Archive pour avril, 2013

LE PATRIARCHE MARONITE CÉLÈBRE UNE MESSE POUR LA FRANCE

3 avril, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/le-patriarche-maronite-celebre-une-messe-pour-la-france

LE PATRIARCHE MARONITE CÉLÈBRE UNE MESSE POUR LA FRANCE

LE CHRIST RESSUSCITÉ MET LE MONDE DANS UN ÉTAT DE RÉSURRECTION

ROME, 3 AVRIL 2013 (ZENIT.ORG)

« LE CHRIST RESSUSCITÉ MET LE MONDE DANS UN ÉTAT DE RÉSURRECTION », AFFIRME LE PATRIARCHE MARONITE BOUTROS BÉCHARA RAÏ QUI A CÉLÉBRÉ, LE LUNDI DE PÂQUES, 1ER AVRIL, UNE MESSE POUR LA FRANCE.

MESSE POUR LA FRANCE, HOMÉLIE DU PATRIARCHE BÉCHARA RAÏ

MONSIEUR L’AMBASSADEUR,

    Chers frères et amis,

    1. C’est avec une grande joie que je vous souhaite la bienvenue, Monsieur l’Ambassadeur, avec mes confrères les Evêques et les prêtres de ce Patriarcat ici présents. Je salue aussi vos collaborateurs dans cette Sainte Messe que nous célébrons, comme chaque année aux intentions de la France, de l’Etat et du peuple français, à qui nous souhaitons joie, paix et prospérité. Nous Vous prions de transmettre au Président de la République Monsieur François Hollande nos meilleurs vœux pour la Fête de Pâques, lui souhaitant tout succès pour le bien de la France et de l’humanité.
    2. À la lumière de l’Evangile d’aujourd’hui, nous ressemblons en quelque sorte aux Disciples de Jésus qui ne crurent pas les témoins de vue de Sa résurrection : Marie de Magdala, et les deux d’entre eux. Car ils étaient encore tellement bouleversés par le choc de Sa crucifixion. C’est pourquoi « Jésus leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leurs cœurs » (Mc16 : 14).
    Quant à nous chrétiens, nous croyons le témoignage des Evangiles et de la tradition vivante de l’Eglise qui nous transmettent que le Christ fut livré à mort pour nos péchés et est ressuscité pour notre justification (Rm 4 : 25). Nous nous demandons : est-ce que nous vivons selon l’exigence de notre foi ? Reconnaissons-nous que nous sommes pécheurs et que nous avons besoin de recourir aux sacrements pour être sanctifiés par la grâce du Christ Rédempteur qui renouvelle la face du monde par l’action de Son Esprit – Saint ?
    La foi chrétienne subit aujourd’hui une crise de croyance et de pratique. Elle est secouée par tant de phénomènes : la perte ou l’oubli de Dieu et sa mise à la marge de notre vie et en dehors de toutes nos occupations ; l’athéisme idéologique prôné par Nitche, Marx, Sartre, Freud, Camus… ; l’athéisme pratique qualifié par certains penseurs comme « mort de Dieu dans la conscience humaine » ; le sécularisme, l’intellectualisme, la mentalité de capitalisme et de consumérisme, le radicalisme et le laïcisme qui affirme de manière réductrice que la religion relève exclusivement de la sphère privée comme si elle n’était qu’un culte individuel et domestique situé hors de la vie, de l’éthique et l’altérité (Cf. Ecclesia in Medio Oriente, 29 ; ma Lettre Pastorale : Foi et Temoignage, pp. 18-25).
   En cette année de foi, nous sommes tous appelés à approfondir notre foi et à la proclamer en action et parole.
3. Les événements inquiétants et douloureux qui nous menacent nous invitent, Français et Libanais, à multiplier nos efforts au service de la Paix, de la dignité des hommes et des femmes et du bien-être de l’Humanité. Le rôle de la France au sein de la FINUL en est l’illustration. Vos troupes s’évertuent, depuis 1978, au maintien d’une paix, fragile, certes, mais nécessaire. Maintes fois, la France a démontré, par l’action, son engagement réel. Nos pensées et nos prières vont à tous ceux et celles qui ont payé, par le sang et la douleur, le prix de ce combat humain.
A ce moment précis où cette région du monde, jadis berceau des civilisations, souffre de divisions, de conflits, de malheurs, de sang et de larmes, nous faisons appel à la raison et à la paix entre les hommes. La France des valeurs n’est pas loin de comprendre la misère des innocents et l’espérance de ceux qui souffrent. La France des lumières ne sera pas indifférente, non plus, face à la montée du radicalisme et du fondamentalisme et à la prolifération d’un obscurantisme fort des contradictions politiques et des pesanteurs régionales et internationales.
    4. Les Chrétiens d’Orient se sentent de plus en plus délaissés dans leur passion de rester sur leurs terres ancestrales et de continuer d’y promouvoir les valeurs chrétiennes et culturelles et celles de la modernité. Etant citoyens originaires dans leurs différents pays depuis 2000 ans, ils  ne peuvent pas être considérés comme des minorités chez eux. Ils ne demandent pas d’être protégés. Ils réclament plutôt leurs droits de citoyenneté, tout comme les autres concitoyens musulmans ou juifs. Ils ont d’ailleurs offert, et offrent toujours à leurs pays une précieuse contribution sur tous les plans : culturel, économique, commercial, industriel et politique. Ils ont marqué leurs sociétés par leurs valeurs.

    Monsieur l’Ambassadeur,
    5. Des forces obscures œuvrent à désarticuler les Etats et les institutions, et à tenter inlassablement d’allumer la ‘fitna’ entre les différentes confessions jusque-là paisiblement coexistantes, et, quelle ironie ! au nom de la démocratie et du « printemps arabe ». Nous ne pourrons conjurer leurs méfaits calamiteux que par la certitude de la foi pascale au triomphe définitif de la Vie sur la Mort, et par la clairvoyance des pays amis et des hommes de bonne volonté. Cette foi nous pousse à rencontrer le Christ Sauveur, et à le rechercher dans le visage de nos frères et sœurs, en nous mettant au service des plus faibles, des pauvres, des malades, des déplacés et des délaissés, comme les étrangers réfugiés parmi nous, les personnes âgées, les jeunes, les enfants et les opprimés de tous bords.
    6. Avec vous, Monsieur l’Ambassadeur, nous honorons la mémoire de Saint Louis IX, Roi de France et initiateur de notre amitié franco-libanaise, dans sa fameuse Charte du 24 mai 1250, et renouvelée par le Roi Louis XIV dans sa Lettre du 28 avril 1649. Nous prions pour les hommes et les femmes de bonne volonté dans nos deux pays, afin qu’ils ne baissent jamais les bras devant la guerre et les injustices, mais déploient toujours au mieux leurs efforts d’artisans de paix, chez eux et à travers le monde. Car le Christ est ressuscité et a mis le monde dans un état de résurrection. A Lui toute gloire à jamais. Amen.

-Luk-24,13_Emmaus_on_the_way_en_route

2 avril, 2013

-Luk-24,13_Emmaus_on_the_way_en_route dans images sacrée 17%20BLOEMAERT%20EMMAUS%20DISCIPLES

http://www.artbible.net/3JC/-Luk-24,13_Emmaus_on_the_way_en_route/slides/17%20BLOEMAERT%20EMMAUS%20DISCIPLES.html

APPRENDRE À TROUVER LE TEMPS D’ÊTRE « MAINTENANT »…JE VOUS RÉPONDRAI À LA MANIÈRE RUSSE

2 avril, 2013

http://www.meditation-chretienne.org/meditation_antoine_bloom_maintenant.htm

APPRENDRE À TROUVER LE TEMPS D’ÊTRE « MAINTENANT »

TROUVERAI-JE LE TEMPS DE TOUT FAIRE ?
JE VOUS RÉPONDRAI À LA MANIÈRE RUSSE : « SI VOUS NE MOUREZ PAS AVANT, VOUS AUREZ LE TEMPS. SI VOUS MOUREZ AVANT, VOUS N’AUREZ PAS À LE FAIRE ! » .

MÉTROPOLITE ANTOINE BLOOM

Il y a donc, en ce qui concerne le temps, des moments où, sans entrer autant dans le détail, il est possible de percevoir que l’instant présent est là : le passé a irrémédiablement disparu, il n’a plus d’importance, sauf dans la mesure où il fait encore partie du présent, et on peut dire la même chose de l’avenir parce qu’il peut être ou ne pas être. C’est ce qui arrive par exemple lors d’un accident, dans une situation dangereuse qui exige que vous agissiez avec la rapidité de l’éclair : vous n’avez pas le temps de passer confortablement du passé dans l’avenir. Il vous faut être si totalement dans le présent que toutes vos énergies, tout votre être se trouvent condensés dans le « maintenant ».
Vous découvrez avec un vif intérêt que vous vous trouvez dans le maintenant. Vous connaissez le plan très, très mince dont la géométrie nous dit qu’il n’a pas d’épaisseur ; ce plan géométrique qui n’a aucune épaisseur, qui est « maintenant », se déplace le long des lignes du temps ou, plutôt, le temps se déploie sous ce plan et vous apporte, « maintenant », tout ce dont vous aurez besoin dans l’avenir.
Telle est la situation dans laquelle il nous faut apprendre à nous trouver et il nous faut apprendre cela d’une façon plus paisible. Nous devons, je pense, nous exercer à arrêter le temps et à nous tenir dans le présent, dans ce « maintenant » qui se trouve être aussi le point d’intersection du temps et de l’éternité.
Que pouvons-nous faire dans ce but ? Voici un premier exercice.
Vous pouvez vous y essayer lorsque vous n’avez absolument rien à faire, lorsque rien ne vous pousse de côté ou d’autre et que vous pouvez vous accorder cinq minutes, trois minutes, une demi-heure de loisir. Asseyez-vous et dites « Je suis assis ; je ne fais rien ; je suis résolu à ne rien faire pendant cinq minutes. »
Détendez-vous alors et pendant tout ce temps (au début vous ne pourrez pas tenir plus de deux ou trois minutes) répétez-vous : «Je me trouve en présence de Dieu, en présence de moi-même et de tout le mobilier qui m’entoure, je suis tranquille, sans bouger. »
Une précaution s’impose évidemment : il vous faut décréter que, durant les deux ou cinq minutes que vous vous êtes assignées pour apprendre que le présent existe, vous ne vous laisserez pas arracher à celui-ci par la sonnerie du téléphone ou le timbre de la porte d’entrée ou encore par une impulsion énergique et soudaine qui vous pousse à exécuter sur-le-champ quelque chose qui attend depuis dix ans !
Si vous apprenez à faire ainsi dans les moments perdus de vos journées, lorsque vous aurez appris à ne plus vous agiter intérieurement mais à rester complètement calme et heureux, paisible et serein, exercez-vous alors pendant un laps de temps un peu plus long que vous pourrez allonger encore par la suite.
Il arrivera évidemment un moment où il vous faudra vous protéger car si vous pouvez ne pas bouger pendant deux minutes, même si le téléphone sonne, vous pouvez penser qu’il en va autrement lorsqu’il s’agit d’un quart d’heure. Ditesvous alors que si vous étiez absent, vous n’ouvririez pas la porte et ne répondriez pas au téléphone. Ou encore, si vous avez plus de courage et êtes convaincu de l’importance de votre exercice, imitez mon père. Il mettait à la porte une note qui disait « Inutile de sonner. Je suis à la maison mais n’ai pas l’intention d’ouvrir. » Ce procédé est plus radical car les visiteurs comprennent tout de suite ; tandis que si vous écrivez : « Prière d’attendre cinq minutes », leur patience expire habituellement au bout de deux minutes !
Lorsque vous aurez acquis cette tranquillité, cette sérénité, il vous faudra apprendre alors à arrêter le temps non seulement lorsqu’il se traîne ou lorsqu’il doit s’arrêter de toute façon, mais aussi dans les moments où il s’accélère, où il se fait exigeant.
Voici comment procéder. Vous êtes en train de faire quelque chose que vous croyez utile ; vous êtes persuadé que si vous vous arrêtez la terre va s’arrêter aussi ; si, à un certain moment, vous décidez : « J’arrête ! », vous ferez des découvertes intéressantes. Vous découvrirez en premier lieu que la terre ne s’arrête pas et que tout l’univers – si vous pouvez réussir à vous le représenter – peut attendre cinq minutes pendant que votre attention est ailleurs.
Ce point est très important parce que souvent nous nous donnons le change en disant « Il faut que je fasse telle chose ; la charité, le devoir me le commandent, je ne puis la laisser ! » Vous le pouvez car à d’autres moments et par pure nonchalance vous laisserez ce travail et pour bien plus de cinq minutes. Aussi, la première chose à faire est de vous dire : « Quoi qu’il arrive, je m’arrête à tel endroit. »
La façon de procéder la plus simple est d’avoir un réveil. Remontez-en la sonnerie et dites : « Bon ! je travaille sans regarder l’heure jusqu’à ce que le réveil sonne. » Ce détail est très important car il faut que nous perdions l’habitude de regarder l’heure.
Lorsque vous allez en visite et que vous vous rendez compte que vous êtes en retard, vous regardez aussitôt votre montre ; mais, ce faisant, vous ne pouvez marcher aussi vite que si vous alliez droit votre chemin. Et que votre retard soit de sept, de cinq ou de trois minutes, vous n’en êtes pas moins en retard. Le mieux est donc de partir plus tôt ou, si vous êtes en retard, de presser le pas. Quand vous serez arrivé, vous aurez le temps de regarder votre montre, pour savoir combien vous devrez paraître navré lorsqu’on vous ouvrira.
Quand le réveil sonne, vous savez que, pendant les cinq minutes qui suivent, le monde a cessé d’exister et que vous êtes bien décidé à ne pas quitter le lieu dans lequel vous vous trouvez. Ce temps appartient à Dieu et vous vous installez dans ce temps de Dieu tranquillement, silencieusement, paisiblement. Au début, vous verrez combien c’est difficile et vous découvrirez soudain qu’il est de la première urgence que vous terminiez telle lettre, la lecture de tel passage. En réalité, vous vous apercevrez bien vite que vous pouvez très bien remettre cette occupation pendant trois, cinq, voire même dix minutes sans qu’aucune catastrophe ne se produise. Et si vous avez à faire un travail qui requiert toute votre attention, vous constaterez que vous pouvez vous en acquitter plus rapidement et tellement mieux !
Vous me direz : « Trouverai-je le temps de tout faire ? » Je vous répondrai à la manière russe : « Si vous ne mourez pas avant, vous aurez le temps. Si vous mourez avant, vous n’aurez pas à le faire ! » Et voici un autre dicton du même genre qui pourra vous aider un jour ou l’autre « Ne vous inquiétez pas de la mort. Quand elle sera là vous n’y serez plus mais tant que vous êtes là elle n’y est pas. » Le principe est le même pourquoi s’inquiéter d’une situation qui se dénouera d’elle-même ?
Une fois que vous aurez appris à ne plus vous agiter, vous pourrez faire n’importe quoi, à n’importe quel rythme, avec toute l’attention et la rapidité désirables, sans avoir l’impression que le temps vous échappe ou vous gagne de vitesse. Il en est alors comme de l’impression qu’on a lorsqu’on est en vacances.
Ainsi que je l’ai souligné plus haut, on peut aller vite ou lentement, sans s’occuper du temps, sans la moindre notion du temps parce qu’on ne fait que ce qu’on est en train de faire et qu’on ne poursuit aucun objectif précis.
Vous découvrirez qu’il vous est possible de prier dans toutes les situations et qu’il n’est pas au monde de circonstance qui puisse vous en empêcher. Le seul empêchement véritable à la prière intervient lorsque vous vous laissez happer par la tempête, lorsque vous laissez la tempête pénétrer en vous au lieu de la laisser faire rage autour de vous.

Antoine Bloom, extrait de « L’école de la prière » Edition du Seuil

CAPACITÉ DE DIEU

2 avril, 2013

http://trappistine.org/francais/capacity.html

CAPACITÉ DE DIEU

Nous avons tous, sans exception, une capacité de Dieu. Nous la portons en nous comme un trésor sans prix, dans un vase d’argile. Cette capacité de Dieu n’est pas qu’une qualité ou un aspect de notre être : elle nous constitue réellement. Nous sommes capacité de Dieu! Nous sommes une ouverture à Dieu. Sans Dieu, nous sommes incomplets, inachevés. Cette capacité de Dieu habite notre cœur et le rend immense – assez vaste pour contenir l’éternel.
Cette capacité de Dieu n’est pas en nous immuable et statique, sans vitalité. Elle est éminemment dynamique et vivante – une tendance vers Dieu, un élan qui nous porte au-delà de nous-mêmes, trace de transcendance inscrit dans notre être. C’est aussi un désir, une soif, une nostalgie, une aspiration qui, pénétrée par l’Esprit, s’enrichit d’instincts et d’attraits divins. L’éveil de cette capacité de Dieu, de cette tendance vers Lui, est en même temps la libération d’un mouvement spirituel intérieur. Il faut que, petit à petit, notre être ne fasse plus qu’un avec ce mouvement profond.
Par le fait même que nous soyons créés à l’image de Dieu, nous avons une capacité de Dieu et cela est un aspect très positif de notre nature humaine. Mais on peut aussi considérer et expérimenter cet état de chose sous un autre aspect que celui d’une potentialité d’épanouissement. On peut l’aborder également comme une réalité inachevée, incomplète. Nous sommes l’image de Dieu, oui. Mais nous ne sommes pas encore sa ressemblance. Nous avons une capacité de Dieu, oui. Mais elle n’est pas encore pleinement réalisée. Non seulement l’humain est capable de et faite pour une relation intime avec Dieu, mais il en a radicalement besoin pour atteindre sa perfection. Ainsi, expérimenter notre capacité pour le divin c’est, en même temps, expérimenter la grandeur et l’indigence de l’être humain – tous les deux nous poussant en avant dans notre quête de Dieu.
C’est ainsi que certaines personnes sont conduites à la vie monastique, car dans un monastère, la vie entière est orientée vers cette recherche consumante qui pénètre tout. A travers la liturgie, la lectio divina, la prière privée, l’étude, la vie communautaire et les autres observances monastiques essentielles, cette recherche de Dieu se poursuit sans répit. Toute l’ordonnance de la vie d’un monastère cistercien est orientée vers Dieu, mais chose plus importante c’est que, peu à peu, le cœur de chacune des habitantes se tourne vraiment vers Dieu. Bien sûr c’est le projet de toute une vie, car il s’agit ici d’une transformation de l’être et pas simplement de suivre une règle. La vie monastique se situe, pourrait-on dire, dans l’aspiration profonde de toute l’humanité vers Dieu. Elle est essentiellement mouvement-vers et s’inscrit au cœur même de notre nature, là où réside l’ultime et fondamentale liberté, là où l’on choisit de se tourner vers Dieu ou de s’en détourner. On voit ici l’importance et la subtilité de notre vœu d’obéissance. Ce mouvement-vers est notre chemin, est notre prière – une prière vraie qui transforme et qui divinise.

MESSE CHRISMALE – HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

2 avril, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/francesco/homilies/2013/documents/papa-francesco_20130328_messa-crismale_fr.html

 MESSE CHRISMALE

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Basilique vaticane

Jeudi saint, 28 mars 2013

Chers frères et sœurs,

C’est avec joie qu’en tant qu’Évêque de Rome, je célèbre cette première Messe chrismale. Je vous salue tous avec affection, vous en particulier chers prêtres qui vous souvenez avec moi aujourd’hui du jour de votre Ordination.
Les lectures, le psaume aussi, nous parlent de ceux qui ont reçu l’onction: le serviteur de Dieu chez Isaïe, le roi David, et Jésus, Notre Seigneur. Les trois ont en commun que l’onction qu’ils reçoivent, est pour oindre le peuple des fidèles de Dieu dont ils sont les serviteurs. Leur onction est pour les pauvres, pour les prisonniers, pour les opprimés… Une très belle image de cet « être pour » du Saint Chrême est celle que nous offre le psaume 133 : « On dirait un baume précieux, un parfum sur la tête, qui descend sur la barbe, la barbe d’Aaron, qui descend sur les bords de son vêtement » (v. 2). L’image de l’huile qui se répand – qui descend de la barbe d’Aaron jusqu’à la bordure de ses vêtements sacrés, est l’image de l’onction sacerdotale qui, à travers celui qui est oint, arrive jusqu’aux confins de l’univers représenté par les vêtements.
Les vêtements sacrés du grand prêtre sont riches de symboles ; l’un d’eux est celui du nom des fils d’Israël inscrit sur les pierres d’onyx qui ornaient les épaulettes de l’éphod, dont provient notre actuelle chasuble, six noms sur la pierre de l’épaule droite, et six sur celle de l’épaule gauche (cf. Ex 28, 6-14). Sur le pectoral aussi étaient inscrits les noms des douze tribus d’Israël (cf. Ex 28, 21). C’est-à-dire que le prêtre célèbre en chargeant sur ses épaules le peuple qui lui est confié, et en portant leurs noms gravés en son cœur. Revêtir notre humble chasuble peut bien nous faire sentir, sur les épaules et dans notre cœur, le poids et le visage de notre peuple fidèle, de nos saints et de nos martyrs, il y en a beaucoup à notre époque !
De la beauté de la chose liturgique, qui n’est pas seulement un ornement et un goût pour les vêtements, mais la présence de la gloire de notre Dieu resplendissant en son peuple vivant et consolé, considérons-en maintenant l’action ! L’huile précieux qui oint la tête d’Aaron ne se contente pas de parfumer sa personne mais se diffuse et atteint toutes les ‘périphéries’. Le Seigneur le dira clairement : son onction est pour les pauvres, pour les prisonniers, pour les malades, pour ceux qui sont tristes et seuls. L’onction, chers frères, n’est pas destinée à nous parfumer nous-mêmes, ni davantage pour que nous la conservions dans un vase, parce que l’huile deviendrait rance … et le cœur amer.
On reconnaît un bon prêtre à sa façon d’oindre son peuple ; c’est une preuve claire. Quand nos fidèles reçoivent une huile de joie, on s’en rend compte : lorsqu’ils sortent de la messe, par exemple, avec le visage de ceux qui ont reçu une bonne nouvelle. Nos fidèles apprécient l’Évangile annoncé avec l’onction, lorsque l’Évangile que nous prêchons, arrive jusqu’à sa vie quotidienne, lorsqu’il touche comme l’huile d’Aaron aux extrémités de la réalité, lorsqu’il illumine les situations limites, les ‘périphéries’ où le peuple fidèle est exposé à l’invasion de ceux qui veulent saccager sa foi. Les fidèles nous en remercient parce qu’ils ressentent que nous avons prié avec les réalités de leur vie quotidienne, leurs peines et leurs joies, leurs peurs et leurs espérances. Et lorsqu’ils ressentent que le parfum de l’Oint, du Christ, arrive à travers nous, ils sont encouragés à nous confier ce qu’ils veulent faire arriver jusqu’au Seigneur : « priez pour moi, père, car j’ai tel problème… » ; « bénissez-moi, père » et « priez pour moi », sont le signe de ce que l’onction est parvenue jusqu’à l’extrémité du manteau car elle est transformée en demande, demande du Peuple de Dieu. Lorsque nous sommes dans ce rapport avec Dieu et avec son peuple et que la grâce passe à travers nous, alors nous sommes prêtres, médiateurs entre Dieu et les hommes. Ce que j’entends souligner c’est que nous avons toujours à raviver la grâce et discerner en chaque demande, parfois inopportune, parfois seulement matérielle ou même banale – mais elle l’est seulement apparemment -, le désir de nos fidèles de recevoir l’onction par l’huile parfumée car ils savent que nous la détenons. Deviner et ressentir, à la manière du Seigneur, l’angoisse pleine d’espérance de la femme hémorroïsse lorsqu’elle toucha le bord de son manteau. Cet épisode de la vie de Jésus, présent au milieu des gens qui le pressent de partout, traduit toute la beauté d’Aaron vêtu comme prêtre avec l’huile qui descend le long de ses vêtements. C’est une beauté cachée qui resplendit seulement pour des yeux remplis de foi de cette femme qui souffrait de pertes de sang. Les disciples eux-mêmes – futurs prêtres – ne réussissent pas à voir, ni ne comprennent : de la ‘périphérie existentielle’, ils voient seulement la superficialité de la multitude qui presse de partout Jésus jusqu’à le suffoquer (cf. Lc 8, 42). Le Seigneur, en revanche, sent la force de l’onction divine qui arrive jusqu’aux bords de son manteau.

C’est ainsi que nous devons faire l’expérience de notre onction, son pouvoir et son efficacité rédemptrice : aux ‘périphéries’ où se trouve la souffrance, où le sang est versé, il y a un aveuglement qui désire voir, il y a des prisonniers de tant de mauvais patrons. Ce ne sont pas précisément dans les auto-expériences ou les introspections répétées que nous rencontrons le Seigneur : les cours pour s’aider soi-même dans la vie peuvent être utiles, mais vivre notre vie sacerdotale en passant d’un bord à l’autre, de méthode en méthode, pousse à devenir pélagiens, à minimiser le pouvoir de la grâce qui s’actualise et croît dans la mesure selon laquelle, avec foi, nous sortons pour nous donner nous-mêmes et pour donner l’Évangile aux autres ; pour donner la petite onction que nous tenons à ceux qui n’ont rien de rien.
Le prêtre qui sort peu de lui-même, qui oint avec parcimonie – je ne dis pas « jamais » car, grâce à Dieu, les fidèles nous ‘volent’ l’onction -, perd le meilleur de notre peuple, ce qui est capable d’allumer le plus profond de son cœur de prêtre. Celui qui ne sort pas de lui-même, au lieu d’être un médiateur, se convertit peu à peu en intermédiaire, en gestionnaire. Nous connaissons tous la différence : l’intermédiaire et le gestionnaire « ont déjà reçu leur récompense », et comme ils ne paient pas d’eux-mêmes, ni de leur cœur, ils ne reçoivent pas non plus un merci affectueux qui vient du cœur. De là provient précisément cette insatisfaction chez certains qui finissent par être tristes, des prêtres tristes, et convertis en collectionneurs d’antiquités ou de nouveautés au lieu d’être des pasteurs pénétrés de ‘l’odeur de leurs brebis’ – cela je vous le demande : soyez des pasteurs avec ‘l’odeur de leurs brebis’, que celle-ci se sente ‑ ; au lieu d’être des pasteurs au milieu de leur propre troupeau, et pêcheurs d’hommes. En vérité, ladite crise d’identité sacerdotale nous menace tous et se greffe sur une crise de civilisation ; mais si nous savons dompter cette vague, nous pourrons prendre le large au nom du Seigneur et jeter les filets. Il est bon que la réalité même nous pousse à aller là où ce que nous sommes par grâce apparaît clairement comme étant pure grâce, sur cette mer du monde actuel où seule compte l’onction – et non la fonction -, et seront remplis les filets jetés seulement au nom de Celui en qui nous nous sommes confiés : Jésus.
Chers fidèles, soyez proches de vos prêtres par l’affection et par la prière afin qu’ils soient toujours des pasteurs selon le cœur de Dieu.
Que le Père renouvelle en nous, chers prêtres, l’Esprit de Sainteté par lequel nous avons reçu l’onction, qu’Il le renouvelle en notre cœur de telle manière que l’onction rejoigne tous, même les ‘périphéries’, là où notre peuple fidèle en a le plus besoin et l’apprécie. Que nos fidèles nous sentent disciples du Seigneur, qu’ils comprennent que nous sommes revêtus de leur noms, et que nous ne cherchons nulle autre identité ; qu’ils puissent recevoir, par nos paroles et nos œuvres, cette huile de joie que Jésus, l’Oint du Seigneur, est venu nous donner. Amen.

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