Archive pour le 5 avril, 2013

Hendrick ter Brugghen – The Incredulity of Saint Thomas

5 avril, 2013

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DIMANCHE 7 AVRIL : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – DEUXIEME LECTURE – Apocalypse 1, 9…19

5 avril, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DIMANCHE 7 AVRIL : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

DEUXIEME LECTURE – Apocalypse 1, 9…19

9 Moi, Jean,
 votre frère et compagnon
 dans la persécution, la royauté et l’endurance avec Jésus,
 je me trouvais dans l’île de Patmos
 à cause de la parole de Dieu
 et du témoignage pour Jésus.
10 C’était le jour du Seigneur ;
 je fus inspiré par l’Esprit,
 et j’entendis derrière moi une voix puissante,
 pareille au son d’une trompette.
11 Elle disait :
 « Ce que tu vois, écris-le dans un livre
 et envoie-le aux sept Eglises
 qui sont en Asie Mineure. »
12 Je me retournai pour voir qui me parlait.
 Quand je me fus retourné,
 je vis sept chandeliers d’or ;
13 et au milieu d’eux comme un fils d’homme,
 vêtu d’une longue tunique ;
 une ceinture d’or lui serrait la poitrine.
17 Quand je le vis,
 je tombai comme mort à ses pieds,
  mais il posa sur moi sa main droite, en disant :
 « Sois sans crainte.
 Je suis le Premier et le Dernier,
18 je suis le Vivant :
j’étais mort,
 mais me voici vivant pour les siècles des siècles,
 et je détiens les clefs de la mort et du séjour des morts.
19 Ecris donc ce que tu auras vu :
 ce qui arrive maintenant,
 et ce qui arrivera ensuite. »

Pendant six dimanches de suite, nous allons lire en deuxième lecture des passages de l’Apocalypse de Saint Jean : c’est une chance qui nous permettra de faire un peu connaissance avec l’un des textes les plus attachants du Nouveau Testament ; livre difficile à première vue, il nous demande un effort mais nous serons vite récompensés. Aujourd’hui donc, premier contact. Le mot « Apocalypse » vient du grec : cela signifie « révélation », « dévoilement » au sens de « retirer un voile » ; il s’agit pour Jean de nous révéler le mystère de l’histoire du monde, mystère caché à nos yeux. Parce qu’il s’agit de nous révéler ce que nos yeux ne voient pas spontanément, le livre se présente sous forme de visions : par exemple, le verbe « voir » est employé cinq fois dans le simple passage d’aujourd’hui !
 Ce mot « d’Apocalypse » malheureusement n’a pas eu de chance : il est devenu presque un épouvantail, ce qui est le pire des contresens ! Car, à sa manière, l’Apocalypse est, comme tous les autres livres bibliques, une Bonne Nouvelle. Toute la Bible, dès l’Ancien Testament, est le dévoilement du mystère du « dessein bienveillant de Dieu », (comme dit la Lettre aux Ephésiens), le projet d’amour de Dieu pour l’humanité. Les Apocalypses sont un genre littéraire particulier, mais comme tous les autres livres bibliques, elles n’ont pas d’autre message que l’amour de Dieu et la victoire définitive de l’amour sur toutes les formes du mal. Si nous ne sommes pas convaincus de cela en ouvrant les Apocalypses, et en particulier celle de Jean, mieux vaut ne pas les ouvrir ! Nous risquons de les lire de travers !
 Ce qui fait l’une des difficultés de ce genre littéraire, ce sont les visions souvent fantastiques et difficiles à décrypter, pour nous tout au moins. Tout est là : ce n’était pas difficile pour les destinataires, c’est difficile pour nous qui ne sommes plus dans leur situation. Pourquoi parler sous forme de visions ? Pourquoi ne pas parler en clair ? Ce serait tellement plus simple… non, justement ; l’Apocalypse de Saint Jean, comme tous les livres du même genre (il y a eu plusieurs apocalypses écrites par des auteurs différents entre le deuxième siècle av. JC et le deuxième siècle ap. JC), est écrite en temps de persécution ; on le lit bien ici : « Moi, Jean, votre frère et compagnon dans la persécution… je me trouvais dans l’île de Patmos à cause de la parole de Dieu et du témoignage pour Jésus. » A Patmos, Jean ne fait pas du tourisme, il y a été exilé.
 Parce qu’on est en pleine persécution, une Apocalypse est un écrit qui circule sous le manteau, pour remonter le moral des troupes ; le thème majeur, c’est la victoire finale de ceux qui actuellement sont opprimés. Le discours, en gros, c’est : apparemment vous êtes vaincus, on vous écrase, on vous persécute, on vous élimine ; et vos persécuteurs sont florissants : mais ne perdez pas courage ; Christ a vaincu le monde : regardez, il est vainqueur. Il a vaincu la mort. Les forces du mal ne peuvent rien contre vous ; elles sont déjà vaincues. Le vrai roi, c’est le Christ ; ceci, Jean le dit dès la première phrase : « Moi, Jean, votre frère et compagnon dans la persécution, la royauté et l’endurance avec Jésus. »
 Evidemment, un tel discours ne peut pas être trop explicite, puisque le danger est grand de le voir saisi par le persécuteur ; alors on raconte des histoires d’un autre temps et des visions fantasmagoriques, tout ce qu’il faut pour décourager la lecture par des non-initiés. Par exemple, Saint Jean dit tout le mal possible de Babylone, qu’il appelle « la grande prostituée ». Pour qui sait lire entre les lignes, il s’agit évidemment de Rome. Le message de toute Apocalypse, c’est celui-là : les forces du mal pourront se déchaîner, elles ne l’emporteront pas !
 C’est ce qui explique le triste contresens que nous faisons souvent sur le mot « Apocalypse » : car on y trouve effectivement la description du mal déchaîné, mais on y trouve bien plus encore l’annonce de la victoire de Dieu et de ceux qui lui seront restés fidèles.
 Je reviens à l’Apocalypse de Saint Jean : puisqu’elle fait partie du Nouveau Testament, son personnage central est bien évidemment Jésus-Christ : il est au centre de toutes les visions.
 Dans la lecture de ce dimanche, cette victoire du Christ nous est présentée dans une vision grandiose : c’est un dimanche, également, c’est-à-dire le jour où l’on célèbre la Résurrection du Christ. Jean a l’impression de revivre comme une nouvelle Pentecôte : une voix puissante comme une trompette, le souffle de l’Esprit… il est saisi… au milieu de sept chandeliers d’or, un être de lumière lui apparaît ; un « fils d’homme » ; dans le vocabulaire du Nouveau Testament, le fils de l’homme est l’une des expressions pour dire le Messie ; pour Jean, cela ne fait pas l’ombre d’un doute, c’est le Christ. Alors, comme tout homme mis soudainement en présence de Dieu, Jean tombe à ses pieds et il s’entend dire « Sois sans crainte »… et il entend les paroles de victoire : « Je suis » (le nom même de Dieu)… « Je suis le Premier et le Dernier… Je suis le Vivant… le victorieux de la mort… je détiens les clés de la mort et du séjour des morts. »
 Et comme toujours, ce genre de vision est vocation, pour une mission au service de ses frères : « Ecris ce que tu auras vu… » sous-entendu va encourager tes frères ; le passé, le présent, l’avenir m’appartiennent : on entend résonner ici la promesse du Christ : « Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra » (Jn 11, 25).
 ———————–
 Note
1 – Les exégètes s’entendent pour dire que l’Apocalypse de Jean a été écrite sous le règne de l’empereur Domitien (81-96). Or cet empereur ne s’est pas livré à une persécution systématique des Chrétiens. Le climat d’insécurité dans lequel vit la communauté de Jean vient peut-être d’une part des exigences du culte impérial promu par Domitien et d’autre part de l’opposition des Juifs restés réfractaires au Christianisme. C’est ce qui semble ressortir des lettres aux sept Eglises.

 Compléments
 Dans l’Ancien Testament, le message du livre de Daniel était de type apocalyptique : écrit vers 165 av.J.C. pour encourager ses frères persécutés par le roi grec Antiochus Epiphane, Daniel n’attaquait pas directement le problème : il racontait les actes d’héroïsme accomplis par des Juifs fidèles sous la persécution de Nabuchodonosor quatre cents ans plus tôt ; ce n’était qu’une leçon d’histoire, en apparence ; mais, pour qui savait lire entre les lignes, le message était clair.

 Un exemple de texte de style « apocalyptique » dans l’histoire récente : au temps de la domination russe sur la Tchécoslovaquie, une jeune actrice tchèque a composé et joué de nombreuses fois dans son pays une pièce sur Jeanne d’Arc : franchement l’histoire de Jeanne d’Arc boutant les Anglais hors de France au quinzième siècle n’était pas le premier souci des Tchèques ; et si le scénario tombait entre les mains du pouvoir occupant, ce n’était pas trop compromettant ; mais pour qui savait lire entre les lignes, le message était clair : ce que la jeune fille de dix-neuf ans a su faire, avec l’aide de Dieu, nous le pouvons nous aussi.

HOMÉLIE DU 2E DIMANCHE DE PÂQUES, C

5 avril, 2013

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/archive/2010/04/06/homelie-du-2e-dimanche-de-paques-c.html

HOMÉLIE DU 2E DIMANCHE DE PÂQUES, C

AC 5, 12-16 ; AP 1, 9-11A, 12-13, 17-19 ; JN 20, 19-31

Nous allons tout à l’heure proclamer notre foi en Jésus Christ ressuscité, notre foi en la résurrection de la chair et notre foi en la vie éternelle. Mais elle ne peut pas se contenter d’une affirmation verbale, même si elle exprime une sincère et ardente conviction. C’est toute notre manière de vivre qui doit aussi en rendre témoignage.
Or, la foi en la résurrection du Christ semble souffrir de la concurrence du développement de la croyance en la réincarnation. Il s’agit d’un phénomène de société (1).
Réincarnation et Résurrection se présentent toutes deux aujourd’hui, du moins en Occident, comme une réponse à ce désir profond et très généralisé d’un accomplissement parfait de l’être humain au-delà de la mort biologique. D’autres, au contraire, estiment qu’après la mort c’est le néant. Le pur matérialisme, qui nie toute transcendance, et la croyance en la réincarnation, interpellent notre foi. Ils nous invitent à la clarifier, à l’approfondir et à mieux en témoigner. D’autant plus que l’événement de la Résurrection du Christ est au cœur de notre foi.
Pour fortifier notre foi pascale, la liturgie nous présente, durant plusieurs dimanches, quelques récits de « manifestations » du Christ ressuscité à des disciples de Jésus, hommes et femmes. Ce qui témoigne de la manière dont la foi pascale est née pour chacun d’eux, de leur rencontre personnelle et originale avec le Christ. Ils ont donc traduit chacun leur expérience intérieure, spirituelle, en cherchant et en utilisant des langages, surtout poétiques et symboliques, pour tenter de dire ce qui est en fait « irracontable ». Ce qui faisait dire au pape St Grégoire, à la fin du VIe siècle : « Jésus leur est apparu en-dehors comme il était au-dedans de leur cœur ».
Avoir la foi ne consiste donc pas pour nous à chercher des preuves scientifiques irréfutables d’un événement, mais bien à faire confiance à ces gens qui racontent ce qui leur est arrivé à eux, ce qu’ils ont expérimenté, et qui en témoignent par leur vie radicalement renouvelée, comme nous le voyons dans les Actes des Apôtres, proposés comme première lecture ces dimanches du temps pascal.
Malheureusement, nous avons encore trop souvent une conception de la résurrection du Christ très matérialiste, voire même fondamentaliste. « Il ne faut pas s’accrocher à la littéralité des textes », écrit le mystique Maurice Zundel. Mais nous sommes tentés de lire et de comprendre l’Evangile comme s’il s’agissait d’un procès-verbal ou d’un compte-rendu littéral, ou même d’un reportage historique minutieux des faits et gestes de Jésus. Or, les évangiles ne sont pas faits pour des téléspectateurs.
La première et la plus importante des préoccupations n’est pas de savoir si ce qui nous est raconté s’est bien passé exactement comme cela est écrit, mais bien de découvrir quelle est, pour la foi en Jésus Christ, la signification des faits racontés, c’est-à-dire la signification religieuse ou théologique. Il y a donc une lecture et une interprétation croyante des textes. D’où l’encouragement aux recherches scientifiques de l’exégèse, de l’histoire, de la théologie, etc. Ce qui, malheureusement, fait encore peur à de nombreux chrétiens.
Un exemple : certaines réactions aux émissions de « Corpus Christi ». Emissions austères, difficiles et même risquées, puisqu’il s’agit de porter à l’écran des travaux d’analyse scientifique des Ecritures, des recherches de laboratoire, mais qui font partie d’une très légitime recherche de la vérité. Les avis donnés sont ceux de spécialistes mondiaux de la Bible, qui ne sont pas tous catholiques, ni tous chrétiens. On peut donc entendre des avis différents, entendre énoncer des thèses opposées. Mais des perceptions et des lectures différentes des événements bibliques, en tenant compte des résultats des recherches actuelles, peuvent aider le croyant « à mieux connaître le contexte des événements, et comprendre l’enracinement culturel et historique du Christ dans l’évangile » (Mgr Defois).
Ces émissions ont suscité beaucoup d’intérêt, et pas seulement parmi les croyants. Mais, en levant certains tabous, elles ont également provoqué de l’émoi, de la réprobation, de la crainte. Certains y ont même vu une attaque contre la foi. Ce qui faisait dire au cardinal Pierre Eyt : « N’ayons pas peur de scruter les Ecritures ! ». D’autant plus que nous ne sommes pas encore dans la possession plénière de la vérité. D’ailleurs, la foi ne justifie pas une paresse intellectuelle. Aujourd’hui moins que jamais.
Que retenir, par exemple, de l’épisode de Thomas, qui signifie « jumeau », le jumeau de tous les croyants ? Il s’agit d’une leçon de catéchèse, destinée aux premières communautés chrétiennes, pour leur expliquer combien la foi des apôtres était restée difficile, même après la résurrection. Autrement dit, les chrétiens, les apôtres en tête, doivent apprendre à croire sans voir et se passer de preuves matérielles.
Mais que faut-il entendre par « résurrection », « relevé d’entre les morts », « réveillé d’entre les morts », ou encore « exalté à la droite du Père » ? Les apôtres ont voulu dire que, dans l’événement pascal, le Christ est revenu à la vie, non pas dans le sens d’un retour à la vie d’avant sa mort, mais bien d’une entrée définitive dans une nouvelle dimension de la vie. Une vie définitivement transformée et invincible. La Résurrection, c’est la permanence de la vie. La vie en plénitude. Il est bien le Vivant.
Ce sont désormais les chrétiens qui poursuivent la mission d’annoncer la Bonne Nouvelle et qui sont preuve du Christ ressuscité, par leur témoignage d’une vie renouvelée, comme on le voit dans les Actes. N’oublions pas l’enseignement de Paul : « Ensevelis avec lui dans le baptême, avec lui encore vous avez été ressuscités puisque vous avez cru en la force de Dieu qui l’a ressuscité des morts » (Col 2, 12). De même, « du moment que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez ce qui est en haut, là où se trouve le Christ » (Col 3, 1).
Nous sommes donc appelés à être des vivants. Témoin du Ressuscité, le chrétien va s’efforcer de lutter pour le respect et la dignité de la vie et de la personne humaine. Notre résurrection, notre avenir, se joue déjà dans la trame de nos gestes quotidiens. Tous nos actes d’amour tissent notre visage d’éternité. Seul l’amour vécu est énergie de résurrection. Nous sommes des artisans de vie. C’est cela que Jésus veut poursuivre par nous. Nous pouvons devenir, par l’Eucharistie, chacun et tous ensemble, le Corps du Christ, les pieds du Christ, les mains du Christ, le Christ continué. C’est ainsi que l’Eucharistie célèbre et actualise la Résurrection du Seigneur pour notre aujourd’hui. Bien vécue, elle nous permet d’être à notre tour des témoins crédibles.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

(1) Pour Michel Hubaut, franciscain, qui a publié un ouvrage sur « Dieu, l’homme et la réincarnation » (DDB 1998, 207 pp.), l’immortalité advient aujourd’hui et maintenant à chaque fois que l’être humain se dépasse pour aimer. C’est chaque jour que nous ressuscitons un peu plus. Celui qui naît à l’amour, par l’amour, devient immortel, puisque l’amour est l’être même de Dieu. Notre résurrection, c’est notre parfait achèvement… Elle commence dès ici-bas et cultive en nous l’espérance.

12:10 Publié dans Pâques C | Lien permanent | Commentaires (1) | Envoyer cette note | Tags : pâques, résurrection, réincarnation, foi, manifestation, expérience, langage, poétique, symbolique, preuve