Archive pour le 18 mai, 2013
DIMANCHE 31 MAI 2009 – MÉDITATION SUR LA PENTECÔTE, DE FRÈRE ALOIS, : « QUE TON SOUFFLE DE BONTÉ ME CONDUISE ! »
18 mai, 2013http://paroissemacampagne-puymoyen.over-blog.com/article-32071152.html
DIMANCHE 31 MAI 2009 – MÉDITATION SUR LA PENTECÔTE, DE FRÈRE ALOIS, PRIEUR DE LA COMMUNAUTÉ DE TAIZÉ
PENTECÔTE : « QUE TON SOUFFLE DE BONTÉ ME CONDUISE ! »
Dans de nombreuses régions du monde, quand revient la fête de Pentecôte la nature se fait belle. Le printemps éclate, l’été s’annonce déjà, le blé lève, et le vent se plait à jouer dans les épis, comme si c’était lui qui les faisait croître. En Israël la fête de la Pentecôte était une action de grâces pour les blés mûrs. Dans plusieurs paraboles, Jésus parle du Royaume de Dieu venant à travers une maturation. Pentecôte marque le temps de la récolte.
Mais Pentecôte est aussi l’irruption de la nouveauté, de l’inespéré. Ce qui s’est passé au Sinaï en a été la préfiguration, qui trouve maintenant un accomplissement. Dieu fait connaître sa volonté, pourtant sa Loi ne s’inscrit plus sur des tables de pierre, mais dans les cœurs. Ce n’est plus un seul, Moïse, qui se tient devant Dieu ; le feu de l’Esprit descend sur chacun. Par l’Esprit Saint, Dieu vient lui-même habiter en nous. Sans intermédiaire il est là. C’est pour nous faire entrer dans une relation personnelle avec Dieu que l’Esprit Saint nous est donné.
Si l’Esprit Saint reste souvent discret, s’effaçant lui-même, c’est qu’il ne veut pas prendre notre place, mais plutôt fortifier notre personne. Au fond de notre être, il dit inlassablement le oui de Dieu à notre existence. Alors il est une prière accessible à chacun : « Que ton souffle de bonté me conduise ! » (Psaume 143.10) Portés par ce souffle, nous pouvons avancer.
A la fin de sa vie, frère Roger adressait ses prières de plus en plus souvent à l’Esprit Saint. Il voulait nous entraîner à une confiance dans sa présence invisible. Il savait que le combat intérieur pour s’abandonner au souffle de l’Esprit et croire à l’amour de Dieu est décisif dans une vie humaine.
Depuis de longues années, plusieurs de mes frères vivent en Corée. Un jour que je les visitais, nous sommes allés dans un monastère bouddhiste. Nous y avons reçu un accueil très fraternel. J’ai éprouvé une grande admiration pour ces moines bouddhistes qui avec courage cherchent à être conséquents avec leur vision. Ils font un effort énorme pour se décentrer d’eux-mêmes et s’ouvrir à une réalité plus grande qu’eux, à un absolu. Ils ont développé une profonde sagesse, une recherche de miséricorde que nous partageons avec eux.
Mais comment tiennent-ils, me suis-je demandé, sans croire en un Dieu personnel ? Leur engagement implique une solitude extrême. Nous, comme chrétiens, nous croyons que l’Esprit Saint nous habite, en lui nous formons le corps du Christ, nous nous adressons à Dieu en lui disant « Tu » : c’est un pas énorme, inimaginable pour une grande partie de l’humanité. En sommes-nous assez conscients ?
J’en suis revenu empli d’un nouvel émerveillement pour la Révélation apportée par le Christ et je me suis dit : n’est-il pas urgent, pour nous les chrétiens, de montrer par notre vie que l’Esprit Saint est agissant ?
Commençons par approfondir le mystère de la communion qui nous unit. Quand nous nous tournons ensemble vers le Christ, dans une prière commune, l’Esprit Saint nous rassemble dans cette unique communion qu’est l’Église et nous donne de naître à une vie nouvelle.
Le premier don de l’Esprit Saint est le pardon. Le Christ ressuscité a dit aux siens : « Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. » (Jean 20.22-23) L’Église est d’abord une communion de pardon. Quand nous comprenons que Dieu nous donne son pardon, nous devenons capables de le donner aussi à d’autres. Bien sûr, nos communautés, nos paroisses sont toujours pauvres et loin de ce dont nous rêvons. Mais l’Esprit Saint est continuellement présent dans l’Église et nous fait avancer sur le chemin du pardon.
Si le Christ nous envoie proclamer la Bonne Nouvelle au monde entier, il nous demande aussi de discerner les signes de sa présence là où il nous précède. Les premiers chrétiens ont été surpris de découvrir la présence de l’Esprit là où ils ne l’attendaient pas (voir Actes 10). Jésus lui-même a été frappé par la foi d’un soldat romain. (Luc 7.1-10) Sommes-nous capables de nous étonner en reconnaissant les attentes spirituelles de nos contemporains ?
Laissons aussi croître dans nos vies les fruits de l’Esprit : « Amour, joie, paix, patience, bienveillance, bonté, confiance dans les autres, douceur, maitrise de soi. » (Galates 5.22-23). L’Esprit nous met en route vers les autres, et d’abord vers ceux qui sont plus pauvres que nous. Dans une solidarité concrète avec les démunis, la lumière de l’Esprit Saint peut inonder notre vie.
Oui l’Esprit Saint est à l’œuvre aujourd’hui. Il redit sans cesse l’amour de Dieu dans notre cœur. Heureux qui ne s’abandonne pas à la peur, mais au souffle de l’Esprit Saint. Celui-ci est aussi l’eau vive, il est l’Esprit de paix, qui peut irriguer notre cœur et se communiquer, à travers nous, dans le monde.