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PAPE BENOÎT: « SI VOUS VIVEZ AVEC LE CHRIST, VOUS DEVIENDREZ DES SAGES » – Homélie pour l’Epiphanie

7 janvier, 2013

 http://www.zenit.org/article-33021?l=french

« SI VOUS VIVEZ AVEC LE CHRIST, VOUS DEVIENDREZ DES SAGES »

Homélie de Benoît XVI pour l’Epiphanie

Benoît XVI

ROME, Sunday 6 January 2013 (Zenit.org).
« Si vous vivez avec le Christ, liés à nouveau à lui dans le sacrement, alors vous aussi vous deviendrez des sages. Alors vous deviendrez des astres qui précèdent les hommes et leur indiquent le juste chemin de la vie », dit Benoît XVI aux quatre nouveaux évêques qu’il a ordonnés en la basilique Saint-Pierre, ce dimanche matin, 6 janvier, en la solennité de l’Epiphanie, comem c’est la tradition depuis Jean-Paul II.
Ce sont : son secrétaire, Mgr Georg Gänswein, préfet de la Maison pontificale, un Français, nonce au Guatemala, Mgr Nicolas Thévenin – de la Communauté Saint-Martin -, un archevêque du Nigeria, Mgr Fortunatus Nwachukwu, nonce au Nicaragua, et le nouveau secrétaire de la Congrégation pour l’Education catholique, Mgr Angelo Vincenzo Zani. 
Le pape présente les Mages de l’Evangile en ces termes : « Les hommes qui partirent alors vers l’inconnu étaient, en tout cas, des hommes au cœur inquiet. Des hommes poussés par la recherche inquiète de Dieu et du salut du monde. Des hommes en attente qui ne se contentaient pas de leur revenu assuré et de leur position sociale peut-être reconnue. Ils étaient à la recherche de la réalité la plus grande. Ils étaient peut-être des hommes instruits qui avaient une grande connaissance des astres et qui probablement disposaient aussi d’une formation philosophique. Mais, ils ne voulaient pas seulement savoir beaucoup de choses. Ils voulaient savoir surtout l’essentiel ».
Homélie de Benoît XVI pour l’Epiphanie 2013 :
Chers frères et sœurs,
Pour l’Église croyante et priante, les Mages d’Orient qui, sous la conduite de l’étoile, ont trouvé la route vers la crèche de Bethléem sont seulement le début d’une grande procession qui s’avance dans l’histoire. À cause de cela, la liturgie lit l’évangile qui parle du cheminement des Mages avec les splendides visions prophétiques d’Isaïe 60 et du Psaume 72, qui illustrent par des images audacieuses le pèlerinage des peuples vers Jérusalem. Comme les bergers qui, en tant que premiers hôtes auprès de l’Enfant nouveau-né couché dans la mangeoire, personnifient les pauvres d’Israël et, en général, les âmes humbles qui vivent intérieurement en étant très proches de Jésus, ainsi les hommes provenant de l’Orient personnifient le monde des peuples, l’Église des Gentils – les hommes qui à travers tous les siècles se mettent en marche vers l’Enfant de Bethléem, honorent en Lui le Fils de Dieu et se prosternent devant Lui. L’Église appelle cette fête « Épiphanie » – la manifestation du Divin. Si nous regardons le fait que, dès le début, les hommes de toute provenance, de tous les continents, de toutes les diverses cultures et de tous les divers modes de pensée et de vie ont été et sont en marche vers le Christ, nous pouvons vraiment dire que ce pèlerinage et cette rencontre avec Dieu dans la figure de l’Enfant est une Épiphanie de la bonté de Dieu et de son amour pour les hommes (cf. Tt 3, 4).
Selon une tradition commencée par le Bienheureux Pape Jean-Paul II, nous célébrons aussi la fête de l’Épiphanie comme le jour de l’ordination épiscopale pour quatre prêtres qui, en des fonctions diverses, collaboreront désormais au Ministère du Pape pour l’unité de l’unique Église de Jésus Christ dans la pluralité des Églises particulières. Le lien entre cette ordination épiscopale et le thème du pèlerinage des peuples vers Jésus Christ est évident. En ce pèlerinage, l’évêque a la mission non seulement de marcher avec les autres, mais de précéder et d’indiquer la route. Dans cette liturgie, je voudrais toutefois réfléchir encore avec vous sur une question plus concrète. À partir de l’histoire racontée par Matthieu, nous pouvons certainement nous faire une certaine idée du type d’hommes qu’ont dû être ceux qui, en suivant le signe de l’étoile, se sont mis en route pour aller trouver ce Roi qui aurait fondé un nouveau type de royauté, non seulement pour Israël, mais aussi pour l’humanité entière. Quel genre d’hommes ceux-ci étaient- ils donc ? Et, à partir d’eux, demandons-nous aussi si, malgré la différence d’époque et de missions, on peut percevoir quelque chose de ce qu’est l’évêque et sur la façon dont il doit accomplir sa mission.
Les hommes qui partirent alors vers l’inconnu étaient, en tout cas, des hommes au cœur inquiet. Des hommes poussés par la recherche inquiète de Dieu et du salut du monde. Des hommes en attente qui ne se contentaient pas de leur revenu assuré et de leur position sociale peut-être reconnue. Ils étaient à la recherche de la réalité la plus grande. Ils étaient peut-être des hommes instruits qui avaient une grande connaissance des astres et qui probablement disposaient aussi d’une formation philosophique. Mais, ils ne voulaient pas seulement savoir beaucoup de choses. Ils voulaient savoir surtout l’essentiel. Ils voulaient savoir comment on peut réussir à être une personne humaine. Et c’est pourquoi, ils voulaient savoir si Dieu existe, où et comment il est. S’il prenait soin de nous et comment nous pouvons le rencontrer. Ils voulaient non seulement savoir. Ils voulaient reconnaître la vérité sur nous, sur Dieu et sur le monde. Leur pèlerinage extérieur était une expression de leur cheminement intérieur, du pèlerinage intérieur de leur cœur. Ils étaient des hommes qui cherchaient Dieu et, en définitive, ils étaient en marche vers lui. Ils étaient des chercheurs de Dieu.
Mais avec cela, nous arrivons à la question : comment doit être un homme à qui on impose les mains pour l’ordination épiscopale dans l’Église de Jésus Christ ? Nous pouvons dire : il doit être avant tout un homme dont l’intérêt est tourné vers Dieu, car c’est seulement alors qu’il s’intéresse vraiment aussi aux hommes. Nous pourrions aussi le dire en sens inverse : un évêque doit être un homme à qui les hommes tiennent à cœur, un homme qui est touché par les situations des hommes. Il doit être un homme pour les autres. Toutefois, il peut l’être vraiment seulement s’il est un homme conquis par Dieu. Si pour lui, l’inquiétude pour Dieu est devenu une inquiétude pour sa créature, l’homme. Comme les Mages d’Orient, un évêque ne doit pas aussi être quelqu’un qui exerce seulement son métier et ne veut rien d’autre. Non, il doit être pris par l’inquiétude de Dieu pour les hommes. Il doit, pour ainsi dire, penser et sentir avec Dieu. Il n’est pas seulement l’homme qui porte en lui l’inquiétude innée pour Dieu, mais cette inquiétude est une participation à l’inquiétude de Dieu pour nous. Puisque Dieu est inquiet de nous, il nous suit jusque dans la mangeoire, jusqu’à la Croix. « En me cherchant, tu as peiné ; tu m’as sauvé par ta passion : qu’un tel effort ne soit pas vain », prie l’Église dans le Dies irae. L’inquiétude de l’homme pour Dieu et, à partir d’elle, l’inquiétude de Dieu pour l’homme ne doivent pas donner de repos à l’évêque. C’est cela que nous comprenons quand nous disons que l’évêque doit être d’abord un homme de foi. Car la foi n’est pas autre chose que le fait d’être intérieurement touché par Dieu, une condition qui nous conduit sur le chemin de la vie. La foi nous introduit dans un état où nous sommes pris par l’inquiétude de Dieu et fait de nous des pèlerins qui sont intérieurement en marche vers le vrai Roi du monde et vers sa promesse de justice, de vérité et d’amour. Dans ce pèlerinage, l’évêque doit précéder, il doit être celui qui indique aux hommes le chemin vers la foi, l’espérance et l’amour.
Le pèlerinage intérieur de la foi vers Dieu s’effectue surtout dans la prière. Saint Augustin a dit un jour que la prière, en dernière analyse, ne serait autre chose que l’actualisation et la radicalisation de notre désir de Dieu. À la place de la parole “désir”, nous pourrions mettre aussi la parole “inquiétude” et dire que la prière veut nous arracher à notre fausse commodité, à notre enfermement dans les réalités matérielles, visibles et nous transmettre l’inquiétude pour Dieu, nous rendant ainsi ouverts et inquiets aussi les uns des autres. Comme pèlerin de Dieu, l’évêque doit être d’abord un homme qui prie. Il doit vivre dans un contact intérieur permanent avec Dieu ; son âme doit être largement ouverte vers Dieu. Il doit porter à Dieu ses difficultés et celles des autres, comme aussi ses joies et celles des autres, et établir ainsi, à sa manière, le contact entre Dieu et le monde dans la communion avec le Christ, afin que la lumière du Christ resplendisse dans le monde.
Revenons aux Mages d’Orient. Ceux-ci étaient aussi et surtout des hommes qui avaient du courage, le courage et l’humilité de la foi. Il fallait du courage pour accueillir le signe de l’étoile comme un ordre de partir, pour sortir – vers l’inconnu, l’incertain, sur des chemins où il y avait de multiples dangers en embuscade. Nous pouvons imaginer que la décision de ces hommes a suscité la dérision : la plaisanterie des réalistes qui pouvaient seulement se moquer des rêveries de ces hommes. Celui qui partait sur des promesses aussi incertaines, risquant tout, ne pouvait apparaître que ridicule. Mais pour ces hommes touchés intérieurement par Dieu, le chemin selon les indications divines était plus important que l’opinion des gens. La recherche de la vérité était pour eux plus importante que la dérision du monde, apparemment intelligent.
Comment ne pas penser, dans une telle situation, à la mission d’un évêque à notre époque ? L’humilité de la foi, du fait de croire ensemble avec la foi de l’Église de tous les temps, se trouvera à maintes reprises en conflit avec l’intelligence dominante de ceux qui s’en tiennent à ce qui apparemment est sûr. Celui qui vit et annonce la foi de l’Église, sur de nombreux points n’est pas conforme aux opinions dominantes justement aussi à notre époque. L’agnosticisme aujourd’hui largement dominant a ses dogmes et est extrêmement intolérant à l’égard de tout ce qui le met en question et met en question ses critères. Par conséquent, le courage de contredire les orientations dominantes est aujourd’hui particulièrement urgent pour un évêque. Il doit être valeureux. Et cette vaillance ou ce courage ne consiste pas à frapper avec violence, à être agressif, mais à se laisser frapper et à tenir tête aux critères des opinions dominantes. Le courage de demeurer fermement dans la vérité est inévitablement demandé à ceux que le Seigneur envoie comme des agneaux au milieu des loups. « Celui qui craint le Seigneur n’a peur de rien » dit le Siracide (34, 16). La crainte de Dieu libère de la crainte des hommes. Elle rend libres !
Dans ce contexte, un épisode des débuts du christianisme que saint Luc rapporte dans les Actes des Apôtres me vient à l’esprit. Après le discours de Gamaliel, qui déconseillait la violence envers la communauté naissante des croyants en Jésus, le sanhédrin convoqua les Apôtres et les fit flageller. Ensuite il leur interdit de parler au nom de Jésus et il les remit en liberté. Luc continue : « Mais eux, en sortant du sanhédrin, repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus. Et chaque jour … ils ne cessaient d’enseigner et d’annoncer la Bonne Nouvelle du Christ Jésus » (Ac 5, 40ss.). Les successeurs des Apôtres doivent aussi s’attendre à être à maintes reprises frappés, de manière moderne, s’ils ne cessent pas d’annoncer de façon audible et compréhensible l’Évangile de Jésus Christ. Et alors ils peuvent être heureux d’avoir été jugés dignes de subir des outrages pour lui. Naturellement, nous voulons, comme les Apôtres, convaincre les gens et, en ce sens, obtenir leur approbation. Naturellement, nous ne provoquons pas, mais bien au contraire nous invitons chacun à entrer dans la joie de la vérité qui indique la route. L’approbation des opinions dominantes, toutefois, n’est pas le critère auquel nous nous soumettons. Le critère c’est Lui seul : le Seigneur. Si nous défendons sa cause, grâce à Dieu, nous gagnerons toujours de nouveau des personnes pour le chemin de l’Évangile. Mais inévitablement nous serons aussi frappés par ceux qui, par leur vie, sont en opposition avec l’Évangile, et alors nous pouvons être reconnaissants d’être jugés dignes de participer à la Passion du Christ.
Les Mages ont suivi l’étoile, et ainsi ils sont parvenus jusqu’à Jésus, jusqu’à la grande Lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde (cf. Jn 1, 9). Comme pèlerins de la foi, les Mages sont devenus eux-mêmes des étoiles qui brillent dans le ciel de l’histoire et nous indiquent la route. Les saints sont les vraies constellations de Dieu, qui éclairent les nuits de ce monde et nous guident. Saint Paul, dans la Lettre aux Philippiens, a dit à ses fidèles qu’ils doivent resplendir comme des astres dans le monde (cf. 2, 15).
Chers amis, ceci nous concerne aussi. Ceci vous concerne surtout vous qui, maintenant, allez être ordonnés évêques de l’Église de Jésus Christ. Si vous vivez avec le Christ, liés à nouveau à lui dans le sacrement, alors vous aussi vous deviendrez des sages. Alors vous deviendrez des astres qui précèdent les hommes et leur indiquent le juste chemin de la vie. En ce moment nous tous ici nous prions pour vous, afin que le Seigneur vous remplisse de la lumière de la foi et de l’amour. Afin que cette inquiétude de Dieu pour l’homme vous touche, pour que tous fassent l’expérience de sa proximité et reçoivent le don de sa joie. Nous prions pour vous, afin que le Seigneur vous donne toujours le courage et l’humilité de la foi. Nous prions Marie qui a montré aux Mages le nouveau Roi du monde (Mt 2, 11), afin qu’en Mère affectueuse, elle vous montre aussi Jésus Christ et vous aide à être des hommes qui indiquent la route qui conduit à lui. Amen.

[Texte original: Italien]

Bible illustrée_Images Eric de Saussure_Textes de la bible de Jérusalem-Les pressesde Taizé-Seuil 1968

5 janvier, 2013

Bible illustrée_Images Eric de Saussure_Textes de la bible de Jérusalem-Les pressesde Taizé-Seuil 1968 dans images sacrée 20%20DE%20SAUSSURE%20LES%20ROIS%20MAGES

http://www.artbible.net/3JC/-Mat-02,01-The%20magis,%20Les%20mages/1-The%20star-L’etoile/slides/20%20DE%20SAUSSURE%20LES%20ROIS%20MAGES.html

L’ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR – PAR LA LÉGENDE DORÉE

5 janvier, 2013

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/index.htm

LA LÉGENDE DORÉE

L’ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR

L’Epiphanie du Seigneur est célèbre par quatre miracles, ce qui lui a fait donner quatre noms différents. En effet, aujourd’hui, les Mages adorent J.-C., Jean-Baptiste le Sauveur, J.-C. change l’eau en vin et il nourrit cinq mille hommes avec cinq pains. Jésus avait treize jours, lorsque, conduits par l’étoile, les Mages vinrent le trouver, d’où vient le nom de Epiphanie, epi, au-dessus, phanos, apparition, ou bien parce que l’étoile apparut d’en haut, ou bien parce que J.-C. lui-même a été montré aux Mages, comme le vrai Dieu, par une étoile vue dans les airs. Le même jour, après vingt-neuf ans révolus, alors qu’il atteignait trente ans, parce qu’il avait vingt-neuf ans et treize jours ; Jésus, dit saint Luc, avait alors environ trente ans commencés, ou bien, d’après Bède, il avait trente ans accomplis, ce qui est aussi la croyance de l’Eglise romaine; alors, dis-je, il fut baptisé dans le Jourdain, et de là vient le nom de Théophanie, de Theos, Dieu et phanos apparition, parce que en ce moment la Trinité se manifesta: le Père dans la voix qui se fit entendre, le (148) Fils dans la chair et le Saint-Esprit sous l’apparence d’une colombe. Le même jour, un an après, alors qu’il avait trente ou trente et un ans, il changea l’eau en vin: d’où vient le nom de Bethanie, de beth, maison, parce que, par un miracle opéré dans une maison, il apparut vrai Dieu. En ce même jour encore, un an après, comme il avait trente et un ou trente-deux ans et treize jours, il rassasia cinq mille hommes avec cinq pains, d’après Bède, et cette hymne qu’on chante en beaucoup, d’églises et qui commence par ces mots : Illuminans altissimum *. De là vient le nom de Phagiphanie de phagé manger, bouchée. Il y a doute si ce quatrième miracle a été opéré en ce jour, tant parce qu’on ne le trouve pas ainsi en l’original de Bède, tant parce qu’en saint Jean (VI) au lieu où il parle de ce prodige, il dit : « Or, le jour de Pâques était proche. » Cette quadruple apparition eut donc lieu aujourd’hui. La première par l’étoile sur la crèche ; la seconde par la voix du Père sur le fleuve du Jourdain ; la troisième par le changement de l’eau en vin au repas et la quatrième par la multiplication des pains dans le désert. Mais c’est principalement la première apparition que l’on célèbre aujourd’hui, ainsi nous allons en exposer l’histoire.
Lors de la naissance du Seigneur, trois mages vinrent à Jérusalem. Leur nom latin c’est Appellius, Amérius, Damascus ; en hébreu on les nomme Galgalat, Malgalat et Sarathin ; en grec, Caspar, Balthasar, Melchior. Mais qu’étaient ces, mages ? Il y a là-dessus
* Bréviaire mozarabe.
trois sentiments, selon les trois significations du mot mage. En effet, mage veut dire trompeur, magicien et sage. Quelques-uns prétendent que, en effet, ces rois ont été appelés mages, c’est-à-dire trompeurs, de ce qu’ils trompèrent Hérode en ne revenant point chez lui. Il est dit dans l’Evangile, au sujet d’Hérode « Voyant qu’il avait été trompé par les mages. » Mage veut encore dire magicien. Les magiciens de Pharaon sont appelés mages, et saint Chrysostome dit qu’ils tirent leur nom de là. D’après lui, ils seraient des magiciens qui se seraient convertis et auxquels le Seigneur a voulu révéler sa naissance, les attirer à lui, et par là donner aux pécheurs l’espoir du pardon. Mage est encore la même chose que sage. Car mage en hébreu signifie scribe, en grec philosophe, en latin sage. Ils sont donc nommés mages, c’est-à-dire savants, comme si on disait merveilleusement sages. Or, ces trois sages et rois vinrent à Jérusalem avec une grande suite. Mais on demande pourquoi les mages vinrent à Jérusalem, puisque le Seigneur n’y était point né. Remigius * en donne quatre raisons: La première, c’est que les mages ont bien su le temps de la naissance de J.-C., mais ils n’en ont pas connu le lieu or, Jérusalem étant une cité royale et possédant un souverain sacerdoce, ils soupçonnèrent qu’un enfant si distingué ne devait naître nulle part ailleurs si ce n’est dans une cité royale. La deuxième, c’était pour connaître plus tôt le lieu de la naissance, puisqu’il y avait là des docteurs dans la loi et des scribes. La troisième,
* Moine d’Auxerre en 890, Bibliothèque des Pères, Homé1. VII.
pour que les Juifs restassent inexcusables ; ils auraient pu dire en effet : « Nous avons bien connu le lieu de la naissance, mais nous en avons ignoré le temps et c’est le motif pour lequel nous ne croyons point. » Or, les Mages désignèrent aux Juifs le temps et les Juifs indiquèrent le lieu aux Mages. La quatrième, afin que l’empressement des Mages devînt la condamnation de l’indolence des Juifs : car les Mages crurent à un seul prophète et les Juifs refusèrent de croire au plus grand nombre. Les Mages cherchent un roi étranger, les Juifs ne cherchent pas celui qui est le leur propre : les uns vinrent de loin, les autres restèrent dans le voisinage. Ils ont été rois et les successeurs de Balaam ils sont venus eu voyant l’étoile, d’après la prophétie de leur père : « Une étoile se lèvera sur Jacob et un homme sortira d’Israël. » Un autre motif de leur venue est donné par saint Chrysostome dans son original sur saint Mathieu. Des auteurs s’accordent à dire que, certains investigateurs de secrets choisirent douze d’entre eux, et si l’un venait à mourir, son fils ou l’un de ses proches le remplaçait. Or, ceux-ci, tous les ans, après un mois écoulé, montaient sur la montagne de la Victoire, y restaient trois jours, se lavaient et priaient Dieu de leur montrer l’étoile prédite par Balaam. Une fois, c’était le jour de la naissance du Seigneur, pendant qu’ils étaient là, vint vers eux sur la montagne une étoile singulière : elle avait la forme d’un magnifique enfant, sur la tête duquel brillait une croix, et elle adressa ces paroles aux Mages : « Hâtez-vous d’aller dans la terre de Juda, vous chercherez un roi nouveau-né, et vous l’y trouverez. » Ils se mirent (151) aussitôt en chemin. Mais comment, en si peu de temps, comment, en treize jours, avoir pu parcourir un si long chemin, c’est-à-dire de l’Orient à Jérusalem, qui est censée occuper le centre du monde? On peut dire, avec Remigius, que cet enfant vers lequel ils allaient,, a bien pu les conduire si vite, ou bien l’on peut croire, avec saint Jérôme, qu’ils vinrent sur des dromadaires, espèce d’animaux très alertes, qui font en une journée le chemin qu’un cheval met trois jours à parcourir. Voilà pourquoi on l’appelle dromadaire, dromos course, arès courage. Arrivés à Jérusalem, ils demandèrent : « Où est celui qui est né roi des Juifs ? » Ils ne demandent pas s’il est né, ils le croyaient, mais ils demandent où il est né. Et comme si quelqu’un leur avait dit : « D’où savez-vous que ce roi est né? » Ils répondent : « Nous avons vu son étoile dans l’Orient et nous sommes venus l’adorer; » ce qui veut dire : « Nous qui restons en Orient, nous avons vu une étoile indiquant sa naissance; nous l’avons vue, dis-je, posée sur la Judée. Ou bien : nous qui demeurons dans notre pays, nous avons vu son étoile dans l’Orient, c’est-à-dire dans la partie orientale. » Par ces paroles, comme le dit Remigius, dans son original, ils confessèrent un vrai homme, un vrai roi et un vrai Dieu. Un vrai homme, quand ils dirent : « Où est celui qui est né ? » Un vrai roi en disant : « Roi des Juifs; » un vrai Dieu en ajoutant: « Vous sommes venus l’adorer. » Il a été en effet ordonné de n’adorer aucun autre que Dieu seul. Mais Hérode qui entendit cela fut troublé et Jérusalem tout entière avec lui. Le roi est troublé pour trois motifs: 1° dans la crainte que (152) les Juifs ne reçussent comme leur roi ce nouveau-né, et ne le chassassent lui-même comme étranger. Ce qui fait dire à saint Chrysostome : « De même qu’un rameau placé en haut d’un arbre est agité par un léger souffle, de même les hommes élevés au faîte des dignités sont tourmentés même par un léger bruit. » 2° Dans la crainte qu’il ne soit inculpé par, les Romains, si quelqu’un était appelé roi sans avoir été institué par Auguste. Les Romains avaient en effet ordonné que ni dieu ni roi ne fût reconnu que par leur ordre et avec leur permission. 3° Parce que, dit saint Grégoire, le roi du ciel étant né, le roi de la terre a été troublé. En effet, la grandeur terrestre est abaissée, quand la grandeur céleste est dévoilée. — Tout Jérusalem fut troublée avec lui pour trois raisons : 1° parce que les impies ne sauraient se réjouir de la venue du Juste ; 2° pour flatter Je roi troublé, en se montrant troublés eux-mêmes; 3° parce que comme le choc des vents agite l’eau, ainsi les rois se battant l’un contre l’autre, le peuple est troublé, et c’est pour cela qu’ils craignirent être enveloppés dans la lutte entre le roi de fait et le prétendant. » C’est la raison que donne saint Chrysostome.
Alors Hérode convoqua tous les prêtres et les scribes pour leur demander où naîtrait le Christ. Quand il en eut appris que c’était à Bethléem de Juda, il appela les mages en secret et s’informa auprès d’eux de l’instant auquel l’étoile leur était apparue, pour savoir ce qu’il avait à faire, si les mages ne revenaient pas ; et il leur recommanda qu’après avoir trouvé l’enfant, ils revinssent le lui dire, en simulant vouloir adorer celui (153) qu’il voulait tuer. Or, remarquez qu’aussitôt les mages entrés à Jérusalem, l’étoile cesse de les conduire, et cela pour trois raisons. La 1re pour qu’ils soient forcés de s’enquérir du lieu de la naissance de J.-C. ; afin par là d’être assurés de cette naissance, tant à cause de l’apparition de l’étoile qu’à cause de l’assertion de la prophétie : ce qui eut lieu. La 2e parce que en cherchant un secours des hommes, ils méritèrent justement de perdre celui de Dieu. La 3e  parce que les signes ont été, d’après l’apôtre, donnés aux infidèles, et la prophétie aux fidèles : c’est pour cela qu’un signe fut donné aux Mages, alors qu’ils étaient infidèles ; mais ce signe ne devait plus paraître dès lors qu’ils se trouvaient chez les juifs qui étaient fidèles. La glose entrevoit ces trois raisons. Mais lorsqu’ils furent sortis de Jérusalem, l’étoile les précédait, jusqu’à ce qu’arrivée au-dessus du lieu où était l’enfant, elle s’arrêta. De quelle nature était cette étoile ? il y a trois opinions, rapportées par Remi ;lus en son original. Quelques-uns avancent que c’était le saint Esprit, afin que, devant descendre plus tard surale Seigneur après son baptême, sous la forme d’une colombe, il apparût aussi aux Mages sous la forme d’une étoile. D’autres disent, avec saint Chrysostome, que ce fut l’ange qui apparut aux bergers, et ensuite aux Mages aux bergers eu leur qualité de juifs et raisonnables, elle apparut sous une forme raisonnable, mais aux gentils qui étaient, pour ainsi dire, irraisonnables, elle prit une forme matérielle. Les autres, et c’est le sentiment le plus vrai, assurent que ce fut une étoile nouvellement créée, et qu’après avoir accompli son (154) ministère, elle revint à son état primitif. Or, cette étoile, selon Fulgence, différait des autres en trois manières, 1° en situation, parce qu’elle n’était pas située positivement dans le firmament, mais elle se trouvait suspendue dans un milieu d’air voisin de la terre ; 2° en éclat, parce qu’elle était plus brillante que les autres; cela est évident, puisque le soleil ne pouvait pas en diminuer l’éclat ; loin de là, elle paraissait en plein midi ; 3° en mouvement, parce qu’elle allait en avant des Mages, comme ferait un voyageur ; elle n’avait donc point un mouvement circulaire, mais une espèce de mouvement animale( progressif. La glose en touche trois autres raisons à ces mots sur le 2e chapitre de saint Mathieu: « Cette étoile de la naissance du Seigneur, etc. » La 1re elle différait dans son origine, puisque les autres avaient été créées au commencement du monde, et que celle-ci venait de l’être. La 2e dans sa destination, les autres avaient été faites pour indiquer des temps et des saisons, comme il est dit dans la Genèse (I, 14) et celle-ci pour montrer le chemin aux Mages ; la 3e dans sa durée, les autres sont perpétuelles, celle-ci, après avoir accompli son ministère, revint à son état primitif.
Or, lorsqu’ils virent l’étoile, ils ressentirent une très grande joie. Observez que cette étoile aperçue par les Mages est quintuple ; c’est une étoile matérielle, une étoile spirituelle, une étoile intellectuelle, une étoile raisonnable, et une étoile supersubstantielle. La première, la matérielle, ils la- virent en Orient; la seconde, la spirituelle qui est la foi, ils la virent dans leur coeur, car si cette étoile, c’est-à-dire, la foi, n’avait (155) pas projeté ses rayons dans leur coeur, jamais ils ne fussent parvenus à voir la première. Or, ils eurent la foi en l’humanité du Sauveur, puisqu’ils dirent : « Où est celui qui est né? » Ils eurent la foi en sa dignité royale, quand ils dirent: « Roi des juifs. » Ils eurent la foi en sa divinité puisqu’ils ajoutèrent : « Nous sommes venus l’adorer. » La troisième, l’étoile intellectuelle, qui est l’ange, ils la virent dans le sommeil, quand ils furent avertis par l’ange de ne pas revenir vers Hérode. Mais d’après une glose particulière, ce ne fut pas un ange, mais le Seigneur lui-même qui leur apparut. La quatrième, la raisonnable, ce fut la Sainte Vierge, ils la virent dans l’hôtellerie. La cinquième, la supersubstantielle, ce fut J.-C., qu’ils virent dans la crèche ; c’est de ces deux dernières qu’il est dit : « En entrant dans la maison, ils trouvèrent l’enfant avec Marie, sa mère… » etc. Et chacune d’elles est appelée étoile : la 1re par le Psaume : « La lune et les étoiles que vous avez créées. » La 2e dans l’Ecclésiastique (XLIII, 10) : « La beauté du ciel, c’est-à-dire de l’homme céleste, c’est l’éclat des étoiles, c’est-à-dire des vertus. » La 3e dans Baruch (III, 31) : « Les étoiles ont répandu leur lumière chacune en sa place, et elles ont été dans la j oie. » La ie par la Liturgie : « Salut, étoile de la mer. » La 5e dans l’Apocalypse (XXII, 16) : « Je suis le rejeton et le fils de David, l’étoile brillante, et l’étoile du matin. » En voyant la première et la seconde, les Mages se sont réjouis ; en voyant la troisième, ils se sont réjouis de joie; en voyant la quatrième ils se sont réjouis d’une joie grande ; en voyant la cinquième, ils se sont réjouis d’une très grande joie. Ou (156) bien ainsi que dit la glose: « Celui-là se réjouit de joie qui se réjouit de Dieu, qui est la véritable joie, et il ajoute « grande », car rien n’est plus grand que Dieu ; et il met « très » grande, parce qu’on peut se réjouir plus ou moins de grande joie. Ou bien par l’exagération de ces expressions, l’évangéliste a voulu montrer que les hommes se réjouissent plus des choses perdues qu’ils ont retrouvées que de celles qu’ils ont toujours possédées.
Après être entrés dans la chaumière, et avoir trouvé l’enfant avec sa mère, ils fléchirent les genoux et chacun offrit ces présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Ici saint Augustin s’écrie : « O enfance extraordinaire, à laquelle les astres sont soumis. Quelle grandeur ! quelle gloire immense dans celui devant les langes duquel les anges se prosternent, les astres assistent, les rois tremblent, et les partisans de la sagesse se mettent à genoux ! O bienheureuse chaumière ! ô trône de Dieu, le second après le ciel, où ce n’est pas une lumière qui éclaire, mais une étoile! ô céleste palais dans lequel habite non pas un roi couvert de pierreries, mais un Dieu qui a pris un corps, qui a pour couche délicate une dure crèche, pour plafond doré, un toit de chaume tout noir, mais décoré par l’obéissance d’unie étoile! Je suis saisi quand je vois les lampes et que je regarde les cieux; je suis enflammé, quand je vois dans une crèche un mendiant plus éclatant encore que les astres.» Et saint Bernard : « Que faites-vous ? vous adorez un enfant à la mamelle dans une vile étable? Est-ce que c’est un Dieu? Que faites-vous? Vous lui offrez de l’or? Est-ce donc un Roi ? Où (157) donc est sa cour, où est son trône, où sont les courtisans de ce roi? Est-ce que la cour, c’est l’étable? Le trône la crèche, les courtisans de ce roi, Joseph et Marie Ils sont devenus insensés, pour devenir sensés. » Voici ce que dit encore à ce sujet saint Hilaire dans le second livre de la Trinité : « Une vierge enfante, mais celui qui est enfanté vient de Dieu. L’enfant vagit, on entend des anges le louer, les langes sont sales, Dieu est adoré. C’est pourquoi la dignité de la puissance n’est pas perdue, puisque l’humilité de la chair est adoptée. Et voici comment dans Jésus enfant on rencontre des humiliations, des infirmités, mais aussi des sublimités, et l’excellence de la divinité. » A ce propos encore saint Jérôme dit, sur l’épître aux Hébreux : « Regardez le berceau de J.-C., voyez en même temps le ciel ; vous apercevez un enfant pleurant dans une crèche, mais en même temps faites attention aux cantiques des anges. Hérode persécute, mais les Mages adorent; les Pharisiens ne le connaissent point, mais l’étoile le proclame ; il est baptisé par un serviteur, mais on entend la voix de Dieu qui tonne d’en haut: il est plongé dans l’eau, mais la colombe descend ; il y a plus encore, c’est le Saint-Esprit dans la colombe. »
Pourquoi maintenant les Mages offrent-ils des présents de cette nature! On en peut signaler une foule de raisons. 1° C’était une tradition ancienne, dit Remigius, que personne ne s’approcherait d’un dieu ou d’un roi, les mains vides. Les Perses et les Chaldéens avaient coutume d’offrir de pareils présents. Or, les Mages, ainsi qu’il est dit en (158) l’Histoire scholastique, vinrent des confins de la Perse et de la Chaldée, où coule le fleuve de Saba, d’où vient le nom de Sabée que porte leur pays. 2° La seconde est de saint Bernard: « Ils offrirent de l’or à la sainte Vierge pour soulager sa détresse, de l’encens, pour chasser la puanteur de l’étable, de la myrrhe pour fortifier les membres de l’enfant et pour expulser de hideux insectes. 3° Parce que avec l’or se paie le tribut, l’encens sert au sacrifice et la myrrhe à ensevelir les morts. Par ces trois présents, on reconnaît, dans le Christ la puissance royale, la majesté divine, et la mortalité humaine. 4° Parce que l’or signifie l’amour, l’encens la prière, la myrrhe, la mortification de la chair: Et nous devons les offrir tous trois à J.-C. 5° Parce que par ces trois présents sont signifiées trois qualités de J.-C. : une divinité très précieuse, une âme toute dévouée, et une chair intègre et incorruptible. Les offrandes étaient encore prédites par ce qui se trouvait dans l’arche d’alliance. Dans la verge qui fleurit, nous trouvons la chair de J.-C. qui est ressuscitée; au Psaume: « Ma chair a refleuri »; dans les tables où étaient gravés les commandements, l’âme dans laquelle sont cachés tous les trésors de la science et de la sagesse de Dieu; dans la manne, la divinité qui a toute saveur et toute suavité. Par l’or, donc, qui est le plus précieux des métaux, on entend la divinité très précieuse; par l’encens, l’âme très dévouée, parce que l’encens signifie dévotion et prière (Ps.) : « Que ma prière monte comme l’encens.» Par la myrrhe qui est un préservatif de corruption, la chair qui ne fut pas corrompue. Les Mages, avertis en songe de ne pas revenir chez Hérode, retournèrent (159) par un autre chemin en leur pays. Voici comment partirent les Mages : Ils vinrent sous la direction de l’étoile; ils furent instruits par des hommes, mieux encore par dés prophètes; ils retournèrent sous la conduite de l’ange, et moururent dans le Seigneur. Leurs corps reposaient à Milan dans une église de notre ordre, c’est-à-dire des frères prêcheurs, mais ils reposent maintenant à Cologne. Car ces corps,d’abord enlevés par Hélène, mère de Constantin, puis transportés à Constantinople, furent transférés ensuite par saint Eustorge, évêque de Milan; mais l’empereur Henri les transporta de Milan à Cologne sur le Rhin, où ils sont l’objet de la dévotion et des hommages du peuple.

Epiphany of our Lord

4 janvier, 2013

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Dimanche 6 janvier 2013 : commentaires de Marie Noëlle Thabut – PREMIERE LECTURE – Isaïe 60, 1 – 6

4 janvier, 2013

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Dimanche 6 janvier 2013 : commentaires de Marie Noëlle Thabut

PREMIERE LECTURE – Isaïe 60, 1 – 6

1 Debout, Jérusalem !
 Resplendis :
 elle est venue ta lumière,
 et la gloire du SEIGNEUR s’est levée sur toi.
2 Regarde : l’obscurité recouvre la terre,
 les ténèbres couvrent les peuples ;
 mais sur toi se lève le SEIGNEUR,
 et sa gloire brille sur toi.
3 Les nations marcheront vers ta lumière,
 et les rois, vers la clarté de ton aurore.
4 Lève les yeux, regarde autour de toi :
 tous, ils se rassemblent, ils arrivent ;
 tes fils reviennent de loin,
 et tes filles sont portées sur les bras.
5 Alors tu verras, tu seras radieuse,
 ton coeur frémira et se dilatera.
 Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi
 avec les richesses des nations.
6 Des foules de chameaux t’envahiront,
 des dromadaires de Madiane et d’Epha.
 Tous les gens de Saba viendront,
 apportant l’or et l’encens
 et proclamant les louanges du SEIGNEUR.

Vous avez remarqué toutes les expressions de lumière, tout au long de ce passage : « Resplendis, elle est venue ta lumière… la gloire (le rayonnement) du SEIGNEUR s’est levée sur toi (comme le soleil se lève)… sur toi se lève le SEIGNEUR, sa gloire brille sur toi…ta lumière, la clarté de ton aurore…tu seras radieuse ». On peut en déduire tout de suite que l’humeur générale était plutôt sombre ! Je ne dis pas que les prophètes cultivent le paradoxe ! Non ! Ils cultivent l’espérance.
 Alors, pourquoi l’humeur générale était-elle sombre, pour commencer. Ensuite, quel argument le prophète avance-t-il pour inviter son peuple à l’espérance ?
 Pour ce qui est de l’humeur, je vous rappelle le contexte : ce texte fait partie des derniers chapitres du livre d’Isaïe ; nous sommes dans les années 525-520 av.J.C., c’est-à-dire une quinzaine ou une vingtaine d’années après le retour de l’exil à Babylone. Les déportés sont rentrés au pays, et on a cru que le bonheur allait s’installer. En réalité, ce fameux retour tant espéré n’a pas répondu à toutes les attentes.
 D’abord, il y avait ceux qui étaient restés au pays et qui avaient vécu la période de guerre et d’occupation. Ensuite, il y avait ceux qui revenaient d’Exil et qui comptaient retrouver leur place et leurs biens. Or si l’Exil a duré cinquante ans, cela veut dire que ceux qui sont partis sont morts là-bas… et ceux qui revenaient étaient leurs enfants ou leurs petits-enfants … Cela ne devait pas simplifier les retrouvailles. D’autant plus que ceux qui rentraient ne pouvaient certainement pas prétendre récupérer l’héritage de leurs parents : les biens des absents, des exilés ont été occupés, c’est inévitable, puisque, encore une fois, l’Exil a duré cinquante ans ! 
 Enfin, il y avait tous les étrangers qui s’étaient installés dans la ville de Jérusalem et dans tout le pays à la faveur de ce bouleversement et qui y avaient introduit d’autres coutumes, d’autres religions…
 Tout ce monde n’était pas fait pour vivre ensemble…
 La pomme de discorde, ce fut la reconstruction du Temple : car, dès le retour de l’exil, autorisé en 538 par le roi Cyrus, les premiers rentrés au pays (nous les appellerons la communauté du retour) avaient rétabli l’ancien autel du Temple de Jérusalem, et avaient recommencé à célébrer le culte comme par le passé ; et en même temps, ils entreprirent la reconstruction du Temple lui-même.
 Mais voilà que des gens qu’ils considéraient comme hérétiques ont voulu s’en mêler ; c’étaient ceux qui avaient habité Jérusalem pendant l’Exil : mélange de juifs restés au pays et de populations étrangères, donc païennes, installées là par l’occupant ; il y avait eu inévitablement des mélanges entre ces deux types de population, et même des mariages, et tout ce monde avait pris des habitudes jugées hérétiques par les Juifs qui rentraient de l’Exil ; alors la communauté du retour s’est resserrée et a refusé cette aide dangereuse pour la foi : le Temple du Dieu unique ne peut pas être construit par des gens qui, ensuite, voudront y célébrer d’autres cultes ! Comme on peut s’en douter, ce refus a été très mal pris et désormais ceux qui avaient été éconduits firent obstruction par tous les moyens. Finis les travaux, finis aussi les rêves de rebâtir le Temple !
 Les années ont passé et on s’est installés dans le découragement. Mais la morosité, l’abattement ne sont pas dignes du peuple porteur des promesses de Dieu. Alors, Isaïe et un autre prophète, Aggée, décident de réveiller leurs compatriotes : sur le thème : fini de se lamenter, mettons-nous au travail pour reconstruire le Temple de Jérusalem. Et cela nous vaut le texte d’aujourd’hui :                                             
Connaissant le contexte difficile, ce langage presque triomphant nous surprend peut-être ; mais c’est un langage assez habituel chez les prophètes ; et nous savons bien que s’ils promettent tant la lumière, c’est parce qu’elle est encore loin d’être aveuglante… et que, moralement, on est dans la nuit. C’est pendant la nuit qu’on guette les signes du lever du jour ; et justement le rôle du prophète est de redonner courage, de rappeler la venue du jour. Un tel langage ne traduit donc pas l’euphorie du peuple, mais au contraire une grande morosité : c’est pour cela qu’il parle tant de lumière !                 
 Pour relever le moral des troupes, nos deux prophètes n’ont qu’un argument, mais il est de taille : Jérusalem est la Ville Sainte, la ville choisie par Dieu, pour y faire demeurer le signe de sa Présence ; c’est parce que Dieu lui-même s’est engagé envers le roi Salomon en décidant « Ici sera Mon Nom », que le prophète Isaïe, des siècles plus tard, peut oser dire à ses compatriotes « Debout, Jérusalem ! Resplendis… »
 Le message d’Isaïe aujourd’hui, c’est donc : « vous avez l’impression d’être dans le tunnel, mais au bout, il y a la lumière. Rappelez-vous la Promesse : le JOUR vient où tout le monde reconnaîtra en Jérusalem la Ville Sainte. » Conclusion : ne vous laissez pas abattre, mettez-vous au travail, consacrez toutes vos forces à reconstruire le Temple comme vous l’avez promis.
 J’ajouterai trois remarques pour terminer : premièrement, une fois de plus, le prophète nous donne l’exemple : quand on est croyants, la lucidité ne parvient jamais à étouffer l’espérance. 
 Deuxièmement, la promesse ne vise pas un triomphe politique… Le triomphe qui est entrevu ici est celui de Dieu et de l’humanité qui sera un jour enfin réunie dans une harmonie parfaite dans la Cité Sainte ; reprenons les premiers versets : si Jérusalem resplendit, c’est de la lumière et de la gloire du SEIGNEUR : « Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue ta lumière, et la gloire du SEIGNEUR s’est levée sur toi… sur toi se lève le SEIGNEUR, et sa gloire brille sur toi… »

 Troisièmement, quand Isaïe parlait de Jérusalem, déjà à son époque, ce nom désignait plus le peuple que la ville elle-même ; et l’on savait déjà que le projet de Dieu déborde toute ville, si grande ou belle soit-elle, et tout peuple, il concerne toute l’humanité.
 *****

 Complément
 Certains d’entre nous reconnaissent au passage un chant que les assemblées chrétiennes aiment bien chanter : « Jérusalem, Jérusalem, quitte ta robe de tristesse… Debout, resplendis car voici ta lumière… »

Homélie de l’Epiphanie du Seigneur

4 janvier, 2013

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Homélie de l’Epiphanie du Seigneur

Is 60, 1-6 ; Ep 3, 2-3a, 5-6 ; Mt 2, 1-12

Il y a quelques années, un journaliste français catholique, Jacques Duquesne, publiait un ouvrage titré « Jésus ». L’intention de l’auteur était de présenter à un large public, mais cultivé, l’état actuel des recherches de l’exégèse biblique et les questions qu’elle soulève, sans pour autant être résolues. Ce livre a fait couler beaucoup d’encre et autant de salive. Il a éclairé un grand nombre de lecteurs. Il en a choqué ou troublé beaucoup d’autres. Ce qui n’a rien d’étonnant, compte tenu de la complexité de ces questions délicates. Mais il est vrai que « Nous sommes tentés d’interpréter les Ecritures de manière simpliste, c’est-à-dire littéraliste ou fantaisiste » (Commission Biblique Pontificale, 1993).
… Un peu comme cette jeune dame qui, lors d’une conférence tenue par J. Duquesne, interpella l’orateur, en lui déclarant : « Je ne lirai jamais votre livre. » – « Et pourquoi ? » – « Parce que vous ne respectez rien. Vous prétendez même que Jésus n’est pas né un 25 décembre ! » Un exemple extrême, qui, prête à sourire, car le 25 décembre est une date symbolique, transposition chrétienne d’une fête païenne de la lumière nouvelle. Et qu’aurait dit cette jeune chrétienne, en apprenant du très orthodoxe Urs von Balthasar, commentant le récit des rois mages : « L’événement est symbolique » ? Et j’ajoute, pour ceux qui voudraient être rassurés, que cet ami de Jean Paul II a reçu de lui l’équivalent d’un prix Nobel de théologie et le cardinalat.
Le vrai problème est donc de bien comprendre ce qu’a voulu enseigner Matthieu dans ce récit que l’on peut qualifier de « construction catéchétique imagée », destiné à des Juifs devenus chrétiens ou désireux de le devenir. De plus, puisque la Parole de Dieu est toujours « contemporaine de chaque époque », nous devons savoir quelle leçon en tirer pour notre vie chrétienne aujourd’hui.
Pour Matthieu, il s’agissait de montrer que le message de Jésus et son héritage spirituel n’étaient pas réservés au seul peuple d’Israël, mais qu’ils s’adressaient tout autant à ces étrangers païens qu’ils détestaient. Il fallait aussi justifier cette nouvelle tout à fait révolutionnaire, en prouvant qu’elle correspondait parfaitement aux annonces faites par les prophètes d’Israël. Leur faire comprendre également que, si la naissance de Jésus a pratiquement été ignorée de l’actualité publique du temps, il n’en est pas moins le Messie annoncé par les prophètes : « De Jacob se lèvera un astre, d’Israël surgira un homme ». Il lui f allait aussi expliquer pourquoi les mieux informés, les plus pieux et les plus pratiquants des Juifs, y compris le grand prêtre et son conseil sacerdotal, qui tous connaissaient la Bible et attendaient le Messie avec foi et ferveur, non seulement ne l’ont pas reconnu, mais l’ont plus tard combattu et même dénoncé comme blasphémateur.
Il faut donc lire ce texte à partir du centre du récit, qui est Jésus, plutôt que de s’accrocher aux rois mages, au risque de passer à côté de ce que vise le texte.
Les mages, mi-savants, mi-magiciens, et donc païens, la Bible ne les aime pas, d’autant plus que la magie était totalement bannie d’Israël. Par contre, selon la tradition chaldéenne de Babylone, les mages qui obéissent aux astres et parfois même les considèrent comme des dieux, y découvrent habituellement l’annonce de la naissance de grands personnages, qu’ils vont ensuite honorer. Ce fut le cas pour Néron, peut-être même pour César et Alexandre le Grand.
Chez les Juifs, il y a aussi une étoile, mais elle est dans la Bible et non pas au firmament. Aux abords de notre ère, le lien entre l’astre biblique de Jacob et l’avènement du Messie était solidement établi. De même, Isaïe avait annoncé que des païens découvriraient la vraie lumière au Temple de Jérusalem et viendraient à dos de chameau apporter de l’or et de l’encens pour louer le Seigneur… (1e lecture). Voilà en bref les ingrédients de la composition catéchétique.
Sans entrer dans plus de détails, venons-en aux leçons pour aujourd’hui.
Nous ne sommes pas les propriétaires de la vérité et l’on ne possède pas la foi à la manière d’un compte en banque. Elle est un chemin d’amour et non pas « un point de vue arrêté, complet, établi une fois pour toutes » (Mgr Huard, Tournai). Elle est vie et donc croissance. Ce récit évangélique veut aussi nous dire que les chrétiens ne constituent pas un peuple de privilégiés, détenteurs des grâces divines., tandis que les autres en seraient privés. Et nous risquons parfois, comme les gens de Jérusalem, de camper fermement sur nos certitudes définitives, au point de ne pas voir une lumière qui vient d’ailleurs et de ne pas accueillir les surprises de l’Esprit qui souffle où il veut et quand il veut.
Par contre, il peut y avoir des étrangers à notre foi qui désirent la lumière, qui la cherchent et qui peuvent trouver, même dans les rites de leur religion païenne, un message authentique de Dieu. Il peut nous arriver de mettre un masque sur le visage du Messie et de ne plus le reconnaître, alors qu’il est tout proche.
On peut également être prince, chef des prêtres, brillant théologien, chrétien engagé, et avoir une frousse bleue d’être dérangé dans ses traditions et ses habitudes croyantes. Tandis que d’autres restent en quête de vérité, avides de connaître, disponibles à la nouveauté, toujours à l’affût d’un signe du ciel, d’une lumière évangélique. Les mages cherchaient un roi, et ils ne trouvent qu’un enfant pauvre, encore incapable de parler, ce qui veut dire que Dieu se laisse reconnaître sous des traits inattendus. Encore aujourd’hui.
Les mages sont des hommes de savoir et des chercheurs en quête de vérité et de lumière. Ils se laissent interpeller par les évènements de leur vie quotidienne. Ils acceptent de sortir de leur train-train journalier et même de prendre la route de l’aventure, au risque de dangers et de grosses surprises.
Tout au contraire, à Jérusalem, les croyants n’ont pas bougé, ils n’ont pas pris au sérieux les Ecritures. Ils ont eu peur d’être bousculés dans la quiétude et l’assurance de leurs certitudes. Ce qui a fait écrire à Urs von Balthasar : « Ainsi, souvent, l’Eglise quand, par un saint, un message inattendu la dérange ». Ce qui vaut également pour chacun d’entre nous. Voyez les croyants de Jérusalem. Ils sont restés assis, sûrs d’eux-mêmes et ont raté leur rendez-vous avec le Messie. Mais il n’est pas rare, dans l’Histoire sainte, de rencontrer Dieu déçu par ceux qui se disent ses fidèles.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

The Magi come from the Orient

3 janvier, 2013

The Magi come from the Orient dans images sacrée three-kings1

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Lectio Divina – Année C: Epiphanie du Seigneur (Mt 2,1-12)

3 janvier, 2013

http://say.sdb.org/blogs/JJB/2013/01/01/lectio-divina-annee-c-epiphanie-du-seign-12

Lectio Divina – Année C: Epiphanie du Seigneur (Mt 2,1-12)

par Juan José Bartolomé 

[P. Txema Martínez, traducteur]

Mathieu ne nous offre pas la chronique d’un épisode de l’enfance de Jésus, comme il peut le sembler à simple vue ; il réfléchit, plutôt, sur l’identité réelle du nouveau-né et il nous avance de forme voilée une explication du refus qu’il souffrira après. Jésus est l’attendu descendant de David, dont la souveraineté fut reconnue en Israël depuis le principe avec l’aide de l’Écriture. Mais l’Écriture qui l’annonçait avec détaille, ne fut pas suffisante pour obtenir son acceptation : ceux qui ne savaient pas où le trouver se mirent en route ; les proches, désintéressés, laissèrent l’initiative aux païens. La docilité du gentil, qui se sert de n’importe quel indice dans le ciel pour se mettre en chemin vers le Dieu-avec-nous, contraste avec l’entêtement du Juif, qui sait lui où doit apparaître Dieu, mais qu’il ne se daigne pas d’apparaître par là. Dans l’intention de Mathieu, et plus au-delà de tout sentimentalisme, le récit est un sérieux avertissement : savoir bien qui est Jésus et où on peut le rencontrer, ne conduit pas nécessairement ni à la foi et ni à l’offrande qu’il mérite. Et cela peut conduire, cependant, à le perdre. Ce n’est pas vrai qu’encore aujourd’hui continuent à le chercher, et pleins de dons, ceux qui moins le connaissent ou ceux qui sont les plus éloignés de lui ? Que s’intéressent à lui ceux qui en étaient plus éloignés et plus ignorants, n’est pas une simple anecdote : perd Dieu celui qui, comptant déjà sur sa présence donnée, ne le cherche plus ; cette recherche, pour être authentique, doit nous retrouver pleins de dons, et non de désirs insatisfaits, pendant que nous marchons vers lui : nous pouvons aller le cherche un peu désorientés, mais non sans présents à lui offrir.
Suite:

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des Mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent :  » Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui « . En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d’inquiétude, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d’Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent :  » A Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : ‘Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple’. Alors Hérode convoqua les Mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile leur était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant :  » Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui « . Sur ces paroles du roi, ils partirent.
Et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s’arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
I. LIRE : Comprendre ce que le texte dit en considérant comme le dit
Après avoir raconté la naissance du Messie à Bethléem, avec l’épisode des sages d’Orient, Mathieu fait publique la nouvelle : ici ne sont plus des anges qui annoncent et des bergers qui veillent la nuit, comme nous le racontait Luc (Lc 2, 8-20), sinon des étrangers venus de très loin guidés par une étoile qui se chargent de faire connaître la bonne nouvelle : « le roi des juifs vient de naître ». Quoique les faits se présentent comme vraisemblables (naissance de Jésus à Bethléem, pendant les derniers années du roi Hérode ; croyance populaire de que l’apparition de nouvelles étoiles signalait un changement important dans la histoire et la naissance d’un personnage…), sa chronique sert au programme du rédacteur : seulement les païens de loin savent qu’Israël a déjà le Messie et le cherchent sans repos pour l’adorer, bien qu’ils méconnaissent qui est lui et où le trouver. La destinée tragique de Jésus, être ignoré par ses compatriotes et cherché par les étrangers, commence à se réaliser depuis le commencement même de son apparition sur la terre. Manifestation publique et public rejet sont liés depuis le principe.
Les Mages et Hérode sont les authentiques protagonistes de l’épisode. Les Mages, dont la recherche, guidés par une étoile, mais sans trop de lumières, fait connaître la naissance du « roi juif » à Hérode, roi des juifs. Hérode, dont les scribes connaissent les Écritures et savent où doit naître le Messie, n’a aucune intention d’aller le trouver. Le contraste ne peut pas être plus évident : alertés et conduits par la nature, les Mages se sont mis en route ; guidés par une étoile, mais beaucoup plus par son désir de adorer le Messie juif, ils questionnent à celui qui puisse les aider. En possédant l’Écriture et connaissant le lieu, près d’où il habite, Hérode et ses savants ne bougent pas, mais ils y restent sursautés. Savoir que le Messie est né les remplit, non de joie, mais d’une peur formidable. Le salut peut être redoutable pour celui qui ne le désire pas.
Pendant qu’Hérode a la Parole et celui qui le lui interprète à sa disposition, les Mages n’ont qu’une étoile comme guide et qui, des fois, se cache. Obligés à enquêter, ne s’arrêtent pas de chercher. Et l’étoile revient à leur montrer le chemin et le but. À celui qui cherche le Dieu adorable, ne lui manqueront pas d’étoiles qui le conduiront jusqu’à Lui et, même, lui serviront de guide ceux qui ni croient, ni leur intéresse que le Messie soit né.
Ce n’est pas indifférent qu’« une immense allégresse » précédât la rencontre avec le petit enfant et avec Marie, sa mère : la joie dans la recherche précède la rencontre, celle-ci l’annonce immédiate. Ce n’est pas indifférent, non plus, que les dont vinssent après l’adoration : plus on donne, moins coûte offrir, quand plus adorable ressentons le Seigneur. Ce n’est pas indifférent, loin de là, qu’on trouvât Jésus près de sa mère. Pourquoi manque-t-il ici Joseph, s’il a été le protagoniste du récit antérieur ? : Jésus, que nous cherchons, n’est pas loin de Marie.
II. MÉDITER : Appliquer ce que le texte dit à la vie
Le récit de l’adoration des Mages complète la chronique de l’incarnation de Dieu, le mystère que nous sommes en train de célébrer durant ces jours-ci. La fête d’aujourd’hui n’est pas seulement, comme on pense fréquemment, une fête tendrement familiale où, selon la tradition, nous avons l’habitude de couronner les enfants comme les rois du foyer pour un jour. C’est vrai, il y aura quelques raisons par lesquelles le peuple chrétien a osé rappeler les dons que le petit Jésus reçut de mains des inconnus et faire des cadeaux aux petits enfants de la maison et aux personnes le plus familières. Mais ce que, en réalité, nous les chrétiens nous célébrons c’est la toute première manifestation de Jésus au monde païen. Ce ne sont pas les rois Mages la raison de notre fête sinon Dieu qui se révèle à celui qui le cherche. Ce ne sont pas non plus les dons qu’il mérita recevoir mais son épiphanie aux plus éloignés ce que nous célébrons : en vain se serait Dieu incarné s’il n’eut été reconnu que par ses parents ! De bien peu aurait servi que Marie et Joseph accueillissent le fils que Dieu leur avait donné, si le monde, bergers proches et éloignés Mages, n’eussent pas connu son existence ! La venue des étrangers à Bethléem, chargés de dons et de désirs de l’adorer, marque le commencement de l’accomplissement du salut : Jésus cesse d’être seulement le fils de Joseph et Marie pour devenir le Messie d’Israël et Sauveur du monde.
Malgré tout, c’est beaucoup ce que peuvent nous enseigner ces hommes qui, venus d’orient, cherchaient Jésus en suivant la route de son étoile et en demandant à tous ceux qu’ils retrouvaient en route. Leur désir de l’adorer les avait éloignés de leur patrie. Ils ne se sont contentés de savoir de son existence : découverte l’étoile, ils n’allaient pas s’arrêter jusqu’à ce qu’ils l’eussent connu. Et ils ont demandé de l’aide à celui qui savait plus qu’eux, bien qu’il n’ait pas leurs bonnes intentions. Et ils ont continué à chercher dans le ciel la lumière qui les guidât jusqu’au nouveau-né. Ils avaient trop de désir de l’adorer et les dons, qu’ils chargeaient pour l’honorer, n’étaient pas lourds à porter. Tout leur valait la peine pour arriver à contempler Dieu. Et ce qui est le plus curieux c’est que furent eux, des étrangers en Israël, les seuls intéressés à savoir où pouvait naître le roi des juifs.
Le récit évangélique n’est pas un conte enfantin, c’est la narration d’une tragédie. Il ne raconte pas ce qui s’est passé un jour, sinon qu’il décrit ce qui arrive aujourd’hui : les proches continuent engagés dans des discussions sans terme, pendant que les éloignés se pressent pour arriver jusqu’à Dieu. Les puissants conspirent pour faire disparaître celui dont on vient d’apprendre l’existence ; l’Hérode de service simule un intérêt au nouveau-né, pour mieux cacher ses projets homicides. Et aucun croyant d’Israël ne se mobilise pour aller à sa rencontre ; seulement des païens continuent leur chemin jusqu’à le trouver. Si réussir à l’adorer était la bonne aventure des Mages, se refuser à le faire fut le péché des connaisseurs, et continue à l’être. Ceux qui ne savaient rien sur Dieu ce sont eux qui se mettent en marche pour le chercher. Ceux qui connaissaient même le lieu où il devait naître, ne firent même pas un pas pour le connaître. Furent les plus éloignés les plus généreux ; et de bons païens, les meilleurs croyants : ils ne pensaient même pas à rien lui demander quand ils l’eussent rencontré, ils ne souhaitaient qu’adorer le Messie de Dieu.
Pour notre malheur, ça continue aujourd’hui à venir de loin à adorer notre Dieu, pendant que nous, qui pensons l’avoir tout près, nous nous absorbons dans des discussions sur où peut-il être, sans avoir le courage de nous lancer à sa recherche. Pour notre honte, ce sont les païens qui continuent à se charger des dons à lui offrir quand il se mettent en route pour le trouver, pendant que les croyants doivent passer un grand besoin et avoir quelque chose à lui demander pour nous mettre en chemin vers Dieu. Pour savoir où il est, nous pensons qu’il est facile tomber sur lui et ne le cherchons pas ; pour ne pas avoir le désir de l’adorer, nous perdons, comme cela arriva à Bethléem, un Dieu enfant adorable.
Nous ne pouvons pas nous excuser parce que, à différence des Mages, nous n’avons vu aucune étoile ; et ce n’est pas un bon prétexte, non plus, ne rien avoir de valeur à lui offrir ; pour se mettre à le chercher, il suffit de vouloir le connaître, avoir un désir ardant de l’honorer. Le fait c’est que Dieu put se manifester au monde, parce qu’il y eut des hommes que le cherchaient ; et ce qui est tragique c’est que Dieu fût adoré par des païens et non par des croyants, pour des étrangers venus de loin et non par des compatriotes qui n’avaient presque rien à risquer pour le trouver.
À Bethléem Dieu se montra petit enfant adorable, mais ne l’ont adoré que ceux qui s’étaient fatigués à le chercher. À quoi peut nous servir aujourd’hui nous rappeler ce jour-là, si nous ne remarquons pas le risque que nous sommes en train de courir tous les jours pour ne pas nous mettre en route, d’une fois pour toutes, vers lui. N’importe pas trop que nous ne sachions pas bien où est-ce qu’il nous attend, comme ne lui importe pas la richesse des dons que nous puissions lui présenter. Le Dieu de Bethléem, qui veut être pour nous un Dieu adorable, a laissé suffisantes étoiles dans nos vies qui nous guideront jusqu’où il nous attend et il y a toujours sur notre route trop de monde à qui en demander : ce qui est réellement important c’est si nous avons encore un désir d’adorer un Dieu que nous avons identifié à un petit enfant inoffensif.
Car, et celui-ci est un Dieu à la portée des étrangers, ce Dieu que, tombant à genoux, ont adoré les Mages, ce Dieu auquel les guida une étoile, ce Dieu qu’ils trouvèrent à Bethléem, avec Marie sa mère, n’était qu’un petit enfant. Là où se fixa l’étoile, là les attendait Dieu. Et parce qu’ils ne se sont pas scandalisés et ils ont accepté que le Messie qu’ils cherchaient était le nouveau-né qu’ils voyaient, ces païens devinrent les premiers croyants au Dieu de l’Encarnación. Car un petit enfant, le fils de Marie, fut la première manifestation de Dieu, seulement par cela, le peuple chrétien voit chez les petits enfants une image première de leur Dieu. Et à cause de cela nous célébrons l’épiphanie du Seigneur par la générosité de dons pour nos enfants ; nous ne pouvons pas oublier que Dieu voulut se cacher dans un petit enfant et qu’Il s’est révélé par la première fois comme Dieu dans le fils de Marie : la face du petit enfant, le visage de nos enfants, continue à être le plus divin, le plus proche de Dieu, que nous les croyants nous avons.
Aujourd’hui que nous célébrons que Dieu a voulu être adoré à Bethléem comme un petit enfant, nous devrions nous demander comment est-il possible que les chrétiens convertissons nos familles, nos villes, nos sociétés en des lieux inhospitalier pour les petits enfants. Un monde où les enfants gênent, sont encombrants, c’est un monde en manque de Dieu. Notre société, et nos familles, sont païennes, quand elles ne savent pas adorer Dieu dans leurs enfants. Et elles ne les adorent pas, non seulement quand elles ne leur permettent pas naître, sinon quand, nés, les abandonnent, méprisent ou malmènent. Nous nous condamnons à ne jamais nous rencontrer avec le Dieu de Jésus, si nous continuons impassibles devant le manque de défense du plus petit, si nous ne savons pas découvrir chez eux le visage adorable de notre Dieu. Nous sommes en train de devenir des païens, peut-être sans nous en rendre compte, mais non moins efficacement, parce que pour nous le petit enfant n’est plus l’être adorable, désiré. Notre monde met son avenir en danger et nous, les croyants, notre foi.

PAPE BENOÎT: UNE NOUVEAUTÉ RADICALE QUI CHANGE LE COURS DE L’HISTOIRE

3 janvier, 2013

http://www.zenit.org/article-32998?l=french

UNE NOUVEAUTÉ RADICALE QUI CHANGE LE COURS DE L’HISTOIRE

Catéchèse de Benoît XVI sur la Nativité, 2 janvier 2013

Benoît XVI
ROME, Wednesday 2 January 2013 (Zenit.org).
« Comment cet enfant petit et faible peut-il avoir apporté dans le monde une nouveauté radicale au point de changer le cours de l’histoire ? N’y a-t-il pas quelque chose de mystérieux dans son origine ? », se demande Benoît XVI en contemplant l’Enfant Jésus. Il répond : « Il est le Fils unique du Père, il vient de Dieu ».
Le pape explique ainsi que « ce qui arrive à Marie, à travers l’action de l’Esprit divin, est une nouvelle création ».
Dans sa première audience générale de l’année, ce mercredi 2 janvier, le pape a repris ses catéchèses sur le thème de la foi en méditant le mystère de l’origine de Jésus, devant les milliers de visiteurs rassemblés dans la salle Paul VI du Vatican.
Catéchèse de Benoît XVI en italien :

Chers frères et sœurs,
La Nativité du Seigneur éclaire encore une fois de sa lumière les ténèbres qui enveloppent souvent notre monde et notre cœur, et apporte l’espérance et la joie. D’où vient cette lumière ? De la grotte de Bethléem, où les pasteurs trouvèrent « Marie et Joseph et le nouveau-né couché dans la crèche » (Lc 2, 16). Devant cette Sainte Famille surgit une autre question, plus profonde : comment cet enfant petit et faible peut-il avoir apporté dans le monde une nouveauté radicale au point de changer le cours de l’histoire ? N’y a-t-il pas quelque chose de mystérieux dans son origine, qui va au-delà de cette grotte ?
La question sur l’origine de Jésus émerge toujours à nouveau, c’est celle que le procurateur Ponce Pilate pose pendant le procès : « D’où es-tu ? » (Jn 19, 9). Pourtant son origine est bien claire. Dans l’évangile de Jean, quand le Seigneur affirme : « Je suis le pain descendu du ciel », les juifs réagissent en murmurant : « Celui-là n’est-il pas Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? Comment peut-il dire maintenant : Je suis descendu du ciel ? » (Jn 6, 42). Et un peu plus tard, les citoyens de Jérusalem s’opposent violemment devant la prétendue messianité de Jésus en affirmant que l’on sait bien « d’où il est ; tandis que le Christ, à sa venue, personne ne saura d’où il est. » (Jn 7, 27). Jésus lui-même fait remarquer combien leur prétention de connaître son origine est inadéquate, offrant ainsi une orientation pour savoir d’où il vient : « ce n’est pas de moi-même que je suis venu, mais il m’envoie vraiment, celui qui m’a envoyé. Vous, vous ne le connaissez pas » (Jn 7, 28). Certes, Jésus est originaire de Nazareth, il est né à Bethléem, mais que sait-on de sa véritable origine ?
Dans les quatre évangiles, la réponse à la question « d’où » vient Jésus émerge clairement : sa véritable origine est le Père, Dieu ; il provient totalement de lui, mais différemment de n’importe quel prophète ou envoyé de Dieu qui l’a précédé. Cette origine du mystère de Dieu, « que personne ne connaît », est déjà contenue dans les récits de l’enfance des évangiles de Matthieu et de Luc, que nous lisons pendant le temps de Noël. L’ange Gabriel annonce : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu » (Lc 1, 35). Nous redisons ces paroles chaque fois que nous récitons le Credo, la profession de foi : « et incarnatus est de Spiritu Sancto, ex Maria Virgine », « par l’Esprit-Saint il a pris chair de la Vierge Marie ». A cette phrase, nous nous agenouillons parce que le voile qui cachait Dieu est, si l’on peut dire, enlevé et son mystère insondable et inaccessible nous touche : Dieu devient l’Emmanuel, « Dieu avec nous ». Lorsque nous écoutons les messes composées par de grands maîtres de la musique sacrée, je pense par exemple à la Messe du Couronnement de Mozart, nous remarquons aussitôt que l’on s’arrête de manière particulière sur cette phrase, presque pour exprimer par le langage universel de la musique ce que les paroles ne peuvent pas manifester : le grand mystère de Dieu qui s’incarne, qui se fait homme.
Si nous considérons attentivement l’expression « par l’Esprit-Saint, il est né de la Vierge Marie », nous voyons qu’elle inclut quatre sujets agissants. De manière explicite, sont mentionnés l’Esprit-Saint et Marie, mais « il » est sous-entendu, c’est-à-dire le Fils qui a pris chair dans le sein de la Vierge. Dans la profession de foi, le Credo, Jésus est défini à travers des dénominations diverses : « Seigneur, … Christ, Fils unique de Dieu… Dieu né de Dieu, Lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu… de même nature que le Père » (Credo de Nicée-Constantinople). Nous voyons alors que « il » renvoie à une autre personne, celle du Père. Le premier sujet de cette phrase est donc le Père qui, avec le Fils et l’Esprit-Saint, est le Dieu unique.
Cette affirmation du Credo ne concerne pas l’être éternel de Dieu, mais nous parle plutôt d’une action à laquelle prennent part les trois personnes divines et qui se réalise « ex Maria Virgine ». Sans elle, l’entrée de Dieu dans l’histoire de l’humanité n’aurait pas atteint son but et ce qui est central dans notre profession de foi n’aurait pas eu lieu : Dieu est un Dieu avec nous. Ainsi Marie appartient de manière indispensable à notre foi dans le Dieu qui agit, qui entre dans l’histoire. Elle met à disposition toute sa personne, elle « accepte » de devenir le lieu de l’habitation de Dieu.
Parfois, même dans notre cheminement et dans notre vie de foi, nous pouvons ressentir notre pauvreté, notre inadéquation devant le témoignage à offrir au monde. Mais Dieu a justement choisi une humble femme, dans un village inconnu, dans une des provinces les plus reculées du grand empire romain. Toujours, même au milieu des difficultés les plus ardues à affronter, nous devons avoir confiance en Dieu, renouvelant notre foi dans sa présence et son action dans notre histoire, comme dans celle de Marie. Rien n’est impossible à Dieu ! Avec lui, notre existence avance toujours sur un terrain sûr et elle est ouverte à un avenir rempli d’une ferme espérance.
En professant le Credo, « par l’Esprit-Saint il a pris chair de la Vierge Marie », nous affirmons que l’Esprit-Saint, comme force du Dieu très-haut, a opéré de façon mystérieuse dans la Vierge Marie la conception du Fils de Dieu. L’évangéliste Luc rapporte les paroles de l’archange Gabriel : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre » (1, 35). Deux rappels sont évidents : le premier est le moment de la création. Au début du Livre de la Genèse nous lisons que « un vent de Dieu tournoyait sur les eaux » (1, 2) ; c’est l’Esprit créateur qui a donné vie à toutes choses et à l’être humain.
Ce qui arrive à Marie, à travers l’action du même Esprit divin, est une nouvelle création : Dieu, qui a appelé l’être à partir du néant, donne vie, par l’incarnation, à un nouveau commencement de l’humanité. Les Pères de l’Eglise parlent souvent du Christ comme du nouvel Adam, pour souligner le commencement de la nouvelle création à partir de la naissance du Fils de Dieu dans le sein de la Vierge Marie. Cela nous fait réfléchir sur la manière dont, en nous aussi, la foi apporte une nouveauté si forte qu’elle produit une seconde naissance. En effet, au commencement de notre vie chrétienne, il y a le baptême qui nous fait renaître comme enfants de Dieu, nous fait participer à la relation filiale de Jésus avec son Père.
Et je voudrais faire remarquer que le baptême se reçoit, nous « sommes baptisés » –  c’est un passif – parce que personne n’est capable de devenir par soi-même enfant de Dieu : c’est un don qui est conféré gratuitement. Saint Paul rappelle que les chrétiens sont enfants adoptifs dans un passage central de sa Lettre aux Romains, où il écrit : « tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu.Aussi bien n’avez-vous pas reçu un esprit d’esclaves pour retomber dans la crainte ; vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier : Abba ! Père !L’Esprit en personne se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfants de Dieu » (8, 14-16), et non des esclaves. C’est seulement si nous nous ouvrons à l’action de Dieu, comme Marie, seulement si nous confions notre vie au Seigneur comme à un ami en qui nous avons totalement confiance, que tout change, notre vie acquiert un nouveau sens et un nouveau visage : celui des enfants d’un Père qui nous aime et ne nous abandonne jamais.
Nous avons parlé de deux éléments : le premier élément est l’Esprit au-dessus des eaux, l’Esprit créateur ; il y a un autre élément dans les paroles de l’Annonciation.
L’ange dit à Marie : « La puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre ». C’est un rappel de la nuée sainte qui, pendant le chemin de l’Exode, s’arrêtait au-dessus de la tente du rendez-vous, au-dessus de l’arche d’alliance, que le peuple d’Israël portait avec lui, et qui indiquait la présence de Dieu (cf. Ex 40, 34-38). Marie est donc la nouvelle tente sacrée, la nouvelle arche d’alliance : par son « oui » aux paroles de l’archange, Dieu reçoit une demeure en ce monde, celui que l’univers ne peut contenir prend sa demeure dans le sein d’une vierge.
Nous voici revenus à la question d’où nous sommes partis, celle sur l’origine de Jésus, synthétisée dans la question de Pilate : « D’où es-tu ? ».
Nos réflexions font apparaître clairement, dès le début des évangiles, quelle est la véritable origine de Jésus : il est le Fils unique du Père, il vient de Dieu. Nous sommes face au grand mystère, bouleversant, que nous célébrons en ce temps de Noël : le Fils de Dieu, par l’action de l’Esprit-Saint, a pris chair dans le sein de la Vierge Marie. C’est une annonce qui résonne, toujours nouvelle, et qui porte en elle espérance et joie pour notre cœur, parce qu’elle nous donne à chaque fois la certitude que, même si nous nous sentons souvent  faibles, pauvres, incapables devant les difficultés et le mal qui est dans le monde, la puissance de Dieu agit toujours et opère des merveilles précisément dans la faiblesse. Sa grâce est notre force (cf. Co 12, 9-10). Merci.

Traduction de ZENIT, Hélène Ginabat

St. Gregory of Nyssa & the Cappadocians : Gregorio Nisseno, Basilio e Gregorio Nazianzeno

2 janvier, 2013

St. Gregory of Nyssa & the Cappadocians  : Gregorio Nisseno, Basilio e  Gregorio Nazianzeno dans images sacrée capadocios

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