CE QU’ A VU THOMAS. PAR JEAN BAPTISTE BLONDEAU – (LE 18 – 04 – 04)
http://www.philagora.fr/religion/18-04-04.htm
( J’ai fait une recherche Google sous le titre : «croire sans voir » c’est l’un des résultats )
CE QU’ A VU THOMAS. PAR JEAN BAPTISTE BLONDEAU - (LE 18 – 04 – 04)
Jean XX 26, 30
« Huit jours après, les disciples étaient de nouveau réunis, et cette fois y compris Thomas. Jésus survint, les portes closes, et, debout au milieu d’eux, il leur dit: « Paix à vous! ».
Ensuite il dit à Thomas: « Avance ton doigt ici et regarde mes mains; avance ta main et mets-la dans mon côté, et ne sois plus incrédule, mais croyant! »
Thomas lui répondit: « Mon Seigneur et mon Dieu! ». Jésus lui dit: « Tu as cru, parce que tu as vu! Heureux ceux qui auront cru sans voir! »
CE QU’A VU THOMAS.
« Cela choque les esprits raisonnables. Les esprits rationnels. Ceux qui font à la raison une confiance… aveugle ! En réalité nous voyons bien peu de ce que nous croyons., à commencer par les médias qui nous donnent à voir bien plus qu’elles nous montrent vraiment. Lorsqu il y a un an les images de la TV nous faisaient voir le peuple de Bagdad renversant dans la liesse la colossale statue de Saddam Hussein, il eût suffi de pousser un peu la caméra, de modifier le champ, pour découvrir les cordes attachées aux chars américains. Quelques encablures et l’illusion s’envolait, cela a échappé à des images postérieures. Nous voyons, alors nous croyons, et en réalité nous ne voyons que ce que l’on veut bien nous montrer. Ou nous dire. Et ainsi de suite. Non pas qu’il faille déconsidérer les médias. Sans elles plus de liberté du tout. Ce sont d’abord elles dont s’emparent toujours les pouvoirs totalitaires. Mais il ne faut pas être naïf. Être prudent. Prudent comme Thomas? Peut-être.
Thomas nous dit en tout cas qu’il vaut mieux partir de l’incrédulité que de la naïveté. Rien de plus aveuglant que des préjugés ou de la mauvaise foi. Thomas nous prouve qu’il vaut mieux pas de foi du tout. C’est d’ailleurs au niveau de cette réelle incrédulité que va le viser la parole de Jésus : « Ne sois plus incrédule mais croyant… ».
Il est vrai que croire sans voir n’est pas facile. Jean et Pierre n’ont vu qu’un tombeau vide, eux cela leur a suffit, ils ont cru. Thomas devait le savoir, mais lui ça ne lui suffit pas. Ce n’est pas facile de croire que quelqu’un aussi accablé par la mort que peut l’être un crucifié aux mains, aux pieds et au coeur percés puisse se redresser pour laisser vide le tombeau où l’on a mis sa dépouille mortelle.
Et que va voir Thomas? Les signes de l’amour plus que la présence comme « avant ». La marque des clous, le côté percé, c’est la vision du crucifié en ce qu’elle dit d’un amour qui est allé jusqu’à l’extrême puisqu’ « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime ». Et avec le don de la paix c’est vers ces signes bouleversants que Thomas est invité à avancer ses mains. Rien n’indique d’ailleurs qu’il l’ait fait mais c’est en y reconnaissant les marques de l’amour qu’il s’écrie
« Mon Seigneur et mon Dieu ! ». C’est-à-dire la plus totale, la plus complète profession de foi au Ressuscité, dépassant l’accueil muet de ses compagnons précédant le cri de sa foi aujourd’hui. L’incrédule, mystérieusement, dépasse les autres dans la foi, même Paul n’a jamais traité directement Jésus de « Dieu ».
Thomas découvre la faiblesse divine que disent ces clous, cette plaie, comme étant l’identité même, la présence tout entière du divin. Et cela on ne peut le voir qu’avec les yeux de la foi, que grâce à l’habitation en nous de l’Esprit de Dieu. Le cri de la foi chrétienne est toujours devant l’invisible, Dieu est caché derrière la faiblesse des plaies car elles sont le signe de l’amour. C’est ce qu’a vu Thomas et son cri a de quoi nous bouleverser jusqu’aux larmes et nous fait mieux comprendre la réponse de Jésus : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Certes Thomas a vu mais au-delà de ce qu’il a vu, sa foi lui a fait crier « Mon Seigneur et mon Dieu ». Et nous sommes aujourd’hui ce Thomas, nous qui comme lui n’avons sous les yeux que les signes de la faiblesse, les signes d’une humanité meurtrie, d’une humanité aux mains et aux pieds percés, au coeur déchiré par la violence, l’indifférence, l’injustice, la guerre, le désespoir, pour tomber aux pieds de cette humanité comme Jésus tomba aux pieds de ses disciples la veille de sa mort, et nous écrier, comme Thomas: Mon Seigneur et mon Dieu ! car « ce que vous avez fait aux plus petits qui sont mes frères… ». Chrétiens, nous sommes témoins de l’invisible pour dire au monde, aujourd’hui, que son visage est celui de l’amour, et que son visage c’est le nôtre ».
Père BLONDEAU
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