Archive pour le 7 juin, 2013

La résurrection du fils de la veuve de Naïm

7 juin, 2013

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http://www.pietroivaldi.org/immagini.htm

DIMANCHE 9 JUIN : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – PREMIERE LECTURE – 1 Rois 17, 17-24

7 juin, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DIMANCHE 9 JUIN : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

PREMIERE LECTURE – 1 Rois 17, 17-24
17 Le prophète Elie habitait chez une femme 
 dont le fils tomba malade ;
 le mal fut si violent que l’enfant expira.
18 Alors la femme dit à Elie :
 « Qu’est-ce que tu fais ici, homme de Dieu ? 
 Tu es venu chez moi pour rappeler mes fautes 
 et faire mourir mon fils ! »
19 Elie répondit :
 « Donne-moi ton fils ! » 
 Il le prit des bras de sa mère, 
 le porta dans sa chambre en haut de la maison 
 et l’étendit sur son lit.
20 Puis il invoqua le SEIGNEUR : 
 « SEIGNEUR, mon Dieu, 
 cette veuve chez qui je loge, 
 lui veux-tu du mal jusqu’à faire mourir son fils ? »
21 Par trois fois, il s’étendit sur l’enfant 
 en invoquant le SEIGNEUR : 
 « SEIGNEUR, mon Dieu, je t’en supplie, 
 rends la vie à cet enfant ! »
22 Le SEIGNEUR entendit la prière d’Elie ; 
 le souffle de l’enfant revint en lui : 
 il était vivant !
23 Elie prit alors l’enfant, 
 de sa chambre il le descendit dans la maison, 
 le remit à sa mère et dit : 
 « Regarde, ton fils est vivant ! »
24 La femme lui répondit : 
 « Maintenant je sais que tu es un homme de Dieu, 
 et que, dans ta bouche, la parole du SEIGNEUR 
 est véridique. »

Ceci se passe à Sarepta, sur la côte méditerranéenne, là où à l’occasion d’une grande sécheresse qui sévissait en Israël, Elie a trouvé refuge auprès d’une veuve pauvre ; il avait déjà, rappelez-vous, accompli pour elle et son fils un premier miracle : tout au long de la période de famine, les maigres réserves de farine et d’huile de la famille n’avaient pas baissé et la femme avait pu se nourrir ainsi que son fils et le prophète étranger qu’elle avait accepté d’accueillir sous son toit. Mais à quoi bon multiplier la nourriture si c’est pour mourir tout de même ? Pendant que le prophète habitait chez la veuve de Sarepta, voici que son fils tombe malade et meurt. Or, dans la mentalité de l’époque, une mort prématurée était forcément considérée comme un châtiment. Si la veuve avait perdu son mari, déjà, sans nul doute, elle était coupable, même sans le savoir ; la mort de son fils venait confirmer le verdict. C’est donc tout naturellement qu’elle dit à Elie : « Tu es venu chez moi pour rappeler mes fautes et faire mourir mon fils ! »
 Dans sa douleur, elle emploie même une formule particulièrement dure : littéralement « Qu’y a-t-il entre toi et moi ? » Petite phrase que nous connaissons bien, puisque Jésus lui-même l’a adressée à sa mère lors des noces de Cana. La traduction donnée dans notre lecture « Qu’est-ce que tu fais ici, homme de Dieu ? » rend assez bien la révolte de la femme qui attribue à la présence d’Elie la mort de l’enfant. Cette idée que Dieu pourrait en vouloir à notre vie nous effleure parfois, peut-être ; la suite du texte prouve au contraire, que l’oeuvre de Dieu est une oeuvre de vie et de guérison. Aussi, en rendant la vie au fils de la veuve, Elie accomplit-il beaucoup plus qu’une guérison physique : il ouvre la femme à la vérité. Désormais elle saura que la mort n’est pas un châtiment ; elle saura aussi que Dieu est le Dieu de la vie. Cette païenne vient d’être libérée de ses fausses idées sur Dieu !
 L’auteur du livre des Rois, quant à lui, poursuit un projet bien précis quand, des siècles après les événements, il donne cette histoire à méditer à ses contemporains : car la veuve de Sarepta est une païenne, par hypothèse ; or elle sait reconnaître l’envoyé de Dieu et elle sait reconnaître Dieu à l’oeuvre à travers lui.
 Pendant ce temps, le peuple élu, bénéficiaire de tant de prédication prophétique depuis si longtemps, oublie son Dieu et méconnaît Elie, son prophète. Car ceci se passe, rappelez-vous, sur fond d’idolâtrie : la reine Jézabel a entraîné le peuple dans le culte des Baals ; c’est bien le monde à l’envers : le peuple élu abandonnant l’Alliance et des païens devenus capables de reconnaître le vrai Dieu. A bon entendeur salut, semble nous dire l’auteur. Il en profite pour délivrer également un autre message qui devient de plus en plus insistant au fur et à mesure que progresse la découverte des hommes de la Bible : Dieu ne réserve pas ses bienfaits au seul peuple d’Israël, toute l’humanité est appelée à en bénéficier. « En toi seront bénies toutes les familles de la terre » avait dit Dieu à Abraham (Gn 12, 3). Et depuis la révélation du buisson ardent, on sait que, partout sur toute la terre, Dieu entend les cris, Dieu voit les larmes des veuves et des orphelins ; et il envoie ses prophètes pour les soulager.
 Quelques siècles plus tard, Jésus aura encore besoin de rappeler cette leçon à ses contemporains : un matin de shabbat à la synagogue de Nazareth, ils l’ont entendu affirmer : « Oui, je vous le déclare, aucun prophète ne trouve accueil dans sa patrie. En toute vérité, je vous le déclare, il y avait beaucoup de veuves en Israël aux jours d’Elie, quand le ciel fut fermé (il ne plut pas) trois ans et six mois et que survint une grande famine sur tout le pays ; pourtant ce ne fut à aucune d’entre elles qu’Elie fut envoyé, mais bien dans le pays de Sidon, à une veuve de Sarepta. » Les lecteurs du livre des Rois, les auditeurs de Jésus avaient, il faut le croire, du mal à l’admettre ! Ils ont peut-être d’autant plus de mal que cette pauvre veuve, bien humble, qui n’a bénéficié d’aucun catéchisme, se permet de leur donner la véritable définition du prophète : « Maintenant je sais que tu es un homme de Dieu, et que, dans ta bouche, la parole du Seigneur est véridique. » A un moment, précisément, où les prophètes n’avaient guère d’audience, le livre du Deutéronome avait justement insisté sur la gravité de ce refus d’écouter : « C’est un prophète comme toi (Moïse) que je leur susciterai du milieu de leurs frères ; je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui ordonnerai. Et si quelqu’un n’écoute pas mes paroles, celles que le prophète aura dites en mon nom, alors moi-même je lui en demanderai compte. » (Dt 18, 18-19). La méconnaissance des contemporains d’Elie, celle des contemporains de Jésus n’en apparaissent que plus clairement : Dieu parle par ses prophètes et personne ne les écoute.
 Refrain connu : Elie lui-même, dans un de ses moments de découragement, s’en plaignait à Dieu : « Je suis passionné pour le Seigneur, le Dieu des puissances : les fils d’Israël ont abandonné ton alliance, ils ont démoli tes autels et tué tes prophètes par l’épée ; je suis resté moi seul et l’on cherche à m’enlever la vie. » (1 R 19, 10).  Mais n’oublions pas qu’à cette plainte d’Elie, Dieu a répondu en lui faisant remarquer une présence qu’il avait peut-être tendance à sous-estimer : celle d’une multitude de croyants anonymes dont la foi n’avait pas chancelé. Réponse valable en tous temps : à plusieurs reprises, Jésus s’est émerveillé de la foi de ses interlocuteurs : à notre tour, il nous suffit peut-être d’ouvrir les yeux, nous ne sommes pas seuls, des croyants nous entourent.

HOMÉLIE DU 10E DIMANCHE ORDINAIRE C

7 juin, 2013

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

HOMÉLIE DU 10E DIMANCHE ORDINAIRE C

1 R, 17, 17-24 ; Ga 1, 11-19 ; Lc 7, 11-17

Dans la vie quotidienne et sous tous les climats, il est des aveux et des confidences qui constituent de véritables clichés tant ils évoquent à la fois les mêmes angoisses, des interrogations et des révoltes identiques. « Depuis la mort de mon mari, ma foi ne cesse de faiblir. Elle aussi va mourir… ». « J’ai vu à la TV des corps d’enfants déchiquetés par les bombes. Pourquoi Dieu permet-il ces massacres d’innocents ? ».
Il y a aussi l’angoisse viscérale qui éclate et envahit tout l’être quand on a frôlé la mort ou quand celle des autres nous rappelle sans ménagement que notre tour viendra.
Chose étrange et finalement révélatrice, la peur de la mort et son « non sens » augmente au même rythme que celui des moyens trouvés pour la retarder, l’adoucir ou la faire oublier. Au siècle des assurances tous risques, il en est un que rien ni personne ne peut couvrir… Et nous cherchons fébrilement des coupables. Dieu lui-même n’échappe pas à nos soupçons, reproches et accusations. Lui qui est qualifié de bon et qui peut tout, pourquoi laisse-t-il partir tant de jeunes pleins d’espérance, tant d’hommes et de femmes encore indispensables ? Et pourquoi prolonge-t-il l’existence de tant d’autres dont « la vie ne vaut plus la peine d’être vécue » ?
C’est peut-être pour avoir perdu le vrai sens de la vie que le sens de la mort nous échappe. La « Bonne Nouvelle » de Jésus Christ contient tous les éléments de réponse à nos craintes et à nos ignorances, à nos erreurs et nos illusions. Mais ils ne s’emboîtent pas selon nos plans et nos critères.
La mort ne relève pas d’une notion de justice, si ce n’est la garantie pour tout être humain de connaître un jour l’arrêt définitif d’un mode « biologique » d’existence. Le Christ lui-même n’a pas échappé à la mort corporelle, ni même à l’angoisse dans l’ultime solitude.
Les deux récits de réanimation que la liturgie nous invite à méditer ce jour ne sont pas simplement deux miracles offerts à notre admiration, mais des signes qu’il faut lire, des messages à comprendre pour éclairer et nourrir notre foi.
Jésus n’est pas venu modifier ni bouleverser les lois de la nature. Il n’a pas parcouru villes et villages pour arrêter les convois funèbres et rendre les défunts à leurs familles… Par contre, il a vu et regardé les souffrances humaines avec les yeux du cœur, la sollicitude et la tendresse du Père. Il s’est laissé bouleverser. Il a pris part aux peines, aux tristesses et aux deuils. A ces contemporains qui croyaient que la mort des innocents était châtiment pour des péchés, Jésus est venu révéler un Dieu d’amour, de miséricorde et de vie. Un Dieu infiniment et éternellement créateur, nous offrant même la mort comme un « accouchement de la vie ». La valeur suprême de la vie étant celle de la communion au Christ, qui est victoire de l’amour sur le péché.
« Ne pleure pas… Lève-toi ». Ces invitations ne cessent d’être offertes à tous les accablés, les écrasés, les angoissés, les éprouvés. La mort n’est pas le dernier mot de la vie, mais un passage obligé pour un surcroît de vie et même la vie en plénitude. C’est la tête haute et l’espérance au cœur qu’il nous faut comprendre et accepter le détachement purificateur des morts quotidiennes, ces passages qui préparent au grand passage.
Merveilleux don que l’existence terrestre, souffle immortel de Dieu dans une enveloppe périssable. Existence éternelle greffée dans le tissu du temps. Aucune vie n’a de valeur marchande, car toute vie vaut toujours la peine d’être vécue. Elle ne relève pas de l’avoir ou de la jouissance mais de la qualité d’être. La mort dès lors s’accueille comme la vie. Des créations nouvelles.
Dans la marche vers la vie, l’horizon n’est pas bouché par un cercueil ouvrant sur le vide, mais bien ouvert sur un tombeau vide, signe de la résurrection du Christ. C’est elle qui peut nous donner « une spiritualité de transcendance à notre vie quotidienne »… « Seigneur, tu m’a fait remonter de l’abîme et revivre quand je descendais à la fosse » (Ps 29).

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008