HOMÉLIE DU 4E DIMANCHE DE PÂQUES, C
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HOMÉLIE DU 4E DIMANCHE DE PÂQUES, C
AC 13, 14, 43-52 ; AP 7, 9, 14B-17 ; JN 10, 27-30
Gros succès de foule pour Paul et Barnabé en mission à Antioche ! La conviction des apôtres, mais surtout la « Bonne Nouvelle » de Jésus Christ qu’ils annonçaient fit des merveilles. La région en fut contaminée et les conversions nombreuses. C’est l’aspect positif d’une face de la grande aventure chrétienne. Celle que nous aimons retenir. L’autre côté, par contre, n’est pas rose. Si les auditeurs sont attentifs, ouverts et accueillants, il y en a d’autres qui se bouchent les oreilles ou ne veulent pas entendre. La bienveillance s’accompagne de jalousie. La joie des uns provoque la fureur des autres, et aux applaudissements succèdent les injures… Et tandis que les uns se rassemblent autour des apôtres (pour recevoir la semence de vérité et rendre grâce à Dieu), d’autres courent et se dépensent pour organiser l’opposition, provoquer des incidents qui puissent justifier l’expulsion de ces prédicateurs insoumis.
Les premières communautés chrétiennes n’ont pas du tout vécu en « paradis terrestre ». Jean, lui-même, dans sa grande fresque mystique, symbolique et liturgique, n’hésite pas à le rappeler… Ceux qui sont « debout devant le trône et devant l’Agneau en vêtements blancs avec des palmes à la main… viennent de la grande épreuve » (2e lecture). Pour suivre l’Agneau et Pasteur jusqu’au triomphe du rassemblement final, il faut l’avoir écouté, suivi et avoir partagé avec lui aventures, périls et souffrances.
Tout commence par une parole reçue ou rejetée. Parole de quelqu’un. Une parole divine, incarnée en Jésus Christ, Vérité et Vie, Chemin sûr et Source intarissable. L’être et la voix ne font qu’un. Un Bon Pasteur qui donne nourriture de vie éternelle à ses brebis qui l’écoutent, le connaissent et le suivent.
Cependant, l’image romantique du Bon Pasteur, qui nous reste souvent en mémoire, comme aussi le cliché des « moutons de Panurge », ne sont guère susceptibles de nous faire « abandonner nos filets » ou affronter autrement les orages et tempêtes terrestres. Le Bon Pasteur de l’Evangile, le vrai berger, n’est pas sorti d’Epinal, et les brebis de son troupeau n’ont que lointaine parenté avec celles de Rabelais.
Le berger dont le Christ fait la louange est un chef, un meneur qui ne manque ni d’audace ni de courage. Son premier souci est d’assurer à son troupeau une nourriture saine et abondante. Il doit donc chercher et prospecter, entraîner et pousser, convaincre par la parole et le geste ces brebis affamées qui risquent de se jeter avidement sur n’importe quoi et de s’égarer dans de dangereuses impasses. Mission difficile et périlleuse.
La nourriture dont nous avons besoin pour vivre n’est autre que la Parole de Dieu. « Prenez et mangez ». Parole et pain sont corps du Christ. Le Verbe incarné, c’est la Parole-Chair. Une parole qui nourrit l’être tout entier et non la seule mémoire. Elle n’est pas savoir abstrait mais relation personnelle. Une communion de pensée, de cœur, d’action. Manger la Parole, n’est-ce pas se nourrir de vie plénière et expérimenter déjà, même dans les angoisses et les brouillards d’ici-bas, un peu de ce royaume définitif où les « brebis » n’auront plus faim ni soif… et où « Dieu essuiera toute larme de leurs yeux » (2e lecture) ?
Il est donc une voix qu’il nous faut connaître et reconnaître… Elle ne cesse de nous appeler pour nous libérer des étroitesses, susciter la communication entre les êtres et les peuples, les races et les langues, et briser les murs des ghettos. Egalement pour nous arracher aux illusions et aux mirages, aux pièges séduisants et aux routes sans issue… Une Parole qui donne sens à la vie.
Chaque dimanche, elle nous rassemble. Chaque dimanche, elle est appel, remontrance, lumière et programme… Mais comme au temps de Paul et Barnabé, aujourd’hui dans l’Eglise, comme hier dans la synagogue, les uns l’accueillent et d’autres la rejettent… Ne cessons pas de tendre l’oreille pour recevoir, connaître et suivre Celui qui nous interpelle.
P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008
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