Archive pour le 21 janvier, 2013

The blessed Virgin

21 janvier, 2013

The blessed Virgin dans images sacrée Holy+Mary+Mother+of+God

http://therosarylady.blogspot.it/2012/12/virgin-day-day-one.html

 

TRAVAILLER SOUS LE SOLEIl (Qohélet)

21 janvier, 2013

http://www.bible-service.net/site/211.html

TRAVAILLER SOUS LE SOLEIl

Qohélet, désabusé, dit qu’il y a un temps pour tout, qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil et qu’il faut donc jouir de la vie.

Il n’est jamais cité dans les évangiles. Cependant une parabole de Jésus rapportée par St Luc semble prendre à rebours son enseignement.

MANGER, BOIRE ET APRÈS ? 

L’évangile de Luc accorde une grande place aux choses de la vie comme l’argent, les récoltes, les repas. S’y vérifient concrètement les valeurs auxquelles nous sommes attachés :
Jésus dit une parabole à ses disciples : « Il y avait un homme riche dont la terre avait bien rapporté. Et il se demandait : ‘Que vais-je faire ? car je n’ai pas où rassembler ma récolte.’ Puis il se dit : ‘Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en bâtirai de plus grands et j’y rassemblerai tout mon blé et mes biens.’ Et je me dirai à moi-même : ‘Te voilà avec quantité de biens en réserve pour de longues années ; repose-toi, mange, bois, fais bombance.’ Mais Dieu lui dit : ‘Insensé, cette nuit même on te redemande ta vie, et ce que tu as préparé, qui donc l’aura ?’ […] Voilà pourquoi je vous dis : ‘Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. […] Ne cherchez pas ce que vous mangerez ni ce que vous boirez, et ne vous tourmentez pas. Tout cela, les païens de ce monde le recherchent sans répit, mais vous, votre Père sait que vous en avez besoin. Cherchez plutôt son Royaume, et cela vous sera donné par surcroît. » (Luc 12, 16…31)
Jésus avertit ses disciples : cet homme riche qui travaille et décide de jouir des plaisirs de la table a fait un choix insensé. On pourrait lui répliquer que cela rejoint pourtant les conseils de Qohélet :  » Tout homme qui mange et boit et goûte au bonheur en tout son travail, cela, c’est un don de Dieu… » (Qo 3,13). Cette contradiction entre l’Ancien et le Nouveau Testament est d’autant plus étonnante que, par ailleurs, il n’est pas trop difficile de rapprocher Jésus et Qohélet.

LA FIN DES ILLUSIONS
Entre Qohélet et Jésus, il y a des rapprochements de style d’abord et d’attitude ensuite. Concernant le style, paradoxes, énigmes, images, formules-choc ponctuent leurs discours habituels. L’un dit : « un chien vivant vaut mieux qu’un lion mort » et l’autre : « soyez rusés comme des serpents et candides comme des colombes ». Les béatitudes (quelles que soient les différences entre les textes de Matthieu 5 et de Luc 6) sont tout autant rythmées et musicales – mais d’une autre musique – que le couplet de Qohélet sur le temps. Concernant l’attitude devant la vie, Jésus et Qohélet partagent un même réalisme. Tous deux regardent les choses en face et font tomber les illusions : rien n’échappe à la mort et les calculs du riche cultivateur ne lui ont pas donné un jour de plus à vivre. Commentaire de Jésus rapporté par Luc : « Qui d’entre vous peut par son inquiétude prolonger tant soit peu son existence ? » (Luc 12,25)
Quelle est l’erreur de ce cultivateur ? De travailler, de s’être donné du mal, de vouloir prendre du bon temps ? Non. Alors ? Risquons une hypothèse : il n’a pas vu que ses efforts s’inscrivent dans des limites repérées par des gens comme Qohélet. Il plante, il arrache (plus précisément, il récolte), il démolit, il bâtit et mais il oublie le temps de mourir. Et tous ses efforts n’ont qu’un but : son ventre. Tout s’y engloutit ! Dans son réalisme, Qohélet, lui, voit beaucoup plus large : avant le temps de mourir, il y a celui d’enfanter. Ici, pas d’épouse, pas d’enfants, pas d’héritiers, personne avec qui faire la guerre ou la paix. Cet homme est solitaire. Il se veut solitaire. Là est sa folie.

ADAM ET SALOMON
Qohélet aime à répéter dans son livre que « sous le soleil, il n’y a rien de nouveau ». Et le propriétaire insensé a d’illustres prédécesseurs. À sa manière il répète la folie première, celle d’Adam (Gn 2-3). Souvenons-nous. Dieu a donné à Adam une occupation : cultiver et garder le jardin de l’Éden. Il y a là une multitude d’arbres comme autant de cadeaux pour le plaisir du corps. Mais un homme qui ne fait que manger n’est pas encore humain. Alors Dieu met une limite, un arbre à ne pas toucher, invitant Adam à décider, à poser des actes responsables. Aux dons de la nourriture et de la décision libre, Dieu ajoute enfin celui d’une compagne. Comme les jardiniers de l’Éden trompés par le serpent, le riche cultivateur oublie tout cela pour ne voir que des produits à consommer. Il ne s’inscrit plus dans le temps de naître et de mourir, ne respecte plus les limites, néglige tout rapport avec Dieu ou les autres et ne discerne plus, dans le goût du bonheur, les effets de la Loi divine.
« Sous le soleil, il n’y a rien de nouveau », ainsi en est-il de la nourriture, la liberté, l’amour, la vie et le bonheur qui existent dès les débuts du monde. Il y a une manière de s’y rapporter qui les transforme en biens de consommation : c’est le cas du propriétaire insensé réitérant la faute d’Adam. Jésus ouvre une autre piste : « chercher le Royaume de Dieu ». Où ? Très précisément au cœur de l’ordinaire. Jésus, en Luc 12,22 à 28, prend comme exemples les repas et les vêtements. D’une part ils sont le résultat d’une série d’actions complexes qui demandent du temps et causent du souci : semer, moissonner, engranger ou filer et tisser. Mais d’autre part, le premier qui se met en peine reste Dieu, lui qui est Père, nourrit les oiseaux et habille les fleurs des prés. Chercher le Royaume de Dieu, c’est remonter à l’origine par delà la surface visible des choses. Qui pourrait croire, à première vue, qu’un lys des champs est mieux habillé que Salomon (Luc 12,27) ? Regard de foi. Source de joie.

Gérard BILLON, Les dossiers de la Bible, n° 85, p. 22-23.