Réflexions d’un méditant chrétien – Il ne s’agit pas, lorsque l’on prie, de parler à Dieu, mais de l’écouter ou d’être avec lui

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Réflexions d’un méditant chrétien

Il ne s’agit pas, lorsque l’on prie, de parler à Dieu, mais de l’écouter ou d’être avec lui.

John Main, osb

Pendant la méditation il est possible que rien ne se passe ou que nous ne reconnaissions pas le Christ

En revanche, le fait d’avoir pris ce temps d’attention et de silence, en disant le mantra, peut se faire ressentir de façon plus évidente en dehors de la méditation. Pour ma part, il m’arrive régulièrement de vivre une rencontre ou un office d’une façon plus intense, et dans ces cadres-là, il ne fait aucun doute qu’il s’agit du Dieu des chrétiens.
Mais apporter une réponse chrétienne à cette question est en effet complexe. Pour ma part, j’ai croisé plusieurs personnes revenant du bouddhisme pour ancrer leur cheminement dans la foi chrétienne. Ils voyaient une différence décisive au niveau des thèmes qui ont habituellement tendance à fâcher : la conscience du péché et la grâce du pardon.
Cependant, le témoignage qui m’a le plus interpellé est peut-être celui d’Arouna Lipschitz, une femme d’origine juive qui a rejeté sa religion pour devenir moine en Inde pendant 10 ans jusqu’à être ordonné swami (maître hindou). Elle fit ensuite volte-face pour une spiritualité basée sur le développement personnel (pas loin de l’extrême inverse !). Elle dit s’être rendu compte qu’à force de travailler sur son égo, les autres n’existaient plus dans son monde réel : « J’étais installée sur un banc, dans le mal d’une grande ville canadienne, je regardais les gens, me moquant d’eux, de leur façon de marcher, de s’exprimer, de s’habiller et tout à coup, j’ai vu leurs visages, le visage humain de chacun, sa part de vulnérabilité, sa fragilité et donc sa force. Ce regard différent posé sur eux m’a permis de redescendre dans mon cœur et, soudain, de les trouver intéressants et dignes d’être aimés ». Pour elle, la méditation poussée à son extrême dans une quête spirituelle, nous entraîne vers le mystère, l’essence des choses, vers le retour à l’Un, qui gomme la conscience d’altérité (non-dualisme) si importante dans la spiritualité judéo-chrétienne.
L’impression que ces témoignages me donnent c’est qu’il est possible d’aller assez loin et de connaître des expériences de lumières, d’énergies, d’éveil, de réaliser un accomplissement humain, parfois impressionnant, mais qui reste toujours inférieur à la grâce de Dieu révélé comme le tout Autre. Le constat que dresse Saint Paul, et le Christianisme, c’est qu’il est impossible à l’homme d’atteindre Dieu et de réaliser lui-même son salut. L’auteur du « Nuage de l’Inconnaissance » conscidère que cette forme de prière est un don et un appel. Aussi, la méditation n’est idéalement chrétienne que si nous laissons l’Esprit du Christ prier en nous, en y étant attentif, dans la conscience de la présence.
Le staretz Silouane, moine du mont Athos qui pratiquait l’hésychasme (proche de la méditation chrétienne) mettait en garde contre ce qu’il jugeait être des illusions (Archimandrite Sophrony, Starets Silouane, moine du mont Athos, Vie – Doctrine – Ecrits Edition Présence, Belley, 1982, p. 101. 151-173. 177) :
L’impassibilité n’est pas un au-delà du bien et du mal,
La contemplation ne doit pas résulter d’une contrainte imposée au mental (forcer sur le mantra et adopter une répétition mécanique),
Ne pas confondre l’expérience de Dieu et celle du dépouillement. Si nous ressentons un repos et une douceur particulière c’est d’abord en conséquence d’une libération que permet la méditation. Si nous percevons comme une lumière ce n’est pas encore Dieu, mais la dimension de l’esprit de l’homme (selon l’anthropologie ternaire corps, âme, esprit) créé à l’image de Dieu.
La méditation doit procéder d’un élan vers Dieu, d’un sentiment de retour à Dieu (repentir/métanoia), d’une élévation du cœur.
Les conseils qu’on entendra souvent côté orthodoxe, concernent le faite de mener une vie chrétienne active, de lire et partager la parole au sein de l’église, de ne pas négliger les autres formes de prière. La méditation devient alors la forme de piété la plus élevée qui dépend du reste de l’édifice.
On peut lire ces choses chez John Main et Laurence Freeman qui de mon point de vu ne donnent pas le même rôle à la méditation que celui qu’on peut retrouver dans les spiritualités orientales. De la même manière les musulmans, les juifs, ou les zoroastriens adressent des prières monothéistes à Dieu. Ce n’est pas pour autant que ça prend le même sens que la prière chrétienne. Un méditant non-chrétien pourra avoir une interprétation différente de son expérience elle-même guidée par sa démarche de recherche. Quelqu’un qui n’est pas en recherche risque alors de trouver un vide.

Christian
Forum CMMC

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