Archive pour le 15 janvier, 2013
MUSIQUES JUIVES…MOSAÏQUE JUIVE
15 janvier, 2013http://www.amj.ch/WMJ-MJUI.htm
MUSIQUES JUIVES…
…MOSAÏQUE JUIVE
Ce n’est pas notre propos, dans ces quelques lignes, de présenter davantage que quelques aspects saillants de la riche et complexe histoire de la musique juive. Nous espérons simplement réveiller la curiosité du lecteur, et l’inciter à écouter cette musique : car le mot de Wilhem Busch est ici tout à fait pertinent, « autant il est doux de l’entendre, autant il est ennuyeux d’en entendre parler.. » !
L’arbre généalogique de la musique juive puise sa sève dans la musique liturgique. De là, partent des rameaux qui portent des fruits aux saveurs multiples, musiques folkloriques aux sonorités slaves, orientales ou mauresques ; et une couronne de feuillage de musique d’art occidentale.
Donc, au commencement était la Bible…
On a recensé plusieures dizaines de références au chant ou à des instruments musicaux dans le Pentateuque ; mais déjà au chapitre 4 de la Genèse, la paternité de l’art musical est attribuée : » …Jubal, l’ancêtre de tous ceux qui jouent le kinnor et l’ugav « .
Le kinnor c’est la lyre, instrument de prédilection du roi David, vénéré non pas comme guerrier ou conquérant mais comme » le doux psalmiste d’Israël » (Sam.23-1). L’ugav est un genre de pipeau, ancêtre lointain de la flûte et de la clarinette.
Cependant, c’est le chant plutôt que la musique instrumentale qui est le fonds principal de la vie musicale liturgique du peuple juif ; et c’est par le chant autant que par le Livre que ce peuple, déporté, expulsé tantôt d’un pays tantôt d’un autre, a su maintenir un sentiment d’appartenance et d’unité au travers de ses nombreux exils.
Du temps du 2ème Temple de Jérusalem, celui qui fut reconstruit par les Hébreux au retour de leur déportation à Babylone, le culte était accompagné d’une musique sacrée conçue comme un acte artistique, impressionnante par son faste : on parle de vingt-quatre groupes de douze chanteurs, accompagnés par une quinzaine d’instruments, des cordes, des vents et des cymbales.
Mais le Temple fut détruit (70 ap. J.-C), le pays conquis par les Romains, et une nouvelle ère commence pour les juifs, pour ceux qui restent comme pour ceux qui sont déportés par les Romains ou qui trouvent refuge ailleurs.
Il s’opère une mutation fondamentale dans le culte religieux : les communautés juives se rassemblent à présent dans les synagogues, lieux où on ne pratique plus un service sacrificiel comme au Temple, mais où l’on se réunit pour la prière et la méditation consacrée à la Parole, aux textes de la Bible.
En signe de deuil pour la perte de leur patrie et du Temple, la musique instrumentale fut bannie du culte et en reste généralement absente encore aujourd’hui, sauf pour le » shofar « , corne de bélier dont le son rauque retentit au service du Nouvel An et du Jour du Pardon.
La récitation des Psaumes se fait en… psalmodiant ; et la lecture à haute voix des versets de la Bible est accompagnée par une intonation vocale, la cantillation. Ces intonations, transmises par tradition orale jusqu’au 10ème siècle, furent alors codifiées et acceptées par l’ensemble du monde juif.
Il est intéressant de noter que la psalmodie des Psaumes se perpétua dans le chant byzantin primitif et se retrouve dans le chant grégorien ; ce fut donc un important héritage musical que le judaïsme a légué au monde chrétien.
Ainsi, qu’il s’agisse de la prière, de la lecture des textes ou des Psaumes, c’est au son des voix des fidèles que se déroule la liturgie à la synagogue.
Une innovation musicale importante est attestée en Palestine dès le 6ème siècle : c’est le rôle du chantre, le » hazan « . Celui-ci avait la tâche, en s’inspirant des écritures saintes, de composer des hymnes mis en musique, et de les chanter pendant le service religieux, en soliste. Le chantre devint une partie intégrante du service dans les synagogues du monde entier.
On admire encore de nos jours ces chanteurs de niveau professionnel, même virtuose, dont la prestation, richement ornée de mélismes luxuriants de type oriental, transmet une rare puissance d’évocation dramatique et d’émotion.
Quant à la musique instrumentale, elle faisait bel et bien partie de la vie juive lors de la célébration des fêtes religieuses mineures ainsi que de festivités familiales : naissances, circoncisions, ou mariages.
Une image qui vient à l’esprit est celle du pauvre violoneux d’un village ukrainien ou polonais, maintes fois représenté par Chagall ! A croire, d’ailleurs, que le violon est l’instrument de prédilection du musicien juif, tant Milstein, Menuhin, Oistrakh et » les autres » ont marqué la musique violonistique de notre temps. Y a-t-il une explication psychologique à ce phénomène, autre que la réponse acidulée de la blague juive : » Vous avez déjà vu quelqu’un fuir un pogrom avec son piano sous le bras ! » ?
En Europe, au Moyen Age, des groupes de ménestrels juifs, danseurs et jongleurs, parcouraient les pays et se produisaient dans les villages et les marchés, comme leurs confrères provençaux.
Des orchestres de musiciens juifs ont pu trouver un terrain propice pour leur art au Maroc, en Perse, en Turquie, par exemple, partout où une interprétation stricte de la règle islamique imposa des restrictions à l’activité d’instrumentistes musulmans.
Au milieu du 18ème siècle, en réaction aux pogroms répétés et à la vie misérable que les juifs menaient en Europe de l’Est, naquit le mouvement mystique connu sous le nom de Hassidisme. Ces mystiques étaient persuadés que l’on ne peut ressentir la présence Divine en disséquant les textes, mais qu’il fallait approcher Dieu par la joie, par l’adoration de Sa création, en chantant – mélopées sans parole par lesquelles ils atteignaient l’Esprit Saint, qui devaient beaucoup aux danses et chants populaires de la région.
Les chants de l’est de l’Europe en yiddish sont inspirés du folklore roumain, polonais, et ukrainien, avec des tonalités qui rappellent une lointaine parenté avec l’Orient. Ils connaissent aujourd’hui une grande vogue dans la musique dite » Klezmer « , chantée et jouée au violon, à la clarinette, avec accordéon, contrebasse et parfois aussi d’autres instruments.
Où qu’ils aient vécu, les juifs ont, certes, subi l’influence de la culture environnante ; mais ils en ont également préservé certains traits, alors que ceux-ci disparaissaient du répertoire d’origine.
Par exemple, le riche héritage des chants populaires espagnols du 15ème siècle a été conservé par les juifs lorsqu’ils furent chassés d’Espagne ; ce répertoire existe encore dans la langue castillane de l’époque, appelé judéo-espagnol sur le sol des pays péri-méditerranéens où ils trouvèrent refuge.
Si la diversité de cultures constitue une richesse, alors le peuple israélien est un peuple comblé ! Car tout cette mosaïque de traditions se retrouve de nos jours en Israël : tradition de l’Europe de l’Est, tradition orientale, musique du Maghreb et des pays islamiques du Proche Orient… sans compter la musique d’art de type occidental. D’ailleurs qui a entendu l’hymne national » Hatikva « , ne peut s’empêcher de remarquer sa ressemblance avec une mélodie de » La Moldau » de Smetana ; et la ronde que l’on danse lors des fêtes populaires reproduit les pas et le rythme de la » Hora » roumaine.
La musique d’art des compositeurs d’origine juive – Mahler, Mendelssohn, Milhaud et tant d’autres – est trop bien connue pour qu’on en parle ici. D’ailleurs, ces musiciens ne se sont pas forcément inspirés de l’héritage judaïque, à part quelques exceptions ; et, d’un autre côté, des musiciens non-juifs tels que Shostakovitch ou Ravel ont composé des œuvres basées sur des thèmes hébreux ou juifs.
Les compositeurs sur lesquels nous voudrions attirer l’attention, par contre, sont ceux qui ont péri dans les camps nazis, Gideon Klein, Hans Krasa, Pavel Haas, Viktor Ullmann et Erwin Schulhof parmi d’autres. Leurs compositions commencent à être connues et appréciées par le public mélomane, et nous tenons à leur rendre ici un hommage.
Dina Levias
DE L’AVANTAGE DE LAISSER VIEILLIR LE VIN
15 janvier, 2013http://www.lechampdumidrash.net/articles.php?lng=fr&pg=266
DE L’AVANTAGE DE LAISSER VIEILLIR LE VIN
cesse de ne boire que de l’eau.
prends un peu de vin à cause de ton estomac
et de tes fréquents malaises (1tm, 5, 23) »
• LES NOCES DE CANA
Jn 2.1 – Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée, et la mère de Jésus y était. 2.2 – Jésus aussi fut invité à ces noces, ainsi que ses disciples. 2.3 – Or il n’y avait plus de vin, car le vin des noces était épuisé. La mère de Jésus lui dit: » Ils n’ont pas de vin. » 2.4 – Jésus lui dit: » Que me veux-tu, femme? Mon heure n’est pas encore arrivée. 2.5 – Sa mère dit aux servants: Tout ce qu’il vous dira, faites-le. 2.6 – Or il y avait six jarres de pierre, destinées aux purifications des Juifs, et contenant chacune deux ou trois mesures. 2.7 – Jésus leur dit: » Remplissez d’eau ces jarres. » Ils les remplirent jusqu’au bord. 2.8 – Il leur dit: » Puisez maintenant et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. 2.9 – Lorsque le maître du repas eut goûté l’eau changée en vin – et il ne savait pas d’où il venait, tandis que les servants le savaient, eux qui avaient puisé l’eau – le maître du repas appelle le marié 2.10 – et lui dit: » Tout homme sert d’abord le bon vin et, quand les gens sont ivres, le moins bon. Toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent! » 2.11 – Tel fut le premier des signes de Jésus, il l’accomplit à Cana de Galilée et il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui.
Les Noces de Cana sont une péricope difficile qui résiste semble-t-il à l’interprétation. Les sources patristiques ne nous sont pas ici d’un grand secours. Par exemple Augustin compare le miracle de l’eau changé en vin à celui que Dieu fait tous les jours. Dieu en effet donne la pluie et celle-ci fait pousser la vigne. On n’y avait pas pensé. Puisque personne ne nous aidera, il faut donc s’attendre à ce que cette péricope reste encore longtemps une énigme, ce qui n’empêche pas d’essayer l’hypothèse midrashique. Que signifie par exemple le fait que Jésus refasse à Cana les gestes d’Elie à Sarepta ?
Les Noces de Cana se déroulent un troisième jour. Nous savons maintenant que Jean est un prolongement du midrash juif sur la Genèse, sur l’œuvre du commencement. Or dans ce maassé bereshit, le troisième jour est celui du travail sur l’eau, melakhat ha-mayim (GnR 4,6). Le Midrash Rabba se demande par exemple pourquoi après le second jour il n’est pas dit « ki tov » comme c’est le cas pour les autres jours (Dieu vit que c’était bon). Réponse : car ce second jour fut créé la Géhenne. Comment le sait-on, demande le midrash ? A cause du verset Is 30, 33. En revanche, le troisième jour, il est dit deux fois « ki tov ». Une fois pour la fin du travail de l’eau (la séparation des deux types d’eaux: il y a donc l’eau/loi d’en bas et l’eau/loi d’en haut) et l’autre pour la création des fruits et donc aussi d’un fruit un peu particulier : la vigne. En ce troisième jour le miqvé hamayim est appelé mer. D’où l’eau des purifications des Noces. Le miqvé est en effet le bain rituel. Le terme miqvé ressemble au mot tiqva qui est l’espérance spécifiquement messianique puisque tiqva possède la valence messianique. Le messie commencera donc sa mission par un bain. (noter que l’expression מבדיל בין מים למים vaut 358 valeur messianique).
Nous avons vu dans l’article relatif à Nathanaël que certaines choses existaient avant même la création du monde, les unes « effectivement » (la Tora, le Trône divin,…) alors que d’autres existaient de toute éternité mais en « pensée » seulement (en « projet »: les Patriarches, le Nom du messie). Le messie avait de toute éternité été caché. Dieu lui-même ne peut donc plus revenir sur l’existence du messie. Comme le messie a été engendré (puisque non créé) il est donc, par midrash, le « fils de Dieu ». Dieu ne peut donc manquer un jour de l’envoyer.
Le traité talmudique Sanhédrin 99a fait une distinction entre les jours du messie et le monde à venir. Rabbi Hiya fils de Abba a dit, au nom de Rabbi YoHanan: Tous les prophètes n’ont prophétisé que pour les jours du Messie, mais pour ce qui est du monde à venir, aucun œil, ô Dieu, n’a vu, excepté toi, ce qu’il accomplira pour celui qui l’attend. Rabbi Yehoshu’a ben Lévi dit: (ce qui n’est pas donné à voir) c’est le vin préservé dans les grappes des six jours de la création.
(Notons en passant les noms des personnages qui interviennent ici: Hiyya « fils du père », un R. YoHanan suivi d’un R. Yéhoshu’a…A rapprocher de l’hypothèse suivante: le midrash chrétien élabore jusqu’au nom des rabbins qui transmettent les dits midrashiques. Par exemple, dans Ruth Rabba c’est un R. Shim’on qui transmet le dit sur Rahab, la pécheresse pardonnée se trouvera donc dans la maison d’un dénommé Simon)
Il existe dans le champ du midrash un festin très particulier: le festin eschatologique. Cette festivité aura lieu à la fin des temps. À cette époque, Dieu fêtera son union avec l’humanité par un immense banquet (hébreu: simHa, joie ou mishté) auquel toutes les nations afflueront. Le Midrash Rabba est plein de ces paraboles dans lesquelles un roi organise un banquet. Par exemple en Esther 1, 5
Ce temps écoulé (bimleot yamim= à la fin des temps) ce fut alors toute la population de la citadelle de Suse, du plus grand au plus petit, qui se vit offrir par le roi un banquet de sept jours, sur l’esplanade du jardin du palais royal.
Nous retrouvons donc ce type de banquet (mishté) dans le Nouveau Testament. Dans les midrashim, la question est de savoir qui est invité à ces banquets, qui y est « appelé », comment s’y comporter et qui possède les moyens d’y faire bonne figure. Le vin offert au banquet figure la Tora, la Loi. Le Banquet est le moment de la donation de la Loi. Nous rapprochons ici la péricope de Nathanaël de celle des Noces de Cana et de celle des Outres. En effet les deux dernières péricopes traitent de la conservation du vin, de plus Nathanaël est de Cana. Les Noces de Cana traitent d’un événement important: le vin en vient à être affecté du signe moins. Il faut écouter les assonances du syriaque de la peshitta: Hasra ha Hamra wa Amra ima l-yeshua Hamra leit lehon…La difficulté provient d’une distinction qui est faite ici, entre le bon vin et le moins bon vin. L’araméen de la peshitta nous fournit une piste: le maître du repas est rosh ha-mesekh. Cette racine mesekh se retrouve en Pr 9, 5
Venez, mangez de mon pain, buvez du vin que j’ai tempéré!
verset souvent cité par le Midrash Rabba. On a ici l’idée de tempérance, de vin adouci, préparé, cuisiné. Le bon vin est un vin doux, léger, facile à boire. La bonne Loi est donc comme le bon vin: légère, douce, facile à accomplir. Le “signe” accompli par Jésus consiste en ce que, grâce à la venue du messie, qui est le miracle ici midrashiquement accompli, on glorifie le Hatan, (l’époux, Dieu) d’avoir gardé (prévu) une Loi légère pour la fin des Temps. Nous sommes en effet à la fin des temps. A Cana Jésus refait et parfait midrashiquement la création. Il change l’eau en vin. Il n’y a donc plus de distinction entre l’eau-loi d’en haut (le vin, la loi bonne et légère gardée pour la fin des temps) et l’eau lourde d’en bas. Séparation qui avait été faite le second jour dans la Genèse. Dieu est loué par le rav hamekhes: tu as gardé le bon vin jusqu’à ce jour. A Cana, il n’est pas question de Vin Nouveau. Au contraire, c’est d’un vin vieux comme le monde dont il est question. Ce vin nouveau apparaît dans la péricope des vieilles outres. Que signifie ce vin nouveau? Les commentaires sur ce passage comprennent, en général, que le vin nouveau est la parole de Jésus. “Le vin nouveau qu’offre Jésus… ” lit-on un peu partout. Jésus représente forcément quelque chose de neuf. Il faut ensuite quelques contorsions pour expliquer Lc 5, 39.
Personne, après avoir bu du vin vieux, n’en veut du nouveau.
Il est pourtant possible de soutenir la position inverse: Jésus propose de revenir au vieux vin et condamne le vin nouveau. Le vin vieux, le bon vin, agréable au goût, est, on le sait, la loi facile à appliquer. Et pourtant, ce bon vin serait l’ancienne loi. Ancienne, car c’est, soit la loi noachide, soit même la loi biblique, mais en tout cas pas la loi rabbinique. Le vin nouveau, serait la loi difficile, rabbinique. Elle ne convient pas aux outres vieilles, qu’elle fait « enfler » et risque de faire “périr” (abad). Après avoir connu la vieille loi biblique et légère, personne ne veut de la loi nouvelle, lourde, complexe, en un mot: rabbinique. Du coup, notre question initiale trouve une réponse. Le jeûne fréquent est un exemple de loi lourde et de l’enflure (inutile donc de jeûner pour espérer dégonfler). Le messie vient alléger la loi. Ses disciples sont donc dispensés de jeûner. S’il devait s’en aller, la loi lourde s’imposerait de nouveau.
• VOCABULAIRE DES OUTRES.
Mt 9,14 – Alors les disciples de Jean s’approchent de lui en disant: » Pourquoi nous et les Pharisiens jeûnons-nous, et tes disciples ne jeûnent-ils pas? » 9,15 – Et Jésus leur dit: » Les compagnons de l’époux peuvent-ils mener le deuil tant que l’époux est avec eux? Mais viendront des jours où l’époux leur sera enlevé; et alors ils jeûneront. 9,16 – Personne ne rajoute une pièce de drap non foulé à un vieux vêtement; car le morceau rapporté tire sur le vêtement et la déchirure s’aggrave. 9, 17 – On ne met pas non plus du vin nouveau dans des outres vieilles; autrement, les outres éclatent, le vin se répand et les outres sont perdues. Mais on met du vin nouveau dans des outres neuves, et l’un et l’autre se conservent.
Quel rapport, dans ce texte de Matthieu, entre les premiers versets, qui parlent de jeûne, et les derniers versets, qui parlent de vieilles outres, de conservation du vin et de vieux vêtements? La co-présence des thèmes de l’époux et du vin incite à penser que notre péricope est proche de celle des Noces de Cana.
Le vocabulaire de la péricope des outres, tourne autour d’une opposition entre le lourd et le léger, le grave et la pécadille, le majeur et le mineur. Ce jeu d’oppositions n’apparaît ni en grec, ni même en hébreu biblique, mais dans le registre d’hébreu propre au midrash que nous appelons, pour faire court, hébreu tardif, qui passe souvent à l’Araméen sans prévenir et dont la peshitta nous a gardé la trace. Hamra c’est le vin; qal signifie léger. Dans le syriaque de la peshitta Cana s’écrit qaTna. C’est nous dit le CAL la racine de la petitesse et aussi de la légèreté et de la subtilité. On est dans une discussion sur le léger et le grave, ce qui se dit en hébreu qal va-Homer. C’est le nom d’un raisonnement bien connu dans le midrash, le raisonnement a fortiori ou, pour les nostalgiques du latin a minore ad majus. Homer est à la fois la sévérité rituelle, et une allégorie, un symbole. Homarta en hébreu tardif est une pierre, tout comme qela. Ce jeu d’oppositions entre léger et lourd, parcourt l’ensemble des Evangiles. Il produit du texte, des épisodes comme la marche sur les eaux. Jésus montre une halakha (marche/loi) devenue si légère qu’elle flotte. Ce qui est lourd deviendra léger. Le mot qal, signifie aussi simple. Les éloges à propos des simples, seraient-ils, eux aussi, à double entente? Hamira est en hébreu tardif à la fois le levain (Dictionnaire Jastrow p. 477) et ce qui est chargé, grave, lourd, strict. Ce qui expliquerait l’appel à se méfier du “levain des Pharisiens”, c’est-à-dire leur tendance à alourdir et compliquer la Loi. (Hamar: empiler, entasser). Corollaire: le pain azyme serait un symbole de la loi légère.
Hamra : vin
Hamira: rigorisme
Hamar: âne
Himer: obliger une bête à marcher, aiguilloner