PORTES VERROUILLEES (le 23 – 04 – 2006 ) – -Père J-B Blondeau
http://www.philagora.fr/religion/23-04-06.htm
PORTES VERROUILLEES (le 23 – 04 – 2006 ) – -Père J-B Blondeau
Portes verrouillées.
« Les portes sont verrouillées. les disciples ont peur. On. ferme toujours à clé quand on a peur. On transforme son logis en prison. les frontières aussi peuvent se verrouiller. L’étranger fait peur. Il dérange. Il encombre. Visiteurs importuns qui viennent crier misère sur nos rivages. On dresse des barbelés, que ceux qui sont à l’extérieur escaladent à mains nues et déchirées. Est-ce la peur des riches envahis par les pauvres? Il Y a les banlieues de la violence, les ghettos de la misère d’où il est difficile de sortir si ce n’est pour aller casser et brûler, et revenir en courant derrière les grilles de l’exclusion et du désœuvrement. Il Y a les ghettos de luxe, nous les voyons fleurir autour de nos villes, belles maisons regroupées derrière de hauts murs et des caméras. Peur sécuritaire. Ghettos contre ghettos. Qui abattra les murs pour construire des ponts disait Jean-Paul II ?
Et voilà qu’au milieu de !a peur « Jésus vint, et il était là, au milieu d’eux. ». Nous venons de fêter le Ressuscité dans nos églises, allons-nous le reconnaître au milieu de nos peurs et de nos verrouillages? Il nous dit ce qu’il disait déjà aux disciples terrifiés: « la paix soit avec vous ». Oui, la paix. Celle que l’on va commencer à voir poindre en nos cœurs, en nos esprits, en nos communautés, en nos peuples, si nous regardons ce qu’il nous montre: ses mains et son côté, percés par les clous, percé par la lance, percés par la violence, percé par l’amour. Coeur sacré de Jésus, ayez pitié de nous! ayez pitié de nos peurs, de nos divisions1.denos égoïsmes, personnels et nationaux de nos racismes et de nos xénophobies. Cœur percé de Jésus, aidez- nous à voir la misère du monde qui vient frapper à nos portes, aux portes verrouillées des peuples dont la richesse s’est largement constituée sur l’exploitation de cette misère ou la complicité avec ceux qui en elle exploitent leur propre peuple. Misère du Darfour qui sent le pétrole… Mais sommes-nous vraiment, et durablement, remplis de joie en voyant le Seigneur?
Et « Jésus dit de nouveau: la paix soit avec vous ! ». Quelle insistance! Il faudra bien çà, plus le souffle de l’Esprit pour rédimer notre péché, oui, cette insistance et ce souffle pour pousser les verrous et entendre la Parole qui nous envoie vers le monde, hors les murs, « de même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». Envoyés pour quoi faire? Pour annoncer l’Évangile, « les pauvres entendent – enfin! – une Bonne Nouvelle, les boiteux marchent, les sourds entendent, les aveugles voient, les lépreux sont guéris, les morts ressuscitent. Impossible de faire retentir cette espérance si nous restons derrière nos murs, derrière nos portes verrouillées. Regardez où se trouvait Mère Térésa , notre contemporaine, Vincent de Paul, notre aîné, et tant d’autres moins connus: au milieu des mourants et des galériens. Regardez où se trouvent les amis du Secours Catholique, du CCFD, des Conférences Saint Vincent de Paul, de tous les présents à la solidarité qui se sont réunis il y a quelques semaines autour de notre évêque, pour s’entendre confirmer leur mission dans l’Église, porteuse d’Espérance. Église certes ministre des Sacrements du Salut et de l’annonce de la Bonne Nouvelle, mais de quelle Résurrection ces sacrements seraient-ils signes s’ils n’étaient accompagnés des signes du salut qu’ils annoncent: la paix, la justice, la solidarité, la fraternité sans frontière, comme Jésus: malades guéris et pain multiplié, l’amour en un mot. Eucharistie tronquée si elle ne renvoie pas vers l’amour des hommes, ira jusqu’à écrire Benoît XVI.
Ce que nous dit l’Évangile au lendemain de Pâque, c’est qu11 nous faut passer de la peur à la foi, et non seulement au cours de nos réconfortantes et indispensables liturgies, mais sans cesse, au fil des évènements que la vie nous fait traverser. Ce que nous avons appris à Pâque c’est ce que nous ne pourrons faire que si le Christ nous visite, il franchit les portes verrouillées de nos cœurs, lui qui vient nous apporter la paix, avec insistance. Il faut que Jésus cesse de nous demeurer « extérieur » pour nous devenir intérieur et l’ami Thomas nous montre pour cela un bon chemin ». Oui, Thomas, lui qui n’était pas, comme les autres, physiquement enfermé, mais qui, comme nous, connaissait un autre enfermement, celui du « voir pour croire ». Voir, c’est de ne faire confiance qu’à soi-même, s’appuyer sur une expérience objective. C’est sans doute de l’ordre de la science, ce n’est pas de l’ordre de l’amour. Croire c’est faire confiance à celui qui me parle. Entendrons-nous, aujourd’hui encore, la Parole qui ouvre notre cœur à la paix et à l’espérance de la victoire sur le péché et la mort, le péché étant tout comportement qui empêche les autres de vivre et qui par conséquent :1étruit l’humanité. Il n’y a qu’à voir, hélas, les incendies qui embrasent notre planète, pour se convaincre de l’urgence d’annoncer la seule Parole qui puisse les éteindre.
Alors, cette Parole, baptisés accueillons-là! Comme Thomas notre frère passons du refus de croire qui fait que la Résurrection reste extérieure à notre vie, comme lui-même était extérieur à la salle de la Manifestation, à la foi qu’il va crier soudain. Oui, lui huit jours après, nous peut-être faudra-t-il des mois, des années… Mais ne désespérons pas. Ni de nous-mêmes, ni :les autres. Il suffit comme Thomas de rejoindre malgré tout la communauté: de rejoindre la foi de ceux qui ont cru, et n’est-ce pas la mission de l’Église que d’assurer cette présence d’accueil, pour que puisse enfin jaillir ce « Mon Seigneur et mon Dieu ! » qui change tout. Et Jésus, pour finir, exprime une chaleureuse promesse de bonheur pour ceux qui auront cru sans avoir vu car c’est là notre condition actuelle, c’est la condition de a foi, c’est la condition de l’espérance, c’est la condition de l’amour. »
Père BLONDEAU.
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