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DIMANCHE 26 MAI : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – PREMIERE LECTURE – Proverbes 8, 22-31

24 mai, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DIMANCHE 26 MAI : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

PREMIERE LECTURE – Proverbes 8, 22-31

Ecoutez ce que déclare la Sagesse :
22 « Le SEIGNEUR m’a faite pour lui au commencement de son action,
 avant ses oeuvres les plus anciennes.
23 Avant les siècles, j’ai été fondée,
 dès le commencement, avant l’apparition de la terre.
24 Quand les abîmes n’existaient pas encore,
 qu’il n’y avait pas encore les sources jaillissantes,
 je fus enfantée.
25 Avant que les montagnes ne soient fixées,
 avant les collines, je fus enfantée.
26 Alors que Dieu n’avait fait ni la terre, ni les champs,
 ni l’argile primitive du monde,
27 lorsqu’il affermissait les cieux, j’étais là.
 Lorsqu’il traçait l’horizon à la surface de l’abîme,
28 chargeait de puissance les nuages dans les hauteurs
 et maîtrisait les sources de l’abîme ;
29 lorsqu’il imposait à la mer ses limites,
 pour que les eaux n’en franchissent pas les rivages,
 lorsqu’il établissait les fondements de la terre,
30 j’étais à ses côtés comme un maître d’oeuvre.
 J’y trouvais mes délices jour après jour,
 jouant devant lui à tout instant,
31 jouant sur toute la terre,
 et trouvant mes délices avec les fils des hommes. »

Pour les hommes de la Bible, il ne fait pas de doute que Dieu conduit le monde avec sagesse ! « Tu as fait toutes choses avec sagesse » dit le psaume 104 (103) que nous avons chanté pour la Pentecôte. C’est même tellement une évidence qu’on en arrive à écrire des discours entiers sur ce sujet. C’est le cas du texte que nous venons de lire : il s’agit d’une véritable prédication sur le thème : « Mes frères, n’engagez pas vos vies sur des fausses pistes. Dieu seul connaît ce qui est bon pour l’homme ; conformez-vous à l’ordre des choses qu’il a établi depuis les origines du monde, c’est le seul moyen d’être heureux. »
 Pour donner plus de poids à sa prédication, l’auteur fait parler la sagesse elle-même comme si elle était une personne. Mais ne nous y trompons pas : ce n’est qu’un artifice littéraire ; la preuve, c’est qu’au chapitre suivant, Dame Folie parle aussi.
 Pour l’instant donc, c’est Dame Sagesse qui se présente à nous : première remarque, elle ne parle pas d’elle toute seule… elle ne parle d’elle qu’en fonction de Dieu, comme s’ils étaient inséparables. « Le SEIGNEUR m’a faite POUR LUI au commencement de son action… Avant les siècles, j’ai été fondée (sous-entendu par Dieu)… Quand les abîmes n’existaient pas encore, je fus enfantée (sous-entendu par Dieu)… Lorsque Dieu établissait les fondements de la terre, j’étais là à ses côtés… » Donc entre Dieu et la Sagesse existe une relation de très forte intimité… La foi juive au Dieu unique n’a jamais envisagé un Dieu-Trinité : mais il semble bien ici, que, sans abandonner l’unicité de Dieu, elle pressent qu’au sein même du Dieu UN, il y a un mystère de dialogue et de communion.
 Deuxième remarque : « AVANT » est le mot qui revient le plus souvent dans ce passage ! « Le SEIGNEUR m’a faite AVANT ses oeuvres les plus anciennes… AVANT les siècles, j’ai été fondée … DES LE COMMENCEMENT, AVANT l’apparition de la terre. Quand les abîmes n’existaient PAS ENCORE, qu’il n’y avait PAS ENCORE les sources jaillissantes, je fus enfantée. AVANT que les montagnes ne soient fixées, AVANT les collines, je fus enfantée. Alors que Dieu n’avait fait ni la terre, ni les champs, ni l’argile primitive du monde, lorsqu’il affermissait les cieux, J’ETAIS LA … » C’est clair : le leitmotiv est bien : « J’étais là de toute éternité, AVANT toute création »… Il y a donc là une insistance très forte sur l’antériorité de celle qui se prénomme la Sagesse par rapport à toute création.
 Troisième remarque, la Sagesse joue un rôle dans la Création : « Lorsque Dieu imposait à la mer ses limites, pour que les eaux n’en franchissent pas les rivages, lorsqu’il établissait les fondements de la terre, j’étais à ses côtés, comme un maître d’oeuvre ». Pour une oeuvre si belle qu’elle engendre une véritable jubilation : « J’y trouvais mes délices jour après jour, jouant devant lui à tout instant, jouant sur toute la terre, et trouvant mes délices avec les fils des hommes. » La Sagesse est auprès de Dieu et « elle trouve ses délices » auprès de Dieu… elle est auprès de nous… et « elle trouve ses délices » auprès de nous. On entend là comme un écho du refrain de la Genèse : « Dieu vit que cela était bon » ; plus encore, au sixième jour, tout de suite après la création de l’homme qui était comme le couronnement de toute son oeuvre, « Dieu vit tout ce qu’il avait fait et voilà, c’était très bon ! » (Gn 1, 31).
 Du coup, ce texte nous révèle un aspect particulier et éminemment positif de la foi d’Israël : la Sagesse éternelle a présidé à toute l’oeuvre de Création : l’insistance du texte est très forte là-dessus ; on peut en déduire deux choses : premièrement, depuis l’aube du monde, l’humanité et le cosmos baignent dans la Sagesse de Dieu. Deuxièmement, le monde créé n’est donc pas désordonné puisque la Sagesse en est le maître d’oeuvre. Cela devrait nous engager à ne jamais perdre confiance. Enfin, c’est bien la folie de la foi d’oser croire que Dieu est sans cesse présent à la vie des hommes, et plus encore qu’il trouve ses délices en notre compagnie… C’est une folie, mais le fait est là : si Dieu continue inlassablement de proposer son Alliance d’amour, c’est bien parce qu’il « trouve jour après jour ses délices avec les fils des hommes ».
 Reste une question : pourquoi ce texte nous est-il proposé pour la fête de la Trinité ? Pas une fois on n’entend parler de Trinité dans ces lignes, ni même des mots Père, Fils et Esprit.
 En ce qui concerne le Livre des Proverbes, cela n’a rien d’étonnant puisque quand il a été écrit, il n’était pas question de Trinité : non seulement, le mot n’existait pas, mais l’idée même de Trinité n’effleurait personne. Au début, pour le peuple élu, la première urgence était de s’attacher au Dieu Unique ; d’où la lutte farouche de tous les prophètes contre l’idolâtrie et le polythéisme parce que la vocation de ce peuple est précisément d’être témoin du Dieu unique ; n’oublions pas cette phrase du livre du Deutéronome : « A toi, il t’a été donné de voir, pour que tu saches que c’est le SEIGNEUR qui est Dieu ; il n’y en a pas d’autre que lui. »
 Première étape, donc, découvrir que Dieu est UN ; pas question de parler de plusieurs personnes divines ! Plus tard seulement, les croyants apprendront que ce Dieu unique n’est pas pour autant solitaire, il est Trinité. Ce mystère de la vie trinitaire n’a commencé à être deviné que dans la méditation du Nouveau Testament, après la résurrection du Christ. A ce moment-là, quand les Apôtres et les écrivains du Nouveau Testament ont commencé à entrevoir ce mystère, ils se sont mis à scruter les Ecritures et ils ont donc fait ce qu’on appelle une relecture ; et en particulier, ils ont relu les lignes que nous venons d’entendre et qui parlent de la Sagesse de Dieu et ils y ont lu en filigrane la personne du Christ.
 Saint Jean, par exemple, écrira : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu… » et vous savez combien cette expression en grec dit une communion très profonde, un dialogue d’amour ininterrompu. Le livre des Proverbes, lui, n’en était pas encore là.
 ——————-
 Complément
 Irénée et Théophile d’Antioche ont identifié la Sagesse avec l’Esprit, tandis qu’Origène l’identifiait avec le Fils. C’est cette deuxième interprétation qui a finalement été retenue par la théologie.

HOMÉLIE DE LA SAINTE TRINITÉ, C

24 mai, 2013

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

HOMÉLIE DE LA SAINTE TRINITÉ, C

PR 8, 22-31 ; RM 5, 1-5 ; JN 16, 12-15

Jésus, le Nazaréen, n’était pas rabbin de la synagogue de son village ni membre de l’équipe sacerdotale au Temple de Jérusalem. Il ne nous a pas laissé un journal intime ni un traité de théologie. Pas même un petit catéchisme ou des dossiers d’animation pastorale. Il a cependant beaucoup appris à ses auditeurs. Surtout à ses proches et à ses intimes, dont certains, hommes et femmes, l’ont constamment suivi. Mais nous savons par le témoignage écrit des évangélistes que même ses disciples les plus convaincus et les plus engagés ont eu du mal à le comprendre vraiment, malgré des mois de proximité, d’enseignement, de recyclage et de signes étonnants. Il n’a jamais défini ni Dieu ni lui-même, mais il a vécu et rayonné d’une expérience profonde, intime, du mystère même de Dieu. C’est ainsi que « Jésus voit et donne à voir pour montrer comment Dieu sent et agit » (1).
Il est vrai que les croyants fidèles à la Loi de Moïse, étaient, comme tous les croyants de tous les temps, persuadés de connaître, et eux seuls, « La Vérité » que l’on confond aisément avec des idées toutes faites ou des certitudes tranquillisantes. Comme si l’infini pouvait se définir, et le plus grand des mystères se révéler dans une formule. Ni l’amour ni la foi, qui sont de la même veine, n’atteignent la plénitude en une seule démarche, en une seule étape, mais bien en se purifiant constamment. Un chemin de conversion et de dépouillement. N’est-ce pas d’ailleurs l’erreur radicale de tous les intégrismes que de vouloir sacraliser farouchement un moment particulier de l’histoire : « En ce temps-là était la vérité… » ?
Jean nous le confirme quand il évoque les dernières recommandations de Jésus à ses disciples : « J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous n’avez pas la force de les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière ». Cet Esprit qui, selon la très belle expression de saint Irénée, « nous adapte à Dieu »… alors que très souvent et inconsciemment nous voudrions plutôt que Dieu s’adapte à nous.
De plus, à toute époque et partout dans le monde, les changements font peur et « une idée nouvelle est souvent considérée a priori comme une menace ». Or, le monde est toujours et encore en genèse. Nous ne sommes pas encore à la fin de l’univers, mais à son commencement. Nous n’avons pas encore accueilli ni découvert tout l’Evangile. Son incarnation est bien loin d’être effective. Que l’on songe aux petits pas faits par Paul pour humaniser l’esclavage, cette injure à la dignité humaine, toujours pratiquée aujourd’hui, même par des chrétiens, sous d’autres formes plus discrètes mais non moins révoltantes, alors même qu’il est interdit par les lois de ce monde.
Combien de temps aussi n’a-t-il pas fallu pour qu’un concile affirme que « l’Eglise catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions » (non chrétiennes). Et même qu’elles « apportent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les êtres humains ». Que dire aussi du dialogue interreligieux, hier interdit et combattu au nom d’une certaine vérité monopolisée, mais aujourd’hui encouragé et déclaré nécessaire pour que chacun puisse se laisser guider sur la route qui donne accès « à la vérité tout entière ». Non pas en une seule leçon, mais bien en nous guidant par monts et par vaux, ténèbres et lumières, rochers et sables mouvants, crainte et confiance, accueils et refus… L’Esprit nous éduque à l’humilité.
La progression vers la vérité tout entière n’est pas pour autant la simple acquisition de connaissances intellectuelles. Elle relève plutôt de l’intelligence pratique de la Bonne Nouvelle. Une expérience de vie. Un amour vivant. C’est la vie même de Dieu, son intimité, son être et son mystère que l’Esprit veut nous faire expérimenter. « C’est le comportement de Dieu, ce sont les options préférentielles de Dieu, les entrailles de Dieu, qu’il s’agit de rejoindre en écoutant Jésus proclamer les Béatitudes ou raconter une parabole… » (1).
Dieu vit en nous qui sommes créés à son image et comme à sa ressemblance. Or, il est mystérieuse réalité de la communication parfaite, de la communion réussie, de l’éternel dialogue et de l’inépuisable réciprocité. Une Histoire d’amour. « La source de laquelle doivent jaillir l’éthique du paysan et le code déontologique du médecin, les devoirs des individus et les obligations des institutions… toute l’existence chrétienne » (Mgr T. Bello).

(1) « Au carrefour des Ecritures », J. Dupont, B. Standaert, osb, Cahiers de Clerlande.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

Sainte Rita de Cascia

22 mai, 2013

Sainte Rita de Cascia dans images sacrée hc_01

http://saintsofmylife.blogspot.it/2011/01/saint-rita-of-cascia.html

22 MAI : SAINTE RITA DE CASCIA

22 mai, 2013

http://missel.free.fr/Sanctoral/05/22.php

22 MAI : SAINTE RITA DE CASCIA

SOMMAIRE :
 BIOGRAPHIE
 LITANIES

Biographie
Sainte Rita naquit en Italie, à Rocca Poréna, petit hameau de Cascia[1], le 22 mai 1381. Ses parents[2] l’avaient longtemps demandée au Seigneur et, alors que tout espoir semblait perdu, sa mère avait reçu de Dieu l’assurance que sa prière était exaucée. Selon une inspiration céleste, l’enfant du miracle fut appelée Rita, diminutif de Margarita, ce qui signife « perle précieuse. »
Peu de temps après son baptême, tandis que Rita reposait paisiblement dans une corbeille d’osier, sous la garde de ses parents qui travaillaient aux champs, un essaim d’abeilles vint bourdonner autour de son berceau. Entrant dans la bouche entr’ouverte de Rita, les abeilles y déposèrent leur miel sans lui faire aucun mal. Loin de gâter leur fille unique par une éducation sans fermeté, les vieux parents s’appliquèrent à la former à la vertu. Obéissante et courageuse, Rita travaillait de bon cœur, aidant ses parents dans les soins du ménage.
Ne voulant se faire remarquer que de Dieu seul, Rita sacrifiait dans sa toilette les frivolites qui auraient pu la rendre plus gracieuse. Sa douceur, sa charité envers les pauvres, étaient remarquables. Rita ne savait guère lire ni écrire mais elle savait regarder et comprendre son crucifix. Seule dans sa chambre, elle priait longuement devant l’image de Jésus. En son cœur grandissait le désir de mener une vie de pénitence et ses yeux se tournaient avec ardeur vers le monastère de Cascia.
Tandis que Rita se disposait à entrer au cloître, ses parents recevaient pour elle une demande en mariage. Le prétendant, Paul de Ferdinand, dit « Ferdinando », était un homme violent. Craignant de s’attirer des représailles par un refus, les parents promirent la main de leur fille. Consternée, Rita supplia Dieu de mettre obstacle à ce projet. Les voies de Dieu sont impénétrables : en la chargeant de cette croix, mais Dieu voulait donner aux épouses malheureuses un éclatant modèle de patience. Ferdinando fut pour son épouse un véritable tyran. Dominé par un esprit de méchanceté, faisant de son foyer un enfer. Jamais content, se fâchant pour un rien, il accablait d’injures la timide Rita qui frémissait de peur. Il avait la boisson mauvaise et sa pauvre femme dut subir ses fureurs et ses brusques colères[3].
Qu’aurait fait une épouse ordinaire avec un tel mari ? Mais Rita avait contemplé Jésus dans sa Passion : injuriée, elle ne répondait pas ; frappée, elle souffrait en silence. Sa patience était si héroïque, que ses voisines l’appelaient « la femme sans rancune. » Elle gravissait son calvaire en priant pour la conversion de son indigne époux. Après dix-huit ans, le miracle se produisit : touché par 1a grâce, Ferdinando se jeta aux pieds de sa vertueuse épouse, lui demanda pardon et promit de se corriger. Il tint parole. Alors commença pour Rita une vie nouvelle. Néanmoins, Ferdinando s’était créé beaucoup d’ennemis qui, sachant que le nouveau converti sortait désormais sans armes, en profitèrent pour assouvir leur vengeance. Un soir qu’il rentrait à Rocca Paréna par un sentier désert, Ferdinando fut attaqué et lâchement poignardé[4]. La douleur de Rita fut extrême, pourtant elle puisa dans sa foi la force de pardonner aux meurtriers de son mari.
Ses deux grands fils qui ne ressemblaient pas à leur mère, prirent la résolution de venger leur père. Les ayant en vain supllié de ne pas verser le sang, Rita se tourna vers Dieu et fit cette prière héroïque : « Seigneur, prenez les plutôt que les laisser devenir criminels. » Peu de temps après les jeunes gens tombaient malades et mouraient à peu d’intervalle l’un de l’autre, après s’être reconciliés avec Dieu.
Restée seule, Rita qui songeait à réaliser son désir de vie religieuse, alla frapper à la porte du mon.astère de Cascia, mais comme jamais encore une veuve n’avait été admise dans la communauté, l’abbesse la refusa. Par deux fois elle renouvela sans succès sa démarche, puis s’adressa à Dieu et « la Sainte des Impossibles » fut miraculeusement exaucée.
Une nuit qu’elle veillait en priant, elle s’entendit appeler ; elle se leva et ouvrit la porte derrière laquelle elle vit les saints qu’elle avait invoqués : saint Jean-Baptiste, saint Augustin et saint Nicolas de Tolentino. Comme dans un rêve, elle les suivit, parcourant les ruelles désertes et sombres qui la menèrent devant le couvent. Comme manœuvrée par une main invisible, la porte s’ouvrit pour la recevoir. Les saints compagnons disparurent et Rita se retrouva seule à l’intérieur de la chapelle où la trouvèrent les religieuses. Le miracle était si évident qu’on la reçut cette fois-ci avec joie.
Pour mettre la bonne novice à l’épreuve, l’abbesse lui ordonna d’arroser matin et soir un arbre mort situé a l’entrée du couvent. Voyant dans cet ordre l’expression de la volonté de Dieu, Rita accomplissait avec soin ce travail inutile et ridicule en apparence. Dieu allait montrer d’une manière éclatante combien cet acte d’obéissance lui était agréable. Un beau matin les sœurs ouvrirent des yeux étonnés : la vie était revenue dans ce bois aride. Des feuilles naissantes apparurent et une belle vigne se développa donnant en temps voulu des raisins exquis.
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime. » Ces paroles de Jésus avaient dans l’âme de Rita une résonance profonde. Son ardent désir de compatir à la Passion du Sauveur était si véhément qu’on la trouvait souvent en larmes devant la Croix, souffrant en son âme le martyre du Christ. Un jour qu’elle était prosternée devant l’image du crucifix, elle supplia Notre Seigneur de lui faire prendre part à ses douleurs et de ressentir en sa chair la souffrance de ses blessures.
Une épine de la couronne se détacha du crucifix et vint se planter violemment au front de Rita qui tomba évanouie. La plaie resta toujours ouverte, devint purulente et l’odeur nauséubonde qui s’en dégageait obligea Rita à se retirer dans une cellule complètement à l’écart de la communauté où elle resta quinze ans.
En 1450 le pape Nicolas V accorda l’indulgence du Jubilé que l’on gagnait en allant à Rome pour vénérer les reliques de la Passion du Seigneur. Rita sollicita la permission de se joindre a ses sœurs pour le pèlerinage, mais l’abbesse refusa à cause de la plaie au front. Rita demanda à Jésus la grâce de cicatriser sa blessure jusqu’à son retour de Rome, tout en conservant la douleur. La plaie se ferma et Rita put partir pour Rome.
Au retour Rita tomba gravement malade. Sa plaie, ouverte à nouveau, la faisait beaucoup souffrir, son estomac délabré par des jeûnes rigoureux ne pouvait supporter aucune nourriture, hormis l’hostie. Elle restait étendue tout le jour sur sa dure paillasse. Ses jours semblaient comptés. Elle resta pourtant ainsi entre la vie et la mort pendant quatre ans.
Ces longues années de douleurs intolerables achevèrent de graver en son âme les traits du divin crucifié.
Un jour qu’une de ses parentes venue la visiter lui demandait ce qui pourrait lui faire plaisir, Rita répondit : « Je voudrais que tu me cueilles une rose dans le jardin de mes parents. » Or, on était au cœur de l’hiver et la campagne était sous la neige. La cousine alla toute même à Rocca Poréna où, en pénétrant dans le jardin, elle aperçut sur les branches épineuses, une rose splendide qu’elle cueillit et qu’elle porta à la mourante. « Puisque tu as été si aimable, retourne au jardin et, cette fois, rapporte m’en deux ligues fraîches. » Sans plus d’hésitation la messagère sortit en courant et trouva sur le figuier du jardin les deux figues.
Rita attendait dans la paix l’heure de Dieu. Un jour sa chambre fut innondée de lumière où apparurent Jésus et Marie qui lui annoncèrent son départ vers le ciel. Trois jours après cette apparition, Rita, serrant sur son cœur le crucifix qu’elle avait tant aimé, rendit son âme à Dieu (22 mai 1457). Elle avait soixante-seize ans. Son visage émacié prit un air de beauté incomparable, l’horrible plaie se changea en un rubis éclatant, exhalant un suave parfum. Pour annoncer sa mort, les cloches du monastère s’ébranlèrent d’elles-mêmes, et la foule accourue défila devant sa dépouille glorieuse.
Vêtu de l’habit des religieuses de l’ordre de Saint-Augustin, le corps de Sainte Rita repose dans une châsse en verre en l’église de Cascia où il est encore intact. En 1628, lors des fêtes de la béatification, on vit les yeux s’ouvrir pendant quelques instants. D’autres fois, comme il est attesté par un document officiel du 16 mai 1682, conservé aux archives de Cascia, le saint corps se souleva jusqu’à toucher le plafond de la châsse. Souvent aussi, dit la bulle de canonisation, un parfum suave s’exhalait de la dépouille pour embaumer le monastère et les pélerins.
En 1900, le pape Léon XIII, après l’examen minutieux de nombreux miracles, plaça la bienheureuse Rita au nombre des saints et composa lui même un office spécial en son honneur.

NOTES
[1] Cascia, aujourd’hui dans le diocèse de Norcia (depuis 1820), était alors dans le diocèse de Spolète.
[2] On ne peut dire avec une certitude absolue qui étaient les parents de sainte Rita. Si l’on ne peut répondre avec une certitude absolue à cette question, cela vient de ce que, à cette époque, les registres paroissiaux des baptêmes n’étaient pas tenus pour le bon peuple et que seule la naissance des très grands personnages laissait sa trace certaine dans des documents écrits du temps. Pourtant, comme Rita figurait, au couvent de Cascia, sous le nom de « Rita d’Antonio », nous sommes portés à croire que son père se nommait Antonio, ou Antoine. Dans un autre document écrit, non pour sa naissance mais, à la demande de son monastère, pour la constatation notariée d’un de ses nombreux miracles, après sa mort, on la nomme « Rita d’Antonio Mancini ». De nos jours encore, la maison où elle passa son enfance, en son village natal, est connue sous le nom de « Casa Mancini ». Dans le même document, la mère de sainte Rita est appelée « Amata ». Les parents de sainte Rita étaient de très modestes cultivateurs, en un pays de très pauvre culture.
[3] Lors de son mariage, sainte Rita avait probablement dix-huit ans, et l’on peut le situer en 1399.
[4] Si l’on considère que sainte Rita s’est mariée en 1399, l’assassinat de Ferdinando qui se situe dix-huit ans plus tard, serait donc en 1417.

LITANIES DE STE RITA
Seigneur, ayez pitié de nous. Seigneur, ayez pitié de nous.
O Christ, ayez pitié de nous. O Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous. Seigneur, ayez pitié de nous.
 Père du Ciel qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils, Rédempteur du monde qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Saint-Esprit qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Sainte Trinité qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.
 Sainte Marie Immaculée Mère de Dieu, priez pour nous.
Sainte Marie, Reine et réconfort des affligés, priez pour nous.
Marie, Reine de tous les saints,  priez pour nous.
Marie,protectrice aimante de sainte Rita,  priez pour nous.
Sainte Rita, notre avocate toute puissante, priez pour nous.
Sainte Rita don choisi du ciel, priez pour nous.
Sainte Rita prédestinée à 1a gloire, priez pour nous.
Sainte Rita, admirable dès l’enfance, priez pour nous.
Sainte Rita, désireuse de la solitude, priez pour nous.
Sainte Rita, modèle de pureté, priez pour nous.
Sainte Rita, exemple d’amabilité, priez pour nous.
Sainte Rita, miroir d’obéissance, priez pour nous.
Sainte Rita, modèle des épouses et des mères, priez pour nous.
Sainte Rita invincible dans la patience, priez pour nous.
Sainte Rita,admirable d’énergie, priez pour nous.
Sainte Rita, héroïque dans le sacrifice, priez pour nous.
Sainte Rita, généreuse dans le pardon, priez pour nous.
Sainte Rita, martyre de pénitence, priez pour nous.
Sainte Rita, veuve trés sainte, priez pour nous.
Sainte Rita, magnifique pour les pauvres, priez pour nous.
Sainte Rita, prompte à suivre la sainte vocation, priez pour nous.
Sainte Rita, miraculeusement appelée au cloître, priez pour nous.
Sainte Rita, modèle de vie religieuse, priez pour nous.
Sainte Rita, miracle de mortification, priez pour nous.
Sainte Rita, vase de myrrhe odorante, priez pour nous.
Sainte Rita, jardin choisi de toutes les vertus, priez pour nous.
Sainte Rita, pleine d’amour pour le Crucifié, priez pour nous.
Sainte Rita, transpercée par une épine de Jésus, priez pour nous.
Sainte Rita, fille aimante de Marie, priez pour nous.
Sainte Rita, languissante d’amour divin, priez pour nous.
Sainte Rita, reçue avec joie au Ciel, priez pour nous.
Sainte Rita, parée de gloire sublime, priez pour nous.
Sainte Rita, marguerite du Paradis, priez pour nous.
Sainte Rita, gloire de l’Ordre Augustinien, priez pour nous.
Sainte Rita, pierre précieuse de l’Ombrie, priez pour nous.
Sainte Rita, d’une extraordinaire puissance, priez pour nous.
Sainte Rita, astre bienfaisant des égarés, priez pour nous.
Sainte Rita, sûr réconfort des éprouvés, priez pour nous.
Sainte Rita, ancre de salut, priez pour nous.
Sainte Rita, protectrice des malades, priez pour nous.
Sainte Rita, secours dans les dangers, priez pour nous.
Sainte Rita, sainte des impossibles, priez pour nous.
Sainte Rita, avocate des cas désespérés, priez pour nous.
Sainte Rita, secours pour tous, priez pour nous.
Sainte Rita, merveille du monde, priez pour nous.

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous, Seigneur

Jésus-Christ, écoutez-nous Jésus-Christ, écoutez-nous
Jésus-Christ, exaucez-nous Jésus-Christ, exaucez-nous

Priez pour nous, sainte Rita.
- Afin que nous soyons dignes des promesses du Christ.

O Dieu, qui avez daigné donner à sainte Rita la grâce d’aimer ses ennemis, et de porter en son cœur et sur son front les marques de votre Amour et de votre Passion, donnez-nous, nous vous en supplions par son intercession et ses mérites, de pardonner aussi à nos ennemis et de contempler les douleurs de votre Passion, afin d’obtenir les récompenses que vous avez promises à ceux qui sont doux et éprouvés. Vous qui vivez et règnez dans l’unité du Père et du Saint-Esprit. – Amen.

PORTES VERROUILLEES (le 23 – 04 – 2006 ) – -Père J-B Blondeau

22 mai, 2013

http://www.philagora.fr/religion/23-04-06.htm

PORTES VERROUILLEES  (le 23 – 04 – 2006 ) – -Père J-B Blondeau

Portes verrouillées.

« Les portes sont verrouillées. les disciples ont peur. On. ferme toujours à clé quand on a peur. On transforme son logis en prison. les frontières aussi peuvent se verrouiller. L’étranger fait peur. Il dérange. Il encombre. Visiteurs importuns qui viennent crier misère sur nos rivages. On dresse des barbelés, que ceux qui sont à l’extérieur escaladent à mains nues et déchirées. Est-ce la peur des riches envahis par les pauvres? Il Y a les banlieues de la violence, les ghettos de la misère d’où il est difficile de sortir si ce n’est pour aller casser et brûler, et revenir en courant derrière les grilles de l’exclusion et du désœuvrement. Il Y a les ghettos de luxe, nous les voyons fleurir autour de nos villes, belles maisons regroupées derrière de hauts murs et des caméras. Peur sécuritaire. Ghettos contre ghettos. Qui abattra les murs pour construire des ponts disait Jean-Paul II ?
Et voilà qu’au milieu de !a peur « Jésus vint, et il était là, au milieu d’eux. ». Nous venons de fêter le Ressuscité dans nos églises, allons-nous le reconnaître au milieu de nos peurs et de nos verrouillages? Il nous dit ce qu’il disait déjà aux disciples terrifiés: « la paix soit avec vous ». Oui, la paix. Celle que l’on va commencer à voir poindre en nos cœurs, en nos esprits, en nos communautés, en nos peuples, si nous regardons ce qu’il nous montre: ses mains et son côté, percés par les clous, percé par la lance, percés par la violence, percé par l’amour. Coeur sacré de Jésus, ayez pitié de nous! ayez pitié de nos peurs, de nos divisions1.denos égoïsmes, personnels et nationaux de nos racismes et de nos xénophobies. Cœur percé de Jésus, aidez- nous à voir la misère du monde qui vient frapper à nos portes, aux portes verrouillées des peuples dont la richesse s’est largement constituée sur l’exploitation de cette misère ou la complicité avec ceux qui en elle exploitent leur propre peuple. Misère du Darfour qui sent le pétrole… Mais sommes-nous vraiment, et durablement, remplis de joie en voyant le Seigneur?

Et « Jésus dit de nouveau: la paix soit avec vous ! ». Quelle insistance! Il faudra bien çà, plus le souffle de l’Esprit pour rédimer notre péché, oui, cette insistance et ce souffle pour pousser les verrous et entendre la Parole qui nous envoie vers le monde, hors les murs, « de même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». Envoyés pour quoi faire? Pour annoncer l’Évangile, « les pauvres entendent – enfin! – une Bonne Nouvelle, les boiteux marchent, les sourds entendent, les aveugles voient, les lépreux sont guéris, les morts ressuscitent. Impossible de faire retentir cette espérance si nous restons derrière nos murs, derrière nos portes verrouillées. Regardez où se trouvait Mère Térésa , notre contemporaine, Vincent de Paul, notre aîné, et tant d’autres moins connus: au milieu des mourants et des galériens. Regardez où se trouvent les amis du Secours Catholique, du CCFD, des Conférences Saint Vincent de Paul, de tous les présents à la solidarité qui se sont réunis il y a quelques semaines autour de notre évêque, pour s’entendre confirmer leur mission dans l’Église, porteuse d’Espérance. Église certes ministre des Sacrements du Salut et de l’annonce de la Bonne Nouvelle, mais de quelle Résurrection ces sacrements seraient-ils signes s’ils n’étaient accompagnés des signes du salut qu’ils annoncent: la paix, la justice, la solidarité, la fraternité sans frontière, comme Jésus: malades guéris et pain multiplié, l’amour en un mot. Eucharistie tronquée si elle ne renvoie pas vers l’amour des hommes, ira jusqu’à écrire Benoît XVI.
Ce que nous dit l’Évangile au lendemain de Pâque, c’est qu11 nous faut passer de la peur à la foi, et non seulement au cours de nos réconfortantes et indispensables liturgies, mais sans cesse, au fil des évènements que la vie nous fait traverser. Ce que nous avons appris à Pâque c’est ce que nous ne pourrons faire que si le Christ nous visite, il franchit les portes verrouillées de nos cœurs, lui qui vient nous apporter la paix, avec insistance. Il faut que Jésus cesse de nous demeurer « extérieur » pour nous devenir intérieur et l’ami Thomas nous montre pour cela un bon chemin ». Oui, Thomas, lui qui n’était pas, comme les autres, physiquement enfermé, mais qui, comme nous, connaissait un autre enfermement, celui du « voir pour croire ». Voir, c’est de ne faire confiance qu’à soi-même, s’appuyer sur une expérience objective. C’est sans doute de l’ordre de la science, ce n’est pas de l’ordre de l’amour. Croire c’est faire confiance à celui qui me parle. Entendrons-nous, aujourd’hui encore, la Parole qui ouvre notre cœur à la paix et à l’espérance de la victoire sur le péché et la mort, le péché étant tout comportement qui empêche les autres de vivre et qui par conséquent :1étruit l’humanité. Il n’y a qu’à voir, hélas, les incendies qui embrasent notre planète, pour se convaincre de l’urgence d’annoncer la seule Parole qui puisse les éteindre.
Alors, cette Parole, baptisés accueillons-là! Comme Thomas notre frère passons du refus de croire qui fait que la Résurrection reste extérieure à notre vie, comme lui-même était extérieur à la salle de la Manifestation, à la foi qu’il va crier soudain. Oui, lui huit jours après, nous peut-être faudra-t-il des mois, des années… Mais ne désespérons pas. Ni de nous-mêmes, ni :les autres. Il suffit comme Thomas de rejoindre malgré tout la communauté: de rejoindre la foi de ceux qui ont cru, et n’est-ce pas la mission de l’Église que d’assurer cette présence d’accueil, pour que puisse enfin jaillir ce « Mon Seigneur et mon Dieu ! » qui change tout. Et Jésus, pour finir, exprime une chaleureuse promesse de bonheur pour ceux qui auront cru sans avoir vu car c’est là notre condition actuelle, c’est la condition de a foi, c’est la condition de l’espérance, c’est la condition de l’amour. »

Père BLONDEAU.

The Holy Trinity

21 mai, 2013

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PAPE FRANÇOIS : LA PRIÈRE OBTIENT DES MIRACLES

21 mai, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/la-priere-obtient-des-miracles

LA PRIÈRE OBTIENT DES MIRACLES

HOMÉLIE DU MATIN

Rome, 20 mai 2013 (Zenit.org) Anne Kurian

« Les miracles existent encore », et le chrétien les obtient par « une prière courageuse », une prière de « lutte », a dit le pape en substance, devant les employés de Radio Vatican, lors de la messe de ce 20 mai 2013.
Le pape a médité sur l’Evangile du jour, où Jésus se lamente de l’incrédulité des disciples, qui ne parviennent pas à guérir un enfant possédé : « Tout est possible pour celui qui croit », dit-il (Mc 9,14-29).

Une prière « courageuse »
Pour le pape, cette « incrédulité », c’est « le cœur qui ne s’ouvre pas, le cœur fermé, le cœur qui veut tout avoir sous contrôle », c’est-à-dire le cœur qui ne « donne pas le contrôle des choses à Jésus ». Tout croyant a « une part d’incrédulité en lui », a-t-il fait observer.
« Rien ne peut faire sortir cette espèce-là, sauf la prière », explique aussi Jésus dans l’Evangile. C’est donc « par une prière forte, une prière humble et forte, que Jésus peut faire le miracle ». En d’autres termes, a précisé le pape, « la prière pour demander un miracle, pour demander une action extraordinaire, doit être une prière impliquée », qui « implique » celui qui intercède.
Cette prière « courageuse », a expliqué le pape François, n’est pas « une prière de politesse », comme lorsqu’on dit : « je prierai pour toi » et qui se réduit finalement à « un Notre Père, un Je vous salue Marie » et puis « on oublie ».
« Non, a-t-il poursuivi, [il faut] une prière courageuse, comme celle d’Abraham qui luttait avec le Seigneur pour sauver la cité, comme celle de Moïse qui avait les mains levées et se fatiguait, en priant le Seigneur ; comme celle de tant de personnes, de tant de personnes qui ont la foi et qui prient avec la foi, prient, prient. »

Une prière « de lutte »
 Le pape a raconté une anecdote arrivée en Argentine : une enfant de 7 ans était malade et les médecins ne lui donnaient plus que quelques heures à vivre. Le père, « homme de foi », est « devenu comme fou et dans cette folie » a pris un autobus pour le sanctuaire marial de Lujan, à 70 km.
« Arrivé à 9h du soir, tout était fermé. Et il a commencé à prier la Vierge, les mains sur la grille en fer. Et il priait, il priait, il pleurait, il priait … et il resté là toute la nuit. Mais cet homme luttait : il luttait avec Dieu, pour la guérison de son enfant. A 6h du matin, il a repris le bus et est arrivé à l’hôpital à 9h. Il a trouvé sa femme en larmes. Et il a pensé au pire : « Mais que s’est-il passé ? ». « Les docteurs m’ont dit que la fièvre était tombée, qu’elle respire bien, qu’il n’y a rien ! Elle sortira dans deux jours, mais ils ne savent pas ce qui s’est passé ! ».
« Ceci arrive encore, non ? Les miracles existent encore ! », a poursuivi le pape. Mais pour obtenir des miracles, il faut prier « avec le cœur » : « une prière courageuse, qui lutte pour arriver à ce miracle ».
En résumé, « la prière fait des miracles, mais nous devons croire ! », a insisté le pape, invitant à « prier avec le coeur » à l’intention de ceux « qui souffrent dans les guerres, pour tous les réfugiés, tous les drames actuels », mais aussi à réciter cette prière : « Je crois, Seigneur, aide mon incrédulité ».

(20 mai 2013)

LA JOIE CHEZ LES PÈRES DE L’EGLISE…: JOIE ET SAINTETÉ

21 mai, 2013

http://peresdeleglise.free.fr/Joie/saintete.htm

LA JOIE CHEZ LES PÈRES DE L’EGLISE…

(ET QUELQUES AUTEURS CHRÉTIENS ULTÉRIEURS)

CHAPITRE 1ER

JOIE ET SAINTETÉ

Soulignons toute la complexité du sens du mot « saint » : formellement, ce terme, en français, vient de sanctus (latin) qui signifie « rendu sacré et inviolable » (à l’issue d’un rite de caractère religieux, alors que sacer = sacré, marque un état initial(1)) ; mais le terme latin a été aussi sémantiquement influencé par le sens du mot grec hagios (terme qui s’appliquait d’abord à des lieux redoutés, puis a désigné ce à l’égard de quoi on éprouve une crainte respectueuse : La « sainteté » grecque est assez « distante » de l’homme, comme celle de l’hébreu d’ailleurs, langue où le terme correspondant, qadoch, ne s’applique guère qu’à Dieu, à la Ville (sainte) Jérusalem ou au Temple, et exprime fondamentalement la « séparation » : en hébreu, la sainteté est le caractère de ce qui est séparé. L’usage dans le Nouveau Testament (Actes des Apôtres par exemple)(2), mais surtout chez Paul qui s’adresse par le terme de « saints », par exemple, à « ceux qui sont à Ephèse »(3), donc applique le mot à des vivants, des hommes et des femmes de tous les jours, témoigne d’une étonnante évolution, marquée par une compréhension très profonde du message du Christ : il n’y a plus « ni hommes ni femmes, ni juifs ni païens, ni esclaves ni hommes libres »(4), il n’y a plus un peuple « séparé », mais des frères dans le Seigneur à qui, jusqu’aux extrémités de la terre, le message du Christ doit être porté.
On notera encore sémantiquement, depuis le XIIe siècle, le voisinage de « saint » avec « bienheureux », mot composé qui au sens premier désigne ceux qui ont trouvé la béatitude : la joie éternelle, infinie : les deux termes « saints » et « bienheureux » deviennent historiquement à peu près interchangeables pour désigner ceux que l’Eglise considère, après leur mort, comme entrés dans la joie de Dieu et qu’elle propose comme modèles aux vivants. Ce n’est pas pour rien que nous pouvons dire aussi bien la « bienheureuse Vierge Marie » que « la sainte Vierge Marie ». Plus tardivement et techniquement on s’est mis à distinguer les « bienheureux », comme un premier degré de sainteté (ceux qui ont été béatifiés), les saints étant ceux qui ont atteint un degré supérieur de reconnaissance et qui ont été canonisés.
Il convient bien sûr de ne pas oublier, pour un panorama complet, ce sens aussi que nous y mêlons (dès le latin, mais surtout en français) : ceux qui vivent (ou ont vécu) une vie conforme à la morale.
Chez les Pères de l’Antiquité chrétienne, il faut souligner que la sainteté est souvent étroitement mêlée avec la joie, et de façon complexe : le saint est certes promis au bonheur futur (béatitude éternelle), mais il connaît déjà la joie en ce monde, malgré les épreuves. Je voudrais ici vous inviter à retrouver le sens essentiel, qui apparaît très clairement à la lecture des premiers Pères : le saint est fondamentalement celui qui vit dans la joie de Dieu et le concept n’est pas encore confondu avec l’idée de « perfection morale » : les saints sont ceux qui ont choisi Dieu, la vie avec Dieu). C’est encore en ce sens que nous parlons de la « communion des saints » (qui inclut bien sûr les vivants). Qu’il y ait des retombées morales, sans doute (celui qui vit avec Dieu ne fait pas n’importe quoi) ; mais ce qui est premier dans la sainteté c’est la présence de Dieu dans la vie des saints, et cette présence fait leur joie. Le saint ne peut ainsi qu’être joyeux (les hagiographies de martyrs soulignent très souvent cette « joie » jusque dans le martyre). Sainteté et joie sont donc intimement liées. Si la sainteté ne peut qu’être joyeuse, la vraie joie est nécessairement sainte.
Une première référence fort intéressante est les Odes de Salomon, un « recueil de quarante-deux poèmes composés par un mystérieux chantre au début de l’ère chrétienne » (Marie-Joseph Pierre, Avant-propos à l’Edition Brepols des Odes, p. 13) : c’est au début du XXe siècle que l’on a retrouvé le texte syriaque, puis d’autres, dans d’autres langues (des extraits souvent), pour certains de ces poèmes, au hasard des bibliothèques. On sait très peu de choses de cette œuvre, classée cependant parmi les apocryphes du Nouveau Testament (malgré une attribution traditionnelle à « Salomon ») où elle occupe une place à part du fait de son genre littéraire poétique, genre très peu attesté dans cette littérature. Longtemps considérée comme perdues, les Odes de Salomon, sont largement mentionnées dans la tradition chrétienne, et la découverte du texte a été un événement important.
« … le chantre-auteur, ou la tradition qui dépend de lui, dit que c’est Salomon qui parle – évidemment pas le Salomon historique, mais la glorieuse figure de sagesse royale dont il est le type. L’auteur des Odes écrit sous le pseudonyme du grand roi de l’Ancien Testament, selon une habitude fréquente chez les auteurs chrétiens anciens, qui n’ont pas le même sens de la propriété littéraire que les modernes. Ils se mettent en quelque sorte sous le patronage d’une grande figure biblique qui donne de l’autorité à leur texte ; mais ce n’est généralement pas une duperie : la figure biblique choisie pour « autoriser » leur œuvre situe cette dernière dans un esprit, un genre littéraire et une tradition d’interprétation qui lui donnent de la profondeur de champ par rapport à la simple création littéraire individuelle. » (Introduction de Marie-Joseph Pierre, Edition Brepols, p. 26).
Cf. Salomon, le sage, Roi-Messie (oint de Dieu), exorciste, constructeur du temple :
« L’attribution des Odes à Salomon semble donner une des clés de lecture du poème. En s’assimilant à la figure de sagesse royale, le chantre-auteur des Odes, se fait l’héritier de toute cette typologie vétéro-testamentaire. Il disparaît en tant qu’individu physique, pour n’être plus que le chantre du mystère spirituel d’avènement messianique du fils de l’homme, du roi fils de roi ; mystère d’action de grâce et de communion, de lutte aussi contre les opposants à l’économie du dévoilement de la mystérieuse sagesse de l’unique Seigneur. » (ibid., p. 32)
L’étude de l’œuvre et de la signification du pseudonyme de Salomon permet de dater l’œuvre comme appartenant à la très haute antiquité chrétienne : les premières années du IIe siècle ? L’auteur pourrait provenir du milieu judéo-chrétien de Jérusalem, proche du Temple, « ayant gardé mémoire des modes d’écriture et d’interprétation traditionnels, de tendance ascétique, compositeur de chants liturgiques, peut-être même lié à la famille de Jésus » (ibid., p. 54) (cf. on parle par exemple de Jacques, le premier évêque de Jérusalem(5), comme « frère de Jésus » – et l’auteur des Odes pourrait appartenir précisément à ce groupe.
Si dans les Odes de Salomon (texte d’ailleurs court), il y a peu d’attestations a priori du mot « joie », ce texte dans son ensemble « respire » la joie, et les attestations précises du mot nous apprennent beaucoup, en particulier sur le lien entre joie et sainteté :

Ode VII, 1-2 :
Comme la course de l’ardeur, sur le crime,
Ainsi la course de la joie, sur l’aimé,
Rapporte de ses fruits sans barrage.
Ma joie, c’est le Seigneur,
Ma course, vers lui,
Que ma Voie est belle !

Pour un commentaire : La hâte de la joie, la course de celui qui aime. Cf. Cantique des Cantiques : Cantique 2, 8 « J’entends mon bien-aimé. Voici qu’il arrive, sautant sur les montagnes, bondissant sur les collines. »
Importance de la voie, du chemin, dont on nous dit aussi (lien avec la sainteté) dans l’Ode XXII, 11-12 :
 Incorruptible fut ta Voie,
ta Figure.
Tu amenas ton monde au corruptible,
que soit déliée toute chose, renouvelée.
Qu’elle soit l’assise pour toute chose,
ta Pierre,
sur elle tu bâtis ton Royaume,
il fut l’habitacle des saints,
Alléluia.

Pour un commentaire : On retrouve : la Voie (« Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie », Jn 14, 6), la permanence et la solidité de la pierre (bâtir sur le roc, Dieu = rocher : thématique biblique, (cf. mon article sur « La joie, demeure lumineuse de l’Autre », mais on retrouve… la sainteté : la pierre comme lieu d’habitation des saints, de ceux qui vivent dans la présence de Dieu.

Ode XXIII, 1
La joie, celle des saints,
qui la vêtirait,
sinon eux seuls ?

Mais lire aussi 2-3 :

« La grâce, celle des élus,
qui la recevrait,
sinon ceux qui lui sont confiés dès le principe ?
L’amour, celui des élus,
qui le vêtirait,
sinon ceux qui l’ont acquis dès le principe ? »

Pour un commentaire : Rapport entre la joie et la grâce : joie et gratuité, joie et don…
La joie comparée à un vêtement : importance du vêtement comme parure, pour montrer la beauté de l’homme, créature de Dieu. Le vêtement révèle la nature de l’homme ou de la femme : ainsi on parle de « vêtement de captive » (Dt 21, 13 : « elle quittera son vêtement de captive »), de « vêtement de veuve » (Dt 24, 17 : « Tu ne porteras pas atteinte au droit de l’étranger et de l’orphelin, et tu ne prendras pas en gage le vêtement de la veuve ») ; on souhaite à l’ennemi la malédiction comme vêtement (Ps 108, 19) : « Qu’elle lui soit un vêtement qui l’enveloppe, une ceinture qui l’enserre constamment ! » ; on parle aussi de laisser son « vêtement de deuil » : très belle traduction du Frère Daniel Bourgeois pour la fin du Ps 29 :

« Alors, tu as changé mon chant funèbre en une danse,
Tu as dénoué mon vêtement de deuil
pour me revêtir d’allégresse,

Pour que mon coeur Te chante et ne se taise plus.
Seigneur, mon Dieu, je Te rendrai grâce à jamais ! »

Et penser aussi au Ps 44, 8 : « ton vêtement n’est plus que myrrhe et aloès. Des palais d’ivoire, les harpes te ravissent. » Ceux qui habitent devant le Seigneur ont « nourriture à satiété et vêtement magnifique » (Is 23, 18)…
Vêtir la joie, c’est révéler son identité : identité du saint qui « a revêtu la joie de son Seigneur ». Penser aussi à l’importance du geste qui consiste à « déchirer son vêtement » = signe de deuil. Celui qui est dans la joie se vêt ; celui qui est en deuil, dans la tristesse déchire son vêtement.

Ode XXXII [entière]
Joie, en vrai

Les bienheureux, la joie est de leur cœur,
la Lumière, de celui qui habite en eux,
le Verbe, du Vrai,
celui qui fut de soi-même,
puisqu’il se roborait en la force sainte du Très-Haut,
lui qui est inébranlable aux siècles des siècles
Alléluia.

Pour un commentaire : La joie est toujours lumineuse (cf. « La joie demeure lumineuse de l’Autre ») : la joie est fondamentalement associée à la lumière dans la Bible, lumière de Dieu, soleil levant, lumière qui éclaire l’homme dans ce monde… Nous sommes invités à devenir des « fils de lumière », comme nous sommes invités à être « fils de Dieu » ( » Vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48) (repris par Jésus de Lv 19, 2 : « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint »). Mais aussi : « Tant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin de devenir des fils de lumière. » (Jn 12, 36 ).
Tout au long des Odes, il est clairement dit : « Ma joie c’est le Seigneur ». C’est là cette joie des saints, des bienheureux (des « saints » qui ne sont pas seulement ces morts que nous honorons : les saints que nous sommes). En continuant la lecture des Odes, on peut mieux comprendre ce qu’est la sainteté pour l’auteur anonyme :

Lors je n’aurais su aimer le Seigneur
si lui ne m’avait aimé.
qui pourrait discerner l’amour
sinon celui qui est aimé ?
(Ode III, 3-4)

ou encore :

Lors, ce qui s’unit à ce qui ne meurt pas
sera lui aussi immortel
celui qui est agréé par la Vie
sera vivant.
(Ode III, 8-9)

La joie est interdite à celui qui est frustré. Mais le saint a reçu toute la grâce du Seigneur : comment serait-il frustré ?

Lors, celui qui vêtirait ta Grâce,
serait-il frustré ?
Puisque ton sceau est connu,
lui sont connues tes créatures.
(Ode IV, 6-7)

[noter encore le "vêtement"].

La sainteté (et la joie) sont liées à l’éternité : le saint est celui qui ne meurt pas parce que le Seigneur est avec lui (et il est dans la joie) :

Si branle toute chose,
moi je tiens debout.
Si périt chose du visible,
moi je ne mourrai pas,
puisque le Seigneur est avec moi,
et moi avec lui.
Alléluia.
(Ode V, 13-15)

On voit comment dans ce texte des premiers temps de l’Eglise, la sainteté n’est absolument pas la « moralité » : mais liée à la présence de Dieu qui ne nous abandonne pas : les saints sont ceux qui sont aimés de Dieu…
Nous avons vu que les images qui sont liées à la joie dans ces Odes sont très profondément nourries de la Bible : la course de celui qui est joyeux, le rocher, la lumière, la force, la grâce, la vie… mais également le chant :

Ode XXVI [entière]
Je fis sourdre la gloire au Seigneur
puisque je suis à lui,
J’énoncerai son saint chant,
puisque mon cœur est près de lui.

Lors sa cithare est en mes mains,
point ne feront silence les chants de son repos.
Je crierai près de lui de tout mon cœur,
le glorifierai, le surexalterai de tous mes membres.

Lors de l’orient jusqu’au couchant,
la gloire sienne,
du midi jusqu’au nord,
sienne la louange,
de la cime des hauts
jusqu’à leur lisière, la plénitude sienne.

Qui écrit les chants du Seigneur,
ou qui les lit ?
Ou qui s’exerce lui-même à la vie,
pour se sauver lui-même ?
Ou qui repose sur le Très-Haut
pour parler par sa bouche ?

Qui peut interpréter les merveilles du Seigneur ?
Puis lors qu’il les interprète, il est délié,
demeure l’interprété.

Lors, il suffit de connaître et de se reposer,
lors les chantres sont debout dans la reposée,
comme un fleuve à la riche source
coule à l’aide de tels qui le quêtent.
Alléluia.

Celui qui est dans la joie chante : il chante ce cantique nouveau de l’homme nouveau (de celui qui a reçu le commandement nouveau) : cf. Augustin, cours de l’année dernière sur « St Augustin lit et commente St Jean »
Si la sainteté est présence de Dieu, présence à chaque homme dans sa singularité, il y a nécessairement une grande variété de saints puisque chaque histoire est unique ; il n’y a pas un seul modèle de sainteté, mais autant que de saints. A nous d’inventer notre propre sainteté… Mais ce qui est commun à toutes, certainement, c’est la présence de Dieu, présence lumineuse, présence unifiante qui construit l’amour des frères comme sont construites et assemblées les pierres de l’édifice (cf. sermon d’Augustin pour la dédicace d’une église).

Dove of Holy Spirit

18 mai, 2013

Dove of Holy Spirit dans images sacrée Holy-Spirit

http://cardinalsblog.adw.org/2012/12/reconciliation-is-the-sacrament-of-the-year-of-faith/

DIMANCHE 31 MAI 2009 – MÉDITATION SUR LA PENTECÔTE, DE FRÈRE ALOIS, : « QUE TON SOUFFLE DE BONTÉ ME CONDUISE ! »

18 mai, 2013

http://paroissemacampagne-puymoyen.over-blog.com/article-32071152.html

DIMANCHE 31 MAI 2009 – MÉDITATION SUR LA PENTECÔTE, DE FRÈRE ALOIS, PRIEUR DE LA COMMUNAUTÉ DE TAIZÉ

PENTECÔTE : « QUE TON SOUFFLE DE BONTÉ ME CONDUISE ! »

Dans de nombreuses régions du monde, quand revient la fête de Pentecôte la nature se fait belle. Le printemps éclate, l’été s’annonce déjà, le blé lève, et le vent se plait à jouer dans les épis, comme si c’était lui qui les faisait croître. En Israël la fête de la Pentecôte était une action de grâces pour les blés mûrs. Dans plusieurs paraboles, Jésus parle du Royaume de Dieu venant à travers une maturation. Pentecôte marque le temps de la récolte.
Mais Pentecôte est aussi l’irruption de la nouveauté, de l’inespéré. Ce qui s’est passé au Sinaï en a été la préfiguration, qui trouve maintenant un accomplissement. Dieu fait connaître sa volonté, pourtant sa Loi ne s’inscrit plus sur des tables de pierre, mais dans les cœurs. Ce n’est plus un seul, Moïse, qui se tient devant Dieu ; le feu de l’Esprit descend sur chacun. Par l’Esprit Saint, Dieu vient lui-même habiter en nous. Sans intermédiaire il est là. C’est pour nous faire entrer dans une relation personnelle avec Dieu que l’Esprit Saint nous est donné.
Si l’Esprit Saint reste souvent discret, s’effaçant lui-même, c’est qu’il ne veut pas prendre notre place, mais plutôt fortifier notre personne. Au fond de notre être, il dit inlassablement le oui de Dieu à notre existence. Alors il est une prière accessible à chacun : « Que ton souffle de bonté me conduise ! » (Psaume 143.10) Portés par ce souffle, nous pouvons avancer.
A la fin de sa vie, frère Roger adressait ses prières de plus en plus souvent à l’Esprit Saint. Il voulait nous entraîner à une confiance dans sa présence invisible. Il savait que le combat intérieur pour s’abandonner au souffle de l’Esprit et croire à l’amour de Dieu est décisif dans une vie humaine.
Depuis de longues années, plusieurs de mes frères vivent en Corée. Un jour que je les visitais, nous sommes allés dans un monastère bouddhiste. Nous y avons reçu un accueil très fraternel. J’ai éprouvé une grande admiration pour ces moines bouddhistes qui avec courage cherchent à être conséquents avec leur vision. Ils font un effort énorme pour se décentrer d’eux-mêmes et s’ouvrir à une réalité plus grande qu’eux, à un absolu. Ils ont développé une profonde sagesse, une recherche de miséricorde que nous partageons avec eux.
Mais comment tiennent-ils, me suis-je demandé, sans croire en un Dieu personnel ? Leur engagement implique une solitude extrême. Nous, comme chrétiens, nous croyons que l’Esprit Saint nous habite, en lui nous formons le corps du Christ, nous nous adressons à Dieu en lui disant « Tu » : c’est un pas énorme, inimaginable pour une grande partie de l’humanité. En sommes-nous assez conscients ?
J’en suis revenu empli d’un nouvel émerveillement pour la Révélation apportée par le Christ et je me suis dit : n’est-il pas urgent, pour nous les chrétiens, de montrer par notre vie que l’Esprit Saint est agissant ?
Commençons par approfondir le mystère de la communion qui nous unit. Quand nous nous tournons ensemble vers le Christ, dans une prière commune, l’Esprit Saint nous rassemble dans cette unique communion qu’est l’Église et nous donne de naître à une vie nouvelle.
Le premier don de l’Esprit Saint est le pardon. Le Christ ressuscité a dit aux siens : « Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. » (Jean 20.22-23) L’Église est d’abord une communion de pardon. Quand nous comprenons que Dieu nous donne son pardon, nous devenons capables de le donner aussi à d’autres. Bien sûr, nos communautés, nos paroisses sont toujours pauvres et loin de ce dont nous rêvons. Mais l’Esprit Saint est continuellement présent dans l’Église et nous fait avancer sur le chemin du pardon.
Si le Christ nous envoie proclamer la Bonne Nouvelle au monde entier, il nous demande aussi de discerner les signes de sa présence là où il nous précède. Les premiers chrétiens ont été surpris de découvrir la présence de l’Esprit là où ils ne l’attendaient pas (voir Actes 10). Jésus lui-même a été frappé par la foi d’un soldat romain. (Luc 7.1-10) Sommes-nous capables de nous étonner en reconnaissant les attentes spirituelles de nos contemporains ?
Laissons aussi croître dans nos vies les fruits de l’Esprit : « Amour, joie, paix, patience, bienveillance, bonté, confiance dans les autres, douceur, maitrise de soi. » (Galates 5.22-23). L’Esprit nous met en route vers les autres, et d’abord vers ceux qui sont plus pauvres que nous. Dans une solidarité concrète avec les démunis, la lumière de l’Esprit Saint peut inonder notre vie.
Oui l’Esprit Saint est à l’œuvre aujourd’hui. Il redit sans cesse l’amour de Dieu dans notre cœur. Heureux qui ne s’abandonne pas à la peur, mais au souffle de l’Esprit Saint. Celui-ci est aussi l’eau vive, il est l’Esprit de paix, qui peut irriguer notre cœur et se communiquer, à travers nous, dans le monde.

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