ÉPHÈSE AU TEMPS DE SAINT PAUL. TEXTES ET ARCHÉOLOGIE.

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ÉPHÈSE AU TEMPS DE SAINT PAUL. TEXTES ET ARCHÉOLOGIE.

Par Jerome Murphy-O’Connor
Jerome Murphy-O’Connor
Éphèse au temps de saint Paul. Textes et archéologie.
« Initiations Bibliques », Éd. du Cerf, Paris, 352 p., 44 €.

Voilà un livre d’une grande richesse : pour une part, un gros dossier, une sorte de compilation de tout ce qui a été écrit dans l’antiquité sur Éphèse ; pour le reste, un récit du ministère de Paul dans cette ville, récit exégétiquement fondé et un tantinet romancé.

Le dossier d’abord : Depuis Hérodote d’Halicarnasse (Ve siècle av. J.-C.) jusqu’à Callimaque de Cyrène (III e siècle apr. J.-C.), vingt six écrivains sont longuement cités – dans certains cas traduits en français pour la première fois – et commentés. Ainsi apparaissent aux yeux du lecteur, le corps et l’âme, si l’on peut dire, de la ville d’Éphèse, et cela de manière étonnamment concrète. Tout d’abord on réalise le rôle économique et stratégique majeur du port qui fut pour Rome la « porte de l’Asie ». Ensuite et surtout, chaque fois qu’il est question d’Éphèse, on constate l’omniprésence du fameux Artemision, le temple d’Artémis, une des sept merveilles du monde (avec, soit dit en passant, une intéressante réflexion sur les intentions sous-jacentes à cette appellation, qui, parait-il, avait le don de « taper sur les nerfs » des romains). Autre exemple significatif, ce qui est dit de la fiscalité romaine sur les provinces : lors de leur passage à Éphèse et sur ordre du sénat, Brutus et Cassius, les assassins de César, prélevèrent l’équivalent d’au moins 2.600 $ par habitant, femmes et enfants compris, et cela par le truchement des publicains bien connus des Évangiles ! Même si ceux de la Judée étaient moins voraces que leurs collègues d’Éphèse, on comprend le peu de sympathie que leur action suscitait.
Quant à la reconstitution du ministère de Paul, elle étonne d’abord le lecteur non prévenu, qui se retrouve tout soudain visitant Jérusalem aux côtés d’un Paul de vingt ans lors de sa première venue dans cette ville… Pour comprendre, il faut se référer aux précédents ouvrages de J. Murphy-O’Connor (J.M-C.). P. Debergé, dans sa recension de l’Histoire de Paul de Tarse et de Corinthe au temps de saint Paul (Cahier Évangile n°128), notait déjà que le lecteur avait intérêt à consulter le livre de J.M.-C. : Paul, a critical life, où il justifiait des prises de position considérées par la suite comme acquises. Il faut savoir aussi qu’il mêle délibérément une certaine part de fiction à ses hypothèses, de manière à donner de Paul et de ce qu’il a vécu une image vivante, incarnée. Le résultat est frappant de réalisme. Le regard porté sur Paul est lucide, un peu sévère sans doute. On a un peu l’impression qu’en réaction contre une vision idéalisée de l’Apôtre, l’auteur décide de le regarder par le petit bout de la lorgnette. Certes, Paul était bourré de défauts… mais on a envie de rappeler – ce que J.M.-C. sait bien, évidemment – que les lettres écrites à Éphèse sont des monuments littéraires et théologiques auprès desquelles le défunt Artemision fait pâle figure ! Signalons enfin que la liste des références des textes de l’antiquité et le tableau résumant l’activité de Paul à Éphèse sont bien utiles au lecteur. (Paul Agneray)
Niveau de difficulté : moyen

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