Archive pour mars, 2013

Aménagement du « Passetto » entre le Vatican et le Château Saint-Ange

7 mars, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/amenagement-du-passetto-entre-le-vatican-et-le-chateau-saint-ange

Aménagement du « Passetto » entre le Vatican et le Château Saint-Ange

Accord entre le Vatican et le ministère italien des « Biens culturels »

Rome, 14 février 2013 (Zenit.org) Anita Bourdin

Le « Passetto », le mur fortifié qui relie la caserne des Gardes Suisses de la Cité du Vatican, au Château Saint-Ange, au bord du Tibre, vient de faire l’objet d’un accord entre le gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican et le ministère italien des « Biens culturels ».
Un protocole d’accord concernant l’utilisation de ce « Passetto » – « passage » – et d’une tour de garde qui en contrôle l’accès a en effet été signé, ce jeudi 14 février 2013, indique un communiqué du Vatican.
En partie restauré pour l’An 2000, le « Passetto » coonstruit par le pape saint Léon IV (845-855) – le contructeur des murailles « léonines » -, a pu être emprunté par des visiteurs pendant le Grand jubilé. Mais le Vatican et l’Italie ont souhaité collaborer afin de le mettre en valeur et de le protéger, en tant que « patrimoine historique et artistique ».
Il fera donc l’objet d’aménagements pour consentir le passage de visiteurs y compris pour les personnes handicapées.
Les travaux, indique la même source, doivent permettre à l’Etat italien de rouvrir le passage surélevé au public, par un accès à partir du Musée national du Château Saint-Ange, qui fut à l’origine projeté pour accueillir le tombeau de l’empereur Hadrien (ses cendres y sont déposées en 139), transformé en bastion militaire, en prison, puis en résidence papale.
Il est surmonté d’une statue de l’archange saint Michel, dont on ne sait pas, quand on l’aperçoit, s’il dégaine son glaive ou s’il le remet au fourreau. La statue est récente: elle date de 1753: c’est un bronze de Peter Antin von Verschaffelt. Ce serait la représentation d’un songe du pape Grégoire Ier, alors que la population de Rome était décimée par la peste de 590. Après une procession et des prières publiques, le pape vit en songe que l’archange rengainait son glaive : l’épidémie prenait fin.
C’est là que le pape Clément VII a pu se réfugier, en passant par le « Passetto » alors que les lansquenets de Charles Quint mettaient à sac la Ville éternelle : c’était en 1527, le 6 mai. Les Gardes suisses furent massacrés en protégeant la fuite du pape. C’est pourquoi la prestation de serment des Gardes suisses pontificaux est fixée chaque année au 6 mai. Le pape s’enfuit ensuite à Orvieto.
La page en ligne de la Garde suisse, sur le site du Vatican raconte cet épisode terrible : « Après un moment d’hésitation, les mercenaires défoncèrent la Porta del Torrione, tandis que les lansquenets envahissaient Borgo Santo Spirito et Saint-Pierre. La Garde suisse, rassemblée aux pieds de l’obélisque qui se trouvait alors près du Campo Santo Teutonico, et les quelques troupes romaines, luttèrent désespérément. Le commandant Kaspar Röist, blessé, sera massacré par les Espagnols chez lui, sous les yeux de sa femme Elizabeth Klingler. Des 189 Suisses, seuls 42 purent en réchapper, c’est-à-dire ceux qui, à la dernière minute, sous le commandement de Hercules Göldli, avaient accompagné Clément VII à son refuge de Château Saint-Ange: les autres tombèrent glorieusement, massacrés, avec deux-cents fugitifs, sur les marches du maître-autel de la basilique Saint-Pierre. Le salut de Clément VII et de ses hommes fut possible grâce au «Passetto», un couloir secret construit par Alexandre VI sur la muraille qui reliait le Vatican à Château Saint-Ange ».
« La horde sauvage était pressée, raconte la même source, car elle craignait que les forces de la Ligue coupent la voie pour la retraite. Après avoir traversé le Ponte Sisto, les lansquenets et les Espagnols se ruèrent sur la ville, et pendant huit jours ils donnèrent libre course à tout abus, vol, sacrilège et massacre; même les tombes des Papes furent violées, y compris celle de Jules II, pour voler ce qui était à l’intérieur: les morts furent environ douze mille et le butin d’environ dix millions de ducats. Tout cela n’est pas étonnant, car l’armée impériale, et en particulier les lansquenets de Frundsberg, étaient animés par un esprit de croisade anti-papiste ».
Mais auparavant, un autre pape avait dû son salut au « Passetto », devant une autre armée d’occupation : les troupes du roi de France Charles VIII, qui s’était proclamé roi de Naples, entrèrent dans Rome, en décembre 1494, lors de la première Guerre d’Italie, et Alexandre VI se réfugia au Château Saint-Ange.

Principes communs à l’oraison et à la méditation chrétiennes

7 mars, 2013

http://www.meditation-chretienne.org/meditation_oraison.htm

Principes communs à l’oraison et à la méditation chrétiennes

« L’oraison est une élévation de notre coeur à Dieu, par laquelle nous nous attachons à lui, devenant une même chose avec lui. L’oraison est une montée de l’âme au-dessus d’elle-même et de tout le créé, pour s’unir à Dieu et s’enfoncer en cet océan de douceur et d’amour infinis.
L’oraison, pour l’âme, est de demeurer en présence de Dieu, tandis que Dieu demeure en sa présence, lui la regardant et elle le regardant, cette vue étant plus riche et féconde que celle de tous les spectacles offerts par les astres du ciel…
L’oraison est une Pâque pour l’âme…
L’oraison est un remède salutaire aux faiblesses de chaque jour, un miroir limpide dans lequel on voit Dieu, on voit l’homme, et l’on voit toutes les choses… »
Louis de Grenade, Livre de l’oraison et méditation

Au début de la vie intérieure, le désir de Dieu est faible. C’est quelque chose de sourd qu’on perçoit à peine. L’ âme éprouve comme un malaise mystérieux et doux qu’elle ne parvient pas à préciser. Elle se sent travaillée au plus intime d’elle-même. Par quoi ? Elle ne saisit pas nettement. L’amour de Dieu est à l’oeuvre dans son coeur, mais à la manière d’un feu qui couve sous la cendre…
Robert de Langeac, La vie cachée en Dieu
Ami lecteur, sans doute reconnaissez-vous ce malaise mystérieux et doux, ce feu qui couve sous la cendre… Les pages que vous ouvrez ne sont pas tombées dans vos mains par hasard : elles sont pour guérir ce malaise, pour libérer ce feu, pour dilater votre vie chrétienne, pour vous donner la joie d’aller jusqu’au bout de ce désir de Lui que le Seigneur a mis en votre coeur.
« Voici que je me tiens à la porte et que je frappe, dit le Seigneur. Si quelqu’un entend ma voix et s’il m’ouvre, j’entrerai chez lui, je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi… « Apocalypse 3, 20
Comment lui ouvrir? Par l’oraison.
MODE D’EMPLOI
« Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte, et prie ton Père qui est là, dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.  » Évangile selon saint Matthieu, 6, 6
CONCRÈTEMENT
- Je repère le meilleur moment de mes journées et le meilleur endroit pour être seul avec le Seigneur. Ce peut être dans ma chambre ou dans une pièce tranquille, dans une église ou dans la nature, assis ou à genoux… Et je décide d’y prendre quotidiennement rendez-vous avec le Seigneur.
- Combien de temps chaque jour? « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit. » … et donc vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Mais pour cela, je commence par lui réserver un quart d’heure chaque jour. Si je peux et souhaite le prolonger, très bien, mais ce quart d’heure là sera de toute façon intouchable.
CRÉÉS EN ORAISON, CRÉÉS POUR L’ORAISON
Pour comprendre
Qu’est-ce que l’oraison ? Dans un des livres les plus lus du Moyen-Âge, Guillaume de SaintThierry, ami de saint Bernard, nous répond :
L’oraison est l’affection que l’homme ressent pour Dieu quand il s’attache à lui ; elle est comme une conversation sainte et familière avec lui, une pause de l’esprit recevant sa lumière, lui donnant de jouir de lui, aussi longtemps qu’il est permis.
Lettre aux Frères du Mont-Dieu, I, V
COMPLÉTONS AVEC THÉRÈSE D’AVILA, QUI A CERTAINEMENT LU GUILLAUME :
L’oraison n’est pas autre chose qu’un commerce d’amitié, un entretien fréquent et intime avec Celui dont nous savons qu’Il nous aime. Autobiographie, 8
Définitions tout en nuances : l’oraison est d’abord un attachement amoureux à Dieu. Cet attachement nous porte à converser avec lui, à cultiver son amitié et à en jouir, à donner libre cours à cet élan qui nous porte vers lui, et dont nous pressentons qu’il est tout notre bonheur. Pour aller au coeur de l’oraison, remontons à la racine du mot : oraison vient du latin os, la bouche, le visage. Os ad ora (littéralement : bouche à bouche), qui a donné le français adorer, et de là oraison, indique exactement la situation dans laquelle Adam vient à la vie au livre de la Genèse :
Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, et il insuffla dans ses narines une haleine de vie, et l’homme devint un être vivant. Livre de la Genèse, 2, 7
Autrement dit, l’homme vient à l’existence en oraison : c’est là qu’il trouve son équilibre profond, c’est là qu’est sa vocation. Et en même temps, tout ce que Dieu réalise s’explique par sa volonté de nous partager son intimité, partage dans lequel il trouve son bonheur autant et plus que nous :
Il faut savoir que si l’âme cherche Dieu, son Bien-aimé la cherche beaucoup plus ! Et si elle lui envoie ses désirs amoureux,… il lui envoie, lui, « l’odeur de ses onguents, avec laquelle il l’attire et la fait courir jusqu’à lui »‘, c’est-à-dire ses inspirations et ses attouchements divins. Saint jean de la Croix, Vive Flamme, III, 28
Dieu nous cherche bien plus que nous ne le chercherons jamais : par mille chemins, il éveille en nous ces désirs de Lui qui sont d’abord les siens, et auxquels nous allons donner libre cours durant cet apprentissage, que nous allons vivre comme l’arrivée du Bien-aimé. Et cette sollicitation divine ne sera pas encombrante, mais pleine de prévenance et de douceur :
Il y a des amis obligeants, Philothée, qui ont renoncé aux compliments et à la cérémonie avec leurs amis. On ne perd point de temps à leur faire des civilités étudiées et incommodes. Ils se présentent d’eux-mêmes et ils se laissent voir en toute liberté. Il en est ainsi de Dieu qui nous cherche avec plus de foi et plus d’ardeur que nous ne le cherchons nous-mêmes, n’étant venu au monde que pour habiter en nous…
Dieu pense continuellement à chacun de nous comme s’il n’y avait que nous. Il est bien plus juste que nous pensions continuellement à lui comme s’il n’y avait que lui.
Quel aveuglement des hommes, Philothée, qui n’ayant pas encore compris qu’ils n’ont été créés que pour Dieu, osent trouver étrange que l’on pense toujours à Dieu et que l’on n’ait point de familier objet que Dieu…
La compagnie de Dieu ne trouble ni n’embarrasse jamais. Elle n’est ni fâcheuse, ni amère, ni incommode. Et quand nous le portons avec nous par la pensée familière, il a la bonté de se mêler à tout ce que nous faisons, et il ne se sépare jamais de nos affaires ni de nos plus menues conversations…
La pensée de Dieu n’est pas un fardeau, c’est un vent qui nous porte, c’est une main qui nous soutient et qui nous élève, c’est une lumière qui nous guide, c’est un Esprit qui nous vivifie quoique nous ne sentions pas son opération.
François Malaval, Pratique facile de la contemplation, II, 2
LE CONSEIL
Toutes les fois que je commence un temps d’oraison, je commence par cette prise de conscience de l’amour de Dieu pour moi.
Un signe de croix bien fait, un Notre Père dit calmement ou un petit texte peuvent m’y aider ; mais il est inutile d’aller plus loin tant que je n’ai pas présent à l’esprit que je suis là pour un rendez-vous d’amour.
Une promenade d’amoureux
POUR COMPRENDRE
Continuons de comprendre ce qu’est l’oraison. Restons pour cela au paradis terrestre : si l’homme a été créé en oraison, il va la vivre en cultivant le jardin dans lequel Dieu l’a placé. Et ce jardin, c’est d’abord son âme, lieu de son union à Dieu :
Celui qui commence une vie d’oraison doit se figurer qu’il entreprend de faire, dans un sol ingrat et couvert de mauvaises herbes, un jardin tel que le Seigneur y trouvera ses délices. C’est Sa Majesté elle-même qui arrache les mauvaises herbes et doit planter les bonnes. Or, nous supposons cela fait, quand une âme est résolue de se livrer à l’oraison, et que déjà elle s’y exerce. C’est maintenant à nous, comme bons jardiniers, de faire en sorte, avec le secours de Dieu, que ces plantes croissent. Nous devons les arroser avec le plus grand soin ; alors, loin de se flétrir, elles porteront des fleurs dont le merveilleux parfum plaira à ce Seigneur. Souvent pour son plaisir il visitera ce jardin, et il y prendra ses délices au milieu de ces vertus.
Sainte Thérèse d’ Avila, Autobiographie, 11

Remarquons que si l’homme cultive, c’est Dieu qui « arrache les mauvaises herbes et plante les bonnes »: l’oraison ne suppose pas de grandes forces, mais un peu de soin et beaucoup d’amour. Et si nous voulons faire oraison, n’en doutons pas, c’est que le plus dur est fait, que les mauvaises herbes sont arrachées, et que déjà nous appartenons au Christ. Qu’il serait dommage de nous priver de ses visites !
Mais ce jardin est aussi un château, dans lequel va se jouer une merveilleuse histoire d’amour :
Pour parler de l’oraison, l’idée m’est venue de considérer notre âme comme un château fait tout entier d’un seul diamant, ou d’un très clair cristal, où il y a beaucoup de chambres, de même qu’il y a beaucoup de demeures au ciel. Car à bien y songer, mes sueurs, l’âme du juste n’est rien d’autre qu’un paradis où Dieu dit trouver ses délices… Ce château a de nombreuses demeures, les unes en haut, les autres en bas, les autres sur les côtés ; et au centre, au milieu de toutes, se trouve la plus importante, où se passent les choses de grand secret entre Dieu et l’âme.
Voyons comment pénétrer dans ce château. J’ai l’air de dire une sottise : si ce château est l’âme elle-même, il est clair qu’elle n’a pas à y pénétrer ; mais vous devez comprendre qu’il y a des manières très différentes d’y être : bien des âmes sont sur le chemin de ronde du château, où se tiennent les gardes, et peu leur importe d’y entrer ; elles ne savent pas ce qu’il y a en un lieu si précieux, ni qui l’habite, ni quelles pièces le composent. Vous aurez lu en quelque livre sur l’oraison que l’on conseille à l’âme d’entrer en elle-même : c’est bien de cela qu’il s’agit.
Sainte Thérèse d’ Avila, Château de l’âme, I, 1
L’ image est claire : notre âme avec toutes ses facultés, son intelligence, sa sensibilité, son imagination, va peu à peu s’habituer à vivre en compagnie de Dieu. Conte de fées ? Non, mais apprentissage de la vie divine de l’homme, pour lequel il va suffire de nous laisser conduire par le maître des lieux.
POUR MÉDITER
Me mettre en présence de Dieu
Pour nous laisser conduire, il nous faut nous présenter à l’entrée du jardin ou à la porte du château, c’est-à-dire nous mettre en présence de Dieu.
Le premier moyen pour se mettre en présence de Dieu consiste en une vive et attentive appréhension de la toute présence de Dieu, c’est-à-dire que Dieu est en tout et partout, et qu’il n’y a lieu ni chose en ce monde où il ne soit d’une très aimable présence… Car encore que nous sachions bien qu’il est présent à toutes choses, si est-ce que n’y pensant point, c’est tout comme si nous ne le savions point. C’est pourquoi toujours, avant l’oraison, il faut provoquer notre âme à une attentive pensée et considération de cette présence de Dieu…
Le second moyen de se mettre en cette sacrée présence, c’est de penser que non seulement Dieu est au lieu où vous êtes, mais qu’il est très particulièrement en votre coeur et au fond de votre esprit, lequel il vivifie et anime de sa divine présence, étant là comme le coeur de votre coeur et l’esprit de votre esprit…
Le troisième moyen, c’est de considérer notre Sauveur, lequel en son humanité regarde depuis le ciel toutes les personnes du monde, mais particulièrement les chrétiens qui sont ses enfants, et plus spécialement ceux qui sont en prière.
La quatrième façon consiste à se servir de la simple imagination, nous représentant le Sauveur en son humanité sacrée somme s’il était près de nous…
Vous userez donc de l’un de ces quatre moyens, pour mettre votre âme en la présence de Dieu avant l’oraison ; et il ne faut pas les vouloir employer tous ensemble, mais seulement un à la fois, et cela brièvement et simplement.
Saint François de Sales, Introduction à la Vie dévote, II, 2
LE CONSEIL
Si le premier pas de l’oraison est de prendre conscience de son amour pour moi, le second est de prendre conscience de sa présence effective auprès de moi et en moi. Et là encore, inutile d’aller plus loin tant que mille choses qui me passent par la tête m’empêchent de m’intéresser à cette présence. Et il est sûr que certains jours, il me faudra tout mon temps d’oraison pour trouver cette présence. Mais au fond, y a-t-il une autre oraison que celle-là ? Y a-t-il meilleure façon d’aimer que de chercher à aimer ? Apprenons déjà à recevoir aujourd’hui l’oraison que Dieu me donne aujourd’hui c’est celle-là la bonne, puisque c’est la sienne.
Max de Longchamp

L’oraison … à l’école des saints
Centre Saint Jean de la Croix

SAINTS FELICITAS AND PERPETUA

6 mars, 2013

SAINTS FELICITAS AND PERPETUA dans images sacrée

http://www.santiebeati.it/immagini/?mode=view&album=22950&pic=22950D.JPG&dispsize=Original&start=0

 

 

7 Mars: Saintes Perpétue et Félicité

6 mars, 2013

http://nominis.cef.fr/contenus/saint/768/Saintes-Perpetue-et-Felicite.html

7 Mars: Saintes Perpétue et Félicité

Martyres à Carthage (✝ 203)

Perpétue est une jeune patricienne, Félicité une jeune esclave. Elles avaient toutes deux demandé le baptême à l’évêque de Carthage. L’empereur Septime Sévère ayant interdit le christianisme, le groupe des catéchumènes, dont elles faisaient partie, est arrêté, avec Sature, Saturnin, Révocat et Secondule. Pendant plusieurs mois, ils connurent la prison dans des conditions très dures, d’autant qu’ils étaient dans l’incertitude du sort exact qui les attendait. Félicité était enceinte et Perpétue, jeune mariée, allaitait son enfant. Le père de la jeune femme tenta en vain de la faire sacrifier aux dieux au nom de l’amour maternel. Quant à Félicité, elle mit au monde une petite fille dans sa prison. Trois jours après la naissance, elle était martyrisée et l’enfant fut adoptée par une chrétienne de la ville. Comme leurs compagnons, Perpétue et Félicité furent livrées aux bêtes du cirque, enveloppées dans un filet, et livrées à une vache furieuse. Elles attirèrent la pitié des spectateurs devant ces jeunes mères torturées. On les acheva en les égorgeant. Selon les « acta » de leur martyre, des témoins disaient : »Leur visage était rayonnant et d’une grande beauté. Il était marqué non de peur mais de joie. » Le culte des deux jeunes femmes connut très vite une grande popularité : leur jeunesse, leur situation de mère de famille, leur courage, le fait qu’elles soient des catéchumènes les font figurer en tête des martyres mentionnées dans la première prière eucharistique de la liturgie latine.
Un internaute nous signale: « Sainte Perpétue est la patronne de la ville de Vierzon dans le Cher. »
Sainte Perpétue de Carthage à Vierzon…
Chaque année le dimanche le plus proche du 7 mars, un pèlerinage est organisé à Vierzon par la Fraternité Sainte Perpétue. Voir aussi Sainte Perpétue de Carthage à Vierzon…
Le 7 mars, au martyrologe romain, mémoire des saintes martyres Perpétue et Félicité. En 203, sous l’empereur Septime Sévère, elles furent arrêtées à Carthage avec de jeunes catéchumènes. Perpétue était l’une d’elles, patricienne d’environ vingt-deux ans, mère d’un enfant à la mamelle; Félicité était une esclave; comme elle était enceinte, elle devait, d’après les lois, attendre d’avoir enfanté; elle gémissait dans les douleurs à l’heure de l’enfantement, mais se réjouissait d’être exposée aux bêtes. Elles s’avancèrent de la prison à l’amphithéâtre, le visage radieux, comme pour le ciel.

Martyrologe romain

L’élection du pape, oeuvre de toute l’Eglise

6 mars, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/l-election-du-pape-oeuvre-de-toute-l-eglise

L’élection du pape, oeuvre de toute l’Eglise

Mobilisation dans la prière, décision des cardinaux

Rome, 5 mars 2013 (Zenit.org) Anita Bourdin

Dans la Constitution sur la vacance du Siège apostolique « Universi Diminici Gregis », Jean-Paul II (1996) fait observer que l’élection du pape est le fait non seulement des cardinaux du monde entier mais de toute l’Eglise, grâce à la mobilisation de tous dans la prière : « L’élection du nouveau Pontife ne sera pas un fait étranger au Peuple de Dieu et réservé au seul Collège des électeurs, mais, dans un sens, elle sera une action de toute l’Église ».
Les cardinaux ont ainsi décidé ce mardi matin, lors de la troisième Congrégation générale, d’un rendez-vous de prière avec le Peuple de Dieu qui est à Rome, demain, mercredi après midi, 6 mars, à 17 h en la basilique vaticane à l’autel de la Chaire de Saint-Pierre.
Un des rôles assignés aux cardinaux, et spécialement des cardinaux non-électeurs, de plus de 80 ans, pendant la vacance du Siège apostolique est d’entraîner le Peuple de Dieu dans la prière.
Les cardinaux ont ainsi décidé de prier publiquement ensemble avec tous ceux qui le peuvent, pendant environ une heure.
La prière commencera par les Mystères glorieux du Rosaire, en italien et en latin.
L’Exposition du Saint-Sacrement sera suivie d’un temps d’adoration silencieuse.
Puis ce sera la prière des vêpres, sous une forme simple – sans « président » -.
La bénédiction sera donnée par le cardinal archiprêtre de la basilique Saint-Pierre Angelo Comastri.
La messe célébrée d’habitude à cette heure-là à l’autel de la Chaire sera déplacée à un autre autel de la basilique.
La Constitution de Jean-Paul II dit en effet au paragraphe 84 dit en effet : « Pendant la vacance du Siège, et surtout durant la période où se déroule l’élection du Successeur de Pierre, l’Église est unie de manière toute particulière à ses Pasteurs et spécialement aux Cardinaux électeurs du Souverain Pontife, et elle implore de Dieu un nouveau Pape, comme don de sa bonté et de sa providence. »
« En effet, poursuit le texte, à l’exemple de la première communauté chrétienne dont il est question dans les Actes des Apôtres (cf. 1, 14), l’Église universelle, spirituellement unie à Marie, Mère de Jésus, doit persévérer unanimement dans la prière ; ainsi l’élection du nouveau Pontife ne sera pas un fait étranger au Peuple de Dieu et réservé au seul Collège des électeurs, mais, dans un sens, elle sera une action de toute l’Église. »                                     
La Constitution demande aussi la prière dans le monde entier : « En conséquence, j’établis que dans toutes les villes et autres lieux, au moins les plus importants, à peine connue la nouvelle de la vacance du Siège apostolique et, de manière particulière, de la mort du Pontife, ainsi qu’après la célébration des services solennels à son intention, on élève des prières humbles et assidues vers le Seigneur (cf. Mt 21, 22 ; Mc 11, 24), pour qu’il éclaire le cœur des électeurs et réalise si bien leur accord dans l’élection que cette dernière soit rapide, unanime et utile, comme l’exige le salut des âmes et le bien de tout le Peuple de Dieu. »

«Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis « 

5 mars, 2013

«Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis

http://liturgiadomenicale.blogspot.it/2010/11/nostro-signore-gesu-cristo-re.html

Jean Cassien et la prière répétitive

5 mars, 2013

http://www.meditation-chretienne.org/enseignement_jean_cassien.htm

Jean Cassien et la prière répétitive

Saint Jean Cassien, auteur des premiers siècles dont Saint Benoît s’est entre autres inspiré, nous a livré dans une série de Conférences les secrets de la perfection. On peut y puiser une sève vivifiante pour notre prière et porter de nombreux fruits de science et de vertu. L’extrait très connu que je vous cite plus loin explique selon Saint Jean Cassien quelle est la meilleure arme contre toutes les tentations, la cuirasse impénétrable, le modèle dont nous pouvons nous inspirr sans cesse pour imprimer en nous le souvenir continuel de Dieu (Dixième conférence de Cassien avec l’Abbé Isaac : de la prière).
Il faut avoir un modèle que vous puissiez regarder sans cesse, méditer et vous approprier de manière à vous élever peu à peu à des pensées plus parfaites. Voici cette règle que vous cherchez , cette formule de la prière , que tout religieux qui désire se souvenir continuellement de Dieu, doit s’accoutumer à méditer sans cesse dans son coeur, en en bannissant toute autre pensée ; car il ne pourra jamais la retenir s’il ne s’affranchit de toute inquiétude et de tous soins corporels. C’est un secret que nous ont laissé quelques-uns de nos anciens Pères, et que nous ne disons qu’au petit nombre de personnes qui le désirent avec ardeur.
Cette formule qui vous rappellera toujours Dieu, et dont vous ne devez jamais vous séparer , est celle-ci : « Mon Dieu, venez à mon aide ; hâtez-vous, Seigneur, de me secourir. Deus in adjutorium meum intende ; Domine ; ad adjuvandum me festina. » Ce verset, choisi dans toute l’Écriture, renferme tous les sentiments que peut concevoir la nature humaine ; il convient parfaitement à tous les états et à toutes les tentations. On y trouve l’invocation de Dieu contre tous les dangers, l’humilité d’une sincère confession, la vigilance de la sollicitude et de la crainte, la considération de notre faiblesse, l’espérance d’être exaucé, la confiance en un secours présent et certain ; car celui qui invoque son protecteur est toujours certain de sa présence. On y trouve l’ardeur de l’amour et de la charité , la vigilance contre les piéges qui nous environnent et contre les ennemis qui nous attaquent nuit et jour, et l’âme confesse qu’elle ne peut en triompher sans le secours de son défenseur. Ce verset, pour ceux que les démons tourmentent, est un rempart inexpugnable, une cuirasse impénétrable , un bouclier qui nous couvrira toujours lorsque la paresse , l’ennui , la tristesse , le découragement nous accablent ; il nous empêche de désespérer de notre salut, en nous montrant Celui. que nous invoquons présent à nos combats et entendant nos supplications.
Lorsque les joies spirituelles inondent notre coeur, il nous avertit de ne pas nous élever et nous enorgueillir de ce bonheur que nous ne pourrions conserver sans la protection de Dieu , dont nous implorons sans cesse le prompt secours. Ainsi, dans quelque état que nous nous trouvions , ce verset nous sera toujours utile et nécessaire. Celui qui désire être secouru toujours et en toute chose , confesse qu’il a besoin de Dieu dans la prospérité comme dans le malheur ; car Dieu seul peut le tirer de la peine ou le conserver dans la joie, et, sans son secours , la faiblesse humaine succomberait de toute manière. Si je suis tenté de gourmandise, je désirerai des aliments que le désert ne connaît pas ; et, dans la plus affreuse solitude, je sentirai d’odeur des mets qu’on sert sur la table des rois ; je serai entraîné malgré moi à en souhaiter de semblables. C’est l’occasion de dire : « Mon Dieu , venez à mon aide ; Seigneur, hâtez-vous de me secourir. » Je serai tenté d’avancer l’heure du repas , ou j’éprouverai un violent désir d’augmenter la quantité ordinaire de ma nourriture ; je dois dire en gémissant : « Mon Dieu, venez à mon aide ; Seigneur, hâtez-vous de me secourir. » Les révoltes de la chair m’obligeront à des jeûnes plus rigoureux, mais la faiblesse de mon estomac et l’état de ma santé m’arrêteront ; pour obtenir de pouvoir jeûner ou d’apaiser sans ce moyen les ardeurs de la concupiscence , je recourrai à la prière : « Mon Dieu, venez à mon aide ; Seigneur, hâtez-vous de me secourir. » En me mettant à table, à l’heure accoutumée, j’aurai horreur du pain et je voudrai pouvoir me passer de nourriture ; je dirai encore en soupirant : « Mon Dieu, venez à mon aide ; Seigneur, hâtez-vous de me secourir. »

Lorsque je voudrai, par la lecture, fixer mon attention et mon coeur, le mal de tète m’en empêchera ; ou dès la neuvième heure le sommeil m’envahira et me fera pencher sur mon livre, je serai porté à cesser ou à pré-venir l’heure du repos, et la pesanteur de mes yeux me fera entre-couperla récitation des psaumes et de l’office, je crierai encore : « Mon Dieu, venez à mon aide ; Seigneur, hâtez-vous de me secourir. » Quelquefois , au contraire, le sommeil fuira mes yeux, et le démon, pour me fatiguer, prolongera mes veilles, et m’ôtera, pendant la nuit , toute espèce de repos ; je prierai alors et je dirai en soupirant : « Mon Dieu , venez à mon aide ; Seigneur, hâtez-vous de me secourir. » Je lutterai contre les vices et les tentations de la chair, qui tâchent de me séduire au milieu de mon sommeil. Que faire pour empêcher la flamme étrangère de consumer les fleurs odorantes de la chasteté , si ce n’est de crier : « Mon Dieu , venez à mon aide ; Seigneur, hâtez-vous vous de me secourir. » Si les mouvements de la concupiscence sont apaisés, comment conserver cet état, ou plutôt cette grâce que la bonté de Dieu m’accorde ? je dirai avec ferveur : « Mon Dieu , venez à mon aide ; Seigneur, hâtez-vous de me secourir. » La colère , l’avarice , la tristesse me tourmentent ; je perds cette douceur que je cherchais et que j’aimais tant, et je deviens amer comme le fiel, agité comme la tempête ; je crierai en gémissant : « Mon Dieu, venez à mon aide ; Seigneur, hâtez-vous de me secourir. »
Quelquefois l’orgueil, la vaine gloire me travailleront, et je ressentirai une secrète complaisance en voyant la négligence et la tiédeur des autres ; je combattrai les suggestions dangereuses de l’ennemi , en disant de toute la conviction de mon coeur : « Mon Dieu , venez à mon aide ; Seigneur, hâtez-vous de me secourir. » Lorsque j’aurai vaincu l’orgueil et obtenu par la componction la grâce de l’humilité et de la simplicité, pour empêcher l’orgueil de revenir, et la main du pécheur de m’ébranler (Ps. XXXV, 12) ; pour que la joie de la victoire ne me cause pas une défaite plus honteuse, je crierai de toutes mes forces : « Mon Dieu , venez à mon aide ; Seigneur, hâtez-vous de me secourir. » Mes distractions seront continuelles, infinies ; je souffrirai de la légèreté de mon pauvre coeur, je ne pourrai retenir l’égarement de mes pensées , et toute ma prière sera traversée par les rêves et les fantômes de mon imagination , sans que je puisse écarter ce souvenir de mes paroles et de mes actions. Je me sentirai dans une stérilité, une aridité si grande, qu’il me sera impossible d’exciter en moi le moindre mouvement vers Dieu. Pour me délivrer de ces ténèbres de mon âme , que ne peuvent dissiper mes soupirs et mes larmes, je crierai encore : « Mon Dieu, venez à mon aide ; Seigneur, hâtez-vous de me secourir. » Je rentrerai, au contraire, dans la possession de mon âme et dans la stabilité de mes pensées ; mon coeur sera inondé d’une joie ineffable, et la visite de l’Esprit-Saint me donnera des lumières surabondantes, et me fera pénétrer les secrets divins et comprendre tout à coup avec évidence ce que j’apercevais à peine. Pour jouir longtemps de ces grâces , je dirai avec ferveur et souvent : « Mon Dieu, venez à mon aide ; Seigneur, hâtez-vous de me secourir. » Les démons m’entoureront de terreurs pendant la nuit, et les esprits impurs me troubleront de leurs fantômes ; la crainte me fera perdre l’espérance de mon salut et de ma vie. Je me réfugierai dans la prière comme au port, et je crierai de toutes mes forces : « Mon Dieu , venez à mon aide ; Seigneur, hâtez-vous de me secourir. » La consolation de Dieu viendra me ranimer , et je me sentirai , à sa présence , comme environné d’une multitude d’anges. Les démons, que je craignais plus que la mort, et qui me glaçaient d’épouvante , ne me paraîtront plus si redoutables, et j’oserai moi-même les attaquer. Pour conserver cette force que la grâce me donne, je crierai encore de toute mon âme : « Mon Dieu , venez à mon aide ; Seigneur, hâtez-vous de me secourir. »
Ainsi, nous devons sans cesse adresser à Dieu cette courte prière , afin de n’être pas abattus par l’adversité, ou orgueilleux dans la prospérité. Oui , méditez sans cesse ce verset dans votre coeur, récitez-le pendant votre travail , au milieu de vos occupations et lorsque vous êtes en voyage. Que votre esprit s’en nourrisse , en dormant, en mangeant, en subissant toutes les nécessités de la nature ; que sa méditation devienne pour vous comme une formule puissante et salutaire qui non-seulement vous préservera de toutes les attaques du démon, mais encore vous purifiera des vices et de la contagion de la terre , pour vous élever à la contemplation des choses invisibles et célestes, et vous faire arriver à cette ineffable ardeur de la prière, que bien peu connaissent. Endormez-vous en récitant ce verset , de manière que, par habitude , vous le disiez encore pendant votre sommeil ; et lorsque vous vous réveillerez, que ce soit la première chose qui se présente à votre esprit. Dites-le en vous agenouillant, dès que vous quittez votre lit, et qu’il vous accompagne ainsi d’action en action pendant tout le cours de la journée. Méditez-le selon le précepte divin : « soit que vous reposiez dans votre maison, soit que vous soyez en voyage , soit que vous dormiez , soit que vous vous leviez. Ecrivez-le sur vos lèvres et sur votre porte ; gravez-le sur les murs de votre demeure et au plus profond de votre âme », afin qu’il en découle naturellement, lorsque vous vous mettez en prière, et qu’il vous accompagne ensuite comme une oraison fervente et continuelle dans toutes les occupations de votre vie.
Nos anciens savaient bien que la concentration humaine est limitée et qu’elle ne peut fixer son attention très longtemps sur un objet ou une pensée. Beaucoup ont donc recommandé la répétition de formules uniques et simples de manière à lentement savourer la grâce et se laisser pénétrer par elle. Mère Cécile Bruyère (première abbesse du monastère Sainte Cécile de Solesmes) nous rappelle un autre exemple de cette méthode de méditation dans un ouvrage intitulé La vie Spirituelle et l’oraison. Je cite : Les anciens donnaient cette méthode surtout aux commençants, comme nous le voyons d’après ce que le saint abbé Paphnuce (ndla : voir à nouveau Conférences de Cassien ) imposa à la généreuse pénitente Thaïs : ’Tantummodo sedens contra Orientem respice, hunc sermonem solum frequenter interans : Qui plasmati me, miserere mei’ – Assise, la face vers l’Orient, répétez souvent ces paroles : Vous qui m’avez crée, ayez pitié de moi – Après trois ans de cette unique et brève oraison, Dieu manifesta par un prodige combien cette prière avait été pure, puisqu’elle opéra l’entière purification de cette vénérable pénitente, (…) Ici, dans le verset « Deus in adiutorium… » que l’on récite au début de l’office encore aujourd’hui sont non seulement contenus toute l’obéissance et toute l’humilité de notre condition de créature mais aussi notre reconnaissance et notre mise à disposition de Dieu.

Extrait du site Schola Saint Maur

L’universalité de la méditation, par Kim Nataraja

5 mars, 2013

http://meditationchretienne.org/site/allegati/27_24_6.pdf

L’universalité de la méditation, par Kim Nataraja

La méditation est une discipline spirituelle universelle, centrale dans la plupart des religions et des traditions de sagesse du monde. Il existe beaucoup de formes différentes de méditation dans ces diverses traditions, toutes également valables, à leur manière. Toutes mettent l’accent sur la pratique et l’expérience plus que sur la théorie ou la connaissance.
La méditation est aussi une authentique discipline du christianisme, bien qu’il semble parfois que ce soit le secret le mieux gardé du monde. Comme le rappelle toujours Laurence Freeman, Jésus a enseigné la contemplation et c’est la raison pour laquelle cette forme de prière a prospéré, particulièrement au IVe siècle, chez les Pères et les Mères du désert d’Égypte et de Palestine, qui avaient fondé leur vie sur l’exemple de Jésus. Jean Cassien a réuni leurs enseignements dans son livre Les Conférences. C’est en lisant cet ouvrage que John Main, un moine bénédictin, a découvert cette tradition, pour la transmettre à notre époque, et l’a offert à tous nos contemporains quel que soit leur état de vie, lui donnant le nom de « méditation chrétienne ». Ce n’est pas seulement la forme de prière des Pères et Mères du Désert mais aussi celle d’innombrables mystiques chrétiens de toutes les époques jusqu’à aujourd’hui. C’est aussi une
forme de prière qui a été établie bien avant la Réforme, et avant la séparation entre le catholicisme romain et la chrétienté orthodoxe orientale. C’est donc un beau moyen, œcuménique, de prier ensemble. Nous ne devons pas oublier que toutes les formes de prières sont valables. Selon Laurence Freeman : « La méditation est la dimension qui manque, la plupart du temps, à la vie chrétienne d’aujourd’hui. Elle n’exclut pas les autres formes de prières ; en fait, elle rend plus profonde la révérence pour les sacrements et les écritures. » Il explique la connexion entre toutes les formes de prière en s’inspirant de l’image d’une roue en bois d’autrefois :
« La fonction d’une roue est de faire avancer une charrette. La prière est la roue qui fait avancer
spirituellement notre vie vers Dieu. Pour tourner, la roue doit être en contact avec le sol. Si la roue ne touche pas le sol, elle ne peut faire avancer la charrette ; la roue seule tournera. De la même façon, il faut donner un temps réel et une place réelle à la prière dans notre vie quotidienne. Les rayons de la roue sont comme les différentes formes de prières. Toutes les formes de prière sont valables et efficaces. Il y a l’eucharistie, la prière d’intercession, les sacrements, la lecture des Écritures et les dévotions personnelles. Ce qui maintient les rayons ensemble et permet à la roue de tourner est le moyeu. Les rayons convergent vers le moyeu. Nous pouvons penser au moyeu comme étant la prière du Christ qui demeure dans nos cœurs. Le centre de la roue est immobile. Sans ce point fixe au centre, la roue ne peut pas tourner. La méditation consiste à atteindre l’immobilité au centre de notre être. Quand nous méditons, nous entrons dans cette immobilité centrale qui est la source de toute notre action, notre mouvement vers Dieu par le
Christ qui est en nous. Pour que la roue avance, il faut que son centre soit immobile. Telle est la relation entre action et contemplation. »

Christ’s Descent to Hades…

3 mars, 2013

Christ’s Descent to Hades… dans images sacrée mikhail-nesterov-harrowing-of-hell-undated

http://thehandmaid.wordpress.com/2008/04/25/christs-descent-to-hades/

LA RÉSURRECTION SANS LE CHRIST RESSUSCITÉ

3 mars, 2013

http://www.30giorni.it/articoli_id_11778_l4.htm

LA RÉSURRECTION SANS LE CHRIST RESSUSCITÉ

Pour l’idéalisme moderne, la résurrection est le produit de l’idéalisation posthume de Jésus mort. La gloire naît d’une défaite. Le récit évangélique se trouve ainsi renversé. Pour celui-ci, en effet, la foi naît de la perception réelle du Christ ressuscité, de Celui qui a vaincu la mort

par Massimo Borghesi

LA RÉSURRECTION SANS MIRACLE
«La résurrection non seulement n’est pas un miracle mais elle n’est même pas un événement empirique. Et la foi dans la résurrection ne dépend pas du fait que l’on accepte ou que l’on rejette la réalité historique du sépulcre vide». C’est ce que l’on peut lire sur la quatrième de couverture du texte d’Andrés Torres Queiruga, La risurrezione senza miracolo, traduit depuis peu en italien1. L’opuscule est intéressant dans la mesure où il est la parfaite expression d’une tendance qui, après Bultmann, est devenue dominante dans les études exégétiques et théologiques: tendance qui fait de la résurrection une pierre errante, un bloc erratique que la critique doit supprimer pour rendre compréhensible à l’homme moderne le contenu de la foi chrétienne. Le Christ ressuscité de Piero della Francesca ou L’Incrédulité de Thomas du Caravage appartiennent à l’art du passé. On ne pourra plus dans l’avenir présenter une lecture réaliste de la résurrection, la seule lecture admise sera “symbolique”. Par un étrange renversement des processus cognitifs, la foi ne présuppose pas le sépulcre vide ni l’expérience tangible du Christ ressuscité; le Christ ressuscité, au contraire, n’“apparaît” tel que dans la précompréhension de la foi. De cette façon, une partie considérable de la littérature théologique – celle qui donne pour évidente l’opposition entre le “Christ historique” et le “Christ de la foi” – abandonne la position réaliste et rencontre, nécessairement, le point de vue idéaliste. Pour celui-ci, ce n’est pas la réalité, ce qui arrive concrètement, qui déclenche et explique la “persuasion”; c’est au contraire la “vision du monde”, la foi préliminaire qui rendent évidents, “visibles”, des faits qui, sans elles, n’existent pas. La foi, privée de tout fondement rationnel, n’est plus un “jugement” mais un pré-jugé qui “voit” d’une façon non conforme à la réalité, lieu d’une expérience “mystique”, affective, idéalisante. La foi idéalise, grâce à la médiation imaginative, son objet. Dans le cas du christianisme, cela signifie que le Christ “apparaît” comme ressuscité dans la foi, grâce à la foi. Hors de la foi, il y a seulement le mystère d’une tombe vide, d’un cadavre disparu. Un problème qui n’intéresse pas la foi pour laquelle ce qui importe, c’est seulement le Christ idéal, divin. La résurrection n’a pas besoin de la chair de Jésus de Nazareth, de sa personne singulière; l’idée, le symbole de l’Homme-Dieu sont suffisants. la foi vit de l’idée, non de la réalité.
Des images et des détails de la prédelle de la Maestà de Duccio di Buoninsegna, conservée au Museo dell’Opera del Duomo, à Sienne; ci-dessus, Jésus ressuscité et Marie-Madeleine
Ce présupposé, véritable a priori conceptuel, est manifeste dans le texte de Torres Queiruga. Pour le philosophe de Saint-Jacques-de-Compostelle, les acquisitions «irréversibles» de l’exégèse et de la culture actuelles font qu’il n’est plus possible de concevoir «la présence active de Dieu comme une irruption ponctuelle, c’est-à-dire physique et accessible aux sens, dans la trame du monde»2. Une définition parfaite de l’incarnation, que l’auteur supprime d’un simple trait de plume. Comme pour Bultmann, qui juge mythologique «la conception dans laquelle le non-mondain, le divin apparaît comme le mondain, l’humain et l’au-delà comme l’ici-bas»3, pour Torres Queiruga, Dieu ne peut agir sensiblement dans ce monde. C’est pourquoi «l’analyse de la résurrection de Jésus comme “miracle” – le plus spectaculaire – a disparu définitivement des traités sérieux. C’est au point que, même dans les traités les plus “orthodoxes”, on déclare que la résurrection non seulement n’est pas un miracle, mais qu’elle n’est pas non plus un événement “historique”»4. L’“expérience” du Christ ressuscité doit éliminer toute présence de type empirique. «Si le Christ ressuscité était tangible ou mangeait, il serait nécessairement limité par les lois de l’espace, ce qui signifie qu’il ne serait pas ressuscité. Et il arriverait la même chose s’il était physiquement visible»5. Croire autre chose reviendrait à se soumettre à l’«impérialisme du principe empiriste»6, à rendre impossible «le fondement rationnel de la foi dans la résurrection»7. Pour l’auteur, «les disciples ne virent pas de leurs yeux ni ne touchèrent de leurs mains le Christ ressuscité. C’était en effet impossible parce que le Christ n’était pas à la portée de leurs sens»8. Ce que les disciples ont “vu” «ne peut avoir aucun rapport matériel avec un corps spatio-temporel»9. Du reste, «dans la vie terrestre, le corps ne peut pas être non plus considéré comme le support absolument indispensable de l’identité» et «on ne voit pas ce que pourrait apporter à celle-ci la transformation (?) du corps mort, c’est-à-dire du cadavre»10. Pour l’ “idéaliste” Torres Queiruga, la “réalité” du Christ ressuscité ne présuppose pas sa réalité sensible, corporelle. Celle-ci se fonde sur la subjectivité du croyant, sur les «expériences psychiques de visualisations ou d’imaginations de convictions intimes. Convictions qui peuvent avoir un référent réel – le mystique, dans sa vision, se relie réellement au Christ – sans que soit réelle la forme sous laquelle celui-ci se présente»11. La «“vision” présuppose une expérience intérieure, une situation personnelle particulière ancrée dans un milieu particulier, données à partir desquelles la «médiation imaginative»12 – que l’auteur évoque en se référant à Kant – se réalise en donnant forme à l’objet de son aspiration. Dans le cas des disciples, «à l’intérieur de la culture du temps, ouverte aux manifestations extraordinaires et empiriques du surnaturel, le schéma imaginatif de la résurrection pouvait fonctionner comme un retour à la vie»13. C’est-à-dire que les disciples crurent le voir dans la mesure où ils étaient prédisposés à cette croyance par un contexte, par un milieu spirituel. À l’intérieur de cet horizon, l’élément décisif, l’étincelle, sont provoqués par l’expérience fondamentale de la mort de Jésus: «Le contexte très fortement émotif suscité par le drame du Calvaire»14. C’est là, dans le drame de la disparition de la personne chère, que mûrit «ce que nous pourrions appeler à la manière de Kant le “schéma imaginatif” pour comprendre la résurrection comme ayant déjà eu lieu»15. Dans le contexte messianique-eschatologique d’Israël, la mort de Jésus provoque un vide lancinant, une expérience de douleur qui cherche une résolution. La croix du Christ se “transforme” en la résurrection: «La résurrection a lieu sur la croix elle-même»16. Le Christ, le mort, redevient vivant dans la foi. Torres Queiruga suit à la lettre, sans le citer, Rudolf Bultmann: «Croix et résurrection comme événement “cosmique” sont une seule et même chose»17. La résurrection n’est pas un événement réel qui suit la mort de Jésus sur la croix. Elle est, symboliquement, la transfiguration du Christ induite par l’expérience tragique de sa fin. Sous une forme paradoxale, qui est au centre du modèle idéaliste, l’absence produit la présence, le vide donne lieu au plein, la privation se change en victoire. Il faut pour ce faire que soit supprimé, dans le sens paulinien, l’aspect de scandale de la croix: le Fils de Dieu pendu à ce qui, pour les modernes, est le gibet. Cet aspect serait dans les Évangiles une construction littéraire et non un élément historique. Torres Queiruga reconnaît qu’«une habitude invétérée, qui s’appuie fortement sur la lettre des Évangiles, a conduit à voir la croix comme un lieu de “scandale”, qui décrétait la fin de la foi des disciples, lesquels alors auraient fui, reniant et trahissant leur Maître. Pour expliquer leur conversion plus tard, il devait arriver quelque chose d’extraordinaire et de miraculeux qui, par son évidence irréfutable, les rendrait à la foi. Ce quelque chose serait la résurrection qui se verrait ainsi dotée d’une véritable “démonstration” historique. On ne peut pas nier que cet argument ait de la force, et, de fait, il est toujours le plus courant dans les traités en usage. Cependant une réflexion plus attentive a fait voir, chaque fois de façon plus claire et avec l’assentiment plus ample des spécialistes, sa nature de “dramatisation” littéraire et son caractère apologétique»18 . Cette conclusion serait aussi prouvée par le fait que «l’hypothèse d’une trahison ou d’un reniement est profondément incompréhensible et injuste en ce qui concerne les disciples»19. Ceux-ci auraient trahi Jésus au moment de l’épreuve suprême, ils auraient été ingrats et sans cœur. Ce qui, pour l’auteur est inadmissible. D’autre part, le scandale existe pour les Romains, pas pour les juifs: «Les criminels de Rome étaient les héros du peuple que les Romains avaient assujetti»20.
La croix du Christ, dans l’optique toute positive qui est celle de Torres Queiruga, n’est pas ce qui éloigne, le lieu de la solitude. Elle est au contraire le point où se forme la foi: «La crucifixion, avec l’horrible scandale de son injustice, apparaît comme le catalyseur le plus déterminant pour comprendre que ce qui est arrivé sur la croix ne pouvait être la conclusion définitive»21. La croix n’est pas un point de fuite mais un “tournant”. Il s’agit là d’une conclusion qui s’imposait à Torres Queiruga dans la mesure où, entre la mort de Jésus et la foi de l’Église naissante, il ne se passe rien. L’idéalisme, comme philosophie de l’absence d’événement, implique un court-circuit dans lequel la foi doit précéder l’événement et non le suivre. L’argument selon lequel les disciples fuient, apeurés et démoralisés, a “de la force”, comme reconnaît l’auteur, mais il n’est pourtant pas acceptable. Le vide doit produire le plein, la mort doit se faire idée du Christ ressuscité et non engendrer le scandale, la fuite, le désarroi. On se trouverait sinon devant une “apologie” et non une histoire. Dans son caractère effectif, le mort est un drapeau, le symbole d’une vie qui ne pouvait prendre fin.
DANS L’ORBITE DE HEGEL
Il est singulier que Torres Queiruga cite à plusieurs reprises Kant – pour la médiation imaginative de la foi – et qu’il n’évoque pas Hegel. Singulier parce que sa réflexion se situe, de façon parfaite, à l’intérieur de l’horizon spéculatif de l’idéalisme. Elle en calque la christologie, celle de Hegel, avec des discordances qui, pour le sujet qui nous occupe, sont totalement marginales22. Pour Hegel comme pour le philosophe espagnol, la révélation «ne consiste pas dans l’irruption de quelque chose d’extérieur mais dans la découverte d’une présence qui, peut-être ignorée et éventuellement pressentie, était déjà à l’intérieur et tentait de se faire connaître»23. Le christianisme regarde l’ontologie, non l’histoire. Il révèle ce qui est déjà présent depuis toujours, quoique de façon éventuellement voilée, dans l’intériorité du moi; c’est un rapport immanent, non provoqué de l’extérieur. «Dieu n’“entre” pas à un moment donné dans le monde pour révéler quelque chose par une intervention extraordinaire mais Il est toujours présent et actif dans le monde, dans l’histoire et dans la vie des individus et Il est toujours en train de faire reconnaître sa présence pour que nous réussissions à l’interpréter de façon correcte»24. Ainsi, «ce qui est utile, ce n’est pas que le soleil commence à briller mais que les fenêtres soient ouvertes et les vitres propres»25. La Révélation, ce n’est pas Dieu qui “révèle”, puisqu’Il le fait en permanence, mais la découverte humaine «qui est révélation au sens strict du terme»26. Torres Queiruga déshistoricise radicalement le christianisme. Il le résout en une structure idéale, en une conception gnostico-panthéiste pour laquelle le Dieu-dans-le-monde désire ardemment se rendre connaissable en déchirant le voile d’ombre de l’ignorance humaine. Le Christ historique, comme chez Hegel, est seulement l’“occasion” de l’éveil, dans le moi, de la conscience du Christ idéal. Il est, comme Socrate, la “sage-femme” dont l’art maïeutique amène au jour le Dieu-en-nous, selon la «riche et profonde tradition du magister interior»27.
Cette perspective, l’idée d’une révélation immanente, par rapport à laquelle le Christ historique est seulement une provocation contingente, éclaire le second point qui rapproche Hegel et Torres Queiruga: la négation de la dimension empirique de la foi. Dans La philosophie de la religion, Hegel distingue une double foi: la foi extérieure et la foi intérieure. La foi “extérieure” se fonde sur le Christ historique, sur sa personne et son autorité. Mais il s’agit là, pour Hegel, d’une foi limitée, contingente. C’est «un mode extérieur, accidentel, de la foi. La véritable foi se trouve dans l’esprit de vérité. L’autre [la foi extérieure] concerne encore un rapport avec la présence sensible immédiate. La véritable foi est spirituelle, elle est dans l’esprit: elle a pour fondement la vérité de l’idée»28. Par rapport à celle-ci, «la foi extérieure ne doit donc être considérée que comme un moyen pour arriver à la vraie foi; en tant qu’extérieure, elle est soumise à la contingence. Or l’esprit atteint sa vérité non selon la contingence mais selon le libre témoignage»29. La foi intérieure repose sur l’idée éternelle, sur l’idéal immanent de l’esprit, non sur les miracles ou sur une révélation empirique. C’est cette foi qui, selon l’idéaliste Hegel, “produit” l’idée de l’Homme-Dieu, transforme le Christ mort en Christ ressuscité. La foi intérieure opère la métamorphose du Christ historique, un utopiste juif au message révolutionnaire, en Christ “théologique”, divin. Grâce à elle, la figure de Jésus de Nazareth est consignée à la mémoire, au passé, à la première apparition non spirituelle du divin.
JÉSUS RESSUSCITÉ APPARAÎT AUX DISCIPLES D’EMMAÜS
Le thème qui permet le passage entre les deux images du Christ, l’image empirique et l’image idéale, – et c’est le troisième élément qui rapproche la christologie de Torres Queiruga de celle de Hegel – est celui de la mort du Christ. La mort est la résurrection: ce topos de la christologie idéaliste, de Hegel à Bultmann, est le vrai pivot autour duquel tourne une grande partie de l’exégèse historico-critique. C’est une conception qui ne tient debout, sur le plan spéculatif, que si est reconnue comme valide la thèse de la dialectique selon laquelle du négatif procède nécessairement le positif. Comme l’écrit Torres Queiruga, «la pensée moderne elle-même, qu’elle soit philosophique ou théologique, connaît la capacité de révélation de ce type d’expérience, parce que la contradiction interne elle-même oblige à chercher une synthèse capable de la résoudre»30. Dans le cas de la mort de Jésus «seules la résurrection et l’exaltation permettaient de dépasser cette terrible opposition qui risquait de tout faire sombrer dans l’absurde»31. De la mort, du négatif, naît la nécessité du positif. Une nécessité idéale: le Christ renaît dans l’idée, dans la conception de la communauté, dans la foi intérieure, Non dans la réalité des faits. De cette façon, comme l’écrit Hegel, «cette mort est le point central autour duquel tourne le tout; dans sa conception réside la différence entre la conception extérieure et la foi, c’est-à-dire la médiation avec l’esprit»32. Il résulte de cela que la foi authentique se fonde sur la mort de Jésus, non sur sa résurrection¸ naît du Christ mort, non du Christ ressuscité. Le Christ ressuscité ne fonde pas la foi, il est plutôt “fondé”, idéalisé par la foi. L’idéalisme, qui sous-tend l’opposition entre le Christ de la foi et le Christ de l’histoire, renverse de cette façon les termes par lesquels, dans la conception de l’Église, se présente le rapport entre foi et réalité. Dans la mesure où le Christ ressuscité présuppose déjà la foi dans l’Homme-Dieu, cette foi doit naître, nécessairement, de la sublimation d’une défaite. Le christianisme, comme dogme, naît de l’idéalisation d’un échec et non de l’empirisme johannique fondé sur ce qui a été «vu, entendu, touché du doigt».
UNE MORT INCOMPRÉHENSIBLE ET UNE FOI SANS RÉSURRECTION
L’idéalisme historico-critique, fondé sur la dialectique du négatif, rend difficile non seulement la compréhension de la résurrection – œuvre de toute façon de “visionnaires” – mais aussi celle de la mort du Christ. Si Jésus n’a pas été mis à mort pour s’être proclamé Dieu, pourquoi a-t-il été crucifié? La proclamation par le Christ de sa divinité est niée au nom de l’opposition entre le Christ historique et le Christ de la foi. Seule la communauté des croyants divinise Jésus qui, par lui-même, ne se serait jamais conçu comme Dieu. Pour expliquer le motif de la condamnation, il ne reste que l’hypothèse politique: Jésus, zélote potentiel, est crucifié parce qu’il est dangereux pour l’ordre romain. C’est le leitmotiv du Jésus “juif” qui guide l’Inchiesta su Gesù de Corrado Augias et Mauro Pesce33, un nouvel essai de recherche, curieux et par moment original, qui, pourtant, en raison de ses présupposés encore une fois idéalistes, ne réussit pas à apporter quelque chose de nouveau. Le Jésus juif “non chrétien”34 d’Augias-Pesce est un utopiste, voisin du groupe de Jean Baptiste, qui se distingue par une foi totale en Dieu et par une attention particulière aux plus démunis. Un radical, mais sans utopie sociale organisée, qui, au-delà de ses thèmes favoris et de son témoignage, ne propose rien d’original, du point de vue de la morale, par rapport à la loi juive. Pourquoi donc ce rêveur, impolitique et inoffensif, a-t-il été envoyé à la mort? Pesce déclare que c’est pour des raisons non pas religieuses mais politiques que Jésus est condamné par le pouvoir romain. La responsabilité des membres du Sanhédrin serait le résultat de la reconstitution, postérieure, des rédacteurs des Évangiles, favorables aux Romains. Mais quelles sont les raisons politiques pour lesquelles Jésus a été condamné? Tout repose sur des soupçons concernant la nature d’un mouvement, soupçons nés chez «ceux qui n’ont pas saisi les intentions réelles de l’action de Jésus. Il s’est donc agi, de la part des Romains, d’une grave et grossière erreur d’évaluation politique»35. Une considération, à vrai dire, surprenante, qui laisse totalement en suspens les motifs de la condamnation à mort de Jésus. Motifs, par ailleurs, non étendus, et cela aussi est étrange, à ses disciples. La résurrection reste également mystérieuse: elle est affirmée non par des témoins oculaires mais par des voyants qui “voient” à l’intérieur des schémas culturels et religieux d’Istraël. Dans l’Inchiesta, la naissance du christianisme est également totalement énigmatique. Pesce refuse «l’idée que le christianisme naisse avec la foi dans la résurrection de Jésus, et qu’il naisse grâce à Paul […]». «Paul, comme Jésus», écrit-il, «n’est pas un chrétien mais un juif qui reste dans le judaïsme»36. Le christianisme, selon lui, apparaîtrait plus tard, dans la seconde moitié du IIe siècle, au cours d’un processus d’hellénisation de la position juive originaire. Par rapport à Hegel et à Torres Queiruga, Augias et Pesce opèrent une nouvelle fracture qui rend encore plus énigmatique la naissance de la foi chrétienne. Dans le cadre hégélien, le christianisme a pour intermédiaire la mort de Jésus, laquelle produit l’idée du Christ ressuscité. Dans Inchiesta su Gesù, le christianisme prend naissance longtemps après la vision de la résurrection, fruit non de la foi mais d’une élaboration tardive théologico-philosohique de type hellénistique. Ce qui reste fixe, c’est le topos dominant: la foi ne se fonde pas sur la résurrection, elle la précède ou la suit sans avoir de rapport avec elle. Une vision des choses qui, loin de simplifier le problème, le complique énormément. Si le Christ historique est celui que décrivent Augias et Pesce, à savoir un juif observant sans rien de vraiment original, on ne comprend pas comment il peut être «l’homme qui a changé le monde». On ne comprend pas pourquoi il a été condamné. Si la vie de cet homme s’est terminée par un échec, on ne comprend pas, si l’on n’accepte pas la nécessité logique de la dialectique, comment d’un mort peut naître, dans la communauté primitive, la foi dans un vivant. On ne comprend pas, pour finir, comment le “Christ de la foi” peut faire abstraction de la résurrection, réelle ou imaginaire, et se former seulement au IIe siècle, comme le veut Pesce. Un destin singulier pour le rationalisme historico-critique: né avec l’intention de rendre clair le contexte, il réussit à dresser un cadre d’ensemble plein de zones d’ombre et de sauts dans le vide. Le modèle idéaliste montre toutes ses limites. Partant du préjugé que le fait ne peut avoir eu lieu – que Dieu ne peut devenir homme et ressusciter de la mort – il doit justifier la foi comme idéalisation. Mais cela rend la narration évangélique incompréhensible. Si les descriptions du Christ ressuscité constituent la grande énigme pour le lecteur antique et moderne, la suppression de la résurrection ne suscite pas moins d’interrogations sans réponse. C’est le Christ “historique” qui devient incompréhensible. Retrouvé, archéologiquement, sous les différentes couches de la foi, il se présente comme un rêveur à la fois radical et ingénu, comme une figure qui ne permet pas de comprendre l’incendie qui a enflammé l’histoire. Les conclusions du rationalisme critique – un vivant qui sort d’un mort, une révolution spirituelle produite par un utopiste semblable à beaucoup d’autres – sont totalement irraisonnables. L’échec de cette position constitue la prémisse “critique” qui permet de reprendre une position réaliste, laquelle n’a pas la prétention de démontrer le dogme mais plutôt de reconnaître qu’affirmer que la vue désolée d’un crucifix puisse engendrer l’idée, glorieuse, d’un Christ ressuscité va à l’encontre de toute évidence rationnelle.

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