Archive pour avril, 2013

JACQUES DE SAROUG : TOI LE PRÊTRE QUI EST NOTRE SEL

15 avril, 2013

http://www.patristique.org/Jacques-de-Saroug-Toi-le-pretre.html

JACQUES DE SAROUG : TOI LE PRÊTRE QUI EST NOTRE SEL

Jacques de Saroug († 521) est l’un des plus grands docteurs syriens. Il fit ses études dans l’école très réputée d’Édesse puis il devint moine. Son œuvre poétique est considérable. Nous publions ici un passage de son
Poème sur l’amour.

es actions mauvaises sont devenues de plus en plus graves
et même le prêtre se met en colère.
Lui, le gardien des mystères, il déteste son frère
et il se moque de lui.

Devant cela, est-ce que je vais me taire
ou parler avec respect ?
Est-ce que je vais parler clairement
ou fermer la bouche pour ne pas enseigner ?

Le prêtre est le sel de la terre
et c’est lui qui réconcilie ceux qui sont en colère.
Si lui-même est en colère,
qui va le réconcilier avec son prochain ?

Personne ne met du sel avec du sel
pour le rendre meilleur.
Si le sel perd son goût,
qui peut lui rendre son bon goût ?

Si le sel est sans goût,
qu’est-ce qu’on va mettre dans la nourriture ?
Si le sel perd son goût,
il n’a plus aucune chance de donner un bon goût.

Alors, toi, le prêtre qui es notre sel, apporte ton bon goût
pour nous rendre agréables aux autres.
Toi, tu ne perds pas ton bon goût,
et nous t’attendons pour que tu nous rendes purs.

Mélange-toi à nous qui avons perdu notre bon goût.
Nous sommes devenus mauvais et nous ne faisons plus le bien.
Remets-nous sur le droit chemin
et redonne-nous le bon goût que nous avons perdu.

Tous attendent le bon goût de ton sel
pour devenir purs.
Si ton bon goût disparaît,
on pleurera à cause de ton goût mauvais.

Prêtre, tu es le sel.
Fais attention
à ne pas te mettre en colère contre ton prochain,
sinon les gens vont dire :
le sel n’a plus de goût.

« Vous êtes le sel de la terre » (Mt 5, 13)
et vous donnez la paix à votre pays.
« Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 14)
et vous enseignez aux autre qui est Dieu.

Vous réconciliez celui qui est en colère contre son prochain,
vous calmez celui qui s’énerve contre son compagnon.
Vous, les prêtres, vous apprenez aux autres à aimer leurs ennemis.
Vous leur donnez un enseignement qui donne la vie.

Vous annoncez de la part de Dieu :
« Si ton frère pèche sept fois,
pardonne-lui sept fois soixante fois. »

Sur vos instruments de musique,
vous chantez l’Évangile du Fils de Dieu,
vous chantez les chants de l’amour
pour que chacun aime celui qui le déteste.

Dans l’Église tous les chrétiens au cœur pur
vous entendent dire dans tous les pays :
« Personne ne doit rendre le mal pour le mal » (1 Th 5, 15).

Toi qui es prêtre, tu m’as enseigné ce que disent les Livres saints,
et, grâce à cela, j’ai aimé mon ennemi.
Mais, qu’est-ce que je vais faire
si je vois que toi, prêtre, tu détestes ton frère ?

Tu m’enseignes : « Aime celui qui te déteste. »
Mais quand ton frère est en colère contre toi,
tu ne trouve pas bien de faire la paix avec lui !

Tu m’as dit : « Dieu ne te pardonnera pas,
si tu ne pardonne pas. »
Et toi, tu ne veux pas pardonner à ton frère
qui s’est mis en colère contre toi !

Si tu ne respectes pas ce que tu dois faire,
est-ce que quelqu’un pourra t’instruire ?
J’ai peur de t’instruire, toi, un prêtre !

Quand tu nous as lu les Livres saints,
tu m’as appris à faire la paix avec mon frère.
En effet, le jour du Grand Pardon,
on ne recevait pas celui qui était en colère.

Dans la Bonne Nouvelle, on lit :
« Laisse ton offrande
et va d’abord faire la paix avec ton frère » (Mt 5, 24).

Oui, si quelqu’un est en colère,
et s’il fait la paix avec son frère,
ensuite il peut facilement présenter son offrande à Dieu.

Mais quand nous n’avons pas fait la paix,
si nous offrons de l’encens à Dieu, notre offrande sent mauvais.
Et si celui qui offre l’encens est en colère,
il méprise la maison de Dieu.

En effet, le jour où nous demandons pardon à Dieu,
l’encens est le signe de notre amour pour Dieu.
C’est l’intelligence du cœur qui l’a recueilli
dans les racines bénies de l’arbre du paradis.

Cet encens choisi
que le prêtre présente dans le lieu très saint du Temple
figure les pensées qui sont pures de tout mal.

Le chandelier à sept branches
qui éclairait autrefois la Tente de la Rencontre,
c’est l’amour du Seigneur
qui est dans le cœur de l’homme pur.

[…]

S’il aime, le prêtre peut entrer chez Dieu.
Mais, s’il n’aime pas,
un simple chrétien est meilleur que lui.

Source :

La prière des Pères, Sodec-a.i.m., Bayard Éditions 1997, p. 212-217.

L’ÉVÊQUE DE ROME À SAINT-PAUL-HORS-LES-MURS – INVITATION À LA COHÉRENCE ENTRE FOI ET VIE

15 avril, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/l-eveque-de-rome-a-saint-paul-hors-les-murs

L’ÉVÊQUE DE ROME À SAINT-PAUL-HORS-LES-MURS

INVITATION À LA COHÉRENCE ENTRE FOI ET VIE

ROME, 14 AVRIL 2013 (ZENIT.ORG) ANNE KURIAn

Le pape François a pris possession de la basilique papale de Saint-Paul-hors-les-Murs, lors d’une messe qu’il a célébrée ce dimanche 14 avril 2013. Il a notamment invité les chrétiens à une vie cohérente avec leur foi.
La prise de possession des quatre basiliques majeures de Rome fait partie des rites de l’inauguration du pontificat: il s’agissait aujourd’hui de la troisième basilique, après Saint-Pierre, le 19 mars, et Saint-Jean-du-Latran, le 7 avril.
Une foule consistante a participé à la célébration, à l’intérieur et à l’extérieur de Saint-Paul-hors-les-Murs, en ce IIIe dimanche du temps pascal.
A son arrivée, le pape s’est recueilli devant le tombeau de saint Paul, qu’il a encensé. Puis il a gravi les marches vers la chaire du chevet de la basilique, sur laquelle il s’est assis, accueilli par les applaudissements de l’assemblée et par les paroles du cardinal archiprêtre James Harvey : « Nous unissons nos voix à l’hymne de louange à l’occasion de la visite du Successeur de Pierre sur la tombe de saint Paul ».
Au cours de l’homélie, le pape a invité à la cohérence de vie, en vue du témoignage : « L’incohérence entre ce que disent les fidèles et les pasteurs, et ce qu’ils font, entre leur parole et leur façon de vivre mine la crédibilité de l’Église », a-t-il souligné.
Quittant son texte, le pape a alors cité saint François, déclenchant une large salve d’applaudissements : « Il me vient à l’esprit un conseil de saint François à ses disciples : « prêchez l’Evangile, et si nécessaire … aussi avec les paroles ; témoignez par la vie ».
Ainsi, a-t-il dit aux pasteurs, « nous ne pouvons pas paître le troupeau de Dieu si nous n’acceptons pas d’être conduits par la volonté de Dieu là aussi où nous ne voudrions pas, si nous ne sommes pas prêts à témoigner du Christ par le don de nous-mêmes, sans réserve, sans calculs, quelquefois au prix de notre vie ».
Il a élargi son invitation à tous : si tous les témoignages de foi sont importants, des plus « humbles et petits », ou « cachés », à ceux qui « donnent leur vie par un témoignage marqué par le prix du sang », cependant tous doivent pouvoir se lire dans la façon de vivre : « Qui nous écoute et nous voit doit pouvoir lire à travers nos actions ce qu’il écoute de notre bouche et rendre gloire à Dieu ».
« Souvenons-nous en bien tous : on ne peut pas annoncer l’Évangile de Jésus sans le témoignage concret de la vie », a souligné le pape.
Cependant, a-t-il ajouté, « tout cela est possible … seulement si nous sommes proches [du Christ], exactement comme Pierre, Jean et les autres disciples, dans le passage de l’Évangile d’aujourd’hui, sont autour de Jésus ressuscité; il y a une proximité quotidienne avec lui, et ils savent bien qui il est, ils le connaissent ».
La messe s’est poursuivie dans la sobriété : pour l’offertoire, seuls un couple de laïcs de Rome sont venus présenter les offrandes. Et lors de la communion, le pape a simplement donné la communion aux diacres et aux servants de messe avant de retourner s’asseoir.
A la fin de la célébration, au moment du Regina Coeli, le pape s’est rendu dans la chapelle du crucifix et il a vénéré une icône de Marie Hodigitria – « qui montre le chemin » – (XIIIe siècle), devant laquelle saint Ignace de Loyola et ses premiers compagnons ont fait leur profession solennelle dans la Compagnie de Jésus, le 22 avril 1541.
Le pape a descendu en procession la nef centrale, sous les acclamations: « Viva il papa ! » et les applaudissements. Sorti par le portique, il a béni la foule qui attendait en dehors de la basilique, avant de se rendre à sacristie.
Le samedi 4 mai, à 18h, le pape François priera le chapelet en la basilique Sainte-Marie-Majeure, la quatrième et dernière basilique majeure dont il doit « prendre possession ».
Les deux prochains rendez-vous du pape et de fidèles sont mercredi prochain, place Saint-Pierre, pour l’audience générale, à 10h30, et dimanche prochain, 21 avril, pour des ordinations sacerdotales, à 9h30.

la pêche miraculeuse

13 avril, 2013

la pêche miraculeuse dans images sacrée 464px-Bouts_third-appearance

http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bouts_third-appearance.jpg

DIMANCHE 14 AVRIL : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – DEUXIEME LECTURE – APOCALYPSE DE SAINT JEAN 5, 11-14

13 avril, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DIMANCHE 14 AVRIL : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

DEUXIEME LECTURE – APOCALYPSE DE SAINT JEAN 5, 11-14

Moi, Jean,
11 dans ma vision,
 j’ai entendu la voix d’une multitude d’anges
 qui entouraient le Trône, les Vivants et les Anciens :
 ils étaient des millions, des centaines de millions.
 12 Ils criaient à pleine voix :
 « Lui, l’Agneau immolé, il est digne
 de recevoir puissance et richesse,
 sagesse et force,
 honneur, gloire et bénédiction. »
13 Et j’entendis l’acclamation de toutes les créatures
 au ciel, sur terre, sous terre et sur mer ;
 tous les êtres qui s’y trouvent proclamaient :
 « A celui qui siège sur le Trône, et à l’Agneau,
 bénédiction, honneur, gloire et domination
 pour les siècles des siècles. »
14 Et les quatre Vivants disaient : « Amen ! »
 Et les Anciens se prosternèrent pour adorer.

Avec l’Apocalypse, nous voici en présence d’une vision, avec tout ce que cela comporte d’inhabituel ; mais d’avance nous savons une chose : c’est que le livre entier de l’Apocalypse est un chant de victoire ; dans le passage ci-dessus, c’est clair ! Au ciel, des millions et des centaines de millions d’anges crient à pleine voix quelque chose comme « vive le roi! »… et, dans tout l’univers, que ce soit sur terre, sur mer, ou même sous la terre, tout ce qui respire acclame aussi comme on le fait au jour du sacre d’un nouveau roi. Le nouveau roi, ici, bien sûr, c’est Jésus-Christ : c’est lui, « l’Agneau immolé », qui est acclamé et reçoit « puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et bénédiction. » Pour décrire la royauté du Christ, cette vision utilise un langage symbolique, fait d’images et de chiffres. C’est dire la richesse et aussi la difficulté de ces textes. La richesse, parce que, seul, le langage symbolique peut nous faire pénétrer dans le monde de Dieu ; l’ineffable, l’indicible ne se décrit pas ; il peut seulement être suggéré ; par exemple, il faut être attentif à certaines images, à certaines couleurs, à certains chiffres qui reviennent fréquemment et ce n’est certainement pas par hasard.
 Mais la difficulté réside dans l’interprétation des symboles. Notre imagination est sollicitée, elle peut nous aider, mais jusqu’où pouvons-nous faire confiance à notre intuition pour comprendre ce que l’auteur a voulu suggérer ? Il faut donc toujours rester très humble dans l’interprétation des symboles ! Nous ne pouvons pas prétendre comprendre le sens caché d’un texte biblique quel qu’il soit. L’expression « les quatre Vivants » en est un bon exemple : le chapitre précédent de l’Apocalypse nous les a décrits comme quatre animaux ailés ; le premier a un visage d’homme, les trois autres ressemblent à des animaux, un lion, un aigle, un taureau… et nous avons l’habitude de les voir sur de nombreuses peintures, sculptures et mosaïques… et nous croyons savoir sans hésitation de qui il s’agit ; c’est Saint Irénée qui, au deuxième siècle, en a proposé une lecture symbolique : pour lui, les quatre vivants sont, à n’en pas douter, les quatre évangélistes : Matthieu, le Vivant à face d’homme, Marc le lion (les amoureux de Venise ne peuvent pas l’oublier !), Luc le taureau, Jean l’aigle. Mais les biblistes ne sont pas bien à l’aise avec cette interprétation : car il semble bien que l’auteur de l’Apocalypse ait repris ici une image d’Ezéchiel dans laquelle quatre animaux soutiennent le trône de Dieu, et ils représentent tout simplement le monde créé.
 Parlons des chiffres, justement : toutes ces précautions prises, il semble bien que le chiffre 3 symbolise Dieu ; et 4 le monde créé, peut-être à cause des quatre points cardinaux ; 7 (3+4) évoque à la fois Dieu et le monde créé ; il suggère donc la plénitude, la perfection… du coup, 6 (7-1) est incomplet, imparfait. L’acclamation des Anges revêt donc une portée singulière : « Lui, l’Agneau immolé, il est digne de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et bénédiction » : quatre termes de réussite terrestre ajoutés à trois termes réservés à Dieu (honneur, gloire, bénédiction) ; au total sept termes : c’est dire que l’Agneau immolé (les lecteurs de Jean savent qu’il s’agit de Jésus) est pleinement Dieu et pleinement homme ; et là on voit bien la force de suggestion d’un tel langage symbolique !
 Continuons notre lecture : « J’entendis l’acclamation de toutes les créatures au ciel, sur terre, sous terre et sur mer » ; (là encore quatre termes : il s’agit bien de toute la création) ; tous les êtres qui s’y trouvent proclamaient : « A celui qui siège sur le Trône, et à l’Agneau, bénédiction, honneur, gloire et domination pour les siècles des siècles. » C’est le monde créé qui proclame sa soumission à celui qui siège sur le Trône (Dieu bien sûr), et à l’Agneau. Ce n’est pas un hasard, non plus, si les Vivants qui soutiennent le trône de Dieu chez Ezéchiel et qui représentent le monde créé sont au nombre de quatre.
 Toute cette insistance de Jean, ici, vise à mettre en valeur cette victoire de l’Agneau immolé : apparemment vaincu, aux yeux des hommes, il est en réalité le grand vainqueur ; c’est le grand mystère qui est au centre du Nouveau Testament, ou le paradoxe, si l’on préfère : le Maître du monde se fait le plus petit, le Juge des vivants et des morts a été jugé comme un criminel ; lui qui est Dieu, il a été traité de blasphémateur et c’est au nom de Dieu qu’il a été rejeté. Pire, Dieu a laissé faire. Quand Saint Jean développe cette méditation à l’adresse de sa communauté, on peut penser que son objectif est double : premièrement, il faut trouver une réponse au scandale de la croix, et donner des arguments aux Chrétiens en ce sens. Quand Jean écrit l’Apocalypse, Chrétiens et Juifs sont en pleine polémique sur ce sujet : pour les Juifs, la mort du Christ suffit à prouver qu’il n’était pas le Messie ; le livre du Deutéronome avait résolu la question : « Celui qui a été condamné à mort au nom de la Loi, exécuté et suspendu au bois est une malédiction de Dieu » (Dt 21, 22). Or c’est bien ce qui s’est passé pour Jésus.
 Pour les Chrétiens, témoins de la Résurrection, ils y voient au contraire l’oeuvre de Dieu. Mystérieusement, la Croix est le lieu de l’exaltation du Fils. Jésus l’avait annoncé lui-même dans l’évangile de Jean : « Lorsque vous aurez élevé le Fils de l’homme, vous connaîtrez que « Je Suis » (Jn 8, 28). Ce qui veut dire « vous reconnaîtrez enfin ma divinité » (puisque « Je Suis » est exactement le nom de Dieu). Il faut donc apprendre à lire sur les traits défigurés de ce misérable condamné la gloire même de Dieu. Dans la vision que Jean nous décrit, l’Agneau reçoit les mêmes honneurs, les mêmes acclamations que celui qui siège sur le Trône. Deuxième objectif de Jean, aider ses frères à tenir bon dans l’épreuve : les forces de l’amour ont déjà vaincu les forces de la haine ; c’est tout le message de l’Apocalypse.

HOMÉLIE DU 3E DIMANCHE DE PÂQUES, C

13 avril, 2013

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

HOMÉLIE DU 3E DIMANCHE DE PÂQUES, C

AC 5, 27B-32, 40B-41 ; AP 5, 11-14 ; JN 21, 1-19

Il y a quelques années, sur le plateau de l’émission « Noms de dieux », le professeur Cassiers, psychiatre et psychanalyste bien connu, affirmait que l’humanité a un versant de violence et un versant de bienveillance. Il se disait même persuadé que tout être humain, jusqu’au plus pervers, a en lui un fond de générosité qui pourrait bien être comme une marque de transcendance, telle une présence de Dieu.
L’actualité nous confirme en tout cas que le monde est secoué par la violence. Y compris dans nos territoires intérieurs. Nous avons donc constamment besoin d’une bonne nouvelle de bienveillance, de réconciliation, de paix et d’amour. Mais l’annonce et le témoignage de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ rencontrent aussi beaucoup d’oppositions. Nous en sommes fréquemment témoins. Et, sans évoquer de grands drames, nous pouvons nous demander si nous avons toujours le courage d’oser une parole, une attitude, une réaction ou une initiative chrétienne, et plus précisément évangélique, quand nous savons qu’on se moquera de nous ou qu’il y a l’un ou l’autre risque à le faire ?… Amour-propre, réputation, le qu’en dira-t-on, l’argent, une promotion…
Sommes-nous prêts à suivre Jésus, même à contre-courant, c’est-à-dire dans la direction de la vie plutôt que celle de la mort ? Ce que l’on pourrait appeler, à la manière du rabbin-poète Ouakin, le « complexe du saumon », qui est à retenir. Si vous voyez, dans un torrent ou une rivière, un saumon adulte qui va dans le sens contraire au courant, c’est qu’il est bien vivant. Car il retourne sur son lieu de naissance pour donner la vie à son tour. Par contre, s’il va dans le même sens que le courant, c’est qu’il est mort ou va bientôt mourir.
Tout est une question d’amour véritable. Nous le voyons aussi dans l’Evangile, au déjeuner sur le sable, au moment du dessert. La déclaration de foi et d’amour que Pierre répétera trois fois à Jésus est certes verbale, mais elle s’est incarnée et donc prouvée très courageusement devant le tribunal du Sanhédrin. De même, il ne suffit pas de proclamer le credo dans une assemblée liturgique, ni de confesser le Christ ressuscité en chantant des alléluias. Il reste toujours à passer de la parole aux actes, de la proclamation à la concrétisation, c’est-à-dire l’incarnation.
Nous restons dans l’actualité, en reliant le déjeuner pascal au bord du lac de Tibériade et le nôtre ici aujourd’hui. Encore faut-il bien se rappeler le conseil de Jean : « Il faut croire avant de voir et non voir pour croire » (Jn 20, 24-29). Mieux comprendre aussi, comme nous y invitent les ruminants de la Parole que sont les exégètes et les biblistes, que « le trésor spirituel des évangiles reste en grande partie inaccessible ». Pourquoi ? « Parce que la distance culturelle et religieuse, le style littéraire très particulier adopté en font à la fois des textes très fascinants, mais tout autant difficiles ». D’autant plus qu’ils sont bourrés de références bibliques, alors que nous ne connaissons guère les Ecritures, et aussi de symboles qu’il faut pouvoir décoder, interpréter. Certes, l’Evangile est destiné aux gens ordinaires, mais ceux de l’époque de Jésus étaient familiers de ce langage qui était le leur.
Ici, l’auteur de l’évangile témoigne de sa foi dans l’intention d’affermir celle de ses auditeurs, puis de ses lecteurs dont nous sommes. Il s’agit bien d’une catéchèse, d’un enseignement, qui ont permis aux premières communautés chrétiennes de trouver des signes et des preuves de la présence permanente et efficace du Christ ressuscité, à travers l’organisation de l’Eglise apostolique (Pierre, pais mes brebis), missionnaire et universelle (une pêche abondante et une grande variété de poissons), sacramentelle et liturgique (le déjeuner sur le sable).
L’expérience pascale que nous sommes invités à vivre est celle de la célébration de l’Eucharistie, c’est-à-dire l’Ecriture et l’homélie, le partage de la Parole et du Pain, celui de nos dons et celui de la paix qui nous offrent l’Aujourd’hui du Ressuscité. Jésus nous rejoint ici, au milieu de nos tâches et soucis quotidiens, pour faire de nous des pêcheurs pour rassembler dans le grand filet du Royaume de Dieu ceux et celles qui reconnaîtront le Vivant. Il se tient sur le rivage de nos existences agitées, sur le rivage de notre histoire. A nous de le reconnaître avec le regard de la foi. Ainsi, c’est chaque dimanche que Jésus nous attend, nous aussi, et nous prépare ce repas nourrissant, qui nous permet de rencontrer le Ressuscité, pour pouvoir en témoigner dans l’ordinaire quotidien. C’est ce que nous chantons dans une hymne du temps pascal : « Ne cherchons pas hors de nos vies à retrouver son passage. Il nous rejoint sur nos sentiers… ».

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

Jacques Apôtre et évangéliste

12 avril, 2013

Jacques Apôtre et évangéliste dans images sacrée

http://www.patheos.com/blogs/yimcatholic/2012/12/for-all-the-saints-john-apostle-and-evangelist.html

LE DÉSERT SERT DE CADRE À TOUS LES COMMENCEMENTS…

12 avril, 2013

http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/588.html

LE DÉSERT SERT DE CADRE À TOUS LES COMMENCEMENTS…

Les gens de la Bible n’aiment ni la mer ni le désert. La mer, peuplée de monstres effrayants, est le lieu où sombrent les bateaux. Le désert est « le pays des steppes et des pièges, pays de la sécheresse et de l’ombre mortelle, pays où nul ne passe, où personne ne réside » (Jérémie 2,6). La mer et le désert servent pourtant de cadre à tous les commencements.

Commencements
Commencement de l’humanité tout d’abord. Dans le premier récit de création du livre de la Genèse, la vie devient possible à partir du moment où Dieu dompte les eaux, leur fixe une place et permet à la terre ferme d’émerger.
Dans un deuxième récit, Dieu modèle un humain dans un endroit désertique, avec un peu de terre glaise et de l’eau. Commencement du peuple de Dieu ensuite. Dans le désert, Dieu révèle son Nom à Moïse et lui confie la mission de libérer le peuple opprimé en Égypte. Après le passage de la mer, cette libération devient effective.
Lieu de création d’Adam et du peuple d’Israël, le désert n’est pourtant pas un endroit où il fait bon demeurer. Dès qu’il a modelé et animé Adam, le Seigneur Dieu le transporte dans le jardin qu’il a créé pour lui. Jardin verdoyant, baigné par quatre fleuves et rempli d’arbres aux fruits délicieux. De même, dès qu’il a fait naître son peuple en lui faisant passer la mer à pied sec, Dieu l’emmène à travers le désert vers « une terre où ruisselle le lait et le miel ».
Marche initiatique
Cette traversée du désert, longue et éprouvante, est une marche initiatique. Dans ce milieu sans eau ni nourriture, infesté de serpents venimeux, la foule, libérée de la servitude, se constitue petit à petit en peuple.
Les Hébreux font l’expérience de la nécessaire solidarité du peuple et de l’indispensable protection de Dieu. S’en sortir tous ensemble ou bien mourir ensemble. Être tous logés à la même enseigne. Ne rien posséder en propre. Mais surtout, être guidés et défendus par Dieu. Sans lui, ils ne peuvent pas survivre ni atteindre la terre promise.
Au jour le jour, le Seigneur donne la nourriture à son peuple sous la forme de la manne, ce pain mystérieux tombé du ciel. Il les protège des ennemis et des « serpents brûlants ». Dans le désert également, au Sinaï, le Seigneur fait alliance avec son peuple et lui donne sa Loi. Dieu dévoile ainsi son vrai visage : il est un Dieu libérateur et sauveur. Et Israël découvre sa vocation : adorer le Seigneur, et lui seul, et témoigner parmi les nations de sa grandeur et de son amour.

Fragilités
Dans le désert, le peuple découvre aussi sa propre fragilité. Dans ce milieu inhospitalier, il a vite fait de regretter les marmites de viande et les oignons d’Égypte. Là-bas, il y avait l’oppression, mais ici il y a le manque de tout. Pendant toute la traversée du désert, « les murmures », voire les révoltes, contre le Seigneur et contre Moïse sont continus. Cette génération indocile et Moïse lui-même meurent dans le désert. Mais Dieu ne renonce pas à son projet. Sous la conduite de Josué, la génération suivante traverse le Jourdain et entre en terre promise.
Quand la communauté chrétienne, toujours fragile, raconte Jésus, elle s’appuie sur ces belles pages bibliques.
C’est ainsi que Jean Baptiste paraît dans le désert et accomplit la prophétie d’Isaïe : « À travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur ». (Mc 1,3-4)
Pendant quarante jours, rappel des quarante ans d’errance du peuple, Jésus affronte le désert et ses dangers. Contrairement à la génération des pères, il sort victorieux de l’épreuve. Il ne reproduit pas le miracle de la manne à son profit, il ne vend pas son âme au diable pour avoir le pouvoir, il ne succombe pas à la tentation du spectaculaire (Lc 4,1-13).
Dans un endroit désert, Jésus renouvelle le miracle de la manne en multipliant le pain pour la foule qui le suit, mais en annonçant un autre pain : « Au désert, vos pères ont tous mangé de la manne, et ils sont morts ; mais ce pain-là, qui descend du ciel, celui qui en mange ne pourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement » (Jn 6,49-51)

Joseph Stricher, Service Biblique Catholique Evangile et Vie

CATHOLIQUES, ATTENTION À « LA DOUBLE VIE »! – HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

12 avril, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/catholiques-attention-a-la-double-vie

CATHOLIQUES, ATTENTION À « LA DOUBLE VIE »!

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

ROME, 12 AVRIL 2013 (ZENIT.ORG) ANNE KURIAN

Le pape François met les catholiques en garde contre « la double vie »: il invite au contraire à « obéir à Dieu » sans compromis avec le monde.
Le pape a en effet présidé la messe de 7h, jeudi 11 avril, dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, en présence de la rédaction de L’Osservatore Romano.

Sans compromis
Le quotidien du Vatican rapporte que le pape s’est notamment arrêté sur les sentiments de Pierre dans la première lecture (Actes des Apôtres 5,27-33) : devant le grand conseil du sanhédrin, il était appelé à « prendre une décision » car « il entendait ce que disaient les pharisiens et les prêtres, et il entendait ce que Jésus disait dans son cœur : “que faire ?”. Il répond: “Je fais ce que me dit Jésus, non pas ce que vous voulez que je fasse”. Et il a agi ainsi ».
De même, a fait observer le pape, « dans notre vie, nous entendons aussi ces propositions qui ne viennent pas de Jésus, qui ne viennent pas de Dieu. Cela se comprend, parfois nos faiblesses nous portent sur cette route ».
Mais il y a aussi une « autre route plus dangereuse encore », selon le pape François : c’est celle qui propose « faisons un accord, un peu de Dieu et un peu de vous. Faisons un accord et ainsi avançons avec une double vie : un peu de la vie dont Jésus nous parle, et un peu de la vie dont le monde, les pouvoirs du monde et tant d’autres, nous parlent ».
Cependant, c’est un mode de vie qui « ne va pas » et « ne nous rendra pas heureux », a commenté le pape, mettant en garde contre cette tentation : « Si Pierre avait dit à ces prêtres : “parlons en amis et établissons un status vivendi”, peut-être que tout se serait bien passé ». Mais ça n’aurait pas été un choix « de l’amour que nous vivons quand nous entendons Jésus ».
C’est pourquoi le pape a invité à « aller par le chemin de Jésus » et à « ne pas écouter les propositions que nous fait le monde, ces propositions de péché ou ces propositions de moitié-moitié ».

Obéir à Dieu rend libre
Dans les lectures, a fait observer le pape par ailleurs, « revient par trois fois le mot “obéir” ». Notamment quand Pierre répond « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Actes des Apôtres 5,27-33).
Le pape s’est interrogé : que signifie « obéir à Dieu ? Est-ce que cela veut dire que nous devons être des esclaves, tout liés ? Non, parce que justement celui qui obéit à Dieu est libre, il n’est pas esclave ! Et comment cela se fait-il ? J’obéis, je ne fais pas ma volonté et je suis libre ? Cela semble contradictoire. Mais ce n’est pas une contradiction ».
En effet, a-t-il expliqué, « obéir vient du latin, et signifie écouter, entendre l’autre. Obéir à Dieu c’est écouter Dieu, avoir le cœur ouvert pour aller sur la route que Dieu nous indique. L’obéissance à Dieu c’est l’écoute de Dieu. Et cela nous rend libres ».
le pape a souligné à ce propos que « l’Esprit-Saint » est une aide « pour nous donner la force » d’obéir et que « le Père nous donne l’Esprit sans compter (Jn 3, 31-36), pour écouter Jésus, entendre Jésus, et aller sur la route de Jésus ».

Le courage de suivre Jésus
Le choix de suivre « la route du Christ » se fait parfois au péril de la vie, a rappelé le pape, car « ceux qui proposent autre chose s’emportent et la route finit dans la persécution ».
Le pape a fait mémoire des chrétiens persécutés aujourd’hui dans le monde : « en ce moment, tant de nos frères et de nos sœurs, parce qu’ils entendent, parce qu’ils écoutent ce que Jésus leur dit, sont sous la persécution. Rappelons-nous toujours de ces frères et de ces sœurs qui ont livré leur chair et qui nous disent par leur vie : “Je veux obéir, aller par la route que Jésus me donne”».
Le choix du Christ exige donc du « courage » : « Demandons la grâce du courage », et notamment « le courage de dire : “Seigneur, je suis pêcheur, j’obéis parfois à des choses mondaines mais je veux obéir à toi, je veux aller par ta route”. Demandons cette grâce d’aller toujours par la route de Jésus, et quand nous ne le faisons pas, de demander pardon : le Seigneur nous pardonne, car il est si bon », a conclu le pape.
L’Osservatore Romano rapporte également la présence de divers concélébrants du monde entier : le cardinal indien Telesphore Placidus Toppo, archevêque de Ranchi, Mgr Mario Aurelio Poli, successeur du cardinal Bergoglio à l’archevêché de Buenos Aires, le P. Indunil Janakaratne Kodithuwakku Kankanamalage, sous-secrétaire du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, Mgr Robinson Edward Wijesinghe, du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, ainsi que des jésuites et des franciscains.
Dans l’assemblée, étaient présents le président et le secrétaire général de la Fondation Centesimus Annus Pro Pontifice, Domingo Sugranyes Bickel et Massimo Gattamelata, qui ont tenu dans la même journée une conférence de presse au Vatican (cf. Zenit du 11 avril 2013).

Peter and Paul

11 avril, 2013

Peter and Paul dans images sacrée Peter%2526Paul_Ding6x8

http://catholic-skyview-tremblay.blogspot.it/2013/03/peter-and-paul-founders-of-new-rome.html

COMMUNISME ET FRACTURES IDÉOLOGIQUES EXPLIQUENT LA LÉGENDE NOIRE SUR PIE XII

11 avril, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/communisme-et-fractures-ideologiques-expliquent-la-legende-noire-sur-pie-xii

COMMUNISME ET FRACTURES IDÉOLOGIQUES EXPLIQUENT LA LÉGENDE NOIRE SUR PIE XII

ENTRETIEN AVEC LE DIRECTEUR DE L´OSSERVATORE ROMANo

ROME, Mardi 23 juin 2009 (ZENIT.org) – La « légende noire » sur le pape Pie XII (Eugenio Pacelli), accusé de complicité avec le nazisme, a deux causes, selon le directeur de « L’Osservatore Romano » : la propagande communiste et les divisions récurrentes au sein de l’Eglise.
Giovanni Maria Vian les expose dans une interview accordée à ZENIT à l’occasion de la publication, sous sa direction, du livre intitulé « In difesa di Pio XII. Le ragioni della storia » (Pour défendre Pie XII. Les raisons de l’histoire), Venise, Marsilio, 2009, 168 pages, 13,00 euros).
Le livre a été présenté le 10 juin par le cardinal secrétaire d’Etat, Tarcisio Bertone, le président de Marsilio Editori, Cesare De Michelis (Université de Padoue), et par les historiens Giorgio Israel (Université de Roma La Sapienza), Paolo Mieli (Université de Milan), par deux fois directeur du « Corriere della sera », et Roberto Pertici (Université de Bergame).
Le directeur du quotidien du Vatican, historien, n’hésite pas à reprendre l’expression « légende noire » , car le pape Pacelli qui, à sa mort en 1958, avait été unanimement encensé pour l’œuvre qu’il avait accomplie pendant la Seconde guerre mondiale, fut ensuite véritablement « diabolisé ».
Comment une telle déformation de son image a-t-elle été possible, en quelques années, plus ou moins à partir de 1963 ?

Propagande communiste
Vian attribue cette campagne contre le pape en premier lieu à la propagande communiste qui s’est intensifiée à l’époque de la guerre froide.
Il fait remarquer que « la ligne adoptée dans les années de guerre par le pape et par le Saint-Siège, hostile aux totalitarismes mais traditionnellement neutre, se révéla en revanche, dans les faits, favorable à l’alliance contre Hitler, se caractérisant par un effort humanitaire sans précédent, qui a sauvé de très nombreuses vies humaines ».
« Cette ligne fut de toute façon anti-communiste, ce qui explique que, déjà durant la guerre, le pape était pointé du doigt par la propagande communiste comme complice du nazisme et de ses atrocités ». L’historien considère que « même si Eugenio Pacelli a toujours été anti-communiste, il n’a jamais pensé que le nazisme pouvait être utile pour stopper le communisme, bien au contraire », et il en apporte la preuve en se fondant sur des faits historiques.
Tout d’abord, « entre l’automne de 1939 et le printemps de 1940, dans les premiers mois de la guerre, le pape appuya la tentative de coup d’Etat contre le régime hitlérien fomenté par certains cercles militaires allemands en contact avec les Britanniques ».
Ensuite, affirme G.M. Vian, après l’attaque de l’Allemagne contre l’Union soviétique au milieu de l’année 1941, Pie XII refusa dans un premier temps l’alignement du Saint-Siège sur la « croisade » contre le communisme, comme elle était présentée, et ensuite il a beaucoup fait pour tempérer l’opposition de nombreux catholiques américains à l’alliance des Etats-Unis avec l’Union soviétique stalinienne.
La propagande soviétique, rappelle le spécialiste, a été efficacement reprise dans la pièce « Le Vicaire » (« Der Stellvertreter « ) de Rolf Hochhuth, jouée pour la première fois à Berlin le 20 février 1963, et qui présentait le silence du pape comme de l’indifférence face à l’extermination des juifs.
Déjà alors, constate G. M. Vian, on a considéré que ce drame relance nombre des accusations portées par Mikhail Markovich Scheinmann dans son livre Der Vatican im Zweiten Weltkrieg (« Le Vatican dans la seconde guerre mondiale »), d’abord publié en russe par l’Institut historique de l’Académie soviétique des sciences, organe de propagande de l’idéologie communiste.
Et, nouvelle preuve de l’opposition de Pie XII au nazisme : le fait que les chefs du Troisième Reich aient considéré le pape comme un authentique ennemi, ainsi que l’attestent les documents des archives allemandes qui, non par hasard, avaient été fermées au public par l’Allemagne communiste et n’ont été que depuis peu rouvertes et étudiées, comme l’a souligné un article de Marco Ansaldo dans « la Repubblica » du 29 mars 2007.
Le livre édité par G. M. Vian reprend successivement un texte du journaliste et historien Paolo Mieli, un écrit posthume de Saul Israël, biologiste, médecin et écrivain juif, des articles de Andrea Riccardi, historien et fondateur de la Communauté de Sant’Egidio, des archevêques Rino Fisichella, président de l’Académie pontificale pour la vie, et de Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical pour la culture, du cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat au Vatican et, enfin, l’homélie et les deux discours de Benoît XVI prononcés en mémoire de son prédécesseur Pie XII.

Division ecclésiale
Bien des gens ont contribué à ce discrédit de Pie XII, y compris au sein de l’Eglise catholique, en raison de la division entre progressistes et conservateurs, qui s’accentua pendant et après le Concile Vatican II, annoncé en 1959 et clos en 1965, affirme le directeur de L’Osservatore Romano.
« Son successeur, Jean XXIII, Angelo Giuseppe Roncalli, fut très vite salué comme ‘le bon pape’ que, sans nuances, on opposait de plus en plus à son prédécesseur : en raison de son caractère et de son style radicalement différents, mais aussi de sa décision inattendue et retentissante de convoquer un concile ».
Les critiques catholiques contre le pape Pacelli avaient été précédées, dès 1939, des questions et accusations du philosophe catholique français Emmanuel Mounier, reprochant au pape son « silence » à propos de l’agression italienne en Albanie.
Pie XII fut, en outre, critiqué par des « cercles de Polonais en exil », qui lui reprochaient son silence face à l’occupation allemande.
C’est ainsi que, lorsque la polarisation s’accrut dans l’Eglise à partir des années soixante, tous ceux qui s’opposaient aux conservateurs attaquaient Pie XII, considéré comme un symbole de ces derniers, alimentant ou utilisant des arguments repris de la « légende noire ».

Justice historique
Le directeur de « L’Osservatore Romano » souligne que ce livre n’est pas né de l’intention de prendre la défense a priori du pape, « car Pie XII n’a que faire d’apologistes qui n’aident pas à clarifier la question historique ».
En ce qui concerne les silences de Pie XII, non seulement sur la persécution des juifs (dénoncée sans bruit mais sans équivoque dans son message de Noël en 1942 et dans son allocution aux cardinaux du 2 juin 1943), mais aussi face aux autres crimes des nazis, l’historien souligne que cette ligne de conduite visait à ne pas aggraver la situation des victimes, tandis que le souverain Pontife se mobilisait pour les aider sur le terrain.
« Pacelli lui-même s’interrogea à plusieurs reprises sur son attitude. Ce fut donc un choix conscient et difficile que de chercher à sauver le plus grand nombre possible de vies humaines au lieu de dénoncer continuellement le mal avec le risque réel de provoquer des horreurs encore plus grandes », explique G. M. Vian.
Dans son livre, Paolo Mieli, d’origine juive, affirme dans ce sens : « Prendre pour argent comptant les accusations contre Pacelli, c’est comme traîner sur le banc des coupables présumés, avec les mêmes chefs d’accusation, Roosevelt et Churchill, en les accusant de ne pas avoir parlé plus clairement des persécutions antisémites ».
Rappelant que des membres de sa famille sont morts dans l’Holocauste, Paolo Mieli a déclaré textuellement : « Je refuse d’imputer la mort des miens à une personne qui n’en est pas responsable ».
Le livre publie aussi un texte inédit de Saul Israel écrit en 1944 lorsque, avec d’autres juifs, il avait trouvé refuge dans le couvent de San Antonio, via Merulana, à Rome.
Son fils, Giorgio Israel, qui a participé à la présentation du livre, a ajouté : « Ce ne fut pas tel ou tel couvent ou le geste de compassion de quelques-uns, et personne ne peut penser que toute cette solidarité dont témoignèrent les églises et les couvents, ait pu avoir lieu à l’insu du pape, voire sans son consentement. La légende de Pie XII est la plus absurde de toutes celles qui circulent ».

Au-delà de la légende noire
G. M. Vian explique ensuite que le livre édité sous sa responsabilité n’a pas l’intention de se focaliser sur la légende noire, mais que, « un demi siècle après la mort de Pie XII (9 octobre 1958) et soixante ans après son élection (2 mars 1939), un nouveau consensus historiographique semble se dessiner sur l’importance historique de la figure et du pontificat de Eugenio Pacelli ».
L’objectif du livre est surtout de contribuer à restituer à l’histoire et à la mémoire des catholiques un pape et un pontificat d’une importance capitale sous maints aspects qui, dans l’opinion publique, sont encore éclipsés par la polémique suscitée par la « légende noire ».

Propos recueillis par Jesús Colina

Traduit de l’italien par Elisabeth de Lavigne

1234567