Archive pour le 12 juin, 2013
ANTOINE DE PADOUE (13 juin): LA PAUVRETÉ
12 juin, 2013http://www.saintantoine.org/portale/santantonio/spirito/uomodio/uomo5.asp
ANTOINE DE PADOUE
LA PAUVRETÉ
Avec l’enthousiasme qu’Antoine ressent du printemps franciscain, il exalte l’importance de la pauvreté dans la vie spirituelle. Il vise surtout la pauvreté absolue, vécue avec tant d’élan personnel par les premiers fils du Poverello d’Assise. La vocation pour une vie selon l’évangile, dont le début était marqué par le renoncement à tous les biens terrestres, impliquait également pour François la vocation d’une vie de pauvreté absolue.
Cependant, bien que François aimait intimement cette pauvreté et y adhérait de tout son cœur, pour lui elle n’était pas une fin en soi mais un élément essentiel de la vie d’un vrai disciple du Christ. Avec la pauvreté, il entendait suivre à la lettre les ormes du Christ. La pauvreté est seulement la voie vers le Christ, une participation à son règne.
La pauvreté a une valeur salvatrice pour l’homme. C’est la voie du salut. De plus : c’est la voie qui le conduit à la participation de l’œuvre rédemptrice du Christ lui-même.
Cette place de la pauvreté dans l’histoire du salut, développée dans le Sacrum commercium dans toutes ses dimensions, perd son sens profond si la pauvreté devient elle-même l’épouse avec laquelle François veut célébrer ses noces. L’histoire des noces mystiques de saint François avec madone Pauvreté, que l’on commença à élaborer (d’abord dans l’Ordre puis à l’extérieur, surtout dans les œuvres des peintres et des poètes) à partir de la moitié du 13e siècle, finit par étouffer et fausser le concept biblique authentique de la pauvreté franciscaine ». Si la vie de pauvre devient une fin en soi-même, même en conservant sa valeur ascétique, elle n’est plus dans la perspective de François, décidément inspirée de la parole du Seigneur : « Heureux soient les pauvres d’esprit car le règne des cieux est à eux » (Mt 5, 3).
Dans la règle définitive, François explique à ses frères, de façon claire et sans équivoque, son concept de la pauvreté, quels en sont les fondements et les valeurs salvatrices : « Que les frères ne s’approprient rien, ni maison, ni lieu, ni aucune autre chose. Et tels des pèlerins et des forestiers, servant en ce monde le Seigneur de façon pauvre et humble, qu’ils aillent en faisant l’aumône, confiants ; et ils ne doivent pas avoir honte car, par amour de nous, le Seigneur se fit pauvre en ce monde. Ceci est le sommet sublime de cette pauvreté très élevée qui vous a fait, très chers frères, héritiers et rois du règne des cieux et, en vous rendant pauvres de substance, il vous a enrichis de vertu. Que ceci soit votre part qui conduit à la terre des vivants. Et outre ceci, très chers frères, restant totalement unis, rien d’autre jamais vous ne devrez, au nom du Seigneur Notre Jésus-Christ, essayer de posséder sous le ciel ».
C’est cette pauvreté qui avait touché l’imagination et attiré le cœur d’Antoine, depuis qu’il avait vu les enfants du Poverello d’Assise mendier à la porte du monastère de Coïmbre, là où il demeurait à cette époque en tant que chanoine augustinien. Le fait de vivre, au jour le jour, de travail et de charité, de ne rien posséder, ni individuellement ni en communauté, se détachait sans aucun doute de la discipline des antiques Ordres monastiques et représentait un degré plus élevé sur l’échelle de la perfection morale. Cela suffisait pour que le saint en subisse la fascination.
Au travers de nombreuses pages des Sermones se respire la forte attraction de madone Pauvreté à laquelle Antoine attribuait une radieuse fécondité élévatrice et sanctificatrice. La pauvreté est la vraie richesse, elle conserve et génère l’humilité, elle est la source de la joie spirituelle ; la pauvreté libère des désirs qui lient l’homme aux choses. Et de libération en libération, la pauvreté conduit l’homme à la gloire du ciel, là où il s’enfonce dans le mystère ineffable de la divinité.
Le saint contemple la réalisation de l’idéal de la pauvreté absolue dans la vie de Jésus lui-même. C’est pourquoi il ne peut pas ne pas l’aimer et le faire sien.
Antoine demeura fidèle à son amour pour la pauvreté jusqu’à sa mort. Il passa ses derniers jours à Camposampiero, comme invité du comte Tiso, feudataire du lieu, non dans une chambre de son riche château mais dans la solitude d’une cellule suspendue préparée sur un noyer séculaire qui lui rappelait les misérables cabanes de l’ermitage de Montepaolo.
Peu avant de mourir, occupé à la rédaction de ses Sermones festivi, le saint laissa échapper une lamentation sur la répugnance que tant de personnes éprouvaient pour l’idéal de la pauvreté absolue : « Nombreux sont ceux – écrit-il – qui, de bon gré et pendant longtemps, vivraient dans la stricte pauvreté s’ils savaient avec certitude qu’ils pourraient posséder un jour en échange le règne de France ou d’Espagne ! En revanche, de nos jours, personne ne veut vivre dans la vraie pauvreté du Christ pour gagner le règne des cieux ».
Les adjectifs « stricte » et « vraie », attribués ici à la pauvreté, font penser que la lamentation ait été provoquée par le comportement de certains frères. Les paroles sont peut-être le reflet des conflits existants dans l’Ordre franciscain au sujet de l’interprétation de la règle. Frère Antoine était revenu depuis quelques mois seulement du chapitre d’Assise de 1230 et de la légation romaine envoyée par ce même chapitre au pape Grégoire IX, ceci afin que, grâce à son autorité, il mette fin à la crise à laquelle l’Ordre était en proie, crise due à la difficulté d’interprétation de la règle, surtout en matière de pauvreté. La question était de savoir si l’Ordre devait continuer ou non l’observance stricte de la pauvreté, selon la pensée exprimée par saint François dans son testament.
Il y avait d’une part ceux qui voulaient rester rigoureusement fidèles aux exemples et aux règles de François; mais cette fidélité portait en elle quelque chose d’indiscret et de factieux, ainsi que le danger de se cristalliser dans l’amertume et dans la protestation, loin de la réalité qui est en changement constant. D’autre part, des âmes également généreuses s’orientaient vers une interprétation plus souple et réaliste du message franciscain, convaincues qu’aucune institution ne peut être féconde si elle ne demeure pas actuelle, si elle ne s’adapte pas savamment aux circonstances.
Avec la bulle Quo elongati du 28 septembre 1230, Grégoire IX tempéra la première observance et déclara qu’il n’était pas obligatoire pour les frères, mais seulement facultatif, de se conformer au testament du fondateur.
Saint Antoine, qui par tempérament et par formation n’était certainement pas enclin aux compromis d’une vie confortable, utilisa ces facultés pour rester personnellement fidèle à l’idéal de la plus stricte pauvreté. Il demeure fièrement fidèle aux principes de saint François ; mais dans sa spiritualité, il réussit à dépasser le rigorisme typique des exaltés.
Ce sens de l’équilibre qui accompagna sans cesse les comportements les plus résolus, auxquels le menait sa nature forte, l’éprouve. Jamais, par exemple, il n’appliqua aux religieux des antiques Ordres, bénédictins et augustiniens, le critère du détachement absolu de toute propriété qu’il avait embrassé avec enthousiasme en entrant parmi les Frères Mineurs. S’adressant aux moines, il n’excluait pas qu’ils puissent posséder en commun, mais il stigmatisait seulement que certains le soient également individuellement, pensant ainsi pouvoir concilier la vie monastique et la vie séculière. L’état religieux, disait-il, est un sentier étroit et la profession de pauvreté est comme un manteau court qui suffit à une seule personne ; on ne peut pas le mettre à deux, le propriétaire et le pauvre par choix. Mais le saint se dressa même en temps que défenseur des biens des monastères contre certains usuriers qui paupérisaient les communautés religieuses avec l’usure.
Avec sagesse, donc, frère Antoine distinguait différents degrés dans la vertu de la pauvreté. Lui demeura au plus haut et plus difficile, et laissa les autres s’exercer à celui auquel le Seigneur les avait appelés.
BENOÎT XVI (2010) : SAINT ANTOINE DE PADOUE – 13 JUIN (m)
12 juin, 2013BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
MERCREDI 10 FÉVRIER 2010
ANTOINE DE PADOUE
Chers frères et sœurs,
Il y a deux semaines, j’ai présenté la figure de saint François d’Assise. Ce matin, je voudrais parler d’un autre saint, appartenant à la première génération des Frères mineurs: Antoine de Padoue ou, comme il est également appelé, de Lisbonne, en référence à sa ville natale. Il s’agit de l’un des saints les plus populaires de toute l’Eglise catholique, vénéré non seulement à Padoue, où s’élève une splendide basilique qui conserve sa dépouille mortelle, mais dans le monde entier. Les images et les statues qui le représentent avec le lys, symbole de sa pureté, ou avec l’Enfant Jésus dans les bras, en souvenir d’une apparition miraculeuse mentionnée par certaines sources littéraires, sont chères aux fidèles.
Antoine a contribué de façon significative au développement de la spiritualité franciscaine, avec ses dons marqués d’intelligence, d’équilibre, de zèle apostolique et principalement de ferveur mystique.
Il naquit à Lisbonne dans une famille noble, aux alentours de 1195, et fut baptisé sous le nom de Fernando. Il entra chez les chanoines qui suivaient la Règle monastique de saint Augustin, d’abord dans le monastère Saint-Vincent à Lisbonne, et successivement dans celui de la Sainte-Croix à Coïmbra, centre culturel de grande renommée au Portugal. Il se consacra avec intérêt et sollicitude à l’étude de la Bible et des Pères de l’Eglise, acquérant une science théologique qu’il mit à profit dans son activité d’enseignement et de prédication. A Coïmbra eut lieu l’épisode qui marqua un tournant décisif dans sa vie: c’est là qu’en 1220, furent exposés les reliques des cinq premiers missionnaires franciscains, qui s’étaient rendus au Maroc, où ils avaient subi le martyre. Leur vie suscita chez le jeune Fernando le désir de les imiter et d’avancer sur le chemin de la perfection chrétienne: il demanda alors de quitter les chanoines augustins et de devenir Frère mineur. Sa requête fut acceptée et, ayant pris le nom d’Antoine, il partit lui aussi pour le Maroc, mais la Providence divine en décida autrement. A la suite d’une maladie, il fut contraint de rentrer en Italie et, en 1221, participa au célèbre « Chapitre des nattes » à Assise, où il rencontra également saint François. Par la suite, il vécut pendant quelques temps caché de la manière la plus totale dans un couvent près de Forlì, au nord de l’Italie, où le Seigneur l’appela à une autre mission. Invité, dans des conditions fortuites, à prêcher à l’occasion d’une ordination sacerdotale, il se révéla être doté d’une telle science et éloquence que ses supérieurs le destinèrent à la prédication. C’est ainsi que commença en Italie et en France une activité apostolique si intense et efficace qu’elle conduisit de nombreuses personnes qui s’étaient détachées de l’Eglise à revenir sur leurs pas. Antoine fut également parmi les premiers maîtres de théologie des Frères mineurs, sinon le premier. Il commença son enseignement à Bologne, avec la bénédiction de saint François, qui, reconnaissant les vertus d’Antoine, lui envoya une brève lettre qui commençait par ces paroles: « Il me plaît que tu enseignes la théologie aux frères ». Antoine posa les bases de la théologie franciscaine qui, cultivée par d’autres éminentes figures de penseurs, devait connaître son apogée avec saint Bonaventure de Bagnoregio et le bienheureux Duns Scot.
Devenu supérieur provincial des Frères mineurs du nord de l’Italie, il poursuivit son ministère de la prédication, l’alternant avec des charges de gouvernement. Ayant conclu la charge de provincial, il se retira près de Padoue, où il s’était déjà rendu trois fois. A peine un an après, il mourut aux portes de la Ville, le 13 juin 1231. Padoue, qui l’avait accueilli avec affection et vénération pendant sa vie, lui rendit pour toujours honneur et dévotion. Le Pape Grégoire IX lui-même, qui, après l’avoir écouté prêcher, l’avait défini « Arche du Testament », le canonisa un an seulement après sa mort, en 1232, notamment à la suite de miracles survenus par son intercession.
Au cours de la dernière période de sa vie, Antoine écrivit deux cycles de « Sermons », intitulés respectivement « Sermons du dimanche » et « Sermons sur les saints », destinés aux prêcheurs et aux enseignants des études théologiques de l’Ordre franciscain. Dans ces Sermons, il commente les textes de l’Ecriture présentés par la Liturgie, en utilisant l’interprétation patristique et médiévale des quatre sens, le sens littéral ou historique, le sens allégorique ou christologique, le sens tropologique ou moral, et le sens anagogique, qui conduit vers la vie éternelle. Aujourd’hui, on redécouvre que ces sens sont des dimensions de l’unique sens de l’Ecriture Sainte et qu’il est juste d’interpréter l’Ecriture Sainte en recherchant les quatre dimensions de sa parole. Ces Sermons de saint Antoine sont des textes théologiques et homilétiques, qui rappellent la prédication vivante, dans lesquels Antoine propose un véritable itinéraire de vie chrétienne. La richesse d’enseignements spirituels contenue dans les « Sermons » est telle que le vénérable Pape Pie XII, en 1946, proclama Antoine Docteur de l’Eglise, lui attribuant le titre de « Docteur évangélique », car de ces écrits émanent la fraîcheur et la beauté de l’Evangile; aujourd’hui encore, nous pouvons les lire avec un grand bénéfice spirituel.
Dans ces Sermons, saint Antoine parle de la prière comme d’une relation d’amour, qui pousse l’homme à un dialogue affectueux avec le Seigneur, créant une joie ineffable, qui enveloppe doucement l’âme en prière. Antoine nous rappelle que la prière a besoin d’une atmosphère de silence, qui ne coïncide pas avec le détachement du bruit extérieur, mais qui est une expérience intérieure, qui vise à éliminer les distractions provoquées par les préoccupations de l’âme, en créant le silence dans l’âme elle-même. Selon l’enseignement de cet éminent Docteur franciscain, la prière s’articule autour de quatre attitudes indispensables, qui, dans le latin d’Antoine, sont définies ainsi: obsecratio, oratio, postulatio, gratiarum actio. Nous pourrions les traduire de la façon suivante: ouvrir avec confiance son cœur à Dieu; tel est le premier pas de la prière: pas simplement saisir une parole, mais ouvrir son cœur à la présence de Dieu; puis s’entretenir affectueusement avec Lui, en le voyant présent avec moi; et – chose très naturelle – lui présenter nos besoins; enfin, le louer et lui rendre grâce.
Dans cet enseignement de saint Antoine sur la prière, nous saisissons l’un des traits spécifiques de la théologie franciscaine, dont il a été l’initiateur, c’est-à-dire le rôle assigné à l’amour divin, qui entre dans la sphère affective, de la volonté, du cœur et qui est également la source d’où jaillit une connaissance spirituelle, qui dépasse toute connaissance. En effet, lorsque nous aimons, nous connaissons.
Antoine écrit encore: « La charité est l’âme de la foi, elle la rend vivante; sans l’amour, la foi meurt » (Sermones, Dominicales et Festivi, II, Messaggero, Padoue 1979, p. 37).
Seule une âme qui prie peut accomplir des progrès dans la vie spirituelle: tel est l’objet privilégié de la prédication de saint Antoine. Il connaît bien les défauts de la nature humaine, notre tendance à tomber dans le péché, c’est pourquoi il exhorte continuellement à combattre la tendance à l’avidité, à l’orgueil, à l’impureté, et à pratiquer au contraire les vertus de la pauvreté et de la générosité, de l’humilité et de l’obéissance, de la chasteté et de la pureté. Aux débuts du XIIIe siècle, dans le cadre de la renaissance des villes et du développement du commerce, le nombre de personnes insensibles aux besoins des pauvres augmentait. Pour cette raison, Antoine invite à plusieurs reprises les fidèles à penser à la véritable richesse, celle du cœur, qui rend bons et miséricordieux, fait accumuler des trésors pour le Ciel. « O riches – telle est son exhortation – prenez pour amis… les pauvres, accueillez-les dans vos maisons: ce seront eux, les pauvres, qui vous accueilleront par la suite dans les tabernacles éternels, où résident la beauté de la paix, la confiance de la sécurité, et le calme opulent de l’éternelle satiété » (ibid., n. 29).
N’est-ce pas là, chers amis, un enseignement très important aujourd’hui également, alors que la crise financière et les graves déséquilibres économiques appauvrissent de nombreuses personnes et créent des conditions de pauvreté? Dans mon encyclique Caritas in veritate, je rappelle: « Pour fonctionner correctement, l’économie a besoin de l’éthique; non pas d’une éthique quelconque, mais d’une éthique amie de la personne » (n. 45).
Antoine, à l’école de François, place toujours le Christ au centre de la vie et de la pensée, de l’action et de la prédication. Il s’agit d’un autre trait typique de la théologie franciscaine: le christocentrisme. Celle-ci contemple volontiers, et invite à contempler les mystères de l’humanité du Seigneur, l’homme Jésus, de manière particulière le mystère de la Nativité, Dieu qui s’est fait Enfant, qui s’est remis entre nos mains: un mystère qui suscite des sentiments d’amour et de gratitude envers la bonté divine.
D’une part la Nativité, un point central de l’amour du Christ pour l’humanité, mais également la vision du Crucifié inspire à Antoine des pensées de reconnaissance envers Dieu et d’estime pour la dignité de la personne humaine, de sorte que tous, croyants et non croyants, peuvent trouver dans le crucifié et dans son image une signification qui enrichit la vie. Saint Antoine écrit: « Le Christ, qui est ta vie, est accroché devant toi, pour que tu regardes dans la croix comme dans un miroir. Là tu pourras voir combien tes blessures furent mortelles, aucune médecine n’aurait pu les guérir, si ce n’est celle du sang du Fils de Dieu. Si tu regardes bien, tu pourras te rendre compte à quel point sont grandes ta dignité humaine et ta valeur… En aucun autre lieu l’homme ne peut mieux se rendre compte de ce qu’il vaut, qu’en se regardant dans le miroir de la croix » (Sermones Dominicales et Festivi III, pp. 213-214).
En méditant ces paroles nous pouvons mieux comprendre l’importance de l’image du Crucifix pour notre culture, pour notre humanisme né de la foi chrétienne. C’est précisément en regardant le Crucifié que nous voyons, comme le dit saint Antoine, à quel point est grande la dignité humaine et la valeur de l’homme. En aucun autre lieu on ne peut comprendre combien vaut l’homme, pourquoi précisément Dieu nous rend aussi importants, nous voit aussi importants, au point d’être, pour Lui, dignes de sa souffrance; ainsi toute la dignité humaine apparaît dans le miroir du Crucifié et le regard vers Lui est toujours une source de reconnaissance de la dignité humaine.
Chers amis, puisse Antoine de Padoue, si vénéré par les fidèles, intercéder pour l’Eglise entière, et surtout pour ceux qui se consacrent à la prédication; prions le Seigneur afin qu’il nous aide à apprendre un peu de cet art de saint Antoine. Que les prédicateurs, en tirant leur inspiration de son exemple, aient soin d’unir une solide et saine doctrine, une piété sincère et fervente, une communication incisive. En cette année sacerdotale, prions afin que les prêtres et les diacres exercent avec sollicitude ce ministère d’annonce et d’actualisation de la Parole de Dieu aux fidèles, en particulier à travers les homélies liturgiques. Que celles-ci soient une présentation efficace de l’éternelle beauté du Christ, précisément comme Antoine le recommandait: « Si tu prêches Jésus, il libère les cœurs durs; si tu l’invoques, il adoucit les tentations amères; si tu penses à lui, il illumine ton cœur; si tu le lis, il comble ton esprit » (Sermones Dominicales et Festivi, p. 59).