Archive pour mai, 2013

MESSAGE AUX BOUDDHISTES, POUR LA VIE – CONSEIL PONTIFICAL POUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX

6 mai, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/message-aux-bouddhistes-pour-la-vie

MESSAGE AUX BOUDDHISTES, POUR LA VIE

CONSEIL PONTIFICAL POUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX

Rome, 2 mai 2013 (Zenit.org)

MESSAGE AUX BOUDDHISTES
POUR LA FÊTE DE VESAKH 2013, ÈRE BOUDDHISTE 2556

Chrétiens et bouddhistes : aimer, défendre et promouvoir la vie humaine

Chers amis bouddhistes,

1. Au nom du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, je voudrais vous présenter à tous mes salutations cordiales et mes bons vœux, tandis que vous célébrez la fête de Vesakhqui nous offre, à nous chrétiens, une occasion de renouveler notre dialogue amical et notre étroite collaboration avec les différentes traditions que vous représentez.
2. Le Pape François, dès le début de son ministère, a réaffirmé la nécessité du dialogue amical entre les fidèles des différentes religions. Il remarquait que « l’Église est consciente de la responsabilité que nous avons tous à l’égard de notre monde, de la création tout entière, que nous devons aimer et protéger. Nous pouvons faire beaucoup pour venir en aide aux pauvres, aux nécessiteux et à ceux qui souffrent, et pour favoriser la justice, promouvoir la réconciliation et construire la paix » (Audience aux représentants des Églises et des communautés ecclésiales, et des différentes religions, 20 mars 2013). Le message pour la journée mondiale de la paix 2013, intitulé « Heureux les artisans de paix », remarque que « le chemin pour atteindre le Bien Commun et la paix est avant tout celui du respect de la vie humaine dans tous ses aspects, à commencer par sa conception, en passant par son développement et en allant jusqu’à sa fin naturelle. Les véritables artisans de paix sont donc ceux qui aiment, défendent et promeuvent la vie humaine dans toutes ses dimensions, personnelle, communautaire et transcendante. La vie dans sa plénitude est l’apogée de la paix. Celui qui aime la paix ne peut tolérer des attaques et des crimes contre la paix » (Message pour la Journée mondiale de la Paix en 2013, n.4).
3. Je voudrais dire que l’Église catholique montre un respect sincère pour votre noble tradition religieuse. Nous remarquons bien souvent une consonance avec les valeurs exprimées aussi dans vos livres religieux : respect pour la vie, contemplation, silence, simplicité (cf. Verbum Domini, n° 119). Notre dialogue fraternel spécifique a besoin de manifester que nous, bouddhistes et chrétiens, avons en commun, spécialement le fait que nous partageons un profond respect pour la vie.
4. Chers amis bouddhistes, votre premier précepte vous apprend à vous abstenir de détruire la vie de tout être sensible, et par conséquent il interdit le meurtre de soi-même et des autres. La pierre d’angle de votre éthique réside dans une réelle affection pour tous les êtres. Nous, chrétiens, nous croyons que le cœur de l’enseignement moral de Jésus est double : amour de Dieu et amour du prochain. Jésus dit : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés; demeurez dans mon amour ». Et encore : « Voici mon commandement : aimez- vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Catéchisme de l’Église catholique, n. 1823). Le cinquième commandement chrétien, « Tu ne tueras pas » s’harmonise très bien avec votre premier précepte. Nostra Ætate enseigne que « l’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions » (NA 2). Je pense, par conséquent, que ce qui est urgent pour les Bouddhistes aussi bien que pour les chrétiens, sur le fondement de du patrimoine spécifique de nos traditions religieuses, est de créer un climat de paix pour aimer, défendre et promouvoir la vie humaine.
5. Comme nous le savons tous, en dépit de ces nobles enseignements sur la sainteté de la vie humaine, le mal sous différentes formes contribue à la déshumanisation de la personne en affaiblissant le sens de l’humanité chez les individus et dans les communautés. Cette situation tragique nous invite, bouddhistes et chrétiens, à unir nos mains pour démasquer les menaces contre la vie humaine et à réveiller la conscience morale de nos fidèles respectifs pour provoquer une renaissance spirituelle et morale des individus et des sociétés afin d’être de véritables artisans de paix qui aiment, défendent et promeuvent la vie humaine dans toutes ses dimensions.
6. Chers amis bouddhistes, continuons à collaborer dans un esprit de compassion et de fraternité renouvelées, pour soulager les souffrances de la famille humaine en favorisant le caractère sacré de la vie humaine. C’est dans cet esprit que je vous souhaite encore une fois une fête de Vesakh remplie de paix et de joie.

Jean-Louis Cardinal Tauran
Président

Père Miguel Ángel Ayuso Guixot, MCCJ
Secrétaire

L’apôtre Jean à Jésus lors de la Dernière Cène

4 mai, 2013

L'apôtre Jean à Jésus lors de la Dernière Cène dans images sacrée St.-John-and-Jesus-at-the-Last-Supper

http://blogs.nd.edu/oblation/2012/12/27/little-children-love-one-another-the-feast-of-st-john-apostle-and-evangelist/

BENOÎT XVI: JEAN, LE VOYANT DE PATMOS

4 mai, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20060823_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

MERCREDI 23 AOÛT 2006

JEAN, LE VOYANT DE PATMOS

Chers frères et soeurs,

Dans la dernière catéchèse, nous étions arrivés à la méditation sur la figure de l’Apôtre Jean. Nous avions tout d’abord cherché à voir ce que l’on peut savoir  de  sa  vie.  Puis,  dans  une deuxième catéchèse, nous avions médité le contenu central de son Evangile, de ses Lettres:  la charité, l’amour. Et aujourd’hui, nous revenons encore une fois sur la figure de l’Apôtre Jean, en prenant cette fois en considération le Voyant de l’Apocalypse. Et nous faisons immédiatement une observation:  alors que ni le Quatrième Evangile, ni les Lettres attribuées à l’Apôtre ne portent jamais son nom, l’Apocalypse fait référence au nom de Jean, à quatre reprises (cf. 1, 1.4.9; 22, 8). Il est évident que l’Auteur, d’une part, n’avait aucun motif pour taire son propre nom et, de l’autre, savait que ses premiers lecteurs pouvaient l’identifier avec précision. Nous savons par ailleurs que, déjà au III siècle, les chercheurs discutaient sur la véritable identité anagraphique du Jean de l’Apocalypse. Quoi qu’il en soit, nous pourrions également l’appeler « le Voyant de Patmos », car sa figure est liée au nom de cette île de la Mer Egée, où, selon son propre témoignage autobiographique, il se trouvait en déportation « à cause de la Parole de Dieu et du témoignage pour Jésus » (Ap 1, 9). C’est précisément à Patmos, « le jour du Seigneur… inspiré par l’Esprit » (Ap 1, 10), que Jean eut des visions grandioses et entendit des messages extraordinaires, qui influencèrent profondément l’histoire  de  l’Eglise et la culture occidentale tout entière. C’est par exemple à partir du titre de son livre – Apocalypse, Révélation – que furent introduites dans notre langage les paroles « apocalypse, apocalyptique », qui évoquent, bien que de manière inappropriée, l’idée d’une catastrophe imminente.
Le livre doit être compris dans le cadre de l’expérience dramatique des sept Eglises d’Asie (Ephèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie, Laodicée), qui vers la fin du I siècle durent affronter des difficultés importantes – des persécutions et également des tensions internes – dans leur témoignage  au  Christ.  Jean  s’adresse à elles en faisant preuve d’une vive sensibilité pastorale à l’égard des chrétiens persécutés, qu’il exhorte à rester solides dans la foi et à ne pas s’identifier au monde païen si fort. Son objet est constitué en définitive par la révélation, à partir de la mort et de la résurrection du Christ, du sens de l’histoire humaine. La première vision fondamentale de Jean, en effet, concerne la figure de l’Agneau, qui est égorgé et pourtant se tient debout (cf. Ap 5, 6), placé au milieu du trône où Dieu lui-même est déjà assis. A travers cela, Jean veut tout d’abord nous dire deux choses:  la première est que Jésus, bien que tué par un acte de violence, au lieu de s’effondrer au sol, se tient paradoxalement bien fermement sur ses pieds, car à travers la résurrection, il a définitivement vaincu la mort; l’autre est que Jésus, précisément en tant que mort et ressuscité, participe désormais pleinement au pouvoir  royal et salvifique du Père. Telle est la vision fondamentale. Jésus, le Fils de Dieu, est sur cette terre un agneau sans défense, blessé, mort. Toutefois, il se tient droit, il est debout, il se tient devant le trône de Dieu et participe du pouvoir divin. Il a entre ses mains l’histoire du monde. Et ainsi, le Voyant veut nous dire:  Ayez confiance en Jésus, n’ayez pas peur des pouvoirs opposés, de la persécution! L’Agneau blessé et mort vainc! Suivez l’Agneau Jésus, confiez-vous à Jésus, prenez sa route! Même si dans ce monde, ce n’est qu’un Agneau qui apparaît faible, c’est Lui le vainqueur!
L’une des principales visions de l’Apocalypse a pour objet cet Agneau en train d’ouvrir un livre, auparavant fermé par sept sceaux que personne n’était en mesure de rompre. Jean est même présenté alors qu’il pleure, car l’on ne trouvait personne digne d’ouvrir le livre et de le lire (cf. Ap 5, 4). L’histoire reste indéchiffrable, incompréhensible. Personne ne peut la lire. Ces pleurs de Jean devant le mystère de l’histoire si obscur expriment peut-être le sentiment des Eglises asiatiques déconcertées par le silence de Dieu face aux persécutions auxquelles elles étaient exposées à cette époque. C’est un trouble dans lequel peut bien se refléter notre effroi face aux graves difficultés, incompréhensions et hostilités dont souffre également l’Eglise aujourd’hui dans diverses parties du monde. Ce sont des souffrances que l’Eglise ne mérite certainement pas, de même que Jésus ne mérita pas son supplice. Celles-ci révèlent cependant la méchanceté de l’homme, lorsqu’il s’abandonne à l’influence du mal, ainsi que le gouvernement supérieur des événements de la part de Dieu. Eh bien, seul l’Agneau immolé est en mesure d’ouvrir le livre scellé et d’en révéler le contenu, de donner un sens à cette histoire apparemment si souvent absurde. Lui seul peut en tirer les indications et les enseignements pour la vie des chrétiens, auxquels sa victoire sur la mort apporte l’annonce et la garantie de la victoire qu’ils obtiendront eux aussi sans aucun doute. Tout le langage fortement imagé que Jean utilise vise à offrir ce réconfort.
Au centre des visions que l’Apocalypse  présente,  se  trouvent  également celles très significatives de la Femme qui accouche d’un Fils, et la vision complémentaire du Dragon désormais tombé des cieux, mais encore très puissant. Cette Femme représente Marie, la Mère du Rédempteur, mais elle représente dans le même temps toute l’Eglise, le Peuple de Dieu de tous les temps, l’Eglise qui, à toutes les époques, avec une grande douleur, donne toujours à nouveau le jour au Christ. Et elle est toujours menacée par le pouvoir du Dragon. Elle apparaît sans défense, faible. Mais alors qu’elle est menacée, persécutée par le Dragon, elle est également protégée par le réconfort de Dieu. Et à la fin, cette Femme l’emporte. Ce n’est pas le Dragon qui gagne. Voilà la grande prophétie de ce livre qui nous donne confiance. La Femme qui souffre dans l’histoire, l’Eglise qui est persécutée, apparaît à la fin comme une Epouse splendide, figure de la nouvelle Jérusalem, où il n’y a plus de larmes, ni de pleurs, image du monde transformé, du nouveau monde, dont la lumière est Dieu lui-même, dont la lampe est l’Agneau.
C’est pour cette raison que l’Apocalypse de Jean, bien qu’imprégnée par des références continues aux souffrances, aux tribulations et aux pleurs – la face obscure de l’histoire -, est tout autant imprégnée par de fréquents chants de louange, qui représentent comme la face lumineuse de l’histoire. C’est ainsi, par exemple, que l’on lit la description d’une foule immense, qui chante presque en criant:  « Alléluia! le Seigneur notre Dieu a pris possession de  sa royauté, lui, le Tout-Puissant. Soyons dans la joie, exultons, rendons-lui gloire, car voici les noces de l’Agneau. Son épouse a revêtu ses parures » (Ap 19, 6-7). Nous nous trouvons ici face au paradoxe chrétien typique, selon lequel la souffrance n’est jamais perçue  comme  le dernier mot, mais considérée comme un point de passage vers le bonheur, étant déjà même mystérieusement imprégnée par la joie qui naît de l’espérance. C’est précisément pour cela que Jean, le Voyant de Patmos, peut terminer son livre par une ultime aspiration, vibrant d’une attente fervente. Il invoque la venue définitive du Seigneur:  « Viens, Seigneur Jésus! » (Ap 22, 20). C’est l’une des prières centrales de la chrétienté naissante, également traduite par saint Paul dans la langue araméenne:  « Marana tha ». Et cette prière, « Notre Seigneur, viens! » (1 Co 16, 22), possède plusieurs dimensions. Naturellement, elle est tout d’abord l’attente de la victoire définitive du Seigneur, de la nouvelle Jérusalem, du Seigneur qui vient et qui transforme le monde. Mais, dans le même temps, elle est également une prière eucharistique:  « Viens Jésus, maintenant! ». Et Jésus vient, il anticipe son arrivée définitive. Ainsi, nous disons avec joie au même moment:  « Viens maintenant, et viens de manière définitive! ». Cette prière possède également une troisième signification:  « Tu es déjà venu, Seigneur! Nous sommes certains de ta présence parmi nous. C’est pour nous une expérience joyeuse. Mais viens de manière définitive! ». Et ainsi, avec saint Paul, avec le Voyant de Patmos, avec la chrétienté naissante, nous prions nous  aussi:  « Viens, Jésus! Viens, et transforme le monde! Viens dès aujourd’hui et que la paix l’emporte! ». Amen!

Of Your Mystical Supper

3 mai, 2013

Of Your Mystical Supper dans images sacrée MysticalSupper

http://holy-icons.com/category/ourlord/

DIMANCHE 5 MAI : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – PREMIERE LECTURE – Actes 15, 1-2. 22-29

3 mai, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DIMANCHE 5 MAI : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

PREMIERE LECTURE – Actes 15, 1-2. 22-29
1 Certaines gens venus de Judée
 voulaient endoctriner les frères d’Antioche
 en leur disant :
 « Si vous ne recevez pas la circoncision
 selon la loi de Moïse,
 vous ne pouvez pas être sauvés. »
2 Cela provoqua un conflit et des discussions assez graves
 entre ces gens-là et Paul et Barnabé.
 Alors on décida que Paul et Barnabé,
 avec quelques autres frères,
 monteraient à Jérusalem auprès des Apôtres et des Anciens
 pour discuter de cette question.
22 Finalement, les Apôtres et les Anciens
 décidèrent, avec toute l’Eglise,
 de choisir parmi eux
 des hommes qu’ils enverraient à Antioche avec Paul et Barnabé.
 C’étaient des hommes
 qui avaient de l’autorité parmi les frères ;
 Jude (appelé aussi Barsabbas), et Silas.
23 Voici la lettre qu’ils leur confièrent :
 « Les Apôtres et les Anciens saluent fraternellement
 les païens convertis, leurs frères,
 qui résident à Antioche, en Syrie et en Cilicie.
24 Nous avons appris que quelques-uns des nôtres,
 sans aucun mandat de notre part,
 sont allés tenir des propos
 qui ont jeté chez vous le trouble et le désarroi.
25 Nous avons décidé à l’unanimité
 de choisir des hommes que nous enverrions chez vous,
 avec nos frères bien-aimés Barnabé et Paul,
26 qui ont consacré leur vie
 à la cause de Notre Seigneur Jésus-Christ.
27 Nous vous envoyons donc Jude et Silas
 qui vous confirmeront de vive voix ce qui suit :
28 L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé
 de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations
 que celles-ci, qui s’imposent :
29 vous abstenir de manger
 des aliments offerts aux idoles,
 du sang, ou de la viande non saignée,
 et vous abstenir des unions illégitimes.
 En évitant cela, vous agirez bien.
 Courage ! »

Nous avons déjà entendu parler de la communauté d’Antioche de Syrie dans les textes des dimanches précédents… aujourd’hui, nous la trouvons affrontée à une crise grave : on est vers l’an 50 de notre ère ; dès le début, à Antioche, il y a eu des chrétiens d’origine juive et des chrétiens d’origine païenne ; mais peu à peu, entre eux, la cohabitation est devenue de plus en plus difficile : leurs modes de vie sont trop différents. Non seulement, les chrétiens d’origine juive sont circoncis et considèrent comme des païens ceux qui ne le sont pas ; mais plus grave encore, tout les oppose dans la vie quotidienne, à cause de la multiplicité des pratiques juives auxquelles les chrétiens d’origine païenne n’ont aucune envie de s’astreindre : de nombreuses règles de purification, d’ablutions et surtout des règles très strictes concernant la nourriture.
 Et voilà qu’un jour des Chrétiens d’origine juive sont venus tout exprès de Jérusalem pour envenimer la querelle en expliquant qu’on ne doit admettre au baptême chrétien que des Juifs ; concrètement, les païens sont priés de se faire Juifs d’abord, (circoncision comprise) avant de devenir Chrétiens.
 Derrière cette querelle, il y a au moins trois enjeux : premièrement, faut-il viser l’uniformité ? Pour vivre l’unité, la communion, faut-il avoir les mêmes idées, les mêmes rites, les mêmes pratiques ?
 Le deuxième enjeu est une question de fidélité : tous ces chrétiens, de toutes origines, souhaitent rester fidèles à Jésus-Christ, c’est évident !… Mais, concrètement, en quoi consiste la fidélité à Jésus-Christ ? Jésus-Christ lui-même était juif et circoncis : cela veut-il dire que pour devenir Chrétien il faut d’abord devenir Juif comme lui ?
 Il est vrai aussi que les tout premiers Chrétiens sont tous des Juifs. Puisque les apôtres choisis par le Christ étaient tous juifs… et même, pour aller plus loin, ils étaient tous originaires de Galilée… On ne va pas restreindre l’annonce de l’Evangile aux Galiléens pour autant… c’est une évidence !
On ne va pas la restreindre aux Juifs de naissance, non plus… d’ailleurs, la question est déjà tranchée à Antioche. Certains chrétiens sont d’origine païenne, on l’a déjà vu. Mais ces chrétiens d’origine païenne, peut-être faudrait-il les initier d’abord au judaïsme pour ensuite en faire des Chrétiens ? Concrètement, cela veut dire qu’on accepterait de baptiser des païens, mais à condition qu’ils adhèrent d’abord à la religion juive et qu’ils se fassent circoncire.
 Oui, mais on peut tenir un autre raisonnement : Jésus-Christ a agi de telle manière, dans les circonstances où il se trouvait ; dans d’autres circonstances, il aurait agi différemment ; par exemple, lui qui était galiléen s’est entouré de Galiléens, mais ce n’est pas une condition pour devenir Chrétien.
 La décision prise à l’époque, à Jérusalem, nous venons de le lire, adoptera cette deuxième façon de voir : être fidèle à Jésus-Christ ne veut pas dire forcément reproduire un modèle figé. Pour le dire autrement, fidélité n’est pas répétition : quand on étudie l’histoire de l’Eglise, on est émerveillé justement de la faculté d’adaptation qu’elle a su déployer pour rester fidèle à son Seigneur à travers les fluctuations de l’histoire !
 Enfin, il y a un troisième enjeu, plus grave encore : le salut est-il donné par Dieu sans conditions, oui ou non ? « Si vous ne recevez pas la circoncision, vous ne pouvez pas être sauvés », c’est ce qu’on commence à entendre dire à Antioche : cela voudrait dire que Dieu lui-même ne peut pas sauver des non-Juifs… cela voudrait dire que c’est nous qui décidons à la place de Dieu qui peut ou ne peut pas être sauvé… cela voudrait dire enfin que la foi en Jésus-Christ ne suffit pas ? Mais pourtant Jésus lui-même a bien dit « celui qui croira et sera baptisé sera sauvé » ; il n’a pas ajouté qu’il fallait en plus être Juif pratiquant et circoncis… et puis, par définition, la grâce, c’est gratuit ! Nous ne pouvons pas ajouter par nous-mêmes des conditions à la grâce de Dieu.
 On sait la fin de l’histoire ; les Apôtres prennent une double décision : les Chrétiens d’origine juive ne doivent pas imposer la circoncision et les pratiques juives aux Chrétiens d’origine païenne ; mais de l’autre côté, les Chrétiens d’origine païenne, par respect pour leurs frères d’origine juive, s’abstiendront de ce qui pourrait troubler la vie commune, en particulier pour les repas. Il est très intéressant de remarquer qu’on n’impose à la communauté chrétienne que les règles qui permettent de maintenir la communion fraternelle. C’est certainement la meilleure manière d’être vraiment fidèle à Jésus-Christ : lui qui a dit « c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on vous reconnaîtra pour mes disciples » (Jn 13, 35).
 ———————–
 Compléments
 Ces questions autour de la circoncision et des pratiques de la loi juive peuvent paraître d’un autre âge : sommes-nous vraiment concernés ?
 Oui, car la question de fond autour de la grâce est toujours d’actualité ; nous avons toujours besoin de nous réentendre dire que la grâce est gratuite : c’est le sens même de ce mot ! Cela veut dire que Dieu ne fait jamais de comptes avec nous !

HOMÉLIE DU 6E DIMANCHE DE PÂQUES C

3 mai, 2013

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

HOMÉLIE DU 6E DIMANCHE DE PÂQUES C

Ac 15, 1-2, 22-29 ; Ap 21, 10-14, 22-23 ; Jn 14, 23-29

Allongé sur un lit d’hôpital, « planté d’aiguilles ». Prolongé de tuyaux, de sondes, d’engins divers. « Cloué ». Maurice Bellet n’en a pas moins écrit de petites notes qu’il nous livre dans un ouvrage poignant d’humanité et d’humilité. « Oh, écrit-il, le poids mortel des nécessités qui n’en sont pas ! Des évidences qui, dix ans, vingt ans après, sont condamnées au nom d’évidences plus récentes et contraires ! Mais entre-temps, les premières vous ont écrasé au nom de votre propre bien ». Un constat et des paroles que chacun peut prendre à son compte. On peut aussi remplacer « évidences » par certitudes, règlements, ou même traditions.
L’histoire et l’expérience quotidienne de l’humanité en général et des religions en particulier, montrent bien qu’il en est ainsi. Certains s’en étonnent, s’en inquiètent ou en sont troublés : « La religion change ! » C’est évident. C’est même un signe de vie et de fidélité.
L’évangile de ce jour nous en explique d’ailleurs les raisons profondes, et la page « magazine » des Actes des Apôtres nous fournit un exemple bien concret qui peut sans peine être conjugué au présent à n’importe quelle période de l’histoire.
Au point de départ, la Parole de Dieu, livrée en Jésus Christ. Une Parole qui est Vérité, Chemin et Vie, Amour et Beauté. Encore faut-il pouvoir accueillir cette révélation, la comprendre, la respecter, en accepter les mille et une conséquences. C’est beaucoup pour des esprits souvent encombrés de prétentions et de préjugés, d’égoïsme et d’orgueil, de soupçons et de peurs. Les obstacles ne manquent pas.
La précieuse Parole livrée à l’intelligence, au cœur, à la mémoire et à notre responsabilité, n’est pas un dépôt en banque, ni objet rare et précieux confié à un musée. Il s’agit d’une Parole Vivante, dynamique, créatrice, qui doit courir le risque des semailles en des terres peu hospitalières, pour porter du fruit.
Chacun sait aussi que fruits, fleurs, branches, troncs et racines, sont déjà dans la minuscule semence, mais qu’il faut également beaucoup de temps et de conditions favorables pour qu’elle développe et révèle la totalité et la perfection de son être.
C’est pourquoi, si Jésus a tout dit et révélé durant sa vie mortelle, il a bien précisé qu’après lui l’Esprit viendrait non seulement réveiller les mémoires, mais aussi « enseigner tout ». L’Esprit n’est donc pas simple répétiteur. Force et Souffle, il inspire, suscite le mouvement, crée la nouveauté. Il nous aide constamment à déchiffrer l’éternel et inépuisable message, compte tenu des nécessités du temps, du langage et des problèmes de l’humanité. Non seulement pour que nous puissions « en saisir la signification profonde », mais aussi pour permettre aux disciples d’appliquer les instructions du maître à des situations inédites et souvent imprévisibles.
La fidélité et la vraie tradition sont toujours créatrices. Par contre, nous succombons très souvent à la tentation de mettre Dieu en cage, de l’emprisonner dans des coutumes, des règlements ou des formules, et même de le mettre au service de nos idéologies ou de nos intérêts.
Le conflit d’Antioche montre bien les réticences humaines, le rôle et les surprises de l’Esprit, et la nécessité du discernement, même s’il reste fragile, relatif et chargé de compromis.

Un conflit exemplaire entre deux tendance, deux interprétations, deux cultures. Pour les uns, il faut passer par le judaïsme pour devenir chrétien : « Pas de salut sans circoncision ». Pour d’autres, au contraire, la Bonne Nouvelle et le salut sont proposés à tous, quelle que soit la race, le peuple ou la culture. Les premiers veulent « endoctriner » ceux qui ne sont pas passés par la circoncision et ceux qui les accueillent dans l’Eglise. Trouble et désarroi chez les tenants de l’ouverture qui ont innové en préférant l’intuition et l’audace de l’amour à l’obéissance littérale à des traditions humaines. Le Concile de Jérusalem tranchera en libérant les nouveaux convertis du poids d’obligations qui se révélaient manifestement très relatives.
C’est ainsi qu’à toute époque la religion change et doit changer chaque fois « que la mission est en cause, c’est-à-dire la présentation du message et certaines habitudes religieuses ». Une invitation à l’humilité et à la modestie, car nul ne possède la vérité dans sa plénitude. Nous resterons toujours des chercheurs et des découvreurs, nous rappelant que l’Esprit vient chaque jour pour aider l’Eglise à déchiffrer la Parole, à poursuivre et approfondir l’enseignement et à le vivre dans l’aujourd’hui, qui n’est plus hier et n’est pas encore demain. Il ne tient compte d’aucune frontière. Et nul ne peut le monopoliser.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

SAINT PHILIPPE ET SAINT JACQUES LE MINEUR, APÔTRES

2 mai, 2013

SAINT PHILIPPE ET SAINT JACQUES LE MINEUR, APÔTRES dans images sacrée Sts.%20Philip%20and%20James%20popup
http://catholicharboroffaithandmorals.com/Sts.%20Philip%20and%20James%20popup.html

3 MAI: SAINT PHILIPPE ET SAINT JACQUES LE MINEUR, APÔTRES

2 mai, 2013

http://missel.free.fr/Sanctoral/05/03.php

3 MAI: SAINT PHILIPPE ET SAINT JACQUES LE MINEUR, APÔTRES

Sommaire :
  St Philippe
  St Jacques le Mineur

ST PHILIPPE

Saint Philippe naquit à Bethsaïde, sur les bords du lac de Tibériade, comme les saints Pierre et André. Saint Clément d’Alexandrie, suivant une tradition ancienne, l’identifie au jeune homme qui demande la permission d’aller enterrer son père avant de suivre Jésus qui répond de laisser les morts ensevelir les morts[1].
Selon l’évangile de saint Jean, on peut supposer qu’il fut d’abord un disciple du Baptiste avant d’être appelé par Jésus à qui il conduit Nathanaël[2] (Barthélemy) ; c’est à lui que Jésus s’adresse avant la première multiplication des pains[3] et c’est à lui que se présentent les païens approcher le Seigneur[4] ; enfin, pendant la Cène, il demande à Jésus de montrer le Père[5].
La tradition nous apprend qu’il prêcha aux Scythes et qu’il mourut très vieux à Hiérapolis (Phrygie) où, selon Eusèbe de Césarée qui cite Polycrate, il fut enterré. Clément d’Alexandrie prétend qu’il mourut de mort naturelle alors que d’autres disent qu’il fut martyrisé sous Domitien ou sous Trajan (lapidé puis crucifié).
L’apôtre Philippe est généralement représenté jeune ; il porte souvent la croix de son supplice et, parfois, des pains qui rappellent son rôle de la multiplication des pains. Parce qu’il porte un nom grec et qu’il est natif de Bethsaïde, on l’associe à André.

[1] Evangile selon saint Matthieu, VII 22 ; évangile selon saint Luc, IX 60.
[2] Evangile selon saint Jean, I 43-51.
[3] Evangile selon saint Jean, VI 5-7.
[4] Evangile selon saint Jean, XII 21-22.
[5] Evangile selon saint Jean, XIV 7-12.

ST JACQUES

Saint Jacques, dit le Mineur, fils d’Alphée et frère de Jude, originaire de Nazareth, était un parent du Seigneur et fut le premier évêque de Jérusalem, à la demande expresse de Jésus si l’on en croit saint Jérôme et saint Epiphane.
Il fut favorisé d’une apparition spéciale du Sauveur ressuscité dont saint Paul se fait l’écho[6], et dans laquelle, selon saint Clément d’Alexandrie, lui fut communiqué de manière particulière le don de science.
Evêque de Jérusalem, il jouit d’un prestige particulier et d’une autorité considérable : c’est à lui que saint Pierre veut que l’on annonce d’abord sa délivrance[7] ; c’est lui qui contrôle la doctrine et la mission de Paul[8] ; c’est lui qui au concile de Jérusalem, résume le discours de Pierre et règle ce qui doit être observé lors de la conversion des païens[9] ; c’est encore chez lui que Paul, lors de son dernier voyage à Jérusalem, rend compte de sa mission[10]. Il est enfin l’auteur de l’épître de saint Jacques.
L’historien juif Flavius Josèphe et Eusèbe de Césarée mentionnent son martyre par lapidation[11]. Recopiant Hégésippe, Eusèbe de Césarée et saint Jérôme écrivent : « Il a toujours conservé sa virginité et sa pureté entière. Nazaréen, c’est-à-dire consacré à Dieu dès sa naissance, il ne coupa jamais ses cheveux ni sa barbe, n’usa ni de vin, ni bains, ni d’huile pour oindre ses membres, ne porta point de sandales, n’usa pour ses vêtements que du lin. Ses prostrations à terre dans la prière étaient si fréquentes que la peau de ses genoux s’était endurcie comme celle du chameau. Son éminente sainteté lui valut le surnom de Juste par excellence. » Hégésippe dit que Jacques fut enterré près du Temple, sur le lieu même de son martyre (précipité du Temple, puis lapidé et achevé par un foulon qui lui fracasse le crâne). Il est souvent figuré en évêque de Jérusalem ; son attribut est le bâton de foulon, instrument de son supplice.
Si l’on ne sait pas grand chose du culte que l’on rendit primitivement à saint Philippe, en revanche, on sait que l’on montrait à Jérusalem, au IV° siècle, la chaire épiscopale de saint Jacques que l’on vénéra plus tard à l’église de la Sainte-Sion. Au VI° siècle, une église de Jérusalem passait pour avoir été construite sur l’emplacement de la maison de saint Jacques. Les plus importantes reliques des corps de saint Philippe et de saint Jacques dont on célèbre aujourd’hui la translation, sont à Rome, dans la crypte de la basilique des Saints-Apôtres.
De nombreuses églises disent posséder des reliques de saint Jacques le Mineur, telle la cathédrale Saint-Sernin de Toulouse, Saint-Zoïle de Compostelle, l’église des Jésuites d’Anvers, Saint-Etienne de Forli, la cathédrale de Langres, Saint-Corneille de Compiègne … Avec des reliques de saint Jacques, Saint-Sernin de Toulouse afffirme posséder des reliques de saint Philippe dont la cathédrale d’Autun dit avoir hérité de Cluny une partie du chef dont le reste fut distribué entre Notre-Dame de Paris et la cathédrale de Troyes. Florence assure avoir un bras de saint Philippe.
Les traces parisiennes du culte de saint Philippe et de saint Jacques, dont on célèbre aujourd’hui la translation des reliques à Rome, dans la basilique des Saints-Apôtres, semblent assez tardives. L’abbaye Saint-Maur-des-Fossés possédait dans son trésor une partie du chef de saint Philippe rapportée de Constantinople vers 1245, comme l’attestait un acte conservé dans les archives.
D’autre part, le duc Jean de Berry, oncle du roi Charles VI, avait donné aux chanoines de Notre-Dame de Paris une relique du chef de saint Philippe. Etant malade dans son hôtel de Nesle, il demanda que cette relique lui fût apportée en procession, le premier mai, par les chanoines revêtus de chapes de soie, tenant chacun un rameau de bois vert et l’église semée d’herbe verte. Il y avait à Notre-Dame une chapelle Saint-Philippe et Saint-Jacques.
Sans que l’on s’explique comment, la chapelle de l’hôpital Saint-Jacques-du-Haut-Pas, devenue église succursale pour les habitants du faubourg (1566), d’abord mise sous le patronage de saint Jacques le Majeur, passa, lors de sa reconstruction, sous celui des saints apôtres Jacques, fils d’Alphée, et Philippe ; la première pierre fut posée le 2 septembre 1630 par Gaston d’Orléans, en présence de Jean-François de Gondi, premier archevêque de Paris. C’est là que seront inhumés l’abbé de Saint-Cyran et la duchesse de Longueville.
Dans le quartier alors misérable du Roule, il y avait un hospice qui appartenait aux employés de la Monnaie[12],  dont la chapelle, dédiée à saint Philippe et à saint Jacques le Mineur, restaurée en 1636 et 1642, fut érigée en église paroissiale le 1° mai 1699. Erigé en faubourg en 1722, le Roule qui était alors « de tous les faubourgs de Paris (…) le plus négligé et le plus malpropre » fut peu à peu nettoyé puis, à partir de 1750, transformé par la construction de beaux hôtels dont celui de la marquise de Pompadour.
qui deviendra le palais de l’Elysée. L’église paroissiale qui menaçait ruine fut détruite en 1739 pour faire place à une nouvelle église ; en attendant, le culte se faisait dans une grange. Le 14 août 1741, Louis XV donna un terrain de l’ancienne pépinière du Roule, en face de l’ancienne église, pour y construire une église, un presbytère et un cimetière. Ce premier projet fut abandonné au profit d’un nouvelle construction sur l’emplacement de l’ancienne église. Si les plans furent dressés par Jean-François Chalgrin en 1765, la construction de Saint-Philippe-du-Roule ne commença qu’en 1774 et dura une dizaine d’années. Le maître-autel fut consacré le 30 avril 1784. Maintenue comme paroisse après la Constitution civile du Clergé (1791), Saint-Philippe-du-Roule fut fermée en 1793, puis mise à la disposition des Théophilanthropes, et enfin rendue au culte catholique le 8 juin 1795. Cette église qui avait été agrandie en 1845 et consacrée le 13 novembre 1852, fut vidée de la plupart de ses tableaux entre 1960 et 1970.

[6] Première épître de saint Paul aux  Corinthiens, XV 7.
[7] Actes des Apôtres, XII 12-17.
[8] Epître de saint Paul aux Galates, I 19 & II 9.
[9] Actes des Apôtres, XV.
[10] Actes des Apôtres, XXI 18-19.
[11] C’était à la Pâque, le 10 avril 62.
[12] Au début du XIII° siècle, les officiers et les employés de la Monnaie avaient fondé au hameau du Roule une léproserie. Autorisée en 1216 par l’évêque de Paris (Pierre de Nemours) la léproserie était dirigée par huit frères dont la nomination était partagée entre l’évêque et les ouvriers de la Monnaie (arrêt du Parlement de 1392, confimé par une ordonnance de Charles IX datée du 19 novembre 1562).

LE PAPE FRANÇOIS ACCUEILLE BENOÎT XVI AU SEUIL DE SA MAISON

2 mai, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/le-pape-francois-accueille-benoit-xvi-au-seuil-de-sa-maison

LE PAPE FRANÇOIS ACCUEILLE BENOÎT XVI AU SEUIL DE SA MAISON

LE SERVICE DE LA PRIÈRE

Rome, 2 mai 2013 (Zenit.org) Anita Bourdin

Le pape François a accueilli le pape émérite Benoît XVI au Vatican ce jeudi soir, 2 mai, vers 16h45, indique le Vatican. Un retour dans une extrême discrétion: pas de transmission en direct télévisée.
La rencontre a eu lieu à la nouvelle résidence du pape émérite, l’ancien monastère dédié à Marie, Mère de l’Eglise – « Mater Ecclesiae » – dans une « grande cordialité fraternelle » dit le communiqué du Vatican: ils se sont ensuite rendu à la chapelle pour un bref moment de prière.

Le service de la prière
Le pape Benoît XVI avait quitté le Vatican de ce même héliport où il est arrivé ce soir, le jeudi 28 février en fin d’après midi, alors que sa démission de sa charge – et donc la période de vacance du Siège apostolique – commençait le même soir à 20h. Il y a attendu l’aménagement de l’ancien monastère du Vatican en appartement pour lui et les personnes qui l’accompagnent dans sa retraite.

Au cours de ces deux mois, le pape émérite a reçu plusieurs appels du pape François, le 13 mars, jour de son élection, et le 19 mars, jour de la Saint-Joseph. Le pape François lui a aussi rendu visite le samedi 23 mars, lui offrant l’icône russe de la Vierge de l’Humilité, en rendant hommage à cette vertu de Benoît XVI.
Le communiqué du Saint-Siège rappelle que le pape émérite entend, comme il l’a lui-même indiqué le 11 février dernier en annonçant aux cardinaux sa démission, « se consacrer au service de l’Eglise avant tout par la prière ».
Il suit en cela les traces de saint Célestin V, moine, devenu pape en juillet 1294 et redevenu moine en décembre de la même année, après une démission qui faisait encore problème à Dante Alighieri. Les célébrations en l’honneur du VIIe centenaire de sa canonisation ont justement commencé ce 2 mai.
Mais une grande différence entre Célestin V et Benoît XVI est que celui-ci demeure, à l’ombre de la coupole, tout proche de son successeur qu’il soutient par la prière et par sa disponibilité. La transmission d’un pape à l’autre n’est plus désormais laissée aux archives et au personnel mais elle peut se faire de personne à personne, dans la confiance et la discrétion.
Benoît XVI pour sa part peut déjà se réjouir des fruits visibles de son renoncement: la personne du pape François et la façon dont il attire les foules au Christ et à l’Eglise.
Une décision pour l’Eglise et les jeunes
Du balcon de Castelgandolfo, pour sa dernière apparition publique, au soir du 28 février, le pape Benoît XVI avait déclaré sa volonté: « Je ne suis plus qu’un simple un pèlerin qui entame la dernière étape de son pèlerinage sur cette terre. Mais je voudrais encore, avec tout mon cœur, avec tout mon amour, avec ma prière, avec ma réflexion, avec toutes mes forces intérieures, travailler pour le bien commun et le bien de l’Eglise, de l’humanité. »
La veille, lors de la dernière audience générale de son pontificat, il avait expliqué que ses forces le lâchaient:
« Ces derniers mois, j’ai senti que mes forces avaient diminué et j’ai demandé à Dieu de m’éclairer pour prendre la juste décision pour le bien de l’Église. Je continuerai à accompagner le chemin de l’Église par la prière et la réflexion. »
Il avait confié, dès mars 2012, au cardinal Paul Poupard, à son retour de Cuba et du Mexique, qu’il ne pourrait plus faire de voyages transatlantiques.
Cependant, après l’été, en septembre, il avait voulu maintenir son voyage au Liban pourtant jugé à haut-risque pour des raisons de géopolitique, et il avait voulu que l’affaire vatileaks soit résolue: le procès a en effet été mené tambour battant en octobre.
Il avait répondu à Peter Seewald, dans son livre entretien « Lumière du monde », en 2011, qu’on ne peut démissionner en pensant qu’un autre se chargera de résoudre les problèmes. Mais dans un période « calme », oui, il envisageait la possibilité d’une démission.
Des observateurs estiment à Rome que l’élément décisif pour la démission a été la perpective de la JMJ de Rio de Janeiro en juillet prochain: le pape Benoît XVI voyant qu’il ne pourrait pas être au rendez-vous a voulu qu’un autre aille à la rencontre des jeunes du monde. Lui-même avait commencé les voyages de son pontificat, en août 2005, par la JMJ de Cologne, convoquée par son prédécesseur Jean-Paul II.

La maison du pape émérite
Enfin, le Vatican rappelle que, comme prévu, de Mgr Georg Gänswein, préfet de la Maison pontificale, habitera dans la même résidence, ainsi que les femmes consacrées laïques du mouvement Communion et Libération appelées « Memores Domini », qui ont fait partie de la Maison pontificale des dernières années.
Benoît XVI était arrivé en hélicoptère de Castelgandolfo, accompagné de Mgr Gänswein. Il a été accueilli à l’héliport du Vatican par le cardinal doyen, Angelo Sodano, par le Secrétaire d’Etat, le cardinal Tarcisio Bertone, par le président du gouvernorat de la Cité du Vatican, le cardinal Giuseppe Bertello, par le substitut, Mgr Angelo Becciu, par le secrétaire pour les Rapports avec les Etats, Mgr Dominique Mamberti et par le secrétaire général du gouvernorat, Mgr Giuseppe Sciacca.
Il s’est ensuite rendu en voiture à l’ancien monastère en briques rouges, « Mater Ecclesiae » qui sera désormais sa résidence, au milieu des oliviers et des palmiers des Jardins du Vatican, vraie réserve ornithologique, et actuellement embaumés et parés par le printemps romain.

Marc Chagall, The Creation

1 mai, 2013

Marc Chagall, The Creation dans images sacrée

http://01varvara.wordpress.com/category/religious/page/3/

1...45678