SOLENNITÉ DE LA PRÉSENTATION DU SEIGNEUR AU TEMPLE – HOMÉLIE

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HOMÉLIE DU FRÈRE PHILIPPE-MARIE

LE 2 FÉVRIER 2007

SOLENNITÉ DE LA PRÉSENTATION DU SEIGNEUR AU TEMPLE

En communauté, nous lisons en ce moment au réfectoire un livre sur la vie du professeur Jérôme Lejeune. Ce grand généticien a su admirablement expliquer comment dès le premier instant de sa vie le petit d’homme est totalement contenu dans la première cellule. Il me semble que l’on peut en dire autant du mystère de la vie et de la mission de Jésus en cet événement de sa Présentation au Temple par Marie et Joseph tel que nous le rapporte l’évangéliste Saint Luc. La page d’Évangile que nous venons d’entendre, renferme en germe tous les mystères joyeux, lumineux, douloureux et glorieux de la vie de Jésus mais aussi de la vie de l’Église, car l’Église est le corps du Christ en continuelle formation. Saint Luc a voulu souligner que cet événement de la Présentation de Jésus au Temple était chargé d’une signification fondamentale : c’est dans une perspective de Rédemption qu’il convient de lire et d’interpréter ce passage de l’Évangile.
En effet, ce récit est construit sous la forme de ce que l’on appelle une inclusion : il commence et se termine par une même mention de la Rédemption. Marie et Joseph viennent consacrer l’enfant au Seigneur et offrir en sacrifice un couple de tourterelles. Cette consécration au Seigneur du premier-né mâle renvoie à l’événement rédempteur fondamental d’Israël, fondateur : la libération d’esclavage d’Égypte. Dieu a su faire la différence entre les premiers-nés des Égyptiens et les premiers-nés des Hébreux. Tout garçon premier-né des juifs doit désormais être mis à part, consacré au Seigneur et racheté de la mort par l’offrande sacrificielle d’un couple de tourterelles ou deux petites colombes. Ce commandement, ce précepte est le deuxième plus grand commandement que doit pratiquer tout Fils d’Israël. Le premier, c’est la prière du « Shema Israël », écoute Israël qui célèbre ml’amour du Dieu unique, du Dieu créateur, le Créateur de tout. E le deuxième précepte, qui concerne la consécration du Fils premier-né, expression de l’amour envers le Dieu rédempteur, le Dieu sauveur ; Israël, le peuple de la mémoire, doit faire mémoire de ces deux événements, la Création et la Rédemption de l’Esclavage d’Égypte. Dans les deux cas, dans ces deux préceptes, il est dit : « ce sera pour toi un signe sur ta main, un bandeau sur ton front. » Nous avons tous vu ces photos de juifs qui disent cette prière de « Shema Israël » avec précisément sur le front, sur le bras un passage de la loi attaché avec des phylactères.
En présentant Jésus au temple, Marie et Joseph font cet acte de mémoire, ils font mémoire de la Rédemption. C’était le début de l’Évangile.
Et le récit de Saint Luc s’achève par une deuxième annonce de la Rédemption à propos de la prophétesse Anne qui parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la Rédemption de Jérusalem. Comme lorsqu’on fait mémoire d’une intervention de Dieu dans l’histoire de son peuple, cette intervention s’accomplit pour ceux qui font cet acte de mémoire ; la Rédemption vécue par les Pères délivrés de l’Égypte s’accomplit, s’achève dans cette démarche que sont en train de faire Marie et Joseph. Et c’est ce que comprend le vieillard Syméon éclairé par l’Esprit Saint. Comme Myriam autrefois, après le passage de la mer Rouge à pieds secs, Syméon chante le salut qu’il voit de ses yeux. Il chante ce mystère de joie qu’est le salut en train de s’accomplir dans ce petit enfant. Il chante ce mystère de lumière destiné non seulement à Israël mais aussi aux nations païennes, à tous les hommes. Il chante ce mystère glorieux, car c’est la gloire d’Israël de porter dans son sein le Rédempteur du monde, le rédempteur de l’homme. Mais il annonce aussi que la rédemption cachée dans cet enfant sera encore un mystère de douleur et que la Vierge Marie sera associée d’une manière unique à ce mystère de douleur : « Vois, ton fils qui est là provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division, et toi même, ton cœur sera transpercé par une épée. »
C’est la première annonce de l’aspect douloureux de la Rédemption, dans l’Évangile. Il y en aura trois autres, faites par Jésus cette fois. Il est intéressant de remarquer comment ces annonces sont reçues en chacune de ces occasions. C’est aux apôtres que Jésus annonce à trois reprises sa Passion, sa mort et sa résurrection. À la première annonce, Pierre refuse cette perspective. À la deuxième annonce, les douze discutent entre eux pour savoir qui était le plus grand. À la troisième annonce, les fils de Zébédée viennent demander les première places dans le royaume. Marie reçoit cette annonce bien différemment ;: elle ne refuse pas, elle ne discute pas, elle ne recherche pas la première place. Marie accueille en silence. Mère Marie de la Croix notre fondatrice nous parle souvent du silence adorant de Marie. Un tel mystère de douleur échappe aux limites de notre compréhension humaine : Marie ne discute pas, elle sait que la sagesse de Dieu excédera toujours sa propre compréhension des choses. Alors, elle adore, elle entre dans un silence adorant, elle adhère, elle consent, elle se livre à ce mystère. En ce jour de révélation, elle forge son cœur pour être la femme forte aux côtés de l’homme fort, l’homme des douleurs, le jour venu. Marie s’abandonne au dessein divin. Elle sait que c’est Dieu qui conduit toutes choses. Elle se contente de faire ce qu’elle doit.
« Lorsqu’ils eurent accomplis tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée dans leur ville de Nazareth. » Marie redescend à Nazareth ; c’est dans l’humble quotidien, dans la fidélité au devoir d’État qu’elle se préparer à sa mission de Mère du Rédempteur, de Corédemptirce. L’Église est le corps mystique du Christ. La mission rédemptrice du Christ se continue dans l’Église à travers des mystères de joie, de lumière, de gloire, mais aussi de douleur. Le mystère rédempteur de Jésus, c’est aussi notre mystère. Apprenons de Marie l’attitude juste par laquelle nous pourrons pleinement collaborer à la Rédemption, à la délivrance, Amen.

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