Archive pour le 16 mai, 2013

Our Lady of China

16 mai, 2013

Our Lady of China dans images sacrée Chinalady

http://salesianity.blogspot.it/2009/11/cardinal-zen-on-mary-help-of-christians.html

LA MÉDITATION POUR QUE DISPARAISSE L’EGO

16 mai, 2013

http://www.meditation-chretienne.org/meditation_ego.htm

LA MÉDITATION POUR QUE DISPARAISSE L’EGO

JOHN MAIN O.S.B.

 » Si nous pouvons abandonner l’ego, nous pouvons entrer dans le royaume de Dieu.
Aucun rituel magique ne nous y conduira, seulement la mort du faux ego.
Seul l’amour nous donne la force de tout laisser pour entrer dans cet ordre nouveau de l’être. »

Willigis Jager

La méditation est un moyen de parvenir à une réalité incommensurable au-delà de toutes les images. Le problème qui se pose à nous au cours de ce cheminement, c’est que nous devons contourner notre ego qui est le fabricateur suprême d’images, de nous-mêmes la plupart du temps, et dans une moindre mesure, des autres et même de Dieu.
Lorsque l’on commence à méditer, l’ego réagit immédiatement. Il rassemble ses forces en péril et pose la question : « Vas-tu perdre du temps à cela ? Quel progrès fais-tu ? À quoi arrives-tu ? » Si l’on est plutôt du genre obstiné et que l’on continue à méditer malgré ses sarcasmes, il essaiera probablement une autre tactique : « Tu fais ça merveilleusement bien, tu vas devenir saint, tu es fait pour la mystique »… Et c’est ainsi que l’ego se met à fabriquer à notre intention l’image de l’homme ou de la femme vraiment spirituelle. Très vite, cette image se brise et nous voilà revenus au point de départ. Il existe d’innombrables moyens par lesquels l’ego essaiera de nous décourager, de nous faire arrêter de méditer, car l’ego sait dès le départ que si nous méditons, si nous dépassons vraiment toute image pour atteindre la réalité, il… sera détrôné. Il perdra son pouvoir.
Alors, pourquoi faudrait-il méditer ? Je pense que nous arrivons tous, en fin de compte, à la réponse suivante : à des moments variables dans nos vies, nous avons tous voulu rechercher avec force la vérité, Dieu. La méditation répond à ce besoin… Ce que nous savons, je pense, c’est que nous avons tous essayé de prier, nous avons tous voulu prier, et nous avons tous échoué. Mais à un certain moment, nous arrivons à la conclusion que la sagesse que nous recevons de la tradition contemplative de prière est une sagesse qui transforme l’échec en triomphe. Le silence et la pauvreté dont nous faisons l’expérience en méditation deviennent dignes de foi. Nous savons que Dieu ne s’analyse pas. Nous savons qu’avec nos esprits limités, nous ne comprendrons pas l’infinitude de Dieu. Mais nous savons aussi, ou du moins nous commençons à le soupçonner vaguement, que nous pouvons faire l’expérience de l’amour de Dieu pour nous… Ce savoir qui vient de l’expérience nous enseigne aussi que les images fabriquées par l’ego, qu’elles soient d’impuissance ou de sainteté, doivent toutes être abandonnées. Aucune ne peut être prise au sérieux…
La réussite et l’échec cèdent la place à ce que l’expérience de la méditation nous a amenés à connaître comme vrai : la mort et la résurrection. Chaque fois que nous nous asseyons pour méditer, nous mourons à nous-mêmes et nous ressuscitons au-delà de nos limitations dans la vie nouvelle en Christ. Nous savons que c’est sa vie en nous, son Esprit qui habite en nos cœurs, qui est réel et l’énergie essentielle de notre croissance. Nous savons aussi que nous ne réaliserons pleinement notre potentiel que si nous sommes enracinés dans cette réalité, enracinés dans cet amour et vivants par sa force. Nous avons à apprendre à dire notre mot de prière. Nous avons à apprendre comment le dire du début à la fin de notre méditation. Nous avons à comprendre que c’est la discipline quotidienne qui, finalement, ôte les masques de l’ego. Une fois démasqué, il disparaît. Il ne faut pas être impatient ou abattu. Il faut dire le mot de prière, avec foi, jour après jour. Réussite ou échec n’auront plus d’importance. La seule chose qui compte est la réalité de Dieu, la réalité de sa présence dans notre cœur…

John Main o.s.b., The Way of Unknowing, “Beyond All Images” (Au-delà des images), New York, Crossroad, 1990, p. 41-43.
Extrait de la lettre hebdomadaire de la Communauté Mondiale des Méditants Chrétiens
Communauté Mondiale de Méditants Chrétiens (CMMC)

ST AUGUSTIN LIT ET COMMENTE ST JEAN

16 mai, 2013

http://peresdeleglise.free.fr/Augustin/commandementnouveau.htm

ST AUGUSTIN LIT ET COMMENTE ST JEAN

CHAPITRE 5E : LE COMMANDEMENT NOUVEAU

On trouve ce « commandement nouveau », l’Amour, tout particulièrement au cœur du 65e Tractatus, avec la question : Comment ce commandement « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » est-il nouveau, alors qu’inscrit dans la loi ancienne, il apparaît si ancien ?
Nous aurons aussi recours au Commentaire sur la première Epître de St Jean qui est surtout une méditation sur l’amour (à l’image de la 1ère épître de Jean).

Aimer même nos ennemis.
« Quelle est la perfection de l’amour ? D’aimer même nos ennemis, et de les aimer à cette fin qu’ils deviennent nos frères » … « Aime tes ennemis en souhaitant qu’ils deviennent tes frères ; aime tes ennemis en demandant qu’ils soient appelés à entrer en communion avec toi. » (Comment. sur la 1ère Ep., Tr, 1, 9).
Dans le texte de référence « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », ce qui est très important, en effet c’est : « aimer comme je vous ai aimés ». C’est pour cela qu’il convient d’aimer ses ennemis.
« C’est ainsi, en effet qu’a aimé celui qui, suspendu à la Croix, disait : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » [Lc 23, 24] Il n’a pas dit : « Père, fais en sorte qu’ils vivent longtemps ; moi, ils me mettent à mort ; mais eux, qu’ils vivent ! Non, que dit-il ? « Pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » Il voulait les arracher à la mort éternelle, par une prière toute de miséricorde et une puissance toute de force. Nombre d’entre eux crurent, et il leur fut pardonné d’avoir versé le sang du Christ. D’abord ils le versèrent en s’acharnant contre lui, ensuite ils le burent en croyant en lui. » A ce signe nous savons que nous sommes en lui, si en lui nous sommes parfaits. » C’est à cette perfection de l’amour des ennemis que le Seigneur nous invite, lorsqu’il dit : « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait. » [MT 5, 48].(Tr I, 9, p. 135)
Pour arriver à cela, il faut déjà aimer ses frères : sans quoi on ne peut être dans la lumière et on est un menteur :
« Aimez vos ennemis » ? Gardez-vous du moins, ce qui serait plus grave, de haïr vos frères. Si vous n’aimez que vos frères, vous ne seriez pas encore parfaits ; mais si vous haïssez vos frères, qu’êtes-vous ? où en êtes-vous ? Que chacun regarde en son cœur ! Qu’il ne garde pas rancune à son frère, pour quelque parole dure ; que pour une chicane de la terre, il ne devienne pas terre ! Quiconque hait son frère en effet, qu’il ne prétende pas marcher dans la lumière ! Que dis-je ? Qu’il ne prétende pas marcher dans le Christ ! » Quiconque prétend être dans la lumière tout en haïssant son frère, est encore dans les ténèbres. » (Tr I, 11, p. 139)
L’explication plus complète de « l’amour des ennemis » viendra plus tard.

L’amour du monde qui détourne de l’amour de Dieu.
« Mais comment pourrons-nous aimer Dieu, si nous aimons le monde ? Dieu prépare donc en nous l’inhabitation de la charité. Il y a deux amours : du monde et de Dieu ; là où habite l’amour du monde, nul accès à l’amour de Dieu. Que l’amour du monde cède la place, et que Dieu habite en nous : que le meilleur occupe la place. Tu aimais le monde, renonce à l’amour du monde ; lorsque tu auras vidé ton cœur de tout amour terrestre, tu puiseras l’amour de Dieu : et déjà commence d’habiter en toi la charité, d’où ne peut provenir aucun mal. Ecoutez donc les paroles de celui qui ne veut que purifier. Le cœur humain est pour lui comme un champ : mais en quel état le trouve-t-il ? S’il y trouve une forêt, il défriche ; s’il trouve un champ nettoyé, il plante. Il veut y planter un arbre, la charité. Et quelle forêt veut-il défricher ? L’amour du monde. Ecoute ce que dit le défricheur de forêt : N’aimez pas le monde – c’est le verset qui suit – ni ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, la dilection du Père n’est pas en lui. » (Tr. II, 8)
Pourquoi ne pas aimer le monde ? Le Christ lui-même est venu dans le monde mais :

« Combien grande est la différence, bien qu’ils soient tous deux dans la prison, entre un accusé et celui qui vient le voir ! Il arrive en effet qu’un homme vienne voir son ami, lui rende visite : apparemment tous deux sont en prison, mais leur condition est bien distincte et différente ! L’un est sous le coup d’une accusation, l’autre est venu par amitié. De même nous étions détenus en cette vie mortelle par le péché ; lui, il y est descendu par miséricorde. Il est venu vers le captif en rédempteur, non en accusateur. Le Seigneur a versé son sang pour nous, il nous a rachetés, il a changé notre destin en espérance. Nous portons encore la mortalité de la chair, mais nous avons le gage de l’immortalité future : nous sommes ballottés sur la mer, mais déjà nous avons fixé sur le sol l’ancre de l’espérance. » (Tr II, 10, pp. 171-173)
Le monde d’après St Jean, rappelle Augustin, est
convoitise de la chair
convoitise des yeux
amibition du monde.
Et il s’interroge : pourquoi n’aimerais-je pas le monde que le Seigneur a fait ?
« Pourquoi n’aimerai-je pas ce que Dieu a fait ? Que l’Esprit de Dieu soit en toi pour te faire voir que tout cela est bon ; mais malheur à toi si, en aimant les créatures, tu abandonnes le Créateur ! Elles te semblent belles ? mais combien plus beau celui qui les a faites ! » (ibid. p. 173)
Suit alors une comparaison très « augustinienne » :
« … supposons qu’un fiancé donne une bague à sa fiancée ; si celle-ci préfère la bague à son fiancé, qui a fait cette bague pour elle, ne surprend-on pas, dans cet attachement au cadeau du fiancé, un cœur adultère, encore que cette jeune fille aime ce que lui a donné son fiancé ? Bien sûr, elle aime ce que lui a donné son fiancé ; pourtant, si elle disait : Cette bague me suffit ; mais lui, je ne veux plus le voir, quelle femme serait-ce là ? qui ne condamnerait cette folie ? qui ne convaincrait ce cœur d’adultère ? Tu aimes l’or au lieu de l’homme, tu aimes la bague au lieu du fiancé : si tels sont tes sentiments que tu préfères la bague au fiancé et ne veuilles plus voir ton fiancé, alors le gage qu’il t’a donné n’est plus lien d’amour, mais cause d’aversion. En te donnant ce gage, le fiancé espérait être aimé pour lui-même à travers ce gage. Si donc Dieu t’a donné toutes ces choses, aime-le, lui qui les a faites. Il veut te donner plus, je veux dire se donner, lui qui les a faites. Mais si tu aimes ces choses, même faites par Dieu, en négligeant le Créateur et en aimant le monde, ton amour ne sera-t-il pas tenu pour adultère ? (Tr II, 11, p. 173-175).
Ceux qui aiment le monde, ceux qui sont le monde :
« désirent manger, boire, coucher ensemble, s’adonner aux plaisirs de cette sorte. Est-ce à dire qu’on ne puisse user de ces choses avec mesure ? Ou alors, quand on dit : « N’aimez pas ces plaisirs », faut-il comprendre qu’il faut ne pas manger, ne pas boire, ne pas procréer d’enfants ? Ce n’est pas cela qu’on veut dire ! Mais vous devez, selon l’intention du Créateur, en user avec mesure, afin de ne pas vous laisser enchaîner par l’amour de ces choses : de crainte d’aimer pour en jouir ce qui ne vous est donné que pour en user. » (Tr II, 12, p. 175-177).
Augustin compare avec les tentations du Christ ce qu’il baptise « convoitise de la chair », « convoitise des yeux », « ambition du monde ». Fidèles aux paroles du Christ qui repousse le Tentateur, nous échappons à la convoitise du monde. (réf. dans l’Evangile à : Mt 4, 1-11 ; Lc 4, 1-13).
Pourquoi le commandement est nouveau ?
Il y a trois nouveautés :
Aimer comme Jésus nous a aimés
Appel à être des hommes nouveaux (conséquences de l’amour de Dieu)
Etre des chantres du cantique nouveau.
1) Le commandement est nouveau parce qu’il est assorti de « comme je vous ai aimés » : cf. Hom. Sur l’Evangile de Jean, Tract 65, 1 :
« Le Seigneur Jésus affirme qu’il donne à ses disciples un commandement nouveau, celui de l’amour mutuel, lorsqu’il dit : Je vous donne un commandement nouveau, c’est de vous aimer les uns les autres.
Est-ce que ce commandement n’existait pas déjà dans la loi ancienne, puisqu’il y est écrit : Tu aimeras ton prochain comme toi-même ? Pourquoi donc le Seigneur appelle-t-il nouveau un commandement qui est évidemment si ancien ? Est-ce un commandement nouveau parce qu’en nous dépouillant de l’homme ancien il nous revêt de l’homme nouveau ? Certes, l’homme qui écoute ce commandement, ou plutôt qui y obéit, est renouvelé non par n’importe quel amour mais par celui que le Seigneur a précisé, en ajoutant, afin de le distinguer de l’amour charnel : Comme je vous ai aimés.
[…]
C’est cet amour-là qui nous renouvelle, pour que nous soyons des hommes nouveaux, les héritiers du testament nouveau, les chantres du cantique nouveau. » [cité d'après Livre des Jours, pp. 406-407]
S’aimer comme Jésus nous a aimés : par ces derniers mots, le Seigneur distingue l’amour mutuel qu’il demande à ses disciples :
non seulement de l’amour coupable que se portent des adultères ou de la solidarité qui lie des complices de crimes ou de brigandages (amour illicite)
mais encore de l’amour naturel qu’ont entre eux les époux, les parents et les enfants, les amis, etc. (amour licite et même « commandé »).
Il s’agit là de « charité humaine » qui est différente de la « charité divine » que Jésus demande aux siens.
2) Le commandement est nouveau surtout parce qu’il nous rend nouveaux !
C’est ainsi qu’Augustin formule la nouveauté dans le Tr 10, 4 du Commentaire sur la 1ère Epître : « Ce commandement est nouveau parce qu’il rend nouveau ». Il continue :
« Quel est le commandement de Dieu ? le commandement nouveau, justement dit nouveau, parce qu’il renouvelle l’homme. »
Il s’agit de ne plus être à l’étroit mais d’ »habiter au large » (Tr X, 6, p. 425), car l’amour de Dieu dilate nos cœurs :
« Aimez tous les hommes, même vos ennemis ; non parce qu’ils sont vos frères, mais pour qu’ils soient vos frères ; en sorte que toujours vous brûliez d’amour fraternel, soit pour celui qui est déjà votre frère, soit pour que votre ennemi, afin qu’à force d’amour, vous en fassiez votre frère. » (Tr. X, 7, p. 429).
On retrouve cela aussi au début du Sermon 336, 1 :
« Voulant entrer et habiter en nous, le Seigneur Christ disait comme pour bâtir sa maison : Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Vous étiez vieux, vous n’étiez pas encore pour moi une demeure, vous gisiez dans vos ruines. Donc, pour vous arracher à la vieillerie de vos ruines, aimez-vous les uns les autres. »
La priorité est donnée à ce commandement de l’amour :
« Quelle autre question le Seigneur a-t-il posée à Pierre, après sa Résurrection, sinon celle-ci : « M’aimes-tu ? » Et il ne se contenta pas de l’interroger une fois ; mais, une seconde fois, même question, une troisième fois, même question. Bien que, la troisième fois, Pierre se fût attristé à la pensée que le Seigneur ne se fiait pas à lui, comme s’il ignorait ce qui se passait dans son cœur, cependant le Seigneur lui posa cette question une première, une seconde, une troisième fois. Trois fois la crainte a renié, trois fois l’amour a confessé. » (Tr. V, 4 Commentaire sur la 1ère Ep., p. 253).
La perfection de ce commandement est d’être prêt à mourir pour ses frères, mais surtout pour ses ennemis :
« C’est de cette charité que le Seigneur lui-même a donné l’exemple, lui qui est mort pour tous, a prié pour ceux qui le crucifiaient en disant : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » Mais s’il était seul à agir ainsi, il ne serait plus notre Maître, puisqu’il n’aurait pas de disciples. A sa suite, les disciples ont agi comme lui. Lapidé, Etienne se met à genoux et dit : « Seigneur, ne leur impute pas ce crime ». Il aimait ceux qui le tuaient, car c’est pour eux aussi qu’il mourait. Ecoute également l’apôtre Paul : « Je me dépenserai moi-même tout entier pour vos âmes. » Il était en effet de ceux pour lesquels priait Etienne, quand celui-ci mourait de leurs mains. » (Comment. sur la 1ère Ep., Tr V, 4, p. 255).
Il poursuit en rappelant le propos de Jean disant « quiconque hait son frère est un homicide » :
« Ne vous figurez pas, frères, que ce soit faute légère de haïr ou de ne pas aimer. Ecoutez ce qui suit : Quiconque hait son frère est un homicide. Si donc jusqu’alors quelqu’un prenait à la légère la haine qu’il a pour son frère, prendra-t-il également à la légère l’homicide qu’il commet dans son cœur ? Il ne fait pas un geste pour tuer un homme que déjà le Seigneur le tient pour homicide. Cet homme vit, et lui déjà est jugé meurtrier. Quiconque hait son frère est un homicide. Or vous savez qu’aucun homicide n’a la vie éternelle demeurant en lui. »
Pécher contre l’amour n’est pas seulement pécher contre celui qu’on n’aime pas : c’est pécher contre Dieu qui est amour : dit avec insistance par Augustin un peu plus loin dans le Tr. VII.
Mais comment atteindre cette perfection de la charité ? Cela commence par de petites choses :
« Si tu n’es pas encore capable de murir pour ton frère, sois déjà capable de lui donner de tes biens » (V, 12, p. 269).
Attention : la charité doit être sincère : on peut donner ses biens sans amour (souci de sa réputation, de popularité, gloire humaine…).
Les exigences du véritable amour sont donc :
la charité active :
« Si jamais vous voulez conserver la charité, mes frères, gardez-vous par dessus tout de croire qu’elle est languissante et oisive, et qu’on la conserve par une sorte de mansuétude, – que dis-je mansuétude, disons plutôt indolence et mollesse. Ce n’est pas ainsi qu’on la conserve. Ne te figure pas que tu aimes ton serviteur, quand tu ne le frappes pas ; que tu aimes ton fils, quand tu ne châties pas ; que tu aimes ton voisin, quand tu ne le reprends pas : ce n’est pas là charité, mais tiédeur. Que la charité soit fervente à corriger, à reprendre ! Si la vie est pure, réjouis-toi ; si elle est mauvaise, reprends, corrige. Ne va pas, dans l’homme, aimer l’erreur, mais l’homme ; car l’homme, c’est l’œuvre de Dieu ; l’erreur, c’est l’œuvre de l’homme. Aime l’œuvre de Dieu, non l’œuvre de l’homme. Aimer celle-ci, c’est détruire celle-là ; chérir celle-là, c’est purifier celle-ci. Mais, même s’il t’arrive de sévir, que ce soit par amour du mieux. » (p. 333, VII, 11)
la charité toujours :
« Les œuvres de miséricorde, les sentiments de charité, une piété sainte, une chasteté incorruptible, une tempérance qui garde la mesure, ce sont là vertus auxquelles nous devons toujours être fidèles. En public comme en privé, devant les hommes comme en notre chambre, qu’on parle ou se taise, qu’on soit occupé ou de loisir, ce sont vertus auxquelles nous devons toujours être fidèles : car toutes ces vertus que je viens d’énumérer sont intérieures. » (Tr VIII, 1, p. 339).
la charité humble :
« [L'Evangile (Mt 6, 1) dit] :  » Gardez-vous de faire vos bonnes œuvres devant les hommes pour être vus d’eux. » A-t-il voulu dire que, quelque bien que nous fassions, nous devions nous cacher aux yeux des hommes et craindre d’en être vus ? Si tu crains les spectateurs, tu n’auras pas d’imitateurs : il faut donc qu’on te voie. Mais tu ne dois pas agir pour qu’on te voie. Là ne doit pas être la fin de ta joie, le terme de ton bonheur, comme si tu estimais avoir obtenu tout le fruit de ta bonne action, quand on t’aura vu et loué. Cela, c’est néant. Méprise-toi, quand on te loue : que celui-là soit loué en toi, qui agit par toi. Le bien que tu fais, ne le fais donc pas pour ta propre gloire, mais pour la gloire de celui qui te donne de bien faire. » (p. 341, Tr. VIII, 2)
l’amour des ennemis : la question a été posée dès le traité 4 et sous forme de contradiction : Le Seigneur commande d’aimer ses ennemis et Jean ne parle que d’amour fraternel : n’y a-t-il pas là contradiction ? Augustin y revient dans le Tr. VIII et propose enfin une solution : ce que le chrétien doit voir dans son ennemi, c’est un frère appelé à la même sainteté que lui (Augustin reprend l’exemple du Christ mourant pour ses bourreaux : « Souhaite [à ton ennemi] d’avoir part avec toi à la vie éternelle ; souhaite-lui d’être ton frère. Si donc tu souhaites, en aimant ton ennemi, qu’il devienne ton frère : quand tu l’aimes, c’est un frère que tu aimes » (p. 361, Tr VIII, 10) :
« Cherche la raison pour laquelle le Christ te dit d’aimer tes ennemis. Est-ce pour qu’ils demeurent à jamais tes ennemis ? S’il te prescrit de les aimer pour qu’ils demeurent tes ennemis, tu les hais, tu ne les aimes pas. Considère comment lui-même les a aimés : non pour qu’ils demeurassent ses persécuteurs, comme le montrent les paroles : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » Vouloir qu’ils soient pardonnés, c’était vouloir qu’ils soient changés ; vouloir qu’ils soient changés, c’était, d’ennemis qu’ils étaient, daigner faire d’eux des frères : et c’est bien ce qu’il a fait. » (p. 363, Tr VIII, 10).
La conclusion est que nous ne pourrions pas aimer « comme Dieu nous a aimés » s’il ne nous avait aimés le premier (idée centrale sur laquelle Augustin revient plusieurs fois) :
« Pourrions-nous l’aimer, s’il ne nous avait aimés le premier ? Si nous étions paresseux à l’aimer, ne soyons pas paresseux à lui rendre amour pour amour. Il nous a aimés le premier ; mais pour nous il n’en va pas de même. Il nous a aimés pécheurs, mais il a effacé le péché ; il nous a aimés pécheurs, mais il ne nous a pas rassemblés pour que nous commettions le péché. Il nous a aimés malades, mais il est venu parmi nous pour nous guérir. » (p. 325, Tr. VII, 7)
ou encore :
« En effet, comment pourrions-nous aimer, si lui ne nous avait aimés le premier ? En l’aimant, nous sommes devenus ses amis ; mais ce sont des ennemis qu’il a aimés pour en faire des amis. Le premier il nous a aimés, et nous a donné de l’aimer. Nous ne l’aimions pas encore ; en l’aimant nous devenons beaux. » (p. 397 , Tr. IX, 9).
3) Avec le commandement nouveau, nous sommes chantres du cantique nouveau.
C’est la troisième nouveauté annoncée plus haut.
Augustin lie commandement nouveau, homme nouveau, Testament nouveau, cantique nouveau ; mais c’est une affaire de cœur et non pas de temps qui distingue la Nouvelle Alliance et l’Ancienne Alliance : sous la loi ancienne il a existé des justes qui ont compris spirituellement les promesses terrestres ; sous la loi nouvelle, il y a des injustes qui n’ont pas reçu la parole de Dieu et qui n’ont pas été transformés.
Les commentaires principaux en la matière sont donnés dans les Enarrationes in Psalmos, commentaires sur les Ps 95 et 149.
« ‘Chantez au Seigneur un cantique nouveau’. Au vieil homme l’ancien cantique, au nouvel homme, un cantique nouveau. L’Ancien Testament est l’ancien cantique ; le Nouveau Testament est le cantique nouveau. L’ancien Testament contient des promesses temporelles et terrestres. Quiconque aime les biens de la terre, chante l’ancien cantique, quiconque veut chanter le cantique nouveau, doit aimer les choses éternelles. Ce nouvel amour est aussi éternel ; il est donc éternellement nouveau, parce qu’il ne vieillit jamais. Car à la bien considérer, c’est là une chose ancienne ; comment peut-elle être en même temps nouvelle ? Mes frères, est-ce que la vie éternelle est née récemment ? C’est le Christ lui-même qui est la vie éternelle et, en tant qu’il est Dieu, il n’est pas né récemment, car au commencement était le Verbe et le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu ; il était en Dieu au commencement. Toutes choses ont été faites par lui et rien n’a été fait sans lui (Jn 1, 3). Si les choses qu’il a faites sont anciennes, qu’est-il lui-même, lui par qui elle s ont été faites ? Qu’est-il, s’il n’est éternel et co-éternel avec son Père ? Mais nous, qui sommes tombés dans le péché, nous sommes, par le péché tombés dans la vieillesse. C’est en effet notre voix qui dit, en gémissant, dans un autre Psaume : J’ai vieilli au milieu de tous mes ennemis (Ps 6, 8) : L’homme a vieilli par suite du péché, il est renouvelé par la grâce. Tous ceux qui sont renouvelés dans le Christ chantent donc le cantique nouveau et ils commencent ainsi à être dignes de la vie éternelle.
C’est aussi le cantique de la paix, c’est le cantique de l’amour. Quiconque se sépare de la communion des saints ne doit pas chanter le cantique nouveau. En effet, il a suivi l’impulsion de l’animosité du vieil homme et non celle de l’amour nouveau. Qu’y a-t-il dans cet amour nouveau. La paix, lien d’une sainte société, union étroite et spirituelle, édifice composé de pierres vivantes. Où est cet édifice ? Il est, non pas en un seul lieu, mais dans l’univers entier. C’est ce que nous voyons dans un autre Psaume, où il est dit : Chantez au Seigneur un cantique nouveau, que la terre entière adresse des cantiques au Seigneur (Ps 95, 1). Nous comprenons par là que celui qui ne chante pas avec toute la terre, chante l’ancien cantique, quelles que soient les paroles qui sortent de sa bouche. » En. in Ps. 149, 1-2
Le cantique nouveau produit des fruits d’amour et d’unité : « Que nul ne se sépare de l’unité, que nul ne s’en retire par le schisme si vous êtes froment, sachez supporter la paille jusqu’à ce que le vannage ait lieu. » (En. in Ps. 149, 3).
« Le Seigneur, qui aime le cantique nouveau, vous l’apprend en disant : « Que celui qui veut être mon disciple, se renonce lui-même, qu’il porte sa croix et qu’il me suive. »" (ibid. 149, 7)
Cette idée était déjà présente dans le Commentaire du Ps 95, 2 :
« ‘Chantez au Seigneur un cantique nouveau ; ô terre entière, chantez au Seigneur’ (Ps 95,1) Si toute la terre chante un cantique nouveau, la maison du Seigneur se construit lorsque la terre chante ; car c’est ce chant même qui l’élève, pourvu qu’il ne soit rien chanté de vieux. La cupidité de la chair chante ce qui est vieux, l’amour de Dieu chante ce qui est nouveau. Quoi que vous chantiez sous l’inspiration de la cupidité, vous ne chanterez que ce qui est vieux, et lors même que votre bouche prononcerait les paroles du Cantique nouveau, la louange n’est pas belle dans la bouche du pécheur [Eccl, XV, 9]. Il vaut mieux être l’homme nouveau et garder le silence, que d’être le vieil homme et de chanter ; car si vous êtes l’homme nouveau et que vous vous taisiez, les oreilles des hommes ne vous entendront pas, mais votre cœur n’en chantera pas moins le Cantique nouveau, et ce cantique parviendra jusqu’aux oreilles de Dieu, qui a fait de vous un homme nouveau. Vous aimez et vous gardez le silence ; or, l’amour même est une voix qui monte vers Dieu, et l’amour même est le Cantique nouveau. Ecoutez la preuve que c’est là le Cantique nouveau : « Je vous donne, dit le Seigneur, un commandement nouveau, qui est que vous vous aimiez les uns les autres (Jn XIII, 34) ». Toute la terre chante donc le Cantique nouveau, et c’est là qu’est bâtie la maison de Dieu. Toute la terre est donc la maison de Dieu. Si toute la terre est la maison de Dieu, quiconque n’est pas attaché à la terre tout entière, ne fait partie que d’une ruine et non de la maison de Dieu : il est cette vieille ruine, dont le vieux Temple était l’ombre. C’est là en effet que ce qui était vieux a été jeté bas, pour élever à la place ce qui est nouveau. » (En. In Ps., 95, 2).
Le résultat du cantique nouveau est la « rénovation par l’Amour ». L’édifice grandit par l’annonce avec zèle du Seigneur et de sa gloire :
« Si vous prétendez annoncer votre propre gloire, vous tomberez ; si vous annoncez sa gloire, c’est vous-même que vous placez dans l’édifice, en l’élevant. C’est pourquoi ceux qui prétendent annoncer leur propre gloire refusent de faire partie de cette maison, et c’est pour cela qu’ils ne chantent pas le cantique nouveau avec toute la terre ». (ibid).

Conclusion
« Chantez avec la voix, chantez avec le cœur, chantez avec la bouche, chantez par toute votre vie : Chantez au Seigneur un chant nouveau. Vous cherchez comment chanter celui que vous aimez ? Car, sans aucun doute, tu veux chanter celui que tu aimes. Tu cherches quelles louanges lui chanter ? Vous avez entendu : Chantez au Seigneur un chant nouveau. Vous cherchez où sont ses louanges ? Sa louange est dans l’assemblée des fidèles. La louange de celui que l’on veut chanter, c’est le chanteur lui-même.
Vous voulez dire les louanges de Dieu ? Soyez ce que vous dites. Vous êtes sa louange, si vous vivez selon le bien. » (Commentaire sur le Ps 149 – Livre des Jours, p. 378)