Archive pour mars, 2013

LES MÉDITATIONS DE FRÈRE ALOIS DE TAIZÉ – JEUDI SAINT : « JE VOUS AI AIMÉS

27 mars, 2013

http://www.paroissefrancaisedemilan.com/page-1224.html

LES MÉDITATIONS DE FRÈRE ALOIS DE TAIZÉ

JEUDI SAINT : « JE VOUS AI AIMÉS »

JÉSUS LAVE LES PIEDS DE SES DISCIPLES, PEINTURE DE FRÈRE SYLVAIN, DE TAIZÉ

« Je vous ai aimés » : cette parole revient à plusieurs reprises dans le récit que l’Évangile de Saint Jean fait de la dernière soirée de Jésus parmi ses disciples (Jean 13, 34 et 15, 9 et 12). Elle est comme une clé qui donne le sens de toute la narration.
Pour évoquer cette dernière soirée, Jean raconte comment Jésus a commencé par laver les pieds de ses disciples. Les trois autres Evangiles rappellent que ce soir-là Jésus a institué l’Eucharistie. Il est heureux que nous soyons invités à commémorer le même jour l’institution de l’Eucharistie et le lavement des pieds. Un lien étroit unit ces deux gestes : dans une simplicité extrême tout le mystère de la personne de Jésus est exprimé. Autrement que par des paroles, peut-être mieux que par des paroles, Jésus montre ce qui est au centre de l’Evangile : « Je vous ai aimés jusqu’au bout. »
Tant pour l’Eucharistie que pour le lavement des pieds, le contraste est saisissant entre le geste et le contenu qu’il signifie. C’est la pauvreté et la simplicité de ces deux signes qui les rendent accessibles à tous.
L’Eucharistie résume toute notre foi, et nous ne pouvons la recevoir que dans une attitude d’adoration, dans un esprit d’enfance. C’est en célébrant ce mystère que nous le comprenons toujours davantage.
« Ceci est mon corps » : ces paroles nous dépassent. Personne n’avait encore parlé ainsi, personne ne parlera jamais plus de cette manière. Ce sont des paroles uniques dans toute l’histoire des religions, elles ne trouvent leur justification qu’en elles-mêmes. Gardons-nous de chercher une explication qui enfermerait le mystère dans notre seul entendement. Cela a été une tentation constante dans l’Église.
En célébrant l’Eucharistie nous faisons confiance aux paroles du Christ transmises par les premiers chrétiens : « Ceci est mon corps, donné pour vous. » L’Église communique de génération en génération ce mystère qui est actualisé par le Saint Esprit.
Par l’Eucharistie nous accueillons dans notre vie le Christ qui est allé jusqu’à l’extrême de l’amour en se donnant lui-même. Et le don de sa vie porte du fruit en ses disciples. « Je suis le cep, vous être les sarments… C’est la gloire de mon Père que vous portiez beaucoup de fruit. » (Jean 15, 5.8).
Le lavement des pieds, dont il y a ci-contre une image toute simple, nous donne de contempler l’humilité de Jésus. Celle-ci nous étonnera toujours. Cette profonde humilité contient une force d’amour qui renouvelle toute la création.
La Toute-puissance de Dieu est celle de l’amour. Jésus a « vaincu le monde » (Jean 16.33), non pas en étant plus fort que lui, mais en introduisant dans l’humanité une force différente, absolument nouvelle. Le soir du Jeudi Saint, nous la chantons longuement : « Ubi caritas et amor, Deus ibi est. » (Là où est la charité et l’amour, Dieu est présent)
La puissance de Dieu est une énergie d’amour qui agit de l’intérieur et en douceur. Elle peut transformer les réalités les plus dures, même la mort.
Sommes-nous assez conscients qu’en célébrant l’Eucharistie nous ouvrons les portes au Christ afin que sa force d’amour puisse irriguer notre vie et le monde d’aujourd’hui ?
Sommes-nous assez conscients qu’à travers un service aussi simple que le lavement des pieds, nous permettons que sa présence de Ressuscité agisse dans le monde ? Notre engagement est souvent de l’ordre du signe, comme d’ailleurs toute la vie de Jésus l’a été. Nous ne faisons peut-être rien de plus que de laver les pieds de ceux qui nous sont confiés. Mais nos actes de solidarité sont des signes qui peuvent frayer un passage au Christ et transfigurer l’humanité.
Sommes-nous assez conscients que l’Eucharistie et le lavement des pieds sont des anticipations du Royaume ? Elles ouvrent au cœur du monde un horizon d’espérance.
A Taizé, il nous a été donné de faire une expérience très forte du lien entre l’Eucharistie et le lavement des pieds par la vie de quelques-uns d’entre nous pendant huit ans dans l’un des bidonvilles les plus pauvres d’Afrique. C’était à Mathare Valley, à Nairobi, au Kenya. Frère Roger y avait séjourné lui-même un certain temps, puis un petit groupe de frères avait continué. Sans grands moyens pour modifier d’innombrables situations de détresse, quel sens pouvait avoir une telle présence ?
Comment tenir ? A l’exemple des Petites Sœurs de Jésus, frère Roger demanda à l’archevêque si, dans la pauvre baraque où ils habitaient, les frères pouvaient garder la présence eucharistique. L’archevêque donna son accord et vint lui-même célébrer l’eucharistie dans le bidonville. Plus tard un des frères écrivit : « Sans une prière quotidienne devant le don eucharistique, je n’aurais pas pu tenir. » C’était comme une source de vie qui permettait aux frères de continuer, par leur simple présence, à « laver les pieds » des gens du quartier. Et peu à peu sont nées de petites initiatives de solidarité.
Bien sûr, réaliser une présence aussi gratuite que celle de mes frères ne dispense pas les chrétiens de prendre des engagements en vue de changer les structures d’injustice. Mais sans vivre tout proches des plus petits, nous ne pouvons pas reconnaître leur dignité ni permettre qu’elle soit respectée. L’appel de l’Évangile à laver les pieds des pauvres nous pousse à dépasser un esprit d’assistance ou de paternalisme, et à découvrir tout ce qu’ils ont à nous donner et que nous pouvons recevoir d’eux.

JEUDI SAINT

26 mars, 2013

JEUDI SAINT dans images sacrée last_supper5

http://proverbs31womanofgod.blogspot.it/2012/04/what-is-maundy-thursday.html

LA VIGILE PASCALE COMME LIEU-SOURCE DES SACREMENTS : APPROCHE HISTORIQUE ET THÉOLOGIQUE

26 mars, 2013

http://www.esprit-et-vie.com/breve.php3?id_breve=492

ESPRIT & VIE

FRANCESCO PLATANIA

LA VIGILE PASCALE COMME LIEU-SOURCE DES SACREMENTS : APPROCHE HISTORIQUE ET THÉOLOGIQUE

Existe-t-il un lieu et un temps spécifique pour la célébration de l’initiation chrétienne ? La recherche historique et la réflexion théologique nous proposent simultanément la Vigile pascale comme le sein matriciel de toute liturgie et la célébration par excellence qui résume l’œuvre du salut. Une synthèse rapide de cette approche historique nous permettra d’évoquer l’enjeu dégagé par la réforme de ce rituel.

AUX ORIGINES
La Vigile pascale célèbre la mort et la résurrection du Seigneur, le passage du Ressuscité de la mort à la vie. Cette vérité, de l’ordre de la foi, est proclamée solennellement jusqu’à nos jours dans l’une des préfaces du Missel romain : « [Christ] est l’Agneau véritable qui a enlevé le péché du monde : en mourant, il a détruit notre mort ; en ressuscitant, il nous a rendu la vie [1]. »
Depuis le ive siècle, l’œuvre du salut dans sa totalité fut répartie le long des liturgies de la Semaine sainte et du carême, avec des expressions rituelles diverses. Les contenus de la Vigile pascale ont toujours gardé avec force l’idée du salut accompli par la mort et la résurrection du Christ. Le mot utilisé pour indiquer l’action du Christ et la célébration liturgique de cette action est Pâque [2]. Ce mot est présent dans l’Epistula Apostolorum (130-140 ap. J.-C.), qui constitue le plus ancien témoignage d’une fête chrétienne annuelle de Pâque [3].
Dès lors, Pâque reste le nom propre de la Vigile, le cœur de toute la célébration. Le jeûne, le rassemblement de la communauté, les prières, les lectures de l’Ancien et du Nouveau Testament et l’eucharistie suivie d’une agape fraternelle dans la joie du Ressuscité constituent les éléments fondamentaux typiques de la célébration de la Vigile qui se termine au chant du coq [4]. Dès l’époque de Tertullien, la nuit de Pâque devient déjà la grande nuit de l’initiation chrétienne ; cette pratique se généralise aux environs du ive siècle. Les anciens Ordines monastiques prennent en compte la situation réelle de l’absence de catéchumènes et renoncent à tout ce qui, dans la liturgie, concernait les sacrements de l’initiation. À partir du xiiie siècle, face à la disparition généralisée de candidats au baptême pendant la Vigile, les livres liturgiques romains, puis le Missel de saint Pie V, gardent les rites baptismaux et font de la bénédiction de l’eau le sommet de cette liturgie.
La célébration pascale, mémoire du salut offert par Dieu à l’homme, est la fête par excellence, la fête des fêtes et l’expression cultuelle du christianisme en ce qu’il garde d’essentiel. Autrement dit, la Pâque n’est que la fête du Christ car « Christ est notre Pâque  ». Les changements survenus au cours des siècles conduisirent à célébrer les événements de la rédemption d’une façon plus historique, tout en gardant la conception primitive.
En Orient comme en Occident, la sainte nuit de Pâque garde son caractère central : elle est le but de toute l’année et de toutes les fêtes de la liturgie de l’Église universelle. En effet, la célébration hebdomadaire de l’eucharistie lui permet de ne pas être seulement anniversaire, souvenir du passé, mais mémorial  : accueil et réalisation du salut de Dieu hic et nunc pro nobis ; jour du Seigneur, Pâque hebdomadaire, à la fois premier et huitième jour de la semaine.
Au cours du iiie siècle à Jérusalem, les pèlerins souhaitaient vivre les événements du salut dans les lieux et à l’heure où ils s’étaient passés [5]. Témoin privilégié de ces usages, le Journal de voyage d’Égérie [6]. Ces liturgies de Jérusalem gardent un rôle décisif dans l’organisation des célébrations du Triduum pascal : les chapitres 35 et 36 du Journal de voyage d’Égérie décrivent tout ce qui se passe dans les trois jours mémoriaux de la passion, de la mort et de la résurrection du Seigneur. De telles liturgies restent fondées sur l’unité du mystère pascal, chaque jour rappelant le précédent et s’ouvrant sur le suivant, la Pâque célébrée en trois jours. À la mémoire de la résurrection du Christ, furent unis la mémoire de sa Passion et de sa mort, le Triduum du Christ « crucifié, enseveli et ressuscité » [7]. Aujourd’hui, le Triduum commence par la Missa in Cena Domini, le soir du Jeudi saint, il continue par l’action liturgique de la passion du Seigneur, le soir du Vendredi saint pour trouver son sommet dans la Vigile pascale, au soir du Samedi saint, et s’achever par les vêpres du dimanche de Pâque.
La réforme de la Vigile pascale et de la Semaine sainte (1951 et 1955)
La décision du pape Pie XII fut un acte courageux dans la mesure où il recentrait la chrétienté sur le mystère pascal, pivot de la vie de l’Église et de la vie liturgique. En effet, la restauration de la Vigile pascale, par le décret Dominicæ resurrectionis vigiliam du 9 février 1951, et de la liturgie de la Semaine sainte, par le décret Maxima redemptionis nostra mysteria du 16 novembre 1955, provoquèrent une explosion de joie dans toute l’Église et furent le signal qu’enfin, la liturgie quittait l’aspect d’obligation rubriciste, tant les rites de la Semaine sainte étaient restés figés depuis 1570. Le Triduum sacrum, dans la conscience ecclésiale, représente le centre le plus précieux de toute l’année liturgique par son ancienneté et sa richesse. Nous pouvons donc affirmer que ces décrets de 1951 et de 1955 représentent un pas important dans l’histoire liturgique depuis saint Pie V et avant le concile Vatican II.
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[1] Missel romain : 1978, 482 ; première préface de Pâques.
[2] Après des recherches dans des dictionnaires linguistiques, nous choisissons d’utiliser ici le nom féminin singulier Pâque, issu du latin chrétien pascha, substantif neutre, traité comme un féminin, qui désigne dans son origine la Pâque juive, et par métonymie indique l’agneau pascal et aussi la fête chrétienne. Le mot est emprunté au nom grec neutre de même sens paskha et celui-ci, par l’intermédiaire de l’araméen pashã, à l’hébreu biblique pèsah, que l’on croit dérivé du verbe pãsah : « passer outre, épargner ».
[3] Voir O. Casel, La fête de Pâques dans l’Église des Pères, Paris, Éd. du Cerf, coll. « Lex Orandi », n° 37, 1963, p. 19 s.
[4] Un témoignage de cette habitude est déjà présent dans la Epistula Apostolorum 15, la Didascalia 21 et les Constitutiones Apostolorum 5, 18, 1. En 260, Denis d’Alexandrie témoigne de cet usage dans la Epistula ad Basilidem  : voir P.G. 10, 1272.
[5] P. Jounel, « Le dimanche et la semaine », dans A.-G. Martimort, L’Église en prière, IV, « La liturgie et le temps », Paris, Éd. Desclée De Brouwer, 1983, p. 21-41.
[6] P. Maraval, Égérie. Journal de voyage, Paris, Éd. du Cerf, coll. « Sources chrétiennes », n° 296, 1982.
[7] Ces expressions sont déjà présentes vers la fin du ive siècle, utilisées par Ambroise de Milan et Augustin d’Hippone. Voir A. Nocent, « La Semaine sainte dans la liturgie romaine », dans A. G. Kollamparampil (dir.), Hebdomadæ sanctæ celebratio. Conspectus historicus comparativus, Bibliotheca Ephemerides Liturgicæ, Subsidia, 93, C.L.V., Rome, Éd. Liturgiche, 1997, p. 278-310.

HOMÉLIE DU JEUDI SAINT, MESSE DU SOIR EN MÉMOIRE DE LA CÈNE DU SEIGNEUR

26 mars, 2013

http://christopheferey.over-blog.net/article-homelie-du-jeudi-saint-messe-du-soir-en-memoire-de-la-cene-du-seigneur-102915603.html

HOMÉLIE DU JEUDI SAINT, MESSE DU SOIR EN MÉMOIRE DE LA CÈNE DU SEIGNEUR

C’est dans un climat paisible que la liturgie nous donne de célébrer le dernier repas du Christ. Pourtant l’évènement que commémorait Jésus, ce soir là, s’était vécu dans un climat d’urgence. L’urgence du départ, de la libération. Pour Dieu il y avait urgence que son peuple retrouve sa liberté. Il y a comme un contraste entre la première lecture qui nous fait le récit du dernier repas des juifs en terre d’Exile et le dernier repas de Jésus. Il nous invite à nous assoir autour de lui, à gouter la paix qui règne autour de lui. Saint Jean nous dit qu’il fait nuit dehors alors restons un peu dans cette lumière douce. Restons un peu pour rencontrer Jésus.
  Avant de prendre le pain, le Seigneur prend un linge et le noue autour de la taille. « Restez en tenue de Service » tel est la posture que le Christ a choisi de garder durant tout son ministère. Un service qui aujourd’hui culmine d’humilité. Ce soir Jésus sacralise le service du Frère.  On ne pourra plus faire mémoire du Seigneur sans vivre cet humble service rendu aux personnes qui nous environnent. Ce service est possible si je reconnais en elles le Christ lui même. Il nous faut sans cesse demander à Dieu cette conversion du cœur qui nous fait reconnaitre en tout homme le Christ. Comment le reconnaitre encore dans un assassin ? Comment le reconnaitre en celui qui m’empêche de dormir en faisant trop bruit au dessus de chez moi ? Et pourtant c’est aussi pour eux que le Christ a voulu mourir. Le Christ lave les pieds de celui qu’il aime et aussi de celui qui va le livrer par un baiser. Le jeudi saint nous rappelle une réalité fondamentale pour notre vie chrétienne. Dans le sacrement de l’eucharistie sont uni le service du frère et le service de l’autel. Sans le service du frère, nous aboutissons au ritualisme. La liturgie devient un refuge, un simple moment de recueillement. On s’évade quelques instants de la terre pour rejoindre le ciel et puis on repart et on  refait comme avant, comme tout le monde. Servir son frère en négligeant le service de l’autel, c’est prendre le risque de l’activisme sans âme et d’affadir ce service au lieu de lui donner du sel. Comment ne pas penser, à ce propos, à la Veillée du samedi soir des JMJ à Madrid ? Avant de rejoindre les jeunes pour une grande veillée d’adoration, le pape s’est arrété en chemin. Il a rejoint une communauté humaine marqué par l’handicape. Une communauté où l’on essaye d’ouvrir un chemin d’espérance à ceux qui sont accueilli. Le pape a voulu le rappeler. Il ne peut y avoir d’adhésion authentique au Christ sans une adhésion authentique à la fraternité humaine. C’est ce que le pape Benoit XVI nous rappelle dans son encyclique l’amour dans la Vérité : « L’ouverture à Dieu entraîne l’ouverture aux frères et à une vie comprise comme un mission solidaire et joyeuse »[1].
  Le Jeudi Saint est un vaccin contre toute tentation de domination. A l’école du lavement des pieds, l’autorité devient un service, ses compétences une chance pour les autres. « Vous m’appeler maitre et Seigneur, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns les autres ». Ne jamais se considérer supérieur à celui que je rencontre voici un beau défit pour notre vie. Le Christ nous invite tous à nous regarder en frère. La mission est à ce prix. Le Christ après avoir lavé les pieds de ses disciples va prier le Père. Il va demander « que tous soient un ». Cette unité n’est possible qu’a une condition : se reconnaitre un fils, une fille aimé du Père et reconnaitre l’autre comme un frère différent de moi mais égal en dignité. Jean Paul II nous a laisser un testament spirituel avec la lettre apostolique Au début du nouveau millénaire. Dans cette lettre il nous indique une urgence absolue pour notre Eglise et pour le monde que Dieu a tant aimer qu’il lui a donné son Fils. Au n°43 de sa lettre apostolique Jean-Paul II nous dit ceci : « Avant de programmer des initiatives concrètes, il faut promouvoir une spiritualité de communion […]Une spiritualité de la communion consiste avant tout en un regard du cœur porté sur le mystère de la Trinité qui habite en nous, et dont la lumière doit aussi être perçue sur le visage des frères qui sont à nos côtés. Une spiritualité de la communion, cela veut dire la capacité d’être attentif, dans l’unité profonde du Corps mystique, à son frère dans la foi, le considérant donc comme « l’un des nôtres », pour savoir partager ses joies et ses souffrances, pour deviner ses désirs et répondre à ses besoins, pour lui offrir une amitié vraie et profonde. Une spiritualité de la communion est aussi la capacité de voir surtout ce qu’il y a de positif dans l’autre, pour l’accueillir et le valoriser comme un don de Dieu: un « don pour moi », et pas seulement pour le frère qui l’a directement reçu. Une spiritualité de la communion, c’est enfin savoir « donner une place » à son frère, en portant « les fardeaux les uns des autres » (Ga 6,2) et en repoussant les tentations égoïstes qui continuellement nous tendent des pièges et qui provoquent compétition, carriérisme, défiance, jalousies. Ne nous faisons pas d’illusions: sans ce cheminement spirituel, les moyens extérieurs de la communion serviraient à bien peu de chose. Ils deviendraient des façades sans âme, des masques de communion plus que ses expressions et ses chemins de croissance. »
 Carine dans quelques minutes vous vous avancerez à l’autel. Vous rejoindrez le Christ réellement présent sur cet autel pour vous reconnaitre sa seour et fille bien aimée de son Père. Prenez le temps de regarder ces visages qui seront devant vous. Ce sont vos frères et sœurs en Jésus. Accueillez chacun d’eux comme un don que vous as fait le Christ et alors vous pourrais en communion avec tous vos frères et sœurs ouvrir vos mains à celui qui veut se livrer totalement à vous par amour pour vous. Que chacun ce soir renaisse au Don de Dieu et que ce don ne reste pas enfermer en votre vie mais qu’il soit livrer lui aussi à notre monde.

La traversée de la Mer Rouge

25 mars, 2013

La traversée de la Mer Rouge dans images sacrée haggadah0028

http://digilander.libero.it/elam/bibbia/santaproject.htm

HISTOIRE ET SYMBOLE DE PESSAH

25 mars, 2013

http://dafina.net/gazette/article/histoire-et-symbole-de-pessah

HISTOIRE ET SYMBOLE DE PESSAH

HISTOIRE
 Pessach est la fête la plus fréquemment citée dans la Tora. Elle commémore la libération de l’esclavage et la naissance de la nation juive. L’épisode biblique auquel elle se rattache n’est pas précisément daté dans la Bible, mais la plupart des exégètes le situent au XIIIième siècle avant n.è. Ramses II est généralement considéré comme le Pharaon oppresseur, et son fils Méneptah comme celui de l’Exode. L’esclavage n’est que très brièvement évoqué, le texte biblique mettant l’accent sur l’intervention divine qui mena à la délivrance finale. L’histoire commence donc avec l’accession au pouvoir d’un tyran qui décide d’asservir le peuple hébreu (Exode 1). Puis, sont évoquées la naissance et la survie quasi miraculeuse de Moïse (Exode 2). Enfin, au chapitre 3, débute la narration des événements miraculeux qui menèrent les Hébreux à la liberté. Les  » plaies « , fléaux que Dieu fait subir à l’Egypte, se succèdent. Mais seule la dixième, la mort des premiers-nés, fera fléchir le Pharaon. L’Exode débute alors et s’achève avec le passage de la Mer Rouge et l’anéantissement des troupes de Pharaon (13,17-15,21).

SYMBOLE
 La sortie d’Egypte est, dans la tradition juive, l’événement fondateur central de l’histoire d’Israël. La nuit qui la précède est marquée par un véritable Jugement de Dieu, qui  » punit Pharaon et ses sujets « , pour faire triompher la justice et rendre la liberté aux opprimés. La Pâque inaugure une ère nouvelle, dans laquelle la lumière triomphera des ténèbres et la liberté de la servitude. La sortie d’Egypte restera le symbole dune mutation profonde. Ce récit nest pas simplement celui d’un exode, mais celui dune nouvelle naissance (Moïse lui-même est  » né  » deux fois). Il est un véritable rite initiatique, qui reprend certains thèmes fondamentaux du récit de la Création: la séparation des eaux, et la séparation de la lumière et des ténèbres: la séparation des eaux se fait durant la nuit, mais Dieu éclaire son peuple, plongeant Pharaon dans les ténèbres. Le message essentiel de ce récit est la victoire du Bien sur le Mal et l’impérieuse nécessité de croire en la seine force positive, celle du Dieu d’Israël. La gloire de Dieu s’impose à tour, Hébreux comme Egyptiens, pour se manifester à nouveau lors de la Révélation au Sinaï, finalité ultime de l’intervention divine.
Notons, enfin, que Pessach ne commémore pas seulement le salut historique du peuple d’Israël, mais envisage aussi son salut éternel. L’événement passé est un point de départ, et doit devenir la préfiguration de la délivrance future. Passé, présent et avenir sont indissolublement liés, comme l’indique notamment la phrase que nous lisons le soir du Seder:  » C’est en mémoire de ce que Dieu a fait pour moi lorsque je suis sorti d’Egypte « . La libération des corps doit mener à la libération des âmes. Chacun a le devoir de participer pleinement à cette naissance et au salut du peuple. Cette sortie de  » l’Egypte intérieure « , gage du triomphe de la Liberté et du Bien, est la condition du Salut.

LA PROFONDE COMMUNION DES DEUX FRÈRES EN BLANC – RÉPLIQUES HISTORIQUES DE CASTELGANDOLFO

25 mars, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/la-profonde-communion-des-deux-freres-en-blanc

LA PROFONDE COMMUNION DES DEUX FRÈRES EN BLANC

RÉPLIQUES HISTORIQUES DE CASTELGANDOLFO

ROME, 23 MARS 2013 (ZENIT.ORG) ANITA BOURDIN

« Nous sommes frères », dit le pape François qui refuse la place d’honneur offerte par Benoît XVI dans la chapelle de Castelgandolfo et le prend par la main avant de prier à ses côtés. Cette réplique du pape François au moment de prier dans la chapelle de Castelgandolfo avec Benoît XVI passera à l’histoire.
Ainsi que cet échange au moment où le pape François à offert au pape émérite Benoît XVI une icône russe – apportée par le métropolite Hilarion -  de la Vierge à l’Enfant: « On m’a dit qu’elle s’appelle la Vierge de l’Humilité. Je ne la connaissais pas. Permettez-moi de vous confier une chose : j’ai pensé à vous, si humble durant votre pontificat ! » Dans un élan du cœur, le pape Benoît prend les mains du pape François dans les siennes et dit : « Merci ! Quel cadeau ! Une signification profonde ! Ne l’oublions pas ». François reprend, ses mains dans celles de Benoît : « Vous nous avez donné tant de signes d’humilité et de tendresse. J’ai pensé à vous ».
Un moment de « communion très profonde » a commenté le P. Lombardi.
Les deux frères en blanc ont accepté que les images soient diffusées et elles ont déjà fait le tour du monde. On saisit aussi les paroles de ces moments exceptionnels. Après 23 jours de vie cachée de Benoît XVI, qui s’est retiré à Castelgandolfo le 28 février, au début de la vacance du Siège apostolique, voulue par lui : il avait annoncé sa renonciation à la charge de Successeur de Pierre le 11 février. Un geste inouï, aux conséquences considérables et encore à peine entrevues.
Le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi a dit son émerveillent au sortir de la rencontre de Castelgandolfo. Voici son récit.
« L’hélicoptère a atterri à Castelgandolfo, à l’héliport, vers 12 h 15 et la voiture conduisant le pape émérite s’est approchée du lieu de l’atterrissage de l’hélicoptère. Le Saint-Père Francesco est descendu : il était accompagné du substitut, Mgr Becciù, de Mgr Sapienza, de Mgr Alfred Xuereb.
Le pape à peine descendu, le pape émérite s’est approché et ils se sont embrassés, cela a été très beau.
Puis, après une brève salutation des personnes présentes – l’évêque d’Albano et le directeurs des Villas, Petrillo – ils sont montés en voiture : le pape François est monté à droite, la place classique du pape,  le pape émérite Benoît XVI s’est placé à gauche. Mgr Georg Gänswein, préfet de la Maison pontificale, est monté dans la même voiture.
Et ainsi la voiture est arrivée aux ascenseurs et les deux protagonistes de cette rencontre historique sont montés dans l’appartement et ils se sont rendus à la chapelle pour un moment de prière. Dans la chapelle, le pape émérite a offert la place d’honneur au pape François, mais celui-ci a dit : « Nous sommes frères » et a voulu qu’ils s’agenouillent ensemble, au même banc.
Après un bref moment de prière, ils se sont rendus à la bibliothèque privée où, vers 12 h 30, la rencontre privée a commencé. Il s’agit de la bibliothèque où normalement à Castelgandolfo le pape reçoit les hôtes importants.
Le pape François a apporté en cadeau au pape émérite une belle icône puis l’entretien a commencé et il s’est achevé à 13 h15 : il a donc duré 45 minutes.
Pour ce qui est des vêtements, il faut noter que, effectivement – comme nous l’avions déjà fait observer auparavant – le pape émérite porte une simple soutane blanche, sans ceinture et sans camail : ce sont les deux détails qui le distinguent du vêtement du pape François qui porte le camail et la ceinture.
La présence des deux secrétaires est prévue pour le déjeuner – Mgr Georg et Mgr Xuereb – et donc l’aspect totalement privé de l’entretien s’est conclu par l’entretien dans la bibliothèque. Le pape émérite a l’intention d’accompagner aussi le pape François à l’héliport quand le moment du retour sera venu.
Je rappelle aussi que ceci n’est pas la première rencontre : c’est la première rencontre en personne, mais le pape François a déjà dirigé de nombreuses fois sa pensée vers le pape émérite : que ce soit de la Loggia des Bénédictions – à l’occasion de sa première apparition à la Loggia -, que ce soit par les deux appels téléphoniques personnels : le soir même de son élection et le jour de saint Joseph, pour lui présenter ses vœux. Donc, le dialogue avait déjà commencé même si la rencontre personnelle, physique, n’avait pas encore eu lieu.
Rappelons aussi que le pape émérite avait déjà manifesté sa révérence et son obéissance inconditionnelle à son successeur à l’occasion de sa rencontre avec les cardinaux le 28 février, et il a  donc certainement eu le moyen, dans cette rencontre – qui a été un moment de très haute et très profonde communion – de renouveler cet acte de révérence et d’obéissance à son successeur, alors que le pape François a certainement renouvelé l’expression de sa gratitude et de celle de toute l’Eglise pour le ministère accompli par le pape Benoît au cours de son pontificat ».

PALM SUNDAY

22 mars, 2013

PALM SUNDAY dans images sacrée palm-sunday-icon

http://ercf.blogspot.it/2012_04_01_archive.html

DIMANCHE 24 MARS : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – PREMIERE LECTURE – Isaïe 50, 4-7

22 mars, 2013

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DIMANCHE 24 MARS : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

PREMIERE LECTURE – Isaïe 50, 4-7
4 Dieu mon SEIGNEUR m’a donné le langage d’un homme 
 qui se laisse instruire,
 pour que je sache à mon tour 
 réconforter celui qui n’en peut plus. 
 La Parole me réveille chaque matin, 
 chaque matin elle me réveille 
 pour que j’écoute comme celui qui se laisse instruire.
5 Le SEIGNEUR Dieu m’a ouvert l’oreille 
 et moi, je ne me suis pas révolté, 
 je ne me suis pas dérobé.
6 J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, 
 et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. 
 Je n’ai pas protégé mon visage des ourages et des crachats.
7 Le SEIGNEUR Dieu vient à mon secours : 
 c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, 
 c’est pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme pierre : 
 je sais que je ne serai pas confondu.

Depuis des années, nous avons lu et relu ces textes étonnants qui font partie du livre d’Isaïe et qu’on appelle les « Chants du Serviteur » ; ils nous intéressent tout particulièrement, nous Chrétiens, pour deux raisons : d’abord par le message qu’Isaïe lui-même voulait donner par là à ses contemporains ; ensuite, parce que les premiers Chrétiens les ont appliqués à Jésus-Christ.
Je commence par le message du prophète Isaïe à ses contemporains : une chose est sûre, Isaïe ne pensait évidemment pas à Jésus-Christ quand il a écrit ce texte, probablement au sixième siècle av.J.C., pendant l’Exil à Babylone. Parce que son peuple est en Exil, dans des conditions très dures et qu’il pourrait bien se laisser aller au découragement, Isaïe lui rappelle qu’il est toujours le serviteur de Dieu. Et que Dieu compte sur lui, son serviteur (son peuple) pour faire aboutir son projet de salut pour l’humanité. Car le peuple d’Israël est bien ce Serviteur de Dieu nourri chaque matin par la Parole, mais aussi persécuté en raison de sa foi justement et résistant malgré tout à toutes les épreuves.
 Dans ce texte, Isaïe nous décrit bien la relation extraordinaire qui unit le Serviteur (Israël) à son Dieu. Sa principale caractéristique, c’est l’écoute de la Parole de Dieu, « l’oreille ouverte » comme dit Isaïe ; « Ecouter » la Parole, « se laisser instruire » par elle, cela veut dire vivre dans la confiance. « Dieu, mon SEIGNEUR m’a donné le langage d’un homme qui se laisse instruire »… « La Parole me réveille chaque matin »… « J’écoute comme celui qui se laisse instruire »… « Le SEIGNEUR Dieu m’a ouvert l’oreille ».
 « Ecouter », c’est un mot qui a un sens bien particulier dans la Bible : cela veut dire faire confiance ; on a pris l’habitude d’opposer ces deux attitudes types entre lesquelles nos vies oscillent sans cesse : confiance à l’égard de Dieu, abandon serein à sa volonté parce qu’on sait d’expérience que sa volonté n’est que bonne… ou bien méfiance, soupçon porté sur les intentions de Dieu… et révolte devant les épreuves, révolte qui peut nous amener à croire qu’il nous a abandonnés ou pire qu’il pourrait trouver une satisfaction dans nos souffrances.
 Les prophètes, les uns après les autres, redisent « Ecoute, Israël » ou bien « Aujourd’hui écouterez-vous la Parole de Dieu…? » Et, dans leur bouche, la recommandation « Ecoutez » veut toujours dire « faites confiance à Dieu quoi qu’il arrive » ; et Saint Paul dira pourquoi : parce que « Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment (c’est-à-dire qui lui font confiance). » (Rm 8, 28). De tout mal, de toute difficulté, de toute épreuve, il fait surgir du bien ; à toute haine, il oppose un amour plus fort encore ; dans toute persécution, il donne la force du pardon ; de toute mort il fait surgir la vie, la Résurrection.
 C’est bien l’histoire d’une confiance réciproque. Dieu fait confiance à son Serviteur, il lui confie une mission ; en retour le Serviteur accepte la mission avec confiance. Et c’est cette confiance même qui lui donne la force nécessaire pour tenir bon jusque dans les oppositions qu’il rencontrera inévitablement. Ici la mission est celle de témoin : « pour que je sache à mon tour réconforter celui qui n’en peut plus ». En confiant cette mission, le Seigneur donne la force nécessaire : Il « donne » le langage nécessaire : « Dieu, mon SEIGNEUR m’a donné le langage d’un homme qui se laisse instruire »… Et, mieux, il nourrit lui-même cette confiance qui est la source de toutes les audaces au service des autres : « Le SEIGNEUR Dieu m’a ouvert l’oreille », ce qui veut dire que l’écoute (au sens biblique, la confiance) elle-même est don de Dieu. Tout est cadeau : la mission et aussi la force et aussi la confiance qui rend inébranlable. C’est justement la caractéristique du croyant de tout reconnaître comme don de Dieu.
 Et celui qui vit dans ce don permanent de la force de Dieu peut tout affronter : « Je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé… » La fidélité à la mission confiée implique inévitablement la persécution : les vrais prophètes, c’est-à-dire ceux qui parlent réellement au nom de Dieu sont rarement appréciés de leur vivant. Concrètement, Isaïe dit à ses contemporains : tenez bon, le Seigneur ne vous a pas abandonnés, au contraire, vous êtes en mission pour lui. Alors ne vous étonnez pas d’être maltraités.
 Pourquoi ? Parce que le Serviteur qui « écoute » réellement la Parole de Dieu, c’est-à-dire qui la met en pratique, devient vite extrêmement dérangeant. Sa propre conversion appelle les autres à la conversion. Certains entendent l’appel à leur tour… d’autres le rejettent, et, au nom de leurs bonnes raisons, persécutent le Serviteur. Et chaque matin, le Serviteur doit se ressourcer auprès de Celui qui lui permet de tout affronter : « La Parole me réveille chaque matin, chaque matin elle me réveille… Le SEIGNEUR Dieu vient à mon secours : c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages… » Et là, Isaïe emploie une expression un peu curieuse en français mais habituelle en hébreu : « J’ai rendu mon visage dur comme pierre »1 : elle exprime la résolution et le courage ; en français, on dit quelquefois « avoir le visage défait », eh bien ici le Serviteur affirme « vous ne me verrez pas le visage défait, rien ne m’écrasera, je tiendrai bon quoi qu’il arrive » ; ce n’est pas de l’orgueil ou de la prétention, c’est la confiance pure : parce qu’il sait bien d’où lui vient sa force : « Le SEIGNEUR Dieu vient à mon secours : c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages. »
 Je disais en commençant que le prophète Isaïe parlait pour son peuple persécuté, humilié, dans son Exil à Babylone ; mais, bien sûr, quand on relit la Passion du Christ, cela saute aux yeux : le Christ répond exactement à ce portrait du serviteur de Dieu. Ecoute de la Parole, confiance inaltérable et donc certitude de la victoire, au sein même de la persécution, tout cela caractérisait Jésus au moment précis où les acclamations de la foule des Rameaux signaient et précipitaient sa perte.
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 * Luc a repris exactement cette expression en parlant de Jésus : il dit « Jésus durcit sa face pour prendre la route de Jérusalem » (Luc 9, 51 ; mais nos traductions disent « Jésus prit résolument la route de Jérusalem »)

HOMÉLIE DU DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION DU SEIGNEUR, C

22 mars, 2013

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HOMÉLIE DU DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION DU SEIGNEUR, C

Lc 19, 28-40 ; Is 50, 4-7 ; Ph 2, 6-11 ; Lc 22, 14 – 23, 56 (bref 23, 1-49)

« Nous ne pouvons isoler la parole de Dieu de la réalité historique dans laquelle elle est dite. Elle ne serait plus alors parole de Dieu. Elle serait une histoire quelconque, un livre de piété, une Bible bien rangée dans notre bibliothèque. Or, elle est parole de Dieu, c’est-à-dire qu’elle inspire, éclaire, contrecarre, rejette, magnifie, ce qui se fait aujourd’hui dans notre société. »
Celui qui avait présenté ainsi le cœur même de sa réflexion théologique et pastorale avait atteint la plus haute charge ecclésiastique de son pays. Depuis peu, il s’était enfin rapproché des personnes, du peuple, et des réalités ordinaires de la vie quotidienne. C’est après avoir été longtemps en désaccord avec le clergé le plus « progressiste » de son pays et atteint l’ »âge du repos » qu’ « il s’est décidé à comprendre qu’il n’existe pas d’autre ascension que vers la terre. Et il a cheminé jusque-là… » (1). On le vit même, oh ! scandale ! « faire bon accueil aux pécheurs et manger avec eux ». Sa voix et son attitude prophétiques devinrent rapidement inacceptables pour le régime en place. Mgr Oscar Romero était devenu l’homme des pauvres, « la voix des sans voix ». Et cela « lui a valu d’être en conflit avec ses collègues évêques » durant le reste de sa vie. Il fut donc, avec bien d’autres, accusé comme le Christ « de semer le désordre dans la nation et de soulever le peuple en enseignant dans tout le pays ».
La parole, l’attitude, les gestes dérangeants de ce parfait disciple du Juste ne pouvaient plaire « en haut lieu ». Le 24 mars 1980, Mgr Romero était cloué d’une balle sur la table de l’amour partagé, sur l’autel même du sacrifice eucharistique. « Il a couronné par son sang son ministère en faveur des plus pauvres », dira plus tard Jean Paul II en saluant la mort de celui que les latino-américains nomment familièrement « saint Romero des Amériques ».
Ces grands témoins d’aujourd’hui nous rappellent et nous révèlent le Grand Témoin que fut et reste le charpentier de Nazareth, prêchant la Bonne Nouvelle aux pauvres, guérissant les malades, libérant les cœurs et les esprits.
Lui, qui s’est vu constamment critiquer par « quelques pharisiens pieux et méfiants », inquiets et agacés devant ses déclarations pertinentes mais critiques. D’autant plus que « le succès » de ce rénovateur renforçait leur aveuglement et excitait leur jalousie. Troublante réaction d’une élite croyante, informée, éduquée, cultivée et fervente. Ainsi, à l’époque de Jésus comme en d’autres temps, ceux qui prétendent posséder la vérité tout entière, qui « savent », enseignent, jugent et tranchent, ont peine à comprendre le message, à recevoir et analyser le témoignage inédit du Nazaréen. Cœurs durs et esprits incrédules, ils avaient cependant d’excellents yeux et ils n’ont point vu, des oreilles ultra sensibles et ils n’ont rien entendu. « Maître, arrête tes disciples ! ». Mais Jésus leur renvoie la balle : « S’ils se taisent, les pierres crieront ».
Ce Fils de Dieu, ce Juste, cet Innocent, chez qui Pilate ne trouvera aucun motif de condamnation, sera cependant condamné. Ce « prophète », crieront-ils, s’oppose systématiquement et publiquement à l’enseignement de Moïse et provoque la confusion. Nous l’avons même trouvé « en train de semer le désordre dans notre nation ». Il va jusqu’à empêcher « de payer l’impôt à l’empereur » et « soulève le peuple en enseignant dans tout le pays » (Lc 23, 2-5). L’éternel refrain !
Il faudra qu’il soit condamné, torturé et mis à mort, pour qu’un « païen » reconnaisse que « sûrement, cet homme était un juste ! ». Mais serons-nous comme ces gens, témoins de la crucifixion et qui « voyant ce qui était arrivé, s’en retournaient en se frappant la poitrine » ? N’étaient-ils pas un peu coupables de l’avoir mal compris et de ne pas l’avoir défendu ?
C’était hier, c’est encore vrai aujourd’hui.

(1) Maria Lopez Vigil, Eléments pour un portrait de Mgr Romero.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

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