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SAINT JEAN CHRYSOSTOME : HOMÉLIE SUR LE JEÛNE

18 mars, 2013

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 SAINT JEAN CHRYSOSTOME : HOMÉLIE SUR LE JEÛNE

Que la réunion de ce jour est brillante! comme cette assemblée est supérieure en éclat aux assemblées ordinaires ! Quelle en est la cause ? C’est, je le vois, au jeûne qu’il faut l’attribuer; non à un jeûne actuel, mais au jeûne que nous attendons. C’est ce jeûne qui nous rassemble dans la maison paternelle, c’est lui qui ramène aujourd’hui entre les mains de leur mère les fidèles qui se sont montrés jusqu’ici trop négligents. Si la perspective de ce temps consacré a réveillé parmi nous tant de zèle, de quelle piété serons-nous animés, lorsqu’il sera vraiment arrivé! C’est ainsi qu’on voit une cité bannir toute torpeur et déployer la plus grande activité pour recevoir un prince redouté. Ne croyez pas cependant que vous deviez redouter ce jeûne qui va prochainement arriver; ce n’est pas à vous, mais aux démons qu’il est redoutable. Faites entrevoir à un lunatique la présence du jeûne, et la crainte dont il est saisi le rend aussi immobile que les rochers, et charge en quelques manière ses membres de chaînes. Cela se produit surtout lorsque le jeûne est suivi de sa sœur et de sa compagne, la prière; car, dit le Sauveur, « cette espèce de démons n’est chassé que par le jeûne et la prière.» (Mt 17, 20) Puisque le jeûne met ainsi en fuite les ennemis de notre salut, puisqu’il inspire tant de frayeur aux ennemis de notre repos, nous devons l’aimer, le chérir, et non le craindre: à craindre quelque chose, c’est la débauche et l’intempérance et non le jeûne qui doivent nous inspirer de la crainte. La débauche et l’intempérance nous livrent, sans défense, à la tyrannie des vices, et nous rendent esclaves de ces maîtres pervers. Le jeûne au contraire brise les fers de notre servitude, rompt les liens qui garrottent nos mains, nous affranchit de toute tyrannie, et nous remet en possession de notre antique liberté. S’il triomphe de nos ennemis, s’il nous arrache à l’esclavage, s’il nous rend à la liberté, quelle preuve réclamerez-vous encore de sa bienfaisance envers le genre humain? La plus grande preuve d’amour ne consiste-t-elle pas à nourrir les mêmes sentiments de haine et d’amitié ?
Voulez-vous connaître quelle gloire, quelle protection et quelle sécurité le jeûne procure aux hommes? Considérez l’heureuse et admirable vie des solitaires. Ces hommes qui, fuyant loin des bruits du siècle, sont allés s’établir sur le faîte même des montagnes et ont bâti leurs cellules dans le calme du désert, port à l’abri des orages; ces hommes, dis-je, ont fait du jeûne le compagnon inséparable de leur vie. Aussi les a-t-il transformés en anges, et les a-t-il conduits sur les hauteurs de la philosophie; prodiges qu’il n’opère pas moins chez les habitants des villes qui en embrassent la pratique. Moïse et Elie, ces prophètes sublimes de l’Ancien Testament, avaient bien des titres de gloire; ils jouissaient d’un grand crédit auprès du Seigneur: cependant lorsqu’ils voulaient l’aborder et s’entretenir avec Lui, comme il est possible à l’homme de le faire, ils avaient recours au jeûne, qui les conduisait en quelque sorte par la main jusqu’à Dieu. C’est pour cela que Dieu, après avoir au commencement créé l’homme, le mit aussitôt sous la loi du jeûne, comme entre les mains d’une tendre mère et d’un maître parfait. En effet, cette défense : « Vous mangerez du fruit de tous les arbres du paradis, mais vous ne mangerez pas du fruit de l’arbre de la science du bien et du mal, » ne prescrit-elle pas une sorte de jeûne ? (Gn 2,16-17) Si le jeûne a été jugé indispensable dans le paradis, il l’est encore plus hors du paradis; s’il était un remède utile avant toute blessure, il le sera plus maintenant que nous sommes blessés; s’il fournissait des armes redoutables, même avant que les passions révoltées nous eussent déclaré la guerre, son alliance nous est beaucoup plus nécessaire, maintenant que nous avons à subir les violents assauts des démons et des passions. Ah! si Adam eût prêté l’oreille à cette parole, il n’eût pas entendu celle-ci : « Tu es terre, et tu retourneras dans la terre. » (Gn 3,19) Il enfreignit le précepte divin; et dès ce moment, la mort, les soucis,les afflictions, les chagrins, une vie plus affreuse même que la mort, les épines, les ronces, les labeurs, les tribulations et les angoisses devinrent son partage.
Voilà comment Dieu châtie le mépris que l’on fait du jeûne: apprenez d’autre part comment Il récompense cette pratique. Le mépris du jeûne, Il l’a châtié en condamnant à la mort; le respect du jeûne, Il le récompense en rappelant à la vie. Pour vous en montrer la vertu, Il a permis que le jeûne obtînt à des criminels leur grâce, quand la sentence avait été prononcée, quand elle était sur le point d’être mise à exécution, et que l’on s’acheminait déjà vers le lieu du supplice. Et il ne s’agit pas seulement de deux, de trois ou de vingt individus, mais d’un peuple tout entier. Cette grande et belle ville de Ninive déjà ébranlée dans ses fondements, déjà penchée sur l’abîme, déjà près de recevoir le coup fatal, le jeûne, semblable à un ange descendu du ciel, l’a arrachée des portes de la mort et l’a ramenée à la vie. Écoutons, si vous le voulez bien, l’historien sacré.
« La voix du Seigneur se fit entendre à Jonas et lui dit : ‘Lève-toi et va dans la grande ville de Ninive.’» (Jon 1,2) Dieu parle au prophète de la grandeur de cette ville pour mieux le persuader; car Il prévoyait sa fuite prochaine. Mais écoutons ce qu’il doit annoncer. « Encore trois jours, et Ninive sera détruite. » (Jon 3,4) Pourquoi, Seigneur, prédire les maux que tu devais accomplir? Pour ne pas réaliser mes menaces! – Il nous menace de l’enfer, mais pour nous préserver de l’enfer. Soyez pénétrés de crainte par mes paroles, si vous voulez n’être pas victimes des évènements. Mais pourquoi assigner un terme si proche? – Pour vous faire connaître la vertu de ces barbares, je veux dire des Ninivites, à qui il a suffi trois jours pour dissiper le courroux que leurs péchés leur avaient attiré; pour vous faire admirer la bonté de Dieu, qui se contente de trois jours de pénitence en expiation de tant de crimes; pour que vous ne vous abandonniez jamais au désespoir, alors même que vos péchés seraient innombrables. Au reste, de même que l’âme lâche et négligente, quelque temps qu’elle assigne à la pénitence, n’aboutit à aucun résultat important, et ne parvient pas, à cause de sa lâcheté, à fléchir le Seigneur, de même, l’âme pleine de résolution et d’énergie, par l’ardeur de sa pénitence, pourra expier en quelques instants les fautes de nombreuses années. Est-ce que Pierre ne renia pas trois fois son Maître ? Est-ce que, la troisième fois, il n’y ajouta pas un jurement? Est-ce qu’il ne faiblit pas devant la parole d’une vile servante ? Et bien, aura-t-il eu besoin de plusieurs années pour obtenir le pardon de son crime ? Point du tout: la même nuit le vit tomber et se relever, recevoir la blessure et en guérit, atteint par la maladie et rendu à la santé. Et comment cela s’accomplit-il? par ses pleurs et par ses gémissements; non par des pleurs ordinaires, mais par des pleurs que lui arrachait la vivacité de ses regrets. Aussi l’évangéliste ne se borne-t-il pas à dire qu’il pleura; il ajoute qu’il pleura amèrement. (Mt 26,75) Exprimer l’abondance de ses larmes est au-dessus de la parole humaine: l’issue de l’événement l’a fait seule comprendre. En effet, après cette épouvantable chute, car aucune faute n’est comparable à l’apostasie; après cette faute si grave, l’apôtre recouvra sa dignité première, et fut chargé du gouvernement de l’Église universelle: et, chose encore plus admirable, il témoigne envers son divin Maître un amour supérieur à celui de tous les autres apôtres. « Pierre, lui avait dit le Sauveur, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » (Jn 21,15) Or nulle question n’était plus propre à mettre en évidence le degré de sa vertu.
Vous seriez peut-être tentés de dire que Dieu a eu raison de pardonner aux Ninivites en considération de leur barbarie et de leur ignorance, et vous rappelleriez ce mot de l’évangéliste: « Le serviteur qui ne connaît pas la volonté de son maître et qui ne l’accomplit pas, sera légèrement châtié. » (Luc 12,48) Pour vous convaincre du contraire, le Seigneur vous offre l’exemple de Pierre, serviteur qui certes connaissait bien la volonté de son Maître. Regardez à quel degré de confiance néanmoins il remonte, quoique s’étant rendu coupable d’un si grave péché. Quels que soient donc vos péchés, ne perdez jamais courage. Ce qu’il a de plus à craindre que le péché, c’est de rester dans le péché; ce qu’il y a de plus dangereux dans une chute, c’est de ne pas se relever de sa chute. Voilà ce qui arrachait à Paul des gémissements et des larmes, et ce qu’il jugeait digne d’être déploré. « Je crains, disait-il, que, à mon retour parmi vous, Dieu ne m’humilie, et que je n’aie à pleurer, non seulement sur ceux qui ont péché, mais encore sur ceux qui n’ont pas fait pénitence des impudicités, des impuretés et des fornications qu’ils ont commises. » (II Cor 21,21) Or quel temps plus propre à la pénitence que le temps consacré au jeûne ?
Mais revenons à notre histoire. « Ayant entendu ces paroles, le prophète descendit à Joppé pour s’enfuir vers Tharsis, loin de la face du Seigneur. (Jon 1,3) O homme, où fuis-tu? n’as-tu pas oui ces accents du psalmiste : « Où irai-je loin de ton Esprit ? Où fuirai-je loin de ta Face ?» (Ps 88,7) Sur la terre ? mais « la terre appartient au Seigneur avec tout ce qu’elle renferme». (Ps 23,1) Dans l’enfer ? mais si je descends dans les enfers, Tu y es présent. » (Ps 88,8) Dans le ciel ? Mais « si je monte vers les cieux, je T’y trouve encore. » (ibid. 7) Sur la mer ? « Là aussi ce sera ta droite qui me soutiendra. » (ibid. 10) C’est ce que Jonas apprit par sa propre expérience. telle est, en effet, la nature de la faute, qu’elle jette notre âme dans une ignorance profonde. De même que les personnes tourmentées par l’ivresse ou par une pesanteur de tête marchent au hasard, sauf à se précipiter inconsidérément dans l’abîme ou dans le précipice qui se présenteraient sous leurs pas, ainsi lorsque nous sommes entraînés par le péché, enivrés en quelque sorte par nos coupables désirs, nous ne savons ce que nous faisons; le présent et l’avenir également nous échappent. Vous fuyez le Seigneur, n’est-ce pas ? Eh bien, attendez un peu, et les évènements vous apprendront que vous ne sauriez même vous dérober à la mer, qui n’est que son esclave.
A peine Jonas était-il monte sur le vaisseau, que la mer soulève ses flots et amoncelle ses vagues. semblable à une esclave fidèle qui, surprenant un de ses compagnons d’esclavage en fuite, après avoir enlevé une partie des biens de son maître, ne se lasse pas de le poursuivre et d’inquiéter ceux qui seraient tentés de l’accueillir jusqu’à ce qu’elle s’en soit emparée et qu’elle l’ait ramené à son maître, la mer surprenant et reconnaissant ce fugitif, suscite mille difficultés aux matelots, gronde, mugit, et les menace, non de les traduire en jugement, mais de les engloutir avec les navires s’ils ne lui livrent l’esclave de son maître. Que firent les matelots en cette occurrence ? Ils jetèrent à la mer la cargaison du vaisseau; mais il n’en était pas plus soulagé.» (Jon 1,5) Le fardeau véritable restait encore tout entier. Jonas lui-même qui accablait le bâtiment, non du poids de son corps, mais du poids de son péché; car il n’est rien de si lourd et de si pesant que le péché et la désobéissance. A cause de cela Zacharie les compare à du plomb; (Za 35,7) et David s’écrie à ce même propos : « Mes iniquités se sont élevées au-dessus de ma tête, et elles se sont appesanties sur moi comme un fardeau insupportable.» (Ps 37,5) Le Christ disait aussi aux hommes qui vivaient au sein du péché: «Venez à Moi, vous tous qui êtes fatigués et qui succombez sous le faix, et je vous soulagerai. » (Mt 11,28) C’était donc le péché qui surchargeait la nef et qui la menaçait d’une ruine totale. Quant à Jonas, il était enseveli dans le sommeil: non dans le sommeil d’une paix délicieuse, mais dans le sommeil pesant du chagrin; non dans le sommeil du repos, mais dans celui de l’abattement. Les serviteurs bien nés comprennent vite leurs fautes. Ainsi en fut-il du prophète: à peine eut-il commis sa désobéissance qu’il en comprit la gravité. Telle est la condition du péché: dès qu’il paraît un jour, il déchire l’âme à laquelle il doit l’existence, tout au contraire de ce qui arrive en vertu des lois naturelles à notre naissance. Tandis que notre naissance met un terme aux douleurs de nos mères, la naissance du péché inaugure les souffrances qui déchirent l’âme dans laquelle il a pris son origine.
Cependant le pilote s’approcha de Jonas et lui dit : « Lève-toi et invoque ton Seigneur et ton Dieu.» (Jon 1,6) Son expérience lui indiquait que ce n’était pas là une tempête ordinaire, mais un fléau envoyé du ciel, que les efforts des nautoniers seraient inutiles et que les ressources de son art ne conjureraient pas la violence des flots. Il fallait en ce moment la main d’un pilote plus puissant, de celui qui gouverne le monde entier; il fallait le secours et le protection d’en haut. C’est pourquoi les matelots abandonnant les rames, les voiles et cordages, au lieu d’occuper leurs bras à la manœuvre, les élevaient vers les cieux en implorant le Seigneur. La tempête persistant avec toute sa fureur, on consulta le sort, et le sort enfin trahit le coupable. Néanmoins, on ne le précipita pas sur-le-champ dans les flots. Transformant le navire en tribunal, au milieu de ce fracas et de ce bouleversement horrible, comme si l’on eût joui d’un calme parfait, on permit au criminel de prendre la parole et de se défendre. L’instruction fut ouverte avec autant de soin que s’il eût fallu rendre un compte rigoureux de la sentence qu’elle devait amener. Prêtons l’oreille à ces questions aussi détaillées que celles de la justice. Quelle est votre condition? demande-t-on à Jonas. D’où viens-tu ? Où vas-tu ? En quelle contrée es-tu né ? A quel peuple appartiens-tu ? Quoique la mer l’accusât de sa voix tonnante, quoique le sort l’eût désigné, malgré les mugissements accusateurs de l’une, et le témoignage formel de l’autre, on ne prononce pas encore d’arrêt. De même que, dans une cause régulière, après avoir entendu l’accusation, après que les témoins ont parlé, après que les preuves et les indices de la culpabilité ont été produits, les juges attendent cependant pour porter leur sentence que l’accusé ait confessé son crime, de même, ces matelots, ces hommes ignorants et barbares, observent cette marche de la justice; et cela, en face du plus terrible danger, au milieu d’une tourmente affreuse, au milieu de vagues courroucées, quand la mer leur permet à peine de respirer, tant elle est furieuse et agitée, tant les bruits qui s’élèvent de son sein paraissent effrayants ! Pourquoi, mes bien-aimés, une disposition aussi favorable envers le prophète? C’était Dieu qui le permettait ainsi, et en le permettant, Il enseignait à son envoyé la douceur et la mansuétude; aImite la conduite de ces matelots, semblait-Il lui crier. Tout ignorants qu’ils sont, une âme n’est pas à leurs yeux un objet de mépris, et ils hésitent à sacrifier ta seule vie. Toi, au contraire, tu as exposé autant que tu le pouvais le salut d’une ville entière et de ses innombrables habitants. Quoiqu’ils connaissent la cause de leurs maux, tes compagnons de voyage ne se hâtent pas de te sacrifier, et toi, qui n’as rien eu à souffrir des Ninivites, tu les précipites dans la ruine et la désolation. Quand je t’ai ordonné de les ramener par ta prédication dans la voie du salut, tu n’as pas voulu m’obéir. Sans en avoir reçu l’ordre de personne, ceux-ci ne négligent aucun moyen pour te dérober au châtiment que tu as mérité.» En effet, la voix accusatrice de la mer, la décision du sort, les propres aveux du fugitif ne précipitèrent pas sa mort: les matelots faisaient, au contraire, tout ce qui était en leur pouvoir pour ne pas l’abandonner, même après une faute aussi éclatante, à la violence des flots. Mais ceux-ci, ou plutôt le Seigneur ne le permit pas, afin que le monstre marin achevât l’œuvre des matelots, et ramenât le prophète à de plus sages pensées. Jonas avait dit à ses compagnons: « prenez-moi, et jetez-moi dans la mer. » (Jon 1,12) Et ces derniers voulurent regagner le rivage, mais la tempête l’emporta sur leurs efforts.
Après avoir assisté à la fuite de Jonas, écoutez les aveux qu’il laisse échapper du sein du monstre qui l’a recueilli, car si cette punition est la punition de l’homme, ces accents sont les accents du prophète. Dès qu’il eut été jeté à la mer, celle-ci le renferma dans le ventre d’un monstre comme dans une prison, et conserva sain et sauf ce fugitif pour le ramener à son maître. Il n’eut à souffrir ni de la furie des flots qui se refermèrent sur lui, ni des étreintes du monstre encore plus redoutable qui le reçut dans cette obéissance de la mer et du monstre à une loi contraire aux lois de leur nature. Arrivé dans cette ville, il proclama aussitôt la sentence, comme s’il eût donné connaissance d’une lettre royale où il se fût agi d’un châtiment. Encore trois jours, criait-il, et Ninive sera détruite. (Jon 3,4) A ce cri, loin d’y répondre par l’incrédulité ou par l’insouciance, les Ninivites se précipitèrent tous vers le jeûne; les hommes aussi bien que les femmes, les esclaves aussi bien que leurs maîtres, les princes aussi bien que les sujets, les jeunes gens aussi bien que les vieillards et les enfants. Les animaux dépourvus de raison y furent même soumis. Partout le sac, partout la cendre, partout les gémissements et les larmes. Celui-là même dont le front était ceint du diadème descendit les degrés de son trône, se revêtit d’un sac, se couvrit de cendre, et arracha la ville au péril qui la menaçait. Spectacle inouï, le sac succédant à la pourpre; ce que la pourpre ne pouvait faire, le sac le faisait; ce que le diadème ne pouvait accomplir, la cendre l’accomplissait.
Voyez-vous si j’avais raison de vous dire que nous n’avions point à craindre le jeûne, mais l’intempérance et la débauche? Ce sont l’intempérance et la débauche qui ébranlèrent Ninive jusque dans ses fondements, et qui la mirent sur le penchant de sa chute. Grâce au jeûne, Daniel enfermé dans la fosse aux lions, resta sain et sauf au milieu de ces animaux comme il fût resté au milieu d’innocentes brebis. Bouillonnant de colère, la prunelle ensanglantée, ils n’osaient s’approcher de la table dressée devant eux; et, quoiqu’ils sentissent le double aiguillon de leur férocité native, plus terrible que la férocité des autres animaux, et de la faim qu’ils enduraient depuis sept jours, ils respectèrent cette proie, comme de toucher aux entrailles du prophète. Grâce au jeûne, les trois enfants qui avaient été jetés dans la fournaise de Babylone en sortirent le corps plus éclatant que les flammes dans lesquelles ils étaient longtemps restés. Mais si le feu de cette fournaise était un feu véritable, d’où vient qu’il ne produisit pas les effets du feu? Si le corps de ces enfants était un corps réel, d’où vient qu’il n’éprouvait pas ce que les corps éprouvent en pareil cas ? Demandez-le au jeûne, et il vous répondra, et il vous résoudra cette énigme; car c’est vraiment une énigme que ce prodige d’un corps livré aux flammes et en sortant néanmoins victorieux. Voyez-vous cette lutte merveilleuse. Voyez-vous cette victoire plus merveilleuse encore ? Soyez donc remplis d’admiration pour le jeune, et recevez-le à bras ouverts. Puisqu’il paralyse les ardeurs d’une fournaise, qu’il garantit de la cruauté des lions, qu’il chasse les démons, qu’il obtient la révocation des sentences divines, qu’il apaise la furie des passions, qu’il nous conduit à la liberté, qu’il ramène le calme dans nos pensées, ne ferions-nous pas un acte de la dernière folie, si nous redoutions et si nous repoussions une pratique à laquelle tant de biens sont attachés ? – Mais il brise et affaiblit notre corps, m’objectera-t-on. – Eh bien, plus l’homme extérieur s’affaiblira en nous, plus l’homme intérieur de jour en jour se renouvellera. Du reste, examinez sérieusement la chose, et vous trouverez que le jeune est un principe de santé. Si vous refusez d’ajouter foi à ma parole, consultez les médecins, et ils vous affirmeront cette vérité de la manière la plus formelle. Ils appellent l’abstinence la mère de la santé; ils regardent la goutte, les pesanteurs, les tumeurs, et une infinité d’autres maladies, comme la conséquence de la mollesse et de l’intempérance; véritable ruisseaux empoisonnés provenant d’une source empoisonnée, et qui nuisent également et à la santé du corps et à la vertu de l’âme.
Pourquoi donc serions-nous effrayés du jeûne, s’il nous préserve de tant de maux ? Ce n’est pas sans motifs que j’insiste sur ce point. Je vois des hommes aussi rebutés et effrayés par l’approche du jeûne, que s’ils étaient sur le point de s’unir à une femme d’un caractère insupportable; je vois des hommes se perdre dans l’intempérance et dans l’ivresse; et c’est pour cela que je vous exhorte à ne pas sacrifier à de semblables excès les avantages de ce genre de pénitence. Lorsqu’on se dispose à prendre quelque potion amère pour dissiper la répugnance qu’inspire à l’estomac la nourriture, si l’on commence par manger abondamment, on aura toute l’amertume de la médecine sans en éprouver l’efficacité du remède. Aussi les médecins nous ordonnent-ils en pareil cas de nous coucher sans prendre quoi que ce soit, afin que la médecine puisse agir énergiquement sur les humeurs mauvaises. Il en est de même du jeûne: Si vous vous plongez aujourd’hui dans l’ivresse, et que demain vous preniez ce remède, il sera pour vous vain et inutile; vous aurez enduré la privation qu’il entraîne, et vous ne recueillerez pas les avantages dont il est la source: toute sa vertu échouera contre le mal que vous auront causé vos excès de la veille. Mais si vous avez soin de diminuer le poids du corps, et d’user de ce remède après vous y être préparé par la sobriété, il vous sera facile de vous purifier d’une grande partie de vos fautes passées. En conséquence, prenons bien garde, et de tomber du jeûne dans l’intempérance: celui qui veut user trop vite des forces de son corps malade et à peine convalescent, n’en fera qu’une chute plus prompte. Tel est le sort de notre âme, lorsqu’au commencement et à la fin du temps consacré au jeûne, nous obscurcissons des nuages de l’intempérance les réformes opérées par l’abstinence en nos âmes. De même que les individus qui doivent combattre les bêtes féroces, n’abordent le combat qu’après avoir couvert d’armes défensives les principales parties de leur corps, de même, bien des hommes aujourd’hui se préparent aux combats du jeûne par les excès de la table; ils se gorgent de viandes, ils s’environnent de ténèbres, et c’est avec de telles folies qu’ils accueillent l’arrivée de ce temps de calme et de paix. Quel que soit celui à qui je demanderai : « Pourquoi t’empresses-tu d’aller aux bains ?» il me répondra : « Pour purifier mon corps, et commencer ensuite le jeûne. » Si je vous demande également: «Pourquoi vous enivrez-vous? » vous me répondez de nouveau: « Parce que je dois commencer le jeûne.» Mais n’est-il pas absurde d’accueillir ce saint temps à la fois et avec un corps pur et avec une âme abrutie et souillée ?
Nous aurions bien des choses à ajouter; ce que nous avons dit suffira pour éclairer la bonne volonté des fidèles. Aussi bien est-il nécessaire de terminer, car il nous tarde d’ouïr la voix de notre père. Pour nous, quand nous prenons la parole à l’ombre de ce sanctuaire, nous ressemblons à de jeunes bergers jouant d’un léger chalumeau sous les ombrages du hêtre et du chêne. Mais, pareil à un artiste divin qui tire de sa harpe d’or des accents dont l’harmonie ravit l’assemblée entière, notre père, par l’harmonie, non de ses accents, mais de ses paroles et de ses œuvres, enchante nos âmes. Tels sont les docteurs que recherche le Christ : « Celui qui parlera et qui enseignera de la sorte, disait-Il, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux. » (Mt 5, 19) Tel est celui dont nous parlons; aussi est-il grand dans le royaume des cieux. Puissions-nous tous, avec le secours de ses prières et de celles de tous nos supérieurs, l’obtenir ce royaume, par la grâce et l’amour de notre Seigneur Jésus Christ, avec lequel la gloire apparient au Père dans l’unité du saint Esprit, maintenant, et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

LE PAPE FRANÇOIS ET L’ÉGLISE ORTHODOXE

18 mars, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/le-pape-francois-et-l-eglise-orthodoxe

LE PAPE FRANÇOIS ET L’ÉGLISE ORTHODOXE

DES RELATIONS PROMETTEUSES

ROME, 18 MARS 2013 (ZENIT.ORG) DON MARIUSZ FRUKACZ

En Argentine, le cardinal Bergoglio entretenait de bonnes relations avec l’Église orthodoxe. Et maintenant qu’il est pape, celle-ci l’observe avec un intérêt nouveau. Tout comme les médias internationaux qui se demandent comment les rapports entre l’Église de Rome et l’Église orthodoxe évolueront.
Le métropolite Hilarion, du patriarcat de Moscou, a adressé au pape une lettre dans laquelle il lui rappelle « les bonnes relations et la confiance » qu’il avait avec la communauté orthodoxe locale durant son ministère en Argentine. Il sera présent à l’inauguration, mardi 19 mars.
« Le cardinal Bergoglio entretenait des relations étroites et amicales avec le clergé orthodoxe en Argentine », souligne l’évêque Jean, qui est à la tête de l’Église orthodoxe en dehors de la Russie et réside à Buenos Aires. Celui-ci raconte que le cardinal Bergoglio participait chaque année à la liturgie de Noël – le 7 janvier selon le calendrier julien – dans la cathédrale orthodoxe de Buenos Aires.
Le cardinal Bergoglio entretenait aussi d’excellents rapports avec l’Église gréco-catholique. Mgr Sviatoslav Shevchuk, archevêque majeur de Kiev-Halic, en Ukraine, c’est-à-dire responsable de l’Église gréco-catholique, a travaillé à Buenos Aires pendant deux ans (2009-2011) avant d’être élu et qu’il connaît personnellement le cardinal Bergoglio.
Il y a quelques jours, Mgr Shevchuk a raconté ce fait intéressant : quand le jeune Jorge Mario Bergoglio était séminariste en Argentine, il « se levait beaucoup plus tôt que ses camarades de classe pour aller célébrer la Divine liturgie – l’Eucharistie en rite catholique byzantin – avec le père Stepan Chmil, salésien de don Bosco (1914-1979), né en Ukraine, qui était chargé par la Congrégation des Églises orientales de travailler parmi les Ukrainiens en Argentine ».
D’après Mgr Shevchuk, le P. Stepan fut en quelque sorte un “mentor” pour Jorge Mario Bergoglio : « Le Père Stepan était un homme tellement saint que le saint Synode de l’Église gréco-catholique ukrainienne a accepté d’ouvrir son  procès de béatification en septembre 2008. »
À propos des relations du pape François avec l’Église orthodoxe, le geste de Bartholomaios Ier est à souligner : pour la première fois depuis 1054, le patriarche de Constantinople participera à l’inauguration du pontificat de l’évêque de Rome, comme a confirmé le père Federico Lombardi, sj, porte-parole du Saint-Siège.

Ortolano, Joh-08,01_Femme_Adultere

15 mars, 2013

Ortolano, Joh-08,01_Femme_Adultere dans images sacrée 16%20ORTOLANO%20WOMAN%20TAKEN%20IN%20ADULTERY

http://www.artbible.net/3JC/-Joh-08,01_Woman_Adultery_Femme_Adultere/slides/16%20ORTOLANO%20WOMAN%20TAKEN%20IN%20ADULTERY.html

 

 

DIMANCHE 17 MARS : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

15 mars, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DIMANCHE 17 MARS : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

PREMIERE LECTURE – Isaïe 43, 16-21
16 Ainsi parle le SEIGNEUR,
 lui qui fit une route à travers la mer,
 un sentier au milieu des eaux puissantes,
17 lui qui mit en campagne des chars et des chevaux,
 des troupes et de puissants guerriers ;
 et les voilà couchés pour ne plus se relever,
 ils se sont éteints,
 ils se sont consumés comme une mèche.
 Le Seigneur dit :
18 « Ne vous souvenez plus d’autrefois,
 ne songez plus au passé.
19 Voici que je fais un monde nouveau :
 il germe déjà, ne le voyez-vous pas ?
 Oui, je vais faire passer une route dans le désert,
 des fleuves dans les lieux arides.
20 Les bêtes sauvages me rendront gloire,
 - les chacals et les autruches –
 parce que j’aurai fait couler de l’eau dans le désert,
 des fleuves dans les lieux arides,
 pour désaltérer le peuple, mon élu.
21 Ce peuple que j’ai formé pour moi
 redira ma louange. »

Ce texte est surprenant ! A première vue, il comporte deux parties absolument contradictoires : la première partie est un rappel de la sortie d’Egypte, donc du passé ; la seconde, au contraire, recommande de faire table rase du passé… Mais peut-être pas de n’importe quel passé ? Tout est là. Je reprends ces deux parties l’une après l’autre.  
 Tout commence par la formule « Ainsi parle le SEIGNEUR », qui annonce toujours des paroles très importantes. Puis vient l’évocation de cette fameuse « route à travers la mer » : « Ainsi parle le SEIGNEUR, lui qui fit une route à travers la mer, un sentier au milieu des eaux puissantes ». C’est le miracle mémorable de la Mer des Joncs, lorsque les Hébreux s’enfuyaient d’Egypte. Dans tous les livres de la Bible, une évocation de cet ordre est un rappel de cette fameuse nuit de la libération d’Egypte (rapportée par le livre de l’Exode, au chapitre 14). Isaïe précise encore « (le SEIGNEUR), lui qui mit en campagne des chars et des chevaux, des troupes et de puissants guerriers ; et les voilà couchés pour ne plus se relever, ils se sont éteints, ils se sont consumés comme une mèche. » Ce sont les Egyptiens, bien sûr, lancés à la poursuite des fuyards. Et Dieu a fait échapper son peuple. Ce n’est pas un hasard, d’ailleurs, si Isaïe a employé le Nom « SEIGNEUR », puisque c’est ce nom-là, précisément, qui qualifie le Dieu du Sinaï, notre libérateur. 
 Voilà donc l’œuvre de Dieu dans le passé. C’est le meilleur soutien de l’espérance d’Israël pour l’avenir. Et c’est de cela qu’Isaïe va parler maintenant : « Voici que je fais un monde nouveau ». De quoi s’agit-il ici ? A qui Isaïe promet-il un monde nouveau ? Ici, nous avons besoin de nous remettre dans le contexte historique de cette prédication. Le deuxième Isaïe, celui que nous lisons aujourd’hui, vit au sixième siècle pendant l’Exil à Babylone (qui a duré de 587 à 538 av. J.C.).        
 Nous avons souvent eu l’occasion de parler de cette période qui fut une terrible épreuve. Et, franchement, on ne voyait pas bien pourquoi l’horizon s’éclaircirait ! S’ils sont déportés à Babylone, c’est parce que Nabuchodonosor, roi de Babylone, a vaincu le tout petit royaume juif dont Jérusalem est la capitale. Et pour l’instant les affaires de Nabuchodonosor marchent encore très bien ! Et puis, à supposer que l’on arrive à s’enfuir un jour… de la Babylonie à Jérusalem, il faudrait traverser le désert de Syrie qui couvre des centaines de kilomètres, et en fuyards, c’est-à-dire dans les pires conditions qui soient.
 Le prophète a donc fort à faire pour redonner le moral à ses contemporains : mais il le fait si bien qu’on appelle son livre « le livre de la Consolation d’Israël » parce que le chapitre 40 commence par cette phrase superbe : « Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu » ; et le seul fait de dire « votre Dieu » est un rappel de l’Alliance, une manière de dire « l’Alliance de Dieu n’est pas rompue, Dieu ne vous a pas abandonnés ». Car l’une des formulations de l’Alliance entre Dieu et son peuple était « Vous serez mon peuple et je serai votre Dieu » ; et chaque fois que l’on entend cette expression « mon Dieu » ou « votre Dieu », ce possessif est un rappel de l’Alliance en même temps qu’une profession de foi.
 Isaïe va donc, de toutes ses forces, raviver l’espoir chez les exilés : Dieu ne les a pas abandonnés, au contraire, il prépare déjà leur retour au pays. On ne le voit pas encore, mais c’est sûr ! Pourquoi est-ce sûr ? Parce que Dieu est fidèle à son Alliance, parce que, depuis qu’il a choisi ce peuple, il n’a cessé de le libérer, de le maintenir en vie à travers toutes les vicissitudes de son histoire.
 Ce sont ces arguments-là qu’Isaïe développe ici : Nabuchodonosor vous fait peur ? Mais Dieu a déjà fait mieux : il vous a délivrés de Pharaon ! Le désert vous fait peur ? Mais le désert du Sinaï, c’était bien pire et Dieu a protégé son peuple tout du long ! Or, vous êtes toujours le peuple de Dieu, son élu. Sous-entendu « ce que Dieu a fait pour vous une fois, il le refera ». Comme il a fait passer son peuple à travers la Mer à pied sec au moment de la sortie d’Egypte, le SEIGNEUR saura faire passer son peuple « à pied sec » à travers toutes les eaux troubles de son histoire.
 L’espérance d’Israël s’appuie toujours sur son passé : c’est le sens du mot « Mémorial » ; on fait mémoire de l’oeuvre de Dieu depuis toujours, pour découvrir que cette oeuvre de Dieu se poursuit pour nous aujourd’hui, et pour y puiser la certitude qu’elle se poursuivra demain. Passé, Présent, Avenir : Dieu est à jamais présent aux côtés de son peuple. C’est l’un des sens du Nom de Dieu « Je suis » (sous-entendu, « Je suis avec vous en toutes circonstances).
 Je reviens à notre texte : c’est précisément au cours de cette période difficile de l’Exil, au moment où on risquait de s’installer dans la désespérance, que les prophètes ont développé une nouvelle métaphore, celle du germe : « Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? » dit Isaïe ici. Dans la Bible, ce n’est pas seulement un terme de botanique : à partir de l’expérience éminemment positive d’une minuscule graine capable de devenir un grand arbre, on voit bien comment le mot « germe » a pu devenir en Israël un symbole d’espérance. Le même prophète avait déjà dit équivalemment la même chose au chapitre précédent (preuve qu’il n’était pas inutile de le répéter) : « Je vous annonce de nouveaux événements, avant qu’ils germent, je vous les laisse entendre. » (Is 42, 2). Il nous reste à apprendre aujourd’hui à déceler les germes du monde nouveau, du Royaume que Dieu est en train de construire.

HOMÉLIE 5E DIMANCHE DE CARÊME C

15 mars, 2013

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

HOMÉLIE 5E DIMANCHE DE CARÊME C

Is 43, 16-21 ; Phil 3, 8-14 ; Jn 8, 1-11

Rappelez-vous l’évangile de dimanche dernier. Il nous offrait la parabole de la miséricorde et du pardon. Elle se prolonge aujourd’hui, se précise et s’amplifie à trois voix : celles d’Isaïe, de Paul et de Jean. Ne songez plus au passé, dit le prophète. Je fais un monde nouveau. D’ailleurs, regardez, il germe déjà. Parole du Seigneur. Et Paul enchaîne : Le passé, c’est le passé, « J’oublie ce qui est en arrière et je cours vers l’avant ».
Avec l’Evangile de Jean, nous sommes confrontés à un fait divers très médiatique, comme s’il était filmé en pleine rue, et comme on peut encore le voir à travers des faits divers contemporains : Des femmes tondues de force pour s’être converties à une autre religion, d’autres exécutées d’une balle dans la tête pour avoir eu un enfant hors mariage, ou même d’autres encore, pour un motif similaire, enterrées jusqu’au cou et lapidées.
L’Evangile, lui, nous montre, d’un côté, des hommes, fanatisés par des principes, qui en appellent aux méthodes radicales pour faire régner ce qu’ils estiment être « l’ordre », « la justice » et « la pureté des mœurs ». En face, un jeune prophète, qui prendra le contre-pied de la rigueur agressive et aveugle de ceux qui se croient des « justes ». Entre les deux, une présumée coupable, ou une victime, dont le complice ou le responsable a réussi à prendre la fuite pour échapper à la lapidation.
Les accusateurs s’appuient sur des lois, coutumes et traditions très anciennes, archaïques, qui ont été sacralisées et divinisées jusque dans les moindres détails. D’où, cette morale d’interdits rigides et sans nuances.
Jésus ne vient pas pour autant contredire la grande Loi originelle de Moïse, et encore moins l’abolir. Au contraire. Il vient en fait l’accomplir à la perfection, mais en montrant comment il faut la comprendre et l’accomplir, car elle est fondamentalement une loi d’Alliance et une loi d’Amour. En précisant que la loi est faite pour l’homme et non l’homme pour la loi. Comme Paul l’écrira plus tard : « Nous servons sous le signe nouveau de l’Esprit et non plus sous le régime périmé de la lettre » (Rm 7, 6). Jésus dénonce ainsi l’intransigeance de ceux qui se prétendent être des « justes ». Des modèles !, parfaitement soumis et obéissants à la loi. Or, précisément, il ne suffit pas d’obéir. Pour Jésus, ce n’est pas l’amour de la loi qui sauve, mais bien la loi de l’Amour. Et si la faute mérite jugement, il ne peut être décrété par un cœur dur. Ni uniquement et scrupuleusement en fonction de coutumes et traditions, dont certaines sont vraiment barbares, et donc périmées. Comme il le dira un jour : « Je ne suis pas venu pour condamner, mais pour sauver. Vous, au contraire, qui prétendez être des justes, vous jugez de façon purement humaine » (Jn 8, 15).
Cet épisode illustre bien deux types de « justice » qui s’opposent : celui de la lettre et celui de l’esprit. D’un côté, la Loi bétonnée et pétrifiée, aveugle et impitoyable. Un jugement sans appel. De l’autre, la loi de la Bonne Nouvelle du pardon et celle des Béatitudes. Un jugement, oui, mais un jugement de la miséricorde.
Dans le cas présent, il y a, certes, faute et flagrant délit. Mais les accusateurs, qui ne sont pas sans péché, sont pris eux aussi en flagrant délit d’hypocrisie et de mauvaise foi. Non seulement, ils humilient publiquement une femme sans la moindre pitié, mais ils le font moins par « respect de la Loi » que pour tendre un piège à ce jeune prophète, contestataire et novateur, qui les dérange. Ce qu’ils veulent, c’est l’éliminer. De plus, ils sont eux-mêmes des adultères. Si pas selon la chair, certainement selon l’esprit. Puisqu’en refusant la miséricorde, ils trompent le Dieu de miséricorde.
Evidemment, le danger existe toujours de prêcher une foi et une morale de facilité. Cependant, le danger est plus grand encore de faire de la religion un christianisme sans évangile. Autrement dit : d’être plus préoccupé d’exiger que d’écouter, de juger que d’accueillir, de dénoncer, plutôt que d’annoncer LA Bonne Nouvelle.
Remarquez que le Maître ne condamne pas. Il garde sa confiance envers l’accusée. Il lui laisse toutes ses chances de conversion. Il ne dit pas pour autant : Va et vis ta vie comme tu l’entends. Mais bien : « Va et ne pèche plus ». Jésus est un guérisseur d’âme et un avocat spirituel. Maintenant , c’est à elle de prendre l’affaire en main, d’assumer ses responsabilités et de bâtir son avenir. Elle peut à nouveau regarder en avant, sans ressasser ni ruminer ses erreurs et fautes passées. Sans broyer du noir.
Ainsi, ce matin, Jésus nous invite tous à prendre le chemin de la conversion et de l’espérance. Que nous soyons ici physiquement ou, plus largement encore, en esprit, à la maison, à l’hôpital ou en voiture, nous sommes là avec nos faiblesses et nos fautes. Et, peut-être même avec nos violences intérieures et nos pierres de lapidation. Mais le Christ nous invite à déposer tous nos cailloux.
Nous avons pris place à la table de la Parole qui sauve, une Parole de miséricorde. Et nous allons rompre le Pain, Corps du Christ, qui nous invite au partage, pour changer nos cœurs de pierre en cœurs de chair, non pas au nom d’une loi qui tue, mais d’une loi qui sauve.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

Pape François nous demande de prier pour lui

14 mars, 2013

Pape François nous demande de prier pour lui dans images sacrée

MARIE ET LA BÉNÉDICTION, CŒUR DE LA PRIÈRE HÉBRAÏQUE

14 mars, 2013

http://www.mariedenazareth.com/13323.0.html?&L=0

MARIE ET LA BÉNÉDICTION, CŒUR DE LA PRIÈRE HÉBRAÏQUE

Rabbi Me’ir disait:
« Chaque homme a l’obligation de dire cent bénédictions par jour. »
(Menahot 43b)
Au-delà du cadre officiel du culte à la synagogue, la bénédiction (berakah) est usuelle chez les Juifs dans les différentes actions de la journée: dans l’acte de se réveiller au matin et de se coucher le soir, dans les repas, dans le travail, dans les voyages, dans les événements ou rencontres significatives, dans les maladies et dans la mort elle-même.
« Grâce à la berakah l’univers devient un sanctuaire immense à pénétrer et à traverser avec vénération et contemplation. » [1]

La « berakah » (prière de bénédiction) opère un quadruple passage:
1. Du « moi » à Dieu, reconnu Seigneur de toutes les choses;
2. De la possession à l’accueil, parce que Dieu dans sa bonté fait bénéficier l’homme et il lui permet l’usage des réalités créées ;
3. De l’objet au cadeau, car le croyant considère la création comme effet de l’amour gratuit de Dieu;
4. De la manipulation à l’écoute obéissante, c’est-à-dire de l’utilisation des choses à des fins égoïstes au respect de leur intentionnalité voulue par Dieu. [2]

Marie entre dans la logique de la bénédiction, parce qu’elle se montre décentrée d’elle-même et projetée vers le Seigneur: se proclame sa « servante » (Lc 1,38 et 48), après en avoir écouté le message, elle loue Dieu de tout son être (Lc 1,46-47).

La « berakah » (prière de bénédiction) offre une double joie :
« la joie de se savoir objet de la bienveillance divine et la perception du monde comme parabole d’unité et d’harmonie » [3].
Marie l’a expérimenté, en effet le Magnificat est un hymne joyeux, motivé par l’expérience du regard bienveillant de Dieu sur son humble servante (Lc 1,48) et c’est un chant qui assume le « nous » communautaire (« comme il l’avait dit à nos pères »: Lc l,55)

En harmonie avec la pitié hébraïque, l’ancien apocryphe « Transitus » met sur les lèvres de la Mère de Jésus, au seuil de la mort, une double série de bénédictions adressées à son Fils ou au Père:
« Je te bénis, signe du ciel apparu sur la terre pour m’élire et demeurer en moi. [...]
Je te bénis toi et tes trois ministres que tu as envoyés pour le ministère des trois voies.
Je te bénis toi et la lumière éternelle dans laquelle tu habites. Je bénis la plantation de tes mains, qui dure à jamais. [...]
Je te bénis, Seigneur de chaque bénédiction, je bénis les domiciles de ta gloire;
je bénis le grand Chérubin de la lumière, devenu ton habitacle en mon sein. [...]
Je te bénis avec toute la force qui m’est promise. »

[1] C. DI SANTE, La preghiera di Israele, Casale Monferrato 1985, p.44.
[2] Ibid., p.45-46
[3] F. MANNS, La preghiera d’Israele al tempo di Gesù, Bologna 1996,61.

Stefano de Fiores,
Faculté théologique pontificale « Marianum » à Rome.

LE PAPE ET LE PEUPLE, L’AUDACE ET LA SAGESSE…DES CARDINAUX ÉLECTEURS

14 mars, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/le-pape-et-le-peuple-l-audace-et-la-sagesse

LE PAPE ET LE PEUPLE, L’AUDACE ET LA SAGESSE…

… DES CARDINAUX ÉLECTEURS

ROME, 14 MARS 2013 (ZENIT.ORG) ANITA BOURDIN

On ne peut qu’admirer l’audace et la sagesse d’un collège d’électeurs qui ont choisi un pape du Sud du monde – que tant espéraient – mais plein d’expérience, avec la solidité d’un grand jésuite et la prudence d’un pasteur rompu au « bon combat de la foi », selon les termes de saint Paul. On ne peut que s’émerveiller de l’audace et de la sagesse du Peuple de Dieu qui, en quelque sorte, a eu l’intuition que la fumée blanche, c’était « pour ce soir ».
Les cardinaux n’ont pas ajouté à l’audace du « Sud » l’audace de la jeunesse, c’eût été imprudent de faire le double saut à la fois. Mais voilà l’audace : premier pape du « Sud », premier pape « américain », premier pape jésuite, le premier à choisir le nom de François.
Le pape François apparaît à la fois comme un pape de rupture avec la tradition européenne, et d’enracinement européen : il a étudié en Allemagne, par exemple. Et c’est un clin d’œil de la Providence qu’il succède au pape bavarois. Certains cardinaux avaient déjà pensé à lui en 2005, avant de se rallier – à son invitation ? – au nom de Joseph Ratzinger, à qui est revenue l’énorme tâche de succéder à un colosse.
Le pape Benoît XVI lui confie une Eglise purifiée : elle est passée par un pontificat « fondateur » par ce pontificat de purification. Elle apparaît aujourd’hui bien plus prête qu’en 2005 à affronter les défis de l’injustice du monde, de la corruption, de la culture de mort, de la traite des êtres humains, de la paix, de l’appel des jeunes, de la sécularisation et de l’évangélisation dite « nouvelle ». Et une Eglise revenue à plus d’intériorité, cela aussi est fondateur. Tout en étant déjà lancée dans la Nouvelle évangélisation.
Et il semble bien que ce soit en pensant aux jeunes que Benoît XVI s’est retiré : il n’avait plus la force d’aller à leur rencontre à Rio, mais il était impossible que le pape ne soit pas au rendez-vous des jeunes pour la JMJ de juillet prochain. Il fallait donc qu’un autre pape y aille. Ce sera le pape François. De même que le pape Benoît avait assumé la rencontre avec les jeunes prévue à Cologne par Jean-Paul II en août 2005.
Le nouveau pape a d’emblée indiqué ses grandes priorités – son diocèse de Rome et le monde – : « Prions pour le monde entier afin qu’advienne une grande fraternité. » Deux priorités : la prière, et la fraternité. Et la dimension universelle du ministère pétrinien.
Les premières décisions du premier pape jésuite aussi sont significatives : un nom jamais choisi par les papes. Il y a deux saint François jésuites (François Xavier et François Borgia), un saint François français et saint patron des journalistes (François de Sales), et le grand saint François d’Assise, ami de la Création, auquel tout le monde pense lorsque l’on prononce ce nom. On attend avec impatience que le pape lui-même explique le sens de son choix.
Lorsque le goéland s’est posé, longuement, sur la cheminée de la Sixtine, en fin d’après-midi, sous les caméras du monde entier, il semblait comme indiquer que le prochain pape serait proche de la nature comme saint François. Et qu’il fallait continuer à guetter la fumée.
Autres décisions : son emploi du temps. Pèlerinage – privé – à la Vierge Marie. Rencontre avec les électeurs, avec le collège dans son entier, avec les media – dont la mobilisation a été remarquable depuis le 11 février -, angélus, messe d’inauguration le jour de la saint Joseph, rencontre avec les autres confessions chrétiennes, qui rappelle la priorité de l’unité des chrétiens dont Benoit XVI avait fait l’une des priorités de son pontificat.
Une autre indication allait s’imposer peu à peu : le Peuple de Dieu – qui a reçu l’Esprit Saint au baptême et à la confirmation -, était là dès 17 h 30, espérant une élection au premier tour de l’après-midi comme en 2005. Son instinct très sûr l’a fait rester sans se décourager, sous la pluie et les parapluies, jusqu’à la fumée blanche de 19 h 06. C’était impressionnant, cet instinct très sûr de l’Eglise, « vivante », selon l’expression de Benoît XVI, qui ne cessait de grossir les rangs, sur la place et sous la colonnade.
Mais également impressionnant le silence que firent des dizaines de milliers de personnes de toutes les nations venues fêter leur nouveau pape lorsqu’il leur a demandé de prier en silence pour que Dieu le bénisse, soulignant cette circularité entre le pape et le peuple. Un accent tout à fait significatif de l’ecclésiologie de Vatican II.

HABEMUS PAPA – PAPA FRANCESCO – HALLELUJA

13 mars, 2013

HABEMUS PAPA - PAPA FRANCESCO - HALLELUJA dans images sacrée rock-reflection-blue-moon-nature-night-ocean-reflection-rocks-1440x2560

Saint EULOGE, métropolite de Tolède en Espagne, martyr à Cordoue par la main des Musulmans (859). Eulogio est le plus important des martyrs »de Cordoue » … la suite sur le site

12 mars, 2013

Saint EULOGE, métropolite de Tolède en Espagne, martyr à Cordoue par la main des Musulmans (859). Eulogio est le plus important des martyrs »de Cordoue

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