Archive pour le 24 janvier, 2013
PAUL LE CONVERTI. APÔTRE OU APOSTAT. UN UNIVERSITAIRE DE CONFESSION JUIVE S’INTÉRESSE À SAINT PAUL
24 janvier, 2013http://www.esprit-et-vie.com/breve.php3?id_breve=256
ESPRIT & VIE – REVUE CATHOLIQUE DE FORMATION PERMANENTE
PAUL BONY
PAUL LE CONVERTI. APÔTRE OU APOSTAT. UN UNIVERSITAIRE DE CONFESSION JUIVE S’INTÉRESSE À SAINT PAUL
Exceptionnellement, dans ce numéro et dans le prochain, nous publierons les analyses de deux livres importants dans notre rubrique Études bibliques. Nous débutons par le livre d’Alan Segal, Paul le converti. Apôtre ou apostat [1].
« Les chercheurs juifs contemporains, qui pourraient apporter aux chrétiens un éclairage nouveau sur Paul, lisent rarement ses écrits et presque jamais en tant qu’expérience religieuse ayant une valeur ; ils voient en lui un apostat. Ce jugement a une certaine raison d’être […] mais le terme « apostat » doit être discuté et nuancé avec soin » (p. 13). Ainsi s’exprime Alan Segal dans l’introduction de son ouvrage sur Paul, qui se signale à la fois par le sérieux de la recherche exégétique et par l’attitude d’ouverture d’un universitaire de confession juive. À son point de vue, la connaissance de Paul est précieuse pour l’histoire du christianisme mais aussi pour l’histoire juive : il est « l’un des deux seuls pharisiens à nous avoir laissé des écrits personnels » (voir Ph 3, 5 [2]). « En tant qu’unique juif du ier siècle à avoir rendu compte de son expérience mystique sous forme de confessions (2 Co 12, 1-10), il devrait être traité comme une source majeure pour l’étude du judaïsme à l’époque » (p. 7). Naturellement A. Segal ne peut adopter la foi chrétienne de Paul. Mais il se garde bien de minimiser la valeur de son expérience religieuse.
Il est donc fort intéressant de parcourir cette présentation de Paul en trois parties : Paul le juif, Paul le converti, Paul l’apôtre. L’exposé est nourri d’informations historiques sur les courants du judaïsme du ier siècle, il est bien au fait des études pauliniennes exégétiques les plus récentes, il exploite aussi les recherches contemporaines des sciences humaines sur la « conversion ». Nous en rendrons compte en identifiant cinq clés de lecture que propose notre auteur de manière constante à travers les trois parties de son ouvrage, et nous exprimerons brièvement notre point de vue au fur et à mesure.
1. Le langage de « conversion »
Conversion ?
C’est un terme auquel A. Segal tient beaucoup. D’autres chercheurs préfèrent parler de vocation prophétique. Ils mettent l’accent sur l’appel à l’apostolat. Et il est bien vrai que Paul n’emploie jamais à son sujet le terme de « conversion », comme il le fait quand il s’agit de désigner le mouvement des païens qui se convertissent au Dieu vivant et vrai en se détournant des idoles et de l’immoralité (1 Th 1, 9-10). Pourtant A. Segal estime légitime d’employer ce terme de « conversion » emprunté aux sciences sociales, pour caractériser le passage que fit Paul de son appartenance à la mouvance pharisienne à l’engagement dans une communauté judéo-chrétienne et, rapidement, à une communauté chrétienne de « Gentils », où les judéo-chrétiens étaient de plus en plus minoritaires, sinon même absents.
Qu’il s’agisse d’un processus subit ou d’un processus graduel, la « conversion », comme changement d’appartenance communautaire entraîne une réévaluation radicale de l’existence antérieure, il provoque aussi un engagement de prosélytisme intense pour communiquer, et, de ce fait, affermir chez le sujet lui-même, le bien-fondé de son adhésion. Les disciples galiléens de Jésus n’avaient pas fait l’expérience d’une conversion en ce sens ; mais Paul, oui. « Paul fut à la fois converti et appelé » (p. 21). Il faut parler de conversion parce qu’il y eut dans la vie de Paul un changement radical. Du point de vue de la mission, Paul est un militant engagé, mais quant à l’expérience religieuse, il est un converti » (p. 22). La confusion naît ici de ce que les anciens comme les modernes se servent du terme de « converti ». Mais il impliquait chez les juifs une notion de repentance que Paul ne juge pas appropriée à son cas. Ces réserves faites, je maintiens que Paul est et reste un converti au sens moderne du terme » (p. 42). L’indice le plus décisif que les sciences humaines donnent d’un processus de conversion est la « reconstruction biographique » (p. 50). Or, cette réécriture de son passé de juif pharisien, à la lumière de sa foi nouvelle, est particulièrement caractéristique de Paul (Ga 1 ; 1 Co 15 ; Ph 3).
Transformation
Paul utilise parfois un terme qui se rapproche de ce que les modernes mettent sous la conversion : la transformation, la métamorphose, le passage d’un état à un autre (Rm 12, 2). « Paul laisse entendre que la métamorphose est ce à quoi chaque croyant est promis à la fin des temps. Pour comprendre ce que Paul entend par conversion, il faut voir en lui l’un des tout premiers adeptes de la mystique apocalyptique de la métamorphose divine » (p. 43). Autrement dit, ce que Paul dit avoir expérimenté est une « transformation du moi », certes encore inachevée, mais déjà initiée ; elle n’est pas réservée à Paul, mais proposée à tous ceux qui seront comme lui des « convertis » à l’existence en Christ Jésus (2 Co 3, 15-18).
« Jamais nous ne connaîtrons l’expérience de Paul. Mais nous pouvons voir comment il la reconstruit. Rétrospectivement, Paul interprète sa première expérience de chrétien comme une conversion (extatique). Nous ne discuterons pas son opinion personnelle. La démonstration la plus limpide de la conversion de Paul consiste tout simplement à comparer celui-ci avec d’autres chrétiens qui, comme lui, venaient du judaïsme, mais dont l’entrée en christianisme ne modifia en rien leurs dispositions envers la Torah (voir Ac 15, 5), et qui en cela s’opposèrent à Paul. Il était possible de passer du judaïsme pharisaïque au christianisme sans une expérience de conversion comparable à celle de Paul. Il y a des chrétiens dont la foi dans le Christ ne fit que parachever leur croyance antérieure dans le judaïsme. Mais Paul n’est pas l’un de ces juifs. Il n’est en aucun cas le pharisien dont la foi dans le Christ confirme le judaïsme ; bien plutôt, sa conversion a sensiblement transformé sa conception du christianisme. Elle l’a amené à réévaluer la foi de ses ancêtres, et a ainsi créé chez lui une nouvelle compréhension de la mission de Jésus » (p. 111).
Inscription sociale
A. Segal pense que la conversion de Paul ne dut pas être aussi soudaine que Luc le dit en vue de faire de cette conversion un exemple de la puissance de l’Esprit, et cela, pour l’édification de ses lecteurs. Les sciences humaines relèvent l’influence de la communauté d’adhésion sur la manière de retranscrire l’événement de la conversion. Il doit en aller de même pour Paul. « Les déclarations de Paul concernant son passé sont donc très largement influencées par ses engagements présents. » « Paul est l’exemple du converti actif, qui reconstruit son univers. Mais plus important encore est l’effet qu’exerce l’environnement social de Paul » (p. 53).
On ne chicanera pas sur le métalangage de « conversion ». On s’accordera avec A. Segal sur le fait d’un changement radical survenu dans le cours de l’existence de Paul pharisien, comme lui-même l’atteste ; il ne s’agit ni de conversion morale, ni de « changement de religion », mais d’un déplacement du centre de toute une existence. On doit admettre aussi que l’expérience apostolique de Paul dans la mission parmi les Nations a coloré la manière dont il a rendu compte, vingt ans après, de l’événement de Damas. Mais on ne peut négliger l’insistance que Paul met sur la révélation personnelle qui lui a été faite et qui lui a donné une intelligence tout à fait originale de l’Évangile, quitte à ce que celle-ci se précise et se renforce au cours de son ministère apostolique comme au contact des autres courants du christianisme primitif.
[1] Alan A. Segal, Paul le converti. Apôtre ou apostat, Traduit de l’anglais par Anne Paumier, Patrice Ghirardi et Jean-François Séné, Paris, Éd. Bayard, 2003. Le titre original n’est pas indiqué. Le voici : Paul the Convert : the Apostolate and Apostasy of Saul the Pharisee, Yale, University Press, 1990. Le titre de la traduction française ne comporte curieusement pas le point d’interrogation que supposerait sa phraséologie.
[2] L’autre auteur juif est Flavius Josèphe, et encore celui-ci n’est-il pas vraiment pharisien.
Pape Benoît: La conversion de Paul – (25 janvier)
24 janvier, 2013BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 3 septembre 2008
La conversion de Paul – (25 janvier)
Chers frères et sœurs,
La catéchèse d’aujourd’hui sera consacrée à l’expérience que saint Paul fit sur le chemin de Damas et donc sur ce que l’on appelle communément sa conversion. C’est précisément sur le chemin de Damas, au début des années 30 du i siècle, et après une période où il avait persécuté l’Eglise, qu’eut lieu le moment décisif de la vie de Paul. On a beaucoup écrit à son propos et naturellement de différents points de vue. Il est certain qu’un tournant eut lieu là, et même un renversement de perspective. Alors, de manière inattendue, il commença à considérer « perte » et « balayures » tout ce qui auparavant constituait pour lui l’idéal le plus élevé, presque la raison d’être de son existence (cf. Ph 3, 7-8). Que s’était-il passé?
Nous avons à ce propos deux types de sources. Le premier type, le plus connu, est constitué par des récits dus à la plume de Luc, qui à trois reprises raconte l’événement dans les Actes des Apôtres (cf. 9, 1-19; 22, 3-21; 26, 4-23). Le lecteur moyen est peut-être tenté de trop s’arrêter sur certains détails, comme la lumière du ciel, la chute à terre, la voix qui appelle, la nouvelle condition de cécité, la guérison comme si des écailles lui étaient tombées des yeux et le jeûne. Mais tous ces détails se réfèrent au centre de l’événement: le Christ ressuscité apparaît comme une lumière splendide et parle à Saul, il transforme sa pensée et sa vie elle-même. La splendeur du Ressuscité le rend aveugle: il apparaît ainsi extérieurement ce qui était sa réalité intérieure, sa cécité à l’égard de la vérité, de la lumière qu’est le Christ. Et ensuite son « oui » définitif au Christ dans le baptême ouvre à nouveau ses yeux, le fait réellement voir.
Dans l’Eglise antique le baptême était également appelé « illumination », car ce sacrement donne la lumière, fait voir réellement. Ce qui est ainsi indiqué théologiquement, se réalise également physiquement chez Paul: guéri de sa cécité intérieure, il voit bien. Saint Paul a donc été transformé, non par une pensée, mais par un événement, par la présence irrésistible du Ressuscité, de laquelle il ne pourra jamais douter par la suite tant l’évidence de l’événement, de cette rencontre, avait été forte. Elle changea fondamentalement la vie de Paul; en ce sens on peut et on doit parler d’une conversion. Cette rencontre est le centre du récit de saint Luc, qui a sans doute utilisé un récit qui est probablement né dans la communauté de Damas. La couleur locale donnée par la présence d’Ananie et par les noms des rues, ainsi que du propriétaire de la maison dans laquelle Paul séjourna (cf. Ac 9, 11) le laisse penser.
Le deuxième type de sources sur la conversion est constitué par les Lettres de saint Paul lui-même. Il n’a jamais parlé en détail de cet événement, je pense que c’est parce qu’il pouvait supposer que tous connaissaient l’essentiel de cette histoire, que tous savaient que de persécuteur il avait été transformé en apôtre fervent du Christ. Et cela avait eu lieu non à la suite d’une réflexion personnelle, mais d’un événement fort, d’une rencontre avec le Ressuscité. Bien que ne mentionnant pas de détails, il mentionne plusieurs fois ce fait très important, c’est-à-dire que lui aussi est témoin de la résurrection de Jésus, de laquelle il a reçu directement de Jésus lui-même la révélation, avec la mission d’apôtre. Le texte le plus clair sur ce point se trouve dans son récit sur ce qui constitue le centre de l’histoire du salut: la mort et la résurrection de Jésus et les apparitions aux témoins (cf. 1 Co 15). Avec les paroles de la très ancienne tradition, que lui aussi a reçues de l’Eglise de Jérusalem, il dit que Jésus mort crucifié, enseveli, ressuscité, apparut, après la résurrection, tous d’abord à Céphas, c’est-à-dire à Pierre, puis aux Douze, puis à cinq cents frères qui vivaient encore en grande partie à cette époque, puis à Jacques, puis à tous les Apôtres. Et à ce récit reçu de la tradition, il ajoute: « Et en tout dernier lieu, il est même apparu à l’avorton que je suis » (1 Co 15, 8). Il fait ainsi comprendre que cela est le fondement de son apostolat et de sa nouvelle vie. Il existe également d’autres textes dans lesquels la même chose apparaît: « Nous avons reçu par lui [Jésus] grâce et mission d’Apôtre » (cf. Rm 1, 5); et encore: « N’ai-je pas vu Jésus notre Seigneur? » (1 Co 9, 1), des paroles avec lesquelles il fait allusion à une chose que tous savent. Et finalement le texte le plus diffusé peut être trouvé dans Ga 1, 15-17: « Mais Dieu m’avait mis à part dès le sein de ma mère, dans sa grâce il m’avait appelé, et, un jour, il a trouvé bon de mettre en moi la révélation de son Fils, pour que moi, je l’annonce parmi les nations païennes. Aussitôt, sans prendre l’avis de personne, sans même monter à Jérusalem pour y rencontrer ceux qui étaient les Apôtres avant moi, je suis parti pour l’Arabie; de là, je suis revenu à Damas ». Dans cette « auto-apologie » il souligne de manière décidée qu’il est lui aussi un véritable témoin du Ressuscité, qu’il a une mission reçue directement du Ressuscité.
Nous pouvons ainsi voir que les deux sources, les Actes des Apôtres et les Lettres de saint Paul, convergent et s’accordent sur un point fondamental: le Ressuscité a parlé à Paul, il l’a appelé à l’apostolat, il a fait de lui un véritable apôtre, témoin de la résurrection, avec la charge spécifique d’annoncer l’Evangile aux païens, au monde gréco-romain. Et dans le même temps, Paul a appris que, malgré le caractère direct de sa relation avec le Ressuscité, il doit entrer dans la communion de l’Eglise, il doit se faire baptiser, il doit vivre en harmonie avec les autres apôtres. Ce n’est que dans cette communion avec tous qu’il pourra être un véritable apôtre, ainsi qu’il l’écrit explicitement dans la première Epître aux Corinthiens: « Eux ou moi, voilà ce que nous prêchons. Et voilà ce que vous avez cru » (15, 11). Il n’y a qu’une seule annonce du Ressuscité car le Christ est un.
Comme on peut le voir, dans tous ces passages Paul n’interprète jamais ce moment comme un fait de conversion. Pourquoi? Il y a beaucoup d’hypothèses, mais selon moi le motif était tout à fait évident. Ce tournant dans sa vie, cette transformation de tout son être ne fut pas le fruit d’un processus psychologique, d’une maturation ou d’une évolution intellectuelle et morale, mais il vint de l’extérieur: ce ne fut pas le fruit de sa pensée, mais de la rencontre avec Jésus Christ. En ce sens, ce ne fut pas simplement une conversion, une maturation de son « moi », mais ce fut une mort et une résurrection pour lui-même: il mourut à sa vie et naquit à une autre vie nouvelle avec le Christ ressuscité. D’aucune autre manière on ne peut expliquer ce renouveau de Paul. Toutes les analyses psychologiques ne peuvent pas éclairer et résoudre le problème. Seul l’événement, la rencontre forte avec le Christ, est la clé pour comprendre ce qui était arrivé; mort et résurrection, renouveau de la part de Celui qui s’était montré et avait parlé avec lui. En ce sens plus profond, nous pouvons et nous devons parler de conversion. Cette rencontre est un réel renouveau qui a changé tous ses paramètres. Maintenant il peut dire que ce qui auparavant était pour lui essentiel et fondamental, est devenu pour lui « balayures »; ce n’est plus un « gain », mais une perte, parce que désormais seul compte la vie dans le Christ.
Nous ne devons toutefois pas penser que Paul ait été ainsi enfermé dans un événement aveugle. Le contraire est vrai, parce que le Christ ressuscité est la lumière de la vérité, la lumière de Dieu lui-même. Cela a élargi son cœur, l’a ouvert à tous. En cet instant il n’a pas perdu ce qu’il y avait de bon et de vrai dans sa vie, dans son héritage, mais il a compris de manière nouvelle la sagesse, la vérité, la profondeur de la loi et des prophètes, il se l’est réapproprié de manière nouvelle. Dans le même temps, sa raison s’est ouverte à la sagesse des païens; s’étant ouvert au Christ de tout son cœur, il est devenu capable d’un large dialogue avec tous, il est devenu capable de se faire tout pour tous. C’est ainsi qu’il pouvait réellement devenir l’apôtre des païens.
Si l’on en revient à présent à nous-mêmes, nous nous demandons: qu’est-ce que tout cela veut dire pour nous? Cela veut dire que pour nous aussi le christianisme n’est pas une nouvelle philosophie ou une nouvelle morale. Nous ne sommes chrétiens que si nous rencontrons le Christ. Assurément, il ne se montre pas à nous de manière irrésistible, lumineuse, comme il l’a fait avec Paul pour en faire l’apôtre de toutes les nations. Mais nous aussi nous pouvons rencontrer le Christ, dans la lecture de l’Ecriture Sainte, dans la prière, dans la vie liturgique de l’Eglise. Nous pouvons toucher le cœur du Christ et sentir qu’il touche le nôtre. C’est seulement dans cette relation personnelle avec le Christ, seulement dans cette rencontre avec le Ressuscité que nous devenons réellement chrétiens. Et ainsi s’ouvre notre raison, s’ouvre toute la sagesse du Christ et toute la richesse de la vérité. Prions donc le Seigneur de nous éclairer, de nous offrir dans notre monde de rencontrer sa présence: et qu’ainsi il nous donne une foi vivace, un cœur ouvert, une grande charité pour tous, capable de renouveler le monde.
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Je suis heureux de vous accueillir chers pèlerins francophones. A l’exemple de saint Paul laissez-vous saisir par le Christ. C’est en lui que se trouve le sens ultime de votre vie. Vous aussi, soyez des témoins ardents du Sauveur des hommes, parmi vos frères et vos sœurs. Que Dieu vous bénisse !