Archive pour mars, 2013

13 MARS: MARTYRS DE CORDOUE (m.o.)

12 mars, 2013

http://it.wikipedia.org/wiki/Martiri_di_Cordova

13 MARS: MARTYRS DE CORDOUE

Un article de Wikipédia, l’encyclopédie libre.

(Google traduction de l’italien)

Dans un contexte de l’image fantaisiste de Murillo de Roderigo, un prêtre de Cabra, qui fut martyrisé à Cordoue
Sous le nom de martyrs de Cordoue décrire les mozarabes chrétiens (qui a rejeté l’assimilation culturelle avec les Arabes musulmans) qui, au cours des émirs d’al-Andalus ʿ Abd al-Rahman II, ont été condamnés à mort par les autorités islamiques pour ont publiquement dénigré, dans la Grande Mosquée de Cordoue, insulté le Coran et le Prophète Muhammad, sachant qu’une disposition particulière puni de mort les auteurs de ces actes.
Eulogio était le plus important des martyrs »de Cordoue » avec Sancho, Rodrigo et de Salomon. Ripped aux Wisigoths par les Arabes en 771, Cordoue atteint son apogée dans la culture du Xe siècle, avant d’être repris en 1236 par Ferdinand III de Castille. Les musulmans n’ont pas montré persécuteurs des chrétiens plus amères, parfois simplement imposer de ne pas témoigner de leur foi en public et de payer tribut comme le magazine «dhimmi», si cela a causé l’esprit d’indépendance des chrétiens, plus sensibles qu’ils ne pouvaient pas tolérer une sorte d’hibernation religieuse. D’où des réactions sporadiques à la domination, qui ont été réprimées par la répression immédiate.
L’une de ces réactions ont été les protagonistes Rodrigo, Salomon et Euloge. Ce fut un prêtre, ne pouvait pas accepter la responsabilité des chrétiens se sont exprimés contre le Coran. Emprisonné une première fois, a été publié en 851. Ayant rencontré en prison sainte Flore et Martha (Marie) qui ont ensuite été décapité en train de mourir au nom de la foi chrétienne, saint Euloge prix pour sa libération, survenue quelques jours après leur martyre, leur intercession de ces deux femmes, contribuant ainsi à leur sanctification. Nommé évêque de Tolède, ne pouvait être ordonné parce que lui aussi a été décapité le 11 Mars 859. La législation islamique a prévu la peine de mort, coupable de blasphème et insulte à la religion du Coran.
La protestation flashy chrétienne, régulièrement puni par la peine de mort encourue pour les infractions de blasphème contre le prophète Mahomet, a pris fin lorsque les autorités islamiques à Cordova tourné – préoccupés par le maintien de l’ordre public – les autorités ecclésiastiques chrétiens d’intervenir parce que mettre un terme à une action qui a impliqué, comme il était connu de tous, la peine de mort.
Il y avait des pourparlers entre Cordova, Saint Jacques de Compostelle et de Rome elle-même [citation nécessaire], et un conseil extraordinaire, tenue à Cordoue en 852 et présidée par le Recafredo, métropolitain de Séville, avec la présence dell’exceptor (c.-à-collecteur impôts) Comes, un officier chrétien de la cour omeyyade a décidé – avec l’opposition de l’évêque de Cordoue seulement, Saul – que ces actions dès lors ne devrait pas être interprété comme « saint martyr » d’attestation de la vraie foi mais comme des formes non orthodoxes de suicide, si irrémédiablement condamné par la foi chrétienne, même sans tenir compte du fait que ces martyres sont pas le produit d’une persécution, menées partout par des païens, et qu’aucune manifestation miraculeuse avait annoté de la sainteté de ces « martyrs » .
Les décisions du Conseil de Cordoue n’ont jamais été reconnus par l’Église de Rome, qui vénère encore comme des saints, les martyrs de Cordoue [1], mais il faut dire que les martyrs ont été exécutés avant a décidé de se réconcilier et, par conséquent, pourraient être considérés comme des martyrs pleine aussi de l’église chrétienne locale.
Quatorze condamnations à mort et les exécutions de chrétiens a continué jusqu’à environ all’859, dans de nombreux cas, les frais réels ou supposés de l’apostasie, qui prévoit la peine de mort charia du délinquant, sauf si vous pouvez prouver sa folie ou se le repentir de l’apostat. L’exécution, cependant, Eulogio – première mise en liberté émir Muhammad Ier, mais emprisonné de nouveau en 859 en raison de sa combustion continue à prêcher anti-islamique et décapité le 11 Mars 859 – mettre un terme aux manifestations flagrantes de l’hostilité envers le gouvernement islamique d’al-Andalus.

MESSE « POUR L’ÉLECTION DU PONTIFE ROMAIN »: LE SERVICE DE CHARITÉ FAIT PARTIE DE LA NATURE INTIME DE L’ÉGLISE

12 mars, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/messe-pour-l-election-du-pontife-romain-homelie

MESSE « POUR L’ÉLECTION DU PONTIFE ROMAIN »: HOMÉLIE

LE SERVICE DE CHARITÉ FAIT PARTIE DE LA NATURE INTIME DE L’ÉGLISE

Rome, 12 mars 2013 (Zenit.org) Cardinal Angelo Sodano

« Le service de charité fait partie de la nature intime de l’Église », rappelle le cardinal doyen du collège cardinalice, Angelo Sodano, qui a présidé la messe «pro eligendo Summo Pontifice», ce matin, à 10 h en la basilique Saint-Pierre.
Il a été interrompu par de longs applaudissements de l’assemblée lorsqu’il a remercié le pape Benoît XVI pour son pontificat.
C’est ainsi la dernière parole officielle avant l’entrée en conclave, cet après midi, en la chapelle Sixtine.

Homélie du Cardinal Angelo Sodano

Chers concélébrants,

Eminentes Autorités,

Chers frères et sœurs dans le Seigneur,

«Je chanterai toujours les bontés de l’Éternel » est le chant qui une fois de plus a raisonné sur la tombe de l’apôtre Pierre, en cette heure importante de l’histoire de la Sainte Eglise du Christ. Ce sont les mots du Psaume 88, qui ont fleuri sur nos lèvres pour adorer, remercier et supplier le Père céleste. « Misericordias Domini in aeternum cantabo » est le beau texte latin, qui nous a fait entrer en contemplation de Celui qui veille toujours avec amour sur son Église, en la soutenant sur son chemin à travers les siècles et en la vivifiant de l’Esprit Saint.
Aujourd’hui encore, par cette attitude intérieure, nous voulons nous offrir avec le Christ, au Père dans le Ciel pour le remercier de l’attention aimante qu’il a toujours réservée à sa sainte Église et en particulier pour le lumineux pontificat qu’il nous a concédé avec la vie et les œuvres du 265ème Successeur de Pierre, le bien-aimé et vénéré Pontife Benoît XVI, auquel, en ce moment, nous renouvelons notre gratitude.
Parallèlement aujourd’hui, nous souhaitons implorer le Seigneur, à travers la sollicitude pastorale des cardinaux, afin que bientôt il donne un autre Bon Pasteur à sa sainte Église. Bien sûr, la foi dans la promesse du Christ sur le caractère indéfectible de son Église nous soutient en cette heure. En effet, Jésus dit à Pierre: «Tu es Pierre, et sur cette pierre je construirai mon Eglise, et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle» (Mt 16,18).Mes frères, les lectures de la Parole de Dieu que nous venons d’entendre peuvent nous aider à mieux comprendre la mission confiée par le Christ à Pierre et à ses successeurs.
1. LE MESSAGE D’AMOUR
Le première lecture nous a reproposé un célèbre oracle messianique de la deuxième partie
du livre d’Isaïe, cette partie qui est appelée le « Livre de la consolation» (Is 40-66). Il s’agit d’une prophétie adressée au peuple d’Israël destiné à l’exil à Babylone. Il proclame que Dieu envoie le Messie, plein de miséricorde, un Messie qui pourra dire: «L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi … il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs la liberté, la libération les prisonniers, promulguer l’année de miséricorde du Seigneur « (Is 61,1-3).
L’accomplissement de cette prophétie a été entièrement réalisé en Jésus, venu au monde afin de rendre présent l’amour du Père pour les hommes. Cet amour se fait particulièrement remarquer au contact avec la souffrance, l’injustice, la pauvreté, avec toute les fragilités de l’homme, à la fois physiques et morales. A cet égard, la célèbre encyclique du Pape Jean-Paul II, « Dives in Misericordia », ajoutait: « La façon dont l’amour se manifeste dans le langage biblique est appelée à juste titre ‘miséricorde’ (ibid., n ° 3).
Cette mission de miséricorde a été ensuite confiée par le Christ aux pasteurs de son Eglise. C’est une mission qui engage tout prêtre et évêque, mais qui plus encore engage l’évêque de Rome, Pasteur de l’Eglise universelle. Jésus dit en effet à Pierre : «Simon, fils de Jean, m’aimes- tu plus que ceux-ci ? … Pais mes brebis » (Jn 21,15). Saint-Augustin commentait ainsi les paroles de Jésus: «sit amoris officium pascere dominicum gregem » (In Iohannis Evangelium, 123, 5, PL 35, 1967).
En réalité, c’est cet amour qui pousse les Pasteurs de l’Eglise à mener à bien leur mission aux service des hommes de tous les temps, du service caritatif plus immédiat, jusqu’au plus grand service, celui d’offrir aux hommes la lumière de l’Evangile et la puissance de la grâce.
Benoît XVI donne une indication dans son message pour le Carême de cette année (voir n. 3). Nous lisons dans ce message: Parfois, on tend en effet à circonscrire le terme de « charité » à la solidarité ou à la simple aide humanitaire. Il est important, en revanche, de rappeler que la plus grande œuvre de charité est justement l’évangélisation, c’est-à-dire le « service de la Parole ». Il n’y a pas d’action plus bénéfique, et donc charitable, envers le prochain que rompre le pain de la Parole de Dieu, le faire participer de la Bonne Nouvelle de l’Évangile, l’introduire dans la relation avec Dieu: l’évangélisation est la promotion la plus élevée et la plus complète de la personne humaine. Comme l’écrit le Serviteur de Dieu le Pape Paul VI dans l’Encyclique Populorum progressio, le premier et principal facteur de développement est l’annonce du Christ (cf. n. 16) ».
2. LE MESSAGE D’UNITÉ
La deuxième lecture est tirée de la Lettre aux Ephésiens, écrite par l’Apôtre Paul dans cette ville de Rome au cours de son premier emprisonnement (62-63 ap. J.-C.).
Il s’agit d’une lettre sublime dans laquelle Paul présente le mystère du Christ et de l’Église. Si la première partie est plus doctrinale (ch. 1-3), la seconde, où s’insère le texte que nous venons d’entendre, est sur un ton plus pastoral (ch. 4-6). Dans cette partie, Paul enseigne les conséquences pratiques de la doctrine présentée plus tôt et commence par un vibrant appel à l’unité de l’Eglise: « Moi qui suis en prison à cause du Seigneur, je vous encourage à suivre fidèlement l’appel que vous avez reçu de Dieu : ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez à cœur de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix ». (Ep 4,1-3).
S. Paul explique ensuite que dans l’unité de l’Eglise, il existe une diversité de dons, selon la grâce multiforme du Christ, mais cette diversité est en fonction de l’édification de l’unique Corps du Christ: «C’est lui qui a établi les uns comme apôtres, d’autres comme prophètes, d’autres comme évangélistes, d’autres comme pasteurs et maîtres, pour rendre aptes les frères à accomplir leur ministère, en vue de l’édification du corps du Christ » (cf. 4,11-12).
C’est précisément pour l’unité de son Corps mystique que le Christ a envoyé son Esprit Saint et choisi dans le même temps ses apôtres, en premier lieu desquels Pierre, qui apparait comme le fondement visible de l’unité de l’Eglise.
C’est précisément pour l’unité de son Corps mystique que le Christ a envoyé son Esprit Saint et choisi dans le même temps ses apôtres, en premier lieu desquels Pierre, qui apparait comme le fondement visible de l’unité de l’Eglise.
Dans notre texte, Saint Paul nous enseigne que nous devons travailler tous ensemble pour construire l’unité de l’Eglise, et que pour cette réalisation, « la collaboration de chaque est nécessaire» (Ep 4,16). Nous tous par conséquent, sommes appelés à coopérer avec le Successeur de Pierre, le fondement visible de cette unité de l’Eglise.
3. LA MISSION DU PAPE
Frères et sœurs dans le Seigneur, l’Evangile d’aujourd’hui nous ramène à la dernière Cène, quand le Seigneur dit à ses Apôtres: «Ceci est mon commandement: vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés» (Jn 15, 12). Ce texte est également lié à la première lecture du prophète Isaïe sur l’action du Messie, pour nous rappeler que l’amour constitue l’attitude fondamentale des pasteurs de l’Eglise. C’est l’amour qui nous pousse à donner notre propre vie pour nos frères. Jésus nous dit en effet : «Nul n’a plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis» (Jn 15,12).
L’attitude fondamentale de tout bon pasteur est donc de donner sa vie pour ses brebis (cf. Jn 10,15). Cela est particulièrement vrai pour le Successeur de Pierre, Pasteur de l’Eglise universelle. Parce que la charge pastorale est aussi haute et universelle que l’amour du Pasteur. Pour cela, dans le cœur de chaque Successeur de Pierre, raisonnent toujours les paroles que le Maître Divin adressa à un humble pêcheur de Galilée : “Diligis me plus his? Pasce agnos meos… pasce oves meas”, « M’aimes-tu plus que ceux-ci? Pais mes agneaux … Pais mes brebis » (cf. Jn 21, 15-17).
Dans le sillage de ce service d’amour pour l’Eglise et pour l’humanité toute entière, les derniers Papes ont été les artificiers de nombreuses initiatives, bénéfiques aussi pour les peuples et la communauté internationale, promouvant sans relâche de la justice et de la paix. Prions afin que le futur Pape poursuive cette œuvre incessante au niveau mondial.
Par ailleurs, ce service de charité fait partie de la nature intime de l’Église. Le Pape Benoît XVI a rappelé en disant: « même le service de la charité est une dimension constituante de la mission de l’Eglise et une expression essentielle de son être ».
Il s’agit d’une mission de charité propre à l’Église, et en particulier propre à l’Église de Rome, qui, selon la belle expression de Saint Ignace d’Antioche, est l’Église qui «préside à la charité », « praesidet caritati » (cf. Ad Romanos, Praef.; Lumen gentium, n. 13).
Mes frères, prions pour que le Seigneur nous accorde un Pape qui exerce cette noble mission avec un cœur généreux. Nous le demandons par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, Reine des Apôtres, et de tous les martyrs et les saints qui au cours des siècles ont rendu glorieuse cette Eglise de Rome.men!

[Texte original: italien, traduction non officielle publiée par le Vatican]

le sacrement de la pénitence et de la réconciliation

11 mars, 2013

le sacrement de la pénitence et de la réconciliation dans images sacrée confession

http://www.thefemininegift.org/2012/11/the-beauty-of-confession.html

UN CARÊME DANS L’ESPRIT DE SAINT BENOÎT

11 mars, 2013

 http://wavreumont.be/Careme%20conference%20.htm

 UN CARÊME DANS L’ESPRIT DE SAINT BENOÎT

Dans l’évangile selon saint Marc, au début du chapitre 7 :

Les Pharisiens et quelques scribes venus de Jérusalem se rassemblent auprès de Jésus. Ils voient que certains de ses disciples mangent les pains avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées. En effet, les Pharisiens, comme tous les Juifs, ne mangent pas sans s’être lavé soigneusement les mains, par attachement à la tradition des anciens ; en revenant du marché, ils ne mangent pas sans avoir fait des ablutions ; et il y a beaucoup d’autres pratiques traditionnelles auxquelles ils sont attachés : lavages rituels des coupes, des cruches et des plats. Les Pharisiens et les scribes demandent donc à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne se conduisent-ils pas conformément à la tradition des anciens, mais mangent-ils le pain avec des mains impures ? » Il leur dit : « Isaïe a bien prophétisé à votre sujet, comédiens, car il est écrit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi ; c’est en vain qu’ils me rendent un culte car les doctrines qu’ils enseignent ne sont que préceptes d’hommes. Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour garder votre tradition. »
Comment vivre le carême selon l’esprit de saint Benoît ? C’est la question qui m’a été posée. Je vais tâcher de proposer quelques éléments de réponse, qui n’entreront pas en concurrence avec ceux que vous pourriez apporter vous-mêmes. Mais j’ai l’habitude de ne pas prendre la parole en public sans l’avoir d’abord laissée à Dieu, sans m’être mis et avoir mis mes auditeurs à l’écoute de sa Parole. Je vous propose donc de dialoguer un peu avec ces quelques versets de l’évangile, tout en permettant à saint Benoît d’intervenir dans la conversation.
Les Pharisiens et quelques scribes voient des disciples de Jésus manger les pains avec des mains impures. Littéralement : avec des mains communes. Le mot qu’on traduit impur n’est pas nécessairement péjoratif. Il signifie commun. Et ce qui est commun n’est pas toujours mauvais ou méprisable. Bien au contraire.
Commun s’oppose d’abord à privé. Nous sommes réunis en un lieu où tout est commun, mis en commun. Que tout soit commun à tous, ainsi qu’il est écrit, dit la Règle de saint Benoît (33,6) en se référant ouvertement à l’Écriture (Ac 2,44 ; 4,32). Et elle précise ailleurs (33,4 ; 58,25) que même le corps des moines ne leur appartient plus. En particulier, donc, nos mains sont communes.
Parce que le mot commun désigne ce qui est à la disposition de tout le monde, il s’oppose aussi à spécial, extraordinaire, hors du commun. Les Pharisiens et les scribes s’étonnent de voir que des disciples de Jésus prennent leur pain avec leurs mains ordinaires, avec leurs mains de tous les jours.
Or, les Pharisiens et les scribes ne sont ni des bandits ni des imbéciles. Avant d’aller plus loin, il n’est peut-être pas inutile de nous le rappeler. Deux mille ans de christianisme ont contribué à nous inculquer une conception très négative du pharisaïsme, mais ce n’est pas sans danger. Danger de tomber dans les pièges de l’antisémitisme, d’abord, mais aussi danger de nous enfermer dans des lectures erronées de l’évangile et de nous barrer ainsi l’accès à d’autres interprétations, à la fois plus nuancées et plus fécondes. Nous devrions toujours asseoir, au premier rang de nos assemblées, un mannequin habillé en Juif, pour nous rappeler qu’il ne faut jamais dire en l’absence des Juifs ce que la courtoisie nous empêcherait de dire en leur présence. Mais c’est plus que de la courtoisie. Quoi qu’il en soit du contexte polémique où certains passages du Nouveau Testament ont été rédigés, la Parole de Dieu ne peut pas être antisémite. Dès lors, si nous écartons, avec une certaine minutie, les interprétations blessantes pour le judaïsme, nous augmentons nos chances d’être dans le vrai.
La tradition dont les Pharisiens prennent ici la défense est pleine de sens, et il nous est bon d’y réfléchir un peu. Il s’agit de tout autre chose que d’une question d’hygiène. Nous aussi, nous avons appris à nous laver les mains avant de manger, pour éviter de manger de la poussière ou du cambouis en même temps que notre pain. Mais ce qui préoccupe les Pharisiens, ce n’est pas que les disciples de Jésus risquent de nuire à leur santé. Ce qui les gêne, c’est que les disciples de Jésus semblent oublier que le pain est sacré. Dans un monde où nous savons, mieux qu’au temps de Jésus, à quel point ce don sacré de la nourriture manque à tant de personnes, nous aurions beaucoup de choses à redécouvrir.
Nous sommes préoccupés par l’innocuité de ce que nous mangeons, nous avons peur d’être malades. Nous avons même institué une agence fédérale chargée de veiller à la sécurité de la chaîne alimentaire. Cela étant assuré, on se soucie peut-être moins de la qualité de ce que nous mangeons. Et quand on prend l’habitude de manger n’importe quoi, on prend vite celle de le manger n’importe comment. La tradition des Pharisiens nous invite à nous ressaisir, avant que la barbarie nous ait tout à fait submergés. Elle nous appelle à retrouver le sens d’une liturgie domestique du repas. Quand on a vu son père tracer une croix sur le pain, de la pointe du couteau, avant de le couper, on ne peut plus oublier cette image. Et on ne supporte plus de voir du pain dans une poubelle.
Il y a beaucoup d’autres pratiques traditionnelles auxquelles les Pharisiens, comme tous les Juifs, sont attachés : lavages rituels (on pourrait traduire : baptêmes) des coupes, des cruches et des plats. La Règle de saint Benoît demande au cellérier de regarder tous les objets et tous les biens du monastère comme les objets sacrés de l’autel, et de ne rien tenir pour négligeable (31,10-11). Elle nous suggère ainsi de réduire la distinction entre le profane et le sacré, d’apprendre à respecter les choses. Elle s’inscrit dans la ligne des traditions des Pharisiens, dont l’enseignement reste pertinent. Et peut-être urgent dans nos sociétés de gaspillage et de prêt à jeter.
La réponse de Jésus ne remet pas tout cela en cause. Lui aussi souhaite ne pas distinguer trop nettement le sacré du profane. Mais il prend les choses par l’autre bout. Les mains de ses disciples, les mains de chacun de nous, sont également sacrées, et plus encore que le pain. Pour prendre le pain, il n’est pas nécessaire de changer de mains, d’avoir une paire de mains de rechange, des mains spéciales. Rien n’est plus beau qu’une main humaine, une main chargée de toute une histoire. Jésus laisse ses disciples prendre le pain avec des mains communes, des mains ordinaires, parce que ce sont ces mains-là, nos mains de tous les jours, de toutes les besognes, de toutes les souffrances, mais aussi de toutes les caresses, de tous les réconforts, ce sont ces mains-là qui, en prenant le pain, le rendent sacré. Les Pharisiens ont bien raison de regarder le profane comme sacré, mais Jésus leur demande de poser le même regard sur les mains de ses disciples, leurs mains qui sont belles et bonnes, sans être hors du commun, parce qu’elles ne sont pas hors du commun.
Les évangiles de Marc et de Matthieu racontent qu’un jour, à Béthanie, une femme s’est approchée de Jésus pour verser du parfum sur sa tête. Cela se passait chez un certain Simon dont nous ne savons rien, mais qu’on appelait Simon le lépreux. Sans doute l’était-il ou, plus vraisemblablement, l’avait-il été. On imagine volontiers que Jésus l’avait purifié de sa lèpre.
Dans son évangile, Luc transforme cet épisode de fond en comble. Non seulement il le transporte de Béthanie en Galilée, mais il fait de la femme une pécheresse et de Simon un Pharisien. La femme ne verse plus le parfum sur la tête de Jésus mais sur ses pieds, elle y ajoute des larmes et des baisers, elle les essuie avec ses cheveux.
Par la suite, on s’est plu à mêler les deux versions de ce récit. L’évangile de Jean, déjà, raconte l’événement en s’inspirant de l’une et de l’autre. Cela nous a valu de beaux commentaires, où l’hôte de Jésus, Simon, est à la fois le lépreux de Marc et le Pharisien de Luc. Ainsi, quand le Pharisien s’indigne de voir Jésus se laisser toucher par une pécheresse, saint Bernard demande : « Avait-il donc oublié de quelle manière le Seigneur, en touchant ses plaies ou celles d’un autre, avait chassé leur mal sans le contracter ? De même le juste, touché par la pécheresse, lui communique la justice sans la perdre lui-même ; il ne contracte pas la souillure dont il la purifie. »
Ces mots de Bernard pourraient servir de réponse aux scribes et aux Pharisiens dont parle notre évangile. Ce passage se trouve dans une partie de l’évangile de Marc qu’on appelle la section des pains, parce que le mot pain y apparaît seize fois. On y rencontre le récit de deux multiplications des pains, l’une en terre d’Israël, l’autre en terre païenne. La lecture du quatrième évangile permet d’approfondir le sens de la distribution du pain : c’est Jésus qui est notre pain, c’est lui-même qui se donne quand il donne le pain. Il se livre entre nos mains.
Entre n’importe quelles mains ? se demande l’évangile. Les Pharisiens et les scribes demandent à Jésus pourquoi ses disciples mangent le pain avec des mains impures. Pour manger le pain, le vrai Pain, Jésus qui se donne en nourriture, faut-il avoir les mains propres ?
Dans les sacristies, il y avait naguère un lavabo flanqué de deux serviettes. L’une était marquée ante (avant) ; l’autre, post (après). Car le prêtre ne devait pas célébrer la messe sans se laver les mains, avant et après. Ce qui ne l’empêchait pas de se les laver encore pendant l’eucharistie. Mais alors, en lavant ses mains propres, il disait quelques versets d’un psaume : Je lave mes mains en signe d’innocence… Autrement dit : pas parce qu’elles sont sales, mais pour montrer qu’elles sont propres. Comme celles de Pilate. Depuis la réforme liturgique, là où les prêtres se lavent encore les mains au cours de l’eucharistie, ils le font en disant une autre prière : Lave-moi de mes fautes, Seigneur, purifie-moi de mon péché. Peut-être ont-ils mieux conscience de leur insuffisance. Vos mains sont pleines de sang, dit Dieu par la voix de son prophète.
Oui, tous autant que nous sommes, nous venons à l’eucharistie avec des mains qui ne sont jamais tout à fait innocentes. Comme les disciples de Jésus que critiquent les scribes et les Pharisiens, nous mangeons le pain avec des mains impures. Faut-il y renoncer ?
Une bonne partie du temps que je passe au confessionnal, la moitié peut-être, je la consacre à rappeler à des chrétiens que le pain eucharistique n’est pas une récompense décernée à des purs mais une force donnée à des pécheurs. Sans doute, nous pouvons nous demander si nous ne communions pas à la légère, distraitement, machinalement, sans nous poser assez de questions. Mais à tout prendre, si c’était le cas, cet excès serait moins grave que l’excès contraire, car une crainte scrupuleuse de notre impureté, qui nous tiendrait à l’écart du pain de vie, nous priverait de l’espoir d’une guérison. Si un pécheur touche Dieu, il ne risque pas de le salir. En revanche, il y a des chances que ce contact le purifie.
Cela dit, l’un n’empêche pas l’autre. Nous pouvons nous approcher des sacrements et, plus généralement, mener notre vie chrétienne, tout à la fois, sans scrupule et sans désinvolture. Le carême pourrait être l’occasion de redécouvrir le sens de ce que nous ne faisons plus que par habitude. C’est cela que suggère Jésus quand il traite les scribes et les Pharisiens de comédiens. On traduit généralement hypocrites, mais ce mot, même s’il est le décalque exact du terme grec, n’en est pas vraiment la traduction (méfions-nous des faux amis). Le sens courant du mot hypocrite est devenu trop injurieux. Le mot grec désigne l’acteur, celui qui joue un rôle, ce qui ne l’oblige pas à épouser à titre privé la personnalité du personnage qu’il incarne, tout spécialement dans l’antiquité, où les comédiens jouent masqués, ce qui les dispense même de ressembler à leur personnage, d’en reproduire les expressions et les grimaces.                                 
En traitant ses interlocuteurs de comédiens, Jésus ne leur reproche pas une duplicité volontaire, une dévotion feinte, une quelconque tartufferie. Mais il les met en garde contre le risque d’une tradition respectée pour elle-même, détachée du souci qui l’a commandée à l’origine. Il dénonce le maintien d’usages dont on a perdu la signification (on a toujours fait ainsi), les sabbats qui, n’étant plus faits pour l’homme, se retournent contre lui, les rites pratiqués distraitement, les coquilles vides. Dans les monastères, les questions des novices peuvent servir à interroger les coutumes et à leur demander de se justifier. Encore faut-il disposer de novices. A défaut, il est bon de refaire le travail soi-même, de temps en temps. Le temps du carême pourrait convenir à cet exercice.                          
C’est ce que propose le chapitre 49 de la Règle : Bien que la vie du moine doive garder en tout temps l’observance du carême, cependant, comme il en est peu qui aient cette vertu, nous recommandons que, pendant ces jours du carême, on garde sa vie en toute pureté, et que l’on efface en ces jours saints à la fois toutes les négligences des autres temps (49,1-3). Autrement dit, le carême, comme tous les temps liturgiques extraordinaires, a pour objectif de nous rappeler ce que nous sommes censés être en tout temps, en temps ordinaire. L’avent nous rappelle, un petit mois de chaque année, que nous avons, pendant toute l’année, la mission d’être des veilleurs, la responsabilité de hâter l’aube. Le temps pascal nous redit que, plongés dans la mort du Christ au jour de notre baptême, nous sommes dès maintenant ressuscités avec lui, jour après jour, sans discontinuer. Parce que nous risquons toujours, à la longue, d’en perdre la conscience, les temps liturgiques viennent nous réveiller, de loin en loin, en insistant sur tel ou tel aspect de notre vie chrétienne.                                                                      
En parlant de réveil, je songe à la définition de l’ascèse que propose Olivier Clément en s’inspirant d’un commentaire d’Origène (Sources. Les mystiques chrétiens des origines. Textes et commentaires, Paris, Stock, 1982, p. 117) : « L’ascèse est donc éveil hors du somnambulisme quotidien. Elle permet au Verbe de dégager, de désensabler au fond de l’âme la source des eaux vives, de faire resplendir en l’homme l’image ternie de Dieu, la drachme qui a roulé dans la poussière mais reste frappée à l’effigie du roi (Luc 15,8-10). C’est le Verbe qui agit, mais nous devons collaborer avec lui, moins par une tension volontariste que par une attention aimante. » Parce que le somnambulisme a toujours tendance à reprendre le pas sur l’attention aimante, le carême vient nous réveiller chaque année, mais pas tout à fait à la même date, comme s’il s’amusait à nous surprendre dans notre sommeil.
La vie du moine doit garder en tout temps l’observance du carême. Certains traducteurs, réalistes, préfèrent écrire qu’elle devrait garder cette observance en tout temps. Mais le texte de la Règle est un peu plus radical : la vie du moine doit garder en tout temps l’observance du carême. Cette phrase peut s’interpréter dans les deux sens. Elle veut dire que le carême est le modèle de notre vie monastique, mais aussi que notre vie ordinaire est le modèle du carême. Vivre le carême selon l’esprit de saint Benoît, c’est vivre selon l’esprit de saint Benoît. Le carême n’est pas d’abord fait de choses extraordinaires, mais d’un soin renouvelé à faire les choses ordinaires, moins par une tension volontariste que par une attention aimante, pour reprendre l’expression d’Olivier Clément.                                              
Alors, certes, chacun peut offrir à Dieu, de sa propre volonté, avec la joie de l’Esprit Saint, quelque chose en plus de la mesure qui lui est imposée, comme le suggère saint Benoît (49,6), nous pouvons, pour notre carême, nous fixer (individuellement ou en communauté) des pratiques surérogatoires, comme dit la traduction de Philibert Schmitz. Mais elles manquent leur but si elles deviennent à leur tour des coutumes machinales. Entendons-nous bien : il ne s’agit pas de condamner tout ce qui est machinal. Un apprentissage, quel qu’il soit, est toujours pour une part l’acquisition d’automatismes. Il est heureux que nous ne devions pas à chaque instant songer à ce que nous faisons pour faire un pas, pour saisir un objet, pour manier un outil, pour dactylographier une lettre, pour conduire une voiture. Et il est préférable de continuer à respirer quand on ne songe plus qu’on respire. Mais en même temps, ce qui fait de notre existence une vie proprement humaine, c’est notre conscience. De sorte que l’ascèse, l’exercice de notre carême pourrait être un éveil. Retrancher sur la nourriture, ce pourrait être retrouver une manière humaine de manger.    
Au monastère, saint Benoît établit un parallèle constant entre l’oratoire et le réfectoire. Ce sont les deux lieux où se noue la communauté. Le frère qui est coupable de faute grave sera exclu à la fois de la table et de l’oratoire (25,1). Benoît consacre un seul long chapitre à ceux qui arrivent en retard à l’Œuvre de Dieu ou à la table (43). C’est dans ce chapitre que la Règle utilise le mot commun pour qualifier autre chose qu’elle-même (7,55) : la table (43,15). C’est aussi ce chapitre qui interdit aux moines de prendre à part aucun aliment ou boisson avant l’heure prescrite ou après (43,18), ce qui devrait avoir pour conséquence que la chapelle et le réfectoire sont aussi les deux seuls endroits du monastère où on mange et boit.
Et ce sont les deux « lieux » où saint Benoît suggère de faire porter l’effort de carême : oraisons particulières, abstinence d’aliments et de boissons (49,5). C’est le verset central du chapitre, le verset 5, encadré par deux énumérations plus longues, qui insistent sur un des deux aspects : le verset 4 se déploie surtout à l’oratoire : nous appliquant à l’oraison avec pleurs, à la lecture et à la componction du cœur, ainsi qu’à l’abstinence ; le verset 7 développe plutôt l’idée de restriction, en commençant par le réfectoire pour atteindre toutes les zones de la vie « profane » : qu’il retranche à son corps sur la nourriture, la boisson, le sommeil, la loquacité, la bouffonnerie…
Ce dernier exemple (car il s’agit bien d’exemples, non d’une liste exhaustive) est assez significatif. Car la bouffonnerie est très nettement interdite par le chapitre 6 de la Règle : Quant aux bouffonneries, ainsi qu’aux paroles oiseuses et portant à rire, nous les condamnons en tous lieux à la réclusion perpétuelle, et nous ne permettons pas au disciple d’ouvrir la bouche pour de tels propos (6,8). Difficile d’être plus radical. Mais il s’agit là du temps ordinaire, du temps perpétuel, de toute la vie du moine : aucune bouffonnerie, jamais. Tandis que pendant les jours saints du carême, quand on essaie de faire mieux, on pourrait suggérer à l’un ou l’autre de retrancher sur la bouffonnerie. C’est dire en clair : vous pourriez profiter de votre carême pour tenter d’approcher un peu de ce que devrait être votre vie ordinaire. La règle est nette, la pratique l’est moins, le carême est l’occasion de réduire la distance entre l’une et l’autre, sans se faire trop d’illusions.
Vivre le carême selon l’esprit de saint Benoît, c’est donc prêter une attention renouvelée à notre façon de vivre, faire les choses avec plus de conscience. Plus consciencieusement, peut-être, cela ne gâcherait rien, mais surtout plus consciemment. Car il y a conscience et conscience. Il ne s’agit ni de perfectionnisme ni, disions-nous avec Olivier Clément, de tension volontariste. Il ne s’agit pas de conscience au sens moral du terme, de cette mauvaise conscience qui nous poursuit quand nous avons mal fait, de cette bonne conscience qui nous rassure quand nous pensons avoir été généreux, de cette conscience que nous avons pour nous quand nous estimons ne rien devoir nous reprocher. Il s’agit plutôt de la conscience que nous prenons, qui est aussi la conscience que nous perdons, quand nous perdons connaissance, en nous endormant ou en nous évanouissant. Faire les choses en prenant conscience de ce que nous faisons et des conséquences que cela peut entraîner.
Vivre le carême selon l’esprit de saint Benoît, c’est revisiter notre vie, notre vie chrétienne. Et pour les moines, notre vie monastique. A partir de quand est-on moine, dans l’esprit de saint Benoît ? A partir de quel échelon de la vie chrétienne ? Sur l’échelle de l’humilité, au chapitre 7 de la Règle, le mot moine n’apparaît qu’au sixième degré. Jusque-là, il est question d’un homme (un de ces hommes qui peuvent être des femmes, un être humain), de quelqu’un. On gravit les premiers degrés de l’échelle, jusqu’au cinquième : on renonce à sa volonté propre, on se soumet en toute obéissance à un supérieur (mais on n’est pas moine pour autant), on a même un abbé, mais l’abbé ne fait pas le moine. Et ainsi de suite jusqu’au cinquième degré. Le cinquième, c’est celui de l’ouverture du cœur. Quand on est passé par là, le sujet des verbes devient le moine.
Il n’est pas étonnant, dès lors, que le chapitre sur le carême se termine en rappelant ce trait essentiel de ce que nous sommes, de ce que nous sommes censés être. Ce que chacun offre, il doit le proposer à son abbé et le faire avec l’oraison et la volonté de celui-ci, car ce qui se fait sans la permission du père spirituel sera mis au compte de la présomption et de la vaine gloire, non de la récompense. Tout doit donc s’accomplir avec la volonté de l’abbé (49,8-10). Si le carême consiste à vivre selon l’esprit de saint Benoît et de sa Règle, la première disposition à redécouvrir est sans doute cette confiance au point de vue d’un autre.
Cette insistance sur la volonté de l’abbé est d’autant plus significative que, deux versets plus haut, saint Benoît donne, de façon tout à fait exceptionnelle, un contenu positif à la volonté propre : Que chacun offre à Dieu, de sa propre volonté, avec la joie de l’Esprit Saint, quelque chose en plus de la mesure qui lui est imposée (49,6). Notre volonté propre – que nous devons haïr (4,60) – n’est donc pas tout à fait mauvaise. Mais elle doit toujours être vérifiée par celle d’un autre, qui est désigné ici comme l’abbé et le père spirituel. Aujourd’hui, on estime généralement préférable de ne pas confier ces deux rôles à la même personne. Mais ce qui semble essentiel, dans l’esprit de saint Benoît, c’est qu’il y ait, d’une manière ou d’une autre, une ouverture à un « ami de l’âme ».
Ce n’est peut-être pas vraiment au goût du jour. Dans notre culture, il peut sembler infantilisant de préconiser cette ouverture du cœur. Nous pouvons avoir l’impression que nous sommes au contraire appelés à la liberté, à tracer notre chemin nous-mêmes, en adultes, courageusement. Mais est-ce bien cela notre vocation ?
La réponse à cette question suppose peut-être un détour… Détour par une autre liberté. Celle de Dieu lui-même. Dieu est-il libre ? Oui, bien entendu. Infiniment, souverainement. Mais sa liberté ne ressemble pas à la nôtre. Sa liberté n’est pas une liberté de choix. Si Dieu est perfection de bonté, il n’a pas le choix entre le bien et le mal. Il n’a même pas le choix entre le mieux et le moins bien. Toujours et partout, il fait le mieux. Et c’est en cela que réside sa liberté souveraine. Il n’a pas besoin de peser le pour et le contre, il n’a pas besoin de se gratter la tête : il fait d’emblée, spontanément, ce qu’il y a de mieux à faire.
Nous n’en sommes pas là. Notre liberté humaine, plus ou moins limitée, plus ou moins radicale, reste une liberté de choix. Et tant mieux si nous devenons de plus en plus des êtres autonomes, capables de faire des choix et de les assumer. Pourtant, notre liberté n’est encore qu’une étape dans la réalisation de notre vocation. En résumant un propos que Grégoire de Nazianze attribue à Basile de Césarée, Olivier Clément écrit que l’homme est un animal qui a reçu vocation de devenir Dieu (Sources. Les mystiques chrétiens des origines. Textes et commentaires, Paris, Stock, 1982, p. 71). C’est un peu du darwinisme avant Darwin, mais avec une ouverture vers l’avant. Nous sommes appelés à quitter les déterminismes de notre animalité, d’abord pour devenir véritablement humains, mais ensuite pour dépasser les bornes de notre humanité. Nous ne sommes que provisoirement au sommet de l’évolution : le prochain pas que l’homme doit faire, c’est renoncer à la manière humaine d’être libre pour adopter la façon divine d’être libre. C’est découvrir qu’il y a plus de liberté à faire le bien qu’à préserver son droit de choisir. C’est le sens le plus profond de notre vœu d’obéissance. Renoncer à sa volonté propre, ce n’est pas renoncer à être libre. C’est choisir une liberté d’un autre ordre, d’un autre niveau, c’est chercher en tout la volonté de Dieu (avec l’aide d’une communauté ou d’un supérieur). C’est tout le contraire d’une servilité : c’est vouloir jouir en toute occasion de la liberté joyeuse de faire le mieux.
Nous cherchons à vivre selon l’esprit de saint Benoît, même pendant le carême. Nous vivons cela comme un choix personnel, qui ne s’impose pas à tout chrétien. Il y a d’autres familles spirituelles, et beaucoup de demeures dans la maison du Père. Nous ne nous prenons pas pour l’avenir de l’homme, qui est la femme, comme chacun sait. Mais cette modestie nous empêche peut-être d’entrevoir que les vieilles règles monastiques indiquent déjà les pas que devra faire l’humanité de demain. Le renoncement à la volonté propre, l’obéissance et l’ouverture du cœur sont d’autres noms de cette liberté différente, qui n’est pas pour l’humanité une option facultative. Sur l’échelle de notre divinisation, ce sont des échelons que tous devront gravir. Et comme disait Rabbi Tarfon au début du deuxième siècle : « Il ne t’appartient pas de terminer le travail, mais pas davantage de t’en dispenser tout à fait. »

Fr. François

LES RELATIONS ENTRE BENOÎT XVI ET LES JUIFS, SELON LE RABBIN ROSEN

11 mars, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/les-relations-entre-benoit-xvi-et-les-juifs-selon-le-rabbin-rosen

LES RELATIONS ENTRE BENOÎT XVI ET LES JUIFS, SELON LE RABBIN ROSEN

« HUMILITÉ ET GRANDE OUVERTURE D’ESPRIT »

Rome, 11 mars 2013 (Zenit.org)

« Aucun recul sur les enseignements positifs de l’Église catholique vis-à-vis des juifs et du judaïsme », déclare le rabbin David Rosen, conseiller du Grand Rabbinat d’Israël, au lendemain de la renonciation de Benoît XVI à son ministère.
Dans un entretien au journal italien Il Messaggero, daté du 26 février dernier, le rabbin précise qu’au contraire, « dans le sillage de Jean-Paul II, Benoît XVI a confirmé les objectifs profonds de ces rapports entre les deux communautés, en les développant et en restant fidèle à la parole donnée ».
Directeur du département pour les questions interreligieuses à l’American Jewish Committee, il souligne que malgré certaines situations de crise, le pape Benoît XVI a contribué à renforcer le dialogue entre le Vatican et le monde juif, grâce surtout à cette « grande ouverture d’esprit » qui reste « l’héritage le plus important de son pontificat sur le chemin vers la paix ».
Le rabbin — qui était présent aussi bien au pèlerinage du pape en Terre sainte (8-15 mai 2009) qu’à la Journée de réflexion, de dialogue et de prière à Assise (27 octobre 2011) — relève que « Benoît XVI a poursuivi la transformation entreprise par Jean XXIII et par le Concile Vatican II, et a confirmé certaines initiatives historiques de Jean-Paul II, en allant à la synagogue de Rome mais également en Israël où il a rencontré les hautes autorités religieuses et politiques ».
David Rosen, qui est un interlocuteur privilégié dans les relations entre catholiques et juifs, affirme avoir eu la possibilité de bâtir des relations profondes, d’abord avec le cardinal Ratzinger puis avec Benoît XVI, qu’il définit comme un homme « d’une grande chaleur et douceur, avec un grand sense of humour, contrairement à ce que racontent les médias ».
Benoît XVI, ajoute-t-il, est une personne « sincèrement humble ». Le responsable juif se souvient à ce propos de l’attitude courtoise que le pape a eue à Assise, lors de la rencontre pour le 25e anniversaire de la Journée mondiale de prière pour la paix instituée par Jean-Paul II en 1986 : « Il s’était assis sur une chaise ordinaire, au milieu des autres. J’ai été frappé par cette attitude d’ouverture qu’il avait aussi envers les non-croyants, et par sa volonté de s’entretenir avec tout le monde, avec chacun, malgré l’effort physique que cela demandait. »
« Stupeur et admiration » : voilà ce que dit avoir ressenti David Rosen à l’annonce de « la démission du pape », même s’il dit qu’en « réfléchissant bien », il a compris que sa décision est en « totale cohérence avec l’homme et les paroles qu’ils avait dites par le passé ».
Dans cet entretien au quotidien italien, le rabbin parle aussi du prochain pape, de ses attentes, de ses espoirs : « Je voudrais que le prochain pape garantisse le même engagement dans les relations entre catholiques et juifs que Benoît XVI et Jean-Paul II, qu’il montre le même attachement et la même attention. Je pense que l’Église a besoin d’un cœur très grand, bien plus que d’un grand intellect. »
« Ce qu’il faut, c’est un facteur de réconciliation entre les différentes approches, les divers intérêts, les différentes aires géographiques et les différentes cultures qui sont en conflit dans l’Église d’aujourd’hui », ajoute-t-il avant de conclure : « C’est pourquoi le prochain pape devrait être surtout humain. »

Traduction d’Océane Le Gall

Chagall, Josué devant l’ange avec l’épée

8 mars, 2013

Chagall, Josué devant l'ange avec l'épée dans images sacrée

http://it.paperblog.com/la-bibbia-firmata-chagall-giosue-davanti-all-angelo-con-la-spada-395997/

LES MÉDITATIONS D’UNE MONIALE DE JÉRUSALEM – CARÊME

8 mars, 2013

http://jerusalem.cef.fr/fraternites/vivre-la-liturgie/temps-liturgique/careme/meditations-bibliques-pour-le-careme

LES MÉDITATIONS D’UNE MONIALE DE JÉRUSALEM – CARÊME

VENDREDI DE LA 3ÈME SEMAINE DE CARÊME 2006

MARC 12, 28-34

Jésus est l’homme du scandale. L’homme qui enseigne avec autorité et en son propre nom. Il n’est pas de ceux qui rapportent les dits de tel ou tel maître en Israël à propos de la Loi : il l’énonce en sa propre personne. On connaît le fameux : «on vous a dit…, eh bien ! moi, je vous dis…», qui fait immédiatement suite à notre évangile de ce jour. Il serait pourtant simpliste de comprendre Jésus comme un révolutionnaire venu prendre la place de la Loi et affranchir tous les hommes de ses pesants préceptes. Que la Loi donnée à Israël sur la montagne doive désormais se soumettre à l’autorité du Verbe, c’est bien ce qui est apparu, non sans difficulté, à l’Église naissante ; mais non qu’elle soit purement et simplement disqualifiée par lui. L’homme né «sujet de la Loi» (Ga 4,4), dans la lignée du roi David, le dit clairement : il n’est «pas venu abolir (la Loi), mais accomplir» (Mt 5,17). Cela signifie que c’est désormais sur son visage qu’il nous faut déchiffrer la Loi de Dieu. Nous ne sommes ni sans-loi ni hors-la-loi, mais tout entiers tournés vers la Parole une et personnelle du Père qu’il adresse à chacun de nous en son Fils. Notre Loi, c’est d’être tournés vers le Père comme Jésus est tourné vers le Père. Elle échappe tant aux prises du concept et de la raison humaine – et en cela elle nous dérange – qu’à celles de l’indépendantisme révolutionnaire. Ce qui s’est accompli en Jésus et qui est comme résumé en lui, doit encore s’accomplir en chacun de nous. Comment ? «Portez les fardeaux les uns des autres, écrit l’apôtre Paul aux chrétiens de Galatie, et vous accomplirez la Loi du Christ» (Ga 6,2).

Dimanche 10 mars 2013 : commentaires de Marie Noëlle Thabut

8 mars, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

Dimanche 10 mars 2013 : commentaires de Marie Noëlle Thabut

PREMIERE LECTURE – Josué 5, 10- 12
Après le passage du Jourdain,
10 les fils d’Israël campèrent à Guilgal
 et célébrèrent la Pâque le quatorzième jour du mois,
 vers le soir, dans la plaine de Jéricho.
11 Le lendemain de la Pâque,
 ils mangèrent les produits de cette terre :
 des pains sans levain et des épis grillés.
12 A partir de ce jour, la manne cessa de tomber,
 puisqu’ils mangeaient les produits de la terre.
 Il n’y avait plus de manne pour les fils d’Israël,
 qui mangèrent cette année-là
 ce qu’ils récoltèrent sur la terre de Canaan.

Tout le monde sait que Moïse n’est pas entré en Terre Promise ; il est mort au mont Nebo (c’est-à-dire au niveau de la Mer Morte du côté que nous appellerions aujourd’hui la rive Jordanienne) : mais, ne le plaignons pas, il est entré ainsi tout de suite dans la véritable Terre Promise ; ce n’est donc pas lui qui a fait entrer le peuple d’Israël en Palestine, c’est son serviteur et successeur, Josué.
 Et tout le livre de Josué est le récit de cette entrée du peuple en Terre Promise, depuis la traversée du Jourdain. S’il a fallu le traverser, c’est parce que les tribus d’Israël sont entrées en Palestine par l’Est. Ceci dit, la Bible ne fait jamais de l’histoire pour de l’histoire ; ce qui l’intéresse, ce sont les leçons de l’histoire ; on ne sait pas qui a écrit le livre de Josué, mais l’objectif est assez clair : si l’auteur du livre rappelle l’oeuvre de Dieu en faveur d’Israël, c’est pour exhorter le peuple à la fidélité.
 Dans le texte d’aujourd’hui, c’est plus vrai que jamais ; sous ces quelques lignes un peu rapides, c’est un véritable sermon qui se cache ! Un sermon qui tient en deux points : ce qu’il ne faudra jamais oublier, c’est premièrement, Dieu nous a libérés d’Egypte ; deuxièmement, si Dieu nous a libérés d’Egypte, c’était pour nous donner cette terre comme il l’avait promis à nos pères. La grande leçon c’est que nous recevons tout de Dieu ; et quand nous l’oublions, nous nous mettons nous-mêmes dans des situations sans issue.

 C’est pour cela que le texte fait des parallèles incessants entre la sortie d’Egypte, la vie au désert et l’entrée en Canaan. Par exemple, au chapitre 3 du livre de Josué, la traversée du Jourdain est racontée très solennellement comme la répétition du miracle de la Mer Rouge. Ici, dans notre texte de ce dimanche, l’auteur insiste sur la Pâque : il dit « ils célébrèrent la Pâque, le quatorzième jour du mois, vers le soir » : la célébration de la Pâque avait marqué la sortie d’Egypte et le miracle de la Mer Rouge ; cette fois-ci, la nouvelle Pâque suit l’entrée en Terre promise et le miracle du Jourdain.
 Ces parallèles sont évidemment intentionnels. Le message de l’auteur, c’est que d’un bout à l’autre de cette incroyable aventure, c’est le même Dieu qui agissait pour libérer son peuple, en vue de la Terre Promise. La méditation du livre de Josué suit de très près ici celle du Deutéronome. D’ailleurs, « JOSUE », ce n’est pas son nom, c’est un surnom donné par Moïse : au début, il s’appelait simplement « Hoshéa » (ou « Osée » si vous préférez) qui signifie « Il sauve »… Son nouveau nom, « JOSUE » (« Yeoshoua ») contient le nom de Dieu ; il signifie donc plus explicitement que c’est Dieu et Dieu seul qui sauve ! Effectivement, Josué a bien compris que ce n’est pas lui-même, pauvre homme qui, seul, peut sauver, libérer son peuple !
 Dans le même esprit, le Psaume 114/115 reprend à sa manière le parallèle entre les deux traversées miraculeuses de la mer Rouge et du Jourdain : « La mer voit et s’enfuit, le Jourdain retourne en arrière ; qu’as-tu, mer, à t’enfuir ? Jourdain, à retourner en arrière ? Tremble, terre, devant la face du Maître, devant la face du Dieu de Jacob. » Désormais la célébration annuelle de la Pâque sera le mémorial, non seulement de la nuit de l’Exode, mais aussi de l’arrivée en Terre Promise : ces deux événements n’en font qu’un seul ; c’est toujours la même oeuvre de Dieu pour libérer son peuple ! La deuxième partie du texte d’aujourd’hui est un peu surprenante, tellement le texte est laconique ; apparemment, il n’est question que de nourriture, mais là encore, il s’agit de beaucoup plus que cela : « Le lendemain de la Pâque, ils mangèrent les produits de cette terre : des pains sans levain et des épis grillés. A partir de ce jour, la manne cessa de tomber, puisqu’ils mangeaient les produits de la terre. Il n’y avait plus de manne pour les fils d’Israël, qui mangèrent cette année-là ce qu’ils récoltèrent sur la terre de Canaan. » Ce changement de nourriture est significatif, il fait penser à un sevrage : une page de l’histoire est tournée, une nouvelle vie commence ; on dit quelque chose d’analogue pour les enfants petits : ils passent progressivement (sur le plan de l’alimentation ) de ce que l’on appelle le premier âge, à un deuxième puis un troisième et un quatrième âges…
 Ici, on a un phénomène analogue : la période du désert est terminée, avec son cortège de difficultés, de récriminations, de solutions-miracle aussi ! Désormais, Israël est arrivé sur la Terre donnée par Dieu : il ne sera plus nomade, il va devenir sédentaire, il sera un peuple d’agriculteurs ; il mangera les produits du sol. Peuple adulte, il est devenu responsable de sa propre subsistance.
 Autre leçon : à partir du moment où le peuple a les moyens de subvenir lui-même à ses besoins, Dieu ne se substitue pas à lui : il a trop de respect pour notre liberté. Mais on n’oubliera jamais la manne et on retiendra la leçon : à nous de prendre exemple sur la sollicitude de Dieu pour ceux qui ne peuvent pas (pour une raison ou une autre) subvenir à leurs propres besoins ; le Targum du Livre du Deutéronome (c’est-à-dire la traduction en araméen qui était lue dans les synagogues à partir du 6ème sièce avant notre ère, parce que de nombreux Juifs ne comprenaient plus l’hébreu) (à propos de Dt 34, 6) le dit très bien : « Dieu nous a enseigné à nourrir les pauvres pour avoir fait descendre le pain du ciel pour les fils d’Israël » ; sous-entendu à nous d’en faire autant.
 Pour finir, ne l’oublions pas : en hébreu, Josué et Jésus, c’est le même nom ; les premiers Chrétiens ont évidemment fait le rapprochement ! Du coup, la traversée du Jourdain, entrée en Terre Promise, la terre de liberté, faisait mieux comprendre le Baptême dans le Jourdain : il signe notre entrée dans la véritable terre de liberté !
 —————————
 Note
 1 – Après le retour de l’Exil à Babylone, Cyrus, nouveau maître du Moyen Orient a imposé sa langue, l’araméen, comme langue commune pour tout son empire. On a désormais pris l’habitude dans les synagogues en Israël de traduire le texte biblique hébreu en araméen. C’est cette traduction, agrémentée parfois de commentaires, que l’on appelle le « Targum ».

Homélie du 4e dimanche de carême, C

8 mars, 2013

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

Homélie du 4e dimanche de carême, C

Jos 5, 10-12 ; 2 Co 5, 17-21 ; Lc 15, 1-3, 11-32

Charles Péguy, qui était revenu à la foi catholique à 35 ans, écrivait à propos de l’enfant prodigue : « Toutes les paraboles sont belles, mais, sur celle-ci, des centaines et des milliers d’hommes ont pleuré : un homme avait deux fils. »
C’est en effet la parabole la plus émouvante. La plus vivante. Une grande histoire d’amour. Et sans doute la plus belle image de Dieu. Un Père prodigue, lui aussi, mais de générosité, de miséricorde. Un géniteur de réconciliation. Car la parabole est un drame en deux actes. Histoire d’un conflit entre un père et ses deux enfants, qu’il aime intensément et autant l’un que l’autre. Une histoire qui peut se revivre dans bien des familles.
On pourrait la titrer « la parabole des deux enfants perdus » ou bien celle « des deux enfants retrouvés » ou encore « la parabole inachevée » puisqu’il n’est rien dit de la suite. En fait, on peut constater que, dans les commentaires, la prédication, les examens de conscience et les représentations artistiques, on met presque toujours l’accent sur l’enfant prodigue. Et particulièrement sur sa vie dissipée et son travail de gardien de pourceaux. Ce qui est un peu court, mais certainement plus facile.
Par contre, Rembrandt a consacré sept dessins, une gravure et une peinture au thème du retour de l’enfant prodigue. Le tableau est des plus célèbres. Un commentateur de cet admirable tableau attire l’attention sur un symbole génial des deux mains du père accueillant l’enfant perdu, l’une serait une main d’homme, la seconde une main de femme. La première saisit, assure, l’autre caresse et adoucit. Un Dieu Père et Mère. Une évocation très biblique. Heureux les enfants d’une telle Mère qui est Père.
Mais comment se comportent les deux fils ? Très mal. Chacun à leur manière. Car il ne faut surtout pas se fier aux apparences.
Sachez d’abord qu’au départ la parabole s’adressait au peuple d’Israël, le fils chéri de Dieu. Et même son fils unique, enseignait-on dans les synagogues. Quant aux païens, ils n’étaient que des créatures enfoncées dans le péché. Des mangeurs de porcs. Et certainement pas des fils. Un problème qui divisait aussi les premières communautés chrétiennes.
Mais Jésus, puis ses apôtres, les avaient élevés au rang de dernier-né, de benjamin, égaré sans doute, éloigné, mais pas nécessairement plus pécheur que le fils aîné. D’où l’attitude choquée et la grogne des fidèles et pieux pharisiens.
En fait, les deux fils sont tous deux des pécheurs. Le péché fondamental du cadet est manifeste : son égoïsme. Un égoïsme qui se traduit en termes de propriété et donc d’exigence envers son père. Impatient et gourmand, il ne veut pas attendre que son père soit mort. Il réclame son dû. Il a droit à un tiers de la fortune paternelle. Et bien, qu’il le prenne, dit le père, l’amour ne se négocie pas. Ou, comme dit le Cantique des cantiques: « celui qui offrirait tous ses biens pour obtenir l’amour ne récolterait que mépris » (8, 7). Le cœur du Père et Mère n’en est pas moins déchiré.
L’aîné, tout au contraire, c’est une perle, un fidèle, un parfait, un obéissant. L’exemple même des croyants qui honorent le Père, le célèbrent dans le culte, observent sa loi. Un portrait dans lequel nous sommes toujours prêts à nous reconnaître. Mais, comme les auditeurs de Jésus, scribes et pharisiens, ce bon fils pratique, a lui aussi un égoïsme de propriétaire. Comme eux, il est convaincu que la fidélité crée des obligations à Dieu. Je suis fidèle, Dieu me doit le salut.
C’est pourquoi, enfermé dans sa suffisance et drapé de vertu, l’aîné déroule la liste de ses mérites. Je suis laborieux, régulier, efficace, respectueux et fidèle. Je n’ai rien à me reprocher. Il sait obéir, en effet, mais il ne sait pas aimer. En définitive, il est tout aussi égoïste que son frère cadet. Comme lui, il pense en termes de propriété et de droit. Il y ajoute même les privilèges. De même, le peuple fidèle, et les plus fidèles d’entre eux, les pharisiens, croyaient au privilège de la venue d’un Messie pour eux seuls. Pas question de le partager avec les païens qui n’observaient pas la loi. Et donc tout juste bons à être condamnés. C’est ainsi qu’une fidélité peut devenir source d’orgueil spirituel, jusqu’au refus du dialogue interreligieux et même du dialogue œcuménique, dirions-nous aujourd’hui.
L’invitation au festin des retrouvailles et de la réconciliation sera la goutte qui va faire déborder la coupe. Et le fils fidèle va se révéler tel qu’il est : colérique, jaloux et agressif. Il accuse même son père de favoritisme et lui reproche de vouloir festoyer avec un coupable. Mais la pratique de Dieu ne relève pas d’exigences dues au devoir, mais bien des exigences d’un amour sans frontière. Il peut même réunir ses enfants par des chemins différents, aussi bien par celui de la révolte que par celui de l’obéissance.
La parabole reste ouverte. C’est à chacun de nous d’en écrire la suite. Que fera l’aîné ? Manger avec son frère « impur » ou rester muré dans sa colère ? Et la parabole ne dit pas qu’une réponse positive est facile et va de soi. Voilà pour la parabole de l’évangile. Mais l’actualité, elle aussi, nous livre parfois, sur le même thème, d’authentiques paraboles. Des paraboles incarnées dans le quotidien d’aujourd’hui.
Ainsi ce père palestinien, qui décide de donner les organes de son fils à une banque d’organes, sachant que de jeunes israëliens pourraient en bénéficier. En effet, grâce à ce geste fou et quasiment incroyable, trois enfants israëliens ont été sauvés. Il ne s’agit pas d’une légende, ni d’un conte de fée. C’est un fait réel. Une parabole vivante. La plus belle image de Dieu.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

Holy Mary, Ark of Covenant

7 mars, 2013

Holy Mary, Ark of Covenant dans images sacrée

http://www.stpeterslist.com/2022/4-biblical-reasons-mary-is-the-new-ark-of-the-covenant/

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