècle qu’il désigne plus spécifiquement l’évêque de Rome, comme en atteste la chancellerie de Constantinople qui utilise ce titre pour les pontifes romains, qui eux-mêmes adopteront ce titre à partir de la fin du viiie siècle. À la fin du xe siècle, au cours d’un concile qui se tient à Pavie en 998, Grégoire V demande à l’archevêque Arnolfe II de Milan de ne plus utiliser le titre et c’est Grégoire VII (1073-1085) qui édicte un Dictatus papae réservant l’usage du terme au pontife romain10.
Aujourd’hui encore, les Grecs appellent pappas les simples prêtres de l’Église orthodoxe, mais dans le sens classique de « Père », équivalent au titre que l’on donne aux prêtres dans l’Eglise latine (ce mot grec est aussi à l’origine du mot russe pop utilisé péjorativement pour désigner les prêtres orthodoxes, qui est lui-même à l’origine du mot anglais « pope », mais celui-ci, en anglais, désignant alors exclusivement l’évêque de Rome).

ORIGINE DU MINISTÈRE DU PONTIFE ROMAIN
Image accompagnant un article sur l’histoire de la papauté dans le Liber Floridus (1120). BNF.
Articles détaillés : Primauté pontificale et Histoire de l’Église catholique.
Le prestige éminent de la position de l’évêque de Rome dans la chrétienté depuis l’antiquité paléochrétienne11 réside avant tout en la présence traditionnellement admise des tombeaux de Pierre et Paul de Tarse dans cette ville, l’un au Vatican, près de l’ancien cirque de Néron, et l’autre sur la via Ostiense, aux portes de Rome. Dans les premiers siècles de notre ère, Rome devient ainsi ville de pèlerinages « ad limina apostolorum »12. L’Église romaine a toujours proclamé sa fondation apostolique, sur laquelle elle base son autorité magistérielle dont elle se prévaut et que les titulaires du siège de Rome affirment à la suite de l’évêque Libère (352-366), le premier à utiliser l’expression de « Siège apostolique » (Sedes apostolica)13. Cependant, dans l’Église catholique, l’autorité du pape est ipso facto liée au fait qu’il est l’évêque de Rome. Ainsi, la seule titulature officielle du pape dans l’Antiquité est le mot « Évêque », (sous-entendu : de la ville). Aujourd’hui encore, dans les documents les plus solennels, le pape signe de ce seul titre d’« Évêque de l’Eglise catholique » (comme on le voit au paraphe du pape Paul VI sur toutes les constitutions et les décrets du concile Vatican II : « Ego PAULUS Catholicae Ecclesiae Episcopus », ou bien accompagné de la formule grégorienne: « Ego, N., episcopus, servus servorum Dei »14.

PREMIERS SIÈCLES
Saint Pierre avec les clefs du salut des âmes et du Paradis (Saint-Pétersbourg).
L’origine de la fonction papale est avant tout d’ordre spirituel, ou mystique, bien avant d’être politique. Ainsi, la théologie catholique fait remonter la lignée des papes à l’apôtre Pierre. Elle affirme que le rôle de l’apôtre de présider à l’unité de l’Église a été énoncé par le Christ, ce qui s’exprime dans l’évangile de Matthieu : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église… je te donnerai les clefs du Royaume des cieux » (Mt 16. 18-19) et dans l’évangile de Jean, par les paroles : « Simon [Pierre], (…) Pais mes agneaux… Pais mes brebis » (Jn 21. 15,16,17).
Au iie siècle de notre ère, il existe des manifestations du prestige de la communauté chrétienne de Rome, ainsi qu’en atteste une lettre d’Ignace d’Antioche adressée à cette communauté, évoquant la mémoire des enseignements apostoliques dont elle est détentrice15. À la fin du siècle, Irénée de Lyon souligne lui aussi l’importance de cette tradition romaine dans son Contre les hérésies (III, 3, 2). Irénée – dans un texte qui entend combattre les gnostiques – présente le canal de la succession épiscopale comme le garant de la vérité apostolique pour chaque Église et pointe pour son exemplarité Rome, « cette Église très grande, très ancienne et connue de tous, que les deux très glorieux apôtres Pierre et Paul [y] fondèrent et [y] établirent (…) [car] en raison de son origine plus excellente16 doit nécessairement s’accorder [avec elle] toute Église, c’est-à-dire les fidèles de partout, elle en qui toujours, au bénéfice de ces gens de partout17, a été conservée la tradition qui vient des apôtres »15.
La revendication d’apostolicité de Rome, qui est la seule ville occidentale de l’Empire à le faire, n’est pas contestée, pas plus que ne l’est celle d’autres villes orientales comme Corinthe ou Antioche ; ce n’est pas le cas de la revendication d’autorité et de primauté auxquelles elle prétend qui occasionnera nombre de débats, voire de schismes15.
En 195, sollicité par des adversaire de l’évêque Polycrate d’Éphèse, l’évêque de Rome Victor, dans ce qui peut être lu comme un exercice de l’autorité romaine sur les autres Églises, rompt la communion avec les quartodécimans parce que ces derniers fêtent Pâques le 14 Nisan, même jour que la Pâque juive – une tradition transmise par Jean l’Évangéliste – tandis que les chrétiens de Rome la fêtent un dimanche18. Si cette première tentative est sans portée réelle, des documents attestent de la continuité dans cette souveraine prétention de l’Église de l’Urbs dans les décennies qui suivent19. Jean Guyon définit Victor Ier comme le premier évêque monarchique de Rome20.

ÉMERGENCE DES MÉTROPOLITES
Le premier concile de Constantinople, mur peint dans l’Église de Stavropoleos, Bucarest (Roumanie).
Du point de vue de l’administration civile, l’Empire romain est divisé en provinces, chacune étant dirigée à partir de sa métropole (littéralement « ville-mère », en grec). Du point de vue de l’administration des églises, cette désignation ne s’applique qu’à Rome, Antioche, Alexandrie, Nicomédie puis Constantinople qui la remplace. À la fin du iiie siècle ou au tout début du ive siècle, l’évêque de chaque métropole, ou métropolite, a pris de l’ascendant sur les autres évêques de la province.
En 325, le Concile de Nicée entérine cet état de fait : nul évêque ne peut ordonner un prêtre ou un autre évêque sans l’accord de son métropolite. Le même concile affirme aussi, pour trancher le conflit mélitien et en se référant, dit-il, à un usage déjà constitué, que trois métropolites ont des compétences qui dépassent le cadre de leur province, ceux d’Alexandrie, de Rome et d’Antioche. La circonscription qui dépend d’Alexandrie regroupe toutes les provinces d’Égypte et de Libye. Bien que le concile ne précise pas quelles sont les limites des deux autres, on peut supposer qu’Antioche a la responsabilité de la Syrie, de la Palestine et des provinces limitrophes, et que Rome domine l’Italie (avec, peut-être, une certaine influence en Gaule et en Afrique, comme semble en témoigner le concile d’Arles en 314).
Les conciles de Constantinople (381) et de Chalcédoine (451) accordent le même statut de « super métropolite » (ce qui devait devenir la dignité de patriarche) aux sièges de Jérusalem et de Constantinople. Le premier échappe au pouvoir d’Antioche, arien, et devient autonome, le second obtient immédiatement un rang après celui de Rome, celui-ci ayant la « primauté d’honneur ». Ce système est calqué sur l’administration civile : Constantinople est la capitale de l’empire d’Orient, Rome se veut son égale en Occident – insistant spécifiquement sur une première place symbolique – tandis qu’Alexandrie demeure une capitale économique incontournable. Au même moment, le siège d’Antioche voit sa circonscription rognée par ses deux voisines (Constantinople et Jérusalem).

UNE PRÉÉMINENCE QUI SE MANIFESTE LENTEMENT
Pendant le ive siècle, le siège de Rome ne prend pas directement part aux principaux débats théologiques (surtout provoqués par des hérésies toutes nées en Orient : arianisme, sabellianisme, macédonianisme, apollinarisme). Aux grands conciles qui se réunissent pour juger ces hérésies, l’évêque de Rome envoie toujours des légats (prêtres ou évêques) pour le représenter (les prêtres ne prennent pas part aux votes, seulement les évêques). Souvent, des évêques et des sièges patriarchaux d’Orient en conflit interne envoient des ambassades à l’évêque de Rome pour en obtenir un arbitrage (le cas le plus célèbre est celui de S. Jean Chrysostome, patriarche de Constantinople, en butte avec une partie du clergé, avec l’empereur Arcadius, l’impératrice Eudoxie, et avec Théophile, patriarche d’Alexandrie, en appelle à Rome et obtient le plein soutien du pape S. Innocent Ier. Ainsi, malgré une apparente faible implication dans les affaires de la chrétienté orientale, le prestige de Rome est généralement reconnu en tant qu’instance non directement liée aux conflits, et par conséquent susceptible d’adopter une position non partiale ; cette implication non partisane, jointe au fait que Rome est reconnue comme la ville du martyre des apôtres Pierre et Paul, conduit nombre d’instances (empereurs et évêque d’Orient) à lui demander à plusieurs reprises l’arbitrage romain, notamment lors de la crise arienne. Au ve siècle, notamment lors des grands débats christologiques suscités par Nestorius puis par Eutychès, Rome s’implique davantage : ce sera avec le plein soutien du pape S. Célestin Ier, sollicité par S. Cyrille, patriarche d’Alexandrie, que Nestorius et le nestorianisme seront condamnés au Concile œcuménique d’Éphèse en l’an 431. Déjà ive siècle, Théodose, à son avènement, avait proclamé que la loi religieuse de tout l’empire était « la foi de l’évêque de Rome et de l’évêque d’Alexandrie ». En l’an 451, au cours du Concile œcuménique de Chalcédoine, à la lecture du Tome à Flavien, rédigé par le pape S. Léon Ier le Grand pour définir la foi catholique contre l’hérésie d’Eutychès niant les deux natures, divine et humaine, du Christ (et par conséquent niant l’union hypostatique et la communication des idiomes entre les deux natures), toute l’assemblée coniliaire, debout, acclama le pape au cri de : « Pierre vient de parler par la bouche de Léon ! » (exclamation que les notaires impériaux consignèrent dans les procès-verbaux des actes canoniques du Concile).
Au cours des siècles suivants (vie siècle – viie siècle), à la suite de la chute de l’Empire d’Occident, le siège de Rome devient de plus en plus politiquement autonome et influent, notamment en Occident, alors considéré comme le territoire spécifiquement « patriarcal » du pontife romain. Dans le marasme général (peste à Rome, débordements catastrophiques du Tibre, invasions des Lombards), le pape S. Grégoire le Grand (590-604) est amené à organiser matériellement, à tous les niveaux, les besoins de la population romaine. Plusieurs facteurs ont favorisé cette évolution :
le prestige de Rome, ancienne capitale de l’Empire, et qui le reste dans les esprits longtemps après la chute de l’Empire d’Occident. C’est en ce sens que Michel Butor a pu parler au xxe siècle du Pape comme le « fantôme des empereurs hantant leur ville éternelle ». À ce prestige s’ajoute celui conféré par le titre de « successeur de saint Pierre », que l’Église catholique lui reconnaît. Par ailleurs Rome était, et reste encore, un lieu de pèlerinage très fréquenté sur les tombes traditionnelles des apôtres Pierre et Paul, apôtres considérés comme les fondements de l’Église, selon le mot d’Irénée de Lyon ;
l’éloignement de la puissance civile et militaire : les empereurs s’installent d’abord à Ravenne, puis il ne reste plus que l’empereur installé à Constantinople ;
l’absence d’autre chef religieux de premier plan en Occident. Tous les patriarches sont en Orient, et le seul siège de métropolite qui ait quelque importance, celui de Carthage, est longtemps entre les mains des Vandales ariens, puis perd sa puissance ;
la politique active menée par des papes de forte personnalité, en particulier Grégoire le Grand, qui fut l’instigateur de la conversion des Anglo-Saxons, ou encore Léon dont l’épisode le plus connu est la rencontre avec Attila pour le dissuader d’envahir Rome. Si le pape envoie des missionnaires dans des pays lointains ou négocier face à Attila, cela manifeste désormais son indépendance politique (à Constantinople, le patriarche demeurait sous le contrôle étroit de l’empereur, donnant ainsi lieu au césaropapisme).

PRÉROGATIVES TEMPORELLES ET SPIRITUELLES
Le pape, jusqu’en 1870, a été le souverain des États pontificaux. Il est aujourd’hui souverain de l’État de la Cité du Vatican sur lequel il possède la plénitude du pouvoir exécutif, législatif et judiciaire. Cette souveraineté sur un territoire, de dimension réduite, est la garantie d’indépendance de son pouvoir spirituel à l’égard de tous les États du monde. Le pape est avant tout le garant de l’unité et le chef visible de l’Église catholique (le Christ en étant le Chef invisible).
L’élection du pape est la prérogative exclusive du Collège des cardinaux de l’Église romaine, réunis en conclave (lieu fermé sous clefs) après la mort ou la renonciation du pape, et selon les strictes dispositions de la Constitution Universi Dominici Gregis, promulguée par le pape Jean-Paul II du 22 février 1996 (succédant à des constitutions antérieures), et par le motu proprio Constitutione Apostolica du pape Benoît XVI promulgué le 11 juin 2007. Les cardinaux sont eux-mêmes créés par le Pontife romain et sont actuellement électeurs jusqu’à l’âge de 80 ans. C’est seulement à partir du xie siècle que l’élection du pape fut réservée aux cardinaux, (décret de Nicolas II en date du 13 avril 1059). Antérieurement, pendant le premier millénaire, l’élection du Pontife romain revenait canoniquement à l’Église de Rome, clercs et certains laïcs. Les interférences abusives du pouvoir politique finirent par pousser les papes à interdire une telle interférence.
Le pape est élu à vie, mais garde toujours la prérogative de résigner la charge apostolique ; cela s’est produit à de très rares fois, tel le pape Célestin V pour vivre dans un monastère, Grégoire XII en 1415, mais au sein du Concile de Constance dans le seul but de mettre fin au grand schisme. Il l’a fait non pas en personne, mais par la voix d’un procurateur, le 4 juillet 1415, ce qui permit l’élection de son successeur Martin V, élu plus tard, le 11 novembre 1415 et tout dernièrement pour la troisième fois de l’histoire, le 28 février 2013 la résignation de sa charge le pape Benoît XVI pour vivre dans un monastère.
Le règne d’un pape se nomme pontificat. L’origine de ce mot tient à l’un des titres des papes : souverain pontife. La filiation de cette expression doit se trouver dans le titre du principal prêtre dans la Rome antique pontifex maximus, porté jusqu’au vie siècle par l’empereur de Byzance.
Formellement, le pape n’est pas un « chef spirituel » : il reçoit mission du Christ (selon la foi catholique), en tant qu’évêque de Rome et successeur de l’apôtre Pierre, de veiller et de présider à l’unité de toutes les Églises locales catholiques, c’est-à-dire tous les diocèses gouvernés par les évêques en communion avec Rome (le Christ étant le Chef invisible de l’Église catholique).
Jusqu’en 800[modifier]
Rome est menacée par les attaques des princes barbares : dès 410, la Ville éternelle est saccagée par les Wisigoths.
À la fin du ve siècle, Gélase Ier envoya à l’empereur Anastase une lettre dans laquelle il réaffirme que le pouvoir des rois et celui des évêques sont dissociés, et que celui des évêques prévaut.
Au milieu du viiie siècle, les papes, lassés, d’une part, des querelles dogmatiques sans cesse suscitées par la politique césaropapiste des empereurs byzantins, et ne voulant plus, d’autre part, se laisser « enfermer » dans le cadre de la pentarchie qu’ils n’avaient jamais réellement reconnue (car la notion de « pentarchie » réduisait trop le Saint-Siège au rang des autres sièges patriarcaux alors qu’il exerce seul l’autorité de l’apôtre Pierre), rompent avec la tutelle politique de Constantinople. En particulier, le pape Léon III, menacé par les Lombards, n’hésitera pas alors à recourir à la puissance montante des Carolingiens, avec Pépin le Bref puis Charlemagne. La Donation de Constantin, un « faux vrai » document, formalisé à cette époque mais entérinant un pouvoir temporel attesté dans les faits au moins depuis le pontificat du pape Grégoire le Grand (590-604). Ce document faisait croire qu’en quittant la Ville, l’empereur Constantin en aurait remis le pouvoir à l’évêque de Rome, ainsi que le pouvoir (potestas) sur l’Occident. C’est Pépin le Bref qui en constitua l’embryon des États pontificaux en 754. En 800, le pape Léon III couronne Charlemagne empereur d’Occident à Rome.
À cette époque, le pape envoie des missionnaires, notamment dans les îles britanniques ainsi que dans l’est et le nord de l’Europe, afin d’évangéliser les populations païennes

LA RÉFORME GRÉGORIENNE
1054 : le Grand Schisme d’Orient
1059 : décret du Latran de Nicolas II sur l’élection du pape par les cardinaux le 13 avril 1060
1076 : le dictatus papæ
1075-1122 : querelle des Investitures
La réforme grégorienne voit l’affirmation de la « monarchie pontificale » : le pape souverain, chef de l’Église universelle, exerce sur tous ses membres la plénitude du pouvoir (plenitudo potestatis), disposant des glaives spirituel et temporel. Elle révèle aussi la tendance théocratique de la papauté, formulée notamment dans le Dictatus papæ22. Cette « monarchie pontificale » culmine sous Innocent III, l’Église est alors considérée par tous comme une monarchie élective, universelle et absolue, assimilée à la Cité de Dieu sur la terre23.
La lutte du sacerdoce et de l’Empire[modifier]
Article détaillé : Lutte du sacerdoce et de l’Empire.
L’histoire de la papauté est inséparable de l’évolution doctrinale de la christologie et de la baisse de puissance des empereurs romains d’Orient. Le pape cherche à affermir son pouvoir spirituel et temporel et à passer du statut de simple évêque de Rome à celui de souverain.
Pendant le Moyen Âge, le pape dut affirmer son pouvoir face à l’empereur et à la croissance des royautés. L’autre problématique concerne la définition de la souveraineté du pontife : doit-elle se limiter aux affaires spirituelles (nomination des évêques et des abbés, définition du dogme) ou bien doit-elle déborder sur la sphère temporelle ? Dans la seconde option, le pape ne peut éviter l’affrontement avec les souverains qui règnent alors en Occident.

GRAND SCHISME
Article détaillé : Grand Schisme d’Occident.
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De 1378 à 1418, ce schisme voit coexister et s’affronter deux séries de papes, l’un siégeant à Rome et l’autre à Avignon. Sur le terrain politique, il découle de l’affrontement entre la papauté et les États modernes qui se créent à la fin du Moyen Âge et que la papauté n’a plus les moyens d’assujettir.
Conciliarisme[modifier]
Le conciliarisme est un mouvement de réforme qui se développe du xive au xvie siècles et qui voit l’autorité suprême dans l’Église catholique passer des mains du pape à celles du concile œcuménique.

LA RÉFORME ET LE CONCILE DE TRENTE
Caricature protestante du xvie siècle représentant l’Église catholique romaine sous la double apparence du pape et du diable.
Articles détaillés : Réforme protestante et Concile de Trente.
La Réforme protestante est un mouvement religieux qui met en cause radicalement l’existence même d’un pape.
Le concile de Trente est le dix-neuvième concile œcuménique reconnu par l’Église catholique. Convoqué par le pape Paul III en 1542, en réponse aux demandes formulées par Martin Luther dans le cadre de la Réforme protestante, il débute le 13 décembre 1545. Il se déroule en dix-huit ans, sur vingt-cinq sessions, cinq pontificats (Paul III, Jules III, Marcel II, Paul IV et Pie IV ) et trois villes.
En réaction aux progrès de la Réforme protestante, il définit le péché originel, la justification, une autorité de la Bible spécifique au catholicisme romain et confirme les sept sacrements, le culte des saints et des reliques ainsi que le dogme de la transsubstantiation. Sur le plan disciplinaire, il crée les séminaires diocésains, destinés à former les prêtres. Trente est l’un des conciles les plus importants de l’histoire du catholicisme ; il est le plus abondamment cité par le concile Vatican II.
L’historienne Régine Pernoud présente ce concile comme « la coupure entre l’Église médiévale et l’Église des temps classiques24 ».

LA CRISE MODERNISTE ET LE CONCILE VATICAN I
Articles détaillés : crise moderniste et concile Vatican I.
Plus de trois cents ans après le concile de Trente, Pie IX décide de convoquer un concile en 1869. Ce concile, le vingtième, s’ouvre en décembre 1869 et est ajourné le 20 octobre 1870 à cause de la guerre.
Vatican I affirme, par l’encyclique Pastor Æternus du 18 juillet 1870, l’infaillibilité pontificale et condamne les « idées nouvelles » issues du Siècle des Lumières au bénéfice de la primauté pontificale.
Une autre caractéristique de ce concile est d’avoir été reporté sine die du fait de l’invasion de Rome et de l’annexion des États pontificaux.
Encyclique Pastor Æternus Constitution dogmatique « Pastor aeternus » — 1er concile du Vatican — 18 juillet 1870 :
« C’est pourquoi, nous attachant fidèlement à la tradition reçue dès l’origine de la foi chrétienne, pour la gloire de Dieu notre Sauveur, pour l’exaltation de la religion catholique et le salut des peuples chrétiens, avec l’approbation du saint Concile, nous enseignons et définissons comme un dogme révélé de Dieu: le Pontife romain, lorsqu’il parle ex cathedra, c’est-à-dire lorsque, remplissant sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, il définit, en vertu de sa suprême autorité apostolique, qu’une doctrine sur la foi ou les mœurs doit être tenue par toute l’Église, jouit, par l’assistance divine à lui promise en la personne de saint Pierre, de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que fût pourvue son Église, lorsqu’elle définit la doctrine sur la foi et les mœurs. Par conséquent, ces définitions du Pontife romain sont irréformables par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l’Église. Si quelqu’un, ce qu’à Dieu ne plaise, avait la présomption de contredire notre définition, qu’il soit anathème. »

LE CONCILE VATICAN II ET LA COLLÉGIALITÉ
Article détaillé : Concile Vatican II. ( lien sur le site)
Portrait officiel de Jean XXIII.
Le pape Jean XXIII, âgé de 82 ans, que l’on décrivait comme un pape de transition du fait de son âge lors de son élection, crée la surprise en annonçant un « aggiornamento » de l’Église catholique, c’est-à-dire un grand concile destiné à favoriser le dialogue de l’Église avec le monde moderne.
Vatican II s’ouvre le 11 octobre 1962. Parmi les grandes réformes figurent l’ouverture envers les autres religions, la disparition du latin au bénéfice des langues locales pour les offices religieux et l’attention de l’Église aux problématiques sociales.

TITRES PONTIFICAUX
Article détaillé : Titre pontifical. (lien sur le site)
Évêque sous-entendu du diocèse de la ville de Rome : (Urbis) episcopus.
Vicaire de Jésus-Christ (Vicarius Christi) : l’appellation est attestée du temps du pape Gélase Ier, au synode romain du 13 mai 49525. Au iie siècle, est également attesté le titre de « Vicaire de Pierre », très vite tombé dans l’oubli car ecclésiologiquement erroné : d’une part, parce que le pape est le successeur, mais non l’intendant (serviteur) de Pierre ; il est même pleinement « Pierre » à son tour puisqu’il exerce la plénitude du ministère apostolique que le Christ avait accordé au « Prince des Apôtres » ; d’autre part, parce que le pape rendra compte de ses actes au Christ seul, tout comme Pierre avant lui. C’est pourquoi le titre de « Vicaire du Christ », théologiquement et ecclésiologiquement vrai, s’est imposé au cours des siècles (« vicaire », c’est-à-dire « intendant »). Innocent III se proclame en 1214 aussi bien « Vicaire du Christ » que « Vicaire de Dieu » (car la foi chrétienne reconnaît en Jésus-Christ Dieu fait homme)26.
Successeur du prince des apôtres : Successor principis apostolorum.
Chef suprême de l’Église : Caput universalis ecclesiae.
Souverain pontife de l’Église universelle : Pontifex maximus.
Primat d’Italie : Primatus Italiae.
Archevêque métropolite de la Province romaine : Archiepiscopus ac metropolitanus provinciae ecclesiasticae Romanae.
Souverain de l’État de la Cité du Vatican : Princeps sui iuris civitatis Vaticanae.
Serviteur des serviteurs de Dieu : Servus servorum Dei.
Patriarche d’Occident : Patriarcha Occidentis (titre abandonné par Benoît XVI en 200627).
En droit canonique, le pape est désigné sous l’appellation de « Pontife romain » (Pontifex Romanus), dérivé de l’appellation du grand prêtre romain (plus tard porté par les empereurs romains), en tant que représentant de Dieu sur terre : « Pontifex Maximus ».
La signature papale prend la forme « NN. PP. x » c’est-à-dire « un tel, Pontifex Primus [premier pontife], numéro tant » (ainsi, le pape Paul VI signait « Paulus PP. VI »), et son nom est fréquemment accompagné dans les inscriptions par les abréviations « Pont. Max » ou « P.M. » — abréviation de l’ancien titre hérité de l’Antiquité latine Pontifex Maximus, littéralement « le bâtisseur suprême de ponts » (entre Dieu et les hommes). Le Christ est le Pontife suprême et éternel entre Dieu et l’humanité. « Pontifex Maximus », concernant le pape, se traduit habituellement en français par « Souverain Pontife ».
Les bulles, décrets et constitutions du pape sont signés « NN. Episcopus Ecclesia Catholicæ » (« NN. Évêque de l’Église catholique »), alors qu’elles débutent par l’appellation « NN. Episcopus Servus Servorum Dei » (« NN. Évêque, serviteur des serviteurs de Dieu »), ce dernier titre datant du pape Grégoire Ier le Grand.
D’autres circonstances officielles voient l’usage de titres tels que Summus Pontifex, Sanctissimus Pater (Très Saint Père — cette formule est d’usage en France pour la correspondance adressée au Pape), Beatissimus Pater, Sanctissimus Dominus Noster (Notre Très Saint Père), et à l’époque médiévale Domnus [et non Dominus] Apostolicus (Seigneur Apostolique).

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