Archive pour avril, 2013

SAINT DOROTHÉE DE GAZA : DES SAINTS JEÛNES

11 avril, 2013

http://www.pagesorthodoxes.net/metanoia/jeune-ecrits.htm#dorothee

SAINT DOROTHÉE DE GAZA : DES SAINTS JEÛNES

Dans la Loi, Dieu avait prescrit aux fils d’Israël chaque année la dîme de tous leurs biens (cf. Nb 18). Ce faisant, ils étaient bénis en toutes leurs oeuvres. Les saints Apôtres, qui le savaient, décidèrent, pour procurer à nos âmes un secours bienfaisant, de nous transmettre ce précepte sous une forme plus excellente et plus élevée, à savoir offrande de la dîme des jours mêmes de notre vie, autrement dit leur consécration à Dieu, afin d’être, nous aussi, bénis dans nos oeuvres et d’expier chaque année les fautes de l’année entière. Ayant fait le calcul, ils sanctifièrent pour nous, parmi les trois cent soixante-cinq jours de l’année, les sept semaines de jeûne. Car ils n’assignèrent au jeûne que sept semaines. Ce sont les Pères qui, par la suite, convinrent d’ajouter une autre semaine, à la fois pour exercer à l’avance et comme pour disposer ceux qui vont se livrer labeur du jeûne, et pour honorer Ces jeûnes par le chiffre de la sainte Quarantaine que Notre Seigneur passa lui-même dans le jeûne. [...] C’est pour ainsi dire la dîme de toute l’année que les saints Apôtres ont consacrée à la pénitence, pour purifier les fautes de l’année entière.
Heureux donc, frères celui qui en ces jours saints se garde bien, et comme il convient ; car s’il lui est arrivé comme homme de pécher par faiblesse ou par négligence, Dieu a précisément donné ces saints jours pour qu’en s’occupant soigneusement de son âme avec vigilance et en faisant pénitence pendant cette période, il soit purifié des péchés de toute l’année. Alors son âme est soulagée de son fardeau, il s’approche avec pureté du saint jour de la Résurrection, et, devenu un homme nouveau par la pénitence de ces saints jeûnes, il participe aux saints Mystères sans encourir de condamnation, il demeure dans la joie et l’allégresse spirituelle, célébrant avec Dieu toute la cinquantaine de la sainte Pâque, qui est, a-t-on dit,  » la résurrection de l’âme  » (Évagre le Pontique), et c’est pour le marquer que nous ne fléchissons pas le genou à l’église durant tout le temps pascal.
Quiconque veut être purifié des péchés de toute l’année au moyen de ces jours doit d’abord se garder de l’indiscrétion dans la nourriture, car, selon les Pères, l’indiscrétion dans la nourriture engendre tout mal en l’homme. Il doit aussi prendre soin de ne pas rompre le jeûne sans une grande nécessité, ni de rechercher les mets agréables, ni de s’alourdir d’un excès d’aliments ou de boissons. Il y a en effet deux sortes de gourmandise. On peut être tenté sur la délicatesse de la nourriture ; ne veut pas nécessairement manger beaucoup mais désire les mets savoureux. Quand un tel gourmand mange un aliment qui lui plaît, il est tellement dominé par son plaisir, qu’il le garde longtemps dans la bouche, le mâchant tant et plus et ne l’avalant qu’à contre coeur à cause de la volupté qu’il éprouve. C’est ce qu’on appelle la laimargie ou  » friandise « . Un autre est tenté sur la quantité ; il ne désire pas les mets agréables et ne se préoccupe pas de leur saveur. Qu’ils soient bons ou mauvais, il n’a d’autre désir que de manger. Quels que soient les aliments, son unique souci est de se remplir le ventre. C’est ce qu’on appelle la gastrimargie ou gloutonnerie. Je vais vous dire la raison de ces noms. Margainein signifie chez les auteurs païens  » être hors de soi  » et l’insensé est appelé margos. Quand arrive à quelqu’un cette maladie et cette folie de vouloir se remplir le ventre on l’appelle gastrimargia, c’est-à-dire  » folie du ventre « . Quand il s’agit seulement du plaisir de la bouche, on l’appelle laimargia, c’est-à-dire  » folie de la bouche « .
Celui qui veut être purifié de ses pêches doit, en toute circonspection, fuir ces dérèglements, car ils ne viennent pas d’un besoin du corps, mais de la passion et ils deviennent pêche si on les tolère en soi. Dans 1’usage légitime du mariage et dans la fornication, l’acte est le même, c’est l’intention qui fait la différence : dans le premier cas, on s’unit pour avoir des enfants, dans le second, pour satisfaire sa volupté. De même, dans l’usage de la nourriture, c’est une même action de manger par besoin et de manger par plaisir, mais le péché est dans l’intention. Il mange par besoin celui qui, s’étant fixé une ration journalière, la diminue, si par l’alourdissement qu’elle lui cause, il se rend compte qu’il faut en retrancher quelque chose. Si au contraire cette ration, loin de l’alourdir, ne soutient pas son corps et doit être légèrement augmentée, il y ajoute un petit supplément. De cette manière, il évalue justement ses besoins et se conforme ensuite à ce qui a été fixé, non pour le plaisir, mais dans le but de maintenir la force de son corps. Cette nourriture, il faut aussi la prendre avec action de grâces, en se jugeant dans son coeur indigne d’un tel secours ; et si certains, par suite sans doute d’un besoin ou de quelque nécessité, sont l’objet de soins particuliers, on ne doit pas y prêter attention, ni rechercher soi-même du bien-être, ou seulement penser que le bien-être est inoffensif pour l’âme.
Lorsque j’étais au monastère (de l’abbé Séridos), j’allai voir un jour l’un des vieillards – car il y avait là beaucoup de grands vieillards. Je trouvai le frère chargé de le servir mangeant avec lui, et je lui dis à part :  » Tu sais, frère, ces vieillards que tu vois manger et qui ont apparemment un peu de soulagement, sont comme des hommes qui ont acquis une bourse et n’ont cessé de travailler et de mettre (de l’argent) dans cette bourse, jusqu’à ce qu’elle fût pleine. Après l’avoir scellée, ils ont continué à travailler et se sont amassés encore mille autres pièces, pour avoir de quoi dépenser en cas de nécessité, tout en gardant ce qui se trouve dans la bourse. Ainsi ces vieillards n’ont pas cessé de travailler et de s’amasser des trésors. Après les avoir scellés, ils ont continué à gagner quelques ressources, dont ils pourront se défaire au moment de la maladie ou de la vieillesse, tout en gardant leurs trésors. Mais nous, nous n’avons même pas encore gagné la bourse ; comment ferons-nous donc nos dépenses ?  » C’est pourquoi nous devons, je l’ai dit, même si nous prenons par besoin, nous juger indignes de tout soulagement, indignes même de la vie monastique, et prendre non sans crainte ce nécessaire. Et de la sorte, ce ne sera pas pour nous un motif de condamnation.
Voilà pour la tempérance du ventre. Mais nous ne devons pas seulement surveiller notre régime alimentaire, il faut éviter pareillement tout autre péché et jeûner aussi bien de la langue que du ventre, en nous abstenant de la médisance, du mensonge, du bavardage, des injures, de la colère, en un mot de toute faute qui se commet par la langue. Il nous faut également pratiquer le jeûne des yeux, en ne regardant pas de choses vaines, en évitant la parrhesia de la vue, en ne dévisageant personne impudemment. Il faut interdire de même aux mains et aux pieds toute action mauvaise. Pratiquant ainsi un jeûne agréable (à Dieu), comme dit saint Basile, en nous abstenant de tout le mal qui se commet par chacun de nos sens, nous approcherons du saint jour de la Résurrection, renouvelés, purifiés et dignes de participer aux saints Mystères, comme nous l’avons dit déjà. Nous sortirons d’abord à la rencontre de Notre Seigneur et nous l’accueillerons avec des palmes et des rameaux d’olivier, tandis qu’assis sur un ânon, il fera son entrée dans cité sainte (cf. Mc 11,1-8 et Jn 12,13).
 » Assis sur un ânon « , qu’est-ce à dire? Le Seigneur s’assied sur un ânon, afin que l’âme devenue, selon le prophète (cf. Ps. 48, 21), stupide et semblable aux animaux sans raison, soit par lui, le Verbe de Dieu, convertie et soumise à sa divinité. Et que signifie  » aller à sa rencontre avec des palmes et des rameaux d’oliviers ?  » Lorsque quelqu’un est allé guerroyer contre son ennemi et revient victorieux, tous les siens vont à sa rencontre avec des palmes (pour l’accueillir) en vainqueur. La palme est en effet symbole de victoire. D’autre part, quand quelqu’un subit une injustice et veut avoir recours à qui peut le venger, il porte des branches d’olivier, en criant pour implorer miséricorde et assistance, car les oliviers sont un symbole de miséricorde. Nous irons donc, nous aussi, à 1a rencontre du Christ Notre Seigneur avec des palmes, comme au-devant d’un vainqueur, puisqu’il a vaincu l’ennemi pour nous, et avec des rameaux d’olivier pour implorer sa miséricorde, afin que, comme il a vaincu pour nous, nous soyons, nous aussi, victorieux par lui en l’implorant et que nous nous trouvions arborant ses emblèmes de victoire, en l’honneur non seulement de la victoire qu’il a remportée pour nous, mais aussi de celle que nous aurons remportée par lui, grâce aux prières de tous les saints. Amen.

Extrait des Instructions
de saint Dorothée de Gaza (VIe siècle),
éditées dans les Oeuvres spirituelles,
Éditions du Cerf (SC 92), 1963

St. Stanislaus, Bishop and Martyr

10 avril, 2013

St. Stanislaus, Bishop and Martyr dans images sacrée St+Stanislaus%252C+BM

http://sacredheartchariton.blogspot.it/2011/04/st-stanislaus-bishop-and-martyr.html

11 AVRIL : SAINT STANISLAS

10 avril, 2013

http://missel.free.fr/Sanctoral/04/11.php

11 AVRIL : SAINT STANISLAS

BIOGRAPHIE

Saint Stanislas, né le 26 juillet 1030, à Szczepanow au sein d’une noble et vertueuse famille étudia d’abord à Gniezno puis à Paris où il prit en Sorbonne suivre ses grades de droit et de théologie, refusant toutefois, par humilité, le bonnet de docteur. Ordonné prêtre à son retour en Pologne, il fut nommé chanoine de Cracovie et fut un directeur de conscience si renommé qu’à la mort de Lambert Zula, il fut élu évêque de Cracovie, charge qu’il n’accepta que par ordre exprès du pape Alexandre II (1072).
Le roi Boleslas II le Cruel qui régnait alors sur la Pologne, menait une vie si scandaleuse, qu’au nom de l’épiscopat polonais, Stanislas dut le menacer d’excommunication. Pour se venger, le Roi imagina de faire condamner l’Evêque pour captation d’héritage. En effet, Stanislas avait acheté la terre de Piotrawin, mais n’avait pas demandé la quittance du vendeur, mort depuis ; Boleslas obligea les héritiers à l’attaquer pour usurpation de biens. Sur le point d’être condamné sous de faux témoignages, Stanislas demanda un délai de trois jours, au bout desquels, après avoir jeûné, prié et veillé, il fit ouvrir le tombeau du vendeur ; il toucha le cadavre de sa crosse, lui ordonna de se lever, et l’homme ressuscité l’accompagna au tribunal : Voici Pierre qui m’a vendu la terre de Piotrawin ; il est ressuscité pour rendre témoignage devant vous. Demandez-lui s’il n’est pas vrai que je lui ai payé le prix de cette terre. C’est un homme connu, son tombeau est ouvert ; Dieu vient de le ressusciter pour rendre témoignage à la vérité : sa parole vaut mieux que celle des témoins. Boleslas s’amenda, puis reprit sa vie de débauches ce qui lui valut d’être excommunié.
Alors que Stanislas célébrait la messe dans l’église Saint-Michel, en-dehors des murs de Cracovie, Boleslas envoya contre lui des soldats mais, comme ils furent terrassés, le Roi entra lui-même, l’épée à la main et tua l’Evêque.
Le corps fut traîné dehors et mis en lambeaux mais, deux jours entiers, des aigles protégèrent les restes qui furent recueillis par des prêtres et enterrés à la porte de l’église (8 mai 1079). Saint Stanislas a été canonisé par Innocent IV (1253) et mis au calendrier de l’église universelle, (7 mai) par Clément VIII.

LA MÉDITATION CHRÉTIENNE : LE RETOUR D’UN VIEUX SENTIER DE FOI ET LA RENCONTRE INTÉRIEURE AVEC LE CHRIST MAÎTRE

10 avril, 2013

http://www.meditation-chretienne.org/meditation_rencontrer_christ.htm

LA MÉDITATION CHRÉTIENNE :

LE RETOUR D’UN VIEUX SENTIER DE FOI ET LA RENCONTRE INTÉRIEURE AVEC LE CHRIST MAÎTRE

2 ARTICLES PARUS DANS SENTIERSDEFOI.INFO DU 3 NOVEMBRE 2010

« Quand on médite, l’intention n’est pas d’avoir des pensées sur Dieu, sur son Fils Jésus, ou sur l’Esprit saint. En méditant, on cherche à réaliser quelque chose d’ infiniment plus grand. En nous détournant de tout ce qui est éphémère et sans importance, nous ne cherchons pas seulement à penser à Dieu, mais à être avec lui, à expérimenter sa personne comme fondement de notre être. »
John Main, o.s.b.

Un mot dans le silence, un mot pour méditer,
Éd. Le jour, 1995, p 20.

LE RETOUR D’UN VIEUX SENTIER DE FOI

PAR JEAN-PIERRE CONTAN

À la recherche d’un chemin qui mène au coeur de soi pour être disponible totalement à la Présence qui s’y trouve, le moine cistercien John Main découvre le sentier de la méditation chrétienne, offert depuis 1977 au Québec.
Pour bien comprendre l’origine de la Méditation chrétienne, il nous faut rencontrer John Main, o.s.b., principal artisan de la mise à jour de cette forme de prière dans le monde chrétien contemporain. Entre 1954 et 1956, alors qu’il était diplomate en Angleterre, il fut affecté en Malaisie.
C’est dans le cadre de ses fonctions qu’il y rencontra un swami hindou. Impressionné par l’engagement de ce dernier, il se met à méditer avec lui. En 1959, bousculé par la mort d’un jeune neveu, st John Main entre chez les moines bénédictins. Dix ans plus tard, il devient directeur d’une école ‘s reliée à un monastère aux États-Unis. C’est à ce moment qu’il découvre l’enracinement chrétien le de cette forme de prière qui utilise un mantra.
En accompagnant un jeune étudiant, féru d’informations sur la prière, il découvre en effet des écrits du IVe siècle de Jean Cassien relatant que des moines se retiraient dans le désert pour prier le à l’aide d’un seul mot ou d’une seule phrase tirée de la Bible. On trouve aussi un retour à cette st forme de prière au XIVe siècle dans les écrits d’un auteur anonyme anglais : Le nuage d’ inconnaissance. Plus près de nous, au XVIIIe siècle, Le récit du pèlerin russe fait état de la Prière de Jésus qui consiste à répéter la phrase suivante : « Jésus, fils de Dieu vivant, prends pitié de nous. »
Fier de cette découverte, John Main décide donc de rendre accessible cette forme de prière au la monde contemporain. Il fonde, en 1974, le Centre de méditation chrétienne à Londres. C’est en 1977, à la demande d’un évêque anglophone de Montréal, qu’il vient y fonder un prieuré le bénédictin, où il se donne comme mission d’enseigner la méditation chrétienne. Une fois par le semaine, des personnes viennent le rencontrer pour recevoir des instructions et méditer avec lui.
Décédé en 1982, Laurence Freemn, o.s.b., continue actuellement son oeuvre.
Il n’y a rien de plus simple que de méditer. Dans notre monde où tout devient souvent compliqué, il apparaît même un peu simpliste d’apprendre ainsi à ne rien faire. Juste être là en présence de Celui qui nous habite. Pour en connaître la méthode, je vous invite à aller sur le site Web de la Médiation chrétienne.
Depuis le passage de John Main à Montréal dans les années 1980, plusieurs groupes de méditants se sont formés au Québec et dans le monde entier. Le groupe sert à aider le méditant à maintenir la discipline. En effet, se retrouver une fois par semaine autour d’un petit texte sur la méditation et méditer ensemble aide le méditant à rester fidèle à ses deux périodes de prière par jour. Ayant fréquenté assidûment le prieuré de 1979 à 1983 et animant un groupe depuis 10 ans à Lachute, le père Michel Boyer, franciscain, assume la coordination pour le Québec et les régions francophones du Canada depuis 7 ans.
Nous rencontrons, dans ces groupes, plusieurs personnes qui ont renoué avec la foi chrétienne à l’aide de la méditation chrétienne. Ils y retrouvent une relation plus personnelle à Dieu. Ces groupes comprennent des hommes, des femmes, des jeunes et des moins jeunes. Plusieurs personnes qui ont mis cette forme de prière dans leur vie témoignent comment leur quotidien en fut changé. Engagée dans la mise sur pied d’une coopérative de logement, une participante nous dit comment elle prend maintenant le dossier avec beaucoup plus de sérénité et de confiance. Un homme et une femme en couple, engagés dans le domaine de l’aide humanitaire en Afrique, méditent maintenant ensemble chaque jour quand ils sont au loin.
Cette forme de prière trouve sa pertinence dans notre monde actuel où la performance, l’obligation de résultats, le bruit envahissant des radios, de la télé et d’Internet, et le souci de rentabilité font la loi. Quand on médite, on ne fait qu’être. Être en présence de cet Esprit qui nous habite dans le silence et la sérénité. De plus, la naissance de petits groupes constitue des cellules d’Église réelle, non institutionnelle. Dans ses débuts, la Méditation chrétienne a dû affronter certaines réticences, car elle était associée au bouddhisme, mais dans ces temps d’ouverture, elle est de plus en plus considérée comme un nouveau sentier de foi.

LA RENCONTRE INTÉRIEURE AVEC LE CHRIST MAÎTRE

PAR LUCIE GRAVEL

Comme chrétiens et chrétiennes, nous avons reçu beaucoup d’enseignements et d’informations. L’expérience fondamentale n’est-elle pas la rencontre du Tout-Autre dans le silence de notre coeur?
Cette présentation de la méditation chrétienne suscite l’espérance : il y a toujours dans l’Histoire des audacieux et des audacieuses qui renouent avec les sources du christianisme ou d’autres traditions religieuses. Ils se risquent à écouter le Souffle. Ce Souffle, on le cherche. On le trouve par l’initiation progressive à l’exigeant exercice spirituel qui est de «décélérer », d’écouter, de faire silence, de se re-cueillir. À chacun et chacune de trouver son sentier pour y arriver, car ils sont multiples. Ce chemin comporte sa part de solitude et son besoin de communauté. Méditation chrétienne offre cette possibilité de méditer seul et avec d’autres. Allez fureter sur leur site Web, un outil d’accompagnement extraordinaire, une véritable nourriture pour tous les âges, vous verrez.
Méditation chrétienne est né d’un dialogue entre John Main et le swami Satyananda. Ce dialogue interreligieux et oecuménique est une préoccupation de ce réseau qui a aussi l’avantage d’être mondial. Ce ne sont souvent pas les discussions théologiques sur Dieu qui créent l’harmonie entre les religions! L’expérience de la méditation facilite la rencontre avec l’autre, car il y a rencontre sur le fond, le coeur. Laurence Freeman, accompagnateur mondial, dit : « L’expérience contemplative est essentielle si l’on veut que mûrisse le dialogue interreligieux. »
J’ai organisé en 2006 une série de rencontres sur la méditation dans cinq grandes traditions religieuses. Intriguée par ce réseau de méditantes et méditants chrétiens, j’ai invité Yvon Théroux de Méditation chrétienne du Québec à parler de cette méditation. Il a aussi proposé la thématique de la méditation dans l’ensemble des religions. Il en est sorti un ouvrage écrit par les cinq intervenants et intervenantes’. Lors d’une soirée publique autour de ce livre, une femme nous a dit « Je n’en crois pas mes oreilles d’entendre qu’il existe une pratique de la méditation chez les chrétiens! » Cela en dit beaucoup sur la manière de transmettre l’héritage spirituel du christianisme : nous avons dérapé par moments, mais le chemin est toujours là, possible!
Nous avons été peu éduqués, dans les célébrations religieuses où on parle tant et trop, à prier, à méditer par nous-mêmes, à goûter et à ruminer une Parole qui parle en nous. Nous avons reçu beaucoup d’enseignements qui nous sont sortis par les oreilles et qui en ont fait fuir plusieurs! On a trop « parlé » de Dieu! John Main et son successeur ont persévéré à mettre en valeur l’importance de laisser Dieu être Dieu, le Tout-Autre, en nous. Ils ont su rendre accessible à tous et à toutes, avec liberté et profondeur, l’expérience de la méditation contemplative. Avec Méditation chrétienne, je crois comprendre que le Christ est maître intérieur, et on le laisse agir, tout simplement : Maranatha! Viens Seigneur! Il y a quelque chose de subversif dans cette approche, quelque chose d’évangélique donc.
John Main évoque un autre témoin pour l’ignacienne que je suis : Ignace de Loyola, qui a vécu à une époque de renouveau spirituel aux XV’ et XVI’ siècles. L’expérience fondamentale d’Ignace est sa rencontre du Christ par la pratique d’exercices spirituels variés et de méditations. Préoccupé par les enjeux de son époque, Ignace a remanié les méthodes de méditation pour mettre en place une démarche pédagogique permettant aux personnes de découvrir qui elles sont et de discerner quel appel du Christ les habite de façon originale. Méditation chrétienne met également les personnes en état d’expérience de Dieu et de disponibilité personnelle à celui qui enseigne de l’intérieur. Je pense à Ignace de Loyola qui a cherché avec anxiété des guides (personnes) spirituels pour l’aider. Il écrit, à la fin de sa vie, qu’il n’y eut qu’une femme, une béate, « qui l’aida vraiment ». Elle a dit à Ignace « qu’elle priait Dieu que Jésus-Christ lui apparaisse». Quand Ignace eut fait cette rencontre intérieure du Christ, il perdit son anxiété : il avait trouvé son Maître.
Ignace dit que « ce n’est pas d’en savoir beaucoup qui rassasie et satisfait l’âme, mais de sentir et de goûter les choses intérieurement ». Il insiste : « que le Créateur et Seigneur se communique lui-même à l’âme fidèle, l’enveloppant dans son amour.. que la personne qui accompagne laisse le Créateur agir immédiatement avec sa créature et la créature avec son Créateur et Seigneur. »
Longue vie au réseau mondial de Méditation chrétienne, artisan de paix et de liberté intérieure!
http://www.sentiersdefoi.info/

Méditation chrétienne au Quebec
http://www.meditationchretienne.ca/

Flossemburg Concentration Camp

9 avril, 2013

Flossemburg Concentration Camp  dans images Flossenburg-front

http://www.soyoucallyourselfahomeschooler.com/2012/10/19/flossenburg-concentration-camp-flossenburg-germany/

L’ACTUALITÉ DE DIETRICH BONHOEFFER (1906-1945)

9 avril, 2013

http://www.taize.fr/fr_article4882.html

L’ACTUALITÉ DE DIETRICH BONHOEFFER (1906-1945)

Dietrich Bonhoeffer, jeune pasteur symbole de la résistance allemande contre le nazisme, compte parmi ceux qui peuvent nous soutenir sur notre chemin de foi. Lui qui, aux heures les plus sombres du xxe siècle, a donné sa vie jusqu’au martyre, écrivait en prison ces paroles que nous chantons désormais à Taizé : « Dieu, rassemble mes pensées vers toi. Auprès de toi la lumière, tu ne m’oublies pas. Auprès de toi le secours, auprès de toi la patience. Je ne comprends pas tes voies, mais toi, tu connais le chemin pour moi. »
Ce qui touche chez Bonhoeffer, c’est sa ressemblance avec les Pères de l’Église, les penseurs chrétiens des premiers siècles. Les Pères de l’Église ont mené tout leur travail à partir de la recherche d’une unité de vie. Ils étaient capables de réflexions intellectuelles extrêmement profondes, mais en même temps ils priaient beaucoup et étaient pleinement intégrés dans la vie de l’Église de leur temps. On trouve cela chez Bonhoeffer. Intellectuellement il était quasiment surdoué. Mais en même temps cet homme a tant prié, il a médité l’Écriture tous les jours, jusque dans les derniers temps de sa vie. Il la comprenait, ainsi que Grégoire le Grand l’a dit une fois, comme une lettre de Dieu qui lui était adressée. Bien qu’il vienne d’une famille où les hommes – son père, ses frères – étaient pratiquement agnostiques, bien que son Eglise, l’Église protestante d’Allemagne, l’ait beaucoup déçu au moment du nazisme et qu’il en ait souffert, il a vécu pleinement dans l’Église.
Je relève trois écrits :
Sa thèse de doctorat, Sanctorum Communio, a quelque chose d’exceptionnel pour l’époque : un jeune étudiant de 21 ans écrit une réflexion dogmatique sur la sociologie de l’Église à partir du Christ. Réfléchir à partir du Christ sur ce que l’Église devrait être, cela paraissait incongru. Bien plus qu’une institution, l’Église est pour lui le Christ existant sous forme de communauté. Le Christ n’est pas un peu présent par l’Eglise, non : il existe aujourd’hui pour nous sous forme d’Église. C’est tout à fait fidèle à saint Paul. C’est ce Christ qui a pris sur lui notre sort, qui a pris notre place. Cette façon de faire du Christ reste la loi fondamentale de l’Église : prendre la place de ceux qui ont été exclus, de ceux qui se trouvent en dehors, comme Jésus l’a fait au cours de son ministère et déjà au moment de son baptême. Il est frappant de voir comment ce livre parle de l’intercession : elle est comme le sang qui circule dans le Corps du Christ. Pour exprimer cela, Bonhoeffer prend appui sur des théologiens orthodoxes. Il parle aussi de la confession, qui n’était pratiquement plus en usage dans les Églises protestantes. Imaginez cela : un jeune homme de 21 ans affirme qu’il est possible qu’un ministre de l’Église nous dise : « Tes péchés te sont pardonnés » et qu’il affirme que cela fait partie de l’essence de l’Église : quelle nouveauté dans son contexte !
Le deuxième écrit, c’est un livre qu’il a rédigé quand il a été appelé à devenir directeur d’un séminaire pour les étudiants en théologie qui envisageaient un ministère dans l’Église confessante, des hommes qui devaient se préparer à une vie très dure. Presque tous ont eu à faire à la Gestapo, certains ont été jetés en prison. En allemand le titre est extrêmement bref : Nachfolge, suivre. Cela dit tout sur le livre. Comment prendre au sérieux ce que Jésus a exprimé, comment ne pas le mettre de côté comme si ses paroles étaient pour d’autres temps ? Le livre le dit : suivre n’a pas de contenu. On aurait aimé que Jésus ait un programme. Et pourtant non ! À sa suite, tout dépend de la relation avec lui : c’est lui qui va devant et nous suivons.
Suivre, cela veut dire, pour Bonhoeffer, reconnaître que si Jésus est vraiment ce qu’il a dit de lui-même, il a, dans notre vie, droit sur tout. Il est le « médiateur ». Aucune relation humaine ne peut prévaloir contre lui. Il cite les paroles du Christ appelant à quitter les parents, la famille, tous ses biens. Cela fait un peu peur aujourd’hui, et on a pu le reprocher à ce livre : Bonhoeffer ne donne-t-il pas une image trop autoritaire du Christ ? On lit pourtant dans l’Évangile combien les gens ont été étonnés de l’autorité avec laquelle Jésus enseigne et avec laquelle il chasse les mauvais esprits. Il y a une autorité en Jésus. Lui-même, cependant, se dit tout autre que les Pharisiens, doux et humble de cœur, c’est-à-dire éprouvé lui-même et en dessous de nous. C’est ainsi qu’il s’est toujours présenté et c’est derrière cette humilité qu’est la vraie autorité.
Tout ce livre est bâti ainsi : écouter avec foi et mettre en pratique. Si on écoute avec foi, si on se rend compte que c’est lui, le Christ, qui parle, on ne peut pas ne pas mettre en pratique ce qu’il dit. Si la foi s’arrêtait devant la mise en pratique, elle ne serait plus la foi. Elle poserait une limite au Christ qu’on a écouté. Bien sûr, sous la plume de Bonhoeffer, cela peut paraître un peu trop fort, mais est-ce que l’Église n’a pas toujours à nouveau besoin de cette écoute-là ? Une écoute simple. Une écoute directe, immédiate, qui croit qu’il est possible de vivre ce que le Christ demande.
Le troisième écrit, ce sont les fameuses lettres de prison, Résistance et soumission. Dans un monde où il perçoit que Dieu n’est plus reconnu, dans un monde sans Dieu, Bonhoeffer se pose la question : comment allons-nous parler de Lui ? Allons-nous essayer de créer des domaines de culture chrétienne, en plongeant dans le passé, avec une certaine nostalgie ? Allons-nous essayer de provoquer des besoins religieux chez des gens qui apparemment n’en ont plus ? Aujourd’hui on peut dire qu’il y a un regain d’intérêt religieux, mais ce n’est souvent que pour donner un vernis religieux à la vie. Il serait faux de notre part de créer explicitement une situation dans laquelle les gens auraient besoin de Dieu.
Comment allons-nous alors parler du Christ aujourd’hui ? Bonhoeffer répond : par notre vie. C’est impressionnant de voir comment il décrit le futur à son filleul : « vient le jour où il sera peut-être impossible de parler ouvertement, mais nous allons prier, nous allons faire ce qui est juste, et le temps de Dieu viendra ». Bonhoeffer croit que le langage nécessaire nous sera donné par la vie. Nous pouvons tous ressentir aujourd’hui, même à l’égard de ceux qui sont les plus proches de nous, une grande difficulté à parler de la rédemption par le Christ, de la vie après la mort ou, plus encore, de la Trinité. Tout cela est tellement loin pour des gens qui, dans un certain sens, n’ont plus besoin de Dieu. Comment avoir cette confiance que si nous en vivons, le langage nous sera donné ? Il ne nous sera pas donné si nous rendons l’Évangile acceptable en le diminuant. Non, le langage nous sera donné si nous en vivons vraiment.
Dans ses lettres comme dans le livre sur suivre le Christ, tout se termine d’une façon presque mystique. Il n’aurait pas voulu qu’on dise cela, mais quand il s’agit d’être avec Dieu sans Dieu, on pense à saint Jean de La Croix, ou à sainte Thérèse de Lisieux dans ce phase très dure qu’elle a traversée à la fin de sa vie. C’est cela que voulait Bonhoeffer : rester avec Dieu sans Dieu. Oser se tenir à côté de Lui quand il est refusé, rejeté. Cela donne une certaine gravité à tout ce qu’il a écrit. Il faut pourtant savoir qu’il était optimiste. Sa vision de l’avenir a quelque chose de libérateur pour les chrétiens. Il avait confiance ; le mot confiance revient si souvent dans ses lettres de prison.
En prison, Bonhoeffer aurait voulu écrire un commentaire du psaume 119, mais il n’est arrivé qu’à la troisième strophe. Dans ce Psaume un verset résume bien ce dont Bonhoeffer a vécu : Tu es proche, toi Seigneur, tout ce que tu ordonnes est vérité. Dietrich Bonhoeffer a vécu de cette certitude que le Christ est réellement proche, dans toutes les situations, même les plus extrêmes. Tu es proche, toi Seigneur, tout ce que tu ordonnes est vérité. Nous pouvons croire que ce que tu ordonnes est non seulement vrai, mais digne de notre entière confiance.

frère François, de Taizé

DIETRICH BONHOEFFER – 1906- 1945 – mort le 9 avril 1945 au camp de concentration de Flossenbürg

9 avril, 2013

http://www.erf-auteuil.org/protestantisme/dietrich-bonhoeffer.html

DIETRICH BONHOEFFER – 1906- 1945

Dietrich Bonhoeffer, né le 4 février 1906 à Breslau (aujourd’hui Wrocław), mort le 9 avril 1945 au camp de concentration de Flossenbürg, en Bavière, près de l’actuelle frontière germano-tchèque, est un pasteur luthérien évangélique, théologien, écrivain et résistant au nazisme.
(extrait du Wikipedia)

1906-1945

Les grandes figures du Protestantisme n°6

Dietrich Bonhoeffer chercha sa route en un cheminement douloureux qui le mena, de la lutte pour la liberté de l’Eglise, à l’engagement politique. En 1939, à la sécurité douillette de l’asile américain, il préféra retourner en Allemagne.  » Je dois traverser cette période difficile de notre histoire nationale avec les chrétiens d’Allemagne  » expliqua-t-il. Privé de sa chair à l’Université, puis interdit de parole à l’Eglise, à cause de ses prises de position contre le nazisme, arrêté en 1943, traîné de prison en camp de concentration, Bonhoeffer fut condamné à la pendaison pour conspiration contre le régime. La sentence fut exécutée le 9 avril 1945. Il avait à peine 39 ans. Le matin de son exécution, il fit un culte, à la demande de se camarades. Ensuite, on vint le chercher pour l’emmener au gibet ; il eut juste le temps d’écrire au crayon son nom et son adresse dans son Plutarque, à la première et à la dernière page, et sur une page du milieu. C’était le dernier ouvrage qu’il avait demandé et reçu.
 » Le Prix de la Grâce  » et  » De la vie communautaire  » sont fortement marqués par sa théologie, axée sur le christocentrisme et la réhabilitation de l’Eglise visible – Eglise responsable qui doit inviter le chrétien non à se tourner vers un  » monde meilleur  » à venir, ce qui est fuite vers l’éternité, mais à trouver par lui-même la solution à ses problèmes : l’Eglise et le chrétien appartiennent pleinement au monde.
Du chrétien, Bonhoeffer réclame une vie de discipline, dans l’obéissance au Christ. Dans Le Prix de la Grâce, il tonne contre l’apathie de ses contemporains, leur abandon à tout effort, leur refus de la contrainte, leur paresse à se réformer :  » La grâce à bon marché, c’est la grâce considérée comme une marchandise à liquider, le pardon au rabais, le consolation au rabais, le sacrement au rabais ; la grâce servant de magasin intarissable à l’Eglise où des mains inconsidérées puisent pour distribuer sans hésitation ni limite ; la grâce non tarifée, la grâce qui ne coûte rien […]. La grâce à bon marché, c’est la grâce que n’accompagne pas l’obéissance, la grâce sans la croix, la grâce abstraction faite de Jésus-Christ vivant et incarné « . La grâce coûte cher, dit-il encore,  » parce qu’elle contraint l’homme à se soumettre au joug de l’obéissance à Jésus-Christ « .
De même qu’il refusa cette  » ennemie mortelle de notre Eglise  » qu’est la grâce à bon marché, il rejeta l’image d’un Dieu  » d’émotions sentimentales « , qu’il opposait à celle d’un Dieu de vérité. Dénonçant la fraternité chrétienne prise comme communauté rêvée pieuse, il écrit dans De la vie communautaire :  » Dieu hait la rêverie pieuse, car elle fait de nous des êtres durs et prétentieux. Elle nous fait exiger l’impossible de Dieu, des autres et de nous-même. Au nom de notre rêve, nous posons à l’Eglise des conditions et nous nous érigeons en juges sur nos frères et sur Dieu lui-même « . De ce fait, quand les choses ne vont pas, quand le rêve se brise, nous accusons nos frères, puis Dieu, et puis,  » en désespoir de cause, c’est contre nous-mêmes que se tourne notre amertume « .
Assurément, cette autonomie du chrétien ne doit pas être comprise comme une liberté orgueilleuse de l’homme, mais comme la liberté humble qui est celle du disciple du Christ. Le fondement de la pensée du théologien allemand est christologique ; ce qu’il veut souligner, c’est le rapport indissoluble de Dieu et du réel et il démontre que c’est en Jésus-Christ que s’offre à l’homme la possibilité d’avoir part à la réalité de Dieu et du monde. Bonhoeffer proclame cette  » majorité  » de l’homme au nom du Christ crucifié et ressuscité : le crucifié est celui qui libère, dirige et renouvelle la  » vraie mondanité « , c’est-à-dire ce qui est authentiquement d’ici-bas.
Du fond de sa prison, il allait développer dialectiquement sa théologie du monde adulte – d’où l’ambivalence de sa pensée. L’unité paradoxale de la théologie de la croix et celle de l’âge adulte y est en tout cas nettement exprimée :  » l’age adulte, dit-il, n’est plus maintenant un motif de polémique et d’apologétique, mais on le comprend effectivement beaucoup mieux qu’il ne se comprend lui-même à partir de l’Evangile et du Christ « . Et dans son célèbre texte du 16 juillet 1944, il explique :  » En devenant majeurs, nous sommes amenés à reconnaître réellement notre situation devant Dieu. Dieu nous fait savoir qu’il nous faut vivre en tant qu’hommes qui parviennent à vivre sans Dieu. Le Dieu qui est avec nous est celui qui nous abandonne (Marc 15, 34) !  » Et encore :  » On peut dire que l’évolution du monde vers l’âge adulte, faisant table rase d’une fausse image de Dieu, libère le regard de l’homme pour le diriger vers le Dieu de la Bible qui acquiert sa puissance et sa place dans le monde par son impuissance.  » On l’aura compris, l’image d’un Dieu faible, et non tout puissant, est celle qu’il emporta avec lui au gibet.
Notons par ailleurs que pour Bonhoeffer, comme d’ailleurs pour Kierkegaard, une christologie doit commencer dans le silence, le silence de l’Eglise devant la Parole.  » Parler du Christ signifie se taire , dit-il ; se taire à propos du Christ signifie parler. Des paroles justes dites par l’Eglise à partir d’un silence juste – voilà la proclamation du Christ  » (Cours donné à l’université de Berlin pendant le semestre d’été 1933).
Il voulait écrire un ouvrage sur l’éthique ; il n’en eut pas le temps. Le livre qui aujourd’hui porte ce titre, Ethique, a été publié après sa mort par son ami Eberhard Bethge. Il se compose de fragments, d’ébauches, d’études rédigés par Bonhoeffer. On aura une idée de l’évolution de la pensée du théologien allemand en comparant le langage d’ « Ethique  » avec celui de  » Résistance et Soumission  » : Ainsi, dans le premier, il écrit :  » Etre chrétien consiste en ceci : l’homme peut et doit vivre en homme devant Dieu  » ; dans le second, il dit :  » Devant Dieu et avec Dieu nous vivons sans Dieu « . Néanmoins, tant  » Le Prix de la Grâce « , œuvre de 1937, que  » Résistance et Soumission « , ses lettres de captivité, se terminent par le motif de l’imitatio *.
Chrétiens et païens
Les hommes vont à Dieu dans leur misère Et demandent du secours, du bonheur et du pain, Demandent d’être sauvés de la maladie, de la faute et de la mort Tous font cela, tous, chrétiens et païens.
Des hommes vont à Dieu dans sa misère, Le trouvent pauvre et méprisé, sans asile et sans pain, Le voient abîmé sous le péché, la faiblesse et la mort ; Les chrétiens sont avec Dieu dans sa Passion
Dieu va vers tous les hommes dansleur misère, Dieu rassasie leur corps et leur âme de son Pain ; Pour les chrétiens et les païens, Dieu souffre la mort de la croix Et son pardon est pour tous, chrétiens et païens.

Résistance et soumission. Lettres et notes de captivité, juillet 1944.

Liliane CRÉTÉ
(*) Imitatio : Dans Le Prix de la Grâce, il écrit :  » L’image de Jésus-Christ que celui qui obéit a sans cesse devant les yeux – à côté de laquelle toutes les autres disparaissent pour lui – pénètre en lui, le remplit, le transforme, afin que le disciple devienne semblable et même en tous points identique à son maître. L’image de Jésus-Christ, par la communion quotidienne, grave l’image du disciple. « 

Annonciation du Seigneur, cette année 2013: sur 8 Avril

8 avril, 2013

Annonciation du Seigneur, cette année 2013: sur 8 Avril  dans images sacrée DSCN0376

http://echoesfromrome.blogspot.it/2010/03/annunciation-of-lord-awe-and-gratitude.html

L’ANNONCIATION DU SEIGNEUR, TEXTE DE HENRI CAFFAREL – en 2013 est célébrée le 8 Avril

8 avril, 2013

http://www.saintjosephduweb.com/L-Annonciation-du-Seigneur-texte-de-Henri-Caffarel_a201.html

L’ANNONCIATION DU SEIGNEUR, TEXTE DE HENRI CAFFAREL -  en 2013 est célébrée le 8 Avril

Nous reproduisons ce texte du fondateur des équipes Notre-Dame, magnifique texte sur l’Annoncation du Seigneur, publié dans  » Prends chez toi Marie, ton épouse », éditions du feu Nouveau, p28 à 35.

 » L’ANNONCIATION DU SEIGNEUR »
La scène qui va faire de Marie, en quelques instants, la Mère de Dieu, et la mettre ainsi au sommet de la Création et de la Rédemption, se déroule dans une simplicité absolue. Saint Luc, dans son évangile, le souligne par le contraste qu’il établit entre l’annonce à Zacharie, père de Jean-Baptiste ( 1, 5-22), et l’annonce à marie, mère de jésus ( luc, 1, 26-38). Il faut relire ces deux écrits volontairement parrallèles, pour éprouver la force de l’opposition.
Le cadre, d’abord. D’un côté, la Ville Sainte, le temple ; et dans ce temple, le sanctuaire, avec l’autl des parfums recouvert d’or, près du voile qui masque le Saint des Saints. De l’autre côté, une province reculée, à l’écart des grandes communications, à la population mélangée, que les Juifs appelaient méprisamment  » la Galilée des Gentils » ; et dans cette province, une bourgade inconnue, que l’Ancien testament ne nomme pas une seule fois, et la seule idée qu’il s’y passe quelque chose fait rire les voisins :  » De Nazareth, s’esclaffera plus tard Nathanaël, peut-il sortir quelque chose de bon ?  » ( Jn, 1, 46)
Les personnages, ensuite. D’un côté, le prêtre Zacharie qui, seul dans le Sanctuaire, accomplit un acte solennel de son sacerdoce : l’offrande de l’encens sur l’autel des parfums, tandis qu’à l’extérieur se presse une foule recueillie. De l’autre, une petite villageoise de treize ou quatorze ans, seule dans une maison quelconque, et que sa vie de prière n’empêche pas de vaquer aux soins domestiques.
L’action enfin. d’un côté, une manifestation spectaculaire, et qui va tout de suite faire du bruit. De l’autre, un colloque de quelques mots, qui restera enfoui dans un profond secret.
Et pourtant ce qui se passe à Nazareth est incommensurable avec ce qui s’est passé au Temple. Le miracle n’est pas seulement plus divin, mais absolument divin. Dieu n’agit pas seulement, Il vient. Et c’est en même temps beaucoup plus simple, comme si Dieu voulait dire que, plus ses oeuvres sont grandes, plus il tient à la modestie des choses et des êtres pour les accomplir.
 Marie est donc dans sa maison comme tous les jours. Comme tous les jours, elle range, elle nettoie, elle cuisine. Inutile d’imaginer  » Marie à son livre d’heures ». Elle s’occupe, mais son coeur est libre d’aller vers ce qu’elle aime. Et ce qu’elle aime, c’est d’abord la conversation avec Dieu ; pour la nourrrir, il lui suffit de se rappeler les grands textes de la Bible qu’elle connaît bien, les psaumes qui chantent dans sa mémoire et sur ses lèvres, les prophéties qui, de siècle en siècle, ont annoncé le Messie à venir et qui bercent Israël d’un immense espoir, que certains prennent pour un rêve. Mais elle, qui y croit passionnément, mystiquement, voudrait être pour quelque chose dans la venue du Sauveur. Comment ? Elle n’en sait rien. Les vues de Dieu sont insondables. Et il suffit d’être disponible quand il parle ;
Ce qu’elle aime, c’est donc Dieu avant tout. Mais elle aime aussi ce jeune homme beau et viril, Joseph, qui s’est déjà engagé envers elle, et envers qui elle s’est engagée. Comment ne pas penser à lui en même temps qu’à Dieu, puisque leur prochain mariage est voulu de Dieu ? A l’instant où l’Ange se manifeste, Marie a le coeur rempli de Dieu mais aussi tout donné à Joseph.
Le Messager s’approche, parle. Marie le regarde sans surprise, étant de plein pied avec les choses de Dieu ; mais comme ses paroles sont étrangement solennelles ! Chaque mot tombe sur elle, lourd de mystère :  » Réjouis-toi », c’est plus qu’un simple salut. C’est une invitation à la joie, et très particulièrement à la joie messiannique. Marie se souvient que cet impératif annonçait dans la Bible la venue de Dieu parmi son peuple :  » Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Pousse des cris d’allegresse, Israël ! Réjouis-toi et exulte à plein coeur, fille de Jérusalem ! Le roi d’Israël, le Seigneur, est en toi » ( So 3,14-15) se pourrait-il qu’enfin… ? mais pourquoi ces paroles lui sont-elles adressées ?
 » Toi qui as la faveur de Dieu.  » L’Ange ne dit pas  » Marie » comme c’est la coutume. Il semble lui donner un autre nom que le sien, un nom prophétique, comme chaque fois que Dieu désigne un élu pour une mission. Mais alors, Marie serait-elle l’objet de la faveur divine ? Pour quelle tâche ?
 » Le Seigneur est avec toi ». Elle sait bien que le Seigneur est avec ceux qui croient en lui. Mais là, il s’agit bien, semble-t-il, d’une présence toute particulière, en rapport avec la  » joie » et la  » prédilection » qui précèdent. Marie, la toute humble, la pauvre du Seigneur, plie sous le choc. Que lui arrive-t-il ? L’Evangile, toujours avare de mots affectifs, note qu’elle fut  » bouleversée ».
L’Ange reprend alors les mêmes formules en d’autres termes : « Ne crains point ( = réjouis- toi), Marie, ( cette fois son nom est dit), tu as trouvé faveur auprès de Dieu ( = toi qui as la faveur de Dieu) » Et d’un trait, il livre la nouvelle inouïe :  » Tu vas concevoir et tu enfanteras un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus. Il sera grand et on le tiendra pour le Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père, il règnera à jamais sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin » ( Luc, 1, 31-32)
Cette fois, plus de doute. C’est bien sur elle que déferle l’énorme vague de l’espérance messiannique, venue du fond de l’histoire humaine. Le règne du Seigneur au mileu de son peuple, la venue du Messie, fils de David, ces deux grandes promesses qui rythmaient l’Ancien Testament et qui avaient été l’âme de sa propre prière, c’est par elle, Marie, qu’ils s’accompliront.
Mais pour s’engager plus lucidement dans le plan de Dieu, pour mettre son intelligence de pair avec le consentement profond de sa volonté, elle pose une question :  » Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais pas d’homme ? « 
Il ne s’agit pas d’une objection, d’une demi-incrédulité, comme celle de Zacharie ; sinon, elle ne recevrait pas une réponse favorable de l’Ange et, plus tard, Elisabeth ne la bénirait pas pour  » avoir cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit ». Marie est tout élan vers Dieu et ne saurait rien refuser, ni rien mettre en doute. Sa question signifie :  » Si je dois être mère, comment garderai-je ma virginité ? » Car cette virginité n’est pas seulement, dans sa pensée, un état de fait provisoire, mais une volonté définitive. Entre cette virginité et la mission qui lui est proposée, elle ne voit pas la compatibilité. Et elle veut la voir, pour entrer totalement dans le dessein de Dieu.
En même temps,  » l’homme » qu’elle évoque en cet instant n’est pas simplement l’homme en général, c’est cet homme tendrement aimé, Joseph, dont son coeur de femme est rempli. L’homme  » qu’elle-ne-connaît-pas », au sens biblique et physique du mot, mais qui est pourtant celui auquel elle a noué son destin et à qui elle pense sans cesse, ne sera-t-il pour rien dans ce mystère ? A l’arrière-plan de l’interrogation de Marie, se profile son amour pour Joseph.
L’Ange ne répond qu’à la question directement posée :  » l’Esprit Saint viendra sur toi et l’ombre de la puissance du Très-Haut te couvrira ; aussi l’enfant à naître qui sera saint, sera tenu pour le Fils de Dieu ». C’est à Joseph, un peu plus tard, qu’il apportera la réponse complémentaire.
Là encore, les mots ont pour Marie une profonde résonance biblique ; l’Esprit viendra sur toi, comme sur les hommes choisis par Dieu, comme sur le Messie, l’Emmanuel annoncé, comme sur la communauté de la fin des temps. La puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre, comme la nuée qui précédait les Hébreux dans le désert, et qui enveloppait la tente de réunion où reposait l’Arche Sainte.
Marie comprend, sans aucun doute, qu’une intervention spéciale de Dieu va faire de son sein virginal une nouvelle Tente de Réunion, une nouvelle Arche d’Alliance, où naîtra le Messie, sans qu’un homme ait besoin de l’approcher. Comprend-elle aussi que le Saint qui naîtra d’elle sera le Fils de Dieu, au sens le plus absolu du terme, probablement non, car l’Ancien Testament n’a jamais dit que le Messie serait Dieu, et rien n’autorisait une hypothèse aussi audacieuse. Elle voit bien que son Fils, le Messie, sera plus proche de Dieu qu’aucun libérateur d’Israël ; mais il faudra des mois, des années, pour qu’elle découvre que sa maternité messianique est aussi une maternité divine.
Pourtant, si sa foi, comme toute foi, reste obscure, elle n’en est pas moins totale. Et elle prononce le mot que Dieu attendait d’elle, que l’univers entier attendait sans le savoir :  » Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta volonté ». La soumission est inconditionnelle. L’avenir de son enfant reste dans l’ombre, le sien également ; mais d’avance, elle souscrit à tout. Et elle y souscrit, non passivement , mais de toute l’énergie de son être ; le  » fiat » est impératif, c’est un ordre qu’elle se donne à elle-même, par lequel elle prend en main sa vie et la jette en avant. Il y a ainsi des créatures qui restent dans l’attende et qui, une fois décidées, révèlent une force extrême.
L’Ange est parti. Marie est toujours là, dans sa maison, la même que tout à l’heure en apparence. Pourtant, c’est une autre Marie. Elle médite le message, et peu à peu, il l’envahit et la transfigure. Comme toutes les femmes d’Israël, elle aura un enfant et se retrouvera sur la grand-route de la bénédiction divine traditionnelle. Mais son enfant ne ressemblera à aucun autre ; elle même ne ressemblera à aucune autre mère. et du coup, tout s’éclaire et se coordonne. Dieu lui avait inspiré de rester vierge ; Dieu lui demande aujourd’hui d’avoir un enfant ; Dieu ne se contredit pas, mais il fallait qu’en choisissant la virginité, elle renonçât à être mère pour pouvoir le devenir aujourd’hui. Elle découvre qu’on ne possède jamais ( mais alors au centuple) que ce que l’on donne. Parce qu’elle a renoncé délibérémént aux joies pures et fortes de la maternité, elle les retrouvera et les éprouvera comme jamais aucune mère ne les as connues.
Et son enfant sera le Messie. A sa joie de mère, s’ajoute celle de donner un Sauveur au monde. L’attente séculaire d’Israël, l’attente millénaire des hommes, a enfin trouvé sa réponse. Et Marie la Servante est la dépositaire de cet espoir comblé. Pour l’instant, dans la maison de Nazareth, sa joie surpasse toute expression, et Marie s’abîme dans un silence adorant.
P. Henri Caffarel, fondateur des équipes Notre-Dame )

HOMÉLIE DU DIMANCHE DE PÂQUES À JÉRUSALEM – PATRIARCHE FOUAD TWAL

8 avril, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/homelie-du-dimanche-de-paques-a-jerusalem

HOMÉLIE DU DIMANCHE DE PÂQUES À JÉRUSALEM

« UN EXCELLENT MOYEN POUR RAVIVER NOTRE FOI »

JÉRUSALEM, 31 MARS 2013 (ZENIT.ORG) PATRIARCHE FOUAD TWAL

Le patriarche latin de Jérusalem, Fouad Twal invite à fortifier sa foi par le pèlerinage aux Lieux Saints en disant: « Le pèlerinage aux Lieux Saints et aux “pierres vivantes”, est un excellent moyen pour raviver notre foi ».
La messe du Dimanche de Pâques a été célébrée ce matin le 31 mars 2013 au Saint Sépulcre – basilique de la Résurrection -, devant le Tombeau. Elle a été présidée par Sa Béatitude le Patriarche Fouad Twal, patriarche latin de Jérusalem (cf. http://fr.lpj.org/2013/03/31/messe-du-dimanche-de-paques-au-saint-sepulcre/).

Homélie du patriarche latin de Jérusalem pour la messe de Pâques

31 mars 2013

Excellences,

Chers frères dans l’épiscopat et le sacerdoce

Chers amis,

Sainte fête de Pâques à tous ! Le Christ est vraiment ressuscité ! Alléluia ! Pâques illumine ! Le ressuscité nous enveloppe de sa lumière, il donne à nos cœurs une joie immense et une grande espérance et il les remplit de son amour.
Aujourd’hui nous est relatée dans l’évangile la course haletante de Pierre et Jean qui suivent Marie-Madeleine vers le tombeau où le corps de Jésus a été déposé. Mais ils découvrent un tombeau vide avec le linceul. Pourtant, instantanément Jean vit et crût que Jésus n’a pas été enlevé mais qu’il est ressuscité. La foi est donc un don et elle est aussi personnelle. C’est pourquoi une relation intime avec Dieu est nécessaire.  Elle s’établit par la prière dans le secret des cœurs devant une “présence absente”, dont témoigne le tombeau vide.  Le tombeau vide comme on le voit aujourd’hui ici-même, est le chemin de la foi qui commence. Cette foi – notre foi – s’appuie sur le témoignage des Apôtres. Il nous est demandé de croire sans voir : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »  (Jean 20, 29).
La résurrection est au centre de la foi chrétienne : « Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi » (1Co 15,17). Malgré cela les catholiques, les orthodoxes et les protestants célèbrent Pâques à des dates différentes.   Nous savons que la division ne vient pas de Dieu. C’est pourquoi, nous avons décidé dans notre diocèse de Terre Sainte à l’exception de Jérusalem et de Bethléem, de caler la date de Pâques des catholiques  sur le calendrier julien  pour que les familles de confession mixte puissent fêter ce mystère ensemble. Comme c’est le cas en Jordanie, en Syrie et en Egypte. Une célébration commune solennelle et joyeuse de la Résurrection du Seigneur par tous les chrétiens à travers la Terre Sainte, peut devenir un témoignage crédible et authentique de l’appel du Christ pour plus de communion, ainsi que de notre réponse à cet appel..
Cette décision d’unifier la date Pâques n’est pas facile mais c’est un premier pas vers l’unité complète  que nous devons porter dans notre prière.  Dans cette Année de la foi, qui se prête très bien à ce défi, il nous est aussi demander de redynamiser notre foi et notre enthousiasme.  L’évangélisation, à travers notre charité, amour du prochain et simplicité,  semble être une priorité pour notre nouveau pape François. Notre pape argentin vient d’un continent qui compte 40 % des catholiques du monde, mais où la position de l’Eglise est contestée par les groupes évangéliques et où les relations avec le monde politique sont un peu tendues. L’Esprit-Saint qui a déjoué tous les pronostics, vient de nous donner un pape dont l’action depuis des années, se trouve dans la droite ligne des orientations du dernier synode qui portait sur la « nouvelle évangélisation. »
Le Saint Père a demandé dans son tout premier discours aux fidèles d’« entreprendre un chemin de fraternité, d’amour » et d’« évangélisation ».
Dans l’évangile de Saint Jean, Jésus nous dit qu’il est la lumière ; qui le suit « ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie » (Jn 8, 12). En tant que chrétiens, le Seigneur nous invite aussi à être une lumière pour le monde ; à porter la lumière de l’espérance au milieu des violences, des souffrances, des guerres, de l’injustice. Il nous invite ici à porter la lumière de la foi au milieu de notre région du Proche-Orient, là où le christianisme est né, là où l’Eglise-Mère de Jérusalem est née, là où naît tout chrétien. C’est pourquoi la nouvelle évangélisation, pour être moderne et efficace, doit repartir de Jérusalem,
- repartir de la première communauté chrétienne assidue à la lecture de la Parole de Dieu, à rompre le pain et à la solidarité.
- repartir de la première communauté, ancrée dans la personne du Christ, ayant une cause, pour laquelle elle était disposée à affronter tout sacrifice jusqu’au martyre. Ainsi, je renouvèle mon invitation à venir en Terre Sainte à tous les pèlerins du monde entier et en premier lieu à notre pape François qui sera le bienvenu.
Venez vous aussi comme Pierre et Jean voir le tombeau vide. Le pèlerinage aux Lieux Saints et aux “pierres vivantes”, est un excellent moyen pour raviver notre foi et celle des pèlerins. Il permet de mieux connaître le cadre culturel, historique et géographique, où sont nés les mystères auxquels nous croyons, et dont le plus important est fêté aujourd’hui : la résurrection.
Le pèlerinage ici est une occasion de rencontre personnelle et incarnée avec Jésus. En ce sens, les chrétiens de Terre Sainte sont la mémoire collective vivante de l’histoire de Jésus. Mais en même temps ils ont besoin des autres fidèles, de leurs prières et de leur solidarité ; la présence des pèlerins est de fait un véritable témoignage de foi et de communion avec notre Eglise du Calvaire.
Notre Eglise vit dans un Moyen-Orient de souffrance. L’Année de la foi répond donc ici à des enjeux spécifiques. D’abord, je pense à toutes les victimes et tous les réfugiés syriens qui affluent dans les pays voisins et notamment en Jordanie, mais aussi à tous les chrétiens de Terre Sainte qui sont tentés par l’émigration, je veux redire à tous que la fête de la résurrection est un motif d’espérance pour un monde affligé par de profondes tragédies souvent provoquées par la violence humaine. Les croix de nos vies ne sont pas pour autant balayées à Pâques ; Dieu ne vient pas les supprimer, mais il a ouvert un chemin d’espérance au milieu de la souffrance, et il veut l’ouvrir chaque jour pour nous.
Vivre au Moyen-Orient en tant que chrétien, n’est pas un choix mais une vocation. Il faut passer par la croix pour connaître la résurrection. « La croix nous fait souvent peur, car elle semble être la négation de la vie. En réalité, c’est le contraire ! Elle est le “oui” de Dieu à l’homme, l’expression extrême de son amour et la source d’où jaillit la vie. Car du cœur de Jésus ouvert sur la croix, a jailli cette vie divine, toujours disponible pour celui qui accepte de lever les yeux vers le crucifié. ». ( Benoît XVI lors de JMJ de Madrid.)
Depuis le matin de Pâques, l’espérance chrétienne est sans limite. Toute nuit noire peut être illuminée par le vainqueur du tombeau. Ce ne sont plus des terres qu’il faut reconquérir, mais des cœurs. Des cœurs qu’il faut convertir et éduquer à la paix. J’invite encore et encore la communauté internationale, au-delà des discours et des visites, à prendre concrètement les décisions efficaces pour trouver une solution équilibrée et juste pour la cause palestinienne qui est à l’origine de tous les troubles du Moyen-Orient.
En novembre 2010, j’ai rencontré personnellement le Pape en Argentine où nous avions pu évoquer la situation de la diaspora des chrétiens d’Orient en Amérique latine. L’Argentine a accueilli de nombreux émigrés du Moyen-Orient. Le pape François est ainsi sensibilisé à la question de l’émigration des fidèles de Terre Sainte. Il fut d’ailleurs jusqu’ici ordinaire pour les fidèles de rite oriental résidant dans son pays. Je suis convaincu que le Saint Père continuera avec force et détermination le travail de Benoît XVI pour la paix en Terre Sainte, et un rapprochement entre les peuples et les religions du monde. Ici en Terre Sainte,notre communion avec le Saint Père est profonde et notre confiance  absolue. Nous savons d’expérience tout l’intérêt et les efforts pour la paix ,que porte le Saint-Siège à notre Patriarcat et à la Terre Sainte.
Chers frères et sœurs, recevez mes meilleurs souhaits de Joyeuses Pâques ; que ce soit l’occasion d’une belle résurrection de nous-mêmes, de nos Eglises et de notre Terre Sainte. Qu’en ce matin de Pâques germe un printemps nouveau.
Que cette fête radieuse de la Résurrection du Christ vous apporte la bénédiction du Seigneur !

Amen.

+ Fouad Twal, Patriarche

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