PAPE (sur le mot…)
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PAPE
(J’ai trouvé un article intéressant en italien sur la signification et l’histoire du mot » Pape » Au moment je mets ceci, pour une explication générale et l’histoire est bonne, alors je serais intéressé à chercher quelque chose de plus précis sur le site du Vatican)
POUR LES ARTICLES HOMONYMES, VOIR PAPE (HOMONYMIE).
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François, pape depuis le 13 mars 2013
Dans l’usage français reconnu par les dictionnaires usuels, et quoiqu’il ne résume pas la totalité de l’usage francophone, le terme de pape désigne l’évêque de Rome, garant de l’unité de l’Église catholique romaine, et son chef visible en tant que successeur de saint Pierre (le chef invisible étant le Christ en personne), et monarque temporel de l’État du Vatican1. C’est dans ce sens seul que ce terme est employé dans cet article ainsi que dans les autres articles traitant des papes, sauf mention contraire. Toutefois, ce titre est également porté par le chef de l’Église copte orthodoxe : Théodore II, élu le 4 novembre 20122. Le titre de pape n’est réellement apparu qu’à partir du concile de Nicée en 325, mais le terme n’a désigné exclusivement l’évêque de Rome qu’à partir de Grégoire VII, au xie siècle. Selon la tradition apostolique, la succession pontificale légitime remonte à l’apôtre Pierre.
Le pape actuel est Jorge Mario Bergoglio sous le nom de François, élu le 13 mars 201334 et qui succède à Benoît XVI5. Il devient ainsi le 266e pape.
Le mot pape (en grec πάπας / papas) n’a rien d’un titre officiel, c’est une appellation d’affection respectueuse, celle que l’enfant donne à son père (« papa »). La première attestation documentée de ce mot pour désigner un chef religieux de premier plan remonte à 306 à Alexandrie : la population chrétienne de cette ville le décerna comme titre à son évêque Pierre d’Alexandrie qui avait organisé la résistance extérieure à la persécution de Dioclétien7. À partir du 1er concile œcuménique de Nicée, où siégèrent des évêques au nombre traditionnel de 318, l’appellation « pape » a été affectueusement donnée à tout évêque en tant que chef de l’Église locale qu’il préside. Ce n’est que progressivement, surtout à partir du vie siècle, que l’appellation a été de plus en plus réservée au seul pontife romain, et ce à l’échelle de l’Église universelle (Orient et Occident)8. Le titre de « pape » également donné au patriarche copte orthodoxe d’Alexandrie est une tradition locale de l’Église copte.
Usage[modifier]
Le premier évêque de Rome auquel est attribué le titre de « pape », au début du ive siècle, sur le cubiculum d’un diacre nommé Severus est Marcellin (296-304) ; on y trouve l’inscription « jussu pp [papae] sui Marcellini »9. L’abréviation de « papa » en « PP » est constante, notamment dans la signature pontificale (par exemple, le pape Benoît XVI signait toujours les documents officiels ainsi : « Benedictus PP XVI »). On rencontre aussi des désignations telles que « Papa urbis Romae (aeternae) » (Le Pape de la ville (éternelle) de Rome). Ce n’est donc qu’à partir du vie siècle qu’il désigne plus spécifiquement l’évêque de Rome, comme en atteste la chancellerie de Constantinople qui utilise ce titre pour les pontifes romains, qui eux-mêmes adopteront ce titre à partir de la fin du viiie siècle. À la fin du xe siècle, au cours d’un concile qui se tient à Pavie en 998, Grégoire V demande à l’archevêque Arnolfe II de Milan de ne plus utiliser le titre et c’est Grégoire VII (1073-1085) qui édicte un Dictatus papae réservant l’usage du terme au pontife romain10.
Aujourd’hui encore, les Grecs appellent pappas les simples prêtres de l’Église orthodoxe, mais dans le sens classique de « Père », équivalent au titre que l’on donne aux prêtres dans l’Eglise latine (ce mot grec est aussi à l’origine du mot russe pop utilisé péjorativement pour désigner les prêtres orthodoxes, qui est lui-même à l’origine du mot anglais « pope », mais celui-ci, en anglais, désignant alors exclusivement l’évêque de Rome).
ORIGINE DU MINISTÈRE DU PONTIFE ROMAIN
Image accompagnant un article sur l’histoire de la papauté dans le Liber Floridus (1120). BNF.
Articles détaillés : Primauté pontificale et Histoire de l’Église catholique.
Le prestige éminent de la position de l’évêque de Rome dans la chrétienté depuis l’antiquité paléochrétienne11 réside avant tout en la présence traditionnellement admise des tombeaux de Pierre et Paul de Tarse dans cette ville, l’un au Vatican, près de l’ancien cirque de Néron, et l’autre sur la via Ostiense, aux portes de Rome. Dans les premiers siècles de notre ère, Rome devient ainsi ville de pèlerinages « ad limina apostolorum »12. L’Église romaine a toujours proclamé sa fondation apostolique, sur laquelle elle base son autorité magistérielle dont elle se prévaut et que les titulaires du siège de Rome affirment à la suite de l’évêque Libère (352-366), le premier à utiliser l’expression de « Siège apostolique » (Sedes apostolica)13. Cependant, dans l’Église catholique, l’autorité du pape est ipso facto liée au fait qu’il est l’évêque de Rome. Ainsi, la seule titulature officielle du pape dans l’Antiquité est le mot « Évêque », (sous-entendu : de la ville). Aujourd’hui encore, dans les documents les plus solennels, le pape signe de ce seul titre d’« Évêque de l’Eglise catholique » (comme on le voit au paraphe du pape Paul VI sur toutes les constitutions et les décrets du concile Vatican II : « Ego PAULUS Catholicae Ecclesiae Episcopus », ou bien accompagné de la formule grégorienne: « Ego, N., episcopus, servus servorum Dei »14.
PREMIERS SIÈCLES
Saint Pierre avec les clefs du salut des âmes et du Paradis (Saint-Pétersbourg).
L’origine de la fonction papale est avant tout d’ordre spirituel, ou mystique, bien avant d’être politique. Ainsi, la théologie catholique fait remonter la lignée des papes à l’apôtre Pierre. Elle affirme que le rôle de l’apôtre de présider à l’unité de l’Église a été énoncé par le Christ, ce qui s’exprime dans l’évangile de Matthieu : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église… je te donnerai les clefs du Royaume des cieux » (Mt 16. 18-19) et dans l’évangile de Jean, par les paroles : « Simon [Pierre], (…) Pais mes agneaux… Pais mes brebis » (Jn 21. 15,16,17).
Au iie siècle de notre ère, il existe des manifestations du prestige de la communauté chrétienne de Rome, ainsi qu’en atteste une lettre d’Ignace d’Antioche adressée à cette communauté, évoquant la mémoire des enseignements apostoliques dont elle est détentrice15. À la fin du siècle, Irénée de Lyon souligne lui aussi l’importance de cette tradition romaine dans son Contre les hérésies (III, 3, 2). Irénée – dans un texte qui entend combattre les gnostiques – présente le canal de la succession épiscopale comme le garant de la vérité apostolique pour chaque Église et pointe pour son exemplarité Rome, « cette Église très grande, très ancienne et connue de tous, que les deux très glorieux apôtres Pierre et Paul [y] fondèrent et [y] établirent (…) [car] en raison de son origine plus excellente16 doit nécessairement s’accorder [avec elle] toute Église, c’est-à-dire les fidèles de partout, elle en qui toujours, au bénéfice de ces gens de partout17, a été conservée la tradition qui vient des apôtres »15.
La revendication d’apostolicité de Rome, qui est la seule ville occidentale de l’Empire à le faire, n’est pas contestée, pas plus que ne l’est celle d’autres villes orientales comme Corinthe ou Antioche ; ce n’est pas le cas de la revendication d’autorité et de primauté auxquelles elle prétend qui occasionnera nombre de débats, voire de schismes15.
En 195, sollicité par des adversaire de l’évêque Polycrate d’Éphèse, l’évêque de Rome Victor, dans ce qui peut être lu comme un exercice de l’autorité romaine sur les autres Églises, rompt la communion avec les quartodécimans parce que ces derniers fêtent Pâques le 14 Nisan, même jour que la Pâque juive – une tradition transmise par Jean l’Évangéliste – tandis que les chrétiens de Rome la fêtent un dimanche18. Si cette première tentative est sans portée réelle, des documents attestent de la continuité dans cette souveraine prétention de l’Église de l’Urbs dans les décennies qui suivent19. Jean Guyon définit Victor Ier comme le premier évêque monarchique de Rome20.
ÉMERGENCE DES MÉTROPOLITES
Le premier concile de Constantinople, mur peint dans l’Église de Stavropoleos, Bucarest (Roumanie).
Du point de vue de l’administration civile, l’Empire romain est divisé en provinces, chacune étant dirigée à partir de sa métropole (littéralement « ville-mère », en grec). Du point de vue de l’administration des églises, cette désignation ne s’applique qu’à Rome, Antioche, Alexandrie, Nicomédie puis Constantinople qui la remplace. À la fin du iiie siècle ou au tout début du ive siècle, l’évêque de chaque métropole, ou métropolite, a pris de l’ascendant sur les autres évêques de la province.
En 325, le Concile de Nicée entérine cet état de fait : nul évêque ne peut ordonner un prêtre ou un autre évêque sans l’accord de son métropolite. Le même concile affirme aussi, pour trancher le conflit mélitien et en se référant, dit-il, à un usage déjà constitué, que trois métropolites ont des compétences qui dépassent le cadre de leur province, ceux d’Alexandrie, de Rome et d’Antioche. La circonscription qui dépend d’Alexandrie regroupe toutes les provinces d’Égypte et de Libye. Bien que le concile ne précise pas quelles sont les limites des deux autres, on peut supposer qu’Antioche a la responsabilité de la Syrie, de la Palestine et des provinces limitrophes, et que Rome domine l’Italie (avec, peut-être, une certaine influence en Gaule et en Afrique, comme semble en témoigner le concile d’Arles en 314).
Les conciles de Constantinople (381) et de Chalcédoine (451) accordent le même statut de « super métropolite » (ce qui devait devenir la dignité de patriarche) aux sièges de Jérusalem et de Constantinople. Le premier échappe au pouvoir d’Antioche, arien, et devient autonome, le second obtient immédiatement un rang après celui de Rome, celui-ci ayant la « primauté d’honneur ». Ce système est calqué sur l’administration civile : Constantinople est la capitale de l’empire d’Orient, Rome se veut son égale en Occident – insistant spécifiquement sur une première place symbolique – tandis qu’Alexandrie demeure une capitale économique incontournable. Au même moment, le siège d’Antioche voit sa circonscription rognée par ses deux voisines (Constantinople et Jérusalem).
UNE PRÉÉMINENCE QUI SE MANIFESTE LENTEMENT
Pendant le ive siècle, le siège de Rome ne prend pas directement part aux principaux débats théologiques (surtout provoqués par des hérésies toutes nées en Orient : arianisme, sabellianisme, macédonianisme, apollinarisme). Aux grands conciles qui se réunissent pour juger ces hérésies, l’évêque de Rome envoie toujours des légats (prêtres ou évêques) pour le représenter (les prêtres ne prennent pas part aux votes, seulement les évêques). Souvent, des évêques et des sièges patriarchaux d’Orient en conflit interne envoient des ambassades à l’évêque de Rome pour en obtenir un arbitrage (le cas le plus célèbre est celui de S. Jean Chrysostome, patriarche de Constantinople, en butte avec une partie du clergé, avec l’empereur Arcadius, l’impératrice Eudoxie, et avec Théophile, patriarche d’Alexandrie, en appelle à Rome et obtient le plein soutien du pape S. Innocent Ier. Ainsi, malgré une apparente faible implication dans les affaires de la chrétienté orientale, le prestige de Rome est généralement reconnu en tant qu’instance non directement liée aux conflits, et par conséquent susceptible d’adopter une position non partiale ; cette implication non partisane, jointe au fait que Rome est reconnue comme la ville du martyre des apôtres Pierre et Paul, conduit nombre d’instances (empereurs et évêque d’Orient) à lui demander à plusieurs reprises l’arbitrage romain, notamment lors de la crise arienne. Au ve siècle, notamment lors des grands débats christologiques suscités par Nestorius puis par Eutychès, Rome s’implique davantage : ce sera avec le plein soutien du pape S. Célestin Ier, sollicité par S. Cyrille, patriarche d’Alexandrie, que Nestorius et le nestorianisme seront condamnés au Concile œcuménique d’Éphèse en l’an 431. Déjà ive siècle, Théodose, à son avènement, avait proclamé que la loi religieuse de tout l’empire était « la foi de l’évêque de Rome et de l’évêque d’Alexandrie ». En l’an 451, au cours du Concile œcuménique de Chalcédoine, à la lecture du Tome à Flavien, rédigé par le pape S. Léon Ier le Grand pour définir la foi catholique contre l’hérésie d’Eutychès niant les deux natures, divine et humaine, du Christ (et par conséquent niant l’union hypostatique et la communication des idiomes entre les deux natures), toute l’assemblée coniliaire, debout, acclama le pape au cri de : « Pierre vient de parler par la bouche de Léon ! » (exclamation que les notaires impériaux consignèrent dans les procès-verbaux des actes canoniques du Concile).
Au cours des siècles suivants (vie siècle – viie siècle), à la suite de la chute de l’Empire d’Occident, le siège de Rome devient de plus en plus politiquement autonome et influent, notamment en Occident, alors considéré comme le territoire spécifiquement « patriarcal » du pontife romain. Dans le marasme général (peste à Rome, débordements catastrophiques du Tibre, invasions des Lombards), le pape S. Grégoire le Grand (590-604) est amené à organiser matériellement, à tous les niveaux, les besoins de la population romaine. Plusieurs facteurs ont favorisé cette évolution :
le prestige de Rome, ancienne capitale de l’Empire, et qui le reste dans les esprits longtemps après la chute de l’Empire d’Occident. C’est en ce sens que Michel Butor a pu parler au xxe siècle du Pape comme le « fantôme des empereurs hantant leur ville éternelle ». À ce prestige s’ajoute celui conféré par le titre de « successeur de saint Pierre », que l’Église catholique lui reconnaît. Par ailleurs Rome était, et reste encore, un lieu de pèlerinage très fréquenté sur les tombes traditionnelles des apôtres Pierre et Paul, apôtres considérés comme les fondements de l’Église, selon le mot d’Irénée de Lyon ;
l’éloignement de la puissance civile et militaire : les empereurs s’installent d’abord à Ravenne, puis il ne reste plus que l’empereur installé à Constantinople ;
l’absence d’autre chef religieux de premier plan en Occident. Tous les patriarches sont en Orient, et le seul siège de métropolite qui ait quelque importance, celui de Carthage, est longtemps entre les mains des Vandales ariens, puis perd sa puissance ;
la politique active menée par des papes de forte personnalité, en particulier Grégoire le Grand, qui fut l’instigateur de la conversion des Anglo-Saxons, ou encore Léon dont l’épisode le plus connu est la rencontre avec Attila pour le dissuader d’envahir Rome. Si le pape envoie des missionnaires dans des pays lointains ou négocier face à Attila, cela manifeste désormais son indépendance politique (à Constantinople, le patriarche demeurait sous le contrôle étroit de l’empereur, donnant ainsi lieu au césaropapisme).
PRÉROGATIVES TEMPORELLES ET SPIRITUELLES
Le pape, jusqu’en 1870, a été le souverain des États pontificaux. Il est aujourd’hui souverain de l’État de la Cité du Vatican sur lequel il possède la plénitude du pouvoir exécutif, législatif et judiciaire. Cette souveraineté sur un territoire, de dimension réduite, est la garantie d’indépendance de son pouvoir spirituel à l’égard de tous les États du monde. Le pape est avant tout le garant de l’unité et le chef visible de l’Église catholique (le Christ en étant le Chef invisible).
L’élection du pape est la prérogative exclusive du Collège des cardinaux de l’Église romaine, réunis en conclave (lieu fermé sous clefs) après la mort ou la renonciation du pape, et selon les strictes dispositions de la Constitution Universi Dominici Gregis, promulguée par le pape Jean-Paul II du 22 février 1996 (succédant à des constitutions antérieures), et par le motu proprio Constitutione Apostolica du pape Benoît XVI promulgué le 11 juin 2007. Les cardinaux sont eux-mêmes créés par le Pontife romain et sont actuellement électeurs jusqu’à l’âge de 80 ans. C’est seulement à partir du xie siècle que l’élection du pape fut réservée aux cardinaux, (décret de Nicolas II en date du 13 avril 1059). Antérieurement, pendant le premier millénaire, l’élection du Pontife romain revenait canoniquement à l’Église de Rome, clercs et certains laïcs. Les interférences abusives du pouvoir politique finirent par pousser les papes à interdire une telle interférence.
Le pape est élu à vie, mais garde toujours la prérogative de résigner la charge apostolique ; cela s’est produit à de très rares fois, tel le pape Célestin V pour vivre dans un monastère, Grégoire XII en 1415, mais au sein du Concile de Constance dans le seul but de mettre fin au grand schisme. Il l’a fait non pas en personne, mais par la voix d’un procurateur, le 4 juillet 1415, ce qui permit l’élection de son successeur Martin V, élu plus tard, le 11 novembre 1415 et tout dernièrement pour la troisième fois de l’histoire, le 28 février 2013 la résignation de sa charge le pape Benoît XVI pour vivre dans un monastère.
Le règne d’un pape se nomme pontificat. L’origine de ce mot tient à l’un des titres des papes : souverain pontife. La filiation de cette expression doit se trouver dans le titre du principal prêtre dans la Rome antique pontifex maximus, porté jusqu’au vie siècle par l’empereur de Byzance.
Formellement, le pape n’est pas un « chef spirituel » : il reçoit mission du Christ (selon la foi catholique), en tant qu’évêque de Rome et successeur de l’apôtre Pierre, de veiller et de présider à l’unité de toutes les Églises locales catholiques, c’est-à-dire tous les diocèses gouvernés par les évêques en communion avec Rome (le Christ étant le Chef invisible de l’Église catholique).
Jusqu’en 800[modifier]
Rome est menacée par les attaques des princes barbares : dès 410, la Ville éternelle est saccagée par les Wisigoths.
À la fin du ve siècle, Gélase Ier envoya à l’empereur Anastase une lettre dans laquelle il réaffirme que le pouvoir des rois et celui des évêques sont dissociés, et que celui des évêques prévaut.
Au milieu du viiie siècle, les papes, lassés, d’une part, des querelles dogmatiques sans cesse suscitées par la politique césaropapiste des empereurs byzantins, et ne voulant plus, d’autre part, se laisser « enfermer » dans le cadre de la pentarchie qu’ils n’avaient jamais réellement reconnue (car la notion de « pentarchie » réduisait trop le Saint-Siège au rang des autres sièges patriarcaux alors qu’il exerce seul l’autorité de l’apôtre Pierre), rompent avec la tutelle politique de Constantinople. En particulier, le pape Léon III, menacé par les Lombards, n’hésitera pas alors à recourir à la puissance montante des Carolingiens, avec Pépin le Bref puis Charlemagne. La Donation de Constantin, un « faux vrai » document, formalisé à cette époque mais entérinant un pouvoir temporel attesté dans les faits au moins depuis le pontificat du pape Grégoire le Grand (590-604). Ce document faisait croire qu’en quittant la Ville, l’empereur Constantin en aurait remis le pouvoir à l’évêque de Rome, ainsi que le pouvoir (potestas) sur l’Occident. C’est Pépin le Bref qui en constitua l’embryon des États pontificaux en 754. En 800, le pape Léon III couronne Charlemagne empereur d’Occident à Rome.
À cette époque, le pape envoie des missionnaires, notamment dans les îles britanniques ainsi que dans l’est et le nord de l’Europe, afin d’évangéliser les populations païennes
LA RÉFORME GRÉGORIENNE
1054 : le Grand Schisme d’Orient
1059 : décret du Latran de Nicolas II sur l’élection du pape par les cardinaux le 13 avril 1060
1076 : le dictatus papæ
1075-1122 : querelle des Investitures
La réforme grégorienne voit l’affirmation de la « monarchie pontificale » : le pape souverain, chef de l’Église universelle, exerce sur tous ses membres la plénitude du pouvoir (plenitudo potestatis), disposant des glaives spirituel et temporel. Elle révèle aussi la tendance théocratique de la papauté, formulée notamment dans le Dictatus papæ22. Cette « monarchie pontificale » culmine sous Innocent III, l’Église est alors considérée par tous comme une monarchie élective, universelle et absolue, assimilée à la Cité de Dieu sur la terre23.
La lutte du sacerdoce et de l’Empire[modifier]
Article détaillé : Lutte du sacerdoce et de l’Empire.
L’histoire de la papauté est inséparable de l’évolution doctrinale de la christologie et de la baisse de puissance des empereurs romains d’Orient. Le pape cherche à affermir son pouvoir spirituel et temporel et à passer du statut de simple évêque de Rome à celui de souverain.
Pendant le Moyen Âge, le pape dut affirmer son pouvoir face à l’empereur et à la croissance des royautés. L’autre problématique concerne la définition de la souveraineté du pontife : doit-elle se limiter aux affaires spirituelles (nomination des évêques et des abbés, définition du dogme) ou bien doit-elle déborder sur la sphère temporelle ? Dans la seconde option, le pape ne peut éviter l’affrontement avec les souverains qui règnent alors en Occident.
GRAND SCHISME
Article détaillé : Grand Schisme d’Occident.
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De 1378 à 1418, ce schisme voit coexister et s’affronter deux séries de papes, l’un siégeant à Rome et l’autre à Avignon. Sur le terrain politique, il découle de l’affrontement entre la papauté et les États modernes qui se créent à la fin du Moyen Âge et que la papauté n’a plus les moyens d’assujettir.
Conciliarisme[modifier]
Le conciliarisme est un mouvement de réforme qui se développe du xive au xvie siècles et qui voit l’autorité suprême dans l’Église catholique passer des mains du pape à celles du concile œcuménique.
LA RÉFORME ET LE CONCILE DE TRENTE
Caricature protestante du xvie siècle représentant l’Église catholique romaine sous la double apparence du pape et du diable.
Articles détaillés : Réforme protestante et Concile de Trente.
La Réforme protestante est un mouvement religieux qui met en cause radicalement l’existence même d’un pape.
Le concile de Trente est le dix-neuvième concile œcuménique reconnu par l’Église catholique. Convoqué par le pape Paul III en 1542, en réponse aux demandes formulées par Martin Luther dans le cadre de la Réforme protestante, il débute le 13 décembre 1545. Il se déroule en dix-huit ans, sur vingt-cinq sessions, cinq pontificats (Paul III, Jules III, Marcel II, Paul IV et Pie IV ) et trois villes.
En réaction aux progrès de la Réforme protestante, il définit le péché originel, la justification, une autorité de la Bible spécifique au catholicisme romain et confirme les sept sacrements, le culte des saints et des reliques ainsi que le dogme de la transsubstantiation. Sur le plan disciplinaire, il crée les séminaires diocésains, destinés à former les prêtres. Trente est l’un des conciles les plus importants de l’histoire du catholicisme ; il est le plus abondamment cité par le concile Vatican II.
L’historienne Régine Pernoud présente ce concile comme « la coupure entre l’Église médiévale et l’Église des temps classiques24 ».
LA CRISE MODERNISTE ET LE CONCILE VATICAN I
Articles détaillés : crise moderniste et concile Vatican I.
Plus de trois cents ans après le concile de Trente, Pie IX décide de convoquer un concile en 1869. Ce concile, le vingtième, s’ouvre en décembre 1869 et est ajourné le 20 octobre 1870 à cause de la guerre.
Vatican I affirme, par l’encyclique Pastor Æternus du 18 juillet 1870, l’infaillibilité pontificale et condamne les « idées nouvelles » issues du Siècle des Lumières au bénéfice de la primauté pontificale.
Une autre caractéristique de ce concile est d’avoir été reporté sine die du fait de l’invasion de Rome et de l’annexion des États pontificaux.
Encyclique Pastor Æternus Constitution dogmatique « Pastor aeternus » — 1er concile du Vatican — 18 juillet 1870 :
« C’est pourquoi, nous attachant fidèlement à la tradition reçue dès l’origine de la foi chrétienne, pour la gloire de Dieu notre Sauveur, pour l’exaltation de la religion catholique et le salut des peuples chrétiens, avec l’approbation du saint Concile, nous enseignons et définissons comme un dogme révélé de Dieu: le Pontife romain, lorsqu’il parle ex cathedra, c’est-à-dire lorsque, remplissant sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, il définit, en vertu de sa suprême autorité apostolique, qu’une doctrine sur la foi ou les mœurs doit être tenue par toute l’Église, jouit, par l’assistance divine à lui promise en la personne de saint Pierre, de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que fût pourvue son Église, lorsqu’elle définit la doctrine sur la foi et les mœurs. Par conséquent, ces définitions du Pontife romain sont irréformables par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l’Église. Si quelqu’un, ce qu’à Dieu ne plaise, avait la présomption de contredire notre définition, qu’il soit anathème. »
LE CONCILE VATICAN II ET LA COLLÉGIALITÉ
Article détaillé : Concile Vatican II. ( lien sur le site)
Portrait officiel de Jean XXIII.
Le pape Jean XXIII, âgé de 82 ans, que l’on décrivait comme un pape de transition du fait de son âge lors de son élection, crée la surprise en annonçant un « aggiornamento » de l’Église catholique, c’est-à-dire un grand concile destiné à favoriser le dialogue de l’Église avec le monde moderne.
Vatican II s’ouvre le 11 octobre 1962. Parmi les grandes réformes figurent l’ouverture envers les autres religions, la disparition du latin au bénéfice des langues locales pour les offices religieux et l’attention de l’Église aux problématiques sociales.
TITRES PONTIFICAUX
Article détaillé : Titre pontifical. (lien sur le site)
Évêque sous-entendu du diocèse de la ville de Rome : (Urbis) episcopus.
Vicaire de Jésus-Christ (Vicarius Christi) : l’appellation est attestée du temps du pape Gélase Ier, au synode romain du 13 mai 49525. Au iie siècle, est également attesté le titre de « Vicaire de Pierre », très vite tombé dans l’oubli car ecclésiologiquement erroné : d’une part, parce que le pape est le successeur, mais non l’intendant (serviteur) de Pierre ; il est même pleinement « Pierre » à son tour puisqu’il exerce la plénitude du ministère apostolique que le Christ avait accordé au « Prince des Apôtres » ; d’autre part, parce que le pape rendra compte de ses actes au Christ seul, tout comme Pierre avant lui. C’est pourquoi le titre de « Vicaire du Christ », théologiquement et ecclésiologiquement vrai, s’est imposé au cours des siècles (« vicaire », c’est-à-dire « intendant »). Innocent III se proclame en 1214 aussi bien « Vicaire du Christ » que « Vicaire de Dieu » (car la foi chrétienne reconnaît en Jésus-Christ Dieu fait homme)26.
Successeur du prince des apôtres : Successor principis apostolorum.
Chef suprême de l’Église : Caput universalis ecclesiae.
Souverain pontife de l’Église universelle : Pontifex maximus.
Primat d’Italie : Primatus Italiae.
Archevêque métropolite de la Province romaine : Archiepiscopus ac metropolitanus provinciae ecclesiasticae Romanae.
Souverain de l’État de la Cité du Vatican : Princeps sui iuris civitatis Vaticanae.
Serviteur des serviteurs de Dieu : Servus servorum Dei.
Patriarche d’Occident : Patriarcha Occidentis (titre abandonné par Benoît XVI en 200627).
En droit canonique, le pape est désigné sous l’appellation de « Pontife romain » (Pontifex Romanus), dérivé de l’appellation du grand prêtre romain (plus tard porté par les empereurs romains), en tant que représentant de Dieu sur terre : « Pontifex Maximus ».
La signature papale prend la forme « NN. PP. x » c’est-à-dire « un tel, Pontifex Primus [premier pontife], numéro tant » (ainsi, le pape Paul VI signait « Paulus PP. VI »), et son nom est fréquemment accompagné dans les inscriptions par les abréviations « Pont. Max » ou « P.M. » — abréviation de l’ancien titre hérité de l’Antiquité latine Pontifex Maximus, littéralement « le bâtisseur suprême de ponts » (entre Dieu et les hommes). Le Christ est le Pontife suprême et éternel entre Dieu et l’humanité. « Pontifex Maximus », concernant le pape, se traduit habituellement en français par « Souverain Pontife ».
Les bulles, décrets et constitutions du pape sont signés « NN. Episcopus Ecclesia Catholicæ » (« NN. Évêque de l’Église catholique »), alors qu’elles débutent par l’appellation « NN. Episcopus Servus Servorum Dei » (« NN. Évêque, serviteur des serviteurs de Dieu »), ce dernier titre datant du pape Grégoire Ier le Grand.
D’autres circonstances officielles voient l’usage de titres tels que Summus Pontifex, Sanctissimus Pater (Très Saint Père — cette formule est d’usage en France pour la correspondance adressée au Pape), Beatissimus Pater, Sanctissimus Dominus Noster (Notre Très Saint Père), et à l’époque médiévale Domnus [et non Dominus] Apostolicus (Seigneur Apostolique).
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